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Charles Baudelaire, considéré comme l'un des auteurs majeurs de la littérature française est celui qui
a ouvert les portes de la modernité. Son œuvre est difficilement classable, car elle se situe au
carrefour de toutes les influences du 19 ème siècle : le Romantisme, Le Symbolisme ou encore le
Parnasse. Son recueil le plus célèbre, les Fleurs du Mal a été publié en 1857 et montre un poème
tiraillé entre le Spleen et L’idéal. Il veut fuir le Spleen qui le consume pour atteindre son idéal.
Baudelaire est d’ailleurs le premier à rompre avec le « style convenu » de la poésie traditionnelle et
de ses codes stricts en usage jusqu’alors.
L’homme et La mer est un poème constitué de quatre quatrains aux rimes embrassées, et fait partie
du recueil les Fleurs du Mal. C’est le quatorzième poème de la section la plus longue du recueil
Spleen et Idéal. À travers ce poème, Baudelaire y montre une nature qui n’est plus un refuge pour le
poète mais le reflet des tourments de l’âme. La question qui se pose est la suivante : Comment
Baudelaire compare-t-il L’homme et la Mer pour dessiner le portrait de deux frères ennemis ? Pour
répondre nous verrons dans un premier temps, la correspondance entre L’homme et la Mer, dans un
deuxième temps nous parlerons de leurs caractères semblables. Et dans un troisième temps, nous
verrons le conflit qui les oppose.
ANALYSE :
Le poème commence avec l’isolation du terme « Homme Libre » à l’aide d’une apostrophe. Ainsi
donc le poète s’adresse ici à son idéal, à ce qu’il veut atteindre en effet toujours au vers un on a le
pronom personnel de la 2eme personne du singulier « tu ». Baudelaire en a assez d’être tourmenté
par la vie, se sentir incompris par le monde qui l'entoure, et il est à la recherche de la liberté, ce
qu'est justement la représentation de la mer. En effet, on a l’adverbe temporel « Toujours » ce qui
marque une durée illimité, qui n’a pas de fin, suivi de « tu chériras » chérir conjugué au futur simple
de l’indicatif indiquant ici une réalisation futur assuré. On voit donc que la mer est perpétuellement
idolâtré par l’homme, elle qui symbolise la liberté et que L’Homme est éternellement en quête de
celle-ci pour atteindre son idéal.
Dès le premier vers, les deux entités sont liés, commençant par « Homme » et qui finit par « Mer.
Cette correspondance s’accentue au vers 2 « La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme », un
lien s’établit encore une fois entre la mer et l’âme de l’Homme, entre le concret c’est-à-dire le miroir
et l’abstrait c'est-à-dire l’âme de l’Homme, ce dernier possède un caractère narcissique en effet on a
« tu contemples » le verbe contempler conjugué au présent de l’indicatif indiquant une vérité
générale, l’Homme se plait à se regarder.
La phrase continue au troisième vers avec l’enjambement « Dans le déroulement infini de sa lame»
Cette métaphore évoque la marée ou encore la houle, le mouvement perpétuel de la mer. Une
cadence ininterrompue bien marquée par l’adjectif « infini » La lame dont il est question ici est la
lame du fond, le courant profond que l’on réfère à la profondeur de l’âme, puisque comme l’âme de
l’Homme, la mer est traversé par des mouvements de profondeurs. Et dans le quatrième vers, on
observe une litote « moins amer », donc il y'a une atténuation de la profondeur qui mets en
relation la profondeur de l’âme et des fonds marins.
Le second quatrain poursuit l’entremêlement entre les deux entités et rappelle le narcissisme que
ressent l’Homme à son égard au vers 2, en effet on a l’anaphore du pronom personnelle « tu » et le
verbe pronominal « te plaire » plaire verbe conjugué au présent de l’indicatif indiquant encore une
fois une vérité générale, comme le verbe « contempler » L’Homme aime se regarde dans le miroir
avec complaisance. Et l’allitération en « p » c’est le bruit de la pénétration de la mer, une image mais
de manière sonore.
Au vers en dessous qui débute avec l’anaphore « tu » au vers 6 « embrasses » On peut le
comprendre comme un jeu de regard qui se pose sur la mer et sa dimension que l’on peut mesurer.
Son immensité et sa profondeur, avec lequel on ne peut interagir, l’acte de la toucher ou de
l’éteindre est impossible, la mer est vu comme un idéal inaccessible que l’on peut toucher, sentir. La
mer est ici personnifié renvoyant à un être aimé et l’utilisation des éléments corporelles « yeux,
bras » ou encore « embrasse » démontre l’amour du poète en l’égard de cette mer personnifié en
une femme, qui est donc son idéal. Une l'hypallage peut aussi être vue ici, « rumeur », qui ici
qualifie les battements de cœur de l'homme serait plus adapté à décrire le son de la mer, et au vers
suivant « cette plainte indomptable et sauvage » pourrait s'apparenter au cri d'un homme qui serai
en proie au spleen. l’Homme ne va jamais cesser d’avoir des problèmes, et que le poète cherche
donc à atteindre son idéal dû à ses souffrances perpétuelles.
DEUXIÈME MOUVEMENT.
On peut également dire que les deux entités sont semblables. En effet on a Au vers 2, de la première
strophe « La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme », on observe que l'âme de l'homme et les
fonds marins partagent quelques traits : par le lien entre le concret et l'abstrait, les deux sont
insondables.
À la troisième strophe, on a un changement de pronom personnelles passant de « tu » à « vous » Ce
qui montre que le poète ne s’adresse plus seulement à l’homme mais aussi à la mer. Ils sont tous les
deux également caractérisé par leur noirceur "ténébreux et discrets" ce qui montre de manière
explicite le lien entre les deux entités et leurs ressemblances en terme de goûts. Les deux entités
sont liées et Inséparables.
Ensuite Baudelaire a recours au figure du style de l'hypallage, au vers 10 et 11 « Homme, nul n'a
sondé le fond de tes abîmes ; / O mer, nul ne connaît tes richesses intimes ». En effet, ici « le fond de
tes abîmes » est attribué à l'homme alors que les 2 mots « fond » et « abîmes » font normalement
référence à la mer, et « richesses intimes » est attribué à la mer plutôt qu'à l'homme, la
personification de la mer se poursuit donc. Ces hypallages montre encore le lien intime entre les
deux entités. L’utilisation de L’adverbe « tant » au dernier vers, le ton hyperbolique utilisé révéle que
les profondeurs des éléments sont insondables. Mais aussi que la discrétion n’est pas vu comme une
qualité. « Vous êtes jaloux de garder vos secrets » Finalement, on ne peut pas les associer à cause de
leurs secrets, l’idéal n’est pas atteint car on ne connaît pas la mer. Le mauvais sentiment de la
jalousie se montre dans le quatrième strophe.
3er Mouvement.
La dernière et quatrième strophe s'ouvre sur une rupture qui brise le lien entre les deux entités avec
l'adverbe d'opposition « Et cependant ». Baudelaire compte nous annoncer une vérité générale,
fondamentale avec le presentatif «Voilà » qui est aussi intemporelle avec l'hyperbole « des siècles
innombrables ». Le poète ne mentionne plus un présent durable mais porté un regard introspectif
vers le passé. L’enjambement au vers suivant suppose conflit que se livre les deux entités s'inscrit
dans une temporalité longue. La tournure privative « sans pitié ni remord » insiste sur la cruauté de
ce combat, mais aussi sur leurs insensibilités. Baudelaire énonce une vérité générale tel que l'homme
et la mer s'entre détruisent : l'homme exploite la mer pour vivre et la mer crée des naufrages et des
tempête qui sont mortelle pour l'homme.
Le goût pour la destruction est en effet très fort, on a en effet L’hyperbole de l’avant dernier vers
avec L’adverbe d’intensité « Tellement » qui montre un champ de bataille chaotique et
cauchemardesque « le carnage et la mort » comme si C’était l’apocalypse et le parallélisme et
l'hypallage au dernier vers « Ô lutteurs éternelles, ô frère implacables ». L'homme et la mer sont
encore lié ici par l'oxymore « frères implacables» qui fusionnent à la fois la rivalité et la fraternité.
Les deux entités ne se font pas totalement confiances, ils sont vu comme des frères donc ils s'aiment
mais se le cachent l'un à l'autre et sont aveuglé par la jalousie. Cette jalousie qui les mène à un conflit
qui ne compte pas s'arrêter et durer sur un long terme.
Conclusion : Baudelaire construit les quatres strophes du poème sur un jeu miroir entre les deux
entités pour peindre le portrait de deux frères ennemis. Il rapproche les deux entités par leur
profondeur mais aussi de leur violence et de leur soif de mort.
La lutte entre ces deux entités présentées dans la dernière strophe montre que l'âme de
l'homme est tourmentée, depuis toujours. On entrevoit les aspirations contradictoires de l'homme
ainsi que la lutte entre le spleen et l'idéal.