DROIT COMMERCIAL Univac Master 2

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DROIT

COMMERCIAL

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INTRODUCTION

Qu’est-ce que le droit commercial ? y a-t-il une différence entre droit commercial et
droit des affaires ? N’y a-t-il pas là un problème de terminologie ? La réponse à ces questions
exige que l’on cerne les domaines respectifs du droit commercial et du droit des affaires.

I- Droit commercial : Définition et domaine d’intervention

Le droit commercial est l’ensemble des règles qui régissent les actes de
commerce, les rapports entre les commerçants et les opérations que ceux-ci
effectuent dans le cadre de leurs activités.

Le droit commercial est né du souci de sécuriser le commerce et de favoriser


son développement. Il s’écarte du droit civil et tend à répondre aux besoins
spécifiques de l’activité commerciale tels que la rapidité, la sécurité et le
renforcement du crédit. En effet, il s’agit pour le législateur de permettre aux
commerçants de conclure rapidement les contrats, de régler leurs litiges dans
un bref délai et à moindre cout.

Ceci dit,on peut affirmer sans hésiter que le droit commercial n’est que le noyau dur
du droit des affaires. En effet, le droit des affaires c’est le droit commercial par excellence,
sinon le droit commercial autrement dénommé, car faire des affaires, c’est exercer aussi des
activités lucratives ou génératrices de revenus.

II. Droit des affaires La détermination du domaine d’intervention

Le droit des affaires n’est pas très différent du droit commercial, car il est, (comme le
droit commercial duquel il est né), le domaine par excellence des activités lucratives.
Seulement, il a un domaine beaucoup plus élargi que celui du droit commercial traditionnel.
Le droit des affaires est parti du droit commercial qui est la discipline mère. Le droit des
affaires, c’est le droit commercial nouveau ou le nouveau droit commercial.

Le droit des affaires souffre donc d’un problème de terminologie et non de la


différence structurelle. La dénomination ‘’droit des affaires’’ est donc liée à l’évolution du
temps et à l’adaptation du droit aux réalités du moment. Ceci est logique puisque le droit
commercial connaît de toutes les activités génératrices de revenus.

Pendant longtemps, le droit des affaires était connu sous le nom de ‘’droit
commercial’’. Mais cette dénomination a été critiquée. C’est pourquoi, on parle aujourd’hui

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volontiers de droit des affaires, voire de droit économique ou de droit de l’entreprise. Ce qui
est d’ailleurs conforme à l’air du temps.

Le droit des affaires a un domaine plus vaste que le droit commercial, lequel droit
commercial était entendu traditionnellement comme le droit privé du commerce. Aujourd’hui,
le droit des affaires englobe les règles du droit public, du droit pénal des affaires, du droit
fiscal, du droit social, du droit du travail, du droit civil (cas de la protection des
consommateurs).

De plus, le droit des affaires ne s’applique pas seulement aux commerçants, mais il
s’applique aussi aux agriculteurs, aux artisans et aux membres des professions libérales. C’est
donc un droit pluridisciplinaire plus que le droit commercial. Le droit des affaires ne se
détache pas du droit commercial, mais plutôt il le complète. C’est un droit commercial élargi.
Et c’est ce qui fait son originalité par rapport au droit commercial traditionnel. Tout au long
de ce cours, l’expression ‘’droit commercial’’ sera utilisée en référence au droit des affaires.

III-LES SOURCES DU DROIT DU COMMERCIAL

A-LE TRAITE DE L’OHADA

Le 17 OCTOBRE 1993, les Etats africains francophones ont signé un traité créant
une organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires dite OHADA. Ce traité
ratifié par la Cote d’Ivoire est conçu comme un moyen d’intégration économique.

Plusieurs textes qualifiés d’actes uniformes actuellement en vigueur ont été adoptés
dans le cadre de ce traité et constituent la source principale du droit commercial. Ce sont :

-Acte uniforme portant droit commercial général

-Acte uniforme relatif aux sociétés commerciales et aux groupements d’intérêt


économique

-Acte uniforme portant organisation des suretés

-Acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement des


créances, d’apurement du passif et des voies d’exécution.

-Acte uniforme portant droit de l’arbitrage

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B-LES AUTRES SOURCES

-Le droit civil

-les usages commerciaux.

Ce sont les pratiques professionnelles (la solidarité des débiteurs, les modalités de livraison,
les délais de paiement, l’unité de vente).

-la jurisprudence

Ce sont les décisions rendues par les tribunaux sur les questions de droit commercial et les
solutions retenues par les arbitres pour régler les litiges entre les commerçants.

-la doctrine

C’est l’opinion des juristes, des théoriciens et des praticiens du droit en matière commerciale.

Ce cours de droit des affaires ou de droit commercial nouveau sera étudié en 3 grands
chapitres ; à savoir les actes de commerce (chapitre 1), le commerçant (chapitre 2) et les
sociétés commerciales et groupements d’intérêt économique (chapitre 3).

CHAPITRE 1 : LES ACTES DE COMMERCE

Les actes de commerce sont des actes juridiques ou des faits juridiques soumis aux
règles du droit commercial en raison de leur nature, de leur forme ou en raison de la qualité de
commerçant de son auteur.

SECTION 1 : CLASSIFICATION DES ACTES DE COMMERCE

Il y a :

- Les actes de commerce par nature ;

- Les actes de commerce par la forme ;

A ces deux catégories d’actes de commerce, il convient d’ajouter les actes de commerce par
accessoire et les actes mixtes.

PARAGRAPHE 1 : Les actes de commerce par nature

Selon l’article 3 AUDCG, l’acte de commerce par nature est celui par lequel une
personne s’entremet dans la circulation des biens qu’elle produit ou achète ou par lequel elle

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fournit des prestations de service avec l’intention d’en tirer un profit pécuniaire. Autrement
dit, l’acte de commerce par nature consiste pour une personne à acheter quelque chose et à le
revendre en vue d’en tirer un bénéfice.

Cette catégorie d’actes de commerce peut faire l’objet d’une sous-distinction suivant
que l’acte de commerce est accompli isolement ou dans le cadre d’une Entreprise.

A- Les actes de commerce isolé

Il s’agit des actes d’achat pour revendre et des opérations sur argent et sur crédit ; En
faite, ces actes sont accomplis à titre professionnel c'est-à-dire font l’objet d’une répétition
dans le cadre de l’exercice d’une profession.

1- L’achat en vue de la revente

Il s’agit de tout achat de bien meuble corporel ou incorporel (créance, marchandise,


fonds de commerce, brevet, propriété littéraire et artistique, marque etc.) dans le but de les
revendre soit en nature soit après les avoir travaillé.

C’est d’abord l’achat qui est un acte de commerce. Mais il doit être fait avec
l’intention de revendre. Il faut et il suffit que cette intention ait existé au moment de l’achat.
Peu importe qu’en suite, la chose n’ait pas été vendue, soit qu’elle ait été détruite, soit que
l’acheteur ait changé d’avis.

La preuve de cette intention de revendre peut se faire par tous moyens (caractère
professionnel de l’activité de celui qui fait l’acte)

Il s’agit aussi de tout achat de bien immeuble en vue de la revente (nouvelle


opération). La vente est aussi un acte de commerce si elle est consécutive à l’achat. C’est ainsi
que, la vente de récolte de l’agriculteur ou celle des œuvres d’un artiste n’est pas
commerciale.

De tout ce qui précède, il convient de noter que la vente de produit de la culture, de


l’élevage, de la forêt, ou de la Pêche par le propriétaire ou l’exploitant n’est pas un acte de
commerce. Mais l’aviculteur (éleveur d’oiseaux de volailles) qui achète des poussins et des
aliments pour les élever fait un acte de commerce. Il en va de même, des marchants de
bestiaux.

Aussi, celui qui achète une coupe de bois qu’il revend après abattage fait un acte de
commerce car il a acheté des meubles par anticipation.

2- Les opérations bancaires et assimilées

Ces opérations sont commerciales même si elles sont faites par une personne qui n’a
pas le statut de banquier. Il s’agit des opérations de banque portant sur monnaie, consistant à
recevoir des fonds du public pour effectuer des prêts et placements, des opérations de change
qui consistent à échanger une monnaie étrangère contre la monnaie nationale, des opérations
de courtage consistant à mettre en rapport moyennant rémunération des personnes désireuses
de contracter.

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Il s’agit aussi des opérations de bourse, (lieu ou se traitent les opérations commerciales
sans la présence des marchandises), les opérations d’assurance.

Il s’agit aussi des opérations de transit.

Ex : un notaire qui utilise les dépôts de ces clients pour faire des prêts à court terme
fait un acte de commerce.

B- Les actes de commerce accomplis dans le cadre d’une entreprise (acte


d’entreprise)

L’entreprise est un cadre organisé disposant de moyens matériels et humains


nécessaires à l’exercice d’une profession. L’entreprise une notion économique et sociale est
une technique d’organisation. C’est un centre de décision autonome exerçant une activité
économique.

L’acte uniforme OHADA énumère une série d’opérations qui ne seraient


commerciales que si elles étaient accomplies dans le cadre d’une entreprise ayant par
conséquent un caractère répétitif. Il s’agit des opérations de location de meuble, de
manufacture, de transport, d’agence, d’actes de commission etc.

L’acte uniforme innove en ajoutant à ces actes les opérations de télécommunication,


les opérations d’exploitation industrielle, de mines, de carrières et de tous gisements de
ressources naturelles.

1- Les opérations de location de meubles

Ex : location de machine, d’automobile, de fût, de chaises, de bâches, de sacs…etc

Ces opérations sont considérées comme des actes de commerce même si elles n’ont
pas été précédées d’un achat. Mais il faut qu’elles soient faites par un professionnel.

2- Les opérations de manufacture

Ces opérations sont commerciales à cause de la spéculation sur le travail d’autrui.

Il s’agit des industries qui revendent après les avoir transformés des matières ou
produits qu’ils ont achetés : industries mécanique, métallurgique, textile, chimique etc.

Il s’agit des industries de transformation qui fournissent leur matériel et leur main
d’œuvre même si elles travaillent les matières premières ou produits fournis par les clients :
Ex : blanchisseurs, industriels, réparateurs.

NB : Les dépanneurs d’engin à deux roues et les garagistes ordinaires (mécanicien
auto) font des actes civils, de même que l’artisan.

i. Les Opérations de transport et de télécommunication

Les transporteurs professionnels font des opérations commerciales que le transport soit
par terre, rail, eau ou air, qu’il concerne les marchandises ou les voyageurs.

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S’agissant des opérations de taxi, la jurisprudence fait une distinction. Lorsqu’une
société commerciale par la forme exerce une telle activité, la commercialité du groupement
rejaillit sur les opérations qu’il effectue de tel sorte que l’activité de transport est
commerciale. Par contre, lorsque l’exploitant conduit lui-même son unique véhicule, il
n’exerce qu’une activité artisanale. L’activité manuelle et personnelle de l’exploitant forme
l’essentiel du travail fourni et exclu le critère de la spéculation.

- La télécommunication constitue aujourd’hui une véritable industrie par le volume des


investissements, en même temps qu’elle révolutionne grâce aux nouvelles techniques
de l’information, les procédés commerciaux traditionnels, notamment par l’avènement
et le droit du commerce électronique.

ii. Les opérations des intermédiaires de commerce

L’article 3 de l’acte uniforme l’OHADA sur le droit commercial général pose en


principe la commercialité des opérations de commission, d’agence, bureau d’affaire,transit et
de toute opération des intermédiaires sur les immeubles.

iii. Les opérations de fourniture

Elles consistent en des prestations échelonnées de biens ou de services. Ex : opération


d’enlèvement d’ordures ménagères, d’eau, d’électricité, de gaz, de journaux, de pompes
funèbres.

iv. Les opérations d’exploitation industrielles des mines, carrières, et tout gisement
de ressources naturelles

L’idée qui est à la base de la commercialisation des mines (charbon, métaux,


hydrocarbure etc.) est que leur mise en exploitation se fait nécessairement dans le cadre d’une
industrie, tant les moyens matériels mis en œuvre sont importants, les procédés commerciaux
de vente sophistiquées et la qualification du personnel poussé.

v. Les actes effectués par les sociétés commerciales

Ainsi sont réputées commerciaux les actes effectués par la SNC, la SCS, la SARL et la
SA et la SAS

vi- Les entreprises de spectacles publics.

Les spectacles publics organisés par les entreprises de spectacles publics sont des actes
de commerce. Pour ce faire, le spectacle doit être adressé au public dans le but de réaliser un
bénéfice.

vi. Les entreprises d’édition

Elles sont des intermédiaires intéressés dans la circulation des œuvres intellectuelles.

Ex : publication d’œuvres littéraires, artistiques par CEDA et SHOWBIZ

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PARAGRAPHE 2 : Les actes de commerce objectif ou par la forme

Ce sont des actes par nature civil mais qu’en raison de leur forme sont réputés acte de
commerce. (Ces actes sont soumis au droit commercial quand bien même ils sont exercés à
titre isolé par des non commerçants).

Les actes de commerce par la forme sont appelés actes de commerce objectif. Selon
l’article 4 AU relatif au droit commercial général ce sont :

- La lettre de change

- Le billet à ordre

- Le warrant

L’Acte Uniforme innove par l’introduction du billet à ordre et du warrant dans la


catégorie des actes de commerce par la forme.

Il résulte que tout signataire d’une lettre de change, d’un billet à ordre, d’un warrant à
quelque titre que ce soit (tireur, tiré, endosseur, endossataire) est tenu d’un engagement
commercial quelle que soit sa profession ou son activité et relève par conséquent de la
compétence des tribunaux de commerce.

Mais la signature de ces documents ne constitue pas une profession et n’attribue donc
pas la qualité de commerçant à son auteur.

PARAGRAPHE 3 : Les actes de commerce par accessoire et les actes mixtes

A- Les actes de commerce par accessoire (acte de commerce subjectif)

Ce sont des actes civils par nature mais qui ont acquis le caractère commercial du fait
qu’ils ont été accomplis par un commerçant dans l’intérêt ou pour le besoin de son commerce.

La raison pratique de cette commercialité par accessoire est de faire en sorte que tous
les actes accomplis par un commerçant dans le cadre de son activité puissent relever d’une
seule juridiction.

1- Conditions d’application de la commercialité par accessoire

- L’acte doit être accompli par un commerçant personne physique ou morale

- L’acte civil par nature doit être conclu pour les besoins (dans l’intérêt) et à
l’occasion du commerce.

EXEMPLES

1. Achat par un commerçant d’une armoire métallique pour y ranger les factures de
ces clients

2. Le commerçant qui achète un véhicule pour le transport de ses marchandises

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3. Réparation de dommage causé à autrui par un commerçant pour les besoins de son
commerce

2- La théorie de l’acte civil par accessoire

La théorie de l’accessoire n’a pas pour seul effet de donner le caractère commercial à
des actes civils. Cette théorie peut aussi jouer en sens contraire. Il existe des actes civils par
accessoire c’est-à-dire des actes qui sont des actes de commerce par nature mais qui
exceptionnellement prennent une coloration civile parce qu’ils sont faits par des non-
commerçants pour les besoins de leur profession civile, à titre d’accessoire nécessaire :

Ex 1 : Achat par un agriculteur d’une petite quantité de produits destinés à compléter sa
production agricole (acte civil par accessoire).

Ex 2 : L’agriculteur qui avant de la vendre transforme industriellement les produits de son
exploitation

Ex 4 : La vente de médicaments par un médecin à ces clients dans une localité où il n’existe
pas de pharmacie (acte civil par accessoire).

Explication : Il y a achat pour revendre donc le médecin devrait comme le pharmacien


être réputé faire des actes de commerce. Mais l’aspect civil de son activité principale rejaillit
sur l’acte accessoire d’achat pour revendre et lui confère un caractère civil.

B- Les actes mixtes

Ce sont des actes qui présentent un caractère commercial pour une partie et civil pour
l’autre.

C’est plus précisément l’acte passé entre un commerçant à l’occasion de son activité
professionnelle et un non commerçant. Ainsi, la vente en détail est commerciale pour le
vendeur et civile pour le consommateur qui l’achète. Le transport d’un mobilier d’un
particulier est commercial pour le transporteur et civil pour le particulier.

Il existe cependant des exceptions où l’acte ne se prête pas à être mixte. Ce sont la
lettre de change, le billet à ordre et le warrant, que la loi déclare commerciaux entre toutes
personnes. La nature dualiste de l’acte mixte pose le problème de la détermination du tribunal
compétent et celui de l’exécution du contrat. Mais lorsque, exceptionnellement, le régime
dualiste est difficilement praticable, un régime unitaire se substitue à lui.

1- Le régime dualiste des actes mixtes

Les actes mixtes n’étant pas une catégorie légale prévue par le code vert, il va sans
dire qu’il n’y a pas non plus de règles légales régissant leur régime juridique. Ce sont donc la
jurisprudence et la doctrine qui tendent de résoudre les problèmes qu’ils posent.

a- Les règles de compétence

Selon la jurisprudence, l’attribution de la compétence varie suivant la qualité du


demandeur à l’action.

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- Le demandeur non commerçant à l’option entre le tribunal de commerce et le tribunal
civil ;

- Au contraire, le demandeur commerçant ne peut citer le non-commerçant que devant


le tribunal civil.

Il faut noter que malgré tout, une stipulation contractuelle peut contraindre la partie
non commerçante à plaider devant la juridiction commerciale.

b- Les règles d’exécution du contrat

 La règle de preuve

Elle est déterminée non pas en fonction de la nature du tribunal saisi, mais en fonction
de la qualité du demandeur au procès.

- La preuve est libre (par tous moyens) si l’action est dirigée par le non-commerçant
contre le commerçant.

- Elle est soumise aux règles du droit civil (preuve par écrit) si l’action est dirigée par le
commerçant. L’art. 5 AUDCG consacre cette distinction en énonçant que les actes de
commerce se prouvent par tous moyens même par voie électronique à l’égard des
commerçants.

 Autres règles relatives à l’exécution du contrat

- La mise en demeure du non commerçant doit être faite par acte extrajudiciaire
(acte d’huissier)

- Au contraire la mise en demeure du commerçant peut être faite par tous


moyens même une simple lettre recommandée suffit.

- La solidarité est présumée entre les codébiteurs commerçants. Au contraire


cette solidarité est stipulée lorsque les codébiteurs sont civils (c’est-à-dire le créancier
dans ce cas ne peut saisir les débiteurs qu’individuellement).

2- Le régime unitaire des actes mixtes

i. Les règles de prescriptions

Selon l’art. 16 AUDCG, le délai de prescription pour les actes mixtes est de cinq (5)
ans. Ceci sous réserve de l’existence de la prescription plus courte de l’art. 301 al. 2 AUDCG
qui dispose : « le délai de prescription en matière de vente commerciale est de deux (2) ans ».

ii. Autres règles relatives aux actes mixtes

Les clauses attributives de compétence territoriale et les clauses d’élection de domicile


sont aussi nulles dans les actes mixtes.

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SECTION 2 : CRITERES ET INTERETS DE LA DETERMINATION DES ACTES
DE COMMERCE

PARAGRAPHE 1 : Les critères

Il existe 3 critères qu’il faut souvent combiner :

- Le critère de la spéculation : il s’agit de la réalisation d’un profit. L’acte de


commerce est fait dans le but de réaliser un profit.

- Le critère de circulation : dans ce cas, c’est un acte d’entremise dans la


circulation des richesses depuis la production jusqu’à la consommation.

- Le critère de l’entreprise : l’acte de commerce est celui qui est par une
entreprise c'est-à-dire une organisation qui met en œuvre des moyens matériels et
humains.

PARAGRAPHE 2 : Les intérêts

La prescription des créances commerciales est de 5 ans alors qu’elle est de 30 ans pour les
créances civiles. Le délai de grâce est écarté lorsqu’il s’agit du paiement d’une lettre de
change ou d’un billet à ordre ; car la rigueur de l’échéance est de mise pour le paiement de ces
effets par le commerçant sauf délai de grâce accordé par le juge. En droit commercial, la
clause compromissoire est valable sauf pour les actes mixtes. On appelle clause
compromissoire, la clause par laquelle les partie décident qu’en cas de litige éventuel, ce litige
soit porté devant un arbitre et non devant un juge ordinaire. Cette clause est nulle en matière
civile. Elle n’est valable qu’en matière commerciale.

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CHAPITRE 2 : LE COMMERÇANT

La loi définit la profession de commerçant, en règlemente les conditions d’acquisition


et d’exercice et précise les obligations qui en découlent.

SECTION 1 : LA QUALITE DE COMMERÇANT

PARAGRAPHE 1 : Définition

Selon l’art. 2 AUDCG « Est commerçant celui qui fait de l’accomplissement d’actes
de commerce par nature sa profession ».

De cette définition, deux conditions légales se dégagent. Une 3ème condition


jurisprudentielle non prévue expressément est requise.

PARAGRAPHE 2 : Les conditions légales et jurisprudentielles pour avoir la qualité de


commerçant

A- Les conditions légales

Elles sont au nombre de deux (2) :

- Accomplir des actes de commerce par nature

- L’exercice à titre de profession habituelle

1. L’accomplissement d’actes de commerce par nature

L’exercice d’une profession nécessite l’accomplissement d’une diversité d’actes


juridiques dont certains peuvent être des actes de commerce. L’accomplissement de ces
derniers peut conférer à l’activité un caractère commercial et à leur auteur la qualité de
commerçant.

C’est donc principalement les actes de commerce par nature dont l’accomplissement à
titre professionnel peut conférer à leur auteur la qualité de commerçant.

2. L’exercice à titre de profession

Les actes de commerce par nature doivent être accomplis dans le cadre d’une
profession c'est-à-dire une activité qui présente une continuité suffisante permettant de tirer
des moyens nécessaires à l’existence(recherche de moyens de subsistance). L’activité doit
donc être exercée dans le dessein d’en tirer profit. Ne confère pas donc à leur auteur la qualité
de commerçant les actes de commerce isolés ou sporadiques. Par exemple, le particulier qui
vend sa voiture ne peut être considéré comme un commerçant.

La profession selon la doctrine est l’activité qu’exerce une personne avec le dessein
d’en tirer profit. Si cette activité est commerciale, la personne qui l’exerce est un commerçant.

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Ainsi ne devient pas commerçant le chirurgien-dentiste qui achète un matériel dentaire
qu’il revend à ses clients.

B. La condition jurisprudentielle : l’exercice à titre  indépendant ou le compte


personnel du commerçant

Pour conférer la qualité de commerçant, l’exercice d’acte de commerce par nature à


titre professionnel doit l’être de façon indépendante. Le commerçant doit exercer son activité
pour son compte personnel à ses risques et périls, de façon indépendante.

Les personnes qui concourent à la réalisation d’actes de commerce sans en supporter


les risques ne sont pas commerçants. C’est le cas des directeurs, des fondés de pouvoir et plus
généralement les salariés d’une entreprise qui peuvent être amenés à accomplir des actes de
commerce. C’est le cas également pour les gérants et les administrateurs de Sociétés
commerciales qui accomplissent évidemment des actes de commerce.

Par contre, le commissionnaire est commerçant parce qu’il traite en son nom sans
révéler celui de son commettant. De même quoique le prête-nom s’interpose entre le véritable
commerçant et les tiers, on lui reconnaît la qualité de commerçant parce que c’est lui qui
apparaît comme étant le maître de l’affaire et parce qu’il paraît traiter cette affaire pour son
compte

Par contre, ne peuvent donc avoir la qualité de commerçant les salariés liés à
l’employeur par un contrat de travail.

SECTION 2 : LA CAPACITE D’EXERCER LE COMMERCE

Toute personne selon le principe de la liberté du commerce et de l’industrie a le droit


d’exercer une activité qui soit de nature à lui procurer les moyens de sa survie, sous la seule
réserve de sa licéité et de sa conformité aux bonnes mœurs et à l’ordre public. Sur ce, l’article
6 AUDCG dispose « Nul ne peut accomplir des actes de commerce à titre de profession, s’il
n’est juridiquement capable d’exercer le commerce ». Cette disposition envisage les situations
dans lesquelles une personne physique ne peut pas faire le commerce. Ces situations
regroupent d’une part les incapacités d’exercice du commerce et d’autre part, les
empêchements à l’exercice du commerce.

PARAGRAPHE 1 : Les incapacités d’exercer le commerce

L’incapacité commerciale est l’inaptitude d’une personne physique ou morale à


accomplir les actes de commerce et à acquérir la qualité de commerçant.

En règle générale, l’incapacité frappe les mineurs, certains majeurs atteints de maladie
ou d’infirmité. Il y a aussi le cas du conjoint d’un commerçant. Ce sont les restrictions
d’intérêt privé ou les restrictions d’ordre particulier.

A- Les incapacités de droit commun

1- Les mineurs

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L’article 7 al 1er. AUDCG dispose « le mineur, sauf s’il est émancipé ne peut avoir la
qualité de commerçant ni effectuer des actes de commerce » Le mineur en droit ivoirien est
l’individu de l’un ou de l’autre sexe qui n’à point encore l’âge de 21 ans accomplis. Son
aptitude à exercer le commerce doit être envisagée suivant qu’il est ou non émancipé.

a. Le mineur non émancipé

De l’article 7 al 1er AUDCG, il résulte que l’incapacité du mineur non émancipé


relativement à l’exercice du commerce est double. L’incapacité d’avoir la qualité de
commerçant et l’incapacité de faire des actes de commerce. Ainsi le mineur non émancipé est
incapable de faire le commerce, peu importe qu’il se soit inscrit au RCCM.

L’incapacité de faire le commerce est absolue et ne peut être levée par aucune
autorisation.

b. Le mineur émancipé

Le mineur émancipé est une personne qui n’a pas encore atteint l’âge de la majorité
mais qui en raison d’un acte juridique (Loi, mariage émancipation), a été relevé de son
incapacité. L’article 7 al 1er AUDCG lève l’incapacité du mineur à avoir la qualité de
commerçant et à effectuer des actes de commerce lorsqu’il est émancipé.

2- Les majeurs incapables

L’acte uniforme relatif au DCG ne traite pas expressément du cas des majeurs
incapables(dément, fou, condamnation pénale). Mais en n’autorisant à accomplir les actes de
commerce à titre de profession que les personnes juridiquement capables, l’article 7 al.1er
AUDCG exclut implicitement mais sans équivoque les majeurs incapables de l’exercice des
professions commerciales.

NB : L’intérêt de cette restriction c'est-à-dire l’incapacité de droit commun est de


protéger l’incapable lui-même contre les abus des cocontractants.

B- Le conjoint d’un commerçant : le cas de la femme mariée

Selon l’article 7 al 2 OHADA « le conjoint du commerçant n’a la qualité de


commerçant que s’il accomplit des actes de commerce à titre de profession et séparément de
ceux de l’autre conjoint ».

De cet article il ressort que le conjoint du commerçant ne peut avoir la qualité de


commerçant qu’a condition de :

- Accomplir des actes de commerce par nature

- A titre de profession

- Séparément de ceux de l’autre conjoint

- En son nom et pour son propre compte

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Ainsi, en cas d’exercice en commun du commerce par les 2 époux, ce n’est plus le
mari qui est réputé commerçant mais l’un des deux. Il y a commerce séparé si les deux époux
exploitent chacun un commerce distinct. L’AU supprime alors l’autorité maritale.

Si le conjoint participe à l’activité de son époux, il peut être selon les cas, salarié
mandataire ou collaborateur de son époux mais il n’a pas la qualité de commerçant. Le
principe aujourd’hui est le libre exercice du commerce par l’un ou l’autre des conjoints.

Les effets de ces engagements diffèrent selon le régime matrimonial des époux. Si les
époux ont opté pour le régime de  la séparation des biens, les engagements d’un conjoint ne
pèsent pas sur les biens de l’autre. En présence d’un régime de communauté, la femme mariée
engage les biens propres et les biens de la communauté.

PARAGRAPHE 2 : Les empêchements à l’exercice du commerce

Ces empêchements sont des restrictions d’intérêt général et regroupe les


incompatibilités, les déchéances. Ce sont encore des restrictions d’ordre public.

A. Les restrictions à la liberté d’accès à l’exercice du commerce : les


incompatibilités

C’est l’interdiction de cumuler la profession commerciale avec une autre profession


dont l’exercice fait l’objet d’une réglementation.

Les incompatibilités sont des interdictions faites à une personne exerçant une
profession déterminée d’en exercer une autre. Dans le cas de professions commerciales, on
estime que l’esprit de spéculation qui les caractérise est inconciliable avec la dignité et
l’honneur de certaines professions ou fonction. Ainsi on distingue les incompatibilités liées à
la fonction et les incompatibilités liées à la profession. Il n’y a pas d’incompatibilité sans texte
et il appartient à celui qui l’invoque d’en apporter la justification.

1. Les incompatibilités liées à la fonction

L’art 8 al 1er AUDCG dispose que « nul ne peut exercer une activité commerciale
lorsqu’il est soumis à un statut particulier établissant une incompatibilité ». Et dans l’art 9, le
législateur interdit l’exercice de la profession commerciale à tout fonctionnaire, aux
magistrats, militaires, aux personnels des collectivités publiques et des entreprises à
participation publique.

2. Les incompatibilités liées à la profession

Selon l’art 9 AUDCG, sont exclus de l’exercice du commerce.

- Les officiers ministériels et les auxiliaires de justice tels que les avocats, les huissiers,
les commissaires priseurs, les agents de change, le notaires, les greffiers, les
administrateurs et liquidateurs judiciaires.

- Les experts comptables agréés, les commissaires aux comptes et les courtiers
maritimes, les architectes, les conseils juridiques.

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De façon générale, le commerce est interdit à toute personne dont la
profession fait l’objet d’une règlementation interdisant le cumul de cette activité avec
l’exercice d’une profession commerciale.

NB : l’intérêt des incompatibilités est de protéger les cocontractants contre le pouvoir
excessif de l’incompatible

3. Les sanctions de la violation des incompatibilités

La violation des incompatibilités n’entache pas la validité des actes conclus à l’égard
des tiers de bonne foi. Ceux–ci peuvent par conséquent si bon leur semble, se prévaloir de ces
actes à l’exclusion de la personne en situation d’incompatibilité. La violation de
l’incompatibilité ne confère pas moins aux contrevenants la qualité de commerçant, mais
uniquement en ce qui concerne les obligations et non les avantages. Le contrevenant pourra
par exemple faire l’objet d’un redressement judiciaire  ou d’une liquidation des biens, alors
qu’il ne pourra être ni électeur, ni éligible dans les instances consulaires.

La sanction normale reste cependant d’ordre disciplinaire ou professionnel. Selon les


cas, il s’agira de révoquer le fonctionnaire, de destituer l’officier ministériel, de radier
l’avocat ou l’expert comptable de l’ordre etc.

B. Les sanctions fermant l’accès a l’exercice du commerce : les


déchéances (perte de droit)

Les déchéances sont des interdictions prises a posteriori et qui frappent des personnes
ayant déjà fait la preuve de leur indignité .Elles sont inspirées par le souci général d’assainir
les professions commerciales en fermant l’accès à certaines personnes ou en les chassant
lorsque leur moralité est compromise ou lorsque leur incompétence en matière commerciale
est établie.

1. Les cas de déchéances

L’art 10 AUDCG énumère trois séries de cas dans lesquels le commerçant est déchu
du droit de faire le commerce.

i. Personne ayant fait l’objet d’une interdiction générale


définitive ou temporaire,

ii. Personne ayant fait l’objet d’une interdiction prononcée par une
juridiction professionnelle. (Dans ce cas l’interdiction ne s’applique qu’à l’activité
commerciale considérée).

iii. Personne ayant fait l’objet d’une condamnation définitive à une


peine privative de liberté pour un crime de croit commun (pour délit contre les biens
ou une infraction en matière économique ou financière).

N.B. : L’intérêt des déchéances est de protéger la société

2. Les sanctions de la violation des déchéances

16
i. Inopposabilité aux tiers de bonne foi des actes accomplis en violation de la déchéance

ii. Opposabilité de ces actes à l’interdit lui-même. La bonne foi est toujours présumée. Il
appartient à celui qui invoque l’irrégularité de démontrer que le 1/3 avait connaissance
de l’irrégularité au moment du contrat.

C. Les restrictions se rapportant à l’activité : les interdictions

Certains commerces sont interdits au public car portant atteintes à l’ordre public, à la
moralité et aux bonnes mœurs. Il s’agit du commerce de stupéfiant, des images obscènes,
d’exploitation des maisons de tolérance. En bref, l’interdiction est l’empêchement à l’exercice
du commerce compte tenu de l’ordre public, de la moralité et les bonnes mœurs.

SECTION 3 : LES OBLIGATIONS DES COMMERÇANTS

PARAGRAPHE 1 : L’inscription au registre du commerce et du crédit mobilier


(RCCM)

L’inscription consiste à consigner dans un registre entre autres le nom des personnes
physiques et morales commerçantes au début de l’activité commerciale (immatriculation) et à
la fin (radiation) de cette activité. Cette inscription confère au commerçant la qualité de
commerçant.

N.B. : L’inscription au RCCM se fait au greffe du tribunal de commerce

PARAGRAPHE 2 : La tenue de la comptabilité

En raison de la nature des actes auxquels ils se livrent, les commerçants se voient
imposer la tenue d’une comptabilité (article 1 et 2 de l’AU du 24 mars 2000 portant
organisation et harmonisation des comptabilités des entreprises).

La tenue de cette comptabilité est destinée à permettre au commerçant lui-même et aux


tiers de connaître à tout instant la situation financière de l’entreprise.

A. Les documents comptables exigés par l’acte uniforme

Tout commerçant doit tenir obligatoirement selon l’art. 19 de l’AU :

- Le livre journal

- Le grand livre

- La balance générale

- Le livre inventaire

B. La force probante des documents comptables

Dans le cours d’une contestation, les documents constituent un moyen de preuve entre
commerçant et un début de preuve contre un non commerçant.

17
C. La conservation des documents comptables

Selon l’article 24 de l’Acte Uniforme portant organisation et harmonisation des


comptabilités des entreprises, les livres comptables et les pièces justificatives doivent être
conservés pendant 10 ans.

N.B. : Lorsque les documents comptables contiennent des mentions erronées, ils
entraînent un délit pénal appelé banqueroute frauduleuse.

A côté du commerçant, le législateur a convoqué un autre invité autour de la table des


affaires : il s’agit de l’entreprenant.

L’entreprenant est un concept introduit par le droit OHADA issu de la réforme de


l’AUDCG du 15 décembre 2010 et désigne un genre particulier d’entrepreneur individuel.

Le législateur OHADA a tenu compte ici des réalités et des préoccupations qui sont les
siennes à savoir par exemple la volonté de formaliser ou de réglementer le secteur dit
« informel » qui se caractérise par l’existence d’une multitude de petites entreprises
personnelles qui participent à l’activité économique dans les Etats membres.

L’entreprenant est une spécificité du droit OHADA et qui n’existe pas en droit
français.

L’entreprenant est selon l’article 30 de l’AUDCG un « entrepreneur individuel,


personne physique qui, sur simple déclaration prévue… exerce une activité professionnelle
civile, commerciale, artisanale ou agricole ».

PARAGRAPHE III : L’OBLIGATION DE LOYALE CONCURRENCE

Dans un système d’économie libérale, les concurrents ne doivent pas utiliser des
moyens malhonnêtes tels que la contrefaçon de produits, l’imitation de marque, l’usurpation
du nom commercial, le dénigrement, le débauchage du personnel, des menaces adressées à la
clientèle ou aux concurrents, etc…

Les auteurs d’actes de concurrence déloyale sont passibles de sanctions civiles voire
pénales.

DISTINCTION ENTRE LE COMMERCANT ET L’ARTISAN.

L’artisan se distingue du commerçant parce qu’il travaille manuellement dans une


petite unité impliquant l’usage limité de machine et n’emploie pas plus de dix(10) salariés.Il
se distingue également par une importante participation à l’exécution du travail et enfin par le
fait qu’il ne tire pas ses ressources de la spéculation mais de la facturation du travail.

Par exemple, l’artisan ne tire pas ses ressources de l’achat et de la revente des matières
premières qu’il utilise dans le cadre de ses activités.

18
CHAPITRE 3 : LE FONDS DE COMMERCE

I-DEFINITION

Selon l’article 135 de l’AUDCG, le fonds de commerce est l’ensemble des moyens qui
permettent au commerçant d’attirer et de conserver la clientèle.

II-LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DU FONDS DE COMMERCE

A-LES ELEMENTS OBLIGATOIRES

1-LA CLIENTELE.

C’est l’ensemble des personnes qui ont l’habitude de s’approvisionner chez un


commerçant. Elle est différente de l’achalandage constitué de clients occasionnels ou de
passage.

2-LE NOM COMMERCIAL

C’est l’appellation sous laquelle le commerçant(personne physique ou morale) exerce


son activité(raison sociale, nom patronymique ou nom fantaisiste)

3-L’ENSEIGNE

C’est une inscription, un signe, une marque, un logo, une image apposé sur un
immeuble et qui se rapporte à l’activité qui s’y exerce. C’est un signe de ralliement de la
clientèle. Il sert à individualiser le magasin ou le fonds est exploité.

NB : Ces éléments sont protégés contre la concurrence déloyale. En effet leur
usurpation engage la responsabilité civile délictuelle de l’auteur qui devra payer des
dommages et intérêts au commerçant victime.

B-LES ELEMENTS SECONDAIRES

1-Les éléments corporels

-les meubles qui servent à l’exploitation du fonds (matériels, marchandises, machines,


l’équipement, l’installation, l’aménagement, les outillages,…)

2-Les éléments incorporels

-le droit au bail : il résulte d’un contrat de bail et donne le droit d’occuper les locaux.

-les licences d’exploitation : il s’agit des licences exigées pour l’exercice de certaines
activités commerciales telles que les débits de boisson, le transport, la pharmacie

-les droits de propriété industrielle :il s’agit des brevets d’invention, des marques de
fabrique.

19
III-LA NATURE JURIDIQUE DU FONDS DE COMMERCE

Le fonds de commerce est à la fois une universalité et un meuble incorporel.

A-Le fonds de commerce comme une universalité

Cela signifie que tous les éléments qui le composent constituent un bloc, un tout. Le
fonds de commerce est donc différent de chacun des éléments qui le composent pris
isolément. C’est la raison pour laquelle le fonds en lui-même peut faire l’objet d’une
convention distincte de celle qui porterait sur chacun des éléments.

Le fonds de commerce subsiste toujours quelle que soient les modifications apportées
dans sa composition.

B-Le fonds de commerce comme un meuble incorporel.

Le fonds de commerce a la nature d’un bien meuble incorporel dans la mesure ou tous
les éléments qui le composent sont pour la plupart incorporels (la clientèle, le nom,
l’enseigne).

IV-LA PROTECTION DU FONDS DE COMMERCE

Le fonds de commerce est protégé contre la concurrence déloyale. Il permet également


au commerçant qui l’exploite de bénéficier du droit au bail.

A-LA PROTECTION CONTRE LA CONCURRENCE DELOYALE

Le fonds de commerce est un bien qui peut avoir une grande valeur économique. Ce
caractère explique sa protection contre les concurrents peu scrupuleux. L’atteinte au fonds de
commerce provient également de la concurrence déloyale. Celle –ci se définit comme les
agissements fautifs commis par un commerçant et qui tendent à attirer ou à détourner la
clientèle d’un concurrent.

La concurrence déloyale entraine la responsabilité civile délictuelle de son auteur qui


est tenu de réparer le préjudice subi par la victime. Pour cela il faut que 3 conditions soient
réunies.

-un préjudice subi par le commerçant (ex : baisse du chiffre d’affaires)

-une faute constituée par l’acte de concurrence déloyale (ex : dénigrement des
produits du concurrent)

-un lien de causalité entre cette faute et le préjudice subi du fait de la concurrence
déloyale.

Lorsque ces conditions sont réunies, la victime obtient du tribunal outre la


condamnation de l’auteur à lui payer des dommages intérêts, la cessation de la concurrence
déloyale.

20
B-LA PROTECTION PAR LE DROIT AU BAIL

C’est le droit du commerçant qui exploite un fonds de commerce dans un local


d’obtenir le renouvellement de son bail ou une indemnité d’éviction à défaut du
renouvellement. Ce droit est acquis après deux ans d’activité dans les lieux loués.

V-LES CONTRATS PORTANT SUR LE FONDS DE COMMERCE.

1-La location gérance

C’est une convention par laquelle le propriétaire du fonds de commerce personne


physique ou morale en concède la location à un gérant personne physique ou morale qui
l’exploite à ses risques et périls.

La location gérance est soumise à des conditions de forme et de fond.

a-les conditions de forme

Le contrat de location gérance doit faire l’objet d’un écrit sous peine de nullité.

b-les conditions de fond.

-les conditions exigées du bailleur

Le bailleur ne doit pas être sous l’effet d’une déchéance due à une condamnation pour
crime ou délit économique (vol, escroquerie, abus de confiance, émission de chèque sans
provision, etc..).

Il doit avoir été commerçant pendant deux ans au moins ou avoir exercé pendant une
durée équivalente les fonctions de gérant, de directeur commercial ou de directeur technique
dans une société.

Il doit se faire immatriculer au RCCM

-les conditions exigées du locataire

Le locataire doit avoir la capacité de faire le commerce (18 ans au moins).IL ne doit
pas etre frappé d’une incompatibilité, d’une déchéance ou d’une interdiction.

Par ailleurs le contrat de location gérance doit etre publié dans les 15 jours suivant sa
conclusion.

2-La cession du fonds de commerce

Les éléments du fonds de commerce (la clientèle, l’enseigne et le nom commercial)


peuvent faire l’objet d’une cession par écrit et publié dans un délai de 15 jours à compter de
sa date de cession dans un journal d’annonce légale qui parait dans le lieu où le vendeur est
inscrit au registre du commerce.

21
3-Le nantissement

C’est la convention par laquelle le propriétaire d’un fonds de commerce pour obtenir
un prêt donne son fonds de commerce en garantie à son créancier sans en être dépossédé.

On distingue le nantissement conventionnel du nantissement judiciaire.

a-le nantissement conventionnel

Le nantissement conventionnel porte sur le fonds commercial (la clientèle, l’enseigne


et le nom commercial),le droit au bail et les licences d’exploitation.

Le nantissement conventionnel doit être constaté par écrit et dument enregistré, publié
sous peine de nullité un mois après l’acte constitutif de nantissement sur un registre tenu au
greffe du tribunal du commerce.

b-le nantissement judiciaire.

C’est une mesure qui peut être ordonnée par le juge au profit d’un créancier pour
sureté de sa créance dont le recouvrement est en péril.

Ce nantissement porte sur les mêmes éléments que le nantissement conventionnel. Il


ne produit effet que s’il est inscrit au RCCM.

NB :Le créancier gagiste dispose de certains droits :

-Le droit d’information :Tous les événements susceptibles d’affecter le fonds de


commerce et de mettre en péril le recouvrement de la créance doivent etre portés à la
connaissance du créancier gagiste.

-Le droit d’exécution :Le créancier gagiste muni d’un titre exécutoire peut faire
ordonner la vente du fonds qui constitue son gage 8 jours après sommation faite de payer ,
demeurée infructueuse.

-Le droit de suite et de préférence :Ces droits permettent respectivement au


créancier gagiste de faire vendre le fonds de commerce en quelque main qu’il se trouve et
d’etre payé par préférence aux créanciers chirographaires.

22
CHAPITRE 4 : LES MOYENS DE PAIEMENT DU COMMERCANT

I-LE CHEQUE

Le chèque est un écrit par lequel une personne titulaire d’un compte en banque(le
tireur) donne l’ordre à son banquier(le tiré) de payer à vue une certaine somme d’argent soit à
son profit soit au profit d’un tiers(le bénéficiaire).

A-LES CONDITIONS D’EMISSION DU CHEQUE

Le chèque ne peut être émis que par une personne possédant la capacité civile et
disposant d’une provision suffisante dans un compte de dépôt bancaire.

Il n’est permis de disposer par chèque que sur les banques, les services postaux et le
trésor public.

1-La forme du chèque

Le chèque est généralement imprimé sur du papier spécial qui rend difficile les
falsifications. Pour être valide, le chèque doit comporter les mentions suivantes :

-la dénomination « chèque »

-l’ordre de payer une somme déterminée (la somme en chiffres et en lettres.la somme
en lettres l’emporte en cas de contradiction avec celle en chiffres)

-le nom de celui qui doit payer(le nom de la banque. Ex :BHCI )

-le lieu ou le paiement doit s’effectuer

-la signature manuscrite du tireur.

2-Les différents types de chèque

a-le chèque barré

C’est un chèque ayant fait l’objet d’un barrement. Le barrement consiste à tracer au
verso du chèque deux lignes transversales et parallèles. Lorsqu’il ne porte aucune désignation
entre les deux barres, c’est le barrement spécial ;e chèque barré ne peut etre encaissé que par
une banque. Quand le nom d’une banque est inscrit entre les deux lignes, on parle de
barrement spécial. Dans ce cas, le chèque ne peut etre encaissé que par celle-ci.

b-le chèque certifié

La certification est le procédé par lequel la banque(le tiré) en apposant sa signature au


recto du chèque ,bloque sous sa responsabilité la provision au profit du porteur jusqu’à
l’expiration du délai légal de présentation

23
c- le chèque visé

C’est le chèque sur lequel est apposé la signature de la banque sous les mots « visé »
ou « visa » pour la somme de….Le visa a pour effet d’attester l’existence de la provision à la
date d la signature. Mais le visa ne bloque pas la provision au profit du bénéficiaire du
chèque.

d- le chèque de voyage ou traveller chèque

C’est le chèque qui donne au bénéficiaire le droit d’obtenir paiement dans toute ville
ou pays ou la banque émettrice a un correspondant.

e- le chèque circulaire

C’est le chèque payable au service de toutes les agences d’une banque ou chez des
correspondants bancaires.

B-LE PAIEMENT DU CHEQUE

Le chèque émis et payable en Côte d’Ivoire doit etre présenté au paiement dans un
délai de 8 jours et dans les autres cas dans un délai de 20 jours.

Le chèque émis dans un Etat membre de l’UEMOA et payable en Côte d’Ivoire doit
etre présenté dans le délai de 45 jours.

Le chèque émis hors de l’UEMOA et payable en Côte d’Ivoire doit être présenté dans
les 70 jours.

Après avoir vérifié la régularité apparente du chèque, le banquier doit procéder au


paiement du chèque régulier n’ayant pas fait l’objet d’une opposition. La vérification porte
sur l’identité du porteur et l’existence de toutes les mentions. Il engage sa responsabilité en
cas de non-respect de cette obligation.

C-LE RECOURS DU PORTEUR EN CAS DE CHEQUE SANS


PROVISION.

Dès que le banquier s’aperçoit que le chèque est sans provision, il fait parvenir au
bénéficiaire une attestation de non-paiement accompagnée du chèque rejeté. Dès que le délai
de régularisation (30 jours) est épuisé ou si le tireur ne bénéficie plus de cette faculté, le
porteur du chèque peut demander au banquier un certificat de non-paiement.

Muni du certificat de non-paiement, il pourra procéder au paiement forcé du chèque


par l’intermédiaire d’un huissier.

Le paiement forcé s’opère par une saisie (saisie sur compte bancaire, saisie sur
salaires, saisie des meubles).

24
II-LA LETTRE DE CHANGE OU LA TRAITE

La lettre de change est un écrit par lequel une personne appelée tireur donne à un
débiteur appelé tiré, l’ordre de payer une certaine somme d’argent à une date donnée à une
troisième personne appelée bénéficiaire (qui peut - être le tireur lui-même).

A-L’EMISSION DE LA LETTRE DE CHANGE

Pour que la lettre de change soit valable, il faut que certaines conditions soient réunies.
D’abord, la lettre de change ne doit pas être émise par le tireur sur la base d’un consentement
vicié (erreur, dol ou violence).

Ensuite, le tireur doit avoir la capacité de faire le commerce.

Enfin, la lettre de change doit obligatoirement porter certaines mentions.

LES MENTIONS OBLIGATOIRES

1-la dénomination de « lettre de change »

2-le mandat pur et simple de payer une somme déterminée

3-le nom de celui qui doit payer (le tiré)

4-l’indication de l’échéance

5-l’indication du lieu où le paiement doit s’effectuer

6-le nom de celui auquel ou à l’ordre duquel le paiement doit être fait

7-l’indication de la date et du lieu ou la lettre de change est créée

8-la signature de celui qui émet la lettre de change (le tireur)

Si l’une de ces mentions est omise, l’écrit n’est pas une lettre de change mais il peut
éventuellement servir de reconnaissance de dette.

B-LA TRANSMISSION DE LA LETTRE DE CHANGE

La lettre de change peut être transmise au moyen de l’endossement. Elle peut circuler
d’un porteur à un autre jusqu’à échéance.

L’endossement est une signature qui se trouve généralement au verso de la lettre de


change par laquelle le porteur transmet la propriété de la lettre de change à une autre personne
ou la remet à titre de procuration ou de gage.

Le bénéficiaire de l’endossement (l’endossataire) ne peut demander le paiement de la


lettre de change que dans le cas de sa transmission à titre de propriété. L’endossement peut se
faire dans cette hypothèse par la simple signature du cédant au verso du titre.

25
C-LES GARANTIES DE PAIEMENT DE LA LETTRE

Il existe plusieurs formes de garanties : la provision, l’acceptation, l’aval.

1-la provision de la lettre de change.

La provision est une créance que le tireur a sur le tiré, créance qui autorise l’émission
de la traite par le tireur. Toutefois, la provision peut ne pas exister lors de l’émission du titre
pourvu qu’elle existe à l’échéance.

Si la provision existe au moment de l’émission du titre, sa propriété est transmise aux


porteurs successifs. Ainsi le porteur a une garantie de paiement de la lettre de change.

Si elle n’existe pas, le tiré accepteur peut refuser le paiement et opposer l’absence de
provision au tireur.

2-l’acceptation de la lettre de change

L’acceptation est un engagement écrit et signé du tiré sur une lettre de change, d’en
payer le montant à l’échéance entre les mains du porteur.

3-l’aval

L’aval est une garantie donnée sur un effet de commerce par une tierce personne
appelée généralement « avaliseur » qui s’engage solidairement à en payer le montant à
l’échéance s’il y a défaillance de la personne garantie par l’aval.

D-LE PAIEMENT DE LA LETTRE DE CHANGE

Le porteur (ou sa banque) doit présenter le titre de paiement le jour de l’échéance ou


les deux jours ouvrables qui suivent celle-ci faute de quoi il est considéré comme un porteur
négligent.

Le porteur qui se présente au paiement doit être un porteur légitime c’est-à-dire que
son nom doit figurer sur le titre à la dernière place.

Cependant, le paiement ne peut avoir lieu lorsqu’il a été fait opposition en cas de
redressement judiciaire ou en cas de vol du titre.

III- LE BILLET A ORDRE

Le billet à ordre est un titre par lequel une personne appelée souscripteur s’engage à
payer à une date déterminée une somme d’argent à un bénéficiaire ou à son ordre.

26
Comme la lettre de change, certaines mentions doivent figurer sur le billet à ordre.

1-la clause « à ordre » ou la formule « billet à ordre » doit être insérer dans le texte

2-la promesse pure et simple de payer une somme déterminée.

3-l’indication de l’échéance

4-l’indication du lieu de paiement

5-le nom du bénéficiaire

6-la date et le lieu de souscription

7-la signature du souscripteur

Le titre qui ne comporte pas ces mentions ne vaut pas comme billet à ordre. Toutefois,
le billet à ordre dont l’échéance n’est pas déterminé et considéré comme payable à vue.

27
CHAPITRE 5 : LA VENTE COMMERCIALE

La vente est une convention par laquelle un vendeur transfère à un acheteur la


propriété d’une chose contre de l’argent. Du point de vue de ses caractères, la vente est un
contrat consensuel, de gré à gré, commutatif,

Synallagmatique, onéreux et à exécution successive. Pour être valable et produire ses


effets, la vente doit satisfaire à certaines conditions qui sont les éléments constitutifs de la
vente commerciale.

I-LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DE LA VENTE COMMERCIALE

a-Le consentement

Il ne doit pas être vicié par le dol, la violence ou l’erreur. Il suppose la rencontre de l’offre et
l’acceptation.

b-la capacité des parties

Les règles de capacité en matière commerciale exigent que celui qui fait le commerce soit agé
de 20 ans révolus et qu’il jouisse de toutes ses facultés mentales. Ainsi, les mineurs et les
majeurs incapables ne peuvent conclure une vente commerciale.

c-l’objet

C’est la chose sur laquelle porte le contrat et le prix auquel elle sera payée. L’objet doit être
déterminé (su et accepté de tous) ou à tout le moins déterminable au moment de la conclusion
du contrat. Il doit également être licite.

d-la cause

C’est la raison ou le motif déterminant qui pousse chaque partie à conclure le contrat de
vente.la cause doit également être licite.

II-LES EFFETS DE LA VENTE

A-LE TRANSFERT DE PROPRIETE

Lorsqu’une personne vend une chose, elle perd automatiquement la propriété de cette chose
au profit l’acheteur sauf si une clause de réserve de propriété est décidée par les parties au
contrat par exemple dans une vente ou le paiement du prix est fractionné.

B-LETRANSFERT DES RISQUES

En principe, le transfert des risques du vendeur à l’acheteur se fait au même moment de


l’échange des consentements. Ainsi, si la chose périt ou se perd entre l’échange des
consentements et la livraison, l’acheteur étant déjà propriétaire, il en supporte les risques et

28
est tenu de payer le prix. Cependant, les parties peuvent par une clause séparer le transfert de
propriété du transfert des risques. En pratique, le transfert des risques se fait au moment de la
livraison de la chose.

III-LES EFFETS GENEREUX PRODUITS PAR LA VENTE

A-LES OBLIGATIONS DU VENDEUR

1-l’obligation de délivrer la chose.

La délivrance s’effectue par la remise de la chose vendue soit à l’acheteur soit à un tiers.
Ainsi, le vendeur doit livrer la chose au lieu et à la date indiquée.

2-l’obligationde conformité

Le vendeur doit livrer les marchandises dans la quantité, la qualité, le conditionnement et


l’emballage correspondant à ceux prévus au contrat.

3-l’obligation de garantie

Le vendeur doit rassurer l’acheteur que la chose vendue est sans défaut, qu’elle est apte à
l’usage auquel elle est destiné. Aussi, le vendeur ne doit –il rien faire ni par lui-même ni par
autrui pour troubler l’acheteur dans la jouissance de la chose achetée. Le vendeur doit aussi
rassurer l’acheteur que la chose vendue est sa propriété et que personne d’autre ne viendra le
troubler dans la jouissance de la chose.

B-LES OBLIGATIONS DE L’ACHETEUR

1-l’obligation de retirer la chose.

Le retrait se fait en principe là où la chose doit être livrée c’est-à-dire souvent au magasin du
vendeur. L’acheteur doit donc y prendre possession de sa chose.

Si l’acheteur est défaillant, le vendeur peut essayer de le contraindre à effectuer le retrait en


demandant à la justice d’ordonner l’exécution.

2-l’obligation de payer le prix

L’acheteur doit payer le prix convenu au lieu et à la date prévue dans le contrat. Si l’acheteur
ne paie pas le prix, le vendeur peut l’obliger à le faire par un jugement de condamnation qu’il
tentera ensuite d’exécuter. S’il n’a pas encore livré la chose vendue, il jouit d’un droit de
rétention qui persiste tant que le paiement n’a pas été effectué.

29
IV-LES DIFFERENTES FORMES DE VENTE

-la vente à l’essai

C’est une vente soumise à la condition que la chose vendue sera essayée et que la vente ne
deviendra définitive que si la chose est apte à l’usage auquel elle est destinée.

-la vente à la dégustation

Ce sont des ventes dans lesquelles le consentement de l’acheteur est conditionné par la
dégustation. Le contrat ne se formera que si après dégustation l’acheteur donne son
consentement.

-la vente avec clause de réserve de propriété

Lorsqu’une telle clause est insérée dans le contrat, la vente s’est bien formée mais le
transfert de propriété sera retardé jusqu’au paiement de la totalité du prix.

-la vente au comptant

C’est la vente dans laquelle le paiement du prix se fait au moment de la conclusion du contrat.

--la vente à crédit

Dans la vente à crédit, le paiement du prix est en tout ou partie différé.

30
CHAPITRE 6: LES SOCIETES COMMERCIALES ET GROUPEMENTS
D’INTERET ECONOMIQUE (GIE)

Selon l’article 4 de l’Acte Uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du


groupement d’intérêt économique (AUSC-GIE) « La société commerciale est un contrat par
lequel deux ou plusieurs personnes conviennent d’affecter à une activité des biens en
numéraire ou en nature dans le but de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui
pourra en résulter »

NB : « La société commerciale peut être également créée par une seule personne dénommée
associé unique » (article 5).

La société commerciale de l’espace OHADA a donc une nature mixte ou hybride c'est-à-dire
qu’elle est à la fois un contrat et une institution. Lorsque la société est créée par un contrat, on
parle de société pluripersonnelle. Mais lorsqu’elle est créée par un associé unique c’est-à-dire
par acte de volonté unilatérale, on parle de société unipersonnelle. (Ex : SARL
unipersonnelle; SA unipersonnelle). La société doit être distinguée des notions voisines.

- Sociétés et associations

Selon l’art. 1er de la loi du 1er juillet 1901 « l’association est la convention par laquelle
plusieurs personnes mettent en commun d’une façon permanente leur connaissance et leurs
activités dans le but autre que de partager les bénéfices ».

Le rapprochement de cette définition à celle de société conduit aux solutions suivantes lorsque
le groupement a pour but de partager le bénéfice pouvant résulter de l’action commune, il doit
revêtir obligatoirement la forme de société.

Lorsque le groupement est constitué dans un but purement désintéressé, exclusif de toute
recherche de bénéfice, les fondateurs ne pourront utiliser d’autres formes juridiques que celle
de l’association.

- La société et le GIE

La différence fondamentale entre le GIE et la société est que le GIE est le prolongement de
l’activité économique de ces membres, ce qui limite nécessairement l’étendu de son objet
alors que la société peut avoir un objet extrêmement large et au besoin sans rapport avec
l’activité de ses membres.

31
- La société et l’entreprise

L’entreprise est l’unité de production alors que la société est sa forme juridique. On dit que la
société est le vêtement juridique de l’entreprise. La société a une personnalité morale alors
que l’entreprise n’en a pas.

On verra, d’une part, les règles communes à toutes les sociétés commerciales, et, d’autre part,
les règles particulières à chaque type de société.

SECTION 1 : LES REGLES COMMUNES A TOUTES LES SOCIETES


COMMERCIALES

Toute société commerciale doit réunir des conditions pour sa validité. Une fois immatriculée,
elle acquiert la personnalité morale. Mais la société commerciale peut, tout comme les
personnes physiques, ‘’mourir’’. On parle dans ce cas de la dissolution des sociétés.

PARAGRAPHE 1 : Les conditions de validité du contrat de société

On distingue les conditions générales des conditions spécifiques

A. Les conditions générales

Comme tout contrat, le contrat de société obéit aux conditions générales de validité des
contrats édictées par l’article 1108 du code civil. Il s’agit de:

1. Le consentement

Le consentement est l’accord de volonté des partenaires qui décident de se mettre ensemble
pour créer une société. Comme dans tout contrat, le consentement est un élément
indispensable du contrat de société. Le consentement doit non seulement exister, mais il doit
également être intègre c'est-à-dire exempt de tous vices (erreur, dol, violence) et surtout
sincère d’où l’exclusion des simulations qui sont sanctionnées par le juge.

2. La capacité

La capacité doit également exister dans le contrat de société. Elle n’est pas nécessaire dans les
sociétés où les associés n’ont pas la qualité de commerçant (ex : les SARL et les SA). Par
contre, la capacité est indispensable dans les sociétés où les associés ont la qualité de
commerçant (ex : SNC et associés commandités des SCS)

3. L’objet social

L’objet social ne doit pas se confondre avec l’objet du contrat de société.


L’objet du contrat de société est la mise en commun d’apport en vue de partager les bénéfices
ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter. L’objet du contrat est une notion abstraite
appartenant au droit commun des obligations.

En revanche, l’objet social est une notion plus concrète qui signifie le type d’activité choisi
par la société dans ses statuts. On parle également d’objet statutaire.

32
NB : L’objet social se distingue des notions voisines telles que l’intérêt social1 et l’activité
sociale2

L’objet social doit être licite c'est-à-dire ne pas être contraire à l’ordre public et aux bonnes
mœurs (ex 1:une société dont l’objet est l’imprimerie de fausses monnaies est illicite ; ex 2:
une créée pour exploiter une maison close est illicite. ex 3 : une société d’encouragement des
mères porteuses).

4. La cause

La cause du contrat de société, c’est la raison pour laquelle deux ou plusieurs personnes
s’associent. C’est la raison d’être de la société qui consiste en la réalisation de son objet. Elle
doit donc exister, être licite et morale. Un contrat dont la cause ne remplirait pas ces
conditions sera déclaré nul. L’intérêt de l’exigence de la cause dans le contrat de société est de
lutter contre la fraude.

B. Les conditions spécifiques

On distingue les conditions de fond des conditions de forme.

1. Les conditions de fond

Il s’agit de la mise en commun d’apports, de la participation aux résultats et de l’affectio


societatis.

a. La mise en commun d’apports

Un apport est un bien que chaque associé affecte à la société pour la réalisation de son objet
social. Il existe trois types d’apports  à savoir l’apport en nature, l’apport en numéraire et
l’apport en industrie.

-apport en nature :

Il s’agit des biens meubles ou immeubles corporels ou incorporels qu’un associé apporte à la
société. Il n’est pas très indispensable dans les sociétés de capitaux (SARL et SA) où c’est le
numéraire qui compte.

-apport en numéraire

Il s’agit de l’apport de sommes d’argent. Il est indispensable dans les sociétés de capitaux et
moins exigé dans les sociétés de personnes (SNC, SCS).

-apport en industrie

C’est l’apport du talent, du travail, de l’aptitude professionnelle ou des connaissances


techniques du futur associé. Ce type d’apport n’est pas possible dans les SA et les SARL où la
personne de l’associé importe peu. La somme des apports forme le capital social sauf l’apport
1
C’est un impérative de conduite qui s’impose aux organes de la société. Il ne leur suffit pas de respecter l’objet
social. Ils doivent en outre ne rien faire qui contrarie l’intérêt de la société.
2
C’est l’activité réellement exercée par la société alors que l’objet social correspond au programme qu’elle s’est
fixée.

33
en industrie dont l’évaluation est particulière (on estime que l’apport en industrie équivaut à
la valeur du dernier apporteur en numéraire). Le capital social est divisé en actions pour les
SA et en parts sociales pour les autres sociétés (SNC, SCS, SARL). Les actions ou parts
sociales sont attribuées à chaque associé proportionnellement au montant de son apport.

b. La participation aux résultats

Elle comprend trois choses essentielles :

b1 : Le partage des bénéfices

C’est l’élément fondamental qui met la différence entre une société et une association. En
effet, dans une association le partage des bénéfices est strictement interdit alors que dans une
société, il est autorisé. Les bénéfices sont distribués aux associés proportionnellement au
montant de leurs apports. Celui qui a fait un apport en industrie est considéré comme le plus
petit apporteur.

b2 : La réalisation de l’économie

Doivent être considérées comme sociétés, les groupements qui réalisent les bénéfices mais
aussi ceux qui réalisent les économies en commun.

b3 : La contribution aux pertes

Il y a perte lorsque l’actif net diminue. Le principe est que tous les associés doivent contribuer
aux pertes de la société dans les proportions variables selon le type de société.

Remarque : Pour mieux protéger le principe de la participation aux résultats de la société,


certaines stipulations appelées clauses léonines sont interdites. Elles sont au nombre de
quatre. Est léonine :

-la clause qui attribue à un seul des associés la totalité des bénéfices

-la clause qui exclut totalement un associé du profit ou des bénéfices

-la clause qui exonère un associé de toute contribution aux pertes

-la clause qui attribue à un associé la totalité des pertes.

c. L’affectio societatis

C’est la volonté des associés de collaborer sur un pied d’égalité. C’est l’élément intentionnel
du contrat de société. L’affectio societatis permet de distinguer le contrat de société du contrat
de travail. Dans un contrat de travail, il n’y pas d’égalité entre le salarié et l’employeur. Par
contre, dans un contrat de société, l’égalité entre les associés est obligatoire. L’absence ou la
rupture de cette égalité entraîne la requalification du contrat de société en contrat de travail.

2. Les conditions de forme

Il s’agit de l’établissement des statuts et de l’immatriculation de la société au RCCM

34
a. L’établissement des statuts

L’écrit qui constate la création de la société prend le nom de statuts ou pacte social. Les
statuts peuvent être établis par acte authentique ou par acte sous seing privé. Ils doivent
contenir un certain nombre de mentions fixées par la loi (forme de la société, dénomination
sociale, durée, noms des apporteurs, montant du capital social etc)

NB : L’établissement des statuts est une règles d’ordre public quel que soit le type de société
et le nombre d’associés (associé unique ou pluralité d’associés). Lorsque les statuts ne sont
pas signés, on parle de société en formation. Mais lorsqu’ils sont signés, on parle de société
constituée. Mais une société en formation ou une société constituée ne sont pas des personnes
morales.

b. L’immatriculation de la société constituée au RCCM

La société acquiert la personnalité morale à partir de son immatriculation au RCCM. Elle doit
intervenir dans le mois qui suit la constitution de la société. L’immatriculation doit être
déposée au greffe du tribunal.

Outre l’immatriculation, le siège social doit être inséré dans le journal d’annonces légales.

PARAGRAPHE 2 : La personnalité morale de la société immatriculée

Dès l’immatriculation, la société devient une personne morale, donc un sujet de droit au
même titre qu’une personne physique. Elle a tous les attributs d’une personne (dénomination
sociale, siège social, nationalité, patrimoine etc). Elle peut conclure des contrats divers, ester
en justice.

NB : Il existe cependant des sociétés sans personnalité morales. Elles ne peuvent donc pas
ester en justice ni conclure des contrats. Il s’agit de la société en participation (société dans
laquelle les associés refusent volontairement de ne pas l’immatriculer au RCCM), et de la
société de fait ou créée de fait (société qui résulte du comportement des personnes qui
ignorent qu’elles sont en société)

PARAGRAPHE 3 : La fin de la société : la dissolution

La dissolution est l’événement volontaire ou involontaire qui entraîne la fin d’une société.
Plusieurs causes de dissolution sont communes à toutes les sociétés. La dissolution produit
des effets qu’il faudra également élucider.

A. Les causes communes de dissolution

Plusieurs causes peuvent entraîner la dissolution des sociétés. Ainsi, la société peut-elle
prendre fin par:

-l’arrivée du terme prévu dans les statuts

-la décision judiciaire en cas d’illicéité de l’objet social

35
-décision de l’Assemblée Générale des associés

-la réalisation ou l’extinction de l’objet social

-la dissolution judiciaire pour juste motif

-l’annulation du contrat de société

-la réunion de toutes les parts en une seule main

B. Les effets de la dissolution

La dissolution n’a d’effet à l’égard des tiers qu’à compter de sa publication au RCCM. La
dissolution de la société pluripersonnelle entraîne de plein droit sa mise en liquidation. La
personnalité morale de la société subsiste pour les besoins de la liquidation et jusqu’à la
clôture de celle-ci. La dissolution est publiée dans un journal d’annonces légales du lieu du
siège social. La dissolution a aussi pour effet le remboursement de la valeur des apports.

SECTION 2 : LES REGLES PARTICULIERES A CHAQUE TYPE DE SOCIETE

Il existe cinq principales sociétés commerciales dans l’espace OHADA (SNC, SCS, SARL,
SA et SAS).

Ces cinq sociétés sont des commerçants par leur forme et quel que soit leur objet.

NB : Toute société qui n’emprunte pas l’une de ces cinq formes de société de l’OHADA sera
qualifiée de société de fait.

PARAGRAPHE 1 : La société en nom collectif (SNC) (art 270 à292)

La SNC est la société dans laquelle tous les associés sont commerçants et répondent
indéfiniment et solidairement des dettes sociales. Elle peut être dirigée par tous les associés
(appelés gérants de la SNC) à défaut d’organisation de la gérance dans les statuts. La
rémunération des gérants est fixée par l’ensemble des associés sauf clause contraire des
statuts. La révocation des gérants dépend de la catégorie de gérants 3: S’agissant des pouvoirs
des gérants, le gérant peut faire tous les actes de gestion dans l’intérêt de la société sauf si les
statuts ont limité ses pouvoirs. Dans les rapports avec les tiers, le gérant engage la SNC par
les actes entrant dans l’objet social. Les clauses statutaires limitant les pouvoirs des gérants
sont inopposables aux tiers. En cas de pluralité de gérants, chacun détient les mêmes pouvoirs
que s’il était seul gérant de la SNC.

3
Pour les gérants statutaires associés, leur révocation se fait uniquement à l’unanimité des autres
associés. Pour les gérants statutaires non associés, la révocation est faite suivant les conditions de quorum et
de majorité fixées par les statuts. Pour les gérants non statutaires associés ou non, la révocation est faite en
nombre et en capital dans les conditions prévues aux articles 280 et 281 de l’AUSC-GIE

36
A. Les caractéristiques de la SNC

La SNC est la plus commerciale de toutes les sociétés. En effet, par sa forme, elle a la qualité
de commerçant. Ensuite tous les associés sont commerçants. Comme conséquences :

-tous les associés doivent être capables (les mineurs non émancipés et les majeurs en
tutelle ou en curatelle sont exclus)

-tous ceux qui sont dans une situation d’incompatibilité, de déchéance ou


d’interdiction ne peuvent être associés des SNC

-tous les associés sont indéfiniment et solidairement responsables du passif social


(c’est-à-dire que le créancier de la SNC peut poursuivre l’un quelconque des associés pour le
compte des autres)

-deux époux ne peuvent être associés d’une même SNC puisque la loi leur interdit
d’être associé d’une société dans laquelle ils sont tenus indéfiniment et solidairement des
dettes sociales

-la SNC est constituée intuitu personae c’est-à-dire en considération de la personne des
associés.

-le capital social est divisé en parts sociales qui ne sont pas librement cessibles

-aucun minimum de capital social n’est exigé.

B. Les causes particulières de dissolution des SNC

Le retrait, le décès, l’incapacité ou l’absence d’un associé entraîne en principe la dissolution


de la SNC.

PARAGRAPHE 2 : La société en commandite simple (SCS)

La SCS présente des caractéristiques propres. En outre, elle a des causes particulières de
dissolution. La SCS ne peut être dirigée par les associés commanditaires. Seuls les associés
commandités peuvent être gérants des SCS. Tous sont réputés gérants sauf clause statutaire
désignant certains d’entre eux seulement. Les associés commanditaires ne peuvent pas être
gérants et ne peut pas accomplir des actes de gestion externe même en vertu d’une
procuration. S’ils le font ainsi, ils seront solidairement et indéfiniment responsables avec les
associés commandités pour les dettes qui en résultent.

A. Les caractéristiques de la SCS

La SCS est celle dans laquelle coexistent deux types d’associés :

-les associés commandités (qui sont responsables indéfiniment et solidairement des


dettes sociales parce que étant commerçant). Les associés commandités ont le même statut
que les associés des SNC.

-les associés commanditaires (qui ne sont tenus des dettes sociales que dans la limite
de leurs apports parce qu’ils ne sont pas commerçants). Deux époux peuvent être associés

37
commanditaires de la SCS. Aucune condition de capacité n’est exigée de sorte que les
mineurs non émancipés et les majeurs incapables peuvent être associés commanditaires.

-le capital social est divisé en parts sociales qui ne sont pas librement cessibles

-aucun minimum du capital n’est exigé

B. Les causes particulières de dissolution des SCS

Le décès de l’un des associés commandités entraîne la dissolution sauf si les statuts ont prévu
la poursuite avec les héritiers de l’associé décédés. Ceux-ci doivent être capables pour trouver
dans un délai d’un an un nouvel associé commandité. La société peut être transformée en
SARL ou SA.

NB : Si les héritiers sont des mineurs non émancipés, ils seront associés commanditaires.

PARAGRAPHE 3 : La société à responsabilité limitée (SARL)

La SARL est celle dans laquelle les associés ne sont responsables des dettes sociales qu’à
concurrence de leurs apports et dont les droits sont représentés par les parts sociales. Elle est
dirigée par un gérant révocable. La gérance d’une SARL est assurée par une ou plusieurs
personnes physiques ayant la qualité d’associés ou non (gérant associé, gérant non associé,
personne physique).

S’agissant du statut de gérant de SARL, le gérant doit être juridiquement capable


d’accomplir les actes de gestion. Il est nommé soit par les statuts (gérant statutaire) soit par un
acte extra statutaire (à la majorité des associés représentant plus de la moitié du capital social
sauf clause statutaire exigeant une majorité renforcée). Il n’est pas rémunéré en tant que tel
car les fonctions de gérant sont en principe gratuites sauf clause statutaire contraire.

S’agissant des pouvoirs du gérant, le gérant peut accomplir tous les actes de gestion dans
l’intérêt de la SARL en l’absence de détermination des pouvoirs du gérant par les statuts et
dans les rapports entre les associés.4 Dans les rapports avec les tiers, le gérant de SARL est
investi des pouvoirs les plus étendus pour agir au nom de la SARL. Cette dernière est engagée
par des actes du gérant en dépassement de l’objet social.

A. Les caractéristiques de la SARL

-les associés n’ont pas la qualité de commerçants. Ils ont le même statut que les
associés commanditaires

-les apports doivent être immédiatement libérés

-le montant minimum du capital social est de 1 000 000 F CFA, sauf dispositions
nationales contraires.

-le capital social est divisé en parts sociales dont la valeur nominale ne peut être
inférieure à 5000 F CFA.
4
En cas de pluralité de gérants, ceux-ci déterminent séparément les pouvoirs, sauf le droit pour chacun de
s’opposer à toute opération avant qu’elle ne soit conclue.

38
-les parts sociales sont librement cessibles entre associés. Mais à l’égard des tiers, la
cession est faite avec le consentement de la majorité des associés non cédants dont les parts
sociales représentent les ¾ du capital social à l’exclusion de celles du cédant

-la SARL peut être unipersonnelle

B. Les causes particulières de dissolution

La SARL peut être dissoute en cas de réduction du capital social du minimum légal ou de la
perte d’une fraction importante des capitaux propres (ils ne doivent pas être inférieurs à la
moitié du capital social)

PARAGRAPHE 4 : La Société anonyme (SA)

La SA est celle dans laquelle les associés appelés actionnaires ne sont responsables dettes
sociales qu’à concurrence de leurs apports et dont les droits sont représentés par des actions.

Dans l’administration de la SA, il faut distinguer les SA avec Conseil d’Administration (la
SA est ici dirigée soit par un président-directeur général, soit par un président du conseil
d’administration et un directeur général) et les SA avec administrateur général.

NB : En cas de SA faisant appel public à l’épargne, il faut nécessairement un Conseil


d’administration. De plus, il est possible à tout moment de changer le mode d’administration
d’une SA. Dans ce cas, une modification des statuts est nécessaire. En pareil cas, c’est l’AG
des extraordinaire qui aura à en décider5.

A. Les caractéristiques des SA

-les actionnaires ne sont pas commerçants. Ils ne sont responsables des dettes sociales
qu’à concurrence de leurs apports. Tous les incapables et les mineurs non émancipés peuvent
être actionnaires de SA même les époux et les nouveaux nés y sont les bien venus.

-le montant minimum du capital social est de 10 000 000 FCFA pour les SA ne faisant
pas appel public à l’épargne et de 100 000 000 FCFA pour les SA faisant appel public à
l’épargne

-le capital social est divisé en actions dont la valeur nominale ne peut être inférieure à
10 000 FCFA.

-les actions sont librement cessibles et négociables

-une seule personne peut créer une SA

5
S’agissant des SA avec conseil d’administration, il faut relever 2 types d’organes puisque le nombre des
administrateurs est compris entre 3 et 12 membres. Le Conseil d’administration a les pouvoirs les plus étendus
pour agir au nom de la SA. IL précise les objectifs de la SA, contrôle la gestion assurée par le PDG ou le DG,
arrête les comptes de chaque exercice et intervient pour autoriser les conventions passées entre la société et l’un
de ses dirigeants ainsi que les garanties souscrites par la SA pour les engagements pris à l’égard des tiers. Le
PDG et / ou le PCA assisté du DG assurent la direction de la SA. S’agissant des SA avec administrateur
général, celui-ci cumule les fonctions d’administration et de direction. NB. Les SA qui comprennent un nombre
d’actionnaires égal ou inférieur à 3 ont la faculté de ne pas constituer un conseil d’administration et peuvent
désigner un administrateur général

39
-le nombre minimum d’actionnaire n’est pas fixé par l’OHADA

B. Les causes particulières de dissolution

Elles sont presque identiques à celles des SARL. En effet, la SA peut être dissoute en cas de
perte partielle d’actif (si les capitaux propres de la SA sont inférieurs à la moitié du capital
social).

PARAGRAPHE 5 : La société par action simplifiée (SAS)

La société par action simplifiée est une société instituée par un ou plusieurs associés et dont
les statuts prévoient librement l’organisation et le fonctionnement. Les associés de la SAS ne
sont responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports et leurs droits sont
représentés par des actions.

Lorsque cette société ne comporte qu’une seule personne, celle-ci est dénommée « associé
unique ».

La société est désignée par une dénomination sociale qui doit être immédiatement précédée ou
suivie en caractères lisibles des mots « société par action simplifiée » ou du sigle « SAS ».
Lorsqu’il n’y a qu’un seul associé, la société est désignée par une dénomination sociale qui
doit être immédiatement précédée ou suivie en caractères lisibles des mots « société par action
simplifiée unipersonnelle » ou du sigle « SASU ».

La SAS ne peut faire publiquement appel à l’épargne.

Le montant du capital social ainsi que celui du nominal des actions est fixé par les statuts. De
même, les statuts fixent les conditions dans lesquelles la société est dirigée.

Contrairement à la société anonyme, dans les SAS il n’est pas exigé un conseil
d’administration. La SAS doit obligatoirement avoir un président désigné dans les conditions
prévues par les statuts et qui assurera la gestion quotidienne de la société. C’est le seul organe
de direction que la loi impose, et pour le reste, les associés ont la liberté d’organiser la gestion
de ladite comme ils le souhaitent.

Le président de la société par action simplifiée détient le pouvoir de direction en interne et


vis-à-vis des tiers. En effet, à l’égard des tiers, c’est le président qui est le représentant de la
société et il détient un pouvoir absolu de représentation. Toutefois, les statuts peuvent
déterminer les décisions qui doivent être prises collectivement par les associés dans les formes
et conditions qu’ils stipulent. Les décisions prises en violation des clauses statutaires sont
nulles.

PARAGRAPHE 6 : L’Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée (EURL)

L’EURL est une SARL à un seul associé, personne physique ou morale. La création de
l’EURL peut résulter de la réunion de toutes les parts sociales d’une SARL en une seule main.
Mais l’EURL peut aussi être créée par décision unilatérale soit d’une personne physique, soit
d’une personne morale. Une même personne, qu’il s’agisse d’une personne physique ou d’une
personne morale, peut créer plusieurs EURL. L’associé unique, personne physique, du fait

40
qu’il n’a la qualité de commerçant, peut être une personne incapable, un mineur par exemple.
L’associé unique réalise un apport, en nature ou en numéraire, de manière à doter la société
d’un capital social. Le régime de base de l’EURL est celui de la SARL, sous réserve des
adaptations rendues nécessaires par la présence d’un seul associé.

Puisqu’il y a société, il faut en respecter l’organisation et les rites, d’où la nomination d’un
gérant et la tenue d’assemblées. La gérance peut être confiée à l’associé unique ou à un tiers.
Les pouvoirs de l’assemblée sont exercés par l’associé unique, qui ne peut déléguer ses
pouvoirs. C’est à l’associé unique qu’il appartient de prendre les décisions ordinaires comme
celles emportant modification des statuts, ou comme la révocation du gérant non associé.

NB : Les règles de convocation et de tenus des assemblées ne sont pas applicables, car
l’associé unique est exempté de l’obligation de se convoquer.

Il convient de se reporter aux causes de dissolution valant pour la SARL. Quant aux
conséquences de la dissolution, il faut, distinguer selon que l’associé unique est une personne
morale ou une personne physique.

Lorsque l’associé unique est une personne morale, la dissolution emporte transmission
universelle du patrimoine social à l’associé unique sans qu’il ait lieu à dissolution.

Au contraire, lorsque l’associé unique est une personne physique, la règle de la transmission
universelle du patrimoine est écartée et l’EURL est liquidée dans les conditions du droit
commun. L’EURL étant une société à responsabilité limitée, l’associé n’est en principe tenu
du passif social qu’à concurrence de ses apports.

SECTION 3 : LE GROUPEMENT D’INTERET ECONOMIQUE (GIE)

Le GIE se définit comme une personne morale dont l’objet exclusif est de faciliter ou de
développer les activités économiques de ses membres, d’améliorer ou d’accroître les résultats
de ses activités. Le GIE doit être immatriculé au RCCM.

Le GIE n’est en aucun cas une société commerciale ni une association. C’est un instrument de
collaboration entre les entreprises préexistantes. Le GIE est commercial ou civil en fonction
de ‘activité qu’il exerce

NB : Le GIE a pour avantage de permettre à ses membres de développer leur activité plus
efficacement et à meilleur compte que s’il était demeuré isolé.

Il faut noter enfin que le GIE pourra être requalifié en société de fait s’il avait été créé en vue
d’exercer une activité alors qu’aucun de ses membres n’exerçait personnellement une telle
activité. Le GIE est alors un prolongement de l’activité de ses membres.

Il est dissout par les mêmes causes communes de dissolution des sociétés commerciales par le
décès d’un membre personne physique ou dissolution d’un membre personne moral sauf
clause contraire du contrat.

41
Remarque : Le GIE présente trois caractéristiques essentielles :

- Sa vocation n’est pas de faire des bénéfices

- Il peut être constitué avec ou sans capital

- Sa structure est légère et malléable

42

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