Alice Et Le Symbolisme

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Alice et le symbolisme

Publié le par loup blanc

Je vais vous parler ici d’un livre de mon enfance. L’histoire « D’Alice aux pays des merveilles ».
Sans oublier sa suite « De l’autre côté du Miroir » qui est encore plus indiqué dans notre tenue au
grade de compagnon.
Ces histoires, je les ai lus et relus dans ma jeunesse, et le souvenir que j’en avais était comme un
écho des chemins que nous empruntons lors de notre quête d’initiation.
Un souvenir rempli de métaphores et d’images colorées éveillant l’esprit plus que la raison, le sens
même de ce qui, plus tard, m’est apparu comme une des définitions du symbolisme.
Alors, je m’y suis replongé avec délice, pour, à la lumière de nouveaux acquis, comprendre
pourquoi ces deux romans m’avaient éveillés… je pourrais dire emeréveillé.
Mais, tout d’abord, j’ai voulu savoir qui étaient Lewis Caroll. L’auteur d’histoires si particulières.
Sans rentrer ici dans une biographie par trop détaillé, il faut savoir que Charles Lutwidge Dodgson
de son vrai nom, né en 1832 et ayant parcouru ce XIXème siècle victorien jusqu’en 1898 n’est pas
du tout le farfelu que ses contes pour enfants pourraient laissés croire.
Fils de pasteur anglican, il a été un enfant bégayant et quelque peu introverti parmi une fratrie de 11
frères et sœur tous plus ou moins dans son cas. Sept, dont Lutwidge, resterons célibataires. Le
poids des traditions pèse sur la famille mais rien de plus. Notre homme devient Professeur de
Mathématique à Oxford et aura une vie de célibat très comme il faut. Plutôt solitaire.
Comme un contrepoids à son quotidien, il prend la plume sous le nom d’emprunt de Lewis Caroll,
inversion remanié de ses deux prénoms ….déjà l’inversion…. On en reparlera.
Il commet ces textes un peu légers ou poétique quand il ne s’adonne pas à une autre passion, la
photographie, plutôt rare en cette époque, dont les expositions qu’il mettra au jour révélerons sont
attrait pour les toutes jeunes filles. Une certaine Alice ayant été sa muse en la matière. Cependant,
rien de plus sérieux à en dire pour cet homme en décalage entre sont besoin poétique intérieur et sa
façade de professeur. Il a d’ailleurs souvent refusé d’endosser en propre la notoriété, assez rapide,
que lui a apportée son avatar de Lewis Caroll.
Tout fois, si on doit retenir quelque chose, c’est que notre auteur a certainement une ambition au
départ. Et pas du tout celle que l’on pourrait imaginer. Il est mathématicien donc, et à cette époque
deux courants de pensées s’affrontent chez les universitaires. Les tenants de la logique contre ceux
qui pensent que les formules peuvent amener au-delà de la logique, ou tout du moins, que trop de
logiques enferment les possibilités d’une vision non fini des probabilités mathématique. La
physique quantique et autre théorie des cordes n’est pas loin. Bon, je vous l’accorde, c’est comme
ça que je l’ai compris et ça n’engage que moi.
L’important, c’est de comprendre que même si on peut voir dans les aventures d’Alice tout un tas de
symboles d’initiation, ils n’étaient peut être pas du tout dans l’esprit de l’auteur au moment où il
écrivait ces histoires apparemment dépourvues de sens.
Mais, en fait, c’est là que cela devient intéressant.
Car si ce n’est pas voulu, c’est que ces symboles sont, peut être, une sorte d’écriture automatique
pour toute personnes qui veut faire passer un message, quel qu’il soit, sous une forme voilé, pour
toucher un large public de façon quasi subliminale. En quelque sorte, le symbolisme serrait
l’alphabet de ce qui est au-delà de la raison.
Je vais donc vous donner quelques exemples à relier avec nos propres symboles.
Vous savez tous, je l’espère, que toute initiation débute, métaphoriquement, par une entrée sous
terre, un trou, une caverne ou une chambre noire faisant aussi bien l’affaire. Pour ceux qui ne
l’auraient pas lu, les premiers pas d’Alice la font plonger dans un trou au pied d’un arbre. Et si elle
rejoint les racines, là où tout commence, ce n’est pas anodin non plus.
Quelque temps plus tard, notre petite fille sera au prise avec une potion qu’elle ne maîtrise pas et
qui la fera grandir ou rapetisser—ce qui sera abaissé sera élevé, ce qui est élevé sera abaissé – Un
premier pas vers le travail sur l’ego et au passage une déstructuration de l’être que Alice
expérimente en ce début de chemin. La voie qu’elle veut emprunter passe par une trop petite porte,
elle ne sait pas comment si prendre et il lui faudra de l’aide et un passage par l’eau (l’état liquide
après la terre) pour enfin franchir la Porte étroite que tous les cherchant connaisse.
En fait, tout le parcours de notre héroïne dans ce pays des merveilles est une succession de remise
en question, d’introspection et de choix.
Dans la séquence avec la chenille, celle-ci lui demande : « Tu crois que tu as changé ? » alors
qu’Alice ne sais plus où elle en est. Et pour l’aider lui demande : « Quelles sont les choses que tu ne
peux pas te rappeler ? ». Nous sommes vraiment dans le retour sur soi.

Le passage avec la mère pigeon gardant ses œufs est plus subtil. Nous y découvrons, avec notre
petite fille, que tout est question de point de vue. Le pigeon la prend pour un serpent, ce qu’elle
s’empresse de démentir, mais elle ne peut désavouer son plaisir à manger des œufs…ce qui la rend
serpent aux yeux du volatil sans plus d’hésitations. Seul compte les actes donc, dans ce monde que
découvre Alice, ce chemin qu’elle arpente.
D’ailleurs, sa rencontre avec un valet grenouille va encore dans ce sens. Il en ressort que tout ce que
l’on fait est fonction de sa position par rapport à l’autre et que l’on doit réfléchir avant d’agir au fait
même d’agir.
A ce stade Alice comprends face à ses interlocuteurs qu’elle ne sait pas grand choses. La duchesse
lui réplique que tout reste à découvrir.
C’est là que notre cherchante rencontre le Chat de Cheshire.
Encore un basculement des réalités, et son sourire cache sous des paroles sensées un propos au final
absurde.
En contrepoint, nous avons ensuite le passage de l’heure du thé avec le Chapelier fou et le Lièvre de
mars. Les paroles échangées sont absurdes mais le tout donne un propos sensé.
Important dans ce passage, la notion de temps arrêté que nous peint cette séance du thé avec le
Chapelier fou. Ai-je besoin de dire que l’intemporalité est une constante dans la voie de tout initié.
Dans ce livre de Lewis Caroll, nous arrivons sur la fin aux passages avec la Reine coupeuse de tête.
Je laisserais le soin à notre frère Marc Fiorentini de nous faire un jour un travail sur le symbolisme
de la tête et de la décapitation. Séparation du mental d’avec l’existence. Idée sous jacente d’un
procès final où Alice se trouve au prise de l’absurde pour finir par se réveiller. Démarcation de
l’auteur entre deux états de l’être, le rêveur étant celui qui peut aller au delà des possibles.
La suite de ce conte aux pays des merveilles se nomme « de l’autre côté du miroir ». Un titre
évocateur pour notre symbolisme du grade de compagnon. Toute fois, ce symbole à tout de
l’universel et il est ici, avant tout, à comprendre comme une plongée en soi. L’auteur a plutôt insisté
à la suite de son premier opus dans la même veine avec ce mélange d’absurde ambiant et une Alice
qui se cherche. Toute fois nous pourrons noter quelques points important. L’effet de l’inversion du
miroir provoque un retournement bien plus appuyé. Le cherchant empruntant cette voie devra bien
souvent s’éloigner de son objectif pour l’atteindre. En fait, nous sommes le chemin et il sera ce que
nous voulons faire de nous même, par contre il faudra prendre soin de l’objectif désiré car c’est lui
qui conditionne la quête. En clair, tout est déjà là en nous, la voie et son but. Le retournement
permettant une vision intérieure en direction de ce centre, réceptacle de notre lumière, graal de tout
cherchant.
Quelques symboles présents aussi dans ce tome.
Le pavé mosaïque du jeu d’échec, que je ne présente plus.
Les frères jumeaux Bonnet Blanc et Blanc Bonnet représentant la dualité et le passage sur leurs
veine bataille n’est pas anodin.
Le passage sur les non-anniversaires m’a particulièrement marqué par sa logique absurde et
l’inversion qu’il met en avant.
Le reste de l’histoire est, comme dans le premier tome, une accumulation de jeu de mots virant à
l’absurde avec, à mes yeux, l’idée générale que dans ce monde rêvé, le possible et l’impossible ne
fond plus qu’un.

Cette idée est reprise aussi par l’auteur dans un des chapitres. Alice y est confrontée au principe des
mots valises. Des mots assemblés pour qu’ils contiennent plus que leurs significations premières.
Celui que je cite en introduction « emer-éveillé » en est un exemple. Ce principe vas bien plus loin
que le simple fait de jouer avec les mots. Il m’a paru être le symbole même d’une déstructuration du
verbe. Ce verbe, qui en nommant enferme les idées, se voit exploser pour que notre imagination
nous entraîne au-delà.
Et j’en reviens encore à mon credo, imaginer c’est aussi se libérer l’accès à l’infini des possibles.
En fait, cette analyse adulte que j’ai entreprise pour partager avec vous mes impressions d’enfant,
m’a amené sur un chemin inattendu.
Lewis Caroll n’avait, comme je le dit au début, certainement pas l’intention de faire passer les
messages que j’ai ressentis à sa lecture. Mais je crois sincèrement que celui qui veut transmettre
utilisera inconsciemment des symboles universels pour des idées universels. Et pour le cherchant,
tout est bon à prendre. Il faut pour cela être en éveil à tout instant. Ce mettre en condition de
recevoir les messages d’où qu’ils viennent si on peut en retirer une pierre à rajouter dans notre
temple intérieur.

D’ailleurs, vous pouvez noter que Alice ne dort jamais pendant ses aventures. Mais qu’elle se re-
éveille à la fin de chacune d’elles. Il lui a fallu s’affranchir de ses quêtes intérieures pour mieux
passer d’un état à un autre.

Je crois que nous pouvons nous nourrir de tout ce qui nous entoure pour aller de l’avant. Pour
recevoir et transmettre le message d’amour que contient notre rite. Que ce soit dans ces romans de
jeunesse, dans une chanson qui va nous émouvoir où des propos volés au détour d’une
conversation.
L’étoile flamboyante est en nous, allons chercher tout l’amour quelle contient.
Le Chapelier fou nous dit que tout commence par un Thé.
Je vous dirais, moi, que pour le cherchant, Message commence par Aime.

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