8 La Question de L'empathie.
8 La Question de L'empathie.
8 La Question de L'empathie.
Ces récifs ménagent un port, assez profond pour toutes les nefs qui sont
OBJECTIF : confronter les premières pages du journal de Christophe Colomb au chapitre V du en la Chértienté, et dont l’entrée est fort étroite. Il est vrai de dire qu’une
Supplément au voyage de Bougainville (Denis Diderot, 1796). fois en cette enceinte on trouve quelques bas-fonds, mais la mer ne s’y
meut pas plus que l’eau dans un puits. Pour voir tout cela, je partis ce
matin afin de pouvoir donner relation de tout cela à Vos Altesses, et
aussi pour rechercher un endroit où se pourrait construire une forteresse.
Et j’ai vu une langue de terre où il y avait six maisons et qui semble une
île, bien qu’elle ne le soit point mais pourrait le devenir par l’effort de
Bartolomé de las CASAS, Histoire des Indes, 1875-1876 (posthume).1 deux jours. Toutefois, je n’en vois pas la nécessité, parce que ces gens
[récit du vendredi 12 octobre 1492] sont fort simples en matières d’armes, comme le verront Vos Altesses
par les sept que je fis prendre pour les emmener, leur apprendre notre
langue puis les renvoyer ; bien que, quand Vos Altesses l’ordonneraient,
À deux heures après minuit, la terre parut, distante de deux lieues. Ils Elles pourraient les faire tous mener en Castille ou les garder captifs dans
carguèrent2 les voiles, ne gardant que le tréou, qui est la grande voile sans cette même île, parce qu’avec cinquante hommes Elles les tendraient
bonnettes, puis se mirent en panne, temporisant jusqu’au jour du tous en sujétion7 et feraient d’eux tout ce qu’Elles pourraent vouloir.
vendredi où ils arrivèrent à une petite île des Lucayes qui, dans la langue
des Indiens, s’appelait Guanahani.
Alors ils virent des gens nus, et l’Amiral se rendit à terre dans sa barque
armée avec Martín Alonso Pinzón et Vicente Yáñez, son frère, qui était Christophe COLOMB, Journal de bord, lundi 12 novembre 1492.
capitaine de la Niña. L’Amiral déploya la bannière royale, et les capitaines
deux de ses étendards à croix verte que l’Amiral avait pour emblème sur
tous les navires et qui portaient un F et un Y 3 surmontés chacun d’une Ils sont crédules ; ils savent qu’il y a un Dieu dans le ciel et restent
couronne, une lettre d’un côté de la croix et l’autre de l’autre côté. persuadés que nous sommes venus de là. Ils sont très prompts à dire
Arrivés à terre, ils virent des arbres très verts et beaucoup d’eau et des quelque prière que nous leur enseignons et font le signe de la croix. Ainsi
fruits de diverses espèces. L’Amiral appela les deux capitaines 4 et tous Vos Altesses8 doivent se déterminer à en faire des chrétiens, et je crois
ceux qui sautèrent à terre, et Rodrigo de Escovedo, notaire de toute que, si l’on commence, en très peu de temps Vos Altesses parviendront
l’armada, et Rodrigo Sánchez de Segovia, et il leur demanda de lui rendre à convertir à notre Sainte Foi une multitude de peuples en gagnant de
foi et témoignage de ce que, lui, par-devant tous, prenait possession de grandes seigneuries et richesses ainsi que tous les peuples d’Espagne,
ladite île – comme de fait il en prit possession – au nom du Roi et de la parce que sans aucun doute il y a dans ces terres de grandes masses d’or.
Reine5, ses Seigneurs, faisant les protestations requises comme plus au
long il se voit dans les actes qui furent dressés là par écrit.
Que Vos Altesses croient que, dans le monde entier, il ne peut y avoir
de gens meilleurs ni plus paisibles. Vos Altesses doivent avoir grand-joie
parce que bientôt Elles en auront fait des chrétiens et les auront instruits
en les bonnes coutumes de leurs royaumes. Il ne peut y avoir meilleurs
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Le cacique Guacanagari, souverain de Marien. En apprenant la nouvelle de l’échouage de la Santa María dans la baie de La Navidad.