Lettres de Cortés À Charles Quint
Lettres de Cortés À Charles Quint
Lettres de Cortés À Charles Quint
1. Présentez le document.
2. Qu´est-ce qui motive les conquistadors ?
3. Comment se passent les premiers échanges entre amérindiens et espagnols ?
4. Quelles sont les intentions de la couronne espagnole ?
5. Que remarquez-vous quant à la forme de cet extrait et au style de CORTES ?
Lettre première
Envoyée à la reine Dona Juana et à l´empereur Charles QUINT, son fils, par le conseil
judiciaire et le conseil municipal de la Ville Riche de Veracruz le 10 juillet 1519.
Très Grands, Très Puissants et Excellents Princes et Très Grands Rois Catholiques : nous avons
appris que Vos Majestés avaient été informées par la lettre de Diego VELAZQUEZ, lieutenant-amiral de l
´île Fernandina qu´une nouvelle terre avait été découverte il y a deux années environ, terres que dans le
principe on appela Cozumel, puis ensuite Yucatan sans que ce fût ni l´un ni l´autre, comme Vos Majestés
pourront s´en apercevoir d´après notre rapport ; c´est que les relations qui, jusqu´à ce jour, ont été faite à
Vos Majestés sur cette terre, sa conformation et sa richesse et la manière dont elle fut découverte et autres
choses qui en ont été dites, ne sont ni ne peuvent être certaines ; parce que personne jusqu´à présent ne les a
bien connues, comme le démontrera cette lettre que nous adressons à Vos Altesses Royales. Nous en
parlerons, du jour même où elle fut découverte jusqu´à l´époque présente, afin que Vos Majestés sachent
quelle est cette contrée, le peuple qui l´habite et sa manière de vivre ; quels sont ses rites, ses cérémonies et
ses lois ; quels profits Vos Altesses Royales en pourront tirer, et quelles personnes en cette occurrence ont le
mieux servi Vos Majestés, afin que Vos Royales Majestés puissent récompenser chacun suivant ses mérites.
Il y a environ deux ans, Très Illustres Princes, […] Le capitaine [Francisco Fernandez de Cordova]
débarqua en un village appelé Campêche, dont le chef fut appelé Lazaro par les Espagnols ; et ce fut là qu
´on leur donna deux épis de maïs en or et une étoffe tissée d´or ; mais les naturels s´opposant à leur séjour
dans le village, ils partirent et s´en furent dix lieues plus loin aborder tout près d´un autre village appelé
Machocobon dont le cacique s´appelait Champoton o Potonchan et où ils furent assez bien reçus ; mais les
naturels ne leur permirent pas d´entrer dans leur village, et cette nuit, les Espagnols s´en furent dormir par
terre loin de leurs navires. Les Indiens en profitèrent pour leur livrer bataille le matin suivant et ils
combattirent avec une telle rage, qu´ils tuèrent vingt-six espagnols blessés. A la suite de ce combat, le
capitaine […] regagna l´île Fernandina où il fit savoir à Diego VELASQUEZ qu´il avait découvert une terre
riche en or, car tous les Indiens portaient aux oreilles et des les cartilages du nez, des bijoux de ce métal, et
qu´il y avait dans ce même pays des édifices de pierre et mortier et beaucoup d´autre choses qui indiquaient
une bonne administration et de la richesse. Il lui conseillait d´envoyer d´autres navires pour amasser de l´or
[…]
La flotte étant prête, Fernand CORTES, capitaine de Vos Altesses Royales, mit à la voile ; il avait
dix caravelles, quatre cents hommes de guerre parmi lesquels de nombreux hidalgos, des gentilhommes et
seize chevaux. La première terre où il aborda fut l´île de Cozumel que nous appelons aujourd´hui Santa
Cruz ; il jeta l´ancre dans le port de Saint-Jean-de-Porte-Latine, et, sautant à terre, il trouva le village désert
comme s´il n´eût jamais été habité. Fernand CORTES fit débarquer tous les gens de ses navires et les logea
dans les maisons du village : il était fort désireux de connaitre les causes de l´abandon de ce village, lorsqu´il
apprit de trois Indiens que l´on avait saisis dans leur canot, en mer, lorsqu´ils cherchaient à gagner le
Yucatan, que les caciques de l´île ayant vu de quelle manière les Espagnols s´étaient comportés, avaient
abandonné leurs villages et s´étaient réfugiés dans les bois avec tous leurs sujets, de crainte de nouveaux
arrivés, dont ils ignoraient les intentions. Fernand CORTES leur fit aussitôt savoir par ses interprètes que
nous ne venions pas l´intention de leur faire du mal, mais au contraire pour leur bien et les amener à la
connaissance de notre sainte foi catholique, afin qu´ils deviennent vassaux de Vos Majestés et qu´ils les
servissent comme les servent et leur obéissent tours les Indiens et peuples des contrées habitées par les