IFDD-Prisme No12 Diagnostic Energetique 2021
IFDD-Prisme No12 Diagnostic Energetique 2021
IFDD-Prisme No12 Diagnostic Energetique 2021
Principes de base
Rappel
Un diagnostic ou audit énergétique se définit comme « un examen
et une analyse méthodiques de l’usage et de la consommation
énergétiques d’un site, bâtiment, système ou organisme, ayant pour
objet d’identifier les flux énergétiques et les potentiels d’améliora-
tion de l’efficacité énergétique et « d’en rendre compte », selon la
norme européenne EN 16247-1 portant sur les exigences d’un
audit. Il permet de proposer des solutions pour réaliser les écono-
Diagnostic énergétique dans l’industrie : où en sommes-nous ?
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DIAGNOSTICS ÉNERGÉTIQUES | FICHE Nº 12
Diagnostic énergétique dans l’industrie : où en sommes-nous ?
L’équipe d’audit énergétique doit donc être bien équipée avec tous Secteurs industriels les plus
les instruments de mesure nécessaires. Ces instruments peuvent
être portables ou installés dans certains équipements. Les données dynamiques et situation en Afrique
les plus courantes, mesurées au cours du processus d’audit en in- Bien que des politiques énergétiques existent dans certains pays
dustrie, sont les suivantes : d’Afrique subsaharienne ou à l’échelle régionale, la réglementation
• Flux de combustible liquide et gazeux. et la pratique du diagnostic énergétique en général, et dans le sec-
• Mesures électriques : tension, intensité, facteur de puissance, teur industriel en particulier, restent très limitées. Le plus souvent,
puissance active et réactive, harmoniques. quel que soit le secteur d’activité industriel, ce sont les entreprises
• Températures des surfaces solides et liquides. multinationales qui montrent le plus d’engagement à mettre en
• Pression des fluides dans les tuyaux, les fours ou les récipients, œuvre des stratégies d’EE à travers la pratique d’audit énergétiques
circuits frigorifiques, etc. au sein de leurs unités de production. Leur engagement résulte
• Émissions de gaz d’échappement (CO2, CO, O2 et fumée). donc plus d’une volonté de s’arrimer aux standards déjà pratiqués
• Mesures des paramètres d’ambiance : température, humidité dans d’autres entités de leur groupe (qui, elles, évoluent dans un
relative, niveaux de luminance, niveaux sonores. environnement réglementaire plus élaboré et plus strict) que de
• Mesures des vitesses et débits de fluides : air, eau, fluides des contraintes ou d’incitations réglementaires locales. La motivation
procédés, etc. liée à l’atteinte de meilleures performances énergétiques dépend
souvent des niveaux de consommation; les secteurs les plus éner-
Les logiciels et fichiers d’analyse givores sont les plus motivés.
Les outils logiciels d’analyse des systèmes énergétiques permettent Finalement, des audits énergétiques sont réalisés dans le cadre de
de faire des projections de comportement énergétique des sys- programmes nationaux ou internationaux d’appui à l’EE. En Afrique
tèmes et, ainsi, de calculer des économies d’énergie envisageables de l’Est, les pays partenaires de l’EACREEE (East African Centre for
à l’issue de la mise en œuvre des actions. Ils intègrent en général Renewable Energy and Energy Efficiency) commencent à concevoir
la modélisation et la simulation du comportement dynamique des et à mettre en œuvre des programmes de gestion de l’énergie, in-
systèmes et des couts sur le cycle de vie des équipements tels que cluant la pratique des audits énergétiques. La Tanzanie met actuel-
la climatisation, l’éclairage, la production d’eau chaude et de cha- lement en œuvre un programme national d’audit énergétique dans
leur. La modélisation et la simulation permettant des économies ses industries, financé par l’agence de développement danoise
budgétaires en évitant la nécessité de longues campagnes de me- DANIDA. Au Kenya, la loi sur la gestion de l’énergie de 2012 exige
sures pour mettre en évidence certains types d’économies. À travers que les gros consommateurs d’énergie effectuent des audits éner-
ces outils, Il est également possible de dimensionner et d’évaluer le gétiques tous les trois ans. Cette même loi cible les activités indus-
retour sur investissement des solutions énergétiques telles que la trielles et commerciales telles que les bâtiments tertiaires, les
récupération de chaleur, l’isolation, la réduction des pertes ther- hôtels, les industries grosses consommatrices d’électricité et les
miques, l’intégration des équipements à haut rendement et des établissements d’enseignement, entre autres.
énergies renouvelables. Grâce à une prise en compte d’une impor-
tante banque de données énergétiques et climatiques mondiales
régulièrement mise à jour, certains outils, tels que RETSCREEN, Stratégies de mise en
permettent de mener des analyses comparatives (benchmarking),
de s’orienter vers de meilleures solutions et d’effectuer des calculs œuvre et résultats
fiables d’impact d’émission CO2 des actions énergétiques.
Il est impératif que tous ces outils logiciels bénéficient d’une accré-
attendus
ditation ou d’une certification. Il faut également assurer la bonne
compatibilité des modèles utilisés avec la configuration réelle du Les incitatifs
système à étudier pour éviter d’aboutir à des résultats erronés. De
Différents incitatifs sont possibles pour motiver la pratique d’audit
nombreux outils d’analyse disponibles sur le marché sont peu
énergétique en industrie. Parmi eux, une structure appropriée de la
adaptés aux configurations des bâtiments et systèmes industriels
tarification de l’énergie électrique motive l’industriel à vouloir ajus-
d’Afrique subsaharienne : absence de données climatiques afri-
ter ses activités pour bénéficier des meilleurs tarifs possibles. Par
caines, constructions de bâtiment et modèles d’exploitation des
ailleurs, dans plusieurs pays européens, par exemple au Royaume
équipements énergétiques calqués sur des modèles normalisés des
Uni, en France, en Italie, au Danemark, en Irlande, les certificats
pays développés où des normes et réglementation sont déjà appli-
d’économie d’énergie obligent les fournisseurs d’énergie à inciter
quées, contrairement à ce qu’on retrouve en Afrique subsaharienne
les consommateurs, y compris les industries, à réaliser des travaux
où la réglementation en énergétique reste embryonnaire. Un impor-
d’économie d’énergie en échange de primes. En Afrique, ce méca-
tant travail de recherche et développement reste donc encore à
nisme n’existe quasiment pas. La standardisation des actions et des
fournir afin de produire des outils de modélisation énergétique
économies projetées et l’amélioration du cadre réglementaire sont
mieux adaptés aux réalités africaines.
des prérequis. Finalement, les financements issus des mécanismes
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du marché carbone constituent des opportunités pour les pays en Par ailleurs, il peut exister un manque de confiance envers la fiabi-
développement car ils permettent de faire financer, par les pays lité et la garantie des audits énergétiques externes lorsque la mise
industrialisés, des projets d’EE et donc la réalisation des audits. Les en œuvre des préconisations d’audit n’aboutit pas aux résultats
industriels, surtout en Afrique, devraient donc veiller à savoir com- escomptés, malgré les budgets parfois énormes consentis.
ment obtenir l’assistance technique pour saisir ces opportunités.
Dans ce contexte, la certification des compétences et de l’expertise
pour mener les audits est essentielle. Des centres, des mécanismes
Exemples de sources de financement et des processus de certification de l’expertise d’audit énergétique
ont été créés, aussi bien dans des cadres nationaux qu’internatio-
De nombreux programmes sont dédiés à inciter la pratique de l’EE naux. C’est le cas, par exemple, des certifications proposées par :
dans les pays.Ils ont en général, comme dénominateur commun,
des activités telles que : • L’Association of Energy Engineers (AEE) aux États-Unis (https://www.
aeecenter.org/certifications) incluant CEM (Certified Energy Manager),
• Le recueil de données et la mise en œuvre d’outils normatifs, in- CEA (Certified Energy Auditor), CMVP (Certified Measurement & Veri-
cluant l’exécution des bilans et audit énergétiques dans des fication Professional).
échantillons de bâtiments ou d’entités industrielles, ou encore la • L’Association française de normalisation (AFNOR), incluant la norme
mise en place de systèmes d’information énergétiques à des NF EN 16247 (https://certification.afnor.org/energie/qualification-au-
échelles locales, sectorielles et nationales. dit-energetique), valable en France et au sein de l’Union européenne.
• Le financement d’exécution de projets-pilotes de performance
En Afrique, le Kenya, la Tanzanie, le Rwanda, le Nigéria, la Namibie
énergétique ou le don d’équipements.
et l’Afrique du Sud ont adopté le mécanisme de certification de
• Le financement d’études de faisabilité de grands projets d’EE dans
l’AEE. En Afrique francophone, il est régulièrement exigé aux pres-
les entreprises.
tataires d’audit énergétique d’être certifiés suivant le référentiel NF
• Le renforcement des capacités techniques et institutionnelles.
EN 16247, sans que cela ne soit formellement consigné dans une
• L’information, la sensibilisation et la réglementation.
réglementation.
Parmi les fonds disponibles, on peut citer les suivants (liste non-ex-
Plus largement, il est urgent que les acteurs des politiques et de la
haustive) :
réglementation de l’EE en Afrique s’engagent dans la standardisa-
• Fonds vert pour le climat (FVC) : fonds mondial pour appuyer les tion des compétences voire des métiers liés à ce nouveau secteur
efforts des pays en voie de développement. https://www.greencli- d’activité, par exemple par la création de centres dédiés ou de
mate.fund/ (aperçu des projets financés https://unfccc.int/climate- modules de formation dans les cursus universitaires existants et de
finance/gcf/gcf_data) mécanismes d’accréditation.
• Fonds pour l’énergie durable en Afrique (SEFA) : fond spécial
multi-donateurs, géré par la Banque africaine de développement,
qui fournit un financement catalytique pour débloquer les inves-
Les sociétés de services
tissements du secteur privé dans les énergies renouvelables et écoénergétiques
l’efficacité énergétique. https://www.afdb.org/fr/topics-and-sec- Face au manque de compétences en audit et de ressources tech-
tors/initiatives-partnerships/sustainable-energy-fund-for-africa niques et financières, il est possible de recourir aux entreprises de
• Programme SUNREF (Sustainable Use of Natural Resources and services écoénergétiques (ESE, aussi connues sous l’acronyme an-
Energy Finance) : finance verte de l’Agence française pour le glais ESCO pour Energy Service COmpany). Les ESE offrent des
développement qui combine apport financier et assistance tech- services de diagnostic énergétique, conception et mise en œuvre
nique aux porteurs de projets en efficacité énergétique et énergies des solutions avec garantie d’économies d’énergie puisque l’ESE
renouvelables. https://www.sunref.org est rémunérée sur la base des économies effectives réalisées. Le
• Programme Millenium Challenge Account (MCA) : fond d’aide tout est traduit dans un contrat de performance énergétique (CPE)
bilatéral américain présent dans plusieurs pays d’Afrique subsa- qui lie le bénéficiaire et le fournisseur d’une mesure pendant cinq
harienne, avec souvent une forte composante dédiée à l’efficacité à vingt ans.
énergétique (cas du Bénin, Ghana, Libéria). https://www.mcc.gov/
sectors/sector/energy Ainsi, le concept de l’ESE permet aux industriels d’effectuer des
audits en transférant la responsabilité de la garantie de résultats à
l’entité qui mène cette opération. Il présente toutefois des
contraintes opérationnelles qui expliquent la mise en œuvre encore
L’expertise requise limitée des ESE en Afrique subsaharienne, telles que la nécessité
La multidisciplinarité d’un audit (énergétique, fluides, thermique, d’un environnement réglementaire et juridique favorable, la néces-
électricité, électromécanique, automatique) et le haut niveau de sité de projets au taux d’économies importantes (20 à 40%) pour
l’expertise requise sont un frein à l’exercice des audits énergétiques garantir la viabilité de l’approche, un système bancaire capable de
par la majorité des entités industrielles, qui ne disposent pas de ces relayer les besoins de financement de l’ESE et du client, une bonne
compétences dans leur personnel et qui peinent à réunir les bud- capacité financière de l’ESE et un haut niveau de compétences fi-
gets pour solliciter une expertise externe. nancières, juridiques et techniques.
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Crédit: Azangue
Crédit : Azangue
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