Oxymétrie Et Capnométrie

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 36-382-A-10

Oxymétrie et capnométrie
J.-L. Bourgain

Résumé : Même si les études peinent à montrer formellement une réduction de mortalité par le moni-
torage de l’oxymétrie, personne ne voudrait s’en passer. Ce monitorage détecte très bien les épisodes de
désaturation. L’incertitude de la mesure est de l’ordre de ±3 % et cela pose un problème lorsque l’on
veut ajuster la FiO2 (fraction inspirée d’oxygène) (ou le débit d’O2 ) pour obtenir une SpO2 (saturation
pulsée en oxygène) donnée en vue d’éviter l’hypoxémie d’un côté et la toxicité de l’O2 de l’autre. Les
paramètres dérivés de la mesure d’oxymétrie pulsée sont intéressants (hémoglobine, pleth variability
index ou oxygen reserve index). Néanmoins, leur place dans l’arsenal de surveillance mérite d’être étu-
diée sur un large groupe de patients. La visualisation de la courbe de capnographie est essentielle pour
interpréter les valeurs de PetCO2 (pression de fin d’expiration en dioxyde de carbone) et de fréquence
respiratoire. Elle doit apparaître clairement sur les moniteurs. L’hypocapnie est dangereuse et elle doit être
prévenue en maintenant la PetCO2 au-dessus de 35 mmHg. Pour optimiser les performances du moni-
torage, il faut acquérir du matériel efficient (capteur et moniteur), l’entretenir selon les préconisations du
fabricant et l’adapter au patient (position des capteurs, identification des fausses alarmes ou des erreurs
de mesure). Les patients anesthésiés en ventilation spontanée bénéficient d’un monitorage respiratoire
systématique. Cela est particulièrement vrai à l’induction et au réveil, y compris en salle de surveillance
postinterventionnelle pour les patients à risque d’apnée (sujet obèse, apnée obstructive, morphine, oto-
rhino-laryngologie et stomatologie en particulier). Après extubation, le capnogramme identifie très tôt les
épisodes d’apnée avant que survient la désaturation. Les patients sous sédation, même vigile, bénéficient
de cette surveillance par la détection des épisodes d’apnée ou d’hypopnée qui précèdent la désaturation
artérielle en O2 . Cette surveillance est reconnue comme obligatoire aux États-Unis et ailleurs depuis plus
de cinq ans.
© 2020 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Oxymétrie pulsée ; Capnographie ; Monitorage ; Anesthésie ; Apnée ; Désaturation ; Sécurité

Plan Chacun utilise quotidiennement pour tous ses patients la sur-


veillance de la capnographie, de la saturation en O2 et de la
■ Introduction 1 mécanique respiratoire (pression, volume et débit). L’efficacité

du monitorage respiratoire périopératoire a été responsable d’une
Oxymétrie pulsée 2
baisse considérable de la mortalité [2] . Néanmoins, certains pièges
Oxymétrie pulsée (SpO2 –saturation pulsée en oxygène) :
peuvent conduire à des mesures ou des interprétations erro-
conditions techniques d’une bonne mesure 2
nées. Il y a lieu de choisir son matériel en fonction de son
Intérêt de la surveillance de l’oxymétrie pulsée 3
utilisation et de l’entretenir de façon rigoureuse comme la
« Pleth variability index » (PVI) 3
réglementation l’exige. Quelle que soit la cause, débuter une
« Oxygen reserve index » (ORI) 4
anesthésie sans l’ensemble du matériel exigé engage la responsa-
■ Capnographie 4 bilité du médecin anesthésiste-réanimateur. Cela suppose d’avoir
Techniques de mesure du CO2 4 du matériel de rechange immédiatement disponible en cas de
Analyse de la courbe du CO2 : capnigramme 4 panne.
Mesure de la PetCO2 5 Pendant les anesthésies en ventilation spontanée, le moni-
Pièges de la capnographie 7 torage respiratoire des patients non intubés est possible depuis
Monitorage de la ventilation au cours de l’induction 7 plus de dix ans grâce à la diffusion de ligne de prélèvement
Monitorage de la ventilation spontanée 7 adaptée. Il est loin d’être entré dans la pratique courante car le
Monitorage du patient pendant l’anesthésie 9 risque d’apnée est sous-estimé par les cliniciens. Plusieurs travaux
Monitorage du patient en fin d’anesthésie 9 montrent désormais que cette surveillance permet d’identifier
■ Conclusion 9 des événements respiratoires qui seraient passés inaperçus sans
monitorage (apnée, hypo- ou hyperventilation). Les circons-
tances d’utilisation sont variées : avant l’intubation, juste après
l’extubation, au cours des anesthésies ou des sédations en ventila-
 Introduction tion spontanée et dans la période postopératoire pour les patients
à risque respiratoire. Cette évidence a poussé plusieurs sociétés
La nécessité d’un monitorage respiratoire des patients intu- savantes à imposer la surveillance de la capnographie pour toute
bés (et par extension porteurs d’un dispositif supraglottique) a sédation [3] et pour le transport de la salle d’opération vers la salle
été formalisée sous forme réglementaire dans les années 1980 [1] . de surveillance postinterventionnelle (SSPI) [4] .

EMC - Anesthésie-Réanimation 1
Volume 41 > n◦ 1 > janvier 2021
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0289(20)83532-4
36-382-A-10  Oxymétrie et capnométrie

Tableau 1.
Causes d’erreurs de mesure de l’oxymétrie pulsée et moyens de les prévenir et/ou de les corriger.
Facteur Effets
Intoxication Carboxyhémoglobine (HbCO) Faible diminution de la valeur de SpO2 . Ne fait néanmoins pas la différence entre
HbO2 et HbCO
Cyanméthémoglobine Non rapportée
Méthémoglobine (HbMéth) À forte concentration de HbMéth, la mesure est proche de 85 % indépendamment
de la valeur de SpO2
Colorants Fluorescéine Pas d’effet
Carmin indigo Diminution transitoire
Vert d’indocyanine Diminution transitoire
Bleu patent Diminution prolongée à forte concentration
Bleu de méthylène Diminution importante et prolongée. S’y associent des anomalies de rapport
ventilation/perfusion altérant l’hématose
Hémodynamique Flux sanguin Altère la qualité de la mesure lorsque la pulsatilité diminue. Sous-estimation de la
valeur affichée
Vasodilatation Faible diminution
Insuffisance tricuspide Diminution de la SpO2 du fait de la pulsatilité veineuse
Physique Lumière ambiante SpO2 faussement basse lorsque la lumière est intense (cacher le capteur sous un
drap par exemple)
Incertitude de la mesure De l’ordre de 3 à 4 %. Cela est très gênant lorsque l’O2 est administré pour obtenir
un niveau de saturation (> 90 % pour les BPCO avec un risque de désaturation et
< 98 % pour éviter la toxicité de l’O2 chez le nouveau-né)
Positionnement du capteur Veuiller à ce que les diodes émettrices et réceptrices sont bien en face l’une de
l’autre
Mouvement En principe, les appareils identifient les mouvements. Sinon, ils induisent une
sous-estimation de la SpO2
Souillure (adhésif, sang, etc.) Prévenu par un nettoyage régulier du capteur réutilisable
Pigment Pigmentation cutanée Lorsqu’elle est profonde, la pigmentation réduit la qualité du signal
Henné Pas d’effet
Ictère La valeur affichée peut être faussement basse
Vernis à ongle Pas d’effet sauf pour les vernis bleus

SpO2 : saturation pulsée en oxygène ; HbO2 : oxyhémoglobine ; BPCO : bronchopneumopathie chronique obstructive.

 Oxymétrie pulsée La qualité de la mesure de SpO2 dépend :


• du choix du capteur en fonction de l’appareil de mesure (com-
patibilité entre le capteur et le moniteur) en tenant compte de
Oxymétrie pulsée (SpO2 –saturation pulsée l’âge du patient ;
en oxygène) : conditions techniques • de la propreté de la pince ou du capteur adhésif ;
d’une bonne mesure • du positionnement du capteur : les diodes émettrices et récep-
trices doivent se situer l’une en face de l’autre ;
Le principe de la mesure est assez simple : le capteur contient • du changement régulier de la position du capteur qui évite les
deux diodes émettrices et deux diodes réceptrices, chaque paire incidents de brûlure et de compression.
utilisant deux longueurs d’ondes différentes : l’une dans le rouge Différents modèles de capteurs ont été développés pour amélio-
pour l’hémoglobine réduite et l’autre dans l’infrarouge pour rer la performance de la mesure. La pince digitale est le capteur le
l’oxyhémoglobine. L’appareil ne prend en compte que les varia- plus utilisé en anesthésie chez l’adulte. Le nettoyage des pinces
tions pulsatiles de l’absorption en postulant qu’elles sont liées à doit respecter les consignes du fabricant ; outre le problème
l’afflux de sang artériel. Cette surveillance est banalisée et peu d’hygiène, un capteur souillé (sang, adhésif) fournit une mesure
d’utilisateurs se posent la question de la qualité et de la fiabilité altérée. Ces capteurs ne doivent pas être utilisés chez l’enfant de
de cette mesure. La calibration de l’appareil est statistique, faite moins de 5 ans car ils ont été tenus responsables de brûlure et de
à partir d’un échantillonnage de mesures chez le volontaire sain. lésions de compression. Il existe des capteurs adhésifs adaptés à
Il est des situations cliniques où ce facteur de calibration peut l’âge de l’enfant. Il est important de changer régulièrement le site
s’avérer incorrect (patient de réanimation, hémoglobine anormale de la mesure pour diminuer le risque de brûlure et de compression.
par exemple) [5] . La qualité de la mesure dépend du positionnement du capteur,
Les moniteurs récents vendus par les grands manufacturiers ont quel que soit le lieu de mesure, particulièrement en pédiatrie où
une qualité comparable pour identifier une désaturation [6] , même l’utilisation des pinces doit être proscrite pour les enfants de moins
chez les nouveau-nés [7] . Une diminution de la perfusion altère les de cinq ans [9] .
performances de chacun de ces moniteurs ; la courbe de pulsatilité Un certain nombre de facteurs altèrent le signal ou sous-
apparaît amortie et un message d’erreur du type « signal faible » estiment la valeur affichée. Ils sont résumés dans le Tableau 1. La
s’affiche [6] . Certains capteurs vendus séparément des moniteurs présence d’ongles artificiels en acrylique [10] , de vernis [11] , de gel
ont des performances insuffisantes [8] . La qualité du signal fourni de manucure [12] ou de henné [13] modifie pas ou peu la qualité de
par des saturomètres de très bas coût, vendus sur internet ou dans la mesure ; lorsqu’une différence est identifiée, elle est inférieure
les grandes surfaces, n’a pas fait l’objet d’évaluation scientifique. à l’erreur inhérente à la technologie de mesure.
Il est essentiel de se fournir en capteurs dont la compatibilité a Le délai de réponse est différent selon que le capteur est posi-
été jugée satisfaisante par le fabricant du moniteur. Un manque tionné au niveau d’un orteil, d’un doigt de la main ou du lobe de
de compatibilité peut altérer le signal ou induire une brûlure au l’oreille : oreille-main = 6 secondes ; pied-main = 57 secondes ;
niveau des diodes. Ces capteurs sont défectueux à cause d’un et oreille-pied = 63 secondes [14] . Les capteurs d’oreille sont
problème électrique ou de l’émission de lumière à une longueur également sensibles à la qualité de la perfusion locale : une hypo-
d’onde inadéquate [7] . perfusion altère la qualité de la mesure. Moins sensibles aux

2 EMC - Anesthésie-Réanimation
Oxymétrie et capnométrie  36-382-A-10

Figure 1. Surveillance par oxymétrie en service


Durée ? de chirurgie. SpO2 : saturation pulsée en oxy-
Modalités d’administration gène ; USC : unité de soins continus.
Décision de surveillance (lunette, masque)
continue par oxymétrie pulsée Traitement associé :
- position assise
- kinésithérapie

Débit d’O2 nécessaire au maintien d’une Appel si SpO2 < 92 %


SpO2 entre 92 et 96 % Quel médecin appeler ?
Association avec un moniteur d’apnée ? Quels critères de transfert en USC ?
Quelle gestion de l’analgésie ?

Formation des équipes (infirmières et médecin)


Évaluation des pratiques (nombre de patients surveillés, durée de séjour, transfert en USC)

variations de perfusion, les capteurs frontaux ont de meilleures


performances chez le patient de réanimation [15] . PaO2 = PiO2 – PaCO2/R
PiO2 = FiO2 × pression atmosphérique
R = quotient respiratoire
Intérêt de la surveillance de l’oxymétrie
FiO2 PiO2 PaCO2 40 mmHg PaCO2 80 mmHg
pulsée
0,21 160 110 60
Inutile de polémiquer sur l’intérêt de ce monitorage, même si les
plus grandes études de cohorte n’ont pas été en mesure de prouver 0,3 228 178 128
une diminution de la morbidité dans le groupe des patients moni-
torés [16] . En revanche, dans des études portant sur les plaintes 1 760 710 660
en justice, la surveillance par oxymétrie et capnographie aurait
permis d’éviter l’accident au cours ou au décours immédiat de
l’anesthésie [17] . Les recommandations des sociétés savantes et, en Figure 2. PaO2 (pression artérielle de l’oxygène) théorique pour deux
France, la législation, imposent ce monitorage pour tous patients niveaux de ventilation alvéolaire (PaCO2 [pression artérielle de dioxyde
anesthésiés. carbone] à 40 et 80 mmHg) pour trois niveaux de FiO2 (fraction inspirée
Pour un patient donné, les variations de la SpO2 sont identifiées d’oxygène) (chiffres calculés par l’équation des gaz alvéolaire). En cas
avec une fidélité remarquable. Le clinicien est alerté par la baisse d’hypoventilation même sévère, un faible enrichissement des gaz inspirés
de SpO2 qui s’accompagne souvent d’un changement de tonalité en O2 permet de maintenir la SpO2 (saturation pulsée en oxygène) à un
du pouls. L’incertitude de la mesure de la SpO2 en comparaison niveau élevé. Une SpO2 élevée ne préjuge pas du niveau de ventilation
avec la SaO2 (saturation artérielle en oxygène) est de l’ordre de ±3 alvéolaire chez le patient respirant de l’O2 .
à 4 %. Cela signifie que, pour une SpO2 affichée de 95 %, la valeur
de SaO2 se situe entre 91 et 99 %. Cette incertitude doit être prise
classique, les infirmières passaient à côté de 90 % des épisodes
en compte lorsque l’on administre l’oxygène pour obtenir une
d’hypoxémie en dessous d’une SpO2 de 90 % durant au moins
valeur de SpO2 optimisée. Pour éviter que la SaO2 d’un patient de
une heure. La probabilité de détecter une désaturation en des-
réanimation soit inférieure à 90 %, il faut ajuster la consigne de
sous de 90 % était 15 fois supérieure dans le groupe oxymétrie
SpO2 à 94 % [5] . Cela est plus critique chez le nouveau-né où cette
de pouls en continu par rapport au groupe contrôle (odds ratio
différence atteint 6,9 % [18] . Pour cette population, il y a encore
[OR] : 15,7 ; intervalle de confiance [IC] 95 % : 10,6–23,2 ;
une indication à mesurer la SaO2 par des gaz du sang ou par une
p < 0,00001). Cela pose des problèmes organisationnels quant au
mesure transcutanée ; donner une consigne de SpO2 trop basse
lieu d’hospitalisation de ces patients à risque : unité de soins conti-
expose l’enfant au risque de désaturation, l’ajuster à un niveau
nus, en sachant que ces séjours ne sont souvent pas facturables
trop élevé majore le risque de complications oculaires.
ou en hospitalisation avec monitorage au mieux par télémétrie
Au cours de l’anesthésie en ventilation spontanée, la sur-
autour d’une organisation innovante : création d’un algorithme
veillance de la SpO2 est devenue incontournable. L’intérêt du
décisionnel autour de la valeur de la SpO2 (Fig. 1).
monitorage a été identifié dans les années 1990 et le standard des
Chez un patient sous oxygène, une SpO2 supérieure à 95 %
années 2000 impose un monitorage, en particulier de la SpO2 .
n’élimine pas une hypoventilation alvéolaire, même sévère. Cela
Cela concerne l’endoscopie digestive [19] , la radiologie et la car-
s’explique facilement par l’équation des gaz alvéolaires : PaO2
diologie interventionnelle [20] .
(pression artérielle de l’oxygène) = PiO2 –PaCO2 (pression artérielle
La surveillance de la SpO2 en SSPI est une exigence réglemen-
de dioxyde de carbone)/R où PiO2 est le produit de la FiO2 (fraction
taire. La poursuite de cette surveillance au cours des premières
inspirée d’oxygène) par la pression atmosphérique et R est le quo-
24 heures apparaît nécessaire dans les situations à risque :
tient respiratoire. En appliquant cette équation, l’augmentation
chirurgie lourde, chirurgie oto-rhino-laryngologique ou stomato-
de la PaCO2 de 40 à 80 mmHg induit une hypoxémie chez le
logique, apnée du sommeil, obésité, même en l’absence d’apnée
patient respirant de l’air (PaO2 = 60 mmHg) alors que la PaO2 reste
du sommeil identifiée [21] , et comorbidité. Cette surveillance est
supérieure à 100 mmHg lorsque le gaz inspiré est enrichi en O2
d’autant plus indiquée que le patient est sédaté et/ou reçoit de
(FiO2 à 0,3) (Fig. 2).
la morphine [22] . La simple surveillance infirmière discontinue
est insuffisante pour identifier une dépression respiratoire liée au
opiacés en postopératoire [23] . Un événement indésirable est le plus « Pleth variability index » (PVI)
souvent précédé de signes avant-coureurs qui sont identifiés par
la surveillance instrumentale [24] . Dans une étude prospective [25] Les variations respiratoires de l’amplitude de forme d’onde
comparant l’oxymétrie de pouls en continu à une surveillance pléthysmographique de l’oxymètre de pouls sont sensibles aux

EMC - Anesthésie-Réanimation 3
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changements de précharge et peuvent prédire la réponse au reste inférieure à 150 mmHg. Au-delà de ce seuil, la toxicité de
remplissage chez les patients ventilés mécaniquement [26] . La sur- l’hyperoxie a été prouvée.
veillance du PVI est un indicateur simple à acquérir, même si sa
fiabilité n’est pas excellente. Il peut faire partie d’un arsenal de
surveillance en association avec d’autres instruments de monito-
rage.
 Capnographie
Ce paramètre est utile pour tester précocement l’installation Techniques de mesure du CO2
d’une anesthésie locorégionale : péridurale [27] ou bloc périphé-
rique [28] . Il a été également proposé pour tester la profondeur L’absorption infrarouge a supplanté les autres techniques de
d’anesthésie en pédiatrie [29] . Néanmoins, ces études concernent mesure. Le CO2 absorbe une lumière lorsque sa longueur d’onde
peu de patients et des travaux plus solides sont nécessaires pour est proche de 4,3 nm. Les capnographes aspiratifs sont utilisés
proposer en routine cette surveillance. dans la quasi-totalité des cas. Le débit d’aspiration est compris
entre 30 et 500 ml par minute et il est d’usage de réinjecter les gaz
analysés dans le circuit d’anesthésie les gaz analysés. La tubulure
« Oxygen reserve index » (ORI) d’aspiration est relativement longue et cela induit un décalage
entre les courbes de pression et celles du CO2 . Les capnographes
La courbe de dissociation de l’oxyhémoglobine est approxima-
miniaturisés (microstream) ont un débit d’aspiration plus faible
tivement sigmoïde. Pour une valeur de PaO2 égale à 70 mmHg,
grâce à l’utilisation d’une lumière infrarouge de longueur d’onde
l’oxymètre de pouls peut afficher une SpO2 égale à 98 %. La valeur
étroite. Leurs faibles encombrements les rendent utiles en pédia-
affichée de SpO2 commence à baisser franchement quand la PaO2
trie [33] , pendant les transports et en surveillance postopératoire.
chute en dessous de 70 mmHg [30] . Par ailleurs, après désaturation
Leurs performances sont proches des capnographes classiques en
lorsque l’apport d’O2 est rétabli, il faut attendre plusieurs dizaines
ventilation contrôlée et meilleures en ventilation spontanée [34] .
de secondes avant que la SpO2 amorce une remontée [31] ; pen-
Ils requièrent les mêmes contraintes de mesure et d’entretien que
dant ce temps, la saturation en O2 continue de chuter. La marge
les capnographes classiques.
de sécurité est donc faible et il est courant de fixer le seuil d’alarme
Le monitorage du CO2 s’interprète à deux niveaux : l’analyse
autour de 92 % pour éviter une chute de l’apport en O2 aux tissus.
de la courbe et celle des variations du CO2 de fin d’expiration
Pour pallier ce problème, un traitement spécifique du signal
(PetCO2 [pression de fin d’expiration en dioxyde de carbone]).
mesuré par la diode émettant dans le rouge a été mis au point.
Il permet de calculer l’ORI qui représente l’état des réserves en
oxygène tissulaire avec trois implications : Analyse de la courbe du CO2 : capnigramme
• une alerte précoce sur les réserves en O2 avant que la SpO2 baisse
franchement ; La forme du capnigramme sous ventilation mécanique est qua-
• une estimation de la PaO2 pour des SpO2 supérieures à 98 % afin siment rectangulaire : le plateau inspiratoire est horizontal au
de prévenir sur le risque d’hyperoxie. Une valeur d’ORI supé- niveau de la valeur 0 : une valeur plus élevée indique une réin-
rieure à 0,24 évalue la PaO2 supérieure ou égale à 100 mmHg halation (Fig. 3). Le plateau expiratoire est horizontal lorsque la
quand la SpO2 est supérieure à 98 %. Un ORI supérieur à 0,55 distribution du rapport ventilation/perfusion est homogène. Une
prédit une PaO2 supérieure ou égale à 150 mmHg ; fréquence respiratoire supérieure à 25 fait disparaître ce plateau car
• l’ORI identifie les variations de PaO2 entre 100 et 200 mmHg. la réponse en fréquence du système de mesure est habituellement
Au-delà de 200 mmHg, l’ORI et la PaO2 ne sont plus corrélés. limitée à cette valeur. Dans le contexte de tachypnée, la valeur
Ce principe a été appliqué lors de l’induction à séquence de PiO2 est supérieure à zéro. Certains capnographes utilisés en
rapide [32] . La surveillance de l’ORI a permis d’alerter sur la baisse pédiatrie ont de meilleures performances pour pouvoir mesurer
des réserves en O2 30 secondes avant le début de la chute de le CO2 expiré jusqu’à des fréquences respiratoires de l’ordre de 31
SpO2 . Le suivi de ce paramètre s’est également avéré utile lors par minute [35] . L’observation de la forme de la courbe donne des
de l’induction anesthésique en pédiatrie, de la ventilation uni- informations sur la qualité de la mesure et permet d’identifier des
pulmonaire et la titration du débit d’oxygène afin que la PaO2 altérations de la ventilation :

Plateau expiration PetCO2

CO2 40 mmHg

Capnigramme

PiCO2
0

Paw 20 cmH2O Inspiration Expiration

10
Pression voies
aériennes

Figure 3. Capnigramme normal sous ventilation en pression positive. L’observation de la forme de la courbe donne des informations sur la qualité de la
mesure et permet d’identifier des altérations de la ventilation (encombrement, désadaptation, qualité du rapport ventilation/perfusion). Deux paramètres
sont dérivés de cette mesure : la PiCO2 (fraction de dioxyde ce carbone dans l’air inspiré) mesurée pendant l’inspiration qui est un excellent reflet du bon
fonctionnement du circuit de ventilation et de la capacité de la chaux sodée ; la PetCO2 (pression de fin d’expiration en dioxyde de carbone) qui est un reflet
de la PaCO2 (pression artérielle de dioxyde carbone) lorsque le gradient alvéoloartériel est peu élevé.

4 EMC - Anesthésie-Réanimation
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Vitesse balayage : 12,5 mm s–1


CO2 40 mmHg

Capnigramme

Paw 20 cmH2O Vitesse balayage : 12,5 mm s–1

10
Pression voies
aériennes

Figure 4. Désadaptation du patient. L’irrégularité du capnigramme expiratoire est un signe précoce de désadaptation.

Paw 30 cmH2O Vitesse balayage : 12,5 mm s–1

15

Pression voies
0 aériennes

Vitesse balayage : 12,5 mm s–1


CO2 40 mmHg

Capnigramme

Pas de plateau expiration


Figure 5. Capnigramme sous ventilation contrôlée chez un patient insuffisant respiratoire. Il n’y a pas de plateau à l’expiration et le gradient PaCO2
(pression artérielle de dioxyde carbone)-PetCO2 (pression de fin d’expiration en dioxyde de carbone) est élevé.

• encombrement lorsque la phase expiratoire est animée simple car le gradient qui les sépare n’est pas négligeable et varie
d’irrégularités ; d’un patient à l’autre et pour un même patient d’un moment à
• désadaptation lorsqu’il existe une incisure sur la partie expira- l’autre. Ce gradient est majoré par l’inhomogénéité des rapports
toire (Fig. 4) ; ventilation perfusion comme celle observée en décubitus latéral
• qualité du rapport ventilation/perfusion lorsque le plateau expi- sous ventilation mécanique [37] . Il est majoré en cas de pathologie
ratoire n’est pas horizontal (Fig. 5). respiratoire chronique ou aiguë ; dans ce contexte, il n’est pas
Le capnigramme en ventilation spontanée est bien différent et possible d’évaluer la PaCO2 à partir de la PetCO2 . Néanmoins,
l’absence de plateau expiratoire est habituelle (Fig. 6). De plus, même sur des poumons pathologiques, ce monitorage aide à la
l’amplitude du volume courant variant à chaque cycle, la pres- mise en sécurité de la ventilation (encombrement bronchique,
sion téléexpiratoire en CO2 varie également d’un cycle à l’autre. extubation accidentelle, accident hémodynamique entre autres).
Une ventilation superficielle comme celle observée lors d’une La surveillance de la PetCO2 est utile au cours de la réanima-
induction aux halogénés s’accompagne d’une baisse de PetCO2 tion de l’arrêt cardiaque [38] . La valeur de PetCO2 est plus élevée
par majoration de l’espace mort. Dans ce contexte, le gradient chez les patients dont l’activité cardiaque va reprendre. Au cours
alvéoloartériel en CO2 augmente et masque des hypoventilations de l’arrêt cardiaque prolongé, une valeur inférieure à 10 mmHg
parfois sévères [36] . est constamment associée à un mauvais pronostic. Une élévation
Le changement de la chaux sodée contenu dans le canister du rapide du CO2 expiré au cours de la réanimation indique une
circuit filtre se fait plutôt sur la valeur de PiCO2 lorsqu’elle atteint 3 reprise de la circulation sanguine.
à 4 mmHg. Cette méthode est plus économique et plus fiable que Quatre facteurs font varier la PetCO2 et l’analyse contextuelle
l’observation simple de la couleur de la chaux sodée lorsqu’elle permet d’en déterminer les causes :
vire au violet. • la production de CO2 est directement en relation avec l’activité
métabolique. Chez le patient anesthésié où l’activité musculaire
Mesure de la PetCO2 est faible, le déterminant principal de l’activité métabolique
est la température centrale. Il existe une relation quasi linéaire
La mesure continue de la PetCO2 a pour objectif principal d’être entre température et production de CO2 et la ventilation
le reflet de la PaCO2 . La relation entre PaCO2 et PetCO2 n’est pas minute est adaptée en conséquence ;

EMC - Anesthésie-Réanimation 5
36-382-A-10  Oxymétrie et capnométrie

Figure 6. Capnigramme en ventilation spontanée. Dans la


Vitesse balayage : 12,5 mm s–1
majorité des cas, il n’y a pas de plateau expiratoire. L’amplitude
de Vt variant d’un cycle à l’autre, la valeur de la PetCO2 (pres-
sion de fin d’expiration en dioxyde de carbone) varie.

Capnigramme

Vitesse balayage : 12,5 mm s–1

Pression voies
aériennes

Vitesse balayage : 12,5 mm s–1

Débit

• la quantité de CO2 capable de diffuser dans les alvéoles dépend Tableau 2.


du débit de CO2 arrivant à l’échangeur pulmonaire et donc du Circonstances au cours desquelles est observée une pression de fin
débit cardiaque. S’il n’existe pas de relation linéaire entre varia- d’expiration en dioxyde de carbone (PetCO2 ) basse ou élevée. La vitesse
tion de PetCO2 et débit cardiaque, le sens des variations n’est du changement de valeurs de PetCO2 oriente le diagnostic : une variation
jamais pris en défaut. La vitesse de variation de PetCO2 est paral- rapide est plutôt en faveur d’une cause hémodynamique.
lèle à celle du débit cardiaque ; une baisse brutale de PetCO2 PetCO2 basse (< 35 mmHg) PetCO2 élevée (> 45 mmHg)
est hautement évocatrice d’un problème hémodynamique aigu.
Ainsi, la valeur de PetCO2 au cours du choc allergique est le Hyperventilation en particulier Réglage inadéquat du
meilleur indicateur de la gravité du choc ; il invite à injecter pendant la ventilation manuelle ou la respirateur
rapidement de l’adrénaline [39] . La variation de la PetCO2 prédit ventilation en aide inspiratoire mal Dépression respiratoire
la réponse à la modification de précharge que ce soit par le lever réglée Augmentation de la
Augmentation de l’espace mort (la production de CO2
de jambe (variation > 2 mmHg [40] ) ou le remplissage de 500 ml
PaCO2 peut être normale) (hyperthermie, frissons)
avec une variation de plus de 5,8 % [41] . Une élévation parallèle
Fréquence respiratoire élevée Levée de garrot ou déclampage
du débit cardiaque et de la PetCO2 a également été décrite lors
(> 25–30 min–1 ) aortique ou hépatique
du traitement par un vasopresseur de l’hypotension artérielle Dilution des gaz expirés par les gaz Perfusion de bicarbonate
par un vasopresseur [42] ; inspirés ou l’oxygénothérapie Insufflation intrapéritonéale
• l’élimination pulmonaire du CO2 est proportionnelle à la ven- Baisse de la production de CO2 de CO2
tilation alvéolaire. La cinétique de variation de la PaCO2 en (hypothermie) Panne de machine ou de
fonction de la ventilation est plus lente que celle liée aux varia- Baisse brutale du débit cardiaque circuit d’anesthésie
tions hémodynamiques ; (embolie gazeuse, hémorragie, etc.)
• l’amplitude du gradient PaCO2 -PetCO2 dépend de l’importance
du volume de l’espace mort alvéolaire. Les alvéoles ventilés et PaCO2 : pression artérielle de dioxyde de carbone.
non perfusés ne se chargent pas en CO2 au cours du cycle res-
piratoire. Le gaz expiré à partir de ces alvéoles dépourvus en
CO2 va diluer celui qui provient des alvéoles ayant participé aux La lecture de l’évolution de la courbe de tendance de PetCO2
échanges gazeux. Toute augmentation de l’espace mort conduit est très utile. Elle permet de tenir compte de la vitesse d’évolution
à une majoration du gradient ; cela est utilisé dans le diagnostic des valeurs de PiCO2 et de PetCO2 . Une variation lente est le
de l’embolie pulmonaire. Néanmoins, l’existence d’atélectasies plus souvent en relation avec un niveau de ventilation excessif
comme celles qui compliquent le pneumopéritoine majore ce ou insuffisant ; une variation rapide est plutôt en faveur d’une
gradient et témoigne de l’hétérogénéité de la distribution du cause hémodynamique. Une PetCO2 basse s’observe dans de nom-
rapport ventilation perfusion [43] . Dans de rares situations, la breuses situations (Tableau 2). Il est important de maintenir la
PetCO2 peut être supérieure à la PaCO2 lorsque le temps expi- valeur de PetCO2 à une valeur stable entre 36 et 44 mmHg. Une
ratoire est long : en apnée, le PACO2 se rapproche de la PvCO2 . valeur inférieure à 35 et a fortiori à 30 mmHg est dangereuse car
En pédiatrie où les battements cardiaques améliorent la dif- l’hypocapnie :
fusion intra-alvéolaire, la PACO2 prend également une valeur • diminue le débit cardiaque ;
moyenne entre la PaCO2 et la PvCO2 . • altère l’autorégulation du débit cérébral et coronarien ;
Le premier intérêt de la capnographie est la vérification immé- • potentialise les agents hypnotiques ;
diate de la bonne position de la sonde d’intubation. En cas • majore la toxicité pulmonaire de l’oxygène.
d’intubation œsophagienne, il est possible d’obtenir un capno- Sous anesthésie générale bloquant l’activité sympathique,
gramme en relation avec le CO2 contenu dans l’estomac mais l’hypercapnie est mieux tolérée. Elle reconnaît de nombreuses
celui-ci s’épuise rapidement après quelques cycles. causes (Tableau 2).

6 EMC - Anesthésie-Réanimation
Oxymétrie et capnométrie  36-382-A-10

Vitesse balayage : 12,5 mm s–1


CO2 40 mmHg

Capnigramme

Paw 80 cmH2O Vitesse balayage : 12,5 mm s–1

40
Pression voies
aériennes

Figure 7. Les oscillations cardiogéniques sont produites par les mouvements gazeux induits lors de la sortie du volume d’éjection systolique de la cage
thoracique. Il peut être compté comme un cycle respiratoire, faussant ainsi les valeurs de fréquence respiratoire et de PetCO2 (pression de fin d’expiration en
dioxyde de carbone) affichées.

sant, sans fuite. L’absence de capnigramme est liée à la présence


% de fuites et prédit un échec de la manœuvre [45] .
5- En dehors d’une panne de la machine d’anesthésie, il est décon-
seillé d’utiliser le circuit accessoire pour ventiler un patient au
masque facial car la surveillance des pressions et des volumes
n’est pas possible. D’aucun pourrait penser que cette surveillance
0 est superflue et que l’expérience et la sensation tactile de la ven-
tilation manuelle sont suffisantes pour assurer une ventilation
alvéolaire adéquate et des pressions d’insufflation correctes. Cela
Figure 8. Cet aspect est typique d’une fuite sur la ligne de prélèvement. vient d’être démentie dans une étude montrant qu’en l’absence
Il ne s’observe néanmoins pas systématiquement. Une fuite peut effondrer de monitorage la ventilation manuelle au masque conduit 76 %
la valeur affichée de PetCO2 (pression de fin d’expiration en dioxyde de de cliniciens à hyperventiler les enfants ; après deux minutes de
carbone) conduisant à mal régler le respirateur ou à envisager un bas débit ventilation, la PetCO2 moyenne est de 27 mmHg [26–29] (moyenne
cardiaque. Tous les capnimètres ne détectent pas la fuite sur la ligne de valeurs extrêmes) en comparaison avec 35 mmHg [30–42] chez les
prélèvement. enfants monitorés [46] .
La surveillance du volume expiré et des pressions permet de
mieux positionner ses mains pour améliorer la subluxation man-
Pièges de la capnographie dibulaire et ainsi de ventiler avec des pressions d’insufflation
plus faibles [47] . Ce point est important car l’insufflation œsopha-
Ils sont identifiés le plus souvent par l’analyse de la courbe du gienne est d’autant plus fréquente et importante que la pression
CO2 . L’artefact cardiaque est un piège classique que l’on rencontre d’insufflation est élevée.
surtout dans les dépressions respiratoires : à chaque systole, le
volume d’éjection sort du thorax en créant une baisse de pres-
sion intrathoracique qui réalise un appel d’air dans la trachée. Ces
mouvements d’air modifient le capnigramme avec des oscillations Monitorage de la ventilation spontanée
synchrones de la systole (Fig. 7). Le gradient entre la PaCO2 et la PetCO2 se situe autour de
Il est des cas où il est impossible d’aspirer les gaz respiratoires à 3,6 mmHg en ventilation spontanée [36] et est directement en
travers le filtre du circuit patient. Le prélèvement se fait directe- relation avec l’espace mort (Vd [espace mort]/Vt [volume cou-
ment dans la trachée à partir d’un cathéter, d’un masque ou dans rant insufflé]). Il est également très influencé par l’irrégularité des
les narines. Des filtres spécifiques sont installés sur la ligne de cycles respiratoires (Fig. 9). La surveillance de la PiCO2 est utile
prélèvement afin d’empêcher les sécrétions d’obstruer cette ligne. pour identifier une réinhalation de CO2 en relation avec un débit
Une fuite sur la ligne de prélèvements dilue les gaz aspirés et de gaz frais insuffisant ou un espace mort trop important.
sous-estime de façon majeure la PetCO2 . L’aspect de la courbe La sédation entraîne des épisodes d’apnées, le plus souvent
montré à la Figure 8 est pathognomonique mais inconstant. Cette d’origine obstructive. Reconnues tardivement ou ignorées, ces
fuite n’est pas toujours identifiée pendant l’autotest du moniteur. apnées peuvent être responsables d’épisodes de désaturation aux
L’humidité altère la performance des analyseurs et doit être conséquences fâcheuses. C’est la raison pour laquelle, les sociétés
combattue : changement de la ligne de prélèvement, vidage du savantes nord-américaines ont imposé le monitorage capnogra-
piège à eau, aspiration sur la partie machine du filtre antibacté- phique pour tout acte sous sédation sur un patient non intubé. En
rien. La maintenance de ces moniteurs est réglementaire et il est réponse au nombre croissant de données probantes en faveur du
de la responsabilité des cliniciens de faire exécuter ces opérations rôle de la capnographie pour faire baisser les épisodes d’hypoxie au
au rythme préconisé par le fabricant [44] . cours de la sédation, l’American Society of Anesthesiologists (ASA)
a amendé ses normes de surveillance de base en octobre 2010 pour
y inclure l’évaluation de la ventilation par capnographie au cours
Monitorage de la ventilation au cours de la sédation modérée à profonde. Cet amendement stipule qu’au
de l’induction « cours de la sédation modérée à profonde, la qualité de la ventila-
tion est évaluée par une observation continue des signes cliniques
Une fraction expirée en O2 égale à 90 % témoigne d’une pré- qualitatifs et par la surveillance du CO2 expiré » [48] .
oxygénation réussie. Pendant la préoxygénation, la présence d’un Cette recommandation a été reprise par les Anglais en 2011 [49]
capnigramme ample indique que le volume courant est satisfai- puis par les Canadiens en 2012 qui ont précisé la limite à partir de

EMC - Anesthésie-Réanimation 7
36-382-A-10  Oxymétrie et capnométrie

Paw 30 cmH2O Vitesse balayage : 12,5 mm s–1

15
Pression voies
aériennes
0

Vitesse balayage : 12,5 mm s–1


Impact.

Vitesse balayage : 12,5 mm s–1


CO2 40 mmHg

Capnigramme

Figure 9. L’irrégularité du capnigramme fausse la valeur de PetCO2 (pression de fin d’expiration en dioxyde de carbone), masquant ainsi une éventuelle
hypoventilation alvéolaire.

laquelle cette surveillance devient obligatoire : le monitorage de la


capnographie doit être utilisé quand les patients nécessitent une
« stimulation sonore puissante » ou une « stimulation physique » Fréquence
pour déclencher une « réaction vive ». Ce point essentiel a fait respiratoire
l’objet d’un rappel dans le journal canadien d’anesthésie [4] .
Ainsi, le seul fait de monitorer la ventilation minute
ou le CO2 expiré réduit le nombre d’épisodes d’apnée et Épisode de bradypnée
d’hypoventilation [50] . Ce fait a été confirmé dans une autre étude
prospective randomisée où la surveillance de la ventilation par
bio-impédance diminuait l’incidence de la dépression respiratoire PetCO2
de 15,3 % versus 7,1 % [51] .
La capnographie en ventilation spontanée est devenue aisée
grâce aux lignes de prélèvements qui s’intègrent aux lunettes ou
au masque d’O2 . Une méta-analyse a bien montré que l’utilisation
de ce monitorage réduisait l’incidence des désaturations sévères
Figure 10. Courbes de tendance de la valeur de la fréquence respira-
(SpO2 < 85 %) ou moyennes (SpO2 entre 85 et 90 %) [52] .
toire (en haut) et de celle de la PetCO2 (pression de fin d’expiration en
Cette étude a rassemblé des articles rapportant des protocoles
dioxyde de carbone) mesurées par un capnimètre (en bas) chez un patient
d’anesthésie variés et une incidence de la dépression respiratoire
obèse en postopératoire. Lors des épisodes de bradypnée, la valeur de
variable d’une étude à l’autre. L’irrégularité des valeurs de PetCO2
PetCO2 diminue ; la baisse du volume courant induit une baisse de la
et des valeurs basses sont prédictives d’événements respiratoires ;
PetCO2 par augmentation de l’effet espace mort.
ces deux signes doivent alerter l’anesthésiste-réanimateur sur
l’éventualité d’un problème respiratoire [53] . Une polémique s’est
engagée sur l’intérêt médicoéconomique de la capnographie au
cours de la sédation. Dans une étude au cours des endosco- sion respiratoire après injection de midazolam 2 mg alors que ces
pies digestives sur des patients ASA 1, le nombre d’épisodes patients restaient vigiles [58] .
d’apnée identifiés n’était pas suffisamment élevé pour justifier la La comparaison entre monitorage de la ventilation par
dépense [54] . Cette conclusion a été formellement contredite en bio-impédance et capnographie est plutôt en faveur de la bio-
étudiant ce monitorage sur une population incluant des patients impédance. En effet, une réduction importante du Vt induit une
à risque : cette surveillance identifie un événement indésirable baisse de la PetCO2 par un effet espace mort [56] . Plus le volume
pour sept patients surveillés et une complication patente pour courant est faible, plus la valeur de PetCO2 est basse, masquant
591 patients monitorés [55] . ainsi une éventuelle hypercapnie (Fig. 9). Comme cela a déjà
La ventilation minute peut être surveillée par la mesure de été précédemment noté, la dépression respiratoire est facilement
l’impédance thoracique. Cette méthode est désormais validée identifiée par la lecture de l’écran qui met en évidence l’irrégularité
dans le contexte de l’anesthésie [56] . Elle permet en effet de quan- des cycles (Fig. 8). Il est possible de mesurer la fréquence respira-
tifier la ventilation chez la personne obèse dont on sait qu’elle toire chez un patient non intubé par la mesure acoustique du flux
est plus élevée et plus variable que chez le sujet de corpulence aérien au niveau cervical. Un capteur adhésif appliqué en regard
normale [57] . Dans le cadre de la surveillance de l’anesthésie pour du larynx détecte les signaux acoustiques produits par les turbu-
endoscopie digestive, son emploi réduit la fréquence des apnées de lences du débit d’air dans les voies aériennes supérieures lors de
moitié et leur durée (64 % du temps en apnée versus 84 %) [6] . Chez l’inspiration et de l’expiration. L’appareil affiche ainsi une mesure
le sujet âgé, la bio-impédance a permis d’identifier une dépres- continue de la fréquence respiratoire. Ce monitorage a été validé

8 EMC - Anesthésie-Réanimation
Oxymétrie et capnométrie  36-382-A-10

“ Point important
Information au patient en cas de monitorage postopératoire prolongé
Madame, monsieur,
De par les risques liés à votre chirurgie, vos antécédents et les traitements contre la douleur (morphine), vous allez être surveillé en
continu.
Pour ce faire, deux paramètres vont être mesurés :
• le pourcentage d’oxygène dans votre sang appelé saturation en oxygène. Un capteur émettant de la lumière rouge est fixé à
l’extrémité de l’un de vos doigts (plus rarement sur le lobe de votre oreille ou sur votre front). La valeur de ce pourcentage est
affichée en continu sur l’écran du moniteur. Si ce pourcentage chute en dessous d’un certain niveau fixé par le médecin, une alarme
retentit. Vérifiez que votre sonde à oxygène est bien positionnée. Devant cette alarme, l’infirmière vérifie la position du capteur,
l’administration d’oxygène et/ou adapte le débit d’oxygène pour faire remonter la saturation. Ces alarmes sonnent également en
cas de problèmes techniques de mesure : déplacement du capteur, mouvement, par exemple ;
• le gaz carbonique (CO2 ) dans le volume expiré au cours du cycle ventilatoire. Ces gaz expirés sont aspirés à travers une tubulure
fixée à votre bouche ou vos narines. La valeur de CO2 expiré et la fréquence respiratoire sont affichées sur l’écran du moniteur. En
cas d’apnée (ralentissement de la fréquence respiratoire) ou de dépassement de la valeur du CO2 expiré, une alarme retentit. Vérifiez
que le capteur est correctement placé. Si tel est le cas, respirez amplement pour rétablir votre ventilation. L’apnée peut être liée à
l’administration de morphine qui, dans certaines circonstances, ralentit la fréquence respiratoire. Elle peut être liée à une obstruction
des voies aériennes pendant votre sommeil (comme pour l’apnée du sommeil). Parfois, l’alarme retentit pour une raison technique ;
dans ce cas, l’infirmière refixe le capteur et vérifie que le tuyau d’aspiration n’est pas bouché.

récemment et est assez simple à mettre en œuvre, en particulier Au-delà des premières heures postopératoires, la capnographie
pendant la phase postopératoire [59] . Il est mieux toléré que le a été proposée pour surveiller des patients à risque : obésité,
masque mesurant le CO2 expiré et plus précis que la mesure par syndrome d’apnée du sommeil, morphine en analgésie contrô-
impédance [60] . lée par le patient par exemple. La capnographie semble plus
efficace que l’oxymétrie de pouls pour détecter la dépression res-
piratoire car la désaturation survient tardivement au cours d’une
Monitorage du patient pendant l’anesthésie dépression respiratoire induite par les opiacés, en particulier chez
un patient recevant de l’oxygène (Fig. 2). Une méta-analyse des
À partir du moment où un patient reçoit un hypnotique ou un études comparant ces deux techniques [25] révèle que les chances
morphinique, il doit être surveillé par un capnographe. L’exigence de reconnaître une dépression respiratoire induite par les opioïdes
est la même pour les salles où sont pratiquées des anesthésies sont 5,8 fois plus importantes dans le groupe capnographie que
locorégionales car le recours à la ventilation mécanique et à dans le groupe oxymétrie de pouls (OR : 5,83 ; IC 95 % : 3,54–9,63 ;
l’intubation est toujours possible en cas de complication. Il est p < 0,00001, indicateur I2 : 0 %) [25] . La présence de nombreuses
essentiel que l’ensemble des salles d’opération chirurgicale ou non fausses alarmes limite l’intérêt de ce monitorage qui devient
chirurgicale soit équipé de capnographe fonctionnel. Une gestion gênant pour le patient et les soignants [67] . L’apnée est bien iden-
rigoureuse du parc et de la qualité des appareils est essentielle. tifiée par une baisse de la fréquence respiratoire visualisée sur la
Pour pallier tout imprévu, des moniteurs de réserve parfaitement courbe de tendance. La PetCO2 baisse pendant ces apnées à cause
opérationnels doivent être disponibles en permanence [61] . de l’augmentation de l’effet espace mort (Fig. 10). La capnographie
alerte plus tardivement d’une apnée que la mesure directe de la
ventilation [68] . Dans ce contexte, il semble que la méthode acous-
Monitorage du patient en fin d’anesthésie tique soit mieux tolérée que la capnographie au masque [60] et
qu’elle soit mieux interprétée que l’impédancemétrie [69] . Au-delà
L’absence de surveillance des patients sédatés en fin de l’aspect métrologique, ce monitorage de la fréquence respi-
d’anesthésie est responsable de complications graves qui sont pré- ratoire suppose un changement des organisations (algorithme
venues par la détection précoce de l’apnée par la capnographie [62] . décisionnel) et une formation spécifique des soignants [70] et des
Cela est une des conclusions de l’audit (the Fourth National Audit patients.
Project of the Royal College of Anaesthetists and the Difficult
Airway Society) qui a recensé les complications de l’intubation
et de l’extubation au niveau national [62] . Lorsque le réveil est
fait sur table, le monitorage est maintenu après l’extubation. La  Conclusion
présence d’un capnigramme atteste de la bonne perméabilité des
voies aériennes. La fermeture glottique postextubation est mise Le monitorage est un élément essentiel de la sécurité anes-
en évidence très rapidement lorsque l’on applique le masque thésique qui concerne l’ensemble du processus anesthésique. Il
facial pour visualiser la présence de CO2 expiré. Ce simple geste permet d’alerter précocement d’un événement avant l’apparition
diminue l’incidence des arrêts cardiaques en pédiatrie [63] . Confir- de conséquences cliniques fâcheuses. Initialement imposé uni-
mation a été donnée dans une étude sur 26 arrêts cardiaques en quement pour les patients ventilés, la plupart des sociétés savantes
pédiatrie. La grande majorité aurait pu être prévenue par une recommandent fortement l’utilisation du monitorage respiratoire
surveillance de la capnographie après l’extubation en salle ou chez le patient non intubé : lors des sédations plus ou moins pro-
pendant le transport et dès l’arrivée en SSPI lorsque l’extubation fondes et au décours de l’extubation, pendant le transport vers la
était différée [64] . Ce point est important et la Société canadienne SSPI et même en SSPI. La France n’a pas encore édicté de telles
d’anesthésie recommande vivement la surveillance respiratoire recommandations mais chacun doit penser à mettre en place ces
après l’extubation, et surtout pendant le transport en SSPI [4] . éléments de sécurité. Pour certains patients, le risque de désatu-
Le monitorage prolongé de la SpO2 est particulièrement utile ration persiste au-delà de la sortie de SSPI. Cela pose le problème
pour la surveillance postopératoire des patients atteints d’apnée de la surveillance instrumentale de ces patients dans les services
obstructive [65] . Pour cette population de patients, l’adjonction d’hospitalisation. La limitation du nombre de fausses alarmes et
d’une surveillance du CO2 permet d’identifier des épisodes une organisation adaptée devraient permettre de surveiller ces
d’hypoventilation alvéolaire sous oxygénothérapie [66] . patients le temps nécessaire.

EMC - Anesthésie-Réanimation 9
36-382-A-10  Oxymétrie et capnométrie

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J.-L. Bourgain, Consultant anesthésiste, membre permanent du conseil scientifique de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé
([email protected]).
51, rue Tolstoï, 94800 Villejuif, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Bourgain JL. Oxymétrie et capnométrie. EMC - Anesthésie-Réanimation 2021;41(1):1-11 [Article
36-382-A-10].

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