Diagnostic Des Pratiques Culturales Dans L'agrosystème Phœnicicole (Cas de La Région de Ouargla)
Diagnostic Des Pratiques Culturales Dans L'agrosystème Phœnicicole (Cas de La Région de Ouargla)
Diagnostic Des Pratiques Culturales Dans L'agrosystème Phœnicicole (Cas de La Région de Ouargla)
N o 14 (2017)
RESEARCH PAPER
Résumé
Le but de notre étude est de diagnostiquer la situation de l’agrosystème phœnicicole dans la région d’Ouargla,
pour connaitre les différents facteurs qui favorisent la dégradation de ce patrimoine.
Notre travail du terrain a porté sur cinq zones caractéristiques, comptées parmi les plus anciennes (le ksar
d’Ouargla, N’gouça, Chott, Adjadja et Sidi Khouiled), à travers 150 visites aux différentes exploitations agri-
coles et 120 enquêtes; le travail a été suivi par des analyses statistiques (AFCm) et des discussions.
Les résultats montrent que les pratiques culturales, au niveau de ces palmeraies, ont un rôle très important dans
la dégradation des exploitations phœnicicoles. Ces pratiques, non seulement détruisent cet agrosystème, mais
elles accélèrent sa disparition.
La dégradation de l’antique oasis d’Ouargla s’accentue de plus en plus, alors que la disparition de la palmeraie
du ksar d’Ouargla n’est qu’une question de temps.
Mots-clés : agrosystème, phœniciculture, pratiques culturales, diagnostic, dégradation, disparition.
Abstract
The purpose of our study is to diagnose the situation of phœnicicole agro-system in the region of Ouargla, to
know the vas factors that promote degradation of that heritage.
To do this, our work field covered five areas characteristics, counted among the oldest (the Ksar of Ouargla,
N’gouça, Chott Adjadja and Sidi Khouiled) through 150 visits to various farms and 120 investigations; the
work was followed by statistical analysis (AFCm) and discussions.
The results show that agricultural practices, in these palm groves, have a very important role in the degrada-
tion of phœnicicoles farms. These practices not only destroy this agro-system, they accelerate its demise.
The degradation of the ancient oasis of Ouargla is growing more and more, so that the disappearance of the
palm grove of Ksar of Ouargla is only a matter of time.
Keywords: agro-system, date palm, cultural practices, diagnostic, degradation, disappearance.
Corresponding author
M. Faci
E-mail: [email protected]
3. Résultats et discussions Même, les lapins et les canards sont élevés, mais à
faible proportion, qui est de l’ordre de 0,83 % pour
3.1. Classification des exploitations chaque espèce.
Nous pouvons scinder les palmeraies de l’antique oa- La totalité des enquêtés a déclaré que la production
sis du pays d’Ouargla, en trois types bien distingués: (viande, œufs et lait) est destinée à l’autoconsomma-
tion familiale.
• Palmeraies Bour, situées dans les zones de N’gouça
et de Sidi Khouiled;
3.3. Production végétale
• Palmeraies irriguées d’origine Bour, se localisent à
Dans la région d’Ouargla, l’agriculture est basée es-
l’est de la palmeraie de N’gouça;
sentiellement sur la phœniciculture intercalée dans
• Anciennes palmeraies, dite traditionnelles (palme- l’espace par un autre groupe de cultures grâce au mi-
raies irriguées), nous pouvons les divisées on trois croclimat favorable qu’offre la palmeraie (Oussman
sous classes : classiques polyvariétales, améliorées 1994).
polyvariétales et améliorées monovariétales, ces
Pour la région d’Ouargla, la superficie de 1075607
dernières nous les avons trouvées dans la zone de
ha présente la SAT, dont 11868 ha représentent la
N’gouça.
SAU, chiffre qui représente uniquement 11,04 % de
Chacun de ces trois types, a ses propres caractéristi- la SAT.
ques et spécificités. Le tableau 1, donne les caracté-
Les cultures pratiquées dans les exploitations visitées,
ristiques et les sous classes.
au cours de notre enquête, sont principalement des
cultures fourragères (Fig3), destinées aux animaux
3.2. Production animale
élevés, des cultures maraîchères et quelques arbres
La production animale, dans la wilaya de Ouargla est fruitiers, qui se varient entre un et trente arbres.
composée essentiellement des viandes rouges et une
Pour les exploitants qui pratiquent les cultures sous-
faible quantité en viandes blanches.
jacentes sur toute la superficie irriguée de l’exploita-
Les exploitants qui pratiquent l’élevage, représentent tion, ils représentent 10 %. Ce sont de petites exploi-
les 3/4 des enquêtés, où on trouve un élevage domes- tations, où la taille ne dépasse pas généralement les
tique, loin de la palmeraie. La pratique de l’élevage 100 m2. Dans 55,83 % des exploitations visitées, la
est moins importante chez les exploitants du ksar superficie cultivée n’occupe qu’une simple partie de
d’Ouargla (65 %) par rapport aux autres exploitants. l’exploitation; alors que 34,17 % des exploitants ne
L’élevage des caprins représente 35 % des espèces pratiquent aucune culture.
élevées et les ovins représentent 07 %. Alors qu’on
Les exploitants de la palmeraie de Chott pratiquent
retrouve les deux espèces conjointement, mais avec
les cultures sous-jacentes (94 %) plus que les autres
dominance des caprins, chez les 58 % enquêtés res-
exploitants. Par contre, ceux de la palmeraie de Sidi
tants. Le nombre de têtes élevées varie de une à vingt
têtes.
Pour l’aviculture familiale, dans les habitations elle
n’est pratiquée que par 31 % des exploitants. Il s’agit
des poules pondeuses, dont le nombre est compris
entre une et huit poules. Nous signalons que l’avicul-
ture est moins praticable chez les exploitants du ksar
d’Ouargla (15 %).
06,67 % des enquêtés disposent d’un âne, cette es-
pèce est utilisée pour le transport à l’intérieur et à
l’extérieur de la palmeraie. Cet animal est utilisé plus
dans la palmeraie de N’gouça, où 23 % des exploi-
tants le détiennent.
Les chevaux (0,83 %) sont, par contre, élevés pour le
plaisir et pour la participation aux événements tradi- Figure 3 : Cultures fourragères dans la palmeraie du ksar
tionnels et touristiques. d’Ouargla.
Un faible pourcentage de la variété Ghars est enre- 3.4.4.4. Nombre de palmiers dattiers dans
gistré dans la palmeraie de N’gouça (49 %), celui de l’exploitation
Deglet Nour est enregistré dans la palmeraie du ksar
Les exploitations qui en contiennent plus de 100 pal-
de Ouargla (30 %).
miers, sont de 33 %. Le même taux est enregistré
En plus de ces deux variétés, les variétés : Ali Oura- pour celles qui sont composées d’un effectif de 50 à
ched, Ittime, Mizzite, Tafezouine, Takermouste et Ta- 100 pieds. Pour les exploitations qui ont un effectif
mesrite sont présentes dans toutes les palmeraies de réduit, ne dépassant pas les 50 palmiers, représentent
la région. Bent Khbala est présente dans toutes les zo- 34 % de l’échantillonnage enquêté. En analysant les
nes d’études, sauf dans la zone de Sidi Khouiled qui taux selon les tailles, on considère que la majorité des
se caractérise par la dominance des variétés Ghars et exploitations (66 %) contiennent plus de 50 palmiers
Deglet Nour. (Tableau 7).
Pour les exploitations monovariétales, dans la région, Selon les zones, le nombre des palmeraies qui contien-
elles sont de l’ordre de 01,66 % pour le Ghars, et la nent moins de 50 pieds est moins important dans les
même chose pour la Deglet Nour. Elles se localisent palmeraies de Chott et d’Adjadja. Par contre, le nom-
dans la palmeraie de N’gouça, se sont des nouvelles bre le plus faible des exploitations qui contiennent
exploitations ou des exploitations renouvelées (Ta- plus de 100 pieds est enregistré dans la palmeraie de
bleau 6). Sidi Khouiled.
3.4.4.2. Superficies occupées par le palmier 3.4.4.5. Hauteur moyenne des palmiers
dattier La plupart des palmiers, ont une hauteur de plus de
5 m (82 %). Ceux qui ont une taille comprise entre
La superficie de la majorité des exploitations visitées
5 et 10 m, représentent la majorité avec 64 %; alors
est occupée totalement par le palmier dattier (83 %), que 18 % représente la tranche qui dépasse les 10 m.
où l’extension n’est pas possible; alors que pour les Les autres qui ont une hauteur inférieure à 5 m, ne re-
17 % restantes, la superficie consacrée au palmier présentent que 18 %, ces derniers ne sont pas obliga-
dattier est partielle. Les exploitations complantées toirement des jeunes palmiers. Nous avons rencontré
partiellement se localisent dans les zones d’exten- des palmiers de petite taille, car leur âge est avancé.
sion, aux alentours des anciennes palmeraies. Cela est dû, essentiellement, aux conditions pédo-
logiques de la région. La taille chétive est constatée
Nous signalons que les exploitations occupées par- généralement aux niveaux des palmeraies Bours, où
tiellement par le palmier dattier à N’gouça sont de 29 le manque d’entretien et de fertilisation surtout, est la
%, elles représentent les superficies de l’extension de principale caractéristique de ce mode de plantation.
la palmeraie. A Adjadja, toutes les exploitations sont
plantées totalement.
3.4.4.6. Présence de dokkar
Le dokkar, pied mâle du palmier dattier, est présent
3.4.4.3. Modes de plantation dans les 3/4 des exploitations. Ces pieds varient entre
1 et 10, selon la superficie et la densité de plantation.
Nous avons remarqué, l’existence de deux types de
Pour les exploitations qui n’en contiennent pas (25
plantation, dans les anciennes palmeraies de la ré-
%). Seulement, 29 % des exploitants, qui n’ont pas
gion d’Ouargla, avec à peu près, une égalité entre ces
le dokkar, recourent à l’achat de spathes mâles; 71 %
deux types. Il s’agit de la plantation classique irri- des exploitants obtiennent le pollen à partir d’un don,
guée (49 %), caractérisée par une densité élevée et le soit des proches ou/et des voisins.
non-respect de l’écartement entre les palmiers, et de
la plantation améliorée, caractérisée par le respect de 3.4.5. Conduite de la plantation phœnicicole
l’écartement et qui représente 51 % des exploitations
visitées. 3.4.5.1. Irrigation
Contrairement aux autres palmeraies de la région, Les besoins en irrigation des palmeraies dans la ré-
nous trouvons que la plantation améliorée est plus gion d’Ouargla, sont de deux ordres (BG 2004) :
importante dans les palmeraies de Chott (69 %) et • Une irrigation estivale pour faire face à l’aridité du
d’Adjadja (64 %). climat et pour apporter les besoins en eau nécessaires
à la production. Ces besoins sont estimés à environ des autres, la canalisation est dans un mauvais état,
15 000 m³/ha/an. L’eau d’irrigation utilisée à une te- où on a constaté d’importantes pertes d’eau d’irriga-
neur en sel de 3 à 6 grammes par litre, sous l’effet tion. Seulement 22 % du réseau d’irrigation est en
de l’évaporation importante, le sel se concentre dans bon état, ce sont les canaux qui ramènent l’eau aux
les couches superficielles du sol à raison de 50 à 70 exploitations limitrophes des forages.
tonnes de sels par hectare et par année.
Selon 68 % des enquêtés, l’eau est canonique pour
• Une irrigation hivernale est nécessaire pour lessiver l’irrigation des plantes, par contre 32 % d’entre eux,
le sel accumulé dans les couches superficielles du sol. considèrent que l’eau est impropre à l’irrigation, car
Cette irrigation de lessivage est estimée à 5000 m³/ elle est très salée.
ha/an.
La majorité des exploitants qui irrigue leurs exploi-
Selon les résultats d’enquête, 23 % des exploitations tations (71 %), a montré leur satisfaction, pour le
ne reçoivent pas l’eau (Fig4). Nous signalons que 20 volume d’eau d’irrigation, contrairement aux 29 %
% des exploitations Bours, sont irriguées à partir de déclarant son insuffisance, surtout durant la période
forages collectifs proches (67 %) ou à partir des puits estivale, où la situation s’aggrave davantage.
réalisés à l’intérieur de la palmeraie (33 %), pour le but
La fréquence de l’irrigation, varie d’une exploitation
d’exploiter les superficies en cultures sous-jacentes.
à l’autre, selon la superficie et la densité de planta-
Ces palmeraies se trouvent aux alentours de la palme-
tion d’une part, d’autre part, elle dépend des capaci-
raie de N’gouça. Pour les palmeraies irriguées, 09,52
tés financières de chaque exploitant. De ce fait, les
% des exploitations ne sont pas irriguées, à cause des
exploitants irriguent leurs exploitations, entre une
pannes de forages ou parce que les exploitants n’ont
fois par quinze jours, jusqu’à deux fois par semaine.
pas remboursé les frais d’électricité.
Le volume horaire mensuel varie entre une heure et
La majorité des exploitations visitées est irriguée à 36 heures.
partir des forages (94,80 %), alors que l’irrigation de
Selon, les déclarations des exploitants, le montant
plus de 05 % est garantie en égalité, par des puits et
d’une heure de consommation d’eau, pour la moitié
de l’eau potable à partir des maisons (cas de N’gouça
d’entre eux, coûte moins de 50 DA, et pour 48 % le
et Adjadja). D’un autre côté, la notion de forages in-
coût varie entre 50 et 100 DA; seulement 2 % des
dividuels (puits et eau potable), ne s’applique pas à la
enquêtés, ont déclaré que l’heure d’irrigation dépasse
palmeraie oasienne, car les exploitations irriguées à
les 100 DA, ces exploitants sont ceux de la palmeraie
partir des sources individuelles, représentent 04 % de
de N’gouça.
notre échantillon, alors que 96 % sont irriguées d’une
manière collective (forages). Le paiement du coût de l’eau d’irrigation, est de deux
sortes :
Dans plus des 2/3 des exploitations irriguées, le ré-
seau d’irrigation est moyennement bon, à cause de • Tarif fixe, où chaque exploitant verse un montant
la présence de quelques fuites, alors que dans 09 % fixe chaque mois, par trimestre ou même annuelle-
Pas d'irrigation
23%
Eau potable
2%
Puits
2%
Forages
73%
Figure 4 : Irrigation dans les exploitations. Figure 5 : Drain secondaire dans la palmeraie du ksar
d’Ouargla.
ment, selon la durée d’irrigation. Dans le cas, où le meraie d’Adjadja, car la majorité des exploitants dans
montant total est insuffisant, le responsable du forage ces dernières pratiquent les cultures sous-jacentes.
demande aux exploitants de compléter le reste. Si au
Plus de la moitié de la matière organique utilisée en
contraire, l’argent est excédentaire, elle sera utilisée
fertilisation (52 %), est issue de l’élevage familial.
pour régulariser les dépenses d’électricité ou en cas
D’autres exploitants, en plus du fumier de l’élevage
de panne de la pompe. Pour le salaire du responsable
familial, ils recourent à l’achat pour compléter les be-
de forage, soit il n’est pas imposable au paiement du
soins de l’exploitation, ces derniers représentent 24
tarif de l’eau d’irrigation, soit il régularise sa paie, et
% des enquêtés. 01 % des exploitants perçoivent le
payé au mois, par le trésorier de forage.
fumier par don. Les exploitants qui achètent le fu-
• Tarif variable, selon la facture d’électricité, c’est- mier, représentent 23 % de l’échantillon. Cela, mon-
à-dire : (le coût de la consommation d’électricité + tre bien la récession de l’élevage familial.
le salaire du responsable de forage) / le nombre total
Le recul de l’élevage familial est bien constaté dans
des heures d’irrigation. De ce fait, chaque exploitant
la palmeraie du ksar d’Ouargla, où l’utilisation de la
rembourse la somme qui correspond à la durée d’ir-
matière organique issue de l’élevage familial ne re-
rigation.
présente que 38 %.
3.4.5.2. Drainage 3.4.5.4. Pollinisation
Nous notons l’inexistence des drains à la parcelle au
La majorité des exploitants (88 %), pratique la pol-
niveau de 61 % des exploitations visitées, tandis que
dans les 39 % restantes, nous les retrouvons soit à linisation d’une manière fréquente, alors que 4 %, la
l’intérieur des exploitations ou bien à proximité. pratique occasionnellement. Chez les 8 % restant, la
pollinisation est absente, ce sont ceux possédant les
Seule la palmeraie de Sidi Khouiled se caractérise par
la présence d’un réseau de drainage, qui couvre 80 % palmeraies en Bour et des exploitants de la palmeraie
des exploitations. Malheureusement, l’inefficacité de du ksar d’Ouargla. Ces derniers représentent plus de
la station de pompage a laissé l’eau stagnée au Nord 12 % des exploitants de cette palmeraie.
de la palmeraie.
L’achat de pollen est bien remarquable dans la pal-
Uniquement 11 % de ces drains sont efficients, le meraie du ksar d’Ouargla, où il représente 17 % (Ta-
reste est soit d’un rendement moyen (24 %) ou dans bleau 8).
un mauvais état (65 %). Cela est dû au manque d’en-
tretien, 53 % des exploitants ne procèdent pas au Pour presque, la totalité des exploitants (95 %) qui
curage des drains contre 36 % qui les entretiennent adoptent la pollinisation, ils la pratiquent sur tous
occasionnellement. Les exploitants qui nettoient les les palmiers «femelles» de l’exploitation; alors que,
drains d’une façon régulière, représentent 11 % des pour le reste la pollinisation est partielle, à cause du
enquêtés, ces derniers sont ceux qui ont des drains à
coût de la main d’œuvre, car l’exploitant est obligé
l’intérieur de la palmeraie (Fig5).
de faire la pollinisation aux pieds dont la production
3.4.5.3. Fertilisation est considérable, ou à cause de la hauteur importante
et de la fragilité des palmiers, qui ne permettent pas
Les exploitants qui pratiquent fréquemment la ferti-
lisation, ne représentent que 29 % des enquêtés, où de les grimper.
l’apport de la matière organique, d’origine animale,
est destinée généralement à la fertilisation des par-
3.4.5.5. Toilette des palmiers
celles de cultures sous-jacentes. Les exploitants qui La réalisation de la toilette des palmiers, s’effectue
pratiquent la fertilisation de temps en temps, sont de d’une façon fréquente dans 52 % des exploitations
l’ordre de 39 %; alors que 32 % des exploitations ne visitées, et occasionnellement dans 38 % de ces der-
perçoivent pas la matière organique. 71 % des enquê- nières; alors qu’elle n’est pas pratiquée dans le reste
tés fertilisent très irrégulièrement, ce qui s’influe sur des exploitations.
la productivité en général.
Le manque d’entretien est bien constaté dans la pal-
Nous signalons que la pratique de la fertilisation meraie du ksar d’Ouargla (Fig6), dont seulement
d’une manière régulière dans la palmeraie de Chott
moins de 38 % des exploitants pratiquent la toilette
arrive à 87 %, alors qu’elle est de 57 % dans la pal-
des palmiers d’une manière fréquente.
La totalité des exploitants comptent sur les services Les exploitants qui ont montré leur satisfaction en-
agricoles, pour la réalisation des luttes phytosanitai- vers la situation actuelle des exploitations, représen-
res préventives. tent 39 % des enquêtés, le reste a déclaré son mécon-
tentement.
3.4.8.3. Réalisation des traitements phytosa-
Plus de 72 % des exploitants de la palmeraie du ksar
nitaires de Ouargla ont déclaré que la situation actuelle de la
Seulement 08 % des enquêtés pratiquent des traite- palmeraie est alarmante, chose qui montre l’état de
ments phytosanitaires, en cas d’attaque d’une maladie dégradation avancé de cette dernière.
ou d’un déprédateur, par contre 92 % des exploitants Malgré que ces exploitants aient affirmé que la si-
ne pratiquent aucun traitement, même si la situation tuation est inquiétante, seulement 33 % d’entre eux,
s’aggrave, à cause des coûts des produits phytosani- veulent porter des améliorations dans le futur dans
taires et de la méconnaissance des exploitants. leurs exploitations, contre 67 % qui ne vont rien ajou-
ter et se limiteront à la réalisation des simples tâches
3.4.9. Brises vents telles que l’entretien des palmiers, la pollinisation et
La majorité des exploitations agricoles (84 %), est en- la récolte de dattes, c’est-à-dire une amélioration en
tourée par des brises vents inertes, constitué par des fonction des moyens.
palmes sèches; alors que le reste des exploitations ne
contiennent pas de brises vents. Seulement 54 % des 4. Discussion
brises vents sont efficaces, le reste ne présente pas Les exploitations visitées se caractérisent par des su-
une vraie résistance contre les violents vents. perficies limitées, généralement moins de 1/2 ha, due
à l’héritage. La plantation est inorganisée et la totalité
3.4.10. Rajeunissement des exploitations des exploitations sont occupées par le palmier dattier,
Les exploitants qui ont planté des rejets depuis la fin chose qui ne permet pas la pratique des cultures sous-
des années 1990, représentent 52 % des enquêtés, le jacentes ou de planter les arbres fruitiers, ou même
nombre des palmiers plantés varie entre 3 et 30, le de planter des rejets du dattier. Nous signalons que la
reste des exploitants n’ont planté aucun rejet durant plupart des exploitants ne préfère pas l’arrachage des
cette période. pieds âgés et les remplacer par des jeunes Djabbars,
car selon eux, les pieds âgés donnent une production,
La palmeraie du ksar d’Ouargla se distingue des
même si elle est faible, contrairement aux nouveaux
autres palmeraies de la région par le faible taux de
rejets qui n’entrent en production qu’après au moins
rajeunissement (37 %).
cinq ou six ans.
On signale que 23 % des exploitants, ont perdu des
L’âge avancé de palmier touche plus de la moitié des
variétés du dattier, sans les remplacer, c’est-à-dire on
exploitations, souci qui rend la réalisation des diffé-
assiste à une érosion génétique par la perte des varié-
rentes tâches, nécessaires pour le palmier, très diffici-
tés à faible valeur commerciale, comme les variétés :
les (toilette, pollinisation et récolte).
Deghel Bakhtou et El Khammara.
La diversité variétale est l’une des caractéristiques
Cette perte est remarquée, beaucoup plus, dans la pal-
des anciennes palmeraies dans la région d’Ouargla,
meraie de N’gouca (49 %), car les exploitants s’inté-
où plus de 96 % des exploitations contiennent plu-
ressent plus aux variétés marchandes (Deglet Nour
sieurs variétés du dattier. Malgré ça, la totalité des ex-
et Ghars).
ploitants préfèrent «en cas de rajeunissement de leurs
3.4.11. Perspectives des exploitants exploitations» de planter les deux variétés à valeur
ajoutée commerciale, à savoir la Deglet Nour et le
Plus de la moitié des exploitants considèrent que leurs Ghars, en deuxième classe, nous trouvons la variété
exploitations, ont connu des dégradations par rapport Takrmoust. Alors que quelques exploitants préfèrent
aux années passées, alors que 14 % voient que la si- de planter des variétés à titre symbolique.
tuation des exploitations n’a pas changé. Par contre,
34 % des enquêtés déclarent que la situation s’amé- Le dokkar est présent dans la majorité des exploita-
liore, ces derniers sont généralement les nouveaux re- tions, et dans celles qui ne contiennent pas des pieds
traités, qui consacrent leurs temps à la réhabilitation mâles, les exploitants demandent le pollen chez les
des exploitations, comme occupation fonctionnelle, proches et voisins; pour le reste, ils recourent à l’achat
est une sorte de sauvegarde de l’existant. des spathes mâles.
mation, humaine (fraîche) ou comme aliment du bé- lution d’un système de production en zone aride :
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