Ève de Ses Décombres P 34-53
Ève de Ses Décombres P 34-53
Ève de Ses Décombres P 34-53
J
Baby won t you give it to me, give it to me, you know
want it.
Elles font une espèce de danse des hanches sur la
chanson. àpeine un mouvement, une ondulation qui les
rapproche de front, les éloigne, les rapproche de nouveau.
Dans ce mouvement, les jeans se rétrécissent autour de
leurs fesses comme deux mains plaquées sur leur rondeur.
Baby won t yougive it to me...
Elles portent toutes deux des hauts ajustés, lun rouge,
l'autre blanc, croisés sur leur petite poitrine juteuse.
Enfoncé dans un fauteuil, je laisse leur mouvement se
mêler àla musique et àla bière, tout cela coule en moi un
liquide aux cadences identiques qui se déhanche au fond
de mon abdomen. Les notes de la basse viennent me cha
touiller le bas-ventre. Avec le même mouvement à peine, je
m'enfle.
Éve et Savita dansent ensemble. Elles ne nous regardent
regardent personne. De leur bouche s'échappe
pas. Elles ne Se cassent en
une arabesque de tabac. Leurs suivant épaules
resserrent en le même rythme.
rythme. Les jeans se
qu'ils se glissent dans le pli, dans le creux.
J'imagine dévale 1'escalier
et
Je n'en peux plus. Je me lève En haut de cette dis-
jusqu'aux W.-C. J'enjambe des corps. chambres. J'imagine
cothèque de Grand Baie, il ya des
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qu've ct moi, nous montons là-haut. On ouvre la fenêtre
parce quc la chambre empeste les vicux corps. L'air salé de
Grand Bate s'y engouffre, transformant la chambre de
putcs en petite chambre nuptiale, toute de rouge vêtue. Je
remplace les mains du jcans. Je remplace la musique dans
ses jambes, sur ses epaules. Je remplace la cigarette entre
scs lèvres. Je suis le vent, partout en elle. Je dépose sur sa
pcau un film de sel. La musique change, devient plus
urgente, mais dans ma tête il y awon't you give it to me,
give iü to me, Ou know Iwant it, je murmure Iwant it I
wan! it I want it, mes mains sont furieuses.
Mon visage est couvert de sueur. Lorsque je sors des
WC, c'est moi qui empeste. Mais je me sens mieux. Je
reviens dans la discothèque, où elles continuent de danser,
De sachant pas qu'un volcan vient de jaillir.
Je reprends ma bière. Les autres se moquent de moi. Ils
parlent d' elle, l'accablent, chantent des chansons ordu
nères. Eve se déculotte plus vite que son ombre, disent-ils.
Je ne les écoute pas. Eve, je suis le seul à savoir qui elle
est
Eile