Livre - Le Maroc en Afrique (WEB) PDF
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LE MAROC EN
AFRIQUE
Bibliographie .....................................................................................................99
Le Policy Center for the New South (PCNS) est un think tank marocain
dont la mission est de contribuer à l’amélioration des politiques publiques, aussi
bien économiques que sociales et internationales, qui concernent le Maroc et
l’Afrique, parties intégrantes du Sud global.
Le PCNS défend le concept d’un « nouveau Sud » ouvert, responsable
et entreprenant ; un Sud qui définit ses propres narratifs, ainsi que les cartes
mentales autour des bassins de la Méditerranée et de l’Atlantique Sud, dans
le cadre d’un rapport décomplexé avec le reste du monde. Le think tank se
propose d’accompagner, par ses travaux, l’élaboration des politiques publiques
en Afrique, et de donner la parole aux experts du Sud sur les évolutions
géopolitiques qui les concernent. Ce positionnement, axé sur le dialogue et
les partenariats, consiste à cultiver une expertise et une excellence africaines, à
même de contribuer au diagnostic et aux solutions des défis africains.
Parler de l’Union Africaine sans évoquer la place qu’y occupe le Maroc serait
parcellaire, car le Royaume a contribué activement à la construction africaine,
s’en est séparé, en signe de protestation contre le non-respect de la légalité
internationale par les organes de la défunte Organisation de l’Unité Africaine
pour, ensuite y retourner, dans le cadre de l’Union Africaine. Doit-on parler
de retour ou d’admission ? Indépendamment de la réponse apportée à cette
question, il convient de revenir aux sources et à la génèse des organisations
continentales africaines pour donner aux retrouvailles du Maroc avec son
continent d’appartenance un sens plus large.
« Il est clair que le Secrétaire général n’a commis aucune faute, ni grave,
ni bénigne. Couvert d’opprobre et d’injures, diffamé, avili et traîné dans la
boue, il peut ressentir au fond de son âme ce qu’il peut y avoir de tragique à
vouloir servir honnêtement, fidèlement, un idéal dans ce continent divisé. Si,
aujourd’hui, tout en sachant où se trouve la vérité, l’on veut le sacrifier, que
personne ne se gêne. »
Edem Kodjo, Secrétaire général de l’OUA (de 1978 à 1983).
EN 1982, l’Organisation de l’Unité Africaine a reconnu la « République
arabe sahraouie démocratique » (RASD) et l’a accueillie comme État-membre,
poussant le Maroc, pourtant membre fondateur, à se retirer de l’instance
africaine. La question qui se pose, ici, n’est pas de retracer l’histoire de
l’admission d’une entité fictive à une Organisation composée d’états membres.
Il n’est pas question, non plus, de savoir si le Royaume a bien fait ou non de
quitter l’Organisation. La question est comment voudrait-on qu’un Royaume
souverain réagisse à l’admission à l’OUA d’une entité qu’on ne pourrait qualifier
ainsi ?
Comment pourrait-on expliquer aux peuples africains, le peuple marocain
en tête, une telle situation où le droit international n’accorde pas ce statut : Un
territoire marocain, une population marocaine, un gouvernement fantoche, une
incapacité à nouer des relations internationales, si ce n’est avec ses sponsors.
3. Sidi Ifni, le Sahara marocain, la Guinée équatoriale et Fernando Po. Conseil des Ministres, 1966
6. Direction des Etudes et des Prévisions financières, ministère de l’Economie et des Finances, 2015.
7. Office des Changes, circulaire 1732
“Il est beau, le jour où l’on rentre chez soi, après une trop longue absence
! Il est beau, le jour où l’on porte son cœur vers le foyer aimé ! L’Afrique est
Mon Continent, et Ma maison.”
Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Discours d’Addis-Abeba, 31 janvier 2017.
12. Global Terrorism Database, 1970 to 2014, National Consortium for the Study of Terrorism and
Responses to Terrorism, University of Maryland.
13. L’invasion américaine en Irak, en 2003, allait exclure l’élite baathiste sunnite et plonger l’Irak dans un
chaos généré par la mise en place d’un pouvoir chiite. Elle allait, aussi, permettre à Al-Qaïda en Afghanistan
de respirer, du fait de l’utilisation des ressources américaines en Irak. Le gouvernement Chiite d’Irak
voulait faire combattre les forces de sécurité sunnites contre les combattants sunnites de l’’’Etat islamique’’,
anciennement membres des forces de sécurité.
14. Comme l’atteste la tentative d’assassinat du président Moubarak à Addis-Abeba en 1995.
15. Violent Islamist Extremism and Terror in Africa, Institute for Security Studies, Jakkie Cilliers.
16. Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest
17. Mouvement national de Libération de l’Azawad
20. Une étude sur Boko Haram démontre que 53% des personnes ayant rejoint cette nébuleuse l’ont
connue via Internet. Boko Haram and Violent Extremism, Perspective from Peacebuilders ISS Africa
21. Abdelhak Bassou. Le Sahel face aux tendances Al-Qaïda et Daech : Quel dénouement possible ? Policy
Brief. OCP Policy Center, Janvier 2017.
22. La lutte contre la piraterie dans le Golfe de Guinée, Bulletin de la sécurité africaine, février 2015 par
Adeniyi Adjimi Osinowo
23. Stratégie de l’UE relative au Golfe de Guinée, communiqué de presse du Conseil de l’Union européenne,
17 mars 2014
24. 40% des prises de la région seraient non déclarées ou non réglementées.
25. Contenir la piraterie, de réponses complexes face à une menace persistante, Hugues Eudeline.
26. Pirate Trails, World Bank Study, UNODC,2013
27. UNODC, The Drug Problem and Organized Crime, Illicit Financial Flows, Corruption and Terrorism
28. Aussi appelé Interstate - 10 car longeant la 10ème parallèle
29. Le trafic de drogues en Afrique subsaharienne : Son rôle dans le trafic de drogues international et les
influences internes, José María Blanco Navarro et Luis de la Corte Ibáñez
Le plus déplorable parmi les phénomènes évoqués plus haut est celui
qui contraint les Africains à fuir leurs terres ou les réduit au travail forcé
ou à la prostitution. Traditionnellement, l’immigration clandestine était
majoritairement nord-africaine, en partance du Maroc l’Algérie, de la Tunisie
ou du Maroc, à travers les enclaves espagnoles ou le détroit de Gibraltar mais,
les dernières années ont vu se développer de nouvelles routes.
Bamako, Gao, Agadez ou encore Sebha, Tripoli et Benghazi, autant de
villes qui dans un contexte déjà difficile, à cause de plusieurs facteurs fragilisant
leurs pays, se trouvent aujourd’hui au cœur du trafic de migrants en Afrique.
La Libye post-Kadhafi est dans le chaos permettant la prolifération de groupes
islamistes mais aussi de réseaux de trafiquants de migrants s’étalant partout
en Afrique. Si le Guide Libyen mettait en avant l’argument d’être le verrou de
l’immigration, et l’utilisait comme levier de négociation, sa disparition et la
guerre civile qui s’en est suivie, ont fait de la Libye un couloir migratoire. Que
les migrants soient demandeurs d’asile fuyant des situations difficiles, ou des
migrants économiques cherchant un meilleur environnement, ils transitent par
des réseaux professionnels de trafic. Avec 4300 km de frontières à l’abandon,
la Libye est une passoire migratoire et de contrebande permettant la circulation
de biens et de personnes de toute l’Afrique. La route de l’Ouest, qui part du
Golfe de Guinée et remonte par le Mali jusqu’à Tamanrasset, pour aboutir
en Libye par Ghât, est principalement contrôlée par des tribus arabes et des
Touareg. La route de l’Est qui, quant à elle, part du Soudan et arrive en Libye
par Koufra, empruntée par des personnes venues d’Erythrée, de Somalie, du
Soudan et d’Ethiopie, est la plus rentable et celle où les réseaux de criminalité
organisée sont les plus sophistiqués. Cependant, la route centrale Niger-Libye
est aujourd’hui le principal axe de trafic de migrants pour arriver à Agadez au
Niger. Traverser la bordure pour se rendre en Libye est l’affaire des réseaux de
trafiquants s’étant partagé le sud de la Libye entre Toubou et Touareg.
Mais, ce trafic de personnes est souvent couplé à la contrebande et
fonctionne dans les deux sens. Pire, les milices et les organisations criminelles
présentes dans certains couloirs font de l’enlèvement, de la séquestration et
de l’esclavagisme une spécialité. Les mêmes réseaux se livrant au terrorisme
et aux trafics de drogues et d’armes sont ceux qui s’activent dans le trafic de
personnes avec des conséquences dramatiques sur les populations et sur les
économies.
La connivence entre ces réseaux, et leur système de prédation sur des jeunes
en situation défavorisée, détruisent une partie de la société africaine. Le trafic
peut servir à la prostitution, au travail forcé, au trafic d’organes, à la consitution
36 La coopération de sécurité au Maghreb et au Sahel : l’ambivalence de l’Algérie, Laurence Aïda Amour,
Africa Center for Strategic Studies
37 Architecture Africaine de Paix et de Sécurité : Pertinence dans la conception et les difficultés des
réalisations, OCP Policy Center, Policy Brief, mars 2017, Abdelhak Bassou
38 Parfait Oumba. L’effectivité du rôle du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine dans la
résolution des conflits.
39 La gestion de la crise libyenne par l’Union Africaine : chronique d’une impuissance annoncée, Dr
Delphine Lecoutre, Laboratoire de l’irsem, n11 - 2012
43 Sustainable peace, Driving through the African Peace and Security Architecture through ECOWAS,
ISS, November 2016, Amanda Lucey and Moyosore Arewa
44 Mettre en œuvre l’Architecture de Paix et de Sécurité : l’Afrique de l’Ouest, Rapport Afrique N° 234,
avril 2016, International Crisis Group
Les efforts du Maroc pour sa propre sécurité sont souvent loués par de
nombreuses organisations internationales. Tout d’abord, la stratégie de sécurité
du Royaume repose sur quelques principes clés qui façonnent son action et sa
gouvernance en la matière45. Dès le préambule de la Constitution marocaine,
s’expriment l’ambition et le choix irréversible de construire un Etat de droit
démocratique46. Ainsi, la sécurité ne doit pas être un rempart contre les libertés
fondamentales des citoyens dans le cadre d’une monarchie constitutionnelle,
démocratique, parlementaire et sociale qui souscrit aux principes, droits,
obligations et conventions des organisations internationales. Les provinces
du Sud occupent une place centrale dans cette stratégie, et dans la réalisation
de l’intégrité territoriale. La politique de sécurité du Maroc est globale,
multidimensionnelle et traitant les causes à leurs racines et doit se construire,
aussi, via la coopération internationale et autour de la coopération Sud-Sud. La
politique du Royaume en termes de sécurité est aussi celle de la promotion d’un
Islam tolérant et modéré.
Aujourd’hui, la menace terroriste est globale et la mondialisation en fait un
enjeu majeur de protection du territoire, et si le pays n’a pas connu récemment
de vagues d’attentats liés à ces menaces, pas moins de 168 cellules terroristes
ont été démantelées, plus de 2 900 personnes ont été interpellées et plus de
340 tentatives d’attaques ont été déjouées47. Mais, les récentes évolutions de
la situation, avec la présence de l’organisation dite ’’Etat islamique’’ en Libye
et du GSPC/AQMI dans le Sahel, engendrent une menace plus proche des
frontières. Une frontière Est qui avait déjà permis à des combattants de
perpétrer des attentats au Maroc et d’organiser le passage d’un flux de migrants
subsahariens vers l’intérieur et le nord du pays. Une frontière Sud protégée par
un mur contre les attaques du Polisario, comme à Guergarate, en 2017, puis
par une zone tampon de 3,7 km gérée par la MINURSO entre le Maroc et la
Mauritanie. Un No Man’s Land source d’inquiétudes et de menaces potentielles,
de trafic de tous genres et où pullulent des éléments du Polisario, une menace
réelle, sachant qu’une centaine d’entre eux avaient rejoint “l’Etat Islamique”.
45 Morocco’s security strategy: preventing terrorism and countering extremism, Assia Bensalah Alaoui,
July 2017, SAGE Journals
46 Constitution du Royaume du Maroc, Préambule, Paragraphe 1.
47 Le Matin du Sahara. 10 février 2017
48 Morocco’s security strategy: preventing terrorism and countering extremism, Assia Bensalah Alaoui,
July 2017, 2017 SAGE Publications
49 Morocco’s security strategy: preventing terrorism and countering extremism, Assia Bensalah Alaoui,
July 2017, 2017 SAGE Publications
50 Ibid
54 Ibid.
Mais, les pays africains ne sont pas seuls sur le continent. D’autres pays ont,
eux aussi, adopté des stratégies pour renforcer leur présence en Afrique. On
peut citer la stratégie du light footprint des Etats-Unis d’Amérique ainsi que
l’activation de l’AFRICOM en tant qu’unité de commandement indépendante
en Afrique, le changement de la politique de la Chine d’un soft power de
coopération et de non-ingérence vers de possibles interventions militaires pour
protéger les intérêts chinois, sachant que les Nouvelles Routes de la Soie ont un
point d’ancrage en Afrique de l’Est.
La Russie fait, elle aussi, partie du jeu en Afrique, et ce depuis longtemps.
Moscou y compte des partenaires commerciaux importants et sa politique de
vente d’armes et de formation militaire continuera à se développer dans le
continent. La France a réaffirmé sa présence militaire en Afrique, après une
décennie de non-interventionnisme, et demeure un acteur majeur en Afrique
de l’Ouest et au Sahel sur les plans économique et militaire. Le Royaume-Uni
jouit, dans une moindre mesure, d’un impact économique, mais ce sont les
impacts politiques et culturels qui le distinguent. La Turquie s’intéresse, elle
aussi, à l’Afrique, avec une politique de sécurité basée sur l’aide humanitaire en
premier lieu.
Tout cela nous autorise à affirmer que l’Afrique est, aujourd’hui, le continent
de tous les défis mais, aussi, de toutes les convoitises. Le Royaume du Maroc
a sa place au sein du continent sur le plan diplomatique, comme évoqué dans
notre première partie, mais aussi sur le plan de la sécurité et peut y occuper une
place de leader.
57 Rapport Arcadia 2017. L’Afrique et les marchés mondiaux de matières premières, Economica, OCP
Policy Center, Cyclope.
58 Perspectives Economiques en Afrique, BAFD, OCDE, PNUD 2017
59 Rapport Arcadia 2017, L’Afrique et les marchés mondiaux de matières premières, Economica, OCP
Policy Center, Cyclope.
Les vingt pays d’Afrique affichant la meilleure évolution en pourcentage à l’échelle de I’IDH,
2000-2014
Évolution de la
Valeur de Valeur de Valeur de
Sous-région valeur de l’IDH
l’IDH 1990 l’IDH 2000 l’IDH 2014
1990-2014 (%)
Afrique du Nord 0,533 0,603 0,668 20,209
67 Ibid.
68 Challenges, Opportunities and Future Prospects for Implementation of New Partnership for Africa’s
Development, Zerihum Petros, Addis Ababa University, June 2013
69 Jo Adesina, 2006
70 Intervention de l’Agence NEPAD et résultats cumulés au 31 décembre 2016
71 Agenda 2063, opportunité et défi pour l’Afrique, Ladji Ouattra, Institut de Recherche et
d’Enseignement sur la Paix, janvier 2015
72 Innovation, compétitivité et intégration régionale, l’état de l’intégration régionale en Afrique, Nations
unies, Commission économique pour l’Afrique, mars 2016
Source : Données du Centre africain pour la politique commerciale tirées de CNUCEDStat (2015)
Note : Une représentation ne signifie pas automatiquement qu’une banque est “présente” dans un
pays. / Source : CNUCED (2015a)
73 Analyse de l’appartenance régionale multiple, Jean Lucien Razafindrakoto, Perspective Africa, 2014
74 Ibid
Le Maroc est un pays dont l’économie donne une image du large éventail
de réformes et de chantiers entrepris par le Royaume depuis la fin des années
1990. Au-delà d’un contexte international éprouvant depuis le début des
années 2000, le pays a su consolider ses indicateurs et améliorer sa structure
économique. L’impact de la crise économique et financière mondiale a
permis d’identifier les faiblesses structurelles à corriger pour permettre un
développement économique soutenu et inclusif75.
L’économie marocaine dispose de bases solides, d’infrastructures de bonne
qualité, de déséquilibres contenus et d’un système bancaire sophistiqué et
résilient76. L’évolution de la croissance marocaine a été des plus élevées de la
zone Afrique du Nord et Moyen-Orient (MENA), une zone qui était supérieure
à la Zone Euro, les PECO et l’Amérique latine. Cette performance est le résultat
de la hausse de 9,2% par an de la valeur ajoutée du secteur primaire et de la
bonne tenue du secteur non agricole, grâce, notamment, aux performances du
secteur tertiaire77. La branche du bâtiment et des travaux publics a connu une
croissance moyenne de 3,8% de la valeur ajoutée, et la branche de l’électricité et
de l’eau une valeur de 4,9%, ce qui a porté le taux de croissance annuel moyen
du secteur secondaire à 1,8% entre 2008 et 2013. Le secteur tertiaire, quant à
lui, a connu une croissance annuelle moyenne de 4,2% due à l’amélioration de
la valeur ajoutée des télécommunications, de l’éducation, de l’administration
publique générale et de la sécurité sociale78. Bénéficiant d’un environnement
sociopolitique stable, et au vu des réformes menées, le Royaume est l’un des
grands bénéficiaires de la chute des prix du brut depuis 2014, et ayant maintenu
sa qualité d’emprunteur à son niveau habituel, la soutenabilité de ses finances
n’est plus un sujet d’inquiétude.
L’Europe demeure le premier partenaire commercial du Maroc, en
concentrant plus de 66% des exportations, 50% des IDE, et environ 75% des
touristes et des transferts de la diaspora marocaine. La confiance des ménages
reste affectée par un taux de chômage aux alentours de 10%, l’informel y jouant
75 Tableau de bord des indicateurs macro-économiques, ministère de l’Economie et des Finances, mai
2015
76 Maroc : En quête d’une nouvelle impulsion, Stéphane Alby, Economic Research BNP Paribas, mars
2017
77 Tableau de bord des indicateurs macro-économiques, ministère de l’Economie et des Finances, mai
2015
78 Ibid
79 Ibid
89 L’importance des politiques agricoles en termes de sécurité, de défense et de souveraineté, Policy
Mais, Rabat n’est pas seule sur le continent, loin de là, et les résultats
obtenus, ces dernières années, sont d’autant plus importants que la concurrence
est rude : Chaque pays a une stratégie en Afrique, et nous allons en exposer les
principales pour mesurer l’intérêt que le monde accorde à l’Afrique.
La Chine, désormais établie en chantre du capitalisme, est aujourd’hui un
acteur incontournable en Afrique, avec des capacités d’investissement très
importantes et une stratégie rationnelle soutenue par une expérience nationale
dans l’émergence et un historique qui n’est entaché d’aucun stigmate colonial.
Aujourd’hui, la Chine est le premier partenaire commercial du continent
depuis 2009, avec 13,5% des échanges commerciaux qui sont passés de $10,5
milliards USD, en 2000, à $200 milliards de dollars, en 2013, avec l’ambition de
les doubler d’ici fin 2020 : Sécurisation des matières premières, investissement
dans l’énergie, la finance, les infrastructures, la santé, l’éducation, des IDE
s’élevant à $108 milliards depuis 2003 en négociant directement avec les pays
ou en passant par l’Union Africaine, tout en y incluant les Nouvelles Routes
de la Soie.
Il n’existe pas de pays pouvant rivaliser avec la Chine aujourd’hui, mais d’autres
pays ont adopté des stratégies différentes vis-à-vis de l’Afrique. Le Brésil, par
exemple, a considérablement augmenté ses échanges commerciaux pour atteindre
les $26 milliards, en 2014, soit 4 fois plus qu’en 2000, avec une majorité de produits
brésiliens exportés qui étaient plus compétitifs que les européens ou américains.
La Russie, quant à elle, a longtemps occulté l’Afrique de sa planification
économique mais y porte un intérêt croissant, par l’implantation de grands
groupes russes en Afrique du Sud, comme Mechel dans le domaine de la
métallurgie, Rusal dans l’aluminium et Severstal dans la sidérurgie. L’Afrique
du Sud étant son premier partenaire commercial dans le continent, la
Russie s’implique de plus en plus dans les investissements dans des projets
d’infrastructures mais aussi dans l’aéronautique, l’agriculture, etc. Là où il y a le
Dragon, le Tigre n’est pas loin, et la stratégie indienne en Afrique a connu un
bond spectaculaire pour atteindre des échanges à hauteur de $75 milliards alors
qu’ils étaient inférieurs à $1 million USD en 1991. Dans son essor industriel,
l’Inde a besoin d’énergies et de minerais qui se trouvent en abondance en
Afrique et qui lui permettront de réduire sa dépendance du Moyen-Orient en
termes énergétiques, tout en exportant ses véhicules et ses médicaments vers
l’Afrique, principalement à destination de l’Afrique du Sud, du Nigeria et du
Kenya.