Tema 19 de Las Oposiciones Secundaria Francés

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I - INTRODUCTION

La tradition linguistique s’est intéressée, depuis ses débuts, au phénomène du temps.


Née essentiellement avec les réflexions philosophiques du XVIII ème siècle, théorisée
de façon abstraite par le linguiste Gustave Guillaume, puis reprise, critiquée ou
approfondie par nombre de sémanticiens, la conception du temps comme “ catégorie
conceptuelle propre au langage ” a pris droit de cité.
Du coup est apparue la complexité de ce phénomène langagier qui ne pouvait être
réduit à une seule catégorisation formelle des temps verbaux:
- le temps est le résultat d’une construction – représentation du monde à travers le
langage.
- le temps, comme catégorie conceptuelle de langue, entretient des rapports
plurivoques avec les différentes catégories formelles qui servent à l’exprimer, et donc
ne se manifeste pas seulement dans la catégorie du verbe.

Parfois un même aspect notionnel du temps se trouve exprimé à l’aide de formes qui
appartiennent à des catégories grammaticales différentes; parfois une seule et même
forme recouvre de façon syncrétique plusieurs de ces aspects notionnels.
Ainsi, la notion de durée peut-être exprimée à l’aide de différents types de
périphrases (Il est en train de chanter,  Il va chantant par le monde), d’adverbes (Il chante
longuement), de prépositions (Il chante depuis deux heures, Il a fait son travail en quatre heures,
Il a chanté durant deux heures), de certaines formes du lexique (année, soirée, par opposition à an,
soir)ou tout simplement à l’aide du présent (Qu’est-ce qu’il chante bien!).
Une même forme comme celle du présent de l’indicatif (Ne me dérangez pas, je médite)
peut récouvrir, à la fois, une vision de réalisation (c’est effectif), d’extension (duratif),
existentielle (en accomplissement), de situation temporelle (ça se passe dans l’actualité du
sujet parlant).
- Le temps est une catégorie complexe dont la structure se compose de plusieurs
aspects, ou visions: le degré de réalisation de l’événement (effectif/ virtuel), le degré
d’extension temporelle (ponctuel / duratif), les stades de l’existence de l’événement
(accompli / non accompli), la situation temporelle etc.
- Le temps, comme catégorie linguistique, s’organise autour d’une référence unique : la
situation du sujet parlant au moment où il parle.

II - LES DIFFERENTES “ VISIONS ” DU TEMPS LINGUISTIQUE

2.1. La vision d’ “ actualisation ”

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Le processus est considéré du point de vue de sa relation aux actants qui s’y
trouvent impliqués.
La vision d’actantialisation se stucture autour de deux catégories
conceptuelles :
- l’action : activité contrôlée par un être humain, comme dans L’enfant bouge
la chaise.
- le fait : activité non contrôlée par un être humain et qui modifie un état des
choses comme dans la pierre bouge.

2.2. La vision de “ réalisation ”

Le processus est considéré du point de vue de la perception du sujet parlant,


quant au degré de réalisation, ou de possibilité de réalisation de celui-ci. De là,
cette vision se structure autour de deux catégories conceptuelles.
Dans l’une, le processus est perçu par le sujet parlant comme effectif, se
réalisant ou s’étant réalisé.
Dans l’autre le processus est perçu par le sujet parlant comme virtuel, la
réalisation étant seulement possible dans un état potentiel.
Ces deux types de vision sont exprimés à l’aide de différentes catégories
formelles (modes et temps verbaux) :
- la réalisation effective peut être exprimée par l’indicatif, à un temps du
présent actuel ( laisse-moi tranquille, je travaille ), ou du passé (passé-
simple: il naquit en 1892, quelque part dans la Gironde, passé composé: J’ai
vecu ainsi, sans rien dire à personne).
- la réalisation virtuelle peut être exprimée par le mode subjonctif à un temps
du présent ( je souhaite qu’il vienne ), ou du passé (s’il avait su s’y prendre, il
eût évité une catastrophe  ), par le conditionnel ( J’aimerais que, dans l’avenir,
il prenne plus d’initiatives ), même par l’indicatif à un temps du futur ( Il viendra peut
être/probablement/sûrement/dans huit jours ), ou à l’imparfait d’inachèvement
( Un peu plus, il me rentrait dedans, avec sa voiture ).

Le mode infinitif est par excellence le mode qui exprime la virtualité du


processus ( Traverser le désert à pied n’est pas une mince affaire ).

2.3. La vision d’ “ accomplissement ”

Le processus est considéré d’un point de vue qui prend pour référence la
réalisation effective du processus, et en précise le stade d’accomplissement.
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Cette vision se structure autour de trois catégories conceptuelles:
- dans l’une, le processus est perçu en début d’accomplissement. Ce stade
correspond à une vision prospective.
- dans l’autre, le processus est perçu en fin d’accomplissement, ou déjà
accompli. Ce stade correspond à une vision rétrospective.
- dans la troisième, le processus est perçu dans son déroulement propre en
train de s’accomplir. Ce stade correspond à une vision progressive.

Ce type de vision est exprimé à l’aide de différentes catégories formelles.

2.3.1. Le “ début d’accomplissement ”

Il s’exprime à l’aide de périphrases verbales que si composent: d’un verbe


conjugué qui décrit l’imminence de l’action, et du verbe à l’infinitif qui décrit
l’action.
Ce “ début ” d’accomplissement peut être perçu de façon plus ou moins externe
à l’action, c’est à dire de façon plus ou moins imminente:
Aller + infinitif : Ne t’énerve pas, nous allons bientôt passer à table.
Se mettre à + infinitif : Il est temps que je me mette à travailler.
Commencer à + infinitif : Il commence vraiment à m’énerver.
En pas tarder à + infinitif : Il ne va pas tarder à arriver.
Etre sur le point de + infinitif : Vous arrivez à temps ! J’étais sur le point
de fermer .

2.3.2. La “ fin ” d’accomplissement

Elle s’exprime à l’aide des formes temporelles composées, de périphrases


verbales et de propositions participes.
∑ Les formes temporelles composées:
Le passé-composé : il a éternué 
Le plus-que-parfait : il était parti lorsque je suis arrivé 
Le futur antérieur : il sera parti quand j’arriverai 
Le conditionnel passé : tu aurais pu me prévenir 

∑ Les périphrases verbales :


Finir (terminer) de + infinitif : il a fini d’éternuer 
Cesser de (arrêter de) + infinitif :  cesses de bailler tu me donnes
envie de dormir 
Venir de + infinitif : il vient d’éternuer 

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∑ Les propositions participes :
Il s’agit du participe passé qui apparaît en corrélation avec au moins une
autre action qui lui est postérieure. Ces propositions peuvent être
spécifiées para des marqueurs temporels comme “ une fois ”, “ à peine ”,
etc. :
A peine arrivé, il s’est mis au travail
Après avoir parlé, il a pris la porte 

2.3.3. Le déroulement

∑ Il s’exprime à l’aide de périphrases verbales et de propositions


participes :
a) Les périphrases verbales :
Etre en train de + infinitif : il est en train de lire dans son bureau 

b) Les propositions participes :


Il s’agit du participe présent (et du gérondif) en corrélation avec au
moins une autre action qui lui est simultanée ou légèrement
postérieure :
En la regardant j’ai tout de suite compris que je pouvais lui faire
confiance 

∑ Mais “ le déroulement ” peut être considéré d’un point de vue plus
externe qui permet de percevoir le processus dans sa
continuité, ou dans sa répétition.
a) Continuité:
Elle s’exprime à l’aide de périphrases, adverbes ou locutions
adverbiales :
- Continuer à (en pas cesser de )+infinitif (cette périphrase
présuppose nécessairement que l’action a commencé):  est-ce qu’il
va continuer longtemps à ronfler ? ,  il ne cesse pas de se plaindre 
- Petit à petit, peu à peu (notion de progression): petit à petit
l’oiseau fait son nid 
- En s’obstinant, à force, à la longue (“ insistance ”): on y arrivera
bien, à force

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- Constamment, sans cesse, sans arrêt, encore (“ permanence ”): tu
travailles encore à cette heure-ci ?

∑ Répétition
Elle s’exprime essentiellement à l’aide des adverbes qui en font varier le
degré :
Toujours, tout le temps, encore : il revient toujours à la charge 
Généralement, en général, d’habitude : généralement, il ne fait pas
attendre le patient 
Fréquemment, souvent, la plupart du temps : il perd souvent son
sang-froid 
Quelquefois, parfois, des fois, de temps en temps : parfois, il a des
réactions imprévisibles 
∑ En plus, peut être exprimée la périodicité d’une action dans sa
régularité, avec “tous les” : il vient nous voir tous les mercredis,
ou dans sa distribution, avec “chaque” :  chaque fois, il
nous apporte un petit cadeau 

2.4. La vision d’ “extension” temporelle

Le processus est considéré ici du point de vue du temps qui lui est nécessaire
pour se réaliser, dans une vision “ ponctuelle ou durative ”. Dans l’une le
processus est perçu comme se réalisant dans l’instant, de façon ponctuelle.
Dans l’autre, le processus est perçu comme se réalisant dans un certain laps de
temps, de façon durative.

2.4.1. Vision ponctuelle

Celle-ci s’exprime à l’aide de différentes sortes de marques :


∑ d’indicateurs temporels, sans prépositions : Je reviendrai le 18 août,
Dimanche nous irons faire une promenade dans le bois de Vincennes 

∑ la préposition à, au : Elle m’a donné rendez-vous à midi pile 

2.4.2. Vision “ durative ”

Celle-ci s’exprime à l’aide de prépositions, d’adverbes et de périphrases


diverses.

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Elle peut-être perçue “ en soi ”, “ à partir d’une origine ”, ou en “ perspective
future ”
∑ “durée en soi”, qui est bornée par des limites plus ou moins précises :
en : Elle a écrit son livre en quelques mois
tout au long de : J’ai fait des démarches tout au long de la
journée 
mettre + indicateur temporel, falloir + pour + infinitif : le TGV
ne met plus que trois heures pour faire Paris-Bordeaux
au cours de : Au cours de ces deux dernières années l’état du
monde a changé
en avoir pour + indicateur temporel : Asseyez-vous ici, j’en ai
pour trente secondes

∑ durée à partir d’une origine, qui correspond à une visée


“ rétrospective ” :
depuis (du jour de) : Depuis son départ, je n’ai cesseé de penser à
elle
Il y a (voici, ça fait) + indicateur temporel + que : Ça fait trois ans
que je en cesse de demander une augmentation . Voici 40 ans
qu’ils vivent ensemble

∑ durée en perspective future, qui correspond à une visée


“ prospective ” :
Jusqu’à : J’attendrai jusqu’à midi

∑ durée doublement limitée, par une origine et une perspective future :


du… à (au) : Nous partirons en vacances du 15 juillet au 15 août

A ces moyens d’exprimer la “ durée ”, il faut ajouter d’autres types de marques


qui s’organisent en systèmes d’opposition :
∑ des temps verbaux :
passé simple et passé composé : “ vision ponctuelle ”
imparfait : “ vision durative ”.
Elle lisait au coin du feu, lorsque soudain le téléphone sonna (a
sonné)

∑ des suffixes :
“ Vision ponctuelle ” “ Vision durative ”
jour journée
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matin matinée
soir soirée
an année
∑ des adverbes :
“ Vision ponctuelle ” “ Vision durative ”
soudainement lentement
brièvement longuement

2.5. La vision de “ situation temporelle ”

Le processus est considéré du point de vue de la position qu’il occupe par


rapport á une référence qui correspond à l’instance de parole du sujet.
Cette vision se structure en trois catégories conceptuelles: la coïncidence,
l’antériorité et la postériorité.
Ces trois types de vision sont exprimés à l’aide de ce qu’il est convenu d’appeler
“ les temps verbaux ”, catégories formelles qu’il ne faut pas confondre avec les
catégories conceptuelles.

2.5.1. La coïncidence (ou le “ présent conceptuel ”)

Cette coïncidence signale que le processus décrit est contemporain de l’acte


d’énonciation du sujet parlant. Mais comme l’acte d’énonciation du sujet
parlant a lui-même une certaine extension temporelle, cette contemporanéité
peut être vue de deux façons : comme actuelle ou générale .
∑ Le “ présent actuel ”
Le processus se réalise nécessairement au moment même où le locuteur
parle. Il s’exprime à l’aide de la forme verbale appelée présent. Adieu, je
m’en vais 

∑ Le “ présent générique ”
Le processus ne se réalise pas nécessairement au moment où le locuteur
parle. Cette valeur s’exprime comme précédemment à l’aide de la forme
dite présent. On trouve “ ce présent générique ”:
- Dans les proverbes et maximes. Je pense donc je suis 
- Dans les définitions. Deux et deux font quatre 
- Dans la description de l’état immuable des choses: Sous le pont
Mirabeau, coule la Seine 
- Ou des faits d’expérience: Dans la vie, il faut savoir se défendre

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- Ou des habitudes et des répétitions: Elle ne boit pas, elle en fume
pas, mais elle cause 

∑ Le présent imaginé
Le processus n’est envisagé que dans un moment imaginé. Cette valeur
s’exprime par la forme verbale du présent mais aussi par la forme
Imparfait. On la trouve dans :
- des contextes qui expriment l’hypothèse : Si tu arrives à lui faire
dire la vérité, tu auras de la chance 
Si je savais maintenant où j’en suis ! 
- des contextes qui expriment l’inachèvement ou la non
réalisation d’une action imminente : heureusement qu’il a réagi
vite. Un peu plus, et la voiture l’écrase 

2.5.2. L’antériorité (ou le “ passé conceptuel ”)

L’antériorité signale, par rapport au moment de l’acte d’énonciation, que le


processus décrit est déjà réalisé.
Plusieurs perceptions de cette antériorité sont possibles :
∑ Le “ passé révolu ”
Le processus, déjà réalisé, est complètement coupé de la sphère du
“ présent actuel ” du sujet parlant, et n’a plus aucune répercussion
psychologique sur celui-ci.
Ce passé révolu s’exprime à l’aide de l’une de deux formes verbales dites
passé simple ou passé composé.
a) Le passé simple s’emploie plus volontiers en situation de
communication écrite :
“  Elle était si mignonne que, de joie, la mère se dilata, grossit et
devint de la taille d’un setter bien racé et de la même teinte doré
roux. ”
C. Bille, Le Sourire de l’araignée.
b) Le passé composé s’emploie plutôt en situation de
communication orale, dans tous les types de texte.
De plus, en situation de communication écrite, il tend à se
substituer au passé simple, dans les textes administratifs,
journalistiques professionnels, et même dans la littérature
moderne :
“ Ça a été long. Ça a duré sept ans. Ça a commencé nous avions
dix ans. Et puis nous avons eu douze ans. Et puis treize ans …… ”
M. Duras, l’Amant
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∑ Le présent accompli (ou passé récent)
Le processus vient de s’achever et, tout en faisant déjà partie du passé, il
garde encore une présence (physique ou psychologique) dans l’actualité
du sujet parlant. Il s’exprime à l’aide de la forme dite passé composé:
“ Aujourd’hui maman est morte. Ou peut être hier, je ne sais pas. J’ai
reçu un télégramme de l’asile. ”
A. Camus, l’Etranger.

∑ “ L’accomplie du passé (ou le présent accompli dans le présent ”)


Le processus se trouve dans une position d’antériorité (accomplie) par
rapport à un moment présent, lequel est lui-même passé par rapport à
l’actualité du sujet parlant. Il s’agit donc d’une sorte de “ présent
accompli dans le passé ”
Cette catégorie est exprimée à l’aide de la forme verbale dite passé
antérieur, ou de la forme dite Passé surcomposé :
Lorsqu’elle eut termine son travail de petite fée consciencieuse, il se
leva, s’approcha d’elle et l’enlaça sans rien dire 

∑ “ L’actualité dans le passé ”(ou le présent dans le passé)


Le processus se trouve bien dans une position d’antériorité par rapport
au moment de l’acte d’énonciation du sujet parlant, mais vis-à-vis
d’autres processus passés, il joue le rôle de référence contemporaine.
Certains linguistes l’appellent “ présent inactuel ”.
Cette actualité dans le passé s’exprime à l’aide de la forme dite Imparfait.
Cette forme se trouve donc en opposition avec les autres formes de
l’antériorité (passé simple et passé composé) qui expriment le “ passé
révolu ” ou le “présent accompli ” :
Nous nous sommes rencontrés de façon à la fois bizarre et banale, grâce
à une petite annonce lue dans un quotidien. Nous cherchions l’un et l’autre du
travail .

Lorsque cette actualité passée est elle-même accomplie, elle s’exprime à


l’aide d’une forme composée, le plus-que-parfait :
“ Il n’eût pas le temps de se retourner que, de la barrière à laquelle il
tournait le dos, un grand diable avait surgit ”
Alain Fournier, Le Grand Meaulnes

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Cette vision du présent transposée dans une actualité du passé se
retrouve très logiquement dans le discours rapporté :
Il m’a écrit une seule fois en dix ans (…). Il me disait qu’ils allaient bien,
que l’école marchait (…)
M. Duras, L’amant

∑ Le “ passé imaginé
Le processus aurait pu se réaliser dans le passé , mais de fait il ne s’est pas
réalisé.
Ce “ passé imaginé ” s’exprime à l’aide de l’Imparfait et du plus que
parfait, c’est à dire de formes verbales qui, par ailleurs, expriment un
présent inactuel.
L’Imparfait est employé pour décrire un fait qui a failli se produire :
Un peu plus il perdait l’équilibre
Le plus que parfait est employé dans un contexte hypothétique :
Si j’avais su qu’il s’apprêtait à me licencier, je n’aurais pas travaillé sur
ce projet 
Mais si ce contexte hypothétique se trouve dans une situation d’actualité,
c’est l’Imparfait qui est employé :
Si je savais aujourd’hui ce qu’il mijote, je pourrais prendre une
décision

2.5.3. La postérité (ou le “ futur Conceptuel ”)

La postérité par rapport qu moment de l’acte d’énonciation signale que le


processus décrit va se réaliser dans un “ avenir ”, un “ futur ” plus ou moins
proche.
Plusieurs perceptions de cette postériorité sont possibles :
∑ Le “ futur à venir ”
Le processus, non encore réalisé, se trouve dans un “ à venir ” coupé de
l’actualité du sujet parlant.
Cette perception est exprimée à l’aide de la forme verbale dite futur :
“ Nous prendrons la ruelle, dit le gamin. Ça ira plus vite (…) ”
A. Robbe-Grillet, Djinn

∑ Le “ futur proche ”

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Le processus, non encore réalisé, est cependant tout près de se réaliser.
Cette imminence s’exprime à l’aide d’une périphrase verbale composée
de l’auxiliaire aller+infinitif : Attends je vais t’ouvrir la porte 

∑ Le “ futur accompli ” dans le futur


Le processus, non encore réalisé, est cependant perçu comme réalisé
(accompli) par rapport à un moment qui peut être considéré comme un
“ présent ” situé dans une position de postériorité par rapport à l’acte
d’énonciation.
Le “ futur accompli ” s’exprime à l’aide de la forme dite “ futur
antérieur ” : Je sais qu’il sera déjà parti quand j’arriverai 

∑ Le futur imaginé (ou futur hypothétique)


Le processus en position de postériorité est toujours imaginé, mais il
s’agit ici d’une perception de réalisation “ à venir ” qui est suspendue à
certaines conditions. Et comme ces conditions sont elles-mêmes non
encore réalisées, il s’ensuit une double éventualité de réalisation qui a
fait appeler ce futur ; “ futur hypothétique ”
Le “ futur hypothétique ” peut être lui-même perçu dans l’à venir ” ou
dans le “ passe ” :
- dans l’à venir, il est exprimé par la forme dite “ conditionnel ”,
laquelle se combine avec l’imparfait : Il dit qu’il viendrait s’il ne
pleuvait pas 
- dans le “ passe ”, il est exprimé soit par la même forme du
“ conditionnel ”, soit par la forme dite “ conditionnel passé ” qui
correspond à la catégorie de l’accomplissement : Il se serait engagé
à nous payer avant la fin du mois .

III - L’ IDENTIFICATION TEMPORELLE ET LA CORRELATION


TEMPORELLE

A ces différentes représentations du “ temps linguistique ”, il faut ajouter deux autres


types d’opération qui le concernent : “ L’identification ” et la “ correlation ”
temporelles.

3.1. L’identification temporelle

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Il s’agit d’une opération qui consiste à spécifier le moment où se réalise le
processus, quelle que soit sa situation (passé, présent, futur) ou son extension
(ponctuelle, durative).

3.1.1. Spécification de la “ date ”

Celle-ci est marquée par des indicateurs qui sont organisés en systèmes, de
mesure, internes et autonomes :
Le mois : en janvier, en février, etc
L’année : en 1968
Le jour : le 22 septembre
L’heure : à 5 heures
La saison : en hiver, en automne, en été, en printemps
Le siècle : au XVIIIème siècle (dans un)

3.1.2. Spécification de la “ situation ”

Celle-ci est marquée par des indicateurs qui précisent un moment relativement
à une actualité qui joue le rôle de référence.
Ces indicateurs se distribuent en situation d’antériorité ou de postériorité,
autour de cette référence, mais ils se différencient selon que celle-ci coïncide
avec l’acte d’énonciation du sujet parlant, ou, ne coïncidant pas, est transposée
dans le “ passé ” ou le “ futur ”.

∑ “ actualité ” du sujet parlant

antériorité référence sujet parlant postériorité


hier aujourd’hui demain
avant-hier ce jour, ce mois, etc. après-demain
tout à l’heure en ce moment tout à l’heure
autrefois actuellement plus tard
dans (par) le passé à présent dans l’avenir
naguère maintenant
il fut un temps
hier matin ce matin demain matin
avant- après-midi cet après-midi après- après-midi
hier soir ce-soir ce-soir demain soir
l’année dernier(e) cette année l’année
le mois passé(e) ce mois ci le mois prochaine(e)

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la semaine cette semaine la semaine

∑ “ actualité passée ” ou “ future ”

antériorité référence passé ou future postériorité


la veille ce jour-là le lendemain
l’avant-veille le surlendemain
antérieurement à ce moment-là postérieurement à
avant ce moment-là à cette époque-là après ce moment-là
le matin d’avant ce matin-là le matin d’après
l’après-midi précédent cet après-midi-là l’après-midi suivant
le soir ce soir-là le soir
l’année d’avant cette année-là l’année d’après
le mois précédent ce mois-là le mois suivant
la semaine cette semaine-là la semaine

3.1.3. Détermination de la “ position ”

Il s’agit d’une position orientée (“ avant ”, “ après ”, ou “ pendant ”), par


rapport à une référence quelconque, ou en corrélation avec un autre processus.
De plus, cette position peut faire l’objet d’un jugement objectif ou subjectif de
la part du sujet parlant.
∑ Dans les positions objectives on a :
a) position d’avant
- avant + nom, avant de + infinitif :
Il est plus convenable de se laver les mains avant de passer à table.
Dis-lui que je passerai la voir avant dimanche.
- auparavant, d’abord, au préalable :
Tout d’abord je commencerai par une mise au point.

b) position d’après
- après + nom, après + infinitif passé, après que + indicatif :
Après le cinéma, nous irons souper à la Coupole.
Après avoir passé une partie de sa vie à vendre des journaux, il
s’est mis à parcourir le monde.
Tu pourras aller embrasser ton père, après que l’infirmière aura
terminé son travail.

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- sitôt + participe passé, aussitôt que + indicatif :
Aussitôt qu’il a tourné les talons, tout le monde a éclaté de rire
- une fois + participe passé, une fois que + indicatif :
Une fois que vous aurez passé la douane, vous pourrez sortir du
coffre 
c) position de “ pendant ” :
- quand, lorsque, au moment où + indicatif :
Quand tu viendras me voir, je t’expliquerai comment ça marche
- pendant (durant) + nom, pendant que + indicatif :
Il l’a surveillé pendant toute mon absence
- alors que, tandis que + indicatif (“ opposition ”) :
Il est allé au casse-pipes, alors que je l’avais prévenu 
- le temps de + infinitif :
 Attendez-moi dans le salon, le temps de me changer 

∑ Dans les positions subjectives on a :


a) position d’ ”anticipation ” :
Le moment où se produit l’action est jugé précoce par rapport au
moment où sa réalisation était attendue
- déjà :
Il est déjà arrivé
- tôt, en avance, à l’avance, par avance :
C’est un peu tôt pour lui annoncer la nouvelle.

b) position de “ dépassement ”
Le moment où se produit l’action est jugé tardif par rapport au
moment où sa réalisation était attendue.
- tard, trop tard, tardivement :
Excusez-moi d’arriver si tard (tardivement)

3.1.4. Détermination de la “ référence ”

Il s’agit ici de déterminer la référence temporelle par rapport à laquelle se


détermine l’action.
Celle-ci peut représenter le moment du “ temps de parole ”, un “ point de
départ ” ou un point d’arrivée ”.
∑ Référence “ temps de parole ” :
- Il y a, voilà, ça fait + indicateur temporel :
Il y a dix ans on n’aurait pas osé faire cela
∑ Référence “ point de départ ” :
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- à partir de, dès + indicateur temporel :
A partir de ce jour, je n’ai plus baissé les yeux 
- D’ores et déjà, désormais, dorénavant :
Désormais et dorénavant je ne lui demanderai plus rien

∑ Référence “ point d’arrivée ” :


- dans + indicateur temporel :
Dans huit jours, je pense que j’aurai fini
- au bout de + indicateur temporel :
Au bout de huit jours, il en a eu assez
- jusqu’à + nom, jusqu’à ce que + subjonctif :
Je t’aimerai jusqu’au dernier souffle de ma vie 

∑ Référence double : “ départ/arrivée ” :


- d’ici là, d’ici + indicateur temporel :
D’ici demain tu as le temps de jeter un coup d’œil sur le projet

3.2. La corrélation temporelle

Il y a un phénomène de corrélation temporelle lorsque deux processus se


trouvent dans une relation d’interdépendance l’un par rapport à l’autre et donc
dépendent l’un de l’autre pour leur mode d’existence.
Ce phénomène repose sur la vision de réalisation et la vision de situation.
- La vision de réalisation est essentiellement exprimée par ce que l’on appelle,
dans la tradition grammaticale, les modes.
- La vision de situation est essentiellement exprimée par les temps verbaux.
La corrélation temporelle peut décrire un enchaînement de processus dans
lequel l’un précède l’autre ( Il est arrivé juste avant que je parte  ), l’un succède
à l’autre ( Il est arrivé juste après mon départ ), l’un et l’autre se réalisent
simultanément ( Elle est arrivée au moment où je partais ).
La corrélation temporelle s’exprime à l’aide d’adverbes (“ simultanément ”), de
prépositions (“ sur ce (là-dessus) il est parti ”), de conjuctions (“ après/avant
que ”).
Les principales “corrélations temporelles” possibles à l’intérieur de chaque type
de “ corrélation modale ”sont :

3.2.1. Dans le cadre de l’indicatif

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∑ la succession temporelle :
Présent Présent
Il part quand J’arrive
Passé composé/simple Passé composé/simple
Il est parti quand Je suis arrivé
Il partit quand Il arriva
Imparfait
quand J’arrivais
Imparfait Passé composé
Il partait quand Je suis arrivé
Passé simple
quand il arriva
Imparfait
quand J’arrivais
Plus-que-parfait Passé composé
Il était parti quand Je suis arrivé
Plus-que-parfait
quand J’étais arrivé
Futur Futur
Il partira quand J’arriverai
Futur antérieur
quand Je serai arrivé
Futur antérieur Futur
Il sera parti quand J’arriverai
Futur antérieur
quand Je serai arrivé

∑ le discours rapporté :

Présent
Il prétend que Je l’insulte
que Je l’ai insulté
que Je l’insultais
Passé
Il a prétendu que Je l’ai insulté
que Je l’avais insulté
que Je l’insultais

Thème 19 page 16
Futur
Il prétendra que Je l’ai insulté (autrefois)
que Je l’insultais (autrefois)
que Je l’insulte
Futur antérieur
Il aura prétendu que Je l’insultais
que Je l’ai insulté
que Je l’insulte

∑ l’hypothèse:

Présent Futur
S’il mange (alors) Il grossira
Passé Futur antérieur
S’il a mangé (alors) Il aura grossi
Imparfait Conditionnel
S’il mangeait (alors) Il grossirait
Plus-que-parfait Conditionnel passé
S’il avait mangé (alors) Il aurait grossi

3.2.2. Dans le cadre du subjonctif

∑ la succession temporelle :
Présent
Il part avant que Il fasse trop chaud
Passé
Il est parti avant que Il fasse trop chaud
Il partit avant que Il fit trop chaud
Imparfait
Il partait avant que Il fasse trop chaud
Il fit trop chaud
Futur
Il partira avant que Il fasse trop chaud
Il sera parti avant que Il ait fait trop chaud

Thème 19 page 17
∑ le discours rapporté :
Présent
Il ordonne que L’on se taise
Passé
Il a ordonné que L’on se taise
Il ordonna que L’on se tût
Imparfait
Il ordonnait que L’on se taise
que L’on se tût
Plus-que-parfait
Il avait ordonné que L’on se taise
que L’on se tût
Futur
Il ordonnera que L’on se taise
Il aura ordonné que L’on se taise
Conditionnel
Il ordonnerait que L’on se taise
Il aurait ordonné que L’on se tût

∑ la restriction :
Présent
Il se tait bien que Il ait envie de parler
Passé
Il s’est tu bien que Il ait eu envie de …
Il se tut bien que Il eût envie de …
Imparfait
Il se taisait bien que Il avait envie de …
Il eût envie de …
Plus-que-parfait
Il s’était tu bien que Il eût envie de …
Il eût eu envie de …
Il ait eu envie de …

Remarque : les subjonctifs imparfait et plus-que-parfait tendant à disparaître de l’usage


conversationnel oral, de l’usage écrit non littéraire et même de l’écriture littéraire moderne, il
est remplacé par les subjonctifs présent et passé : J’aimerais que tu me dises ce qui en va pas

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