Le Roi Et La Famille Royale de Bragance

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Le Roi et la Famille Royale de Bragan-
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L E Roi et la Famille Royale de Bragan~
ce doivent-ils, dans les circollstances présen- .
tes • Retourner en Portugal ou bien Rester
au Brésil?
, Telle est la quest.ion de hante Politique
qui occupe, dans ce moment, ]'attention des
Portngais d'Europe et d' Amérique et semble
divise .. d' opinion les meil1eures têtes.
Cependant pour peu qu'on envisage, d'un
esprit noo prévenu et dégagé de tout ~nterêt
personnel, cette question la plus important.e
peut-être qui' ait été ag'itée depu is la fonda-:-
tion de ]a monarchie, ,II nous semble qU'on
ne peut 'manquer d' arriver à cette solution:'
Que la Fa1nille de Bragance ne doit , point,
quitter le Bré silo
Pour suivre la discussion dans toute's sei
phases et refuter victorieusement ' toutes ]es
objectipns, iI· nous s~mble ' qu' ilsuffit ,de
prou ver la vérité des six propositions sui-
"antes:
I. Que le Portugal, dans son état ac-
"'leI, oe peut abs.olnrnent point se passer du
Brésil, tandis que le Brésil De retire au
contraire pas le moindre avantage de son
U nion a vec le Portugal.
2. Que ]e Départ de la famille Royale
pour l' Europe serait le prélude de l' Indépen-
dance du Brésil résultat iné,'itable d' une
démarche aussi impolitique.
3, ,Que S. · M. peut consen"er son auto ..
rité Royal-e tout el1tiere an Brésil et y fonder
un Empire florissant d' nn tres grand poids
dans la Balance politique du mondo
4. Que l' essor revolutionnair des Por-
"*
tugais d' Enrope sera consirlérablement ra-
I

lenti pár ' la déterinioation: du 'Roi dé nê point


quitter le Brésil; tandis qu'il . ne connaitrait
pasde bornes;- si S. M. se, trouvai-t- à Lisbon ...
Jle au milieu, et à la merei des -Rebel1es.
, I ~ 5 . . Que la--meilleure ' position, sans con-
tredit, du Roi , vis à vis des faiseurs de cons-
titutions est celle - la rnéme ou la Providence
l'a placé, éloigné du foyer de la sédition
e.t m aitre de la partie ' sans . comparais'on la
J

l11us importante et la. plus florissante ' de l'Em-


pire Portugais., l · ~ ,

6. Enfin r qúe , dans tous · les cas possi-


bles, S. M: ~· sera toujollrs' à: temps ' de faire-
la déniarche qu'on pourrait lui proposer , au....
Jourd'hui. , ·

Dévéloppons ces di verses propositions.

'La prerriiere 'est d~Une évidencc - tellemeilt


palpable qu' elle pOllrrait "Presque se passer-
de démonstration. En effet tous les 'besoins,
du Brésil consistent ' absolumeni 'eo a'r·ticles;.
fllbriqués d' Europe et c"est ' précisément de:
fabriques:' que manque : le Portugal. On í con-
t

somme ~ iI est vrai au Brésil "beaucou p de-


vin de Portugal; mais la raison en €st aux:
droits d' elltrée qui frappent lés vins d' Es-
pagne rt de' France' et les repoussent des-
marchés b-résiliens; de- manh!re que le se~l
article considéI:able d "exportation que produl-
se, l.e Portugal, serait d' une tres m~uy~ise·
defalt au Brésil malo-ré la conformlte de
mreurs ,et de gou~ts des habitans, s'il n'était
b

protege contre ia ! concurrence etraogere par


des ,~ mes·ures- .. fiscales. Qu ~on applique 'ceUe'
.',:
-~'!3 ; f~
~relriarque sur le' commer.ce du ·vin " à ." ~el. líi
.-du seI .( et cette application . est tres 'juste)
·et 1'00 verra que le plus . grand inal oqui ré.~
I

suJterait pour les . Bl'ésiliens, d' ,une scission


·avec le Portugal, serait de p~yer le vin et
le seI, ces deux articles de. premiere nécessi-
.té-, . la moihé des prix aux quels on les velld
.a ctuellement. .
Les hommes dont les Brésiliens ont vrai-
ment besoin sout les Anglais, les Allemands j
.les Hollandais t les .Fran~ais, . les Suedois,
Jes Italieris &c. parccque les pays . qu~ils ha ...
:bitent, outre qu'lIs produisent en .abondance
]e peu de denréei et matiéres premi~res qui
manquent ici J sQnt cou verts d" une infinité
·de fabriques qui ·c onfecüonnent tous les ob;-
,j ets imaginables non seulement parfaitemen~
.bieo., :mais enc{)re à tres ,ban , 'lnarché. Le
1C0mmerce des Américains, des A Ilemands ,
. ~es Suedois et des Français est 'surtout pré •
.(:ieux pour le Brésil, attendu que ces ' nations
:qui. o'oot pas de Colonies, n'en consomment
pas moins. une tres forte quantité · de . denrées
.coloniale~ qu'cHes seprocurent en échange
des Produits .de Jeur Solou de leUl' Indus ...
t rie: mais, cn cas d' une séparatioo ( mtre les
deux Royames, que pourrait envoyer ]e P or:·
tugal · au llrésil pour y acheter ces ,· Prod uits
cololliaux. devenus \ un vrai besoin pour, ses
habitans? SCl'ait-ce des espéces métalliques?
mais com me ii ne cootient ni mines d'Qr,ni
mines d'argent. ii en serait bicnt.ôt totaleme nt
dépourvu. Enverrait· iI des objcts fabriqué ~ ? ..
II est sans Industrie. Ou BIé, de la Fari~
ne? II · R'en récoIte pas peut - être . pour la
moitié de . sa propre cv.nso.u.Hn,atio~. " I,>.es fers ,\
* 11..
~14 , 1~
de !. ~1~ t qu'inéailJerie? mais'" j ú~ques. à' présent
iJ ,J ~a5été ob1ig~ de les tirer de 1"Etranger; et
les .p1 ay'air .l avee' l'Or dn Brésil. · Que pourrait-
i.1 done importer auBl'ésil? à peu pres rieo',
<?a'ló ,les i vime;, les séls et ql1e)ques autres pe-
tits . 'iltticles . qu'il peut 'y vendre jusql1es à
:prés~lit avec qllelqu' avantage ne lui offri- I
ráiérit pfus que de la perte;, si I]es étrangers
11 )~taierif soumis;, . pOlir ' ces denr'ées;, " qu 'aui
r..n~ql~S droits que ' eeux . qu'il paie 111i même..
, "!: Lei; -Portugais d' Europe, à qui le ju-
gement ou la ' bonne foi ne manquent point,
convienent sam; difficulté de la vérité " de '
tout, cela; ma.is ils n'en soutiennent pas moins ~
()'ue l le . arésil De peut pas non pIus: de son
c~té' se passe r du ·Portugal. Demandez - leu~
phurqúoi'~ et ils. vousrépondront ' tres séi-ieuse~
meot 'q uê .]a Popu]ation blanche du Brésil
~st paresseuse ~ valétudiriaire '; qu'elle a besoill
d'être raffralchie;, et pour ainsi. dire retrempéc
de temps en temps par des renforts de Co-
100s venant d'Enrope;, et ,. que c'est lã la plus'
précieuse impo·r tation du . Portugal. Mais ;
eD admettant cette .assertion pour aussi vra-ie
qu'elle DOUS parait l douteuse .'( nous deman-
derons à no"tre tour ~ s'il ne serait pas extrê-
Inemeut facile à S. M. d' eocourager par des
lois sages et des Réglemens particuliers l'e- . _
migration des Européens au Brésil;, et si des
Colons Al1émands, Suisses, Anglais;, 1 rlan-"
dais, Danois J Suédois et Franc;;~is De seraient
point préeieux sous le rapp~ri de l' Indus-
trie et de l'activité. D'ailleurs, ' d' apres notre
maniere de voir;, un des résultats les moins
douteux de la séparation des deUx Royaurnes
serait l'augmentation de l'émigration des por,.
tngais pour le :ç~ésil; parceqn '011 a, touJours.
remarqu é que le t desir de s'expatrier cst. chez;
]es peuplcs en raison directe du mal .. aise, et
de la misere qu'ils éprouvent. ;:'
Cette objection tombe donc tout à fait
d'elle .. même J et nous croyons que, s'il .est·
une chose démontrée au 'monde, c'est que le
Brésil peut se passer parfaitement du Portu-
gal; tandis qu 'au contraire celui-ci n'est ab-
solument rieo sans le Brésil. ' " .)
, La seconde proposition nou~ parait d'únê'
~gale évidence. Une contrée aussi vaste, et
aussi riche Que Je Brésil, qui s'est ,'ue pcn-
dat .13 ans le Centre de (' Empire Portu .."
gais, qui a joui . pendant J3 ans de la Pré~.
sence . de la fami lle .Royale et de l' a vapta.-.,
ge de posseder dans soo sein le siegc dti
Gouvernement; qui sent .toutes les supériori-
tés sur le Portugal tant pour soo immense
étend ue que pOlir ~es richesses et popu latiorj
seulement blaoche, qui connait toute l'impor~:
taoce de sa magnifique positioo sur le G ·l ôbe ,:'
ne peut absolurnent point se contenter (Pune.
Pa'1't qu,elconque au Gouvernel1Lent J fut-el-!
le plus cODsidérable eneore que celle faite' -
par I' Espagne à ses {.;olonies; et cela par
la raison toute sim pIe J que Cette Part alt,
Gouvernement est toujors parfaitement Ulu-;
so.ire lors qu~ ceux à qui elle est accordée
soot à deu x mille lieues de distance du:
Point ou se ' traitent les affaires ' P!ubliques ..,:
Que si. on ajoute à ce : puissant motif de . mê ..
c.ooteotement, ~'action des partis, l' Influence,.
irrésistible des contrécs en.\~ironnantes qui tQU~
t.es ont les armes ., à la maio p~ur çooquérir
1~l!f indépendance 1 . l~s menées. ,des Gouver~ ·.
, .. J ", . .. . ' ; ' ..;. I I

J
nemetn consti.tués d' Amérique pour flatter et.
prop;lg, ~r l' E;prit l'épubllcain, qui regne tou ... .
j.ou rs .' pius .' ou moins dans les contrées à Es-
ela vcs, comme , si . la vue de l'_cxtrêrne ser-
vitude poussait ,l' homme vers l' extrême liber-
té; si 1'00 fait enfin entrer eD compte la dis-"
cordaoce de caracteré et d' opinions qui s'est
dejà manifestée pIus d' Ulte fois. entre les Por-
tugais ct l~g Brésiliens, et qu'uo evénement ,.
com me celui qui nous occupe, De peut mau-
quer de faire · dégénerer en antipathie natio . .
nale, on · cooviendra, à moins de vouloir fere.
mer Ies yeux à l' evidence " qn'il est impos-;
sible qu'un Empire comme le. B~'ésil reste;
long temps Colonie, à quelque condition , que:
ce puisse être ~ d.'une Province comme le:
Portugal.
La 3. eme proposition demande à être trai.'
tée avec quelque attentioD. .
La fermentation des · esprits, si général~;
eu EnTope, le penchant irrésistible des Peu-J
pIes vers on nouvel ordre de choses, versl
de n.ou velles modifications de I' organisation
sociale, .l a soif, en uo mot, des l'évolutions.
qui dévOl~e les habitans de l'ancien monde ci-
vilisé. n'oot point s quoiqu'on en puisse dire, .
trouvé jusqucs à ce jonr nn vérit.able acces,
a-u BrésiL II y a bien on bon nombre de têtes:
ruíaltós et de creurs corromplls, mais Ia mas-
se: est encore· saine. Nous oe fuisons point dif-
1i~nlté, toutefois, d'a vOUer qu 'elle témoigne~
du méconteotemeot. , qu'el1e éprouve les in-
quiétudes du mal-alse; mais; iI . est d'autant ·
plus racile au Gouvernement. de S. M. · d'eni
faire disparaHre les ,causes, que' ce méconten- I
tement. n'a-ttaque point les bases - de l' edifice
social, mau:; ·porte entierement sur' des "ices
de pure administration. Ce serait d 'a illeurs une
biell fausse maniete de juger de l'état de 1'0-
pinion publique au Brésil que de prendre
pour ferrne de comparaison Ies Villes prinei..
}lales de ce Royaume. 11 faut dans ce cas
De pas perdre de vue que ces Villes renfer-
ment un trés-graod, nom bre d 'Eu ropéens,. tous
partisaus pIus ou moins décidés des Révolu.
tions, ei qui en souffient, autant quils te peu-
. . vent, I' esprit, en mettant à profit pOU1' cela.
les fautes et les erreurs oU doit tomber fré ...
quemment une administration mal-orgaoisée.
S. M. peut donc aisement étol1 fl'er ces ger ..
'IDes de séditions, d'abord en prennant dei me-
SllreS vigoureuses contre les Factienx; ensui-
te eu corrigeant Ies abus, et en fa i!õiallt subir
à la forme ct à la marche de son Go u yer-
nement, toutes Ies moo ifications agréa b les au
peuple qui ue seront point incompatibles avec
la dignité de la Couronne, dignité qui oe
se rcn~ólltl'e dans toute sa pureté que là ou
le pouvoir Royal existe dans toute sn Pléni ..
tude.
Cette marche toute sim pIe ne peut man~
quer de mener au hut qui est, d'asseoir la
Domination de la Famille de Bragance i;l.U
Brésil sue une Base inébranlabIe. .~
01' une fois que ce but si désil'able au ~
l a été atte~nt ~ lorsque une administration ue ..
tive et éclairée secondera Ie dévéloppément
naturel des Richesses de toute esp_ece que le
Brésil renferme dap!; son sein, à quel degré
de Puissance et de Prosperité ne s'él{\,cra
point ce magnifique Rmpire? P eut-on ,trollter
i ur le . globe une cOlltrée mieux, située pOUl
,Je 'comnierce ~-" et '/qui 1ui ',i vre en même . temps
· un aussi ' grand-nombre de denrées preCleuses,
atitant de ;riches Produits? II ue faut ,qu'ou-
~ vri~ -.\es yeux pou r voir que les Ports de Per-
nambuco " de Bahia .~· .et du Rio . de-Janeiro
i

'et
sOnt faih placés par la natu re" pOli r de-
venir les ,Entrepôts -.·· du commerce de l'Ilide,'
. de la. mer ' du sud, de l'Europe, de I' Améri-
{que, eu un mot, du monde entier. Oui, nouS
-{)e déc1arons -.solemnellemevt ·, 1e Souverain que
): la PrQvidence :a a ppeHé , à régil' cette magni-
. fique · portion du \Gl obe, doit, par· la sey le
- force des choses, en devenir un des premiers
( Potentats. , IL fallt sortir de la vieille xeuti"':
.~ ne Eur01>éen~e. li ne faut poin! rester tota-
i

'; )em,ent .etrangeFs ; aux é;yénemens politiques qui


. se passent à nos portes" et pOlir ainsi dire, sous
.~ DOS yeux. L' Amérique va peser dans la Balan-
ce des nations , de tout lc pOlds de son im-
mense et fertile tcrritoire, de sa popnlatiQn
., toujours - eroissante, .de la: vigueur ennn ~lui
.accompagne· )a jeunesse des Peuples comrne
ce]]e des Individus .. Les destins du monde ,en-
ti,cr ne se : rég'leront pIus, à 'ra venir, dans
: quelque jcoin ignoréde la . vieilJe Europe. Le
sort des habitans de tvut' un hémisphere ne
;. depcn~ra ,plus de l'issue d'un combat ou d·'u-
_De Bataille Jivrés, soit au milieu des Roches
d~s Pyrennées, soit dans les plaines de )' AlIe-
lnagne. : ~c: champ de bat::tille, I'ar~ne ou de-
~ront désorauais descendre les nations pour
vuider Ieurs querelles.; 'e'est le vaste Océan ..
En efl'et les intérêts' politiques des diverses
nations ci vilisées sont engagés et Jiés d 'une
I!laniere si particuliere, .la tendance de I'es-'
,prit , du siecle eet tell~ment pronollcée, .qu'il
~191~
~t impossible, 'aux yeux : de l'homme ~ a'ccou~'
tUlIlé à reflechir, que Ja prerniere grande guer--
re qui doit désolcr le ; monde ne soit point
une Guerre maritime. Et alors quel beau I'Ó-
]e devra jouer le Brésil si important, si · ne-
cessaire aux ,PuissanceS belligérantes ponr fài-
re refraichir et réparer ~ leurs ':Escadres! COlÍl-
me l'al1iance et I' amitié , du Souvera:in de :Ce
I .vaste empire placé a'tI centre de r la dvih-
sation et dominant tontes' les o mers seront · la-
< I

videment recherchées! et .:si ·:.le Gouvernemcnt


dt~ Brésp ' sait profitter' de ces circonstan~es
favorablps, queIJe extension et qu'elle activi-
- té De peut-il pas imprimer à , sa marine ' et à
- son commerce. Et vOilà c'e qu 'on veút aban-
donner; ce qu'on veut perdre pour se rétiret
áu milieu des ' rochers dli Portugal! II DOUS
semble, en vérité, \'oir Louis XV 111.\ et 's a
famille abandonner la France pou)' aller fix'er
le .siege de sou Governement à Ia JVlartinique.
l\tlals allons plus loio, supposons, cont're
tout .Espece de llaison, qU'3 pres que la fa-
millc de Bragance aura abandonné le Rrésil
pOlIr retourner à .Lisbonne ~ El1e conservera
toojours ce Pays-ci fidelement soumis à són
sceptre ; , Le roi constitutionuel de Portugal
n'en descendra pas moins, par la seule fo'r ce
des choses, au rang de puissance Européen-
De du troisieme ordre, parceque Je Portugal
est si peu important par lui même et se troü-
ve d 'ailleu rs si désa vantageusement sltué ~ que,
pour se défendre de l'oppression de l' Espa-
gne, 11 ,devra forcément demeurer ~~ jamais
sous la ferule de l'angleterre. . I'
. Voilà des vérités plus claires que lejour,
.Luce meridiana clariorcs, 'que ; tien r: ne '·peut. l ,
~1 ' lO 'I~
ébl'anler -· qu '~u'cuu sophisrne oe saütait détrui....
te. ~t qu 'ou remarque bien que nous venomt
d 'admettre J une su ppqsitioll tout-à-fait absur-,
de, ceHe que le Brésil pOllrrait rester pai..
siblernent. soumis! au Gouvernement tran"spol'té
à Lisbonne et reooncer à soo Iodépendance
absolue apres eu avoil' joui pendaot 13 aos.
(h mêllle avec cette supposition, certes bieo
gratuite nons pensons que tous les bOll!i es.-
j

prits se rangeront de l'avis que Ia Famille


Jl.oyale ne dQitpoint, dans son interêt bieo
entendu , . quittcc le Brésil. A combien plus
forte raison ne doit-d le pas s'abstenir de cet-
te périlleuse dérnarche IO,l 'squ'il est J pour ain~
si dire, évitlent qn 'en tadoptant elle se trou-
"y~rait, a vant UIl - petit 110m bre d'anné.es, ré ..
duite au Portugal pri vé- de ses co \onies, c'
est-à-dire à une Province ,d'une ételldue or ..
Qinaire, pallvre, peu fertile et in capab\e de
&ubvenil' même aux dépenses de la COllr te-o
Due sur un pied digne de la majesté du
Thr&ne.
. NOllS n'ignorons pas que ces propositions
paraitroot absurdes à bicn des Portugais qui,
'ue tenant aucun compte de la différence des
temps et des mreurs ne manqueront pas de
s'écrier que Ie Portugal était Royaume et a~
v.ait une cour bien a van! la conquête de P
Iode et la découverte de l'Amérique. Cela est
certes incontestt\b le; etsi les Portugais d 'au-.
Jourd'hui pou vaient reprendre les rnreurs et les
habitudes et surtout la frugalité de leu ,'s . an~
cêtres du temps dll R.oi Ferdinand ou de sou-
successeur, ils .pourraient~ J en renonçallt, com-~
me alors, à ea tretenir úne armée permanente
el .~ll c6rps dip lo Ln.a.ti que ..1 a vai" une cour -et '
~IIII~
se passeI' de denrées etrangeres. L' enthoU'sias-
me de la nation supll1éera, nou!' dit-on, à
tout ce qui l1eut lui Dlanqucr. Eh! de bonne
foi, est-ce lorsqu e les commodités les ~lus re~
cherchées de la vie s(mt descendues Jusques
aux classes moyen?es ,de ]a ~ociêté; est-ce lor;....
que le luxe est SI genéralement répandu qu II ...
se montre presque autant sous le chaume, de
)a cabanne que sous' "les lambris du Pala IS:
est"ce enfin lorsque le gout des douceurs et
des jouissances de Ia vie est contracté des l'
enfance, qU'on peut espérer de voir renaHre
la simplicité ou, pour mieux d.ire, l'austéri~
té des mreurs Portugais des 13eme et ) 4eme :
siéc1es? que] est, par exemple ,nous ne dirons
pas le gl'and seigneur ~ mais le né~ociant o~
pulent. de · I.Jishonne ou d" Oporto qUI se con-:
tenterait aUJourd'hui de )a table du Vainque-
Ur d' Aljubarrota? n'attendons point du creut
de l'homme des changemenfs diamétralement
opposés à. sa nature. I

Passant à notre quatr.ieme propositioo' nouS"


)a jugeons radicalement démontrée si, nous
~ommes pa!VrBUS à prouver la vérité de 1~
premiere, c'est-à-di re qUe I~ Portugal De peut
absolument · pas se passet du( Brésil. En effet-
la' crainte d 'une séparatioD totale d 'avec le .
Portugal De peut qu?êtl'e nn puissant freio
pour Ies Rebelles dans leurs' Projets ' insensés:
II faut que les meneurs, non seulement affe~
ctent de la modération et le pIus entier dév01J*
e~ent à la maison de Bragance mais en met-
tent I'pellement dans leur cond uite sans quoi1
cet enthousiasme factice qui a éclaté chez'
]~ peuplc s'évanoúirait bien vite devant l'Idée-
d!une,; ~ scission c:ompletL avec I tles ProyinCeS1
d ' ot1tre;;.mer. Des négociants de Lisbonnc et ·
d'O porto ont versp , nous dit-on, dans Ies cof-
frés de ,d 'Etat d~ l'argent pour ,subvenir à iCS
besoins . .N ous voulons bien croire _tout :, cela ;
mais '" cetargent 'c omment l'avaient-ils gagné
si ce n~est · par le Commerce avec le Brésil.
Or \ pense~t-on que ces nl~mes négociants, si ,
chauds révolutionnaires aujourd'hui J ~ ne sen-
tiralent pas s',attiédi,' ! un peu . Ieur zele s'ils ,
voyaient ' se ' fermer devant eux, par suite des
derriiers evénemeos, Ia voie ,des richesses qui
leur était:. si largement ouverte au Brésil!
S. M. n'a done qu'une marche à ._suivre ,
pour préserver ses sujets d'Europe dei exces
démagogiques ou pourraient les, entrainer qneI-:
ques . factieux ; d'autant ,pIus; ;turbuIents qu'ils
auraient s-aHs doute moins à perdre, c'est de ,
bien , fortifier 'Son autorité au Brésil. Quelle
ditférence si la famille ROJaIe ~e trouvait à
Lisbonne .au. centre de la contagion ., : au mi-
lieu des factieux qui n'auraient désormais pl~s
rien' à ménager! qui o$erait, dans ce eas ~ ;
fixer. ,.des limites à l'esprit réV'olutionnaire ,,dáns
l~essence du quel iI sera .toHJours de, n'ell rty- ,
connaitre , aucune? nons ue - voulons :v qint ~
nous arrete.. pIus long temps sur cette Idée ~
nous ! l'abandonnons aux réflexi'o ns des hom-.
mes hien intentionnés qui, faute d'y. avoir mu-,
J~ement ' pensé auraient pu se ranger de .l'a vis
de ceux qui opinent pour que IeRoi retourne
en Portug~: . i
. La einquiéme Propo~ition se rattache ã.
la précédente. En effet quelle était Ia position,
de l'Infol'tuné Louis X VI. lor-sque I ~assemblée
nationale de France lui imposait la constitu-
tion : .d ite _d~ 1791? Lal .p hu d.éplora,b1e,. ou:,
se soit jamais troul·ée une tête couronnée; :
Captif dans sou ralais, entouré de 3urveillalÍls;':
inquiets ,- dépouiIlé ·de tout. e~péce d'-autOrité .; ~
journellement abl'€uvé d' -outrages. :' C' est , oans i
cet . état qu 'iI vit s' é1ever 1e contrat social ,
qui devait 1e lier au peuple Fronçais et qu"ii '
fut contraint de le jurer malgré qU'Ull ~;rand !
nom bre de ses d ispositions blessât et · S011 creur.
et sa raison. En Espag'ne Iorsque les Cortc_s \
retirées dans l' ile de Leon discutaint artic1e -
par article la fameuse c,onstitution de 1812,
qui pouvait prendre la défense des plns 'justes :
prérogatives de la Couronne toutes envahies
'et détruites. par l' Esprit démocrati~u'e qui a
présidé à la redactíon de cet - acte ? Etaitl J
i

ce Ferdioand V I L ·, gérnisant dans la ,- cu pti.{:


vité Ioio de ses sujets ?' Etai-ce , par hazard- ·
son portrait plac'ée dans la salle des Cortes-;
et aupres du queI 00 avait la respecteu':'
se aUention de placer deux ' gardes·du-col'p-s
tandis qu'on fravaillait sans relàche à I' a- ;
néantissement de I' autorité Royale? que voy~·\
ons nous à N a"pIes , au moment de la révo-
lutioo qui vient d' y éclatter? U n R oi vi~ux
et infirme surpris dans . son p'a lais, pressé par
des 60ts de séd itieux qui . le forcent à j u rer
uo '}lacte social que tres'- v raisem ba blemellt il
n'avait même .Jamais lu. Partout Ia force dé.-·
mocratique opprime des Rois désarmés. l\1ais
que les choses sont dans un etat hien difré~
rent pour le Portugal. Les Rebelles qui l'ont
bouleversé ne dohent point oubliel' qu'H n'ést
qu'une fraction d'un vast empire, dont la.
partie, sans comparaison Ia pIus considél'able,
la plus riche, ]a plus puissant est demeul'ée
jusqu~ à ce jour fidéleau ~ceptre ~. paternel de
Jean" VI. Ce n'est done point à ellX à raire"
la loi à leur Souverain mais à la recevoir de
lui. Ce n'est point du tout ici le eas, pour
lei Factieu x d' opprimer, de menacer, de for-,
cer la maio, choses qu'ils entendent à mer~
veille, mais bieo de traiter et de supplier.
Et c'est lorsque S.M. se trouve dans une po-
sitioo sem blable qu'on pourrait lui conseilIer
d 'abandonner le Brésil pour alIer se mettl'e
à Lisbollne à la merci des démagogues!!
Voilà de ces aberrations d' esprit qu'on à
de la peine à concevoir.
La sixiémc proposition découle naturel-
I~ment de' la situation pólitique, 8ctuelle de
l' Europc. Elle est telle que les factieux ]es
pIns effl'énés sont ohligés . de protester bau ..
tement de leur sincere attaehement aux dy-
nasties légitimes. C'est par cette marche ha""!
bile qu'ilsDtcnt à la grande confederatiou
Européenne le droit apparent de s' immisccr.
dans ce qu'ils appellent leurs affaÍres domes..:
tiques, c'est-à-dire ' d'arréter leur essor ré\'o.~
lutionnaire. Les factieux de N apIes ont oifert
en ce genre tiO ' modéle " parfait que ceux de
'P ortugal ne m-a nqucro-nt pas de suivre. C'est
donc un v-aio fantôme que la peur qu'on
,'eut nous faíre de l' érection d' une autrc fa:-
niilJe sur le Thrf!ne de Portugal. Les Révo~
lutionnaires non seulement ne pouvent point
se passer de Ia Famille de Bragance mais.
même, pons en sommes persuadés, ne le veu-
lent pas. N 011 point que nous croyons à Ieue
dévollement ~n lVlooarque Iégitimc, vertu in~
compatible avec le caractere de constitution-
nel .. adic~l, mais parcequ'ils savent fort blcp."-
que .la ma~se du peuple est imbu~ "dc .:cé, .res~"
- ~1]5 r~
pect de tradition pou'r la famille regnànte ct
(\u'ils n'ol1t d'aillcurs aueun iniérêt à choqueI'
lin sentiment aussi général. En Effet qu'im-
porte aux cOllstitutionnels la Famille qui sera
placée su r Ie Trône, lorsqne Ieurs institutiollS
allnihilent ]e pouvoir Royal et font des !v1ó-
narques autant de machines à signer propres seu-
]emel)t à faire marcher leur auministratiolL On
ne peut done point craindre raisonnablerrient 11\1
changement de DYllastie eo Portugal, Ie quel
rencolltrerait d' ailleurs les improuations des
grandes puissances Européennes~. On ne peut )las
craindre da vantage une Réunion du Portugal á
l' Espagne; parceque cette réunion trou \'erait
toujours no obstacle invincible dans I'anti-
phatie nationale qui surnagerait toujours Sllr
tons les enthousiasmes du moment et empé~
chcrait qu'il ne s' opérat une véritable fusion
entre Jes deux peuples. D' une autre coté cet~
te Réunion à I' Espagne blesserait certaine-
ment la grande confédération Européenne pIus
eneore qu'U? changcrnent de Dynastie. II ne
faut donc pas s' imagineI' que les Révolutio-
naires soint assez fous pour y penser sérieu ..
semento
. N ous croyons en conséqu~nce fermement
que dans I' état actueI des. choses ,. le Ro.i
ne peut rien perdre' à temporiser envers ses
sujets de Portugal,. à aUendre les evéncmens
et les Ré~olutions. ulterieures du congres de
Troppau. Tout ce qui doit occuper daus ce
moment-ci S. M., mais ce qui doit l' occup'pr
sérieusemcnt, c'cst de fortdier son autorité
au Brésil et 'de la mettrc à I' abri des atta •
.ques des révolutionnaires soit d' Europe soit
d~ Améiique. !
Nous venons de démontrer suc cintement ,
mais à ce qu'il nous parait d' une maoiére
satisfesante, la vél'ité des six propositions qui
forment la base de cct écrit. Nous n' avons
po'i nt donné, à bcaucou p -pres, - à nos rai-
sonnemens tons les dê veloppemens dont ils se-
raient susceptibles; mais llOUS en avons néan.·
moins dit asseZ pour convaincre les hommes
scnsés et de bonne- foi que la questiofl: Si Ie
Roi doit retourner en Portugal: oe peut-être
résolue que par la -négative. Cela est telle-
ment ainsi à 110S yeux que nons croJons sill-r
.cérement que si S. Nf. se fut trou vée à Lis~
bonne Iors de_ l'insurrection d' Oporta, elIe
aurait agi três -sagement, au momento ou le
triomphe des Factieux n'aurait pIus été dou-
. teux, de s'embarquer avec toute sa famille
pour Ie Brésil,- et d' Y ventr fixeI' le si ége de
S011 Gonvernement. Qu'on juge apres cela si
nous pou vons nous ranger de I' a vis de ceux
qui dans les circonst.ances actuelles conseillent
le retour en Portugal.
L' Europe entj(~re fut fI'3ppée d' admira-
tion lorsque I~ ,Roi, press~ par un tnjuste
ag-resseur, entre la mer et la néressité de
so'umettre sa politique aux capric~s de -I' op-
presseur des llHtions, monta sur sa FIotte J
abandonna '1' antiql1e berceau de l·a Monar-
chie Portugaise, la terre qui l' avait vu nal-
tre, les tom beaux de ses peres, et vint fonder
au miIieu de I' Amérique méridionale cet cm-
pire dti .Brésil ' qu'attendent de si hautes des-
tinées. Qlle dirait rnaintenant ' cette même
Europe eH voyant S. M. " aprés Un seJour
de 13 . ans ~ 'dans . cette magnifi que contrée,
l'abandonner quaúd la tempête révol~tionnaire
~i 171~
g'rond nutour d' elIe et COUve dans son seirt,
lorsque- la présence de 50,n M,!narque ' ~tU' ~i~
lien d'elle Iui est plus nccessaJre que JamaIs,.
N ous ne craignons pas de le dire J oes mur~ '
mu res improbateurs sllccéderaint au conct>rt
de _Louanges qui s'est fait' entendre jusques
à ce jOllr. l' .

Voílà notre .sincel'e opinion sur la lüa-


tiél'e qui nous occupe. Nous pcnsons qu'elle
m(~nte quelque considél'ation, d" abord parce-
que nous ' connaissons le Portugal dei=uis assez
long'-temps pOUl' savoir apprécier ses vérita-
bles intél'êts,. ensuÍte pàrceque n'étant nôni
ali Brésil ni en Portugal, notre jugement,
SUl' cette importante _ .qu~stioh" ue peut .t êtrf;
fUllssé par auculi pr~fllg'é ' soit de Iocalité soit
d' education.

1820.

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R ) o DE J A N E I R O,
.J. L' ]llIPR.UIER.IE ROYALE, Avec Permission.

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