Eglise Dans La Liturgie
Eglise Dans La Liturgie
Eglise Dans La Liturgie
DANS LA LITURGIE
CONFÉRENCES SAINT-SERGE
XXVI" SEMAINE D'ÉTUDES LITURGIQUES
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TABLE DES MATIÈRES
Page
Présentation (TRIACCA A.M.) VII
ANDRONIKOF c., Le ciel et la terre 1
ARRANZ M., Christologie et ecclésologie des prières
pour les malades de l'Euchologe slave du Sinaï . 19
BRANISTE E., Eglise et liturgie dans la "Mystagogie» de
Saint Maxime le Confesseur 67
COTHENET E., L'Eglise, épouse du Christ (Eph 5; Apoc
19 et 21) 81
DALMAIS L-H., L'Eglise icône du " Mystère »: la" Mystago-
gie» de S. Maxime le Confesseur, une ecclésiologie
liturgique 107
Dl1BARLE A.-M., L'Eglise de l'Ancienne Alliance dans
la liturgie de l'Ancien Testament . 119
HRUBY KH., Le peuple de Dieu dans la liturgie juive 129
KNIAZEFF A., L'Eglise de l'Ancienne Alliance et la liturgie
byzantine 143
KOl1LOMZINE N., L'Eglise - Temple de l'Esprit Saint. 167
LANNE E., L'intercession pour l'Eglise dans la Prière Eucha-
ristique . 183
MELIA E., Les Diptyques liturgiques et leur signification
ecclésiologique . 209
OZOLINE N., Quelques images relatives à la célébration pri-
mitive de la Cinquantaine Pascale 231
ROSE A., Les Psaumes de l'Eglise dans la liturgie . 255
THEoDoRou E., La phénoménologie des relations entre
l'Eglise et la Liturgie . 275
VI TABLE DES MATIÈRES
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\
Page
TRIACCA A.l\r1., ({ Ecclesia Mater omnium vivt;tium »: litur-
gie ambrosienne et ecclésiologie universelle 295
WALTER C., L'Eglise dans les programmes monumentaux
de l'art byzantin 325
WEBB D., La doctrine de l'Eglise dans les hymnes de
l'Eglise . 335
ZELLWEGER E., La vision de l'Eglise qui se dégage de la
liturgie des Eglises Réformées de Suisse Alémanique 363
Appendice:
THEODOROU E., L'unité et le pluralisme liturgique 377
PRÉSENTATION
5 CCI' Gestes el paroles dans les diverses familles liturgiques (Roma 1978)
352 pp.
6 D.B. BOITE, Le vingt-cinquième anniversaire des Conférences Sain.t Serge
de Paris (27-30 juin 1978). La liturgie expression de la foi, dans: QuestiullS
Liturgiques 60 (1979) 221-226. L'expression à la p. 225.
7 La première fois remonte à la XXII" Semainc d'Etudes Liturgiqucs, Paris
30 juin·3 juillet 1975. Voir A.M. TRIACCA, Presel1laziol1e, à: Liturgie de ['Eglise
particulière et liturgie de l'Eglise universelle (Roma 1976) 9-10.
B Cfr P.-M. Gy, Dom Bernard Botte (1893-1980), dans: Notitiae nr. 164, 16
(1980) 123·124.
PRÉSENT ATlON IX
* * *
* * *
* * *
Dans l'" Ecclesia ", tout reçoit force et grâce de l'action litur-
gique et tout est orienté vers la Sainte Liturgie. Celle-ci est le
point de départ, la force génératrice, la source d'énergie vitale,
et simultanément le point d'arrivée vers lequel tend toute activité
de l' (c Ecclesia ).
L'on peut comprendre ainsi comment entre la liturgie locale
et ['« Ecclesia universalis », il y ait un rapport intime.
L'Eglise est le signe concret de l'action salvifique du Christ,
elle est le lieu où l'on peut constater l'oeuvre rénovatrice d~
XII A. M. TRIACCA
Pâques du Seigneur
Achille M. TRIACCA
LE CIEL ET LA TERRE
plir. C'est ainsi, par exemple, qu'ils expriment leur joie com-
mune à célébrer la Mère de Dieu: «A ton sujet, tout le créé se
réjouit, le choeur angélique et le genre humain" (Lit. de S. Ba-
sile, après la consécration).
Inutile de rappeler les très nombreux passages doxologiques,
repris par des versets, prokimènes ou antiennes des liturgies an-
tiochienne, byzantine etc., sur le modèle de: «Le ciel et la terre
sont remplis de ta gloire" (Ps 8,113,148; Is. 6) ou encore: « (Dieu)
a fait le ciel et la terre. Le ciel est à Dieu, et la terre, il l'a donnée
aux fils d'homme» (Ps. 113,23-24; 115,15-16), mais «la terre est
illuminée par la gloire" (Ez. 43,2) que l'ange irradie (Ap. 18,1).
Ainsi, les anges et les hommes concourent par la louange à « l'éco-
nomie de la plénitude des temps, kairôn" (Eph. I,IO).
Cette liturgie commune, angélanthropique, est couronnée au
triomphe de l'Agneau: {( Toute créature au ciel. sur terre, sous
terre et sur mer, tous les êtres qui s'y trouvent, je les entendis
proclamer: A celui qui siège sur le trône et à l'Agneau, louange,
honneur, gloire et pouvoir pour les siècles des siècles!" (Ap.
V,13). Et encore: {( Louez notre Dieu, vous tous, ses serviteurs,
vous qui le craignez, petits et grands! ". Et comme Jean le Vi-
sionnaire veut adorer l'ange, celui-ci lui dit: «Garde-toi de le
faire! Je suis ton compagnon de service, syndoulos, de toi et de
tes frères qui gardent le témoignage de Jésus" (Ap. XIX,5,1O).
Ici apparaît une autre fonction essentielle où les anges et les
hommes se rejoignent: celle de service.
Mais voyons comment nos textes liturgiques traitent des an-
ges. Sans pouvoir en faire ici un catalogue systématique, nous
allons procéder à quelques sondages pour en dégager les thèmes
les plus significatifs. Ils sont fêtés le 8 novembre, le 6 septembre
(S. Michel), le 26 mars et le 13 juillet (S. Gabriel) et le 11 juin
(fête spéciale à l'Athos). Dans le cycle hebdomadaire, le lundi
est consacré aux anges (au congé de ce jour, l'Eglise prie spé-
cialement pour ({ l'intercession des vénérables et célestes puis·
sances immatérielles ,,). Rappelons à ce propos que si le concile
de Laodicée a condamné (canon 35) le culte de lâtrie, rendu aux
anges, c'est-à-dire l'idolâtrie, il ne l'a pas fait de la «dulie ".
Il convient donc de parler proprement de vénération et non de
culte, Enfin, l'icône des anges est légitime, puisqu'ils ont été
vus par des hommes: cette opinion des Pères a été consignée
au VIIO concile (2° de Nicée, en 787).
4 CONSTANTIN ANDRONIKOF
2 La Ménée indique que cette hymne est d'Arsène. Est-ce le Studite (IX e
siècle) ou celui de Grottaferrata (XI-XII~)?
LE CIEL ET LA TERRE 7
tes! " (canon l, 4' ode; cf. le lendemain, aux apostiches des ma-
tines du vendredi: «Les ordres des anges et des incorporels di-
saient aux puissances d'en-haut ... »). Mais nous n'avons pas à
approfondir ici ce sujet: en dehors de ces mentions, nos textes
ne font qu'énumérer les catégories angéliques, sans toujours
suivre le même ordre, d'ailleurs.
Marquons une fois encore la fonction de rassemblement
ecclésial, que nos textes attribuent aux anges et que remplit
la Mère de Dieu, synthèse créée du ciel et de la terre, mais « plus
glorieuse que les Séraphins »: « Mère de Dieu, source de vie ...
réunis ceux qui te célèbrent, affermis leur assemblée spirituel-
le ... " (canon II, 3' ode, hirmos, lequel, fait rare, est un théoto-
kion). Contempler l'Ascension conduit aussi le ciel et la terre à
vénérer en retour celle qui donna sa chair humaine au Verbe:
« Que tout être né de la terre et portant la lumière" (nouvelle
allusion à ce qui entre dans l'idéal du moine comme dans celui
de tout chrétien), « exulte en esprit, et que la nature des intelli-
gences (noes) immatérielles célèbre en honorant la sainte fête
de la Mère de Dieu ".
Mais au-dessus même des anges et de la Mère de Dieu, qui
vient d'être appelée « source de vie» (une expression basilienne
pour décrire l'Esprit Saint), c'est bien Lui qui est la « cause"
de l'unité liturgique sur la terre comme au ciel, ainsi que le fait
ressortir en particulier l'office des complies du lundi de Pente-
côte: «Paraclet, toi qui donnes aux puissances célestes la grâce
de ton souffle saint, ayant nettoyé les maux de ma raison, étant
bon, emplis-la de ta sainteté" (canon, 1'" ode, de Théophane).
C'est lui, en effet, «co-créateur, en tant que Dieu, des célestes
êtres hypercosmiques », qui « enseigne à clamer sans cesse:
Seigneur, tu es saintl ». L'Esprit Saint, en vertu de sa sainteté
absolue, est l'inspirateur des deux mondes en prière commune.
C'est lui qui est le moteur de la liturgie angélanthropique du
Trisagion et qui nous permet de dire: «Glorifions d'une même
voix avec les choeurs incorporels, en clamant: Seigneur, tu es
saint! " (ib., 3' ode). «Comment les anges diraient-ils "gloire à
Dieu dans les hauteurs" », se demandait Saint Basile, s'ils n'en (c
il y a vénération (et non pas culte), comme pour les saints, qui
revêtent dès ici-bas un aspect angélique.
En raison de ce qui précède, on peut considérer les anges
comme des sortes d'archétypes des transcendantaux: beauté, paix,
harmonie, sagesse '. Ce sont les idées ou les paradigmes du créé
selon la Sagesse divine, et de chaque être humain (hormis la
Vierge), selon Boulgakov. «Le monde angélique contient l'ana-
logue idéique de l'univers créé dans toutes ses parties: la totalité
des idées ou des thèmes créateurs de ce monde existent dans
celui des anges et ne se réalisent que parce qu'il existe. Il est bien
médiateur entre Dieu et le monde, l'échelle qui va de la terre
jusqu'au ciel, sans laquelle notre monde n'aurait pu supporter la
proximité immédiate de Dieu» \). Il y aurait certes eu avantage
à exposer plus complètement la pensée du grand théologien. Con-
tentons-nous de ceci qui nous conduit directement à la liturgie:
« Le monde angélique n'est pas la fin de la création, il en est
le commencement. Il occupe une place intermédiaire entre Dieu
et le monde, en tant que médiation vivante ... Dieu crée les
anges en tant, précisément, qu'anges, c'est-à-dire avec le dessein
d'une création ultérieure, qu'ils vont servir, à savoir: le monde
de l'homme ... En revanche, ce monde-ci n'est pas créé pour
quelque autre monde, il l'est pour soi et en soi, bien qu'il se
tourne vers le monde angélique comme vers son miroir céleste,
et il le suppose» 10.
Le fait est que, de près ou de loin, tous les incorporels sont
des anges, même les Archanges (Gabriel envers Daniel, Zacha-
rie, à l'Annonciation; l'archistratège de Josué, Michel dans l'his-
toire d'Israël, Raphaël envers Tobie ...), même les Séraphins
(la braise dans la bouche d'Isaïe). Et l'Eglise le professe: elle
prie pour ({ l'intercession des vénérables et célestes puissances
non charnelles », comme nous l'avons vu au congé du lundi, au
canon de leur fête; ils sont litl1rgiquement associés à la Mère
de Dieu et à tous les saints (ainsi, un apostiche des vêpres de la
Mi-Pentecôte: « Tes martyrs ... ont reçu les couronnes et, avec
les incorporels, ils prient pour nos âmes», outre les exemples
15 Cf. Grandes Règles U,3; PG XXXI, 913 C: «aggelous epestèken eis phylakèn
kai epimeleian, il nous a envoyé des anges pour nous garder et veiller sur nous »;
et Hom. V sur Hexaaem., PG XXIX, 108 C: 0: tèn phylakèn tôn aggelôn ».
10 Cf. Testamentum Domini l,XXII: «Priez aux heures nocturnes (sans doute
canoniales), car les anges visitent alors l'Eglise ».
17 Cf. cette prière de l'eucologe du prêtre: «A vous, protecteurs et gardiens
de ma vie, moi, indigne, je recours en vous priant »; et cette proposition de
Saint Ambroise: «Obsecrandi sunt angeli pro nobis, qui nobis ad praesidium
dati sunt» (De viduis, IX, 15; PL XVI, 251).
16 .__________C_O_N_S_T_A_N_'T_'_N'--CAccN"D:..:R"'O"N.:.:':..:K:..:O:.:..-F
mesure d'ange, metran anthr6pou, hos estin aggelou » (XXI, 17) ".
Boulgakov, pour sa part, y voit J'indication d'une sorte de sy-
nanthropie des anges et de synangélie de l'homme. En tout état
de cause, noS hymnes posent sans doute possible que «l'Eglise
dans la liturgie» se conçoit nettement eIJe-même comme angé-
lanthropique.
Une autre fonction ecclésiale essentieIJe que remplissent en-
semble le ciel et la terre est la lutte contre les démons. Les an-
ges y prennent une part prédominante, mais tout baptisé, et sur-
tout les moines, y concourent. Le prototype en est le combat
de «Michel et de ses anges» contre « le dragon et ses anges».
Et la sainte Ecriture indique que ceux-ci sont vaincus «par le
sang de l'Agneau et par la parole dont ils ont rendu témoigna-
ge» (Ap. XII,?,! 1). C'est dire que cette guerre est menée par la
puissance des mystères de la révélation et de l'économie du sa-
lut, auxquels correspondent les sacrements du baptême (exor-
cismes, initiation), de l'eucharistie, de la prédication par «le
glaive de la parole », les sacrements de l'ordre et du mariage
(tous deux, notamment, par le service de la justice et le mar-
tyre), du monacat (la prise de « l'ordre angélique »), qui consti-
tuent le coeur même de « l'Eglise dans la liturgie ». Par exceIJen-
ce ainsi, le ciel et la terre concourent à l'économie du Règne.
Après sa chute sur la terre, «il fut donné (au «dragon ») de
faire la guerre aux saints », c'est-à-dire à tous les fidèles; «c'est
ici la persévérance et la foi des saints» (Ap. XIII,?lO), ce qu'un
ange proclame (XIV,12). Les chrétiens sur la terre mènent le
même combat que les anges au ciel. Leurs ministères ici, comme
dans la prière et la glorification, sont parfaitement analogues et
ils sont l'affaire de l'Eglise, tant visible qu'invisible.
Il nous serait difficile d'aIJer au-delà de ces quelques no-
tions que suggère un examen même rapide de cet aspect angé-
lanthropique de « l'Eglise dans la liturgie », car ce qui se passe
au-delà reste maintenant caché dans les profondeurs de Dieu:
« Anthropois men esti kryphion, Theô(i) de monô(i) gnôston» ".
18 Ce que la TOB traduit par: «une mesure humaine que l'ange utilisait »,
cc qui me paraît réduire la portée du texte; cela n'empêche pas cet acribique
ouvrage de noter à propos de la description de la Jérusalem céleste que son
« imagerie Il «comporte aussi quelques applications à la réalité de la commu-
nauté chrétienne» (p. 80B, note g au v. 11).
19 ATHANASE DE PAROS, Epitomè eile syllogè tôn theiôn lès pisleôs dogmatôn,
Leipzig 1806, S. 221.
LE CIEL ET LA TERRE 17
20 Est-il possible d'avancer, a contrario, que les anges des hommes mau-
vais seraient éloignés de Dieu? Si la pureté et la prière rapprochent l'homme
de son ange et celui-ci, de Dieu, le péché creuse leurs distances réciproques.
Rappelons à cet égard que des Pères avaient même été conduits à supposer
que chaque homme est accompagné d'un ange bon et d'un ange mauvais (tels
Hermas: Mand. VI,2,1; PG II,928; Grégoire de Nvsse: Vie de Moïse, PG
XLIV,337,340; Cassien, Coll. VIII,17; PL XLIX,750; cf. la théorie du «démon
gardien» chez ORIGÈNE, Peri Arc11. 111.2.4). «Placé entre ces deux compagnons »,
il dépend de l'homme «de faire triompher l'un ou l'autre» (GRÉGOIRE DE NYSSE,
I.e.). Il y a aussi une liturgie infernale. L'histoire en connaît des cas.
18 CONSTANTIN ANDRONIKOF
Constantin ANDRONIKOF
3 A. DOSTAJ., The Origil1.s of the Slavonie Liturgy, dans Dumbarton Oaks Pa-
pers, Washington 1966, pp. 67-87.
4 L. GEITLER, Euchologium. Glagolski Spomenik Manastira Sinai Brda, Za-
greb 1882.
5 J. FRCEK, El/chologiwn SinaitÎcum. Texte slave avec sources grecques et
traduction française (= R. GR..\FFIN-F. NAü, Patrologia Orientalis, XXIV, 605-
802; XXV, 487-617), Paris 1933 et 1943.
6 R. NAHTlGAI., Euchalogium Sinaiticllm. Starocerkvenoslovenski Glagolski
Spomenik, t. 1: Fotografski Posnetck; t. II: Tekst s Komcntarjem: Ljubliana
1941, 1942. Cf. du même: Razprave, II, Ljubliana 1925, 221-288.
CHRISTOLOGIE ET ECCLÉSIOLOGIE 21
texte slave. Quelques~unes des prières n'en sont pas au vrai sens
du mot, mais plutôt des imprécations contre la fièvre ou le dé-
mon, voire simplement des rubriques. Nous avons numéroté
l'ensemble des textes de 1 à 50.
Nous proposons cette classification des cinquante textes:
1. Prières adressées à Dieu: nn. 2, 8 (prière de l'huile), 31 (priè-
re non presbytérale), 44, (50);
II. Prières au Père: nn. 1 (Père Saint), 3, 4, 6, 19, 30 (prière
privée), 38 (prière double);
III. Prières à Jésus-Christ: nn. 5, 7, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18,20,21,22,23,24,25,26,27,28,34,35,36,37,39,40,41,
42,43;
IV. Imprécations contre la fièvre: nn. 45, 46, 47, 48, 49, 50;
V. Imprécation contre Satan: n. 29 (prière privée);
VI. Rubriques: nn. 32, 33.
Nous allons maintenant tâcher de faire une analyse des
principaux textes de ces prières en dégageant la conception théo-
logique ou plutôt la mentalité ecclésiologique qu'elles supposent
ou qu'elles contiennent plus ou moins explicitement.
Il ne faudra pas sans doute s'attendre à des élucubrations
abstraites, mais à une ecclésiologie réaliste qui suppose le Christ
de l'Evangile toujours agissant en faveur de ses fidèles et cela
par l'intermédiaire du ministre célébrant, sans que toutefois ce-
lui-ci prenne la part du Christ. La plupart des textes supposent
que la prière se fait au milieu de l'assemblée de l'Eglise ou en
tout cas à l'intérieur du temple.
Le titre de certaines prières (nn. 1, 32, 33 et 34) parle du
prêtre (pop) comme de celui qui dit la prière. Quelques prières
sont dites à la première personne du singulier (nn. 26, 28, 29 et 30),
ou du pluriel (n. 31), mai la plupart d'entr'elles semblent être
des prières presbytérales; leur forme aussi les rapproche du
reste des prières de l'Euchologe byzantin. A quelle occasion et
avec quel rite étaient dites ces prières des malades? L'E.5.5.
nous donne lui-même la réponse aux nn. 32 et 33. Il prescrit
un schéma très simple d'Office des malades, avec un prêtre re-
vêtu de la « chasuble" et priant devant l'autel. Mais on ne parle
pas d'onction à cette occasion:
légère; trois jours si elle est grave; un jour si elle est très grave;
jusqu'à l'heure du dîner ou jusqu'à midi si elle est très violente.
Et si son corps retrouve son calme et qu'il recouvre l'esprit,
alors qu'il reçoive du prêtre la prière et qu'il se repente de ses
péchés.
13 F. 708, N. 56.
14 F. 710, N. 57.
15 F. 710, N. 58.
28 MIGUEL ARRANZ
16 F. 712, N. 60.
17 F. 714, N. 62.
CHRISTOLOGIE ET ECCLÉSTOLOGIE 29
18 F 724, N. 73.
30 MIGUEL ARRANZ
19 F. 735, N. 86.
2.0 F. 734, N. 85.
CHRISTOLOGIE ET ECCLÉSIOLOGIE 31
(38a) Guérisseur des malades, toi qui exauces toute prière ...
toi qui nous donnes ton nom
pour traiter toute maladie et toute souffrance,
pour guérir et pour purifier,
toi qui as envoyé ton Fils unique ... Jésus-Christ...
je te prie, Seigneur, oublie mes péchés ...
fais de moi la demeure de ton Saint-Esprit,
qui a guéri tout homme de toute maladie ...
21 F. 735, N. 86.
"F. 736, N. 88.
2:1 F. 741, N. 95.
30 MIGUEL ARRANZ
19 F. 735, N. 86.
20 F. 734, N. 85.
CHRISTOLOGIE ET ECCLÉSIOLOGIE 31
(3Sa) Guérisseur des malades, toi qui exauces toute prière ...
toi qui nous donnes ton nom
pour traiter toute maladie et toute souffrance,
pour guérir et pour purifier,
toi qui as envoyé ton Fils unique ... Jésus-Christ...
je te prie, Seigneur, oublie mes péchés ...
fais de moi la demeure de ton Saint-Esprit,
qui a guéri tout homme de toute maladie ...
21 F. 735, N. 86.
" F. 736, N. 88.
23 F. 741, N. 95.
32 MIGUEL ARRANZ
24 F. 747, N. 104.
CHRISTOLOGIE ET ECCLÉSIOLOGIE 33
25 F. 714, N. 61.
26 F. 712, N. 59.
34 MIGUEL ARRANZ
2~ F. 716, N. 62.
CHRISTOLOGIE ET ECCLÉSIOLOGIE 35
Z9 F. 718, N. 65.
30 F. 719, N. 66.
CHRISTOLOGIE ET ECCLÉSIOLOGIE 37
31 F. 720, N. 67.
"F. 721, N. 68.
33 F. 721, N. 69.
38 l\lIGUEL ARRANZ
N. 17: «prière sur qui est malade d'un flux d'eau» ".
Après six prières (11-16) qui s'inspiraient de la passion de
Jésus, on revient au thème des guérisons opérées par le Seigneur,
34 F. 723, N. 71.
35 F. 724, N. 72.
CHRISTOLOGIE ET ECCLÉSIOLOGIE 39
(17) Toi qui es entré dans la maison d'un chef des Pharisiens ...
qui as dit à ceux qui t'observaient
qu'il est sage et digne de pratiquer le bien (la grâce)
spécialement les jours de fête,
qui a pris le malade souffrant d'hydropisie et l'as guéri:
nous te prions . .. entre maintenant dans ta sainte église
et dans ton serviteur ici présent
qui accomplit ta prescription
(N.B.: le ministre?)
et prends ton serviteur ici présent qui souffre d'un flux,
guéris-le ...
N. 21: " prière sur qui est devenu aveugle. Au moment de fai-
re la prière sur lui, passer le doigt sur ses yeux» "".
Cette prière part de la guérison des deux aveugles; cette fois-
ci c'étaient eux qui appelaient Jésus. Présent aussi le motif de
l'action du ministre qui exécute le commandement du Seigneur.
Le malade, une fois guéri, se mettra à la suite de Jésus, comme
les aveugles de l'Evangile (Mt 9,27 ... ).
SB F. 728, N. 77.
39 F. 728, N. 78.
40 F. 730, N. 79.
CHRISTOLOGIE ET ECCLÉSIOLOGIE 41
Les nn. 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32 et 33 qui suivent, forment
un bloc peu homogène qui interrompt la ligne des prières inspi-
rées de l'Evangile.
N. 26: «prière pour la délivrance d'un homme gros mangeur.
Pour le pardon d'avoir pris un repas abondant et affaiblissant, et
pour qu'un moine puisse s'en relever par le Saint~Esprit n .J.
La prière n. 26 est une prière de caractère privé, dite à la
première personne; son titre, fort obscur d'ailleurs dans sa ré-
daction, peut produire l'hilarité mais le contenu de la prière
est attendrissant. L'homme spirituel se sent esclave de son ven-
tre et demande à Dieu la grâce de la guérison de son mal. Nous
pensons que cette prière possède une note ecclésiale digne d'être
remarquée:
(26) ... moi qui suis entré dans la demeure de ton temple,
moi qui me suis attaché au sceptre de la foi,
41 F. 730, N. 80.
"F. 731, N. 81.
43 F. 732, N. 82.
42 MIGUEL ARRANZ
.. F. 733, N. 83.
4S F. 733, N. 84.
CHRISTOLOGIE ET ECCLÉSIOLOGIE 43
(35) Toi qui es monté sur une civière pour arriver au tombeau
d'où tu es monté aux cieux et t'es assis à la droite du Père,
nous donnant l'exemple de porter aussi sur une civière
les infirmes devant ta face dans ta sainte église,
et de demander ta grâce ...
... fais luire la lumière de ta face sur ton serviteur...
lève maintenant aussi de son lit notre frère malade,
daigne faire qu'il reçoive la santé
et qu'il sorte (en marchant) de ta sainte église ...
46 F. 737. N. 90.
47 F. 738, N. 92.
48 F. 739, N. 93.
44 MIGUEL ARRANZ
49 F. 740, N. 94.
CHRISTOLOGIE ET ECCLÉSIOLOGIE 45
CONCLUSIONS
APPENDICE
(GRAFFIN-NAU, Patrologia Orientalis, v. XXIV, pp. 708-749 [159])
1
PRIÈRE SUR UN MALADE
Le prêtre prie:
Père saint, médecin des âmes et des corps, qui as envoyé ton Fils uni-
que, notre Seigneur et notre Dieu Jésus-Christ, guérissant de toute maladie
et délivrant de la mort, guéris ton serviteur ici présent - dire son nom -
du mal physique qui <l'> accable, par la grâce de ton Christ, et fais-le
50 MIGUEL ARRANZ
vivre pour qu'il te rende selon qu'il t'est agréable par de bonnes œuvres
l'action de grâce qui t'est due.
A haute voix: Car tu as la puissance.
2
DEUXlÈME PRIÈRE POUR LE MÊME OBJET
Toi qui es bon, qui aimes les hommes, Seigneur miséricordieux et très
clément, qui guéris de toute maladie et de toute souffrance, guéris ton
serviteur ici présent et fais-le se lever du lit de souffrance, visite (-le) de
ta grâce et de tes miséricordes. Écarte de lui toute maladie et souffrance,
pour qu'une fois levé grâce à ton bras puissant il te serve avec toute rc-
connaissance, en louant avec nous ton saint nom, Père, Fils et Saint-Esprit,
maintenant, etc.
3
TROISIÈME PRIÈRE POUR LE MÊME OBJET
4
QUATRIÈME PRIÈRE POUR LE MÊME OBJET
5
CINQUIÈME PRIÈRE POUR LE MÊME OBJET
Médecin des âmes et des corps, le Dieu qui par son Esprit ineffable
a porté toutes les maladies de l'humanité ct qui ôte les péchés du monde,
toi qui as chassé toutes les maladies par ton Verbe et qui as fait dispa-
raître par ta volonté, comme des nuages, toute action des ennemis,
tourne-toi vers le désir de tes serviteurs et guéris ce malade, Seigneur;
tends-lui une main charitable et relève-le des accidents de la maladie en
CHRISTOLOGIE ET ECCLÉSIOLOGIE 51
guérissant le mal déclaré ct en corrigeant celui qui ne l'est pas, afin qu'il
guérisse dans son corps et qu'il soit sauvé dans son âme, et qu'il proclame
par de bOlUles œuvres ta miséricorde, en prenant par le repentir le droit
chemin qui mène à ton royaume. Avec lui, guéris aussi nos maux, toi
qui t'es fait homme à cause de nous, dont la nature est inaccessible à la
souffrance et qui es le Dieu qui aime les hommes.
Car tu es le guérisseur de nos âmes et de nos corps, et nous t'adressons
la gloire, au Père, au Fils et <au Saint-Esprit>.
6
STXltME PRIÈRE SUR UN MALADE
Seigneur, Dieu des Puissances, visite nos frères avec ta pitié et tes
miséricordes, aie pitié et accorde-leur la guérison qui vient de toi et la
santé, libère-les de toute souffrance et maladie de l'âme et du corps, en
<les> levant de leur lit impur, en <les> conduisant à ton saint temple
de la prière, en <les> incorporant à ion saint troupeau spirituel, en
Jésus-Christ notre Seigneur, avec qui tu as la gloire et la louange avec le
Père et ton Esprit Saint, maintenant et toujours, etc.
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PRIÈRE SUR CELUI QUI EST COUCHÉ DE LONGUES ANNÉES
8
PRIÈRE SUR L'HUILE POUR OINDRE LE MALADE
9
PRIÈRE SUR UN MALADE ECCLÉSIASTIQUE OU CROYANT
serviteurs indignes; maintenant nous élevons plus fort notre voix pour
notre frère, ton serviteur ici présent: ne l'abandonne pas, Seigneur, aux
injures des insensés, ne (le) condamne pas dans ta fureur et ne nouS
châtie pas dans ta colère, oublie ses péchés et guéris-le de la maladie qui
(le) tient, afin qu'il ne soit pas couvert de honte, lui qui a pris ton nom
pour signe et se glorifie de toi; car tu es notre Dieu miséricordieux, qui
remet les péchés, qui chasse les maladies, les infirmités et les souffrances,
et qui délivre de la mort.
A haute voix: Car ton nom est glorifié, Père, Fils et Saint-<Esprit>.
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PRIÈRE SUR CELUI QUI A UN i\lAL DANS LA BOUCHE OU DANS LES OREILLES
11
PRIÈRE SUR QUI SOUFFRE DE LA TÊTE
12
PRIÈRE POUR TOUTE DOULEUR PIQUANTE ET LANCINANTE
Toi qui as reçu le coup de lance dans ton flanc, tu as brisé toutes les
armes des violents et leur force, tu 2.S détruit et foulé aux pieds tout
démon et toute maladie, Christ notre Dieu; daigne maintenant briser les
armes et la force de cette maladie, celui qui est en elle s'inclinant sous
ton joug - nommer la douleur lancinante - ; vaincs <-la> dans un combat
invisible et foule <-la> aux pieds, et donne la santé à ton serviteur ici
CHRISTOLOGIE ET ECCLÉSIOLOGIE 53
13
PRIÈRE SUR UNE PLAIE SAIGNANTE AU FLANC
Toi qui as versé du sang par la plaie de ton flanc, Christ notre Dieu,
tu as tari toutes les sources du diable et des maladies, et tu as vaincu
toute puissance hostile; toi, Maître, daigne arrêter maintenant la source
de ce sang, et donne à ton serviteur la santé, par la volonté et la grâce
de ton Père céleste qui t'a glorifié.
A haute voix: Car ton nom très saint a été glorifié, Père, Fils et
Saint-Esprit.
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PRIÈRE SUR UN MALADE HYDROPIQUE
Toi qui as versé de l'eau par la plaie de ton flanc, Christ notre Dieu,
tu as noyé toutes les forces hostiles et tu as vaincu tout esprit assoiffé
d'eau et toute maladie qui boit l'eau; daigne maintenant aussi jeter les
regards sur ton serviteur ici présent, et chasse de lui tout esprit qui
provoque la soif, toute maladie qui brûle son corps et ses entrailles, qui
dessèche ses lèvres, qui enflamme son gosier, rafraîchis <-le> de ta
fraîcheur, désaltère-le à la source de ta bonté, loge la santé dans son corps.
A haute voix: Car ton nom est glorifié, Père, Fils et Saint-Esprit,
maintenant, etc.
15
PRIÈRE SUR UN MALADE COUCHÉ ET SUR UN ENFANT
Toi qui as rendu ton très saint esprit sur ta très sainte croix, tu as
détruit la mort et tu as tué toute maladie et toute puissance du diable,
et tu as relevé la mlÙtitude des hommes tombés à cause des péches <de>
leur nature; tu as oublié tous leurs péchés par le fait d'être envoyé par ton
Père céleste, par l'incarnation du Fils unique de Dieu, Christ notre Dieu,
sur l'ordre de ton Père, le Dieu de vérité. Daigne maintenant jeter tes
regards sur ton serviteur ici présent qui est tombé par suite de ses
péchés, qui a été frappé par la maladie, par un coup dont il n'a pas pu
se défendre. Nous te prions, Seigneur, souviens-toi de ta parole qui remet
les péchés sur la terre, remets-lui tous les péchés, les siens et ceux de ses
parents, enlève cette plaie de son corps, remplis-le de santé et revêts-le
de joie à cause de ton incarnation, de ta résurrection, de ton ascension
au Ciel et de la place que tu as prise à la droite du Père. Car tu es celui
qui vit avec le Père dans les demeures célestes, tu es toujours avec tous
ceux qui te prient sur la terre; sois maintenant avec nous en accordant
la guérison à ton serviteur notre frère ici présent, <et> lève-le de son
lit de souffrance.
A haute voix: Car ton très saint nom est glorifié, Père, Fils et
Saint-Esprit.
54 MIGUEL ARRANZ
16
PRIÈRE POUR LES DÉCHIRURES DES MAINS
Toi qui as étendu tes mains sur la croix, par tes paumes clouées tu as
cloué toutes les mains des impies et de tous les démons, par l'arrachement
de tes muscles tu as arraché tous leurs muscles, et par ta souffrance tu as
vaincu toutes leurs puissances. Fils unique de Dieu, Christ notre Dieu,
daigne maintenant clouer les mains de ces déchirures entrées dans ces
mains-ci qui se tendent maintenant vers toi, en déchirant leurs puissances
à elles qui creusent les muscles de ces mains; réjouis ton serviteur ici
présent et guéris ses mains de la maladie qui (les) tient, pour qu'il se
réjouisse dans la joie en recevant avec elles ton très saint corps, et qu'il te
rende la gloire, à toi, au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, etc.
17
PRIÈRE SUR QUI EST MALADE D'UN FLUX D'EAU
Toi qui es entré dans la maison d'un chef des Pharisiens, Christ notre
Dieu, qui as fait à ceux qui t'observaient une prescription sage, <qu'il
convient> de faire toute bonne œuvre tous les jours de fête, qui as pris
le malade souffrant d'hydropisie et l'as guéri; nous te prions, Seigneur,
entre maintenant dans ta sainte église et dans ton serviteur ici présent
qui accomplit ta prescription, et prends ton serviteur ici présent qui
souffre d'un flux, guéris-le de la maladie corporelle qui (le) tient et tire-le
de ce flux comme de la chute <dans le puits>. Car tu es celui qui relève
de la chute celui qui te prie, qui as glorifié ton Père qui t'a envoyé. Que,
relevé par toi, il te rende grâces, au Père, au Fils, etc.
18
PRIÈRE SUR UN SOURD
Quand on veut faire la prière sur lui, lui mettre les doigts dans l'oreille.
Toi qui as reçu le sourd qui t'était amené, tu lui as mis les doigts dans
les oreilles en soupirant et en levant les yeux au ciel, et en disant: «Que
ton oreille s'ouvre », et en lui ouvrant l'oreille; nous te prions, Christ notre
Dieu, jette maintenant les yeux du haut de ton Ciel sur ton serviteur ici
présent qui a été amené devant ta face (et) qui demande ta grâce, et
sur moi, pécheur, ton serviteur, qui accomplis tes commandements, dis ta
parole condescendante ct ouvre ses oreilles, accorde-lui d'entendre ton très
saint évangile et les paroles que tu as établies parmi les hommes. N'hu-
mile pas, Seigneur, celui qui espère en toi devant les fils des hommes, car
c'est toi qui donnes à tous la guérison, et nous t'adressons la gloire, au
Père, au Fils, etc.
19
PRIÈRE SUR LE MALADE DES 'l'EUX
lumière qui ne s'éteint pas, que tu as accordée à ceux qui sont dans
l'obscurité pour les éclairer (en les faisant sortir) des ténèbres de la
perdition (et) de toute possession du mal; nous te prions, Seigneur, jette
les regards sur ton serviteur ici présent qui a recours à toi et qui est
affligé du mal d'obscurité, plongé dans l'ombre épaisse. Console-le par ta
consolation, notre Seigneur Jésus-Christ, lumière qui ne s'éteint pas, or-
donne qu'il sonserve sans aucun dommage la lumière de son obscurité
grâce à l'obscurité de ta lumière, <et> guéris-le de la maladie qui (le)
tient, pour que, vivant dans la lumière, il t'adresse des actions de grâces,
au Père, au Fils, etc.
20
PRIÈRE SUR UN AVEUGLE DE NAISSANCE ET SUR QUI EST DEVENU AVEUGLE
21
PRIÈRE SUR QUI EST DEVENU AVEUGLE
Au moment de faire la prière sur lui, passer le doigt sur ses yeux.
Toi qui as accueilli l'appel des deux aveugles et l'adoration de ceux qui
t'appelaient: « Jésus, Fils de David, aie pitié de nous ~~, et qui, selon leur
foi, leur as ouvert les yeux à tous les deux et les as fait marcher à ta suite;
nous te prions, Seigneur Jésus-Christ Fils de Dieu, reçois la prière et l'ado-
ration de ton serviteur ici présent et de moi, pécheur, qui exécute tes com-
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~~~~~ .. _ - _ . -
MIGUEL ARRANZ
mandements et qui passe mon doigt sur ses yeux, et ouvre ses yeux selon
sa foi, accorde-lui la vue, et fais qu'il marche à ta suite et qu'il te glorifie.
A haute voix: Car ton mon est glorifié, Père et Saint-<Esprit>.
22
PRIÈRE SUR CELUI QU'UN ÉCLAIR PRIVE DE LA VUE OU DONT LES YEUX SE VOILENT
Il doit jeûner.
Toi qui du ciel as éclairé, d'une grande lumière sur la route, au milieu
des ses compagnons, ton apôtre Paul qui n'était pas ton apôtre, mais
(l'envoyé) des grands-prêtres et qui te haïssait, toi et tes apôtres et tous
ceux qui croyaient en toi; qui, par ta lumière éclatante, l'as privé de la vue
et as voilé ses yeux au milieu de ses frères; qui lui parlais de ta voix très
sainte et lui enseignais comment devenir désormais ton apôtre et où recou-
vrer la vue grâce à Ananias, chez qui il arriva, conduit <par la main>, le
troisième jour à Ramas, restant sans boire et sans manger; et comme il
accueillait les prières de ton serviteur Ananias, et quand il l'eut regardé, tu
fis tomber comme des écailles de ses yeux et tu lui donnas la vue et la
science spirituelle et d'<être>savémt en toi, et depuis lors tu as fait de lui
ton apôtre; toi, Maitre, daigne maintenant jeter du Ciel, de tes saintes
demeures, ton regard sur ton serviteur ici présent qui a perdu la vue, dont
les yeux sont voilés, qui est venu trouver celui qui croit en toi; ôte le voile
de ses yeux et donne-lui la vue par ta miséricorde, Seigneur, et ta vérité.
Car tu vis dans les Cieux et tu es assis à la droite de Dieu le Père qui
a créé le ciel et la terre; avec lui et à égalité avec lui nous te glorifions,
Père, Fils et Saint-Espôt, maintenant, etc.
23
PRIÈRE CONTRE TOUTE MALADIE QUI S'ACCROÎT E~ TOUT TEMPS ET SANS CESSE
24
PRIÈRE CONTRE TOUTE SOUfFRANCE DE MALADIE
Toi qui as étendu sur la croix tous tes membres, Christ notre Dieu, tu
as fait plier tous ceux qui ne plient pas et toute souffrance, et tu l'as mise
sous tes pieds; donne la santé à ton serviteur ici présent.
Car ton nom est glorifié, Père, Fils et Saint-<Esprit>.
CHRISTOLOGIE ET ECCLÉSIOLOGIE
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25
PRIÈRE CONTRE TOUTE DOULEUR PIQUANTE ET LANCINANTE DANS LES JAl\I1BES
Seigneur Jésus-Christ notre Dieu, qui as étendu tes jambes sur la croix,
tu as coupé tous les chemins des impies, de tous les démons, de toutes les
maladies et de toutes les souffrances: en ayant tes pieds cloués, tu as cloué
le cœur de tout mal, par la déchirure de tes muscles tu as tué les puissances
de toute mal qui ronge les muscles, et par ta souffrance tu as condamné
toute souffrance. Daigne maintenant clouer le cœur de ce mal qui réside
dans ces jambes, et condamner cette souffrance qui tient ces jambes que
voici debout devant toi; interdis au (mal) toutes les voies qui sont dans
le corps, à travers la chair, dans les muscles et dans les os, ferme sur lui
la porte de son gîte, et accorde la guérison à ton serviteur, pour que, se
glorifiant de toi, il t'adresse la gloire, au Père, au Fils et au Saint-Esprit,
maintenant, etc.
26
PRIÈRE POUR LA DÉLIVRANCE D'UN HOMME GROS MANGEUR, POUR FAIRE PARDONNER ET
AGRÉER LE REPAS ABONDANT QUI <PEUT AGITER>, ET POUR QU'UN MOINE SE
RELÈVE DE CES (FA1BLESSES) AVEC L'AIDE DE L'ESPRIT SAINT
Pour tes grâces et tes miséricordes je dis tes louanges, Seigneur notre
Dieu. Moi qui suis entré dans la demeure de ton temple, moi qui me suis
attaché au sceptre de la foi en toi qui m'as donné de ta main droite ton pain
et ta parole de vérité, préserve-moi de la vie d'infirmité et enseigne-moi
(le chemin) de tous tes commandements pour que j'y marche, guide-moi
sur ta voie juste et conduis-moi à ton Père très haut.
Car ton nom est glorifié Père, Fils et Saint-Esprit.
27
PRIÈRE POUR DÉLIVRER QUELQU'UN DE LA GOUTTE
Seigneur Jésus-Christ notre Dieu, aie pitié de cet homme à qui la goutte
aux 150 griffes fait pousser des cris; qu'elle ne lui cause de dommage ni
aux bras ni aux jambes ni à tout le corps, mais qu'elle s'enroule (sur elle-
même) ct se loge dans un seul lieu.
Très sainte Mère de Dieu, aie pitié et sauve ce serviteur de Dieu, main·
tenant et toujours et dans les siècles, etc.
28
PRIÈRE POUR SE DÉLIVRER DE LA LUXURE ET POUR ÉTOUFFER LA CHAIR, POUR SE
PRÉSEVER DE TOUTE PERSONNE DE LUXURE ET POUR RECEVOlR TOUT COMPAGNON
DE SALUT
Seigneur Jésus-Christ notre Dieu, Fils unique de Dieu, qui par un don
de ton Père as préservé tes apôtres de la luxure, des feux de la luxure, des
pensées de luxure et des regards des fornicatrices, préserve-moi de même,
à l'heure de ton saint Office, de tout ce qui vient d'être dit, pour aider au
salut de mon âme et de mon corps, et de celui-ci libère-moi, qui suis ICI
présent - dire le nom - afin que sans souillure je te rende grâces, au
Père, au Fils et au Saint-<Esprit>.
29
PRIÈRE À DIRE QUAND ON SE COUCHE
Va-t'en, Satan, de cette porte et de ces quatre angles, ici il n'y a pas
de place ni de part pour toi, ici il y a Pierre, ici Paul, ici le saint évangile;
ici je velLX, après avoir fait mon adoration, me coucher au nom du Père et
du Saint-Esprit, maintenant, etc.
30
DEUXIÈME PRIÈRE POUR LE MÊME OBJET
31
TROISIÈME PRIÈRE POUR LE !>,..lÊME OBJET
32
OFFICE l'OUR LES !l.1ALADES
dîner OLt jusqu'à midi si elle est très violente. Et si Son corps retroLtve son
calme et qu'il recouvre l'esprit, alors qu'il 1'eçoive du prêtre la prière et
qu'il se repente de ses péchés.
33
PRIÈRES SUR CEUX QUI SONT MALADES DE DIFFÉRENTES l\lALADIES
34
PRIÈRE SUR TOUT MALADE APPORTÉ i\ L'ÉGLISE
35
PRIÈRE SUR UN MALADE APPORTÉ SUR UNE CIVIÈRE
Toi qui as monté sur une civière pour arriver au tombeau d'où tu as
monté aux Cieux et t'es assis à la droite du Père, nous donnant l'exemple
de porter aussi sur une civière les infirmes devant ta face dans ta sainte
église, et de demander ta grâce, à toi qui as mortifié la mort, qui as montré
la lumière à ceux qui étaient plongés dans l'obscurité, qui as tiré des
ténèbres et de l'ombre de la morte ceux qui y séjournaient; nous te prions,
toi qui aimes les hommes, fais luire la lumière de ta face sur ton serviteur
ici présent, souviens-toi de lui dans l'abondance de tes miséricordes qui
guérissent tout homme et par lesquelles tu as levé une foule d'hommes
du lit des infirmes; lève maintenant aussi de son lit notre frère malade,
60 MIGUEL ARRANZ
daigne faire qu'il reçoive la santé et qu'il sorte (en marchant) de ta sainte
église, donne la gloire à ton saint nom.
A haute voix: Car ton saint nom est glorifié, Père, Fils, etc.
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PRIÈRE SL'R UN HOMME COURBÉ
37
PRIÈRE SVR QUI A UNE MAIN DESSÉCHÉE
38a
PRIÈRE SUR CEUX QUI SOUFFRE~T DE DIFFÉRENTES .à:lALADlES
Guérisseur des malades, toi qui exauces toute prière de ceux qui te
prient, toi qui nous donnes ton nom pour traiter toute maladie et toute
souffrance, pour guérir et pour purifier, toi qui as envoyé ton Fils unique,
notre Seigneur Jésus-Christ, pour nous conduire sur le droit chemin de
t'adorer toi seul, de te glorifier, d'accomplir pour toi seul les actions qui
te plaisent; je te prie, Seigneur, oublie mes péchés, purifie-moi et lave-
moi par ton nom, fais de moi la demeure de ton Saint-Esprit qui a guéri
tout homme de toute maladie, penche ton oreille et entends la voix de ma
prière: jette tes regards sur ton serviteur ici présent qui a recouru à ton
nom, qui s'est incliné sous ta droite sainte, qui te demande la guérison, la
santé et la vie.
Car tu es notre guérison, et ta volonté est notre santé, et ta miséricorde
notre vic; et nous t'adressons la gloire, au Père, etc.
CHRISTOLOGIE ET ECCLÉSIOLOGIE 61
38b
Le malade, toujours incliné, se tient debout, et le prêtre recommence à
prier en invoquant le Saint-Esprit qui guérit de toute souffrance, de
toute blessure et de toute lésion:
Au nom de ton Fils unique, notre Seigneur Jésus-Christ, je te prie et
supplie, Seigneur Dieu de vérité: fais descendre en moi ton Saint-Esprit
qui guérit tout homme de toute chose, de toute lésion et blessure, de toute
maladie, de toute lèpre, de tout mal et de toute souffrance, et donne-lui
tous tes pouvoirs de commander la guérison dont tu as déjà donné des
exemples sur la terre par ton Christ notre Dieu; car je suis ta demeure:
que, sortant par ma porte, ton Saint-Esprit, envoyé par toi, et ta puissance
guérissent ton serviteur ici présent qui incline sa nuque devant toi, qu'il
te glorifie, toi et ton Fils qui a été sur la terre, et qu'il soit lui-même
glorifié par ton nom.
A haute voix: Car tu es celui qui vit dans les Cieux, et parmi les
Dominations tu ne mépriseras pas l'homme qui te prie et qui t'<adresse>
la gloire, etc.
Il encense l'autel et dit la prière: Nous apportons l'encens devant toi,
Seigneur, etc.
39
PRIÈRE POUR TOUTE MALADIE QUI CHEMINE À TRAVERS (LE CaRPS DE) QUELQU'UN
Toi qui as étendu ton corps. Christ notre Dieu, tu as barré le chemin
à toute malignité qui chemine sur la terre, et à toute maladie qui chemine
par le corps, à travers la chair, dans l'intérieur des muscles. Maître, daigne
maintenant barrer tous chemins à cette maladie-ci - nommer par son nom
la souffrance qui en ce moment chemine par le corps du malade présenté
et par ses membres -; maintenant qu'elle se tient devant toi, interdis-lui
tous les chemins et tous les sentiers, ne lui laisse pas ravager le corps ni
les membres ni les muscles, ni s'approcher de son âme (= du malade), fais
qu'elle s'endorme, sur ton ordre, dans son gîte, ferme sur elle la porte de
son gîte, et accorde à ton serviteur ici présent la santé pour de longues
années; afin que, vivant en bonne santé, il te rendre grâces, au Père, au Fils
et au Saint-Esprit.
40
PRIÈRE SUR QUELOU'UN QUI TIST MALADE DE BOIRE DES BOISSONS FERMENTÉES
41
PRIÈRE SUR TOUTE PERSONNE QUI A PERDU L'USAGE DE LA PAROLE, SUR UN MALADE
QUI A UNE EXTINCTION DE VOIX, ET SUR L'ESPRIT DU B~GA1EMENT
Par ton silence quand tu étais cloué sur la croix, Christ notre Dieu, tu
as vaincu toutes les paroles des démons, tout esprit muet et tout mal muet
qui fait taire la parole, et tout esprit du bégaiement. Maître, daigne main-
tenant jeter tes regards sur ton serviteur ici présent, chasser de lui ...
(nommer ce dont il s'agit) et le vaincre, et accorde-lui la santé en lui donnant
une voix claire.
Car ton très saint nom est glorifié, Père, Fils <et> Saint-Esprit.
42
DEUXIÈME PRIÈRE POUR LE MÊME OBJET
Toi qui d'un grand cri, quand tu étais sur la croix, as crié vers ton Père
céleste, le Très Haut, le cri: « Dieu, Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?)},
qui nous donnais l'exemple de te glorifier d'un grand cri dans la douleur et
dans la souffrance et d'invoquer ton très saint nom, Père, Fils et Saint-
Esprit, nous te prions, Seigneur, et nous crions vers toi: délivre du <mal>
ton serviteur ici présent, et des liens du diable; accorde-lui ton grand cri
pour crier vers toi et pour te glorifier avec le Père et le Saint-Esprit,
maintenant et toujours, etc.
43
PRIÈRE SUR Qur A LES <JAMBES> DESSÉCHÉES
Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, qui t'es nommé le Fils <du> Père,
qui as appelé à toi tes douze disciples et leur as donné la domination et le
pouvoir sur tous les démons et de guérir toutes les maladies des malades
et des infirmes, qui as accordé à ton apôtre Pierre de faire lever l'impotent
en ton nom et de rendre fermes ses jambes, à lui qui était impotent dès le
ventre de sa mère et qui n'avait jamais marché; nous te prions, Jésus-Christ
notre Dieu, accorde-nous, à nous qui sommes les successeurs de tes saints
apôtres, de faire lever en ton nom <ce malade-ci>, ton serviteur, notre
frère; fais descendre sur lui ta grâce, et rends fermes ses jambes. Ne nous
couvre pas de honte, nous qui nous glorifions de toi, qui faisons en ton nom
des dons inestimables, car rien n'est plus précieux que cette vie; en sorte
que, guéri par toi, il te rende grâces, Père, Fils et Saint-<Esprit>.
44
PRIÈRE SUR DE NOMBREUX MALADES ET SUR CELUI QUI EST SECOUÉ PAR
UNE FIÈVRE QUI FAIT CLAQUER DES DENTS
Que celui qui est atteint de la fièvre prenne vers le soir un peu de
bouillie de gruau, et de l'eau le troisième jour, mais très peu, qu'il ne
CHRISTOLOGIE ET ECCLÉSIOLOGIE 63
prenlle pas d'aliments cOllsistants. Et dès que la fièvre l'aura quitté, qu'il
allume trois cierges à l'église, et s'il est aisé qu'il donne à l'église ou aux
pauvres au nom du Seigneur.
Dieu créateur, qui as parlé dans le nuage à Moïse ton prophète, dans
l'agitation de l'orage, pendant la tempête, tandis que les hommes souffraient
d'un grand froid, que la terre tremblait, que le <Sinal"> tressaillait, toi qui
as multiplié le bruit des pierres et la fumée, qui touches les montagnes et
les fais fumer, qui chasses de ton peuple toute impiété et places en lui
toute foi juste; Maître, Seigneur, fais descendre maintenant ta parole et
chasse de ton serviteur que voici cette fièvre qui ressemble à un démon,
qui saisit par moments comme un démon, qui ravit l'eau, qui produit
une secousse de tempête dans son corps, qui glace sa chair, qui secoue tous
ses membres, qui fait claquer ses dents; à elle qui afflige son âme,
<interdis> tous les instants (des fièvres) qui saisissent furtivement,
toutes les heures et tous les temps, défends-lui toutes le voies d'accès,
ferme-lui toutes les voies d'accès, taris la source d'où elle sort, interdis-lui
toute prise d'où elle prend sa force, et établis la santé dans le (malade).
A haute voix: Car ton nom est glorifié, Père, Fils, etc.
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PRIÈRE SUR TOUTE PERSONNE AGITÉE PAR LA FIÈVRE
46
PRIÈRE SUR QUI EST AGITÉ PAR LA FIÈVRE LE SOIR
47
PRIÈRE SUR QUI EST AGITÉ PAR LA FIÈVRE LA NUIT
joue, et qu'ils ont emmené dans la cour de Caïphe, devant Caïphe; que
ses disciples ont fui; contre qui les grands-prêtres ont cherché un grief
de mort, un faux témoin pour dire: ({ <Cct homme a dit: > Je détruirai
le temple de Dieu et le rebâtirai en trois jours }); que <le> grand-prêtre
adjurait par le Dieu vivant, en lui disant: « Est-ce toi le Fils de Dieu? »;
qui a répondu: « Tu l'as dit; mais moi je dIS que vous verrez le Fils de
l'homme allant au Ciel sur les nuées ct assis à la droite de la puissance »;
auquel les Juifs ont craché au visage, et il l'ont violenté et l'ont frappé à
la joue en disant: « Apprends-nous, Christ, qui est celui qui t'a frappé »;
qui est resté debout au tribunal, brutalisé et interrogé pendant toute la
nuit froide dans la cour de Caïphe; que Pierre a vu violenter, se tenant
lui-même près du feue?), et dans tous les lieux il (le) renia trois fois cette
nuit-là avant le chant du coq; qui a agréé le repentir, après le chant du
coq, de son disciple saint Pierre. Lui qui s'est tenu debout pendant
toute la nuit, servant son Père céleste, le Dieu tout-puissant qui crée la
puissance, il est le vainqueur de tout démon de la nuit, il est le vainqueur
de toute souffrance nocturne, il est le vainqueur de toutes tes (fièvres) et
de toi-même qui cs entrée maintenant dans le corps que voici, fièvre,
maladie méprisée par la grâce du Dieu immortel. Il te commande de sortir
de son serviteur que voici, agréant son repentir comme (il a agréé) le
repentir de Pierre. Sors de lui avec toutes tes (fièvres) et avec tous tes
désirs, et sans retour vers lui. Car il te refuse les voies de passage et tous
les sentiers, il te ferme toute porte d'accès, il établit la santé, il donne
la gloire à <son> saint nom, avec le Père et le Fils, maintenant et
toujours, etc.
48
PRIÈRE SUR QUT EST AGITÉ PAR LA FIÈVRE AU MATIN
chasse, lui qui a été chargé de liens dans le conseil du matin, ct il donne
la santé à son serviteur que voici.
Car il est glorifié par le Père et le Saint-Esprit, maintenant et toujours
et dans <les siècles des siècles. Amen>.
66 MIGUEL ARRANZ
49
PRIÈRE SUR QUI EST AGITÉ PAR LA FIÈVRE À TROIS HEURES
50
PRIÈRE SUR QUI EST AGITÉ PAR LA FIi!VRE À MIDI
Seigneur, je rends grâces, je pose ma main sur ton serviteur que voici,
et je te conjure, fièvre de midi, par le nom du Seigneur: crains-le, lui
à qui on disait: « Si tu es le Fils de Dieu, lève-toi maintenant de cette
croix, et nous croyons en toi». Fièvre qui es en cet homme, crains le
Seigneur, et mortifie-toi; lui que le larron a craint, et il a dit: « Souviens-
toi de moi, Seigneur, dans ton royaume»; quand il était sur la croix, le
soleil a obscurci son éclat; lui qui sur la croix a jeté un cri vers Dieu, qui
a été humecté du vinaigre de l'éponge, qui a été percé sur la croix par la
lance et qui a répandu par sa blessure de l'eau et du sang, qui a dit:
« Dieu, garde mon esprit », qui a incliné la tête sur la croix; au moment
où il a rendu l'âme, la terre a tremblé, les pierres se sont fendues, le
voile du temple s'est déchiré, les tombeaux se SOilt ouverts, les corps des
morts se sont apprêtés; devant qui le centenier s'est effrayé ainsi que
tous ceux qui étaient avec lui, à qui ils ont dit: «Celui-ci est en vérité le
Fils de Dieu». Et toi, fièvre, plus que quiconque, crains le Seigneur,
tremble, enfuis-toi de ce serviteur du Seigneur, et va-t'en de lui.
A haute voix: Car lc nom du Père, du Fils <et du Saint-Esprit> est
glorifié.
FIN DES PRIÈRES DES MALADES !JE L'EUCHOLOGE SLAVE DU SINAÏ
Miguel ARRANZ
ÉGLISE ET LITURGIE
DANS LA " MYSTAGOGIE» DE SAINT MAXIME LE CONFESSEUR
3 Texte grec dans J.P. MIGNE, P.G., t. XC-XCI (1860); - Commentaires sur les
oeuvres du Pseudo-Denys l'Aréopagite: ibid., t. IV, col. 15-432, 527-576; Le Com-
put ecclés., ibid., t. XIX, col. 1217-1280 (parmi les oeuvres d'Eusèbe de Césa-
rée). - Etudes: F. CAYRÉ, op. cit., p. 302-309; V. GRUMEL, op. cU.; Hans Urs VON
BALTHASAR, op. cit.; P. SHERWOOD, a.S.B., An annotated date - liste of the Works
0/ Maximus C0I1tessor, Roma 1952 (« Studia Anselmiana», fase. XXX); B. ALTA-
NER, ZU den Schriften und zur Lehre des heiligen Maximus Confessor, dans «Theo-
logische Revue» (Münster), 41 (1942), nr. 3-4, p. 49-54: Gr. MATHIEU, Travaux
préparatoires à une éditian critique des oeuvres de St. Maxime le Confesseur
(Dissert.), Louvain 1957.
4 Texte grec J.P. MIGNE, P.G., t. XCI, col. 657-718. - Trad. française par Mme
LOT-BoRODINE, dans «Irénikon », t. XIII, XIV, XV (1936-1938): - Trad. roumaine
par Pro Prof. D. STANILOAE, dans «Revista Teologiea D (Sibiu), an. 1944, nr. 3-4,
7-8, sous le titre Le Cosmos et ['âme images de l'Eglise. - Trad. en grec moderne
par Tgnalios SAl\ALlS: La Mystagogie de Saint Maxime le Confesseur, avec intro-
duction - commentaire par Prof. D. STANILOAE, Athènes 1973. - Trad. allemande
par Hans Urs VON BALTHASAR, Kosmische Liturgie. Das Weltbild Maximus des
Bekenners, Zweite Auf!., Einsiedeln 196t, p. 366-407. - Trad. italienne par R. CAN'
HRELLA, San Massimo Confessore. La Mistagogia ed altri scritti, Firenze 1931
(Coll. «Testi Cristiani »).
5 Pour la notion de liturgie (messe), Saint Maxime utilise toujours le terme
i'j ay~1X O'U'JC(~tç = La sainte assemblée (de l'Eglise).
6 Le nom de celui·ci n'est pas indiqué dans le texte de P.G., mais il se trouve
dans certains manuscrits de la Mystagogie (P.G., t. XC, col. 26 et R. BORNERT,
Les commentaires byzantins de la divine liturgie du VIle au XVQ siècle. Paris
1966, p. 86, n. 3). Il pourrait être identifié avec (( l'illustre seigneur Théochari-
!>lOS» mentionné dans l'EpUre 44 de Saint Maxime (P.G., t. XCI, col. 644 D),
qui inlervenait en faveur de Saint Maxime, lorsqu'il se trouvait en exil.
EGLISE ET LITURGIE D'APRÈS S. l\.1AXIME 69
• * •
à une église; car elle est constituée soit par la faculté intel-
lectuelle, qui se meut librement par la volonté, soit par la
faculté vitale, qui se déploie selon la nature.
La dimension contemplative et pratique dépend de la faculté
intellectuelle et s'appelle intelligence ou pensée (voGç), qui consti-
tue le sanctuaire de l'âme; la dimension vitale, qui représente la
nef de l'âme, s'appelle raison (Myoç). La première s'appelle égale-
ment sagesse (cr0'l'["<)' lorsqu'elle est orientée vers Dieu seulement;
l'autre s'appelle aussi prudence ('l'p6v'Ij,,,ç), lorsqu'elle s'oriente
selon l'esprit. La pensée ou sagesse, par la pratique de la
contemplation (6E(Ùp[~), du silence et de la connaissance des
mystères, s'élève vers la vérité ("À~6E'~), son but final, atteignant
une connaissance illimitée et inoubliable (yv;;;",,). Mais la raison
ou prudence, c'est par la pratique du bien (1tp,*~,ç), par la vertu
et par la foi, qu'atteint son but final, le bien (Tb "yot&6v). La vérité
et le bien sont attributs de Dieu. L'âme, se déployant progressi-
vement vers ces entités; s'unit à Dieu par la fortification et
l'établissement (l'habitude) du bien, fondé sur le libre arbitre, car
Dieu est la Vérité infinie et impénétrable autant que le Bien,
dans lequel toute la force de la raison trouve son terme final.
Tout ce qui tient de l'intelligence et en sort progressivement,
l'église visible l'indique par hiérateion (sanctuaire) et tout ce qui
tient de la raison et en sort, par déploiement, elle l'illustre par
la nef. Elle rassemble tout dans le mystère qui s'accomplit sur
l'autel divin (6Ucr,~crT~pLOV) et celui qui le comprend fait de son
âme une véritable église à Dieu. " Car c'est pour l'âme que nous
a été donnée, peut-être, pour son orientation vers les choses d'en
haut, l'église construite par les mains, qui lui est aussi modèle
(prototype, TÙ1tOÇ) par ses différents symboles divins» ".
Dans les chapitres VI et VII de la Mystagogie (col. 684 ss.)
Saint Maxime le Confesseur élargit son interprétation spirituelle
aux Saintes Ecritures; mais sur cette interprétation nous n'insi-
stons pas.
Prenant toujours l'homme comme terme de comparaison,
Saint Maxime affirme que l'univers (le cosmos) tout entier,
formé de choses visibles et de choses invisibles, peut être com-
paré à l'homme, ainsi que l'homme, constitué de corps et d'âme,
peut être appelé un cosmos; et comme dans l'homme l'âme im·
mortelle demeure dans le corps périssable, pareillement il existe
un cosmos intelligible (spirituel), vu avec les yeux de l'intelligence,
* * *
* * *
35 Voir note 4.
38 Voir note 5. - Voir aussi: H.-I. DALMAIS, L'anthropologie spirituelle de
Saint Maxime le Confesseur, dans « Recherches et Débats », 36 (1961), p. 202-211;
IDEM, Le mystère liturgique et la déification dans la « Mystagogie» de St. Maxime
le Confesseur, dans «Epektasis ». Mélanges patristiques offerts au cardinal Jean
Daniélou, Paris 1972, p. 55-62; IDEM, Théologie de l'Eglise et mystère liturgique
dans la Mystagogie de St. Maxime le Confesseur, Paris 1973; Hans Urs VON BAL-
THASAR, Die «Gnostische Centurien» des Maximus Confessor, Freiburg im Br.
1941; L. THUNBERG, Microcosmos and Mediator. The Theological Antrop.Jlogie of
Maximus the Confessor, Lund 1965; MAXIME LE CONFESSEUR, Le Mystère du salut.
Textes traduits et présentés par A. ARGYRION, Introd. par H.-I. DALMAIS, Coll.
« Les écrits des saints », Namur 1964.
L'ÉGLISE, ÉPOUSE DU CHRIST
4 Outre les commcntaiœs, nous avons utilisé principalement les études sui-
vantes: J,A. ROBTLLIARD, «Le symbolisme du mariage selon S. Paul », RSPT 21
(1932), p. 242-247; - P. ANDRIESSEN, «La nouvelle Eve, corps du nouvel Adam",
dans Aux origines de l'Eglise (Rech. Bibl. VII), DDB 1965, p. 87·109: - J. CAMBIER,
« Le grand mystère concernant le Christ et son Eglise. Ephésiens 5,22·33 », dans
Bibl. 47 (1966), p. 43-90; 223-242; - J.P. S.-\MPLEY, And the two shall become one
Flesh (Soc. for New Test. Studies, Monograph Series n. 16), Cambridge 1971.
Nous n'avons pas à traiter ici de l'auteur d'Eph. Qu'il s'agisse d'un secré-
taire écrivant sur les instructions de l'Apôtre ou d'un disciple soucieux de
conserver l'héritage paulinien, l'arrière-plan paulinien est indéniable. Nous nous
efforcerons d'ailleurs d'expliquer avant tout Eph 5,21 sv d'après le contexte
général d'Ephésiens.
L'ÉGLISE, ÉPOUSE DU CHRIST 85
5 L'édition V.B.S. (The Greek New Testament) adopte une autre coupure,
faisant de ces mots la fin de la section précédente (marcher comme des enfants
de lumière, V, 6 à 21). L'inclusion entre en phobô Christau (v. 21) et hina pho-
bètai ton andra (v. 33) constitue un argument très fort pour la coupure adoptée
par la TOB.
6 W. SCHRAGE a mis en valeur la différence d'optique entre la morale familiale
païenne et la morale chrétienne (Ztlr Ethik der neutestamentlichen Haustafell1,
dans NTS 21 [1974/75J, p. 1-22, spécialement p. 125.). Au couple commander
(krateiH) - se soumettre (hypotassein) de la morale traditionnelle, s'appose le
couple aimer (agapall) . se soumettre. Qu'il soit demandé au mari d'aimer et
non de commander transforme du dedans le contenu des relations entre époux!
Pour être équitable dans la comparaison, il faut lire jusqu'au bout la citation
de Plutarque faite par W. Schrage: le mari doit exercer l'autorité comme l'âme
du corps, partageant les mêmes sentiments ct lié par la bienveillance. (Praecepta
Conjugalia nO 23, dans Scripta MoraUa, éd. Firmin Didot, t. L p. 163-173).
86 ÉDOUARD COTHENET
11 Tel est le point de vue le plus habituel dans le Stoïcisme, bien qu'il y
ait des penseurs du Portique admettant une survie limitée dans le temps du
Pneuma personnel. Voir à ce sujet R. HOVEN, Stoïcisme et Stoïciens face au
problème de l'u.u-delà, Paris 1971.
12 La formule ta pan ta, comme refldant une préoccupation de l'ordre cosmi-
que, caractérise Ephésicns: 1,10;11 et 23; III,9: IV,6 (trois fois sans l'article), 10,15.
13 Outre l'art. de Robilliard (cité à la n. 4). voir l'étude fondamentale de R.
GINOUVÈS, Balaneutikè. Recherches sur le bain dans l'Antiquité grecque, Paris
1962, p. 121,265, 421 s. (citation de la p. 422).
90 ÉDOUARD COTHENET
17 Selon certains rabbins, c'est Dieu lui-même qui a joué le rôle de garçon
d'honneur (shoshbîn); pour d'autres, il délégua Michel et Gabriel. Le verbe de
la Genèse banah (Dieu bâtit la côte en femme) évoquait les tresses (banyata),
aussi nous décrit-on la belle coiffure dont Dieu pare la jeune mariée, pour
qu'elle soit présentable (Voir STR.~CK·BILLERBECK, t. l, p. 503 5.; - L. GINSBERG, The
Legends of the Jews, 1909-1947, t. l, p. 58 et t. V, p. 20; . A.-M. DUBhRLE, ({ Paul
ct l'antiféminisme », dans RSPT 60 [1976J, p. 261·280, spécialement p. 276-280).
Paul s'est inspiré de ces traditions en l Cor XI, 2-10.
18 Sur ce texte, voir J. DANIÉLOL", Théologie du Judéo·christianisme, Desc1ée
1958, p. 326 sv. - Nous laissons de côté tous les développements que le gnosti-
cisme a brodés sur le thème de la syzv<Tie Christ-Eglise. Voir H. SCHLlER, Der
Brief an. die Eplœser, 5~ éd., Dusseldorf °1965, p. 264-276, et les mises au point
de J. GKILKA, Der Epheserbrief (Herder 1971), p. 290-294.
94 ÉDOUARD COTHENET
L'ecclésiologie de l'Apocalypse
J. Comb lin a mis en valeur l'importance du témoignage
christologique de l'Apocalypse ": dans un style allégorique,
difficile à saisir pour le lecteur moderne, c'est un des livres du
Nouveau Testament les plus riches sur le mystère de l'Agneau.
L'enseignement sur l'Eglise n'est pas moins important. De grandes
visions permettent de découvrir la nature et la mission de
l'Eglise. Qu'il nous suffise d'en évoquer quelques-unes: consti-
tuée par le reste élu des douze tribus d'Israël, l'Eglise ne se
recrute pas moins dans tous les peuples; une foule innombrable
célèbre dans le ciel la fête des Tentes, en acclamant l'Agneau
vainqueur. La vision des deux témoins au ch. XI signifie la
mission de l'Eglise ": il ne s'agit pas en effet de prophètes indi-
ne sera pas effacé du livre de vie (III, 5). Aux martyrs qui trou-
vent le temps long sous l'autel de Dieu, il est demandé de patienter
un peu, mais comme compensation ils reçoivent déjà la robe
blanche des élus (VI, Il). La foule immense qui célèbre la fête
des Tabernacles porte des robes blanchies dans le sang de
l'Agneau (VII, 14 cf XXII, 14).
Pour comprendre ce symbolisme, il faut se rappeler que
dans le monde antique le vêtement ne protège pas seulement
contre les intempéries; il est signe d'intégration sociale "'. L'in-
vestiture joue un grand rôle tant dans le domaine politique que
religieux. L'apocalyptique juive se plait donc à décrire les vê-
tements célestes qui sont gardés en réserve pour les élus ".
En ce qui concerne Apoc XIX, 7-8, la source directe de la
représentation est à chercher dans les Poèmes de Jérusalem,
insérés dans la 3' partie d'Isaïe. On y retrouve la même fusion
de l'image de la Cité avec celle de la Femme, Epouse ou Mère.
Citons quelques textes significatifs:
« Mon âme exulte à cause de mon Dieu, car il m'a revêtue de
l'habit du salut, il m'a drapée dans le manteau de la justice, tel
un fiancé qui, comme lm prêtre, porte diadème, telle une promise
qui se pare de ses atours» (ls LX1,1O).
CONCLUSION
Edouard COTHENET
L'ÉGLISE ICÔNE DU « MYSTÈRE »:
LA « MYSTAGOGIE» DE S. MAXIME LE CONFESSEUR,
UNE ECCLÉSIOLOGIE LITURGIQUE
et Col. 3,11). C'est Lui qui renferme en Lui toutes choses par
l'unique puissance simple et infiniment sage de sa bonté, comme
le centre pour les lignes droites qui cn émanent; seule cause et
puissance simple et unique, il ne permet pas que les principes
(logoi) des êtres se disjoignent de la périphérie, il circonscrit en un
cercle leur éclatement (ecstasis), il ramène à Lui les distinctions
des êtres créés par Lui, afin que ne soient pas totalement étran-
gères et ennemies les unes des autres les créatures et les oeuvres
du Dieu unique qui n'ont pas de raison ni de but par lesquels
elles montreraient l'une envers l'autre amitié, paix et identité
et qui sont en danger que leur être même tombe dans le nOD-
être en se séparant de Dieu.
Ainsi donc, la sainte Eglise est une icône de Dieu pour autant
qu'elle accomplit entre les croyants la même union que Dieu. Si
différents qu'ils soient par leurs propriétés, leurs différences de
lieux et de modes de vie, les êtres se trouvent unifiés en elle par
la foi. Cette union, Dieu l'accomplit naturellement Lui-même en-
vers les essences des êtres, sans les confondre en atténuant et en
unifiant cc qu'il y a de différent entre elles, ainsi qu'on l'a montré,
par leur rapport et leur union à Lui, cause, principe et fin» (PG
90,665 C - 668 C).
:< Texte traduit et commenté dans: Alain RIOU, Le monde et l'Eglise selon
Maxime le C.:mfesseur (Théologie Historique 22, Paris 1973. p. 105-118).
L'ÉGLISE ICÔNE DU « MYSTÈRE » 115
« Et cela tout d'abord à cause des saints anges qui y sont pré-
sents et notent chaque fois ceux qui entrent et se présentent de-
vant Dieu, faisant pour eux des supplications, et surtout à cause de
la grâce du Saint-Esprit toujours invisiblement présente et sur-
tout d'une manière spéciale au temps de la sainte synaxe, grâce
qui change et transforme chacun de ceux qui y prennent part, le
modelant véritablement selon ce qu'il y a de plus divin en lui et
le conduisant vers ce qui est préfiguré par les mystères qui s'accom-
plissent, même si lui-même ne le sent pas et se trouve encore parmi
ceux qui sont enfants dans le Christ, ne pouvant voir ni la profon-
deur de ce qui s'accomplit, ni la grâce elle-même du salut qui opère
en lui et qui se manifeste par chacun des divins symbo1es qui
s'accomplissent, procédant selon l'ordre et la suite des choses qui
sont plus proches jusqu'à l'achèvement ultime» (ibid., 701 D - 704 A).
L'ÉGLISE ICÔNE nU {( MYSTÈRE » 117
l Ce lien a été plus d'une fois mis en lumière par L. BOUYER, La Bible et
l'Evangile (Lectio divina. nO 8), 1951, voir Appendice III, pp. 255-268: «La prière
dans l'Esprit », dans Communia, II, 5 {sept. 1977), pp. 9-20; «De la liturgie juive
à la liturgie chrétienne », dans Communio, III, 6 (novembre 1978), pp. 45-57. On
peut voir également J.P. AUDET, «Esquisse historique du genre littéraire de la
"Bénédiction" juive et de l'Eucharistie chrétienne », dans Rev. Biblique, 65
(1958), pp. 371·399.
L'ÉGLISE DE L'ANCIENNE ALLIANCE 121
3 Ce texte, signalé par E. Lipinski (p. 36), a été édité par M. BAILLET, «Un
recueil liturgique de Qumrân, grotte 4: "Les paroles des luminaires" ", dans
Rev. Biblique 68 (1961), pp. 195-250; voir surtout pp. 199-210.
124 ANDRÉ-MARIE DUBARLE
5 Luc 22, 20; 1 Cor 11, 25; 2 Cor 3, 6; Héb 8, 8.13; 9, 15. Dans Mat 26, 28
et Mc 14, 24 le contenu de la coupe est appelé seulement {{ mon sang de
l'alliance ». Mais le verset suivant parle d'un vin nouveau à boire dans le
Royaume.
126 ANDRÉ-MARIE DUBARLE
André-Marie DUBARLE
7 Dans L. PASTOR, Geschichte der Pdpste, 1. IV, 2, p. 93; trad. fr. t. IX, p. 103.
8Concilium Tridentinum (édition de la Gorresgesellschaft), t. IV, 1 (1914),
pp. 550-551.
LE PEUPLE DE DIEU DANS LA LITURGIE JUIVE
Et le second texte':
l Ki anû améklta. Rituel de prières de Yom Kippour, tome l, Paris, sans année,
p. 336/38.
Z 'Al Yisraël émûnato. Gebete für den. Versohnungstag, Rüdelheim, 1888, p. 126.
130 KURT HRUBY
En Israël (se manifeste) son Royaume, c'est Israël qui lui est
agréable.
Israël est sa propriété, Israël sa communauté.
Israël est son oeuvre, en Israël (se manifeste) sa bienfaisance.
Sur Israël (repose) sa sainteté, c'est en Israël qu'il est exalté.
Sur Israël (plane) sa Shekhil1ah, en Israël (se manifeste) sa
majesté ».
'lb., p. 103;04.
9 Midrash Rabbah ... me·et Mosheh Aryeh Mirkil1, Wa·yiqra Rabbah, 2ème
édition, Yabneh, Tel·Aviv, 1973, p. 22/23. .
LE PEUPLE DE DIEU DANS LA LITURGIE JUIVE 133
"le Moabite" mais non pas la (femme) moabite H. S'il on veut dire
ainsi, devait-il s'agir d'anciens à cause de la bénédiction (nuptiale)? ..
Etait-il nécessaire, en fonction de cette exégèse, qu'il s'agît de dix
(personnes)? Bien sûr, pour que la chose soit connue ... ».
Kurt HRUBY
2 Chez les Grecs la première parcelle représente les anges; chez les Slaves
elle est déposée à la mémoire de saint Jean le Précurseur.
:1 L'article 'rOÜ a été lu par les traducteurs slaves à la place de utoü génitif de
u{6ç. La leçon grecque est certainement la leçon originale.
~ Le nom du saint du jour est également mentionné au cours de l'anaphore
ellc·même, plus précisément dans les prières d'intercession qui suivent l'épiclèse.
146 ALEXIS KNIAZEFF
6 Tout cela dénote le peu d'influence qu'ont eue sur la pensée religieuse
byzantine et, par là, sur la liturgie byzantine les livres dits deutérocanoniques.
Les références à ces écrits n'apparaissent dans les livres liturgiques orthodoxes
qu'après le XVIe siècle, sans doute par le fait du métropolite de Kiev Pierre
Moghila et de son école. Ainsi J'office pour les voyageurs, que contient la « Kniga
molebnykh pienij » en usage dans l'Eglise russe, se réfère à plusieurs reprises
au livre de Tobie et à la protection dont le héros du livre a été l'objet de la
part de l'ange Raphaël.
L'ÉGLISE DE L'A.T. ET LA LITURGIE BYZANTINE 149
§ 1) LE CYCLE DU TRIODE
que Dieu propose à ceux qui veulent marcher dans ses voies ou
des témoins du Christ, qui annoncent sa venue soit en prophé-
tisant, soit en préfigurant sa vie et sa mort par leurs actes ou
même par toute leur biographie.
Que trouvons-nous il ce propos dans le cycle des Ménées?
C'est dans ce cycle que figurent les offices des saints qui
possédent une fête fixe dans le calendrier liturgique. Il s'agit
donc là d'offices bien personnalisés. Dans quelle mesure le sont
les offices des Ménées composés à la mémoire des justes de
l'Ancien Testament? Commençons par indiquer quelles mémoires
de saints de l'Ancienne Alliance ont leur propre office dans les
Ménées.
a) Les mémoires. On trouve dans les Ménées, tout d'abord,
pour les justes de l'Ancien Testament un assez grand nombre
de fêtes individuelles. En voici la liste, qui suit l'ordre et la clas-
sification des livres saints de la Septante retenue par les Byzan-
tins comme Bible liturgique:
Dans le Pentateuque le cycle des Ménées n'a retenu que les
noms de Moïse, fêté le 4 septembre, et de sa soeur Marianne,
fêteé le 9 juin.
Comme noms retenus des livres dits historiques on trouve
ceux de
Josué fils de Navi, fêté le 1'" septembre;
le prophète Samuel, fêté le 20 août;
le prophète Elie, fêté le 20 juillet;
le prophèté Elisée, fêté le 14 juin;
les sept frères martyrs Machabées, leur mère Salomonie et
leur maître Eléazar, fêtés le 1'" août en même temps que la
Procession de la Sainte, Vénérable et Vivifiante Croix.
Si nous passons aux livres appelés traditionnellement di-
dactiques et qui aujourd'hui sont appelés sapientiaux, noUS ne
trouvons pour ces livres au calendrier des fêtes fixes qu'un seul
nom, celui de Job, dont l'office se place au 6 mai.
156 ALEXIS KNIAZEFF
Ces justes, qui ont souffert le martyre vers 164 av. J.C. sous
Antiochus Epiphane (II Mac 6 et 7) pour leur fidélité à la Loi
juive, sont présentés dans leur office comme des martyrs chré-
tiens. En effet, l'hymnographie de la fêle, tout en rappelant qu'ils
ont été des zélateurs de la Loi de Moïse (canon, 1è," ode) et que
c'est pour cette Lu; qu'ils ont <ouffert (canon, 4' ode, 1" tro-
paire, etc.), affirme également qu'ils sont les souffrants volon-
taires pour le Christ (canon, 3e ode, le,' tropaire) et que c'est du
Christ qu'ils tiennent leurs couronnes (canon, Y ode, 1" tropaire).
Cette assimilation des martyrs machabéens aux martyrs chré-
tiens tient sans doute au fait qu'il s'agit de martyrs. Elle est aussi
liée au fait que le culte des Sept Frères Machabées se répandit
dans l'Eglise jusqu'en Occident, où plusieurs églises leur furent
dédiées. Les grands orateurs chrétiens prononçaient leurs pané-
giriques. Et toute cette vénération n'est pas sans rapport avec
l'élaboration littéraire de II Mac. 7, qui s'est traduite par des
discours de profession de foi mis dans la bouche des protago-
nistes. Le récit appelé " Passion des saints Machabées" eut une
large diffusion et servit de modèle à des Actes de Martyrs. L'écho
de ces discours se retrouve dans l'office du 1er août, comme nous
le voyons dans le doxasticon du lucernaire aux vêpres.
2" La deuxième tendance est celle qui pourrait être qualifiée
de traditionnelle. Elle caractérise l'approche de l'Ancien Testa-
ment chez la plupart des Pères. Elle ressort également de l'uti-
lisation des livres sacrés de l'Ancienne Alliance par la liturgie
de l'Eglise chrétienne. Elle tient compte du sens littéral et de
la réalité historique, mais en même temps elle relève tout ce
qui y annonce ou préfigure le Christ. Dans les Ménées cette
tendance consiste à rapporter les actes ou les paroles des justes
de l'ancien Israël et de présenter ces derniers, lorsque ces actes
ou ces paroles s'y prêtent, comme des hérauts du Christ et de son
Royaume.
Cette tendance est celle qui domine les offices des Diman-
ches des Ancêtres et des Pères, offices qui ont été composés à
dessein pour glorifier les saints Ancêtres du Christ, les Patriarches
et aussi tous ceux qui à divers titres ont annoncé ou préfiguré
le Christ. Ils soulignent la continuité de l'économie divine et
témoignent que Jésus n'est pas venu pour abolir la Loi et les
Prophètes, mais pour racheter l'humanité entière depuis Adam,
pour réaliser la promesse faite à Abraham, pour changer la loi
L'ÉGLISE DE L'A.T. ET LA LITURGIE BYZANTINE 161
bIes et qui s'est tourné vers ce qui est divin et pur pour intercéder
pour le monde (1" tropaire de la 9" ode).
CONCLUSION
17 Ainsi, dans les stichères martyrika que l'on chante aux apostiches pen-
dant la Sainte Quarantaine et qui assimilent aux martyrs tous les saints en
générai. Il en est de même dans le tropaire du Dimanche de tous les saints
(le 1er dimanche après la Pentecôte).
166 ALEXIS KNIAZEFF
Alexis KNIAZEFF
L'ÉGLISE - TEMPLE DE L'ESPRIT SAINT
Il Cor. 3,16.
2 Jean DANIÉLOU, Le signe du Temple ou de la présence de Dieu, Paris 1942.
3 Bertil GARTNER, The Temple and the commtmity in Qumrân and the New
Testament, Cambridge 1965.
4 Oscar CULLMA~N, .L'oppo.sition contre le Temple de Jérusalem, motif com-
mun de la tl1éologze Johannique et du monde ambiant dans New Testament
Studies, V, 1958-59, p. 157-173. J
166 ALEXIS KNIAZEFF
Alexis KNIAZEFF
L'ÉGLISE - TEMPLE DE L'ESPRIT SAINT
1 1 Cor. 3,16.
2 Jean DANIÉLOU, Le signe du Temple ou de la présence de Dieu, Paris 1942.
3 Bertil GiiRTNER, The Temple and the community in Qumrân and the New
Testament, Cambridge 1965.
4 Oscar CŒ;LMA~N, .L'oppo.sition contre le Temple de Jérusalem, motif com-
mun de la theologle Johan11lque et dtl monde ambiant, dans New Testament
Studies, V, 1958-59, p. 157-173.
168 NICOLAS KOULOMZINE
L'ANCIEN TESTAMENT
5 1 Sam. 8.
6 II Sam. 7, 1-17.
7 II Sam. 7, 6-7.
B Lév. 26, 12: «je vivrai» est une traduction d'un mot hébreu qui signifie
marcher de-ci, de-là. Ce terme désigne une présence active de Dieu au milieu
du peuple, plutôt que sa pérégrination avec le peuple.
L'ÉGLISE - TEMPLE DE L'ESPRIT SAINT 169
c=c'-=----_ _ _~2:.:
9 Os. 11,1.
10 Ex. 13,22 et autres.
Il Ex. 20,2I.
12 CONGAR (le père Yves, M.-J.), Le mystère du Temple, Cerf, Paris 1958, p. 24.
13 lér. 7,4.
168 NICOLAS KOULOMZINE
L'ANCIEN TESTAMENT
SI Sam. 8.
fi II Sam. 7, 1-17.
7 Il Sam. 7, 6-7.
B Lév. 26, 12: «je vivrai» est une traduction d'un mot hébreu qui signifie
marcher de-ci, de-là. Ce terme désigne une présence active de Dieu au milieu
du peuple, plutôt que sa pérégrination avec le peuple.
L'ÉGLISE - TEMPLE DE L'ESPRIT SAINT 169
9 Os. 11,l.
10 Ex. 13,22 et autres.
11 Ex. 20,2l.
12 CONGAR (le père Yves, M.·J.), Le mystère du Temple, Cerf, Paris 1958, p. 24.
13 Jér. 7,4.
170 NICOLAS KQULOMZINE
rer leurs vies, leurs oeuvres. (De nos jours, d'ailleurs, n'est pas
absent non plus le danger de confondre présence sacramentelle
avec présence magique).
Au temps de l'épreuve, le prophète Ezéchiel, qui mit tout son
espoir dans la reconstruction du Temple détruit, voit, avant la
destruction de ce dernier, la nuée de gloire, celle-là même qui
avait rempli le Temple après son érection ", quitter ce Temple"
et s'éloigner de Jérusalem vers l'orient le, pour n'y revenir qu'après
sa reconstruction 17. Entre temps, Dieu n'abandonne pas pour
autant son peuple emmené en déportation et privé du Temple:
par la bouche du prophète, Dieu s'exclame: «Oui, je les ai
éloignés parmi les nations; je les ai dispersés dans les pays
étrangers et j'ai été pour eux UN SANCTUAIRE (,xy[~ol-'a) quelque
temps, dans le pays où ils sont venus» 18.
Après la reconstruction du Temple, toute la vie cultuelle
des Juifs se concentra autour du nouveau Temple. On ne man-
quait néanmoins pas de repenser, relire et rédiger à nouveau
l'histoire de la pérégrination des Israëlites dans le désert, quand
Dieu se manifestait dans la nuée de gloire, au-dessus de l'Arche
et dans le Tabernacle, dont le Pries ter Codex nous donne une
description déjà nettement influencée par l'expérience de la vie
cultuelle du Temple ". A son tour le Chroniste repense l'histoire
des rois lui aussi dans un esprit sacerdotal'".
14 1 Rois 8, 10-13.
15 Ez. 10,18.
16 Ez. 11,22-23.
17 Ez. 43,4.
18 Ez. 11,16.
19 Ex. 25-31.
20 En particulier 1 Chr. 28.
21 Voir Joachim JEREMIA.S, Jérusalem au temps de JéStlS, Cerf, Paris 1967,
p. 250-271.
L'ÉGLISE - TEMPLE DE L'ESPRIT SAINT 171
22 Ibid., p. 261.
23 Dan. 7,27.
24 C'est ainsi qu'il se joignent à Alcime, grand-prêtre illégitime, quoique
Sadoqite, et se situent, par ce fait même, dans l'opposition au premier Asmcr
néen Judas Maccabée: 1 Mac. 7, 11-13.
25 Ant. XIII, X, 5, 288.
26 Ant. XIII, X, S, 292 et Anf. XIII, XIII, S, 372.
27 En supposant que les textes de Qumrân appartiennent aux Esséniens.
172 NICOLAS KOULOMZINE
52 Act. 6,13.
53 Act. 7, 48-50.
54 Act. 8,1.
"s Act. 11,19.
56 Act. Il, 25-26.
57 1 Cor. 3,9.
58 1 Cor. 3,16.
L'ÉGLISE - TEMPLE DE L'ESPRIT SAINT 177
59 1 Cor. 3,16.
60 COl1templation su,. la vie de Moïse TI,I21. PG 44 361 B; voir allssi ORlGÈNE,
Homélies sur l'Exode V, 1: PC 12 326 B et Bi\SII.E LE GR!\ND, Traité du Saint
Esprit XIV, 31. PG 32 124 B.
61 Act. 9,17.
62 1 Cor. 12,3.
631 Cor. 12.
64 Rm 8, 16.
178 NICOLAS KOULQMZINE
65 1 Piero 2,4-5.
66 Xavier LtON-DuFOUR, Le signe du Temple selo/1 Saint Jean, dans Recherches
de Science religieuse (Mélange Jules Lcbreton) 1951-52, p. 155-175.
67 Mc. IL 17 et par., ct Is. 56, 7.
68 Mc 11, 17 et par., et lér. 7, 11.
L'ÉGLISE - TEMPLE DE L'ESPRIT SAINT 179
;6 ln. 7, 37-38.
17Jn. 7, 39.
78 Ez. 47, 1 sq.
L'ÉGLISE - TEMPLE DE L'ESPRIT SAINT 181
***
79 Ap. 21-22.
"Ap. 21, 34.
182 NICOLAS KOULOMZINE
Nicolas KOULOMZINE
* * *
3 Dans son étude sur La Commémoraison des saints dans la prière eucharisti-
que, in: Irénikon 45 (1972), pp. 447-456.
L'INTERCESSION POUR L'ÉGLISE 185
4 Texte dans A. HiiNGGl-I. PAUL, op. cil., p. 228. Cf. aussi G. W!\GNER, Der
Ursprung ... , supra cil., p. 121.
186 EMMANUEL LANNE
« afin que pour tous ceux qui y participent ils soient pardqn des
péchés et vie éternelle, sanctification des âmes et des corps,
fructification d'œuvres bonnes, affermissement de ton Eglise sainte,
catholique et apostolique que tu as fondée sur le roc de la foi,
afin que les portes de l'Enfer ne prévalent pas contre elle, la libérant
de toute hérésie, des scandales des ouvriers d'iniquité et des ennemis
qui se sont levés contre elle ou qui se lèvent contre elle, jusqu'à la
consommation du siècle ».
* * *
La famille alexandrine fait usage actuellement de trois ana-
phores '; celle de saint Marc, qui présente des archaïsmes, dont
les fragments sur papyrus remontant au IV' ou V' siècle (le
papyrus de Strasbourg gr. 254) viennent souligner l'authenti-
cité; celle de saint Basile, dont on s'accorde à penser qu'elle
représente dans son ensemble une rédaction plus ancienne que
son homonyme byzantine, et celle de saint Grégoire de Nazianze.
L'anaphore de saint Marc est construite sur le schéma égyp-
tien. Elle situe donc l'intercession pour l'Eglise vers le début
de l'anaphore et la rattache à la louange pour la création. Peut-
êt,.e même, si l'on se fonde sur le témoignage d'un fragment
d'anaphore portant le nom de saint Athanase et récemment dé-
couvert en Nubie à Q'asr lbrim', dans les textes égyptiens les
({ égyptienne n, sinon parce qu'elle est en usage en Egypte et qu'elle porte des
traits secondaires qui ont été ajoutés en Egypte. Mais il est indiscutable qu'elle
appartient à la famille syro-antiochienne et, en outre, qu'elle a été écrite en
grec. E. Hammerschmidt distingue dans les intercessions de cette anaphore
deux couches, l'une primitive (ce sont les deux «litanies »), l'autre subsé-
quente. La première contient deux séries de demandes avec la réponse ({ Kyrie
eleison n: tout d'abord pour la hiérarchie, les fidèles et les égarés; puis pour
toutes les catégories de malheureux. Ces deux séries sont séparées par des
ensembles de demandes ct de commémoraisons dont certaines sont propres à
cette liturgie et appartiennent à la seconde couche rédactionnelle (cf. pp. 144-147).
15 En distinguant ces deux intercessions pour l'Eglise, étroitement reliées
l'une à l'autre, nous ne suivons pas exactement l'analyse de Hammerschmidt,
signalée à la note precédente.
16 A la place de cette demande, le texte copte lit: «à ceux qui sont dans
les honneurs l'équité n.
L'INTERCESSION POUR L'ÉGLISE 191
* * *
Tels sont les principaux textes orientaux en usage aujour-
d'hui. Ceux, forts nombreux, que nous sommes obligés de passer
sous silence, n'apporteraient pas grand'chose de neuf dans la
question qui nous occupe. On regrettera, peut-être, de ne pouvoir
faire état de la famille syrienne orientale, mais les questions con-
cernant la plus célèbre de ses anaphores sont encore contro-
versées de façon si contradictoire, que toute considération sur
la place qu'occupe l'intercession pour l'Eglise dans la structure
de l'anaphore, et la forme qu'elle revêtait primitivement, risque
de s'aventurer dans le domaine des hypothèses insuffisamment
étayées 17bis ,
Par ailleurs, nous pensons que la famille antiochienne est
assez bien représentée par les anaphores que nous avons citées:
saint Jean Chrysostome, les deux qui portent le nom de saint Basile
et celles de saint Jacques et de saint Grégoire de Nazianze, pour
que l'on n'ait rien laissé échapper d'essentiel de ce que ce type
de prière eucharistique peut nous enseigner à propos de la place
et de la figure de l'Eglise dans l'anaphore. Lorsque nous revien-
drons sur ces textes, nous aurons l'occasion de mentionner quel.
ques documents complémentaires qui permettent de les éclairer.
* * *
Durant des siècles, le Canon romain a régné presque seul
sur l'ensemble de l'Occident chrétien. Les générations qui se
* * *
Tel est donc le matériel qui nous est proposé pour orienter
notre prière pour l'Eglise dans les célébrations eucharistiques
de l'Orient et de l'Occident.
Il est opportun de faire quelques remarques après une pre-
mière lecture de ces textes:
l. L'intercession pour l'Eglise est dans toutes les liturgies
un élément central de la célébration eucharistique.
2. La place où se trouve cette intercession peut varier. Elle
se rencontre à la suite, plus ou moins immédiate, de l'épiclèse
dans les anaphores qui suivent le schéma dit antiochien, comme
dans les nouvelles prières eucharistiques romaines. Elle est vers
le début de l'anaphore dans la tradition alexandrine pure, et
192~________________~E~"~"~A~N~U~E~L~L~A~N~N~E~______________________
* * *
Tel est donc le matériel qui nous est proposé pour orienter
notre prière pour l'Eglise dans les célébrations eucharistiques
de l'Orient et de l'Occident.
Il est opportun de faire quelques remarques après une pre-
mière lecture de ces textes:
l. L'intercession pour l'Eglise est dans toutes les liturgies
un élément central de la célébration eucharistique.
2. La place où se trouve cette intercession peut varier. Elle
se rencontre à la suite, plus ou moins immédiate, de l'épiclèse
dans les anaphores qui suivent le schéma dit antiochien, comme
dans les nouvelles prières eucharistiques romaines. Elle est vers
le début de l'anaphore dans la tradition alexandrine pure, et
194 EMMANUEL LANNE
* * *
Quand on mentionne la prière pour l'Eglise dans la célé-
bration eucharistique, le premier témoignage qui vienne à l'es-
prit est celui de la Didachè. Et ceci pour plusieurs motifs. En
effet:
1. Quoi que l'on pense de la nature proprement eucharisti-
que des prières de la Didachè (M. Rordorf, dans sa très belle
édition de la collection «Sources Chrétiennes", les considère
comme telles 18), ces prières donnent par deux fois une inter-
cession pour l'Eglise, aux ch. IX et X. Elles sont fort célèbres.
2. Elles ont influencé les formulations euchologiques posté-
rieures, au moins dans la tradition liturgique alexandrine, comme
en témoignent, chacune à sa manière, les anaphores de Sérapion
et de Dêr Balizeh, dans leur intercession pour l'Eglise. Il est
probable aussi que la tradition antiochienne ne les a pas igno-
rées, puisque les Constitutions Apostoliques les exploitent au
Livre VII".
3. Elles se rattachent assez directement à la tradition juive,
comme le note aussi M. Rordorf à la suite des travaux de divers
savants.
Voici comment M. Rordorf résume le contenu ecclésiologi-
que de ces intercessions de la Didachè pour l'Eglise:
" L'ecclésiologie des prières eucharistiques de la Didachè
est également très caractéristique. Pour elles, J'Eglise, c'est-à-
dire le peuple des élus de Dieu, est essentiellement fondée sur
la vocation messianique d'Israël. Elle est la 'vigne de David'
(9,2), le temple vivant de Dieu (10,2), le lieu du salut où l'on
22 Dom Bernard BOITE, Le.s plus anciennes collections canoniques, in: L'Orient
Syrien V, n'O 19 (1960), pp. 331-350.
23 Dom Bernard BOITE, La Tradition apostolique de saint Hippolyte. Essai
de reconstitution (LQF 39), MUnster 1963 (1972 4 ). Notre passage aux pp. 16-17.
24 Voir l'apparat critique que j'ai donné dans J. DORESSE-E. LANNE, Un témoin
archaïque ... , supra ci!., p. 35, ad fol. IV l". 2, pour le Paris. Grace. 325, auquel il
faut ajouter vraisemblablement désormais le Codex Kacmarcik (cf. W.F. MA-
COMBEH-, The Greek Tex! of the Coptie Mass and of the Alzaphoras of Basil and
Crqwry, supra cil., pp. 329-330).
L'INTERCESSION POUR L'ÉGLISE 197
25 L'anaphore de saint Jacques, pour la partie qui fait l'objet de cette étude
(voir le texte plus haut, p. 186s.), parait la plus récente de cet ensemble d'ana-
phores pour les raisons suivantes: lu Elle double l'intercession pour l'Eglise:
demandant son affermissement, parmi les fruits de la communion, puis la
mentionnant à nouveau à la suite de Sion, mère de toutes les Eglises; 2a l'obla-
tion pour les lieux saints suppose une réflexion déjà très élaborée sur leur
portée théologique que l'on ne trouve pas encore dans les Catéchèses de saint
Cyrille de Jérusalem; 3° le titre de «mère de toutes les Eglises» donné à la
« sainte et glorieuse Sion» apparaît pour la première fois chez THÉODORET (Hist.
Eccl. V, 9, 17). Il est encore ignoré par EPIPHANE (De pond. et mens. 14; P.G.
XLIII, 260-261). Voir, toutefois, les indications que j'ai données sur Jérusalem
comme Eglise mère, dans Eglises - soeurs. Implications ecclésiologtques du
Tomas Agapis, in: Istina XX (1975), pp. 57 ss. et la note 30. - 4° Cette partie de
l'anaphore de saint Jacques explicite, enfin, une théologie du Saint-Esprit posté-
rieure aux controverses pneumatomaques ct au Concile de Constantinople (381).
On notera, en particulier, les attributs du Saint-Esprit dans l'épiclèse: «Seigneur
et vivificateur, siégeant sur un même trône avec toi, le Dieu et Père et avec
ton Fils Monogène, corégnant, consubstantiel et coéternel... »; et cela tant dam
le texte grec que dans la version syriaque. On a nettement l'impression que
le rédacteur de l'anaphore a voulu développer une théologie du Saint-Esprit en
relation avec l'épiclèse, d'une part, et avec les lieux saints, de l'autre, qui onL
vu la «théophanie» du Christ au Jourdain et la «visite» du Saint-Esprit à la
Pentecôte, sur la premère Eglise. Sur la théologie de l'anaphore de S. Jacques,
voir A. TARBY, La prière eucharistique de l'Eglise de Jérusalem (Théol. hist. 17),
Paris 1972, pp. 90 ss. et 160 ss. Pour la partie que nous étudions, nous ne
pensons donc pas, à l'encontre d'A. Tarby, que l'anaphore de S. Basile dépende
de celle de S. Jacques (cf. op. cit., pp. 6 ss.). L'intercession pour l'Egti-;e, en
effet, y suppose, d'une part, la théologie du Saint-Esprit que développe J'épiclese,
et, de l'autre, une eccléslologie du type de celle de l'anaphore alexandrine de
S. Basile.
198.__________.________~E=~~~1=A=N~u~E=L~L=A=N=N~E~__. ___________________
26 Ile Homélie sur la messe (Hom. XVI), éd. TONXEAL"-DEVRESSE, (Studi e Testi
145), Vatican 1949, p. 555.
26bis A. BAüMSTARK (Die Chrysostomosliturgie und die syrische Liturgie des
Nestorios, in XPYCOCTOMIKA, Studi e ricerche intomo a S. Giovanlli Crisostomo,
Rome 1908, pp. 821 ss.) a établi un parallélisme entre la demande des fruits
de l'épiclèsc dans l'anaphore syrienne orientale de Nestorius et la même
demande dans l'anaphore byzantine de saint Basile. Le rapprochement est encore
plus manifeste entre la formulation de l'anaphore de Nestorius et celle de
l'anaphore alexandrine de saint Basile. Il y en aurait, d'ailleurs, d'autres à rele·
ver entre ces deux textes et nous espérons y revenir dans une étude ultérieure.
Quoi qu'il en soit, la structure de l'épiclèse de l'anaphore de Nestorius pose
L'INTERCESSION POUR L'ÉGLISE 199
trop de questions pour qu'on retienne autre chose de cette observation que le
fait d'un parallélisme qui se rencontrait déjà dans l'Homélie de Théodore de
Mopsueste et prouverait, tout au plus, que nos textes «basiliens Il étaient déjà
connus de Théodore de Mopsueste ct des rédacteurs de l'anaphore de Nestorius.
27 Const. Ap. VIII, XII, 40, éd. FUNK, p. 510, Il. 18-23; HANGGI-PAHL, op. cit., p. 92.
2.8 Voici l'intercession pour l'Eglise de l'anaphore de Nestorius (cf. RENAUDOT,
op. cil., II, p. 624, repris par HANGGI-PAHL, p. 392): « Nous t'offrons ce sacrifice
vivant C... ) pour toute créature, et pour la sainte Eglise. apostolique ct catholi-
que Qui (s'étend) d'une extrémité à l'autre de la terre, pour que tu la conserves
sans trouble, indemne de tout scandale, sans tache, souillure ni ride ni rien
de semblable. Tu as dit, en effet, par ton Fils unique notre Seigneur Jésus-
Christ, que les portes de l'Enfer ne prévaudraient pas contre ellc. Et pour tous
les évêques de partout qui annoncent correctement la parole de la vraie foi".
29 III s. Eustathiwn 3, P.G. 50, 602; cf. F. v..%.:-< DE PAVERD, op. cit., pp. 345 5S.,
et mon étude L'Eglise tl/le dans la prière eucharistique, supra cit., pp. 333 s.
30 Pour une comparaison avec l'intercession des Constitutions Apostoliques,
voir VAN DF. PAVERD, op. cit., pp. 356 S5.
200 EMMANUEL LANNE
31 De schismate donatislarum II, XI-XIII; P,L. 11, 964 B - 966 A; j'ai cité
plus longuement et commenté ce passage dans L'Eglise Ulle ... , supra cil.} pp. 515 55.
31bis Ni les anaphores de saint Basile byzantine et de saint Jacques, ni le
canon romain ne mentionnent que l'Eglise est «une", à la différence des ana-
phOl'es, en usage en Egypte, de saint Marc, de saint Basile alexandrine et de
saint Grégoire de Nazianze. Cf. mon étude, supra cil., L'Eglise une ... , pp. 335 55.,
et déjà p. 55.
L'INTERCESSION POliR L'ÉGLISE 201
* * *
32. Les orationes sollemnes du rite romain ne connaissent que les trois verbes
pacificare, adtmare, cLlstodire, dans la monition. Cette monition construit, com-
me le canon romain: « ... et custodire dignetur toto orbe terrarum ». La prière,
qui suit (et qui ne connaît que le verbe custodire), demande: «cLlstodi opera
misericordiae tuae; ut Ecclesia tua, toto orbe diffusa, stabili fide in confessione
tui nominis perseveret» (cf. L.C. MOHLBERG, Liber sacramentorum romanae
ecclesiae ordil1is anni circuli, Rome 1960, p. 65, nos 400-401). On rapprochera la
demande de cette prière de celle de l'intercession pour l'Eglise de la Tradition
Apostolique et des anaphores dc saint Basile byzantine et de saint Jacqucs.
33 Je pense donc que parmi les quatre verbes de l'intercession pour l'Eglise
dans le canon romain, c'est pacificare qui est primitif. On le retrouve seul,
en effet, dans les dcux témoins hispaniques {cf. L'Eglise une ... , supra cit., pp. 513
S5.). Adunare attesté dans la lettre d'Hormisdas à Justin, en janvier 519, puis
adtmare, regere, custodire attestés dans celle de Vigile à Justinien, le 17 sep-
tembre 540, nous paraît venir d'une autre tradition euchologique, qui dépend
probablement de saint Cyprien (cf. J. GRlBOMONT, Ecclesiam adunare. Un écho
de l'eucharistie africaine et de la Didachè, in: RTAM 27 [1960], pp. 20-28).
34 Cf. Act. 20,28; Col. 1,20; Heb. 9,12; Apoc. 12,11.
35 Sur cette anaphore, encore peu étudiée, on lira avec intérêt: H. ENGBERDING,
Die Kunstprosa des eucharistischen Hochgebets in der griechischen Gregoriosli-
turgie, in: Mullus. Festschrift Tlœodor Klauser, hrsg. von A. ST'(;TBF.R - A. HE!U\;lANN
(JAC, Erganzungsband 1), Münster 1964, pp. 100-110.
36 Faut-il y voir pour autant un Formulaire «monophysite» relati"cment
tardif (cf. TARBY, supra cil., p. 96, à la suite de J.A. JUXGMANN)? Contre cette
assertion on fera valoir le passage qui parle de l'Incarnation: «Toi qui es le
Dieu incompréhensible, tu ne t'es pas prévalu de ton égalité avec Dieu, mais
tu t'es abaissé toi-même, prenant la forme d'esclave (cf. Phil. 2,6-7); tu as béni
202 EMMANUEL LANNE
* * *
38 Ce dernier trait n'est donc pas décisif pour indiquer l'origine - cappa-
docienne ou plutôt alexandrine - de la formule. Toutefois la demande de paix
pour l'Eglise elle-même ({( la paix de l'Eglise sainte ... ») fait pencher finale-
ment pour une parenté «basilienne ».
39 L'anaphore syriaque des XII Apôtres, nO l, enchaîne après la demande
des fruits de la communion qui suit l'épicIèse: «Nous t'offrons donc, Seigneur
tout-puissant, cc culte spirituel pour tOtiS les hommes, pour ton Eglise uni-
verselle, pour les évêques ... » (cf. HANGGl·PAHL, p. 267). Celle de Nestorius dit:
«Et nous t'offrons ce sacrifice vivant, saint, acceptable ( ... ) pour toutes les
créatures. Et pour l'Eglise sainte, apostolique et catholique, (répandue) d'une
extrémité à l'autre de la terre ... » (ibid., p. 392). Voir, pour l'anaphore des XII
Apôtres, ENGBERDI:\:G, art. cit., OC 45 (1961), p. 25 et les notes; pour celle de
Nestorius, A. BAUMSTARK, supra cit., p. 830. Relevons à cette occasion que les
anaphores arméniennes, celle de saint Athanase (la seule actuellement en usage
chez les Annéniens) ct celle de Sahak, demandent «la paix pour le monde
entier et pour l'Eglise» (H;iNCCI-PAHL, pp. 324 ct 336).
204 EMMANUEL LANNE
* * *
Cet examen trop rapide de l'immense matériel offert par les
anaphores eucharistiques permet de s'orienter vers quelques
conclusions que devrait préciser et confirmer une recherche ul-
térieure: l'étude de la prière pour l'Eglise au sein de l'anaphore
fait apparaître des visées ecclésiologiques qui peuvent varier
assez considérablement d'un texte à l'autre.
1. On retiendra en premier lieu que l'intercession pour
l'Eglise est une des parties les plus anciennement attestées de
la prière eucharistique. La Didachè en fait foi. Cette intercession
a, d'abord, une dimension unÎverselle dans l'espace comme dans
le temps, comme viennent le corroborer les citations de la
1" Clementis et du Martyre de Polycarpe mentionnées en passant.
Ainsi l'anaphore de la Tradition Apostolique d'Hippolyte se
trouve-t-elle isolée, au moins dans l'état présent de notre docu-
mentation, quand nous constatons qu'elle ne contient pas d'in-
tercession explicite pour l'Eglise universelle.
2. L'anaphore de la Tradition Apostolique semble pourtant
avoir eu une influence considérable sur la rédaction de plusieurs
formulaires de la mouvance d'Antioche: les deux anaphores
basiliennes, celle des Constitutions Apostoliques, celle de saint
Jacques, celle de saint Grégoire de Nazianze du rite égyptien.
Toutes ces anaphores, néanmoins, associent à la demande pour
l'unité de la communauté locale, héritée d'Hippolyte, une inter-
cession explicite pour l'Eglise universelle. En outre, bien qu'in-
fluencée par l'anaphore d'Hippolyte dont elle s'inspire, l'anaphore
des Constitutions Apostoliques n'a pas retenu un trait que celles
de Basile, de Jacques, de Grégoire ont en commun avec la Tra-
dition Apostolique: le lien entre l'épiclèse et l'intercession pour
la communauté célébrante. Ce trait a été repris par la seconde
des nouvelles Prières eucharistiques du rite romain, dont on sait
qu'elle s'inspire d'Hippolyte, et par la quatrième, qui doit beau-
coup aux anaphores basiliennes.
3. Dans une visée ecclésiologique toute différente, l'oblation
pour l'Eglise, dans l'anaphore de saint Jean Chrysostome et dans
celles qui s'y rattachent, non seulement est d'abord de portée
universaliste, mais elle intervient même après la mention de
l'univers entier. De la sorte l'eucharistie est mise d'abord en
relation avec l'ensemble de la création, dont l'homme est le
L'INTERCESSION POUR L'ÉGLISE 207
Emmanuel LANNE
LES DIPTYQUES LITURGIQUES
ET LEUR SIGNIFICATION ECCLÉSIOLOGIQUE
Les diptyques en général ont été étudiés dans les divers dic-
tionnaires, glossaires et thesauri l surtout d'un point de vue
archéologique et historique. L'étude liturgique en a été faite
principalement par extension, dans la foulée du développement
historique. Un état de la question a été établi dans le Diction-
naire d'Archéologie Chrétienne et de Liturgie au mot "Dipty-
que », dans deux articles datant de 1920, de dom Cabrol pour la
partie historique et liturgique, et de dom Leclercq pour la
partie proprement archéologique.
Conformément au thème proposé cette année pour notre
congrès international de liturgie, je me suis limité à une appro-
che liturgico-ecclésiologique, et cela d'un point de vue pastoral
qui corresponde au domaine de mon enseignement.
Depuis l'antiquité, les sociétés évoluées ont eu le souci
d'établir des registres, ou listes des noms, des détenteurs de
l'autorité politique, administrative ou religieuse dans le but
d'en marquer la succession continue, quelles qu'en puissent
être les péripéties. On a toujours tenu aussi les registres des
membres des dites sociétés en vue de recouvrement des cotisa-
tions, où, à l'échelle de l'Etat, des impôts, sans oublier les listes
électorales. L'Eglise a voulu, quant à elle, intégrer dans sa prière
Et il répond:
«En offrant ces prières de la liturgie, nous offrons le Christ
qui a été sacrifié pour nos péchés et nous rendons ainsi Dieu pro-
pice aux morts aussi bien qu'à nous-mêmes» (10; PG 33, 1116).
LES DIPTYQUES LITURGIQUES 215
l'Eglise tout entière qui est signifiée. En même temps que d'une
mutuel1e intercession, il s'agit d'un prise de conscience par
l'Eglise de son identité et de sa vocation spécifique. La prière
de l'Eglise, convoquée par le Seigneur, rassemblée par l'Esprit,
à la liturgie, est celle de tous les frères qui, ensemble, prient
pour " ceux qui ne sont pas encore de cette bergerie, afin qu'il
n'y ait qu'un seul troupeau et un seul pasteur» (Jo 10, 16). Il y a
là deux mouvements principaux d'une même symphonie. En
manquant le premier mouvement on mutile l'Eglise, on diminue
l'énergie des frères qui participent à la liturgie; en manquant
le deuxième, on rend l'Eglise stérile. C'est vrai aussi pour l'oecu-
ménisme: il faut se méfier d'une tolérance tout extérieure qui
consiste surtout à outrepasser les canons et les rubriques, com-
me s'ils étaient non les suites mais les causes des ruptures.
Une prière « oecuménique» est possible, même à la liturgie
eucharistique, mais il convient d'établir des modalités qui ne
détruisent pas certaines équilibres et ne portent pas atteinte à
une certaine intégrité (horresco referensJ). S. Paul avait toutes
les audaces de la vraie charité, mais jamais au détriment de la
vérité; il voulait être damné pour ses frères de race (Rom 9,3),
mais il n'édulcorait pas, à cet effet, son message essentiel. On
peut donc intégrer dans les diptyques, dans les "intentions »,
avec audace et confiance, les frères chrétiens et tous les frères
humains, car tous ont un même Père, tous ont vocation de deve-
nir enfants de Dieu: la limite me paraît être la proclamation
solennelle des noms à la liturgie. L'élément de "publicité », si
on ose employer ce mot galvaudé, ne doit pas être considéré
d'un point de vue purement prudentieI, ce que le langage de la
théologie morale catholique appelait scandale, mais d'un point
de VUe objectif et sacramentaire 5.
Je me permets une dernière observation qui est ponctuelle
et intéresse sans doute les seuls orthodoxes: elle concerne la
Elie MELIA
QUELQUES IMAGES RELATIVES À LA CÉLÉBRATION
PRIMITIVE DE LA CINQUANTAINE PASCALE
* * *
d'un autel en face d'Abel qui lèYe l'agneau du sacrifice vers le ciel d'où bénit
la main divine, Qui permet peut-être de voir dans le prêtre non pas Zacharie,
dont la signification typologique est relativement modeste, mais Melchisédech.
Cette interprétation pourrait s'appuyer en Qutre sur la théologie de l'Epîtrc
aux Hébreux où le thème du Christ «prêtre pour l'éternité selon l'ordre de
Melchisédech» est largement développé. Ccci s'accorde particulièrement bien
avec l'exaltation céleste du Christ, que représente la mandorle portée par des
anges, puisqu'il y est question du Christ grand prêtre « élevé plus haut que
les cieux 1> (VII,26) et «assis à la droite du trône de la Majesté dans les
cieux» (VIII,!).
14 Ces rayons sc terminent près des têtes par des [ormes qui font penser
aux «langues de feu» de la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres. Serait-cc
déjà une évocation de l'effusion de l'Esprit S;.lÎnt? Une réponse affirmative à
cette question supposerait que le registre supérieur avait déjà été utilisé dans
d'autres compositions où le registre inférieur était occupé par deux groupes
d'apôtres comme dans les Ascensions-Pentecôtes (voir infra).
15 A. GRABAH, Ampoules ... , p. 44.
16 Ibid., p. 61.
__________I_C~O~N~OG~R=A~P~I~{I~E~D=E~L=A~C~I_N~Q~U_A_N_T_A_I_N_E__P_A_S_C_A_L_E________-=237
29 Nous en avons indiqué plus haut d'autres variantes plus abstraites, comme
Bobbio 2 et 20 qui, chronologiquement, les ont précédées.
30 Il faut noter que cette présence n'est pas signalée par les sources ca-
noniques.
:ll A. GrabaT" insiste avec raison sur le lien de ces représentations absidales
avec la célébration eucharistique: «It is understandable, too, why this kind of
composition was usually placed in the apse of a church or chapcl; it is because
the idea of the Incarnation was closely tied to the sacrament of communion,
celebrated before the apse. The communion presupposes Incarnation and ex-
plains the frequency of the image of Mary in the apse. In sorne of the absidal
paintings in Bawit, the idea of communion is rendered especially emphatic,
as for example, in chapel 51, where the chief apostles, plaecd above the others,
are shawn holding the chalke and Eucharistie bread: here the allusion to
communion is direct and evident. But in fact, the presence of the Mother of
God with the Child (or as Orant) said the same thing: Incarnation and Com-
munion, the second bcing a function of the first »: Christian Iconography,
ib., p. 134.
32 A. GRAB.\R, Chrislian lconography, image nO 325.
33 On trouve ce type aussi sur quelques ampoules de Terre Sainte (Monza,
14 rcv. et 16 rev.; Bobbio 13 et 19) et sur une icône du Sinaï (WEITZ.r..·IAK, ibid.,
p. 31, kon. BIO, plates XIII, LV-LVI), avec la différence que là, elle ne lève
pas seulement la tête, mais elle est tournée cntièrement vers la droite et se
trouve ainsi représentée tout en profil, comme absorbée par sa vision.
ICONOGRAPHIE DE LA CINQU.4NTAINE PASCALE 241
41 Mt XXVIII, 20.
42 A. GRABAR, Les Ampoules "', ibid.
43 Non pas dans le sens d'une négation de l'histoire, mais dans le sens
ct 'un raccourci hardi de celle-ci.
ICONOGRAPHIE DE LA CINQUANTAINE PASCALE 243
* * *
45 On coulait dans des moules en pierre les minces parois en argent qu'on
soudait ensuite pour obtenir ces petites bouteilles plates qui étaient ensuite
remplies d'huile bénie - chaque moule servant évidemment à de multiples coulées.
46 A. GRAB:\R, Ampoules ... , ibid., planche 17. Avec Monza 11, c'est la seule
composition qui occupe la totalité de ta paroi, sans laisser de place à aucune
inscription.
ICONOGRAPHIE DE LA CINQUANTAINE PASCALE 245
* * *
Nicolas OZOLINE
LES PSAUMES DE L'ÉGLISE DANS LA LITURGIE
5 Matines, It:r psaume avec l'antienne Faclus est repente de caelo sonus adve-
nientis spiritus vehemelltis, alleluia, alleluia (Act 2,2): il faut noter que la version
latine du psaume possède au v. 8 l'expression in spiritu vehementi.
6 Ce fait apparaît surtout dans l'office byzantin de l'entrée de la Mère de
Dieu au Temple (21 novembre). Voir à ce sujet J. LEDIT, Marie dans la liturgie
de Byzance, Paris 1976, p. 118-126.
7 Les rites examinés dans cette étude sont les suivants:
la Ancienne liturgie de Jérusalem (Lit. Jérus.) (V e siècle). Cfr A. RENOUX,
Un malluscril du lectiOJmaire arménien de Jérusalem, dans Le Muséon LXXIV
(1961), p. 361·385 et LXXV (1962), p. 385·398.
2° Liturgie byzantine (Lit. byz.). Cfr a) J. MATEOS, Le Typikon de la grande
Eglise, t. l, Rome 1962, p. 147: 23 décembre, Dédicace de la grande Eglise (Déd.
GE) et t. II, p. 187: commun pour l'anniversaire de la Dédicace; b) Consécra-
tion et inauguration d'une église, selon le rituel de l'Eglise russe, Chevetogne
1957 (Rituel: Rit.); c) EDELBY, Liturgicon, Beyrouth 1960.
3° Liturgie syrienne occidentale (Lit. syr. occ.). Cfr Pontificale iuxta ritum
Ecclesiae Syrorum occidentalium id est Antiochiae, Pars l, Versio latina, Cité
du Vatican 1941, p. 63-111 (Consecratio eccIesiae et consecratio tabulae).
40 Liturgie syrienne orientale (Lit. syr. or.). Cfr Pontificale iuxta ritum
Ecclesiae Syrùrum orientalium id est Chaldaeorum, Pars III, Versio latina, Cité
du Vatican 1937, p. 201-258 (Consecratio altaris et consecratio tabulae).
50 Liturgie copte (Lit. copt.). Cfr. R. COQUIN, La consécration des églises
dans le rite copte, ses relations avec les rites syrien et byzantin, dans L'Orient
Syrien 1964, p. 149-187.
60 Liturgie romaine (Lit. rom.):
a) Ordo Romanus XLI, dans M. ANDRIEu, Les Ordines Romani du Haut
Moyen Age, tome IV, p. 312-349 (OR XLI);
b) Pontificale Romanum (PR): «De Ecclesiae Dedicatione seu conse-
cratione »;
c) Breviarium Romanum (BR) et Liturgia Horarum (LH);
d) Missale Romanum (MR);
e) Nouveau rituel de la Dédicace (N. Rit.): Ordo Dedicationis eccIesiae
et altarÎs, Cité du Vatican 1977.
7° Liturgie ambrosienne (Lit. ambr.):
a) Breviarium Ambrosianum (BA);
b) Missale Ambrùsial1um (MA); à deux endroits: Commun de la Dédi-
cace {Déd.) et Dédicace de la grande Eglise (Déd. GE), le 3" dimanche d'octobre
(Dedicatio Ecclesiae Majoris = Ded. EM).
go Liturgie hispanique (Lit. hisp.). Cfr L. BRov-J. VIVES, Antifollario visi-
gôtico-mozarabe de la Catedral de Le6n, Barcelona-Madrid 1959: De sacratione
basilicae (De sacr. bas.) et De restauratione basilicae (De rest. bas.).
_____L=E=s~P~SA~U~~~S~D~E~L~'~É=G=L~[_SE
__J)_A_N_S__L_A_L_I_T_U_H_G_I_E________--C2S7
* * *
Les psaumes ou versets psalmiques utilisés dans les diverses
liturgies pour la célébration de la dédicace peuvent se grouper
autour de trois orientations principales.
l' Les psaumes appelés «chants de Sion" dans la classifi-
cation des genres littéraires de Gunkel '". En fait, on trouve tous
ces chants, à l'exception du Ps 75.
2" Des versets psalmiques sur Sion et Jérusalem (Ps 50,12;
64,2-5; 101,17; 136,5 et 147,1), sur la maison du Seigneur (Ps 26,4)
ou de Dieu (Ps 25,8 et 92,5), sur le Temple (Ps 28,9), le tabernacle
(Ps 41,5), les églises (Ps 67,27).
Psaume 45
Utilisations
Lit. rom: OR XLI: onction de l'autel avec l'huile.
PRo onction totale de l'autel.
BR: 1è,,, Vêpres, antienne Sanctificavit Dominus (Magni-
ficat); Matines, 2' psaume;
LH: 2èmes Vêpres, 2c psaume 17.
Commentaires du verset 5
Le cours impétueux d'un fleuve réjouit la cité de Dieu,
Le Très-Haut a sanctifié son tabernacle.
Selon Basile, le fleuve est le Saint Esprit:
« Que serait le fleuve de Dieu, sinon l'Esprit Saint naissant pour
les justes, de la foi de ceux qui croient au Christ, car il a dit: "Celui
qui croit en moi, des fleuves jailliront de son sein" (In 7,38); et
encore: "Si quelqu'un boit de l'eau que je donnerai, elle deviendra
en lui une source d'eau jaillissant pour la vie éternelle" (In 4,13) })
(PG 29, 421).
Psaume 47
Utilisations
Lit. rom.: PRo vêture de l'autel:
Faites le tout de Sion et embrassez-la,
racontez dans ses tours (v. 13).
BR: Matines: 3" psaume ".
Commentaires du v. 13
Hésychius:
« Demeurez dans la Jérusalem d'en haut et prenez-en possession»
(PG 27,837).
Théodoret de Cyr:
«Le psalmiste appelle de nouveau Sion la société (1tO)..~'tEUf.U1)
pieuse, c'est-à-dire l'Eglise répandue à travers le monde. Comme
nous l'avons déjà dit, les tours désignent les Eglises dispersées à
travers les villes, les villages et les champs, car il l'appelle en même
temps une et multiple» (PG 80,1216).
Commentaires
Pour Eusèbe, ces tabernacles sont les Eglises du Seigneur
(PG 23, 1001). On lit en Evagre (Pseudo-Athanase):
«Il appelle tabernacles les saintes Eglises de Dieu fondées en
tous lieux, Eglises vers lesquelles se hâte toute âme amie de Dieu»
(PG 27,386).
Psaume 86
Utilisations
Lit. byz.: Typ. X" s. (Ord.) et actuellement Dédicace: Alleluia.
13 septembre: idem.
Lit. syr. occ. vv. 3-4: Prooemium après les lectures: «L'un (des
prophètes) proclamait qu'on dirait des choses glorieuses au
sujet de la cité du Très Haut ».
Lit. syr. or.: consécration de l'autel.
Lit. ram.: OR XLI: onction de l'autel avec le chrême.
Ancien Ordo (X' siècle): Inscription de l'alphabet sur le
pavement avec comme antienne 1 Cor 3,11 ".
PRo après l'onction de l'autel, avec le répons Ecce odor.
BR: Matines, S" psaume; LH: Office des lectures, 3" psaume.
Lit. ambr.: BA Déd.: 1"" Vêpres (ant. in choral; Laudes.
Déd. GE: Matines, répons; 2" Vêpres, antienne.
MA: Déd.: messe, confractorium.
Lit. hisp.: De sacr. bas.: vv. 2-S: Vêpres; vv. 4 et 7: Matines;
Rituel.
Commentaires
- v. 2: Ses fondements sont sur les montagnes saintes.
Pour Eusèbe de Césarée, il s'agit des fondements de l'Eglise,
cité céleste. C'est «Notre Sauveur et Seigneur Jésus Christ,
venan t de Dieu» qui {c a fondé et édifié cette manière de vivre
210n trouve dans le rite ambrosien une transformation du v. 10 « Regarde
la face de ton Christ »:
" Protector nos ter, aspice, Deus,
et respice in faciem Ecc/esiae tuae» (Déd. GE: lèrcs Vêpres).
Cette substitution correspond à un commentaire d'Evagre: ,,(Le psalmiste)
appelle là "Christ", le peuple appelé au sacerdoce royal» (PG 27, 369).
22 Cfr M. Righetti, Storia liturgica, 1. IV, Milano, 1953, p. 384.
LES PSAUMES DE L'ÉGLISE DANS LA LITURGIE --=___--=-::c
263
V. 5:
Tout homlne dira: Sion !vIète »,
c{
Evagre:
«Il dit Mère, parce que nous les croyants nous serons agreges
à Sion ou à l'Eglise, où se trouve l'Homme ou celui qui l'a fondée:
c'est celui qui s'est fait homme pour nous et qui a annoncé qu'il
fonderait son Eglise sur la pierre» (Pseudo-Athanase: PG 27,377).
Théodoret de Cyr:
« Chacun appellera Sion Mère et tout homme dira que Sion est
mère (Citation de Gal 4,26).
Un homme est né en elle: Celui qui nomme Sion Mère confesse-
ra aussi la naissance de l'Homme qui est né en elle: car cet homme
qui est né en elle est aussi son Créateur et son artisan, car il est
le Dieu Très-Haut ».
Psaume 121
Utilisations
Lit. rom.: PRo aspersion des murs.
N. Rit.: procession vers l'Eglise.
LH: 2'me< Vêpres, 2" psaume.
Lit. ambr.: Déd. l're, Vêpres: répons in choro; psaume.
Déd. GE: 1ém Vêpres; Répons: "Je me suis réjoui quand
on m'a dit: Nous irons à la maison du Seigneur (v. 1) YI. Là
où les Anges chantent: C'est vraiment ici la maison de Dieu
et la demeure des Saints (Cfr Gen 28.17) ». - Suit le Ps 121.
Commentaires
Eusèbe de Césarée:
«Lorsqu'il part sur la route qui conduit à Dieu, le pèlerin ayant
pris connaissance du terme de sa marche est rempli de joie et
entend l'annonce des réalités futures» (PG 24,121).
Hilaire de Poitiers:
« Celui qui est tenu par l'espérance du désir du ciel ne trouve
aucune obscurité dans ce psaume, car par son intelligence il attein-
dra la compréhension du langage majestueux du prophète. Il se
rappellera qu'il est cohéritier et possesseur des biens du ciel et
semblable aux anges, du fait qu'il doit être renouvelé par la résur-
rection des morts; qu'après avoir déposé la corruption, il sera rendu
conforme à la gloire du corps de notre Dieu et Sauveur Jésus Christ
et qu'il deviendra habitant de la cité céleste construite de pierres
vivantes» (PL 9,661).
« II ne s'agit pas de cette Jérusalem terrestre et passagère, qui
purge la peine de son impiété, mais de cette Jérusalem libre et
céleste, qui est aussi Sion. En y habitant - car elle est la maison
de Dieu - nous sommes aussi les com;:itoyens des saints et les
membres de la famille de Dieu. Voilà d'où nous vient la joie: de ce
qu'il a été dit que nous irions dans la maison de Dieu» (Ibidem,
661-662).
« Cette édification de la cité terrestre, cette construction du
Temple et l'institution du Temple préfigurait le modèle (speciem)
de cette cité éternelle et céleste» (lbidem).
Hésychius:
« J'ai été rempli de joie en entendant ceux qui me persuadaient:
Allons à la maison de Dieu» (PG 27,1223).
1. SION - JÉRUSALEM
Utilisation
Lit. ambr.: Déd. EM: 1"" Vêpres: antienne in choro et répons
au baptistère.
Commentaires
Eusèbe de Césarée:
« Lorsque tu mettras ta complaisance en Sion et que seront
rebâtis les murs de Jérusalem, alors te sera offert un tel sacrifice,
(de justice). Car le droit de cité religieux ('ta eEOI:1E~ÈÇ" 7toÀ.i'tw\.1cx)
266 ANDRÉ ROSE
Evagre (Pseudo-Athanase):
«Là (le psalmiste) appelle l'Eglise Sion. Lorsque Dieu le Père
a voulu tout récapituler en son Fils, alors il a donné à son Fils
les belles promesses» (PG 27,243).
Théodoret de Cyr:
« (Le psalmiste) prie pour que soit manifestée la nouvelle Sion,
pour que la Jérusalem soit édifiée sur la terre et que rapidement
apparaisse la citoyenneté (1tOÀ.!"t'EU~a.) nouvelle, celle qui offre non
plus des animaux, mais l'offrande et le sacrifice de justice et les
holocaustes spirituels et vivants, dont parle le bienheureux Paul
(Rom 12,1) » (PG 80,1232).
Utilisations
Lit. Jérus.: Dédicace (13 septembre) avant 1 Tim 3,14 ss.
Lit. byz: Typ. X' s.: Déd. GE (23 décembre): Alleluia; Ordinaire:
Orthros, Prokimenon.
Lit. ambr.: BA: Déd. 2' Vêpres;
Déd. GE: Matines, répons après l'hymne: «Te decet hymnus,
Deus, in Sion, et libi reddetur votum in sancta Ecc/esia tua ".
Commentaires
Eusèbe de Césarée:
«A Dieu convient non tout hymne, mais celui qui monte (vers
lui) à Sion, c'est-à-dire en son Eglise. Car Sion est d'une part la
vraie Jérusalem céleste et la montagne céleste de Dieu (citation
d'Hébr 12,12 et de Gal 4,26). Telle est la vraie Jérusalem et la Sion
manifestée souverainement, sur laquelle il est dit que règne notre
Sauveur et Seigneur (citation du Ps 2,6). C'est le Royaume dçs
cieux annoncé à ceux qui ont reçu l'évangile.
Mais d'autre part l'Eglise qui est sur terre en est l'image (EÎKW\I),
car elle est aussi appelée du même nom, tantôt Sion, tantôt Jérusa-
lem, et autrement la fille de Sion, la fille de Jérusalem. C'est ainsi
que l'ont annoncée par leurs oracles les prophètes.
LE~S~P~S~A.~U~~~E~S~D~E~.~L~'É~G=L='~S~E~D_A_N_S_L_A~L~'~T~U~R~G='E="________~267
___________
Donc le seul hymne qui convient à Dieu dans les chants, c'est
celui qui est chanté en Sion, c'est-à-dire soit dans la (cité) céleste,
soit dans l'Eglise de Dieu qui est sur terre» (PG 23,625).
Utilisation
Lit. ambr.: MA: Déd. GE: Messe, psalmellus.
Commentaires
Pour Evagre (Pseudo-Athanase: PG 27, 429), Sion c'est
l'Eglise.
«Ton Eglise sera édifiée en Sion» commente Arnobe le
Jeune (PL 53, 471).
Cassiodore:
« Sion a été édifiée, c'est-à-dire l'Eglise mère, construite de pier-
res vivantes, en laquelle le champ cultivé du Seigneur grandira sans
cesse jusqu'à la fin du monde. Mais ce Seigneur qui a édifié Sion,
sera vu dans sa gloire, c'est-à-dire dans la vérité du corps qu'il a
assumé, lorsqu'il séparera les brebis des boucs, envoyant les impies
dans la géhenne, donnant la béatitude éternelle aux justes)} (CC 98,
907-908).
Utilisation
Lit. ambr: BA: Déd. GE: Laudes (antienne).
Commentaire
Hilaire:
« Il faut toujours garder le souvenir de cette Jérusalem céleste
et de la sainte Sion, soit lorsqu'on souhaite qu'elle nous soit rendue,
soit lorsqu'on pleure de l'avoir perdue» (PL 9,781).
Utilisations
Lit. Jérus.: 13 septembre: Alleluia.
Lit. syr. or.: consécration de l'autel.
Lit ambr.: BA: Déd. GE: Jè'" Vêpres; Laudes.
Lit. rom.: PRo onction des murs de l'Eglise;
BR: Vêpres, 5' psaume;
LH: l'ce, Vêpres, 2e psaume.
Lit. ambr.: BA: Déd. GE: l'm Vêpres; Laudes.
Lit. hisp: De rest. bas.: Alleluia.
Commentaires
Hésychius:
«Vision de paix, glorifie le Seigneur, toi, Eglise des nations.
Loue le Seigneur, toi qui es son Eglise, là où se trouve la sanctifi-
cation de la grâce» (PG 27,1328).
Jérôme:
« Là où il y a vision de paix, là où il y a contemplation de Dieu,
là où il y a louange de Dieu, Eglise, loue donc le Seigneur, lorsque tu
commences à croire en lui, à avoir la paix et à voir la paix, c'est-à-
dire Jérusalem, vision de paix» (CC 78,336).
Utilisations
Lit. copt.: consécration de j'autel.
Lit. ambr.: BA: Matines et 2'me. Vêpres (Répons).
Commentaires
Eusèbe de Césarée:
« On voit la beauté, la splendeur et les délices du Seigneur dans
la maison de Dieu, c'est-à-dire dans son Eglise, à cause des ensei-
gnements inspirés de Dieu et saints, où se trouvent la vraie beauté
du Verbe, les vraies délices, dans lesquelles le Seigneur lui-même
se délecte et demeure) (PG 23,340).
LES PSAUMES DE L'ÉGLISE DANS LA LITURGIE 269
Commentaires
Eusèbe de Césarée:
« Non seulement j'ai fait le tour de ton autel, mais aussi j'ai
aimé toute ta maison, Seigneur, et principalement sa beauté, con-
templée dans les dogmes et les paroles pieuses, dans les lectures
inspirées de Dieu. Que la beauté de la maison de Dieu soit l'orne-
ment de ceux qui se rassemblent, la vie sans péché, la dignité de la
foule et la concorde de ceux qui se rassemblent» (PG 23,236).
Utilisations
Lit. byz.: Typ. X' s.: Déd. GE (23 décembre), ordinaire: actuel-
lement: Lit. Déd. et 13 septembre: Liturgie, prokimenon.
Rit.: habillement de l'autel.
Lit. copt.: consécration de l'autel.
Lit. rom.: Vêpres, antienne Domum tua m, Domine, decet sancti-
tudo.
Lit. ambr.: Déd., lères Vêpres: même antienne.
Lit. hisp.: De sacr. bas.: Matines, même antienne.
270 ANDRÉ ROSE
Commentaires
Eusèbe de Césarée:
« A ta maison, c'est-à-dire à ton Eglise, rien ne convient plus
pour la garder dans la longueur des jours que la sainteté» (PG
23,1193).
Evagre:
« Sa maison, c'est l'Eglise: il lui convient d'être sainte comme
étant habitée par le seul Saint» (PG 27,408).
Utilisation
Lit. ambr.: BA: Laudes: «Entrons dans le lieu du tabernacle
admirable, dans la maison de Dieu ».
Commentaires
Pour Eusèbe, il s'agit de l'entrée future en présence de
Dieu (PG 23, 373). De même pour Hésychius (PG 27, 813).
Cyrille d'Alexandrie:
« Le psalmiste appelle tente et maison de Dieu, l'Eglise terrestre,
image (;'«;'<1'];.<Gt) de celle qui est dans les cieux» (PG 69,1004).
Utilisations
Lit. rom.: PR: Psaume (à partir de ce verset) pendant l'aspersion
des murs.
Lit. copt.: après les trois lectures, verset de l'Alleluia.
LES PSAUMES DE L'ÉGLISE DANS LA LITURGIE 271
Commentaires
Hésychius:
« Dans ses membres bénissez Dieu, comme il est écrit: "Vous
êtes le Temple de Dieu et l'Esprit de Dieu habite en vous"» (PG 27,
917).
Hilaire:
« Le prophète nous exhorte non à la confession de la synagogue
mais à la bénédiction de l'Eglise» (PL 9,463).
Utilisations
Lit. syr. occ.: Encensement de l'autel: «David, contemplant
l'Eglise, chantait: "Oublie ton peuple et ta tribu et aban·
donne la maison de ton père" et déclarait: "Le Roi des
rois a désiré ta beauté"»,
Lit. syr. or.:
« La fille du Roi se lève dans la gloire.
La sainte Eglise se réjouit chaque jour et exulte de ce qu'elle
a remporté la victoire par ta croix.
Commentaires
Eusèbe de Césarée:
« Les filles des Rois, c'est-à-dire du Christ et de son Eglise, ce
sont en partie les âmes.
La Reine elle-même, la mère des filles, se tient à sa droite en un
vêtement d'or, revêtue d'un habit aux couleurs variées. Qui est-elle
sinon l'Eglise catholique qui est rassemblée des confins de la terre
parmi tOutes les nations, Eglise qu'il a lui-même fondée sur la
pierre, de sorte que les portes de l'enfer ne l'emportent pas sur elle?
Mieux encore, tu désignerais par là l'Eglise céleste, qui est la
mère des hommes saints qui vivent sur la terre (citation de Gal
4,25 et Hébr 12,22). C'est elle donc qui est l'épouse parfaite du Christ:
sans se tromper on dira que l'Eglise sur la terre est sa fille.
Cette Reine, comme régnant déjà avec son Epoux, est dite se
tenir debout à la droite du Roi, comme étant son Epouse, recevant
de lui la semence, concevant et mettant au monde sans cesse l'esprit
du salut, est revêtue du vêtement royal, le vêtement lumineux de
l'incorruption, qui se trouvant en tout spirituel, est entouré des
puissances angéliques dans les cieux» (PG 23,401).
Evagre:
(( L'Eglise est la Reine, comme devenue l'Epouse du grand Roi.
La station "debout à droite" Signifie l'honneur dont elle jouira dans
le siècle futur; son vêtement aux couleurs variées, c'est la foi, l'espé-
rance et la charité. Elle possède aussi un autre vêtement plus lu-
274 ANDRÉ ROSE
mineux: c'est le Christ lui-même: Vous tous qui avez été baptisés
dans le Christ, vous avez revêtu le Christ (Gal 3 ;27)>> (PG 27;212).
cc Les saints disciples recevant le Royaume des cieux sont de-
venus rois. Aussi les âmes de ceux qui sont nés d'eux selon la vertu
sont appelées filles du Roi.
Toutes ces âmes unies selon la foi et la vertu forment une seule
Reine se tenant debout à la droite du Christ Dieu» (Pseudo-Origè-
ne 12,1432).
Jean Chrysostome:
« Esquissant l'Eglise comme en une image (ELKO\lL) (le psalmiste
a parlé). Ensuite les Apôtres ont dit, l'un "Je vous ai fiancés à un
homme pour vous présenter au Christ comme une Vierge pure"
(1 Cor 11,2); l'autre: "Celui qui a l'épouse est l'époux" (In 3,29);
l'autre: "Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui a fait
des noces pour son fils" (Mt 22,2). Cela, (le psalmiste) lui aussi l'a
proclamé auparavant en introduisant la Reine avec le Roi. C'est
pourquoi il dit: "La Reine se tient debout à sa droite"» (Suit une
citation d'Eph 2,6).
André ROSE
LA PHÉNOMÉNOLOGIE DES RELATIONS
ENTRE L'ÉGLISE ET LA LITURGIE
n'y a point entre nous d'autre différence que celle qui peut exister
d'un membre à J'autre. Aussi ne rejetons pas tout sur les prêtres
mais, au contraire, nous aussi, comme il convient dans un même
corps, tâchons de prendre à coeur ce qui intéresse toute l'Eglise ).
qu'un pain, à nous tous nous ne formons qu'un Corps, car tous
nous avons part à ce pain unique" (J Co. 10,17).
Sur ce point, les traditions patristiques sont éloquentes à
souhait. Cyrille d'Alexandrie dit que (le Monogène) «par un
corps unique, le sien propre, il bénit dans la communion mystique
ceux qui croient en lui, les faisant concorporels avec lui et entre
eux ... Car si nous mangeons tous de l'unique pain nous formons
tous un unique corps ... Et si nous sommes tous concorporels les
uns avec les autres dans le Christ, non seulement les uns avec
les autres mais aussi avec celui qui par sa chair vient en nous,
comment ne serions~nous pas un, tous, les uns dans les autres
et dans le Christ? " (In Joan. XI, 11). St. Cyprien note que « quand
le Seigneur appelle son corps le pain qui est fait de beaucoup
de grains réunis, il signifie que tout le peuple chrétien qu'il
porte en lui doit être uni. Et quand il appelle son sang le vin
qui est exprimé de nombreux raisins et qui ne fait qu'un seul
liquide, il signifie encore le troupeau que nous sommes, qui ne
fait qu'un par l'union de la multitude" (Ep. 76).
Il faut interpréter dans cette lumière la forme que l'Anaphore
alexandrine de Sérapion de Thmuis donne au récit de l'Institu-
tion: « ... Et comme ce pain, autrefois disséminé sur les collines,
a été recueilli pour ne faire qu'un, ainsi rassemble ta sainte
Eglise de toute race, et de toute terre, et de toute cité, et de
tout village, et de toute maison, et fais d'elle l'Eglise une, vivante
et catholique" (Euch. Serap. XIII, 3). Théodore de Mopsueste
note que « ceux qui furent réunis en un seul corps par le symbole
de la régénération sont maintenant aussi resserrés comme en un
seul corps par la participation du corps de Notre Seigneur"
(6' hom.).
La perspective de koinônia perce avec insistance dans l'épi-
clèse de la Liturgie de Saint Basile, qui dit que « nous participons
au pain unique et à la coupe unique, unis les uns aux autres
dans la communion à l'unique Esprit ". St. Jean Damascène note
aussi que « si le sacrement est une union avec le Christ et les
uns avec les autres, il nous donne de toutes façons l'unité avec
ceux qui le reçoivent avec nous" (De fide ort/l. IV, 13). N. Cabasi-
las, dans son Explication de la divine liturgie, dit que « si l'on
pouvait voir l'Eglise du Christ en tant qu'elle est unie et parti-
cipe à sa chair sacrée, on ne verrait rien d'autre que le corps
du Sauveur ».
286 EVANGELOS THEODOROU
* * *
De ce que nous avons rapporté s'ensuit que l'Eglise n'est
plus seulement le corps pascal du Christ, elle est aussi le moyen
de réalisation et de construction de ce corps. L'Eglise concentre
292 EVAN GELOS THEODOROU
Evangelos THEODOROU
BIBLIOGRAPHIE UTILISÉE
3 L'expression se trouve dans les titres des missels ambrosiens d'hier (cfr.
Missale Ambrosianum iuxta Ritum Sanctae Ecclesiae Mediolanensis - Editio
quinta post Typicam [Mediolani 1954J ct ainsi les précédents) ct d'aujourd'hut
(cfr. Messale Ambrosiano seconda il Rita della Santa Chiesa di Milana. Rifor-
mata a norma dei Decreti del Concilia Vaticafw II. Pmmulgato dai Signar Car-
dinale Giovanni Colombo, Arcivescovo di Milana, 2 voll. [Milano 1976] IvoI.,
pp. LXVIII + 864; II vol.. pp. XXIV + 1028 = NMA).
4 Cfr. P. BORELLA, Il rito ambrosiano (Brescia 1964) et bibliographie (pp. 475-
493). A propos de la liturgie ambrosienne voir aussi les expositions du même P.
BORELu., dans: M. RIGIIETTI, Manuale di storia liturgica, vol. II (Milano3 1966)
615-677; vol. IV {Milano2 1959) 555-620. Et aussi encore A.M. TRIACCA, La liturgia
ambrosiana, dans: AA.vV., Anamnesis. 2. La Liturgia: panorama storico gene-
raIe (Torina 1978) 88-110; IDEM, Libri liturgici ambrosiani, dans Q.C., 201-217.
5 Cfr. note 3 ci-dessus; et aussi AM. TRIACCA, L'eucologie ambrosienne dans
la structure du nouveau Missel de la «Sancta EccIesia Medivlanensis", dans:
Gestes et paroles dans les diverses familles liturgiques. Conférences Saint-Serge.
XXIV" semaine d'études liturgiques Paris, 28 Juin-1er Juillet 1977 (éditées par
A.M. TRIACCA) (Roma 1978) 301-328; IDEM, Il nuovo Messale Ambrosiano. (Iniziali
riflessioni), dans: Liturgia. Notiziario quindicinale Centro Azione Liturgica nr.
260-261, 12 (1978) 43-51; F. DELL'ORO, Il nuovo messale della Chiesa ambrosiana,
dans: Rivista Liturgica 64 (1977) 524-623.
6 Pour 1'« aggiornamento" de la réforme des livres liturgiques ambrosiens,
voir: Ambrosius. Rivista di pastorale ambrosiana (Centra ambrosiano di
documentazione c studi religiosi - Milano) et pour la Bibliographie aussi sur le
sujet de la liturgie ambrosienne, voir: G. FIGINI, Rassegna Bibliografica Mila-
nese, dans: Ricerche Storiche sulla Chiesa Ambrosiana, II (Milano 1971) 454-
496; III (Milano 1972) 218-250; IV (Milano 1974) 277-322; [G. FIGINI-G. COLOMBO]
VI (Milano 1976) 361400.
7 Cfr. A.M. TRIACCA, Adattamel1to liturgico: utopia, velleità 0 strumento della
pastorale liturgica?, dans: Notitiae nr. 150, 15 (1979) 26-45.
8 Cfr. A. CUVA, La creatività rituale nei libri Iiturgici ai va ri livelli di com-
petenza, dans: Ephemerides Liturgicae 89 (1975) 54-99.
LITURGIE AMBROSIENNE ET ECCLÉSIOLOGIE UNIVERSELLE 297
17 Ber 1241: Or. sup. pop.: «Deus qui de vivÎs ct electis lapidibus, aeter-
num nomini tua candis habitaculum. da aedificationi huic incrementa iustitiae.
Ut ab omnibus hic invocantibus nomen tuum. protectionis tuae auxilium scn-
tiatur. peL ».
18 Ber 1232: S.s.: «Omnipotens sempiterne deus. qui in omni loco domi·
nationis tuae totus assistis. ct totus opcraris. adesto supplicationibus nostris.
et huius domus. cuius es fundator esto protector. Nulla hic nequitia contra·
riae potestatis obsitat. sed virtute spiritus sancti operante. fiat hic tibi semper
purum servitium. et devota libertas. per dominum. in unitate ».
19 Ber 1233: S.O.: «Deus qui sacrandorum tibi auctor es munerum. ad
sanctificationem loci huius. propitius adesse dignare. Ut qui haec in tui no-
minis honore condiderunt. protectorem te habere in omnibus mereantur. pero ».
20 Ber 1234 Pro VD: «Pcr xpm. dominum nostrum. qui eminentiam potesta·
tis acceptae ecclesiae tradidit. quam pro honore percepto. et reginam consti-
tuit et sponsam. Cuius sublimitati universa subiecit. ad cuius iudicium consen·
tire iussit e caelo. Haec est mater omnium viventium filiorum numero facta
sublimior. quae per spiritum sanctum cotidie deo filios procreat. cuius palmi-
tibus mundus omnis impletus est. Quac propagines suas ligno baiulante suspen·
sas. erigit ad regna coelorum. Haec est civitas illa sublimis iugo montis erccta.
perspÎcua cunctis et omnibus clara. cuius conditor et inhabitator est idem
dominus nos ter ihs xps filius tuus. Qucm una tecum. )).
21 Ber 1235: P.C.: «Benedictionis tuae quaesumus domine piebs tibi sacra
fructus reportet et gaudium. Ut quod in huius festivitatis die corporali servitio
exhibuit. spiritualiter sc retulisse cognoscat. pero ».
22 Cfr. DELL'ORO, 570.
23 En synopsis de toutes les sources anciennes ambrosiennes, on peut voir:
Ja leetio: Apoc 21,2-5a: ou 1s, 11-14; ou Bar 3,24-37; 2a Zeetia self epistofa: 2
Tim 2, 19-22; 3a lectio seu Evangelium: Jo 10,22-30: ou Luc 19,1-10.
21 Cfr. DELL'ORO, 577.589.
25 Ber 1236-1240 == Item alia missa.
26 Voir la liste des sources dans l'oeuvre du DELL'ORO, 538 et la table synop·
tique à la p. 588.
27 C'est-à.dire les oraisons: super populum (Ber 1236); super sil1donem (Ber
1237): stlper oblata (Ber 1238); praefatio (Ber 1239); post commU/1ionem (Ber 1240).
28 On peut faire la comparaison entre le pièces témoignées dans les autres
sources ambrosiennes: c-à-d.: 1a lectio: Apoc 21, 9b-27; 2a lectio seu epistola:
1 Cor 3,9-15; ou 1 COI" 3,16-23; ou 2 Tim 2,19-22; 3a lectio seu Evangelitlm: Jo
10,22-30; ou Luc 19,1-10; ou Luc 6,43-49; ou Matth. 21,10-17.
LITURGIE AMBROSIENNE ET ECCLÉSIOLOGIE UNIVERSELLE 299
29 Il s'agit des oraisons Ber 1237: S.s.: « Populum tuum domine propitius
intuere. et in templo nomini tua aedificato. tuam pietatem invocantes. misera-
tionis tuae potiantur auxilio. pero »; Ber 1238: S.ob.: « Quae in hoc altari pro-
posita domine oculis tuae maiestatis offerirnus. sancti tui il!. quaesumus suppli-
cationibus propitiatus assume. pero ll; Ber 1239: Pro VD: « Aeterne deus. Qui
hanc ecclesiam nomini tuo dicatam annua festivitate illustras. atque mysticis
ornatam virtutibus de terris mittis ad caelum. Haec est enim domine mater
viventium, "\ita et salus omnium in te credentium. Haec est sponsa agni tui
mirabili ipsius illustrata decore. pro qua clementissime pater. unigenitus tuus
crucem pcrtulit. et adversarium ",icit. Unde et a dextris tuis in caelestibus
constituta. ac suorum civium dccorata virtute rnaiestatem tuam trina vace inter-
pellare non cessat. Quam 1.a.u. l'.
30 Les pièces de la Parole de Dieu sont spécifiquement ambrosiennes.
31 Les justifications et les preuves chez DELL'ORO, 578-589.
32 Cfr. O. HEIMING, Aliturgisc11e Fastenferien in Mailand, dans: Archiv für
Liturgiewissenschaft 2 (1952) 44-46; IDEM, Il lavoro di Maria Laach intorno al
breviario ambrosiano, dans: AA.VV., Problemi di Liturgia Ambrosiana. Alti del
Congresso LitHrgico Ambrosiano (Milano 1949) 48-58: IDEM, Die Episteln der
Montage, Dienstage, Mittw,Jche und Dmmerstage der Mailiinder Quadragesima,
dans: lal1rbuch für Liturgietvissenschaft 7 (1927) 141-144 (voir aussi dans: Am-
brosius 6 [1930] 25-27).
33 Cfr. A. PAREOl, O.C. ci-dessus à la note 13. Voir aussi O. HEIMING, Das mai-
landische Prafationale, dans: Archiv für Liturgiewissenschaft 1 (1950) 128-132.
34 Par exemple voir: P. BOREI.LA, lnfilissi carolingi e monastici sul Messale
Ambrosiano, dans: Miscellanea Liturgica in honorem L. Cw1.iberti Mohlberg, 1
300 ACHILLE M. TRIACCA
(Roma 1948) 73-115; A.M. TRIACCA, Per una migliore ... , a.c., ci-dessus à la note 9.
pp. 205·215.
35 Voir le titre: Missa in Anniversario DedicatiDnis Basilicae chez le Ms D.
3-3 de la Bibl. CapU. Metropol. de Milan. Cfr. J. FREI (éd.), Das Ambrosia»i-
sche Sakramentar D 3-3 aus dem Mailiindischen Metropolitankapitel. Eine
textkritische und redaktionsgeschichtlic1œ Untersuchung der mailiindîschen Sa-
kramentartradition = Corpus Ambrosiano - Liturgicum III (Münster i. W. 1974)
nr. 636-339.
36 Les affirmations et les preuves chez DELL'ORO, 590-593.
37 Il s'agit de Ber 1231 qui trouve une partielle concordance dans Le Sacra-
mentaire gélasien d'Angoulême (P. CAGIN [éd.]) (Angoulême [1918]) nr. 2166
(voir autres concordances chez P. SIFFRIN, Konkordanztabellen zu den romischen
Sakramentarien. Il. Liber Sacramentorum Romanae Aeclesiae [Roma 1959] 89)
et dans le Liber Sacramentorum Romanae Aeclesiae ordinis anni circuli. [Sacra-
mentarium Gelasianum] (L.C. MüHLBERG [éd.]) (Roma 1960) nr. 710; et de Ber
1233 qui trouve une partielle concordance dans Le Sacramentaire gélasien d'An-
goulême, D.C., nr. 2129 et dans Le Sacramentarium Gelasianum, o.c., nr. 703.
LITURGIE AMBROSIENNE ET ECCLÉSIOLOGIE UNIVERSELLE 301
* * *
" MA 395-408.
69 Nous disons «déclassé» car dans une des dernières épreuves polycopiées
du NMA en langue latine, on lit (p. 94) In Dedicatione Ecclesiae Mai01'is. Sol·
lenmitas raturé et remplacé à la main par Festum.
70 Cardo GIOVAN~I BATI1STA MONTINI, Arcivescovo di Milano. Sua Santità
PAOLO VI, Pastorale liturgica (Roma 1963).
71 Ibidem, 113.
J08 ACHILLE M. TRIACCA
n Ibidem, 110.
73lbidem, 112.
"NMA !, 411491; II, 571-651.
"NMA !, 413; II, 573.
"NMA !, 414415; II, 574-575.
77 NMA !, 416417; Il,576.577.
"MA (34) - (38).
79 MA X-XI.
LITURGIE AMBROSIENNE ET ECCLÉSIOLOGIE UNIVERSELLE 309
MA NMA
2 MR _____ 1__ 1 MR
COMMU:-.rE MrssARUM COMUNE DELLA DEDICAZIONE COMMUNE DEDIeA TIONIS Ee- COMMUNE DEDlCATlONIS Ec-
IlELL\ CHIESA CLESIAE CLESTAE
In .4tmiversario Dedicationis
Ecclesiae Maiaris
[pso die Consecrationis Ee- Nel giorno della Dedicazione In die Dedicationis In die Dedicationis
i'l
:Il
clesiae (cfr. le Messe Rituali) (cfr. Missae Ritualcs) ;::
Nell'anniversario della Dedi· ln Anniversario Dedicationis In Anniversario Dedicationis
r;;
cazione 1:
A. Nella Chiesa di cui si
celebra la dedicaxione
A. In ipsa ecclcsia dedicata A. In ipsa ecclesia dedicata id
B. In una Chiesa diversa da
quella in cui si comme-
B. Extra ipsam Ecclesiam de-
dicatam
B. Extra ipsam Ecclesiam de-
dicatam
~
mora la dedicazione
83 NA l, VI.
312 ACHILLE M. TRIACCA
llfI NMA l, 577-718: II, 737-878. Dans l'index de NMA II 1021, il convient de
corriger les premières numérations des pages regardant cc secteur.
"MA (68) - (88).
M NMA 1. 580-645: II. 737-805.
B92 MR 785-818.
LITURGIE AMBROSIENNE ET ECCLÉSIOLOGIE UNIVERSELLE 313
92 Cfr. Post Liturgiam Verbi: feria Il, Hebd. Il Adv.: <.< Ecoute ta famille
réunie dans la prière» (NMA l, 22); Super populum: feria IV, Hebd. V Adv.:
({ 0 Dieu Qui nous vois réunis» (NMA l, 68), etc. Rerrnaquons qu'en soi, pour
chacune dc nos affirmations du genre, nous devrions citer de nombreuses
preuves de l'cucologie. Pour des motifs clairs, nous ne le faisons pas. Le lecteur
voudra bien nous en excuser, d'autant plus que les eitations que nous appor-
tons comme preuves lui sont sans doute bien connues.
93 Vaut ici également ce que nous avons ùit ùans la note précédente, sinon
nous devrons faire suivre chaque parole de citations. Par exemple: la visitant
(= visita quaeslInlllS Domine familiam 1 plebem tuam); la protégeant, la ren-
dant forte (= sit familiae tuae, Domine, contint/ata defensio divini participatio
mysterii; remedia saiutis aeternae, qllae te miserallle percipit, te protegcI1te
custodia!) , etc.
316 ACHILLE M. TRIACCA
lisation parce que l'Eglise est la Mère des vivants ". Le prototype
de l'ecclésiologie liturgique ambrosienne qui soustend ces thèmes
est contenu dans l'eucologie de la messe du troisième Dimanche
d'octobre. Celà équivaut à dire que nous sommes devant une
ecclésiologie éminemment grandiose. A ce que nous en avons
déjà dit plus haut, nous ajouterons, en guise de conclusion, ce
qui va suivre.
* * *
Après avoir présenté les textes eucologiques propres à la sy-
naxe eucharistique et qui intéressent plus directement le thème de
l'ecclésiologie liturgique, portons maintenant notre attention
sur quelques lignes ecclésiologico-liturgiques.
94 On peut comparer les pièces Ber 1234 (ci-dessus à la note 20) et Ber 1239
(ci-dessus à la note 29) ct voir:
Ber 1234 Ber 1239
Haee est mater Haee est enim domine mater
omnium viventium vivel1tium, vita et saius omnium
in te credentium
Mais la comparaison peut continuer:
Ber 1234 Ber 1239
*) ... constituit *) Haec est
et sponsam sponsa agni tui
mirabili ipsius illustrata decorc
H) quac .. . erigil -.',*) mysticis ornatam virtutibus
ad regI/a caelarum de terris mittis ad coelum
*-""') el reginarn cOl1stituil ""'*) a de.xtris tuis in coelestibus C011-
slituta
",,-H) Haec est civüas îlla sublimis iu- ****) ac suorum civium
go montis erccta. decorata virtutc.
95} Cor 12, 27; Eph 4,4.12.16; Col 1,18, etc.
LITURGIE AMBROSIENNE ET ECCLÉSIOLOGIE UNIVERSELLE 317
96 Nous avons déjà notifié dans l'article cité ci-dessus à la note 50 (p. 353)
que les expressions de la liturgie ambrosienne sur l'Eglise: Mater omnium
viventium; Regina; Sponsa,· (Vitis) cuius palmitibus mundus amnis impletus
est; sublimis, perspicua, clara civitas sont présentes dans la Constitutio Aposto-
lica « Mirificus eventus" du Pape Paul VI [7.12.1965J (cfr. Acta Aposlolicae Sedis
57 [1965] 949). Et aussi le texte de la préface Ber 1234 {ci-dessus à la note 20)
est présent dans le formulaire de la Missa pro Jubilaeo extraordinario ap-
prouvé par la Sacra COl1gregatio Rituum [6.1.1966J (cfr. No/iriae 14 [1%6] 44-46).
Voir aussi A. BüGNINI, 1 testi liturgici della Messa per il Giubileo straordinaria,
dans: L'Osservatore Romano (21.1.1966) pp. 1-2.
97 Cfr. Préface du III" dimanche d'octobre: Dédicace de l'église cathédrale.
« Le Seigneur Jésus ... l'a élevée à la dignité d'épouse" (NMA l, 282-283). Cfr.
J.J. MARèEUé, Ecclesia Sponsa apud S. Ambrosium (Roma 1967) où l'A. met en
vidence l'ambrosianité de ce concept présent dans l'eucologie liturgico-ambro-
sienne.
98 C'est cc qu'affirmait le Cardo G.B. Montini le 26 avril 1959 à l'occasion
de l'inauguration de la Cathédrale restaurée de Crema, déjà cité plus haut.
Cfr. Cardo Giovanni Battista MONTlNI, Archcvéquc de Milan à Sa Sain-
teté Paul VI, Pastorale liturgique (Roma 1963) 111. Le discours complet in G.B.
MONTIN"I, Discorsi sulla Chiesa (1957-1962) (Milano 1962) 65-75.
99 La préface citée (note 97) s'exprime ainsi: "Le Seigneur Jésus a associé
son Eglise à la souveraineté sur le monde ... (Elle) est la cité où vit toujours
son Fondateur (= cuius conditay et inhabitator est idem Domil1us nos ter Jesus
Christus»). Il ne sera pas inutile de rappeler que la préface, qui fait l'éloge
de l'Eglise comme «cité s'inspire d'un canon de la rhétorique antique. En
l)
effet, si l'on veut [aire l'éloge d'une ville, il faut évoquer son fondateur, sa
situation, ses habitans, ses vertus. Cfr. QUINTILlANI, Institutio oraloria, 3, 7,
318 ACHILLE M. TRIACCA
26. Le texte latin dit en effet: Haee est civitas illa, sublimis iugo mantis erecta
(= situation), onmibtlS clara CWlcLisque perspicua (= vertu), cuius candita,. et
inhabitator (= le fondateur qui y est présent) est idem Dominus nos ter Jesus
Christus.
100 Le texte latin est très incisif: Qui Ecclesiae tradidit erninentiam potestatis
acceplae, eamque pro honore percepto et reginam ccmstÏluit et sponsam. Cuius
sublimitati universa subiecit, ad cuius iudicium consentire iussit e caelo. Voir
aussi: D. CITTERTO, Lineamenti sulla concezione teologica della Chiesa in Sant'Am-
brogio, dans: AA.VV., S. Ambrogio nel XVI centenario della nascita (Milano
1940) 33-68. L'A. y fait d'innombrables citations tirées de l'Expositio evangelii
secundwn Lucam, de l'Explanatio super psalmos XII et de l'Expositio de psalmo
CXVIII d'Ambroise qui prouvent le même niveau idéologique ambrosien dif·
fusé dans la liturgie ambrosienne.
101 Le texte latin dit: Haec est mater omnium viventium, filiorum numero
facta sublimior, quae per Spiritum Sanctum quotidie Deo filios procreat. Voir
K. DELAHA'I.'E, Ecclesia Mater chez les Pères des trois premiers siècles. Pour un
renouvellement de la pastorale d'aujourd'hui (Paris 1964), avec ample biblio-
graphie sur Je sujet. Voi aussi H. RAHNER, L'ecclesialogia dei Padri. Simboli della
Chiesa (Roma 1971).
102. Cuius palmitibus mundus omnis impletus est, quae pro pagines suas ligno
baüllante suspensas erigit ad regna caelorum.
Voir C. LEONARDT, Ampelos. Il simbolo della vigna nell'arte pagana e pa·
leocristiana (Roma 1947). Nous intéresse le chapitre: La vigna mistica espres·
sione della Chiesa (pp. 187-209). Spécialement à partir des pp. 193ss. le lecteur
retrouvera les citations des Pères qui illustrent la thématique présente dans
l'eucologie ambrosienne. Dans la ligne de cette image de la vigne, nous pouvons
comprendre pourquoi la Post Commw1Ïonem du Sabbato . Hebd. III Quadra-
gesimae présente ce texte: Supplices quaesumus, omnipotens Dells, ut inter eius
l11embra l1umeremur, cuius corporis communicamus et sanguini, traduit ainsi
dans NMA I, 217: «A nous qui avons participé au corps et au sang du Christ,
accorde, Dieu Tout-puissant, d'être toujours insérés comme des ramaix féconùs
en Lui, qui vit et règne dans les siècles des siècles 1>. Voir aussi Jo 15,4.
103 Pour le sens l'importance de l'image dans la pensée antique, voir K.
DELffiAYE, o.c., 41-51 avec bibliographie sur la question.
LITURGIE AMBROSIENNE ET ECCLÉSIOLOGIE UNIVERSELLE 319
104 Cfr. Ap. 3, 12 " ... et nomen civitatis Dei mei novae Ierusalem, quae descen-
dit de caelo a Dco meo ... ».
320 ACHILLE M. TRIACCA
105 Cfr. J. PlNELL, L'« Hodie» festivo negli antifonari latini, dans: Rivista
Liturgîca 61 (1974) 579-592.
106 Cfr. parmi les Messes Votives l'oraison sur les offrandes du troisième
formulaire de la très sainte Eucharistie du NMA (l, 732; II, 892) qui prie pour
que tout le plan trinitaire du salut se réalise dans la célébration: «Accorde à
tes fidèles, Dieu tout·puissant, de participer dignement au sacrifice de ton Fils,
afin que l'oeuvre de notre rédemption s'accomplisse efficacement».
Cette oraison n'est pas proprement ambrosienne, elle est déjà présente
dans des sources anciennes (cfr. P. BRL'YUNTS, Les oraisons du Missel Romain,
II [Louvain 1952] 40, n. 120) et dans le Missel Romain précédent (Pie V) à
la secrète du IX Dom. post Pentecosten, et elle l'est dans le Nouveau Missel
Romain (Paul VI) comme supe.r oblata, trois fois: IIe Dimanche per annum;
Jeudi Saint (Missa in cella DominO; parmi les Messes Votives, De SS.ma Eu-
charistia, dans le formulaire B.
LITURGIE AMBROSIENNE ET ECCLÉSIOLOGIE UNIVERSELLE 321
Dans l'" Ecclesia ", tout reçoit force et grâce de l'action litur-
gique et tout est orienté vers la Sainte Liturgie. Celle-ci est le
point de départ, la force génératrice, la source d'énergie vitale,
et simultanément le point d'arrivée vers lequel tend toute activité
de l' (c Ecclesia ».
L'on peut comprendre ainsi comment entre la liturgie locale
et 1'« Ecclesia universalis », il y ait un rapport intime.
L'Eglise est le signe concret de l'action salvifique du Christ,
elle est le lieu où l'on peut constater l'oeuvre rénovatrice de
Dieu, elle est" initium et plenitudo " de la nouvelle création dans
le Christ.
L'on redécouvre ainsi que le but fondamental du culte
chrétien est que le Corps Mystique du Christ prenne forme
réelle dans l'assemblée liturgique qui rend visible ['" Ecclesia " 10'.
lOB Cfr. A.M. TRIACCA, Il Mistero della Chiesa, cOl11unità di salvezza, dans: V.
MTANO (éd.), Corso introduttivo al Mistero della salvezza (Zürich 1971) 93-114.
109 Voir L. CERFt\UX, Le immagini simboliche della Chiesa nel Nuovo Testa-
mento, dans: G. BARAÜNA (éd.), La Chiesa deI Vaticano II. Studi e commenti
alla Cvstitu"Ziol1e dOl1ll1latica «Lumen Ge1llÎum» (Firenze 1965) 299-313; ct la
Bibliographie sur ce problème des figures de rhétorique dans: U. VALESKE, Vo-
twn Ecclesiae. Il. Teil. InterkonfesslOJmelle ekklesiologische Bibliographie (Mün-
chen 1962) 201-204.
110 Cfr. S. LYON:-<ET, La nature du culte dans le Nouveau TestameHt, dans:
AA.VV., La Liturgie après Vatican Il. Bilans, Etudes, Prospective (Paris 1967)
357·384.
LITURGIE AMBROSIENNE ET ECCLÉSIOLOGIE UNIVERSELLE 323
CONCLUSION
1 CH. WALTER, La place des évêques dans le décor des absides byzantines,
in Revue de l'art 24 (1974), p. 81-89; L'évêque célébrant dans l'iconographie
byzantine, in L'assemblée liturgiqtte el les différents rôles dans l'assemblée, Con-
férences Saint-Serge 23e semaine d'études liturgiques, Rome 1977, p. 321-331;
Apsisversiering in de byzantijnse traditie, in Het Chrislelijk Qastell 31 (1979),
p.3·19.
326 CHRISTOPHER \VAL TER
:; SUZy DUFRE:\NE, Les programmes des coupoles dans les églises du monde
byzantin et postbyzantin, in L'information d'histoire de l'art 10 (1965), p. 185·199.
6 C. M,\NGO, The Art of the Byzantil1e Empire, Englewood Cliffs 1972, p. 232.
L'ÉGLISE DANS LES MONUMENTS BYZA:\!TINS 329
10 Ch. WALTER, The Christ Child on the altar in Byzantine apse decoration,
Communication au 15~ Congrès International d'Etudes Byzantines, Athènes 1976.
11 A. GRAHAR, Deux témoignages sur l'autocépltalie d'ulle église: Prespa et
Ohrid, in Zbornik Radova Viwnlo[oskog lw;cilllfa (Belgrade) 8,2 (1964), p. 166-
168; Les peintures ml/raIes de Sainte-Sopl1ie d'Ohrid, in Cahiers archéologiques
15 (1965). p. 262-265.
L'ÉGLISE DANS LES MONUMENTS BYZANTINS 331
Christopher WALTER
LA DOCTRINE DE L'ÉGLISE DANS LES HYMNES DE L'ÉGLISE
3 Parmi les auteurs d'hymnes les mieux connus, mentionnons: Anatole (qu'il
ne faut pas confondre avec St. Anatole, évêque de Constantinople). L'une de
ses hymnes dans la version anglaise, «The day is past and over », figure dans
de nombreux recueils modernes; St. Côme, le Mélode, mort en 760: St. Jean
Damascène, considéré par certains comme le plus grand hymnographc grec.
Deux de ses hymnes « Come ye, faithful, raise the strain of triumphant gladness»,
et «The days of Resurrection », se retrouvent dans de nombreux recueils mo-
dernes; enfin St. Joseph, l'hymnographe.
4 Il s'est produit dans l'hymnographie latine une évolution caractéristique
qu'il vaut la peine de signaler: il s'agit de l'abandon définitif des normes de la
prosodie latine, la substitution de l'acccnt à la quantité, et les rimes. Ce chan-
gement s'effectua progressivement à mesure que se manifestaient les avantagcs
et les possibilités des nouvelles règles de prosodie.
L'ÉGLISE DANS LES HYMNES 337
Chacune des strophes est SUIVIe d'un refrain, dont les deux
derniers vers reprennent la parole de Notre-Seigneur: «Prenez
sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis
doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos de vos
âmes. Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger"
(Matth. 11: 29-30).
try back to thee), devint «Faith of our Fathcrs, Good mcn's prayers shan win
our country back to thee ». Cette hymne parut d'abord en 1849 dans le volume
« Jesus and Mary, or Catholic Hymns for singing and reading " et, par la suite,
dans de nombreux recueils catholiques.
344 DOUGLAS WEBB
« Une vie brève, ici-bas, est notre lot, douleur brève, courte peine,
là-haut la vie sans fin, la vie sans larmes. 0 bienheureuse récom-
pense. Court labeur, paix éternelle. Pour les mortels et pour les
pécheurs une seule demeure avec les bienheureux)} 2J.
2.2 J'ai cité la traduction de ces quatre hymnes telle qu'elle est reproduite
dans 1'« Historieal Edition of Hymns Ancient and Modern", éditée par le Dr.
W.H. Frere, qui suit de près la traduction de Neale. Dcs versions différentes
figurent dans d'autres recueils qui sont l'oeuvre de compilateurs et d'éditeurs
lesquels ont mis bout à bout d'autres parties de ce poème. Etant donné les
couplets rimés du texte de Neale, ce n'était pas difficile.
Le reste de l'original latin est comme suit:
«Curre, vir optime, lubrica reprime, praefer honesta,
Pletibus angere, flendo merebere caelica festa.
Luce replebere iam sine vespere iam sine luna;
lux nova, lux ea, lux erit aurea, lux erit una.
Patria splendida, terraquc florida, libera spinis,
danda fidelibus est ibi eivibus, hic peregrinis:
tune erit omnibus inspicientibus ora Tonantis
summa potentia, pIura scicntia, pax rata sanetis.
Hic hamo nititur, ambulat, utitur, ergo fruetur
pax rata, pax ea, spe modo, postea, re eapietur.
Plaude, cinis meus, est tua pars Deus, eius es et sis:
rex tuus est, tua portia, tu sua; nec sibi desis ".
23« Hic breve vivitur, hic breve plangitur, hic breve fletur:
nan breve vivere, non breve plaudere, retribuetur.
o retributiol stat brevis actio, vita perennis;
o retributio! caeliea mansio, stat lux plenis.
Sunt modo praelia, postmado praemia - qualia ? plena:
plena refectio, nullaque passio, nullaque paena.
Spe modo vivitur, et Sion angitur a Babylone;
nunc tribulatio, tune recreatio, seeptra, coronae.
Qui modo ereditur, ipsc videbitur, atque scietur,
Ipse videntibus atque seientibus attlibuetur.
Mane videbitur, umbra fugabitur, ordo patebit,
mane nitens erit, et bana qui gerit: ille nitebit.
Nunc tibi tristia, tunc tibi gaudia - gaudia, quanta
vox nequit edere, lumina eernere, tangere planta.
Pars mea, rcx meus, in proprio Deus ipse deeare,
Visus amabitur, atque videbitur, auetor in ore".
350 DOUGLAS WEBB
et ad Ierusalem a Babylonia
post longa regredi tandem exilia.
Illie molestHs finitis omnibus
securi cantica Sion cantabimus,
et ignes gratias de donis gratia
beata referet plebs tibi Domine.
Illie ex sabbato succedit sabbatum
pcrpes laetitia sabbatizantium,
nec ineffabilis cessabunt iubili
quos decantabimus et nos et angeli.
Perenni Domino perpes sit gloria,
ex qui sunt, per quem sunt, in quo sunt munia,
ex, quo sunt, Pater est, per quem sunt, Filius,
in quo sunt, Patris et Filii, Spiritus.
27 «In his pOlTO scribendis Hymnis non tam poëtico indulgendum spiritui,
quam nitore ct pietate consulcndum esse existimavi. Pleraque igitur, argumentis
convenientia e purissimis. Scripturae sacrac fontibus deprompsi quae idoneis
Ecclesiae cantui numeris alligarem l>.
356 DOUGLAS WEBB
APPENDIX
p. 341 s.
Who is she that stands triumphant,
Rock in strength upon the Rock;
Like sorne city crown'd with turrets,
Braving storm and earthquake shock?
Who is she, with arms extended,
Hallowing a world restored,
An the anthems of creation
Lifting to creation's Lord?
As the moon that takes its splendour
From a sun unseen at night,
Sa from Christ, the sun of justice
Evermore she draws her light.
Hers alone the hands of healing -
Bread of Life - absolving Key,
Gad incarnate is the Bridegroom,
And the Spirit's Temple she.
p. 343
Our fathers heard the trumpet calI
Through lowIy cot and kingly hall
From oversea resounding.
They bowed their stubborn wills to learn
The truths that live, the thoughts that bum,
358 DOUGLAS WEBB
p. 344 s.
The Church's one Foundation
Is Jesus Christ, her Lord;
She is his new creation
By water and the Ward:
From heaven he came and sought her
Ta be his haly Bride,
With his own Blood he bought her.
And for her life he died.
Elect from every nation,
Yet one o'er aH the earth,
Her charter of salvation
One Lord, one Faith, one Birth;
One holy name she blesses,
Partakes one holy Food,
And to one hope she presses
With every graee endued.
p. 345 s.
The Church of God a kingdom is,
Where Christ in power doth reign,
Where spirits yearn till seen in bliss
Their Lord shaH come again.
p. 348 s.
The world is very evil, The times are waxing late;
Be sober and keep vigil, The Judge is at the gate,
The Judge who cornes in mercy, The Judge who cornes with might,
Who cornes ta end the cvil, Who cornes ta crown the right.
p. 349 s.
Brief life is here our portion; Brief sorrow short~lived care;
The life that knows no ending, The tearless life is there.
o happy retribution! Short toil, eternal rest;
For mortals and for sinners A mansion with the blest.
And now we fight the battle, But then sha11 wear the crown
Of full and everlasting And passionless renown;
And now we watch and struggle, And now we live in hope,
And Sion in her anguish With Babylon must cape.
But he, Whom now we trust in, ShaH then be seen and known;
And they that know and see Him Sha11 have Him for their own.
The morning shaH awaken, The shadows shaH decay,
And each true-hearted servant ShaH shine as doth the day.
There grief is turned to pleasure, Such pleasure as below
No human voice can utter, No human heart can know.
There God, our King and portion, In fulness of His grace,
ShaH we behold for ever, And worship face to face.
p. 350 s.
For thee, 0 dear, dear country Mine eyes their vigils keep;
For very love, beholding Thy happy name, they weep.
The mention of thy glory 15 unction to the breast.
And medicine in sickness, And love, and life, and rest.
o one, 0 only mansion! 0 paradise of joy!
Where tears are ever banished, And smiles have no alloy;
The Lamb is aIl thy splendour; The Crucified thy praise;
His laud and benediction Thy ransom'd people raise.
With jasper glow thy bulwarks, Thy stree's with emeralds blaze;
The sardius and the topaz Unite in thee their rays;
Thine ageless walls are bounded With amethyst unpriced;
Thy saints bui'ld up its fabric, The corner stone is Christ.
L'ÉGLISE DANS LES HYMNES 361
Thou hast no shore, fair ocean! Thou hast no tirne, bright day!
Dear fountain of refreshment To pilgrims far away!
Upon the Rock of ages They raise thy holy tower;
Thine is the victor's laurel, And thine the golden dower.
p. 351 s.
Jerusalem the golden, With milk and honey blest,
Beneath thy contemplation Sink heart and voice opprest,
l know not, 0 l know not What social joys are there,
What radiancy of glory, '-\fhat light beyond compare.
They, stand, those halls of Sion, Con jubilant with song,
And bright with many an angel And aIl the Martyr throng:
The Prince is ever in them, The daylight is serene,
The pastures of the blessed Are decked in glorious sheen.
There is the throne of David, And there from care released,
The song of them that triumph, The shout of them that feast;
And they who, with their Leader, Have conquered in the fight,
For evcr and for ever, Are dad in robes of white.
o swee and blessèd, country, Shall lever see thy face?
a sweet and blessèd country, ShaIl lever win thy grace?
Exult, a dust and ashes! The Lord shaIl be thy part:
His only, His for ever, Thou shalt be, and thou art.
p. 353 s.
o what their joy and their glory must be,
Those endless Sabbaths the blessèd ones see!
Crown for the valiant; ta weary ones rest;
Gad shaH be aIl, and in aIl ever blest.
What are the Monarch, his court, and his throne?
What are the peace and the joy that they own?
Tell us, ye blest ones, that in it have share,
If what ye feel ye can fully declare.
Truly Jerusalern name we that shore,
'Vision of peace' that brings joy evermore!
Wish and fulfilrnent can severed be ne'er,
Nor the thing that is prayed for come short of the prayer.
We, where no trouble distraction can bring,
Safely the anthems of Sion shaH sing.
While for thy grace, Lord, their voices of praise,
Thy blessed people etemaIly rai se.
There dawns no Sabbath, no Sabbath is o'er,
Those Sabbath-keepers have one evermore;
One and unending is that triumph song
Which to the Angels and us sha11 belong.
362 DOUGLAS WEBB
p. 355 s.
Happy are they, they that love Gad,
Whose hearts have Christ confest,
Who by his Cross have found theiT life,
And 'neath his yoke their rest.
Glad is the praise, sweet are the songs,
When they together sing;
And strong are the prayers that bow the ear
Of heaven's eternal king.
Christ to their homes giveth his peace,
And makes their loves his own:
But ah, what tares the evil one
Rath in his garden sown.
Sad were our lot, evil this earth,
Did not i ts sorrows prave
The path whereby the sheep may find,
The fold of J esu's love.
Then shaH they know, they that love him,
Row all their pain is good;
And death itself cannat unbind
Their happy brotherhood.
p. 356 s.
Roly Spirit ever living As the Church's very life;
Roly Spirit ever striving Through her in a ceaseless strife;
Roly Spirit ever forming in the Church the mind of Christ
Thee we praise with endless worship For thy fruit and gifts unpriced.
Roly Spirit, ever working Through the Church's ministry;
Quick'ning, strength'ning and absolving, Setting captive sinners free:
Roly Spirit ever binding Age to age and soul ta soul
In a fellowship unending, Thee we worship and extol.
Douglas WEBB
LA VISION DE L'ÉGLISE QUI SE DÉGAGE DE LA LITURGIE
DES ÉGLISES RÉFORMÉES DE SUISSE ALÉMANIQUE
ses richesses et à tous ses dons. En second lieu, que chacun doit
savoir qu'il est obligé d'employer de bon coeur et avec joie les
dons qu'il a reçus à l'utilité et au salut des autres membres ».
Dans le Catéchisme de Heidelberg comme dans l'intercession citée,
le corps du Christ n'est plus envisagé uniquement dans sa rela-
tion avec Christ lui-même, mais aussi dans la relation des mem-
bres de ce corps entre eux. Si Christ, en tant que tête du corps,
ne modèle pas seulement la vie des membres de la paroisse pris
individuellement, mais aussi la vie de ces membres entre eux
- leurs relations - , alors ils peuvent ressentir qu'ils forment
une famille. Cette phrase de la prière vise à dissiper un certain
malentendu. Le culte est parfois compris comme une occasion
d'édification individuelle et privée, les participants au culte ou-
blient alors que la communauté est une famille et qu'elle constitue
le corps du Christ. Le « Leipziger Kirchenstaat» (1710), liturgie
officelle de Leipzig à l'époque de J.-S. Bach, montre clairement
que le culte luthérien a évolué dans ce sens dans les siècles qui
ont suivi la Réforme: le croyant doit prendre avec lui, pour le
culte, son livre de dévotion en même temps que son livre de
cantiques; pendant le jeu d'orgue, les motets et d'autres chants
en latin, il cherchera dans son livre de dévotion une prière à
lire pour son édification personnelle ". Les oeuvres de J.-S. Bach
- surtout la Passion selon Saint Matthieu - sont avant tout
destinées à soutenir la piété individuelle u. C'est à la même
époque - de 1726 à 1738 - qu'on a construit la célèbre « Frauen-
kirche » de Dresde. Elle se compose d'un corps central et de cinq
tribunes superposées. Tous les paroissiens pouvaient suivre de
près le déroulement du culte, voir distinctement les gestes litur-
giques et comprendre sans peine toutes les paroles prononcées
par l'officiant - cela même lorsque l'assistance était très nom-
breuse. Mais les cinq tribunes superposées montrent bien que
l'architecture de l'époque se préoccupait peu de faire sentir et
de rappeler aux paroissiens qu'ils formaient un corps et une
famille ". On constate d'ailleurs un changement à cet égard
depuis quelques années: d'où la prière pour que la paroisse forme
un corps.
que nous avons commis envers Israël; nous t'en prions: ne nous
les impute pas. Nous n'avons pas trouvé le courage de protéger
suffisamment les réfugiés juifs alors qu'ils étaient persécutés; et
nos frontières ont été fermées à beaucoup de ceux qui cherchaient
un abri chez nous. Nous avons craint davantage les hommes que
loi, le Maître de tous les maîtres. Au lieu d'être tes témoins, nous
t'avons renié et nous avons été en scandale à beaucoup de Juifs.
Cette lourde faute pèse sur nous et nous oppresse, et nous te de-
mandons instamment pardon) 30.
31 Ibid.) p. 31.
32 E. BRUl\NER, Das Missverstiindnis der Kirche, Zürich 1951, p. 64.
376 EBERHARD ZELL WEGER
Eberhard ZELLWEGER
'" Pour l'inclusion de cette conférence dans le volume présent, voir: P1"és~n
tation, p. IX-X.
378 EVANGELOS THEODOROU
et du vin, tV~À6ç Ècr"t'~v &p"t'oe; xcx:t "t'o 7to"t'~p~ov. Mais dès qu'ont été
prononcées les grandes et admirables prières, le pain devient le
corps et le vin le sang de Notre-Seigneur Jésus Christ, "t'O"t'E y(VE"t'cx:~
ô &p"TOe; crwfla xcx:l "TO 7tO"T~pLOV C(I!l-C( "TOU Kuptou 1Jf1.Ù}\I 'I"1)crou XpLcrTOU.
Venons à la célébration des mystères. Ce pain et ce vin, tant que
les prières et les invocations n'ont pas eu lieu, sont simplement
(du pain et du vin); mais, lorsque les grandes prières et les
saintes invocations ont été faites, le Verbe descend dans le
pain et le vin, et le corps du Verbe est, xc(Ta~tX(vEL 0 A6yoe; de; TOV
&pTOV xat TO 1toT"1jPW'J xC(l y(VET(l~ aù"Tou crw!l-(l».
Une allusion pour une épiclèse semblable existe dans une
épître de saint Grégoire de Nazianze à Amphiloche: «Ne négli-
gez point, très saint homme de Dieu, de prier et d'intercéder
pour moi, lorsque, par votre parole, vous ferez descendre le
Verbe divin, et que, par une incision non sanglante, vous divi-
serez le corps et le sang du Seigneur, votre parole vous servant
de couteau, lhC('I &'v(l~WixTt'.p "t'O!-Ln m-;)f1.a xat C(!!l-(l Téflv7)e; 8"Ecr7tOnXOV,
cp(Ùv·~'1 €XW'J "TO ~(cpoÇ)).
A toutes les époques l'Eglise introduit dans ses célébrations
les thèmes considérés comme les plus importants pour la sau-
vegarde de ]' orthodoxie en face de menaces de déviations héré-
tiques.
(8~C(cpopàv xa.t &'1o~m6"nrrC( '" E\I TClrC; tLucrTmexLç 6ucr(cx:~ç x0:1 TC(LÇ IiÀ-
l,en:; lE?oupyLC(~ç ... , Èv 'rlû::; EllXCf.LC;, EV TOC!Ç È7nxÀ~aE(n'J,." ÊV TOC~E~
&xoÀouO[q: .. " È'J Tep TOÜ Xp6\lOU f.L~XEL XOCL -rn ~pC(8u'nrn, EV 7tÀ~fk~ xcd
àÀ~y61'1)T~» ).
Malgré ces différences liturgiques locales, " le pain commun
se transforme en corps du Christ et le vin commun en sang
pour notre salut» ((( 0 XG~\làç cipTO::; de; crNf.lO: Xp~aTou f.LETOC~OCÀÀETc(~
xo:t 0 xmvoç DIvo::; oclf.L1X Xpl)f.LOCTL~E~ TOÜ À\JTpOU ·~!LWV») .
Photius, d'une façon très caractéristique, ajoute: "La plu-
ralité et les différences dont nous avons parlé, ne nous empê-
chent pas de recevoir la grâce unifiante et déifiante de l'Esprit-
Saint» (w~ TW'I dp1Jf.LÉvCù'l É:'t'EpO'r-f}C; TE xoct 7tOCpClÀÀOCylJ TI)V É\loE~a1; xcà
&E07tO'.Ov Xr!t.pLV TOU TI VEO!J.OCTO::; ... 07to3éÇaa&cH ... où QLExWÀuaE:v»).
C'est dans des termes similaires que le Concile de Constanti-
nople de 879-880, à l'occasion duquel Photius s'était reconcilié
avec Rome, a édicté le canon suivant: "Chacune de deux Egli-
ses a un certain nombre de vieilles coutumes traditionnelles.
Celles-ci ne devraient représenter ni un sujet de discussion, ni
un sujet de discorde. Il est juste que l'Eglise romaine main-
tienne ses coutumes. Mais également, que l'Eglise de Constan-
tinople maintienne les quelques coutumes qu'elle a héritées du
passé. Ceci sera également valable pour les autres sièges épisco-
paux de l'Orient ".
Malgré l'existence de cette diversité des formes liturgiques,
l'histoire du culte prouve que la différenciation de ces formes
s'opère non seulement dans les limites qu'exige l'unité de la foi,
mais aussi dans le cadre ecclésiologique auquel l'élément divin
est immuable. Le changement constitue le trait caractéristique
des éléments humains du culte.
La différenciation des formes du culte est aussi déterminée
par la requête de l'édification de l'Eglise, de telle manière, néan-
moins, à eviter tout scandale et schisme.
Les formes nouvelles se tiennent dans une sorte de péricho-
rèse, afin que le mouvement de multiplication, face auquel noUS
nous trouvons, ne devienne pas une dispersion.
Saint Augustin avait vu dans la diversité des coutumes une
des raisons de la beauté de l'Eglise du Christ. Les différentes for-
mes liturgiques sont les branches d'un seul et même arbre spi-
rituel, qui est animé par la même ({ entéléchie» et le même
------=~:::
UNITÉ DE LA FOI ET PLURALISME LITURGIQlJE 391
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Evangelos THEODOROU
BIBLIOGRAPHIE UTILISJ':E