Extrait
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DALIE FARAH
Il n’y a pas de méthodes pour penser, pour écrire, il y a une manière, il y a une posture,
il y a une forme de cheminement à trouver, à inventer en fonction de soi. Aucun esprit ne
se ressemble et s’il y a méthode il y a celle que l’on trouve pour soi, mais il y a technique
et art car l’écriture et la pensée sont des artisanats, on apprend à écrire en écrivant.
Donc, le chemin entre vous et la dissertation est un chemin personnel, unique. Il
s’agit de vous donner des points d’appui, mais ce sera à vous de construire votre parcours
selon le sujet proposé et vos connaissances sur les œuvres. Croire en une méthodologie
magique et procédurale (comme une recette de cuisine), c’est nier sa puissance intuitive
et sa propre capacité à créer du sens. L’intelligence n’est pas l’apanage de ceux qui ont
toujours eu des bonnes notes à l’école, il y a une intelligence que l’on développe peu
parce qu’on ne la reconnaît pas en soi, c’est l’intuition qui permet, par la déduction et la
synthèse de données, de résoudre des problèmes philosophiques et littéraires.
Bien sûr, il y a des étapes techniques nécessaires, il y a des savoirs savants
nécessaires, il y a aussi des attentes précises. Mais ce qui fait une bonne dissertation c’est
le désir d’écrire une démonstration, le désir de comprendre une problématique et de
l’explorer ; et cela passe par des prises de conscience et des exercices. Cet ouvrage vous
permettra les deux et veut vous rendre capable de rédiger avec aisance – et donc plaisir
– une dissertation académique.
Dans cette optique nous procéderons par questionnement : se poser les bonnes
questions et y répondre de manière progressive, c’est la meilleure manière d’aboutir. Mes
réponses seront pratiques et concrètes et je vous proposerai des exercices d’entraînement
sur un sujet précis relié au thème au programme « Le travail ».
Le thème de cette année se rapproche de la question déjà étudiée en Terminale,
elle vous sera familière. Les œuvres au programme proposent plusieurs espaces du
travail : ouvrier, managérial, paysan et il faudra sans doute aller un peu plus loin et plus
précisément qu’en Terminale.
différentes qui s’entremêlent et créent une confusion, le poème construit en quatre livres
propose une suite de moments de la vie agraire et de la nature qui peuvent dérouter. Il
faudra composer avec cet aspect « morcelé » et parcellaire des œuvres.
L’enjeu d’une dissertation comparée est de chercher des parentés entre des ouvrages
proches malgré leurs différences. Vous, étudiants de classes préparatoires, vous allez
être des passeurs entre des auteurs qui ne se sont jamais rencontrés. Vinaver pourra
ainsi dialoguer avec Weil, les lieux et espaces des Géorgiques pourront aussi trouver
leur écho dans les écrits de la philosophe française et du dramaturge d’origine russe.
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Nous allons procéder par strate, en suivant une chronologie essentielle à la bonne
compréhension des attentes de l’épreuve du concours. Dans un premier temps, lisez
attentivement dans l’ordre ce que je vous propose. Puis dans le courant de l’année, en
3. L’importance du brouillon
Le brouillon est souvent négligé, rapide, non structuré comme si le terme même
de « brouillon » signifiait qu’il n’a aucune valeur. C’est une grave erreur. Le brouillon
c’est le plus important, les écrits et pensées intermédiaires feront la qualité de l’exercice
finalisé. Vouloir vite écrire, vite faire un plan, vite conclure, c’est vouloir vite échouer.
Donc, on vous donne un sujet, vous prenez une feuille de brouillon et vous RECOPIEZ
sur l’espace de la feuille en laissant des marges pour pouvoir le commenter et l’annoter.
Vous recopiez toujours le sujet sur une feuille à part pour l’analyser, même s’il est long,
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SUJET DE TRAVAIL
« Notre époque est, dit-on, le siècle du travail ; il est en effet le siècle de la
douleur, de la misère et de la corruption. » écrit Paul Lafargue dans son Éloge
de la paresse. Vous évaluerez la pertinence de cette remarque à la lumière
des œuvres au programme.
; il est en effet
le siècle
de la douleur,
de la misère et
de la corruption.
La disposition sur la feuille permet d’avoir un début d’analyse fondée sur la syntaxe
(l’ordre des mots et la structure de la phrase.) Ici l’on va aligner deux moments de la
citation. Une affirmation qui va être détaillée avec trois compléments du nom « siècle ».
Ensuite, l’on va mettre en valeur les termes importants et surtout LEURS LIENS.
; il est en effet
le siècle
de la douleur,
de la misère et
de la corruption.
Cette pratique, peut paraître anecdotique, voire inutile mais elle est une garantie de
ne rien oublier, de ne pas extrapoler et d’avoir une première approche. Il faut prendre
son temps et ainsi on évite les contresens et les oublis !
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1. Analyse
Dans la citation que nous avons choisie, on complète le brouillon en interprétant
les mots. Si le devoir est à faire à la maison on consulte un dictionnaire, son cours, les
notions vues en classe. Mon site fétiche pour les définitions, c’est celui-ci : https://www.
cnrtl.fr/. Voilà ce que cela peut donner pour la citation qui nous occupe.
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2. Reformulation et thèse
Après avoir analysé la citation, il faut nécessairement passer par une étape de
reformulation, c’est-à-dire présenter la thèse de l’auteur de manière à fixer un point de
départ pour votre réflexion. Prenez l’habitude de la formuler sous la forme suivante :
✔ L’auteur pense que……
✔ L’auteur affirme que…
✔ L’auteur définit… etc.
En reformulant la thèse, on se détache de la syntaxe pour faire apparaître la pensée
de l’auteur de manière simple et accessible. Cela tient en une ou deux phrases. Cette
étape est cruciale. Une dissertation réussie c’est un désir de cohérence, un désir de
relier sans tricher, sans craindre, sans manipuler la citation.
Pour proposer une formulation juste qui vous protège de tout hors-sujet, il faut
appliquer plusieurs principes :
§ Règle N° 1 : rien ne se perd (on n’enlève aucun concept présent dans la citation)
§ Règle N° 2 : rien ne s’ajoute (on n’apporte aucun concept absent de la citation)
§ Règle N°3 : on hiérarchise les idées de la citation (tous les mots ou
propositions n’ont pas la même valeur)
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Pour Lafargue son siècle serait bien un siècle fondé sur le travail qu’il définit comme une expé-
rience douloureuse et dévastatrice.
• ajouter,
• retrancher,
• modifier l’ordre et la logique
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