Tfe 839
Tfe 839
Tfe 839
3 | 2009
Varia
Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/tfe/839
ISSN : 1760-8597
Éditeur
UMR ADEF P3
Référence électronique
Luciana Graça et Luísa Álvares Pereira, « Le rôle des outils didactiques dans la construction de l’objet
enseigné : le cas d’une séquence didactique du texte d’opinion », Travail et formation en éducation [En
ligne], 3 | 2009, mis en ligne le 18 décembre 2009, consulté le 18 avril 2019. URL : http://
journals.openedition.org/tfe/839
Introduction
1 Notre travail, qui s’inscrit dans une perspective didactique, porte sur les outils
d’enseignement, en partant de la prise en compte de l’enseignement en tant que forme
particulière de travail. Notre mise en question repose sur l’analyse de l’éventuelle action
transformatrice de tels outils, que ce soit sur les pratiques d’enseignement elles-mêmes
ou sur l’objet même (re)construit dans ce contexte.
Problématique théorique
Le travail enseignant : tel qu’il devrait être et tel qu’il
se fait
2 L’enseignement conçu comme un travail est un champ récent dans le cadre des
didactiques des disciplines scolaires, où la recherche a été dominée, pendant quelques
décennies, par des questions concernant les élèves, leurs processus d’apprentissage et les
rapports qu’ils établissaient avec le savoir (Bronckart & LAF, 2004 ; Tardif & Lessard,
1999). Les premières recherches centrées sur l’enseignement ont eu un caractère
essentiellement pragmatique et se proposaient de définir l’efficacité de l’enseignant par
rapport aux performances des élèves. Puis, l’accent a été mis sur la pensée des
enseignants et la décision rationnelle comme base de leur activité, sachant que, dans
cette perspective, « la quête d’un « maître efficace » se fait au prix d’un effacement des
dimensions institutionnelles, historiques, sociales et temporelles, qui ne peuvent habiter
la « pensée enseignante » (Amigues, 2003, p. 6). Plus récemment, dans cette nouvelle voie
de recherche, l’intérêt s’est encore déplacé vers ce que l’enseignant fait réellement (et
non plus ce qu’il devrait). Ces changements ont entraîné le passage d’une didactique de
faire « l’intervention » à une didactique de « l’explication » (Goigoux, 2002, p. 126).
l’objet est décrit du point de vue des apprentissages des élèves […]. Très peu d’études par
contre se focalisent sur l’objet enseigné dans les classes » (Schneuwly, Cordeiro et Dolz,
2005, p. 79).
6 Or, c’est justement sur cette réalité qu’une nouvelle voie de recherche se développe
(Schneuwly & Thévenaz-Christen, 2006), à la lumière de la théorie de la transposition
didactique (Bronckart & Plazaola-Giger, 1998 ; Chevallard, 1991) dans laquelle nous
distinguerons deux niveaux. Dans le premier niveau, les connaissances scientifiques se
transforment en objets d’enseignement (référentiels curriculaires, livres didactiques…).
Dans le deuxième, les objets d’enseignement sont reconstruits et reconfigurés pendant
l’interaction didactique et se transforment en objets effectivement enseignés. L’objet
enseigné consiste, donc, en ce que le professeur construit avec ses élèves au cours de
l’interaction didactique.
7 Dans cette étude, nous nous référons à l’objet enseigné au deuxième niveau, qui, comme
le disait Garcia-Debanc, en 1990 déjà, est « celui qui concerne les rapports entre savoirs à
enseigner et savoirs effectivement enseignés qui avait été le moins étudié jusque-là »
(Garcia-Debanc, 2006, p. 113). Nous observons la (co-construction de l’objet effectivement
enseigné en classe à partir de l’analyse du travail enseignant, suivant, dans une large
mesure, les travaux du GRAFE.2De manière plus concrète, l’objet d’enseignement en cause
dans notre recherche est le texte d’opinion écrit. Ce choix repose sur le fait qu’il est
maintes fois sollicité sans être l’objet d’un véritable enseignement ; et en dépit des
recommandations officielles (M.E., 2001) qui défendent une diversification textuelle, la
narration continue à prévaloir sur l’argumentation. Ce déséquilibre, à notre avis, est
incompréhensible vu l’importance de l’argumentation hors et à l’école, et sa présence dans
les documents officiels et dans les matériels (para)didactiques, autant que dans les
pratiques d’enseignement (Dolz, 1993 ; Graça & Pereira, 2005), d’où notre choix.
Cependant, nous n’allons pas développer ici cet aspect, ni celui de la désignation même de
“texte d’opinion”, ni la tentative de définition de ce concept.
11 Puisque les enseignants ne connaissaient pas cette démarche, nous avons dû construire
un moyen d’enseignement constitué par deux grandes étapes. D’abord, nous leur avons
présenté les principales idées théoriques et les concepts opératoires ; ensuite nous avons
décrit le déroulement de la SD, qui reprend les quatre étapes constitutives de la démarche
même d’enseignement :
• la présentation de la situation de communication et du projet d’écriture ;
• la production initiale d'un texte d’opinion écrit, en s’appuyant sur les contenus élaborés
préalablement ;
• le travail modulaire sur les principales dimensions du texte – qui puissent également
constituer les principales difficultés des élèves : notamment, la distinction entre opinion et
argument, la structure textuelle, la hiérarchisation d’arguments ou les organisateurs
textuels ;
• la production finale d’un texte d’opinion écrit est précédée par le remplissage d’un guide de
production textuelle et de récapitulation du projet d’écriture.
13 Dans la première phase, les enseignants ont enseigné l’écriture du texte d’opinion après
avoir décidé quels matériels utiliser et le temps à y consacrer. Dans la deuxième, chaque
enseignant a enseigné, à nouveau, le même objet d’étude, mais, cette fois-ci, avec le
soutien de l’outil que nous avions construit et fourni, à savoir une SD.
14 Les séquences d’enseignement ont été enregistrées sur des supports vidéo - avec une
caméra digitale portable – et y compris audio - avec un MP3, que chaque enseignant
portait. Nous nous sommes placés au fond de la salle afin de filmer, tout en centrant notre
attention sur trois éléments : l’enseignant, l’interaction avec la classe et les matériels.
Entretiens
L’autoconfrontation simple
la raison pour laquelle nous avons choisi, les extraits à faire regarder à chaque enseignant
– ainsi que les autres matériaux, bien sûr. Ces extraits portaient sur :
• les tâches4 considérées comme les plus importantes par chaque enseignant, lors des
entretiens de chacune des deux grandes phases ;
• l’objet enseigné, à chaque phase de la recherche ;
• situations/aspects divers, spécifiques à chaque enseignant ;
• éventuellement, situations/aspects divers, que chaque enseignant voulait commenter.
21 Nous avons confronté systématiquement les enseignants aux extraits/matériels des deux
étapes du travail, en a), b) et c). De ce point de vue, nous avons suivi les étapes de la
démarche pour obtenir ce que nous appelons des « entretiens d’autoconfrontation
segmentée/épisodique ». En effet, nous avons alors mis l’accent sur certains segments,
épisodes.5 Dans ces entretiens des extraits filmiques présentés aux enseignants sont
complétés par d’autres données : des consignes d’écriture ou des transcriptions des
discours soit de classe, soit des entretiens, par exemple. De plus, il faut souligner que ces
entretiens n’ont pas été réalisés selon une procédure de nature clinico-développementale,
comme dans les entretiens typiques d'autoconfrontation. Ce qui nous intéressait était
simplement de centrer l’attention des enseignants sur des segments/épisodes qui
pouvaient entraîner des commentaires sur la transformation qui avait probablement eu
lieu, soit dans les pratiques enseignantes, soit dans l’objet effectivement enseigné.
22 D’abord, à partir de la transcription intégrale des données vidéo, nous avons élaboré des
synopsis des cours. Nous entendons par synopsis « un outil pour condenser en une unité
plus appréhendable les transcriptions des séquences d’enseignement afin de les rendre
comparables et analysables, d’en saisir la structure et de pouvoir situer chaque moment »
(Schneuwly, Cordeiro & Dolz, 2005, p. 82), ce qui nous sera, en effet, très utile lors de la
comparaison des données.
23 Ensuite, nous avons commencé à analyser l’information recueillie – tant en cours qu’en
situation d’entretien – en fonction d’un ensemble de paramètres de notre cadre
théorique, nous permettant ainsi de répondre aux questions de recherche. Cette analyse a
été réalisée à l'aide de la méthode du GRAFE pour la description des pratiques de
l’enseignant, et nous avons donc également adopté une perspective à la fois globale –
l’enseignement comme un tout organisationnel – et spécifique – l’enseignement découpé
en chacune des sessions individuelles.
24 Pour ce texte, nous avons choisi, aléatoirement, deux enseignantes, dont nous présentons
quelques éléments descriptifs de caractérisation et, ensuite, quelques résultats obtenus.
25 MJS : 59 ans, a suivi une formation en philologie romane et enseigne depuis 34 ans en
langue maternelle (LM) dont 25 années en 6e année de l’enseignement de base.
PHASE I PHASE II
MJS RG MJS RG
2 1 14 9
Sessions choisies
30 Pour chaque enseignante, nous présentons la première session de chaque phase. Sachant
que le texte d’opinion (et son écriture) était un objet d’enseignement avec peu de
tradition, nous nous sommes dès lors intéressées, pour cette contribution, à savoir, plus
en détail, comment les enseignantes commencent la séquence d’enseignement, soit dans
la première phase, soit dans la deuxième phase, déjà avec la SD fournie. Comment elles
l’organisent pour y inclure les élèves. Ce que disent les enseignantes au début, dans quel
but et pour quoi faire ? C’est cette première rencontre avec l’écriture du texte d’opinion en
salle de cours, dans les deux grandes phases de ce projet de recherche, que nous allons
présenter et que nous complèterons avec les discours de certains entretiens.
0’00”7 Installation
Exposé oral, par l’enseignante, qui écrit au tableau ce qui est dit
42’25” Dialogue à partir de deux affiches avec des images sur l’exploitation infantile
3’21” Dialogue
0’00” Installation
23’52” Lecture à haute voix, par un élève, de la consigne de l’écriture (qui avait été donnée
sur une feuille de papier)
27’47” Renseignement, par l’enseignante, sur les aspects à tenir en compte lors de
l’écriture – “un ordre logique d’idées”, “écrire avec soin”, “écrire des phrases
correctement”
0’00” Installation
3’32” Lecture, de suite, à haute voix, de deux textes par chaque auteur-élève
4’42” Bilan général, par l’enseignante, des opinions présentes dans les textes et dialogue
avec la classe sur ces opinions
6’33” Dialogue
32 Les quatre tableaux, montrent que dans la première phase, tout est subordonné aux
textes : ils sont de nature diversifiée – poème, textes narratifs, nouvelles, images – et ils
structurent l’enseignement. Cette hypothèse est confirmée, par exemple, par RG dès le
moment de la planification du travail de la phase 1. Cette enseignante reconnaît
qu’« après avoir trouvé un texte adéquat, cela a été plus facile de m’organiser et de
planifier ce que j’ai pensé pour le cours » (E1a).9
33 Les principales préoccupations des enseignantes, qui leur permettent d’organiser les
cours, reposent soit sur la compréhension des textes présentés, soit sur la production/
sélection de contenus proprement dits à intégrer dans le texte à écrire. Ainsi, les textes
sont surtout saisis à partir de la lecture et de la paraphrase. Par exemple pour résumer le
cours de la première étape MJS (E1a) dit : « 45 minutes serviront au remue-méninge, à
poser des questions, à susciter une certaine curiosité et la deuxième partie sera consacrée
aux élèves qui devront écrire un texte d’opinion ». Et plus loin : « planifier les activités
conduisant à l’écriture/ de façon à les motiVER (…) les images/ (…) le poème (…) et je suis
sûre qu’ils arriveront à un moment où leur tête fonctionnera » (E1a). RG se dit elle aussi
en accord avec ce résumé.
34 Quant aux techniques utilisées pour le “remue-méninge”, elles sont plus diverses chez MJS
que chez RG, mais l’objectif est, comme nous l’avons déjà dit, le même : « et vous serez SI
remplis d’idées/ qu’après vous allez pouvoir (…) exprimer une opinion » (cours, phase 1,
MJS). Pour les deux enseignantes, cette pensée est devenue un leitmotiv tout au long de la
phase 1. L’écriture est, donc, vue comme la textualisation immédiate de la pensée et
émerge comme le corollaire naturel, l’élève étant responsable de « l’organisation des mots
et des phrases dans un texte » et devant « avoir des idées ». D’où l’affirmation de RG
(E1a) : « je n’ai pas de grosses difficultés à préparer un cours d’écriture/ en plus parce
qu’il s’agit d’un cours dont (…) les protagonistes (…) sont les élèves ». MJS corrobore
(E1a) : « Pour planifier je dois conduire tout le cours de façon à créer chez les élèves un
monde d’information/(…) qui leur permettra après d’être capables d’avoir une opinion (…
) le cours doit être/ planifier seulement sur cet aspect ». Les similitudes entre les
enseignantes en ce qui concerne l’organisation de l’enseignement et, notamment, le
milieu10créé en classe semblent, donc, évidentes.
35 Néanmoins, quelques différences existent entre ces dernières. MJS commence le cours en
informant les élèves de ce qu’ils auront à faire, ce qui suppose que MJS reconnaît déjà
(comme d’ailleurs aussi à la phase 2) la portée de cette explicitation initiale pour le bon
déroulement du travail. RG ne le fait pas. C’est seulement au moment 24'07",
immédiatement avant l’écriture, que ses élèves savent qu’ils devront écrire un texte. Ceci
provoque un mécontentement généralisé chez les élèves, qui en arrivent même à
demander de faire le travail à la maison. De plus, MJS organise le cours à partir de
supports écrits, comme RG. Mais si MJS combine travail oral et registres écrits, à partir de
ces supports écrits, RG, elle, se sert seulement du travail oral, qu’elle trouve suffisant. Le
texte écrit surgit ainsi comme le résultat d’une simple équation : idées et organisation
correspondante, toutes deux concrétisée(s) par écrit. Le texte apparaît sans qu’il y ait une
situation de communication concrète, un contexte particulier qui motive son existence.
36 La première session de la phase 2 présente d’emblée une grande différence entre les
enseignantes, vu que RG n’a pas demandé aux élèves de procéder à la production textuelle
initiale, telle que suggérée dans la SD distribuée. Il s’agit en fait d’une différence
importante entre les deux activités proposées. Quoique les similitudes dans l’organisation
séquentielle de la phase 1 soient fondées sur des pratiques traditionnelles
d’enseignement, les similitudes de la phase 2 sont clairement dues à la SD de départ.
L’appropriation faite par chaque enseignante justifie pourtant les changements opérés.
Même si la lecture des tableaux 3 à 6 (voir annexe) est suffisamment explicite de ce point
de vue, nous souhaitons en souligner quelques aspects principaux.
37 À la phase 2, le texte d’opinion devient le centre du travail en tant que genre textuel
spécifique de l’ordre de l’argumentation. Au début des cours des deux enseignantes, un
Tâches proposées
39 Quelles sont les tâches considérées par les enseignantes comme les plus importantes pour
l’enseignement du texte ? En nous référant à nouveau aux tableaux 3 à 6, nous pouvons
dire que les tâches de la phase 1 portent surtout sur les contenus proprement dits des
textes présentés, tandis que celles de la phase 2 portent non seulement sur ces mêmes
contenus mais surtout sur les procédés spécifiques du texte d’opinion. Ajoutons que
quelle que soit la durée dans phases, les tâches de la phase 2 sont plus nombreuses.
MJS RG
1a la lecture de l’image (…) parce que c’est ce - le texte que j’ai donné (…) établi une
qui est plus proche de la réalité des élèves/ relation avec les expériences de vie à l’école/
(…) à partir de l’image ils sont capables de (…) c’était un bon point de départ (…) pour
mieux parler et écrire (...) ce qu’ils pensent l’échange d’idées et pour la construction de
leur opinion
1b le registre d’idées (…) parce que c’était un avant de commencer le texte/ j’ai essayé de
moment d’approximation du produit final les avertir des aspects qu’il fallait tenir en
(…) c’était un incentive à l’écriture compte/ (…) quelques élèves ont commencé
tout de suite à écrire, sans avoir fait
attention à ce que je disais
2b organisateurs (…) parce qu’ils ne sont pas structure du texte, organisateurs textuels,
habitués/ ça leur a donné une certaine guide de production textuelle
discipline au niveau du texte
40 À la lumière de ce que nous avons dit plus haut, les similitudes ne nous surprennent pas
plus que les différences. En effet, les deux enseignantes, en E1a, mentionnent des tâches
qui mobilisent matériaux visuels et écrits, qui sont vus comme des déclencheurs d’idées
qui, à leur tour, aident l’élève, immédiatement et naturellement, à écrire le texte. Or, cela
reflète, la manière dont les enseignantes pensent et organisent l’enseignement de
l’écriture. Par rapport à MJS, RG ajoute seulement les « recommandations typiques » (“un
ordre logique d’idées”, “écrire avec soin”, “écrire des phrases correctement”) pour
obtenir, selon ses propres mots, un texte « cohérent ». Ces « recommandations typiques »,
données dans la première phase de la recherche, orientent l’activité des élèves : un élève
dit que « le texte d’opinion ne peut pas être mauvais ; à part seulement les fautes
d’orthographe, parce que le reste c’est de l’ordre de l’opinion » (RG, phase 2, cours 1).
L’enseignante répond qu’elle reviendra plus tard sur cette question, mais ne le fera pas.
Dès lors RG, en E1b, abandonne le travail sur le texte en tant que tâche principale, en
soulignant le fait que les élèves ne l’ont pas écoutée avec attention, avant de commencer
à écrire le texte. L’accent est ainsi déplacé du contenu proprement dit d’un texte, vers la
forme uniquement.
41 De son côté, chez MJS, il n’y a pas aucune coïncidence entre E1a et E1b. En E1a, MJS met
en évidence la lecture de l’image, et en E1b, le registre effectif d’idées, de contenu
proprement dit d’un texte susceptible d’y être inséré. Ce changement peut
éventuellement être justifié par les difficultés ressenties par les élèves dans le travail
d’écriture proprement dit, ou, en d’autres mots, dans la textualisation – si l’on nous
permet ce vocable – des idées discutées lors de la lecture de l’image, dont a parlé MJS.
Cette hypothèse semble être confirmée parce que MJS dit à cet égard, pendant l’entretien
d’autoconfrontation simple (IAS, cf. image 1) où elle reconnaît, alors, l’importance réelle
des registres écrits : « tandis que devant les images les élèves n’ont fait qu’une lecture (…)
aux remue-méninges/ ils (…) ont fait une analyse plus profonde/ et en prenant note de
toutes ces idées/ c’était un enrichissement aussi du point de vue du vocabulaire et des
contenus pour (…) l’acte d’écrire. »
42 Dans les entretiens de la phase 2, les coïncidences sont plus claires. Les enseignantes
défendent l’importance qui avait été attribuée par le nouveau moyen d’enseignement à la
structure textuelle et aux procédures linguistiques spécifiques du texte. Il s’agit d’une
position qui a été prise avant et après les cours de la phase 2, ce qui contraste clairement
avec la position adoptée par les deux enseignantes à la phase 1. Par rapport encore à cette
43 Quel est l’objet effectivement enseigné dans chaque classe ? Quelle est la
(re)configuration de cet objet dans les pratiques enseignantes, en interaction avec les
élèves ? Aux données déjà fournies, s’ajoute ici l’analyse des contenus et sur les
entretiens, quand cela se révélera adéquat.
Contenus analysés
44 Les contenus analysés à chaque phase sont très différents. Dans les cours de la première
phase, figurent seulement des références au fait que le texte doit comporter une opinion
et au besoin « argumenter » (MJS), « justifier pourquoi vous pensez ainsi » (RG), mais sans
donner de définition particulière. Le travail sur le contenu proprement dit à intégrer
dans le texte occupe la majeure partie du temps, ce qui n’a pas empêché les élèves d’avoir
des difficultés à ce niveau. RG parle aussi de la planification textuelle, mais seulement en
ce qui concerne la formule connue de “début, milieu et fin”, sans spécifier ce que chacune
de ces « parties » engloberait. RG fait aussi attention aux éléments dits transversaux à
tous les textes et à toutes les disciplines scolaires, comme le montre l’extrait suivant.
45 La planification textuelle est aussi un aspect auquel MJS fait référence. Elle assure dès le
début : « je ne leur donne jamais le schéma de la composition » (E1a). Par contre, en
évaluant les textes de la phase 1, MJS dit, en E1b, que « parfois ils [les élèves] oublient
qu’ils sont en train d’exprimer une opinion et ils commencent à en exprimer une autre »,
en reconnaissant que « peut-être si la consigne ou le schéma avait été donné plus
strictement ils sauraient qu’ici ce n’est que de l’opinion ». Cependant, MJS craint que
« s’ils deviennent trop limités par une structure stricte, ils peuvent, à la fin, perdre leur
spontanéité ».
46 Dans la deuxième phase, les dimensions du texte d’opinion qui ont été travaillées se
distribuent selon des axes très différents. Les enseignantes continuent à travailler sur le
contenu proprement dit d’un texte, mais, en complément, elles essayent de faire
comprendre l’importance de l’argumentation, de la nécessité de convaincre l’autre, de
l’importance des finalités communicatives, plus précisément la notion d’opinion,
d’argument et de question polémique. En plus, MJS et RG ajoutent un travail sur la
structure textuelle propre au genre, sur quelques-unes des opérations argumentatives,
sur les organisateurs textuels, en suivant, en effet, une grande partie de ce qui est
proposé dans la SD fournie, quoique avec certains changements, fruits de l’appropriation
faite par chaque enseignante. À titre d’exemple, relevons le cas de MJS, qui, en prenant
contact avec la SD, admet que “le texte d’opinion a une structure très particulière” (E2a)
et reconnaît les avantages d’un tel type de travail, contrairement à la position qu’elle
avait manifestée en phase 1. Et, en effet, lors du travail en phase 2, MJS attire
constamment l’attention de la classe sur l’importance de suivre la structure textuelle.
47 Il y a eu, en effet, un travail particulier réalisé autour des spécificités du texte d’opinion, en
dépassant le traitement non-spécifique de la première phase. En classe, les affirmations
suivantes sont récursives : « on ne va pas imaginer un texte d’opinion dans le vide »
(MJS), « ce n’est pas dire je pense/ je pense/ (…) ce n’est pas seulement le verbe penser
qu’il faut utiliser » (RG). Maintenant l’écriture d’un texte d’opinion exige comme dans
n’importe quel genre textuel particulier, des connaissances particulières. Si dans la phase
1 le travail devait être vu comme source de motivation (dans le sens d’inspirer et de créer
du contenu proprement dit d’un texte), celui de la phase 2 est davantage de l’ordre de l’
information, pour reprendre les mots de MJS : « je vous demande de ne pas vous ennuyer
(…)/ d’y voir (…) une source d’information/ vous gardez les matériaux/ et vous allez dire/
ce travail sert à savoir expliquer pourquoi on fait des choses d’une façon et pas d’une
autre ». Ce commentaire est fait pour inciter les élèves à maintenir leur attention sur ce
qui est dit et fait en cours, en même temps que souligner l’importance des matériaux qui
sont distribués au long de la séquence d’enseignement de la phase 2.
48 Dans la phase 1, le texte réalisé semble être, comme nous l’avons déjà dit, le produit
immédiat d’un travail oral – surtout, dans le cas de MJS (qui se sert de textes et d’images)
et exclusivement, dans le cas de RG (qui s’appuie seulement sur des textes). Par contre,
dans la phase 2, on note une logique de complexité progressive et de spécification, chez
les deux enseignantes, par exemple des informations sur l’argumentation, en général et
sur le texte d’opinion en particulier, l'observation de textes sociaux – « de référence »,
dans une certaine mesure. Il y a encore un travail, notamment, autour d’exercices
spécifiques sur les arguments et les organisateurs textuels. Le travail d’écriture, dans la
deuxième phase, est ainsi fait de façon progressive en repérant les caractéristiques
génériques d'un texte et en écrivant les différentes parties textuelles d’un texte
d’opinion.
Éléments de synthèse
49 Les enseignantes ont eu peu de temps pour analyser et saisir la SD proposée et le temps
entre les deux phases a été réduit. Le temps a probablement été déterminant, y compris
pour la durée de la phase 2. Pourtant, le travail analytique que nous avons mené ici révèle
le grand pouvoir transformateur de la SD chez les deux enseignantes, qui, nous nous en
souvenons, ont différents parcours professionnels. Il y a eu, en effet, des changements
significatifs non seulement au niveau des pratiques, mais aussi au niveau de l’objet
enseigné. Les résultats permettent de définir certaines directions en ce qui concernent
ces derniers domaines. À titre d’exemple, les principaux éléments d’analyse sont les
suivants :
50 on peut avancer que le succès dans la tâche finale d’écriture dépend de la connaissance de
certaines caractéristiques du genre textuel en cause et pas seulement de la connaissance
de contenus proprement dits d’un texte, susceptibles d’être insérés dans ce dernier ; on
peut noter une évolution dans la centration sur les objets : si, en phase 1, une attention
particulière avait été accordée à la motivation, à la création de contenu à intégrer dans le
texte, et au rappel du soin à apporter à la production textuelle, celle-ci est réduite dans la
deuxième phase. Dans ce second temps, après le contact initial avec la SD, les
enseignantes commencent à insister non plus sur le contenu proprement dit ni sur les
lieux communs de la construction d’un texte, mais bien sur ce qui est spécifique de l’objet
en question, du point de vue structurel exclusivement – considérant sans doute que le
travail antérieur sur le contenu avait été suffisant ; les différences en termes de
conception de texte d’opinion semblent aussi évidentes. Dans la première phase, nous
nous trouvons face à une conception de texte sans doute moins “vivante”, où il n’est fait
aucune mention de la situation de communication, de l’objectif, du destinataire, du rôle
de l’élève lorsqu’il écrit. Ce qui contraste avec la seconde phase, où l’attention portée sur
l’idée de convaincre ne peut être ignorée.
51 Cependant, nous pouvons quand même identifier quelques invariants pour lesquels le
temps joue encore un rôle capital et dont le statut devra être davantage précisé dans une
recherche ultérieure. Mais il sera alors nécessaire d’entreprendre une analyse plus fine
encore. Ici, nous nous sommes en effet surtout centrée sur les changements et les
transformations opérés, ce qui est à notre avis assez important pour s’interroger, en tant
qu’enseignantes, sur ce qui est en jeu (ou pourra l’être) quand nous nous servons d’un
outil d’enseignement ou d’un autre. Mais, avant de terminer, nous attirons l’attention,
précisément, sur quelques-uns des invariants et/ou quelques aspects sur lesquels les
changements subis n’ont été ni complets ni énormes ; par exemple : il n’y a pas eu
d’appropriation complète de la conception généalogique, malgré les grands progrès que
nous avons pu observer. Parfois, différentes désignations sont indistinctement utilisées
pour nommer l’objet en question (texte d’opinion, texte argumentatif) et il y a une
certaine confusion entre les différents genres textuels (texte d’opinion, réclamation). Ces
faits semblent être un symptôme du manque d’importance consacré, officiellement, au
genre textuel, dans toute sa spécificité. Il est vrai que la SD proposée ne comportait pas
formellement une telle explication, bien qu’elle ait comporté des indications sur un
enseignement centré sur les genres textuels. Mais cela a fait, précisément, émerger ce que
les enseignantes, d’ailleurs, pensaient et savaient sur le texte d’opinion (dont elles n’ont
presque pas parlé dans la phase 1). Nous nous demandons donc ce qui aurait dû être fait
pour que les changements à ce niveau soient plus grands. Quelles informations auraient
dues être présentées ? Ou encore si ces changements seraient seulement possible à l’aide
d’une formation intense, afin de combattre les pratiques et les conceptions déjà trop
présentes chez nous ; les enseignantes se centrent davantage sur la structure (cessant
d’être essentiellement centrées sur le contenu et la créativité). MJS avoue même « ceci est
une technique ; ce n’est pas important que vous soyez créatifs ». Le changement sur ce
plan a été patent.
52 Or, malgré toutes les contraintes de la recherche, les changements enregistrés semblent
constituer des éléments importants pour la réflexion sur les matériaux (para)officiels/
didactiques. D’autres études, sur le texte d’opinion et sur le résumé d’un texte informatif
(par example, Aeby & Dolz, 2005 ; Cordeiro & Schneuwly, 2005 ; Dolz, Jacquin &
Schneuwly 2006 ; Schneuwly & Cordeiro, 2005 ; Wirthner, 2005), en classe de français, ont
déjà donné des résultats semblables. Et une comparaison plus fine avec ces travaux peut
être, à notre avis, très intéressante. Ceci parce qu’à l’heure où le nombre de matériaux
augmente, où le marketing correspondant explose au Portugal comme hors de nos
frontières, où nous constatons encore qu’une tendance persiste vers les politiques
éducatives cherchant uniquement à modifier les documents officiels et ne tenant pas
compte des moyens d’enseignement, les résultats que nous pourrons atteindre peuvent
constituer des éléments importants susceptibles d’être rendus à la communauté afin de
BIBLIOGRAPHIE
Aeby, S. & Dolz, J. (2005). L'objet construit à travers l'interaction didactique : le texte d'opinion et
la subordonnée relative. In Actes du 9e colloque de l'Association internationale pour la recherche en
didactique du français (AIRDF), Québec 26-28 août 2004, Le français, discipline singulière, plurielle ou
transversale ?
Amigues, R. (2003). Pour une approche ergonomique de l'activité enseignante, Skholê, 1, 5-16.
http : //recherche.aix-mrs.iufm.fr/publ/skhole/pdf/03.HS1.5-16pdf
Bronckart, J.-P. & LAF (eds.), G. (2004). Agir et discours en situation de travail (Vol. 103). Genève :
Université de Genève, FPSE.
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Bruxelles : De Boeck Université.
NOTES
1. Selon Marx, le travail est formé par trois élèments: l’activité personnelle de l’homme, l’objet sur
lequel le travail agit et le moyen par lequel il agit. Le moyen est «une chose ou un complexe de choses
que le travailleur introduit entre lui-même et l’objet de travail et qui lui sert de conducteur
effectif de son activité sur cet objet.» (1867/1993).
2. L’acronyme signifie «Groupe de recherche pour l’analyse du français enseigné». Ce groupe est
piloté par les didacticiens Bernard Schneuwly et Joaquim Dolz. Actuellement, le groupe mène une
recherche sur «La construction de l’objet enseigné en français».
3. Avec le financement de la Fondation pour la Science et la Technologie, POCTI 2010.
4. Le concept de “tâche”, très utilisé dans les entretiens réalisés, est pris dans l’acception
commune du terme.
5. Les concepts de « segment » et « épisode» sont ici utilisés – du moins, pour le moment – dans
leur sens (le plus) commun, en l’absence de proposition théorique mieux fondée.
6. Pour des raisons de temps, dans cet article nous ne présenterons pas ni les synopsis des
séquences d’enseignement en cause ni l’organisation hiérarchique de chaque session.
7. Le «‘» indique les minutes; le «”» indique les secondes.
8. L’identification de la structure du texte d’opinion par un élève, avant le moment prévu par
l’enseignant pour le faire, a, alors, anticipé la discussion sur cet aspect.
9. Conventions de transcription : / (pause courte), // (pause longue), MAJUSCULE (augmentation
d'intensité sonore).
10. Pour une définition du concept, voir, par exemple, Brousseau (1998).
11. La différence temporelle allouée à ce type d’activité, non prévue au départ, nous incitera
retravailler cette question dans des travaux ultérieurs.
12. Pour une définition, voir Brousseau (1998).
RÉSUMÉS
Cette contribution met l’accent sur les outils didactiques utilisés par l’enseignant en contexte
scolaire. La présente recherche se fixe comme objectif l’analyse d’un nouvel outil d’enseignement
– une séquence didactique - du point de vue des pratiques enseignantes et de l’objet
d’enseignement effectivement enseigné en salle de cours. Nous analyserons notamment la
manière dont est faite l’appropriation de cet outil, mais aussi la transformation même de l’objet à
partir de l’introduction de ce nouvel outil. Cette recherche empirique sera développée autour de
l’écriture d’un texte d’opinion, durant six cours de portugais (langue maternelle) de la 6 e année
de l’enseignement de base (élèves de 11 à 13 ans).
Nous présenterons brièvement, dans un premier temps, les principaux présupposés théoriques
de la recherche ; puis la description des dispositifs de recueil et d’analyse des données obtenues,
à travers l’analyse du travail développé par deux enseignantes, dans leurs classes respectives.
This contribution focuses on the tools used by the teacher in the school context. It is
theoretically based upon the recent conception of teaching as an event which common to work in
general, implying that the first is similar to the later and they both imply the use of different
tools. The main topic of this research is the analysis of how a new teaching tool - a didactic
sequence - can affect the way teaching staff teaches and the object taught in the classroom. We
are interested in the analysis of not only how the new tool is possessed, but also in the analysis of
the reconfigurations that the teaching object is subjected to in the classroom, after the use of the
new tool. The empirical research on the written opinion text was made in six different 6 th grade
classes of Portuguese (mother tongue), with students ages ranging from eleven to thirteen years
old.
Data is still not available to further elaborate on a response to this research concern.
Nevertheless, we will briefly present the theoretical basis of our research, and we we'll describe
the procedures used for the collection and analysis of data, analyzing the work developed by two
teachers in their classes.
Esta contribuição coloca a tónica nas ferramentas utilizadas pelo professor em contexto escolar.
A presente pesquisa apresenta como objectivo a análise de uma nova ferramenta de ensino – uma
sequência didáctica – quer do ponto de vista das práticas docentes quer do objecto de ensino
efectivamente ensinado em sala de aula. Interessamo-nos, assim e designadamente, então, pela
análise não só da forma como a apropriação desta nova ferramenta é feita como também pela
análise da própria transformação do objecto a partir da introdução desse novo elemento.
Pesquisa empírica esta desenvolvida em torno da escrita do texto de opinião, em seis turmas de
português (língua materna), do 6.º ano de escolaridade do ensino básico (alunos de 11 a 13 anos).
Num primeiro momento, apresentaremos, brevemente, os principais pressupostos teóricos da
pesquisa e, depois, a descrição dos dispositivos de recolha e de análise dos dados obtidos,
analisando-se o trabalho desenvolvido por duas professoras, nas respectivas turmas.
INDEX
Mots-clés : travail enseignant, outil didactique, séquence didactique, objet enseigné, production
écrite
Keywords : teacher’s work, didactic tool, didactic sequence, objet taught, writing of the opinion
text
Palabras claves : trabalho docente, ferramenta didáctica, sequência didáctica, objecto ensinado,
produção escrita
AUTEURS
LUCIANA GRAÇA
Centro de Investigação de Didáctica e Tecnologia na Formação de Formadores
Departamento de Didáctica e Tecnologia Educativa
Universidade de Aveiro
Portugal
Universidade de Aveiro
Portugal