L FOU, Une Démarche Évolutive (Kaaboub 2011)
L FOU, Une Démarche Évolutive (Kaaboub 2011)
L FOU, Une Démarche Évolutive (Kaaboub 2011)
Abdelkrim Kaaboub
Résumé : Nous nous proposons, à travers cet article, de présenter le contexte universitaire
algérien où le français, pour des raisons historiques et techniques, reste le vecteur de
l’enseignement supérieur, alors que tout l’enseignement qui précède se fait en arabe. Les
mathématiques, la physique, la chimie, l’informatique, le dessin industriel sont dispensés
en français. Il apparait donc de plus en plus nécessaire d’aider ces étudiants à réussir dans
leurs études, et à développer des savoir-faire et des stratégies d’apprentissage efficaces.
Descriptif
Quel français allons-nous mettre en place ? Nous nous sommes retrouvés devant
un dilemme. Les étudiants inscrits en première année universitaire ont, en
principe, un capital de 1200 heures de français langue étrangère avant de
décrocher le billet pour l’université (avec toutefois d’importantes variations
selon les régions). Comment aider les étudiants à « s’en sortir » ? En intervenant
là où le besoin se fait sentir. Accéder à la documentation scientifique, Suivre
un cours magistral sont les principaux points que nous avons développés en
premier cycle. Nous faisons passer en début d’année un test de positionnement
(CO, CE et PE) qui nous permet d’intervenir à un premier niveau : celui des cours
de soutien de français langue étrangère. En effet, près de 60% des étudiants
se situent au A2. Le contenu de ces cours de soutien est en relation avec les
modules assurés.
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Le Français sur Objectifs Universitaires - 2011 pp. 329-337
Mais la question qui nous intéresse est la suivante : peut-on faire un lien entre
les différentes spécialités qui nous intéressent ? Des classes préparatoires ont
vu le jour et nous avons mis en place des parcours en Sciences et technologies,
Informatique, Architecture, les Sciences de la vie et de la nature, Sciences
commerciales. Nous proposerons, lors de notre exposé, des éléments pertinents
qui permettront à l’enseignant de mieux prendre en charge les préoccupations
de ses étudiants et aideront inévitablement l’enseignant de spécialité.
Comment commenter un tableau ? Comment interpréter un document ? Quels
sont les différents types de visuels avec lesquels ils seront amenés à travailler?
Genèse et démarche
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Le Français sur objectifs universitaires, une démarche évolutive
Les étudiants rencontrent des difficultés dès le premier contact avec les cours
de spécialité et celui-ci se fait essentiellement à travers les cours magistraux.
Ainsi avec un volume hebdomadaire de 9 heures de cours magistraux (analyse,
algèbre, structure de la matière, mécanique/électricité), la compréhension de
ces cours est une priorité.
Par ailleurs, les mots et formulations les plus étrangers pour l’étudiant ne sont
pas nécessairement les plus techniques, car la terminologie est internationale.
C’est donc toute la phraséologie et les méthodes de raisonnement qui sous-
tendent les disciplines dites scientifiques et techniques qui sont à privilégier (la
définition dans un cours magistral, la démonstration avec les différents types
de raisonnements, le commentaire, l’interprétation et l’extrapolation à partir
d’un visuel, etc.).
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Le Français sur Objectifs Universitaires - 2011 pp. 329-337
Que décrit-on ?
- Un objet représenté : cela pourrait être un objet physique comme les piles au lithium.
- Un matériel, un équipement, un outillage nécessaire à une activité.
- Un matériau : une matière servant à une fabrication, comme un alliage métallique.
- Un phénomène : tout ce qui se manifeste de manière factuelle ou apparente (exemple
l’émission thermique d’un corps).
- Un processus, un mécanisme : un ensemble de phénomènes organisés dans le temps
(exemple la photographie argentique).
- Un procédé, une technique, une méthode, un moyen employé pour parvenir à un
certain résultat. Par exemple on utilise un procédé électronique pour former une
couche de silicium poreux.
- Une représentation graphique.
Pourquoi décrit-on ?
Dans une large perspective, nous décrivons pour renseigner mais également
pour expliquer le fonctionnement, la fonction, les finalités, des parties ou du
tout. Faire le compte rendu d’une expérience peut passer par la description.
Comment décrit-on ?
Pour aider l’élève à décrire un dispositif expérimental par exemple, nous mettons
à sa disposition les outils linguistiques en rapport avec les caractéristiques de
l’objet représenté.
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Le Français sur objectifs universitaires, une démarche évolutive
Nous n’avons pas de comparaison à faire entre les différents éléments du visuel.
Lorsque nous faisons un commentaire, nous avons besoin de conjonctions de
subordinations particulières : quand, lorsque qui ont une valeur conditionnelle,
pour (suivi d’une formule mathématique).
Nous présentons quelques exemples de commentaires extraits de copies
d’étudiants :
a - La figure ci dessous montre une tendance à la saturation pour les hautes
températures. Dans le cas des éléments légers, la loi de variation de M Cp est bien
de la même forme, mais la saturation n’est pas atteinte aux températures ordinaires.
b - Le tableau ci-dessous nous renseigne sur les hydrocarbures saturés de formule
CnH2n+2, appelés alcanes ou paraffines. Pour un nombre de carbone compris entre
1 et 4, les composés (les alcanes) sont tous gazeux et utilisés comme combustibles.
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Le Français sur Objectifs Universitaires - 2011 pp. 329-337
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Le Français sur objectifs universitaires, une démarche évolutive
Tous ces points ont été étudiés durant l’année. Que reste-t-il alors ? Comment
allons-nous aborder le véritable travail de la production écrite. Les étudiants
doivent apprendre à rédiger des TP en physique et en chimie. Il faut donc
les mettre en situation et travailler en coordination avec les enseignants de
spécialité. Nous présenterons cette démarche qui reste à parfaire.
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Le Français sur Objectifs Universitaires - 2011 pp. 329-337
a - Récupérer le TP
b - Recenser les différentes erreurs liées :
- à la ponctuation,
- à la cohérence/cohésion,
- au choix du vocabulaire,
- à la présentation des matériels/matériaux,
…
c - Faire réfléchir les étudiants sur ces erreurs et leur demander de réécrire
correctement les énoncés proposés
d - Distribuer à chaque étudiant son TP (déjà corrigé par le professeur de spécialité)
pour qu’il le reprenne (phase d’autocorrection)
e- Corriger et rendre le TP à l’étudiant
Il s’agit d’une phase préparatoire censée sensibiliser l’étudiant pour qu’il prenne
conscience de ses propres erreurs. Mais l’objectif de cette opération demeure le
travail d’équipe (professeur de spécialité et professeur de français). L’étudiant
devra dans un premier temps remettre son TP à l’enseignant de français. Ce
dernier le corrigera avant de le rendre à l’étudiant qui le retravaillera pour le
donner ensuite à l’enseignant de la spécialité lequel mettra la note finale.
Conclusion
L’étudiant ne devrait pas faire, tout seul, tout le chemin pour s’adapter à la
réalité de la classe et à l’institution. Je plaide pour que l’institution fasse un bout
de chemin pour s’adapter aux étudiants. Nous pouvons en profiter petit à petit
pour proposer aux professeurs des évolutions dans leur forme de travail pour
faciliter le travail des étudiants. Enseigner le français sur objectif universitaire
suppose que l’on prenne compte du co-enseignement/apprentissage.
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Le Français sur objectifs universitaires, une démarche évolutive
1ère copie
2ème copie
3ème copie
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