PORTRAITS

MARTINIQUE / MARS 2022 - N° 1

ELLES font la MARTINIQUE

1
 www.redline-boutique.com

2
 Terre de femmes

ÉDITO Elles sont là. Partout. La Martinique comme un

gynécée et ce sont elles qui font le jour avant même
le chant du coq. Ce sont nos mères, nos femmes, nos
sœurs.

Par ce qu’elles disent et ce qu’elles font, ce qu’elles

ont été et ce qu’elles sont à nouveau chaque jour,
les femmes sont un des trésors de notre île. Les 25
femmes que nous avons sélectionnées nous ont
chacune interpellés, touchés et étonnés, par leur
passion, leur patience, leur détermination et les
mots qu’elles ont été invitées à mettre sur ce qu’elles
sont le plus naturellement du monde.
Alors qui sont-elles ? Quels bastions leur reste-t-il
à conquérir ? Que savons-nous réellement d’elles,
qu’elles soient célèbres ou anonymes, nées ou non
sous nos latitudes, exerçant au-devant de la scène
ou parfois dans l’ombre ? Elles nous ont ouvert
leurs portes et leurs cœurs quelques heures. Nous
en avons tiré et conçu des récits de vie à l’écoute
de leurs mots, à l’affût de leur regard, leur sourire
ou leur moue, pour composer une esquisse de la
Martinique.

Une esquisse imparfaite et surtout inachevée,

comme le rappellent les chiffres clés de l’INSEE
Martinique ainsi que l’ethnologue Mireille
Mondésir. Dans son interview vidéo, elle avertit,
“cette question de la nécessité de prendre sa place
dans la société en tant que femme, ce n’est pas du tout
une vue de l’esprit, c’est une réalité”. Aussi, à notre
manière, un mois après la journée internationale des
droits de la femme, nos journalistes, photographes
et vidéastes ont, à l’image d’Orane Phedon qui signe
Mathieu Rached

la couverture, tracé une histoire des femmes de

Martinique à main levée. Un portrait de nous tous à
travers leurs portraits à elles.

3
 EWAG MARTINIQUE Laurent Nesty
Immeuble Périé Médical, 22 rue Ernest Directeur de publication
Hemingway, ZAC Etang z’abricots, 97200
Fort-de-France Luciano Sainte-Rose
0596 30 14 14 Directeur du développement

Audrey Barty
Directrice digitale

Mathieu Rached
Rédacteur en chef

Mario Guiolet
IMPRESSION Responsable vidéo
Magazines réalisés et imprimés aux
Antilles-Guyane. Le papier est issu Orane Phedon
de forêts gérées durablement PEFC Directrice artistique

Marie Ozier-Lafontaine
Rédactrice

Axelle Dorville
DISTRIBUTION Rédactrice
Martinique
M.C.P. Daniel Rollé
0696 78 36 56 Rédacteur

Audrey Juge
Pour envoyer un mail écrire : Rédactrice
(prénom)(nom)@ewag.fr
Anne-Sophie Malot
Rédactrice
La reproduction, même partielle,
Chantal Bigay
des articles et illustrations
Secrétaire de rédaction
publiées est interdite
Pierre de Champs
Photographe

Jean-Albert Coopmann
Photographe

Lou Denim
Photographe

Sariatha Boulard
Vidéaste

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NOUS SOMMES
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 PORTRAITS
Le groupe média EWAG, éditeur de Madinmag, Karumag, Guyamag et de C’Smart, ajoute une corde à son arc
avec cette toute première édition de Portraits, consacrée aux femmes.

Parti à la rencontre d’une trentaine d’entre elles en Guadeloupe puis en Martinique le nouveau magazine qui
voulait raconter les femmes et nos territoires a tout de suite trouvé son public. En 10 jours sur la seule plateforme
Calaméo, l’édition de Guadeloupe a été vue plus de 10 000 fois et téléchargée 500 fois !

Un succès que nos équipes tenaient à partager avec vous, et qui vient conforter la ligne éditoriale, la vision et
l’ambition de notre jeune groupe média (14 ans cette année). Un démarrage qui nous donne envie de vous donner
bientôt d’autres rendez-vous.

Bonne lecture et découverte de l’édition Martinique.

Disponible gratuitement dans les points de distribution habituels et en ligne www.ewag.fr
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7
SOMMAIRE
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46

14 16
20
26

30
22
64
24
8
54
28 38
44 50
52

34

48 56 60
58

32
42 40
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 SC ANNE Z

Jocelyne Béroard
LE RÊVE D’UNE VIE
« IL Y A UNE CHOSE QU’ON DOIT SE DIRE
QUAND ON SE LÈVE LE MATIN : TOUS LES
RÊVES SONT PERMIS. »

10
Photo Lou Denim
12
 Adeline Chapin
PIÈCE IDENTITAIRE Documentaliste de métier, collectionneuse dans l’âme, bijoutière par passion,
la créatrice Adeline Chapin se joint avec sa marque Calendé, à la lignée des rares
femmes bijoutières martiniquaises. Autodidacte engagée dans la préservation du
vestiaire bijoutier local, elle se raconte en quatre pièces, quatre bijoux, qui parlent
autant d’elle que de la Martinique.

LA CHAÎNE FORÇAT
« La chaîne forçat est pour moi la base du bijou local.
Chaîne la plus classique de notre vestiaire, elle a cette
particularité d’avoir des maillons striés de petites
nervures, qui lui donnent un côté original par rapport
aux modèles que l’on retrouve un peu partout dans le
monde. C’est aussi ce que j’explore dans
mon travail : revisiter voire surcycler LE COLLIER CHOUX
des bijoux traditionnels, les remettre en « Je collectionne des portraits photo vintage de
avant selon mon esthétique, proposer femmes martiniquaises et le collier choux est ce
une nouvelle génération de bijoux qui bijou très imposant et puissant que l’on observe
parlent de notre île. Bien que l’histoire porté dès les premières photos de Martiniquaises.
de la chaîne forçat ne soit pas réellement Aussi ostentatoire que raffiné, ce collier est composé
glorieuse -le maître offrait cette chaîne en de grains chou spécifiques à la Martinique, dont la
or à son esclave favorite-, cette pièce me création demande beaucoup de minutie. Je suis très
parle car c’est le premier bijou d’or qu’ont proche de ce qui fait notre unicité martiniquaise et
porté les femmes martiniquaises. C’est c’est véritablement une pièce qui représente toute la
une pièce forte et symbolique toujours richesse bijoutière et le savoir-faire local. Le collier
très appréciée de nos jours. » a aussi une importance toute particulière pour moi
: il a été mon premier sujet de résidence de recherche
et de création en partenariat avec l’espace artistique
LA FEUILLE DE RAISINIER alternatif Seizemètrescarrés, dans le cadre du projet
« C’est un hommage aux sous-bois des bords de mer de recherche Martinique Bijoux Héritage. Ce projet se
et aux pas bruyants sur les tapis de feuilles séchées. La destine à documenter la technicité et révéler l’histoire
feuille de Raisinier est facilement reconnaissable et sa de nos bijoux, et surtout, à valoriser cette part peu
forme arrondie inspire la douceur. Je m’applique à créer étudiée du patrimoine local. Un des angles développés
des bijoux émotionnels pour apporter un peu de poésie dans mon travail de recherche est également, au-delà
dans la parure et j’espère que mes pièces évoquent ou du port du bijou, de pouvoir parler de ces rares femmes
évoqueront à ceux qui s’y intéressent, l’authenticité bijoutières, de leur histoire et de leur parcours, et de
de la culture martiniquaise et caribéenne. Je décline la recueillir des témoignages pour constituer des archives
feuille en modèle lisse, texturée ou en version contour communes pour raconter notre bijou. »
avec les rainures; elle est mini ou
très grande comme la diversité si LA FEUILLE DE FWIYAPEN
inspirante de feuilles existantes « Je voulais des pièces qui soient à la fois identitaires
dans notre flore locale. » et peu communes, créer des bijoux inspirés de chez
nous et de l’esthétique bijoutière martiniquaise, en
Texte Axelle Dorville - Photo Pierre de Champs

réinterprétant la flore antillaise, telle que la feuille de

raisinier déclinée en médaille, les racines entremêlées
des palétuviers en boucle d’oreille ou le coui en bague.
C’est la création d’une feuille d’arbre à pain en laiton
texturé portée comme un pin’s, qui a suscité pas
mal de demandes et m’a permis de créer des bijoux
sur demande. La feuille Fwiyapen, c’est le début de
l’aventure Calendé ! J’espère pouvoir continuer mon
travail de recherche pour pouvoir valoriser le patrimoine
et le savoir-faire de la bijouterie martiniquaise. »

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 Mélanie Herteman
EN ÉQUILIBRE
C’est à Morne Cabri, une petite île reliée à la PERSÉVÉRANCE
terre martiniquaise par une bande de mangrove, que Quand elle n’est pas en amphi à l’université des Antilles
Mélanie nous raconte son parcours. Là, au bord de pour former de jeunes scientifiques et ingénieurs, on
l’eau, elle retrace le début de son engagement, en tant la retrouve à accompagner des professionnels de la
qu’écologue, spécialiste des zones humides, mangroves CACEM autour d’étangs et de mares, à la découverte
et milieux aquatiques tropicaux, à…Argut, un petit du cycle de l’eau sur le territoire. Quand elle n’échange
village de la Haute-Garonne perché à quelque 1000 pas avec le conservatoire du littoral sur un schéma
mètres d’altitude, et peuplé d’une poignée d’habitants de valorisation et d’aménagement des mangroves
et de quelques brebis. « C’est la passion que j’ai au cœur martiniquaises, elle travaille avec la commune
qui m’a poussée à devenir écologue, mais elle n’est pas du Lamentin sur un projet de préservation et de
venue de nulle part. J’avais des modèles de personnes - restauration des arrières mangroves en partenariat
mes parents militants écologistes de la première heure avec les entreprises des zones d’activité lamentinoises.
- qui m’ont montré l’intérêt et surtout l’incroyable Quand elle ne prépare pas un guide d’entretien des
efficacité des milieux à leur état naturel. Comprendre mares des Antilles françaises avec le Pôle-relais Zones
les mécanismes m’anime depuis toujours et j’ai su dès Humides, elle réfléchit à comment améliorer la gestion
le CE2 que je voulais faire de la science ! » et la qualité des eaux, en partenariat avec l’ODE.

« CE QUE CE TERRITOIRE M’A FAIT » « S’INVESTIR LÀ OÙ ON VIT »

Alors après huit années d’apprentissage du métier Tel les petits crabes jaunes grimpant sur les troncs
d’écologue et d’étude approfondie des mécanismes et des palétuviers, « les seuls à marcher de face »,
processus des écosystèmes, après un voyage au Costa Mélanie Herteman s’engage au quotidien, avec
Rica à 18 ans, où naît son amour pour la végétation affront et persévérance dans l’action, afin de concilier
tropicale et qui la poussera à se spécialiser dans aménagement du territoire et gestion responsable des
l’étude de ce milieu, de son premier mémoire à sa milieux naturels. C’est ce besoin d’action qui l’a poussée
thèse de doctorat, Mélanie arrive presque par hasard à quitter la recherche fondamentale et le CNRS pour
en Martinique, pour une mission de six mois. « J’ai été agir sur le terrain. Cette action aujourd’hui urgente,
touchée par beaucoup d’endroits, le Sri Lanka, le Costa pour permettre à la Martinique et aux Martiniquais
Rica, Mayotte où j’ai vécu cinq ans comme fondue dans de s’adapter au changement climatique, à l’érosion
Texte Axelle Dorville - Photo Pierre de Champs

le paysage. Mais la Martinique, ça a été une émotion de la biodiversité et à leur impact, à court-terme, sur
sur l’instantané, c’est incroyable ce que ce territoire m’a la disponibilité en eau douce, notre alimentation,
fait ». Elle raconte la richesse culturelle et historique nos modes de vie. Car pour celle qui s’est ancrée en
qu’elle a découverte. Les rencontres extraordinaires, Martinique, même de passage, « il faut s’investir là où
musicalement parlant, au niveau associatif, « au niveau on vit et essayer d’œuvrer pour les problématiques du
de la vie ». La variété des paysages qui l’ont frappée, de territoire sur lequel on se trouve. »
la forêt tropicale aux mornes, des endroits idylliques « La proprioception, la capacité du corps à rester
tels que Trou Cochon aux plages du Nord, des récifs en équilibre, la capacité à tout le temps s’adapter
coralliens aux forêts de mangrove. Tous ces espaces à l’instabilité du milieu, à s’adapter à de nouveaux
qu’elle s’emploie chaque jour à étudier et préserver. environnements, c’est ce que la mangrove m’a appris
sur la vie. » conclut Mélanie Herteman.

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15
 Katia Rochefort
L’ALCHIMISTE
Mariée et mère épanouie de deux garçons, Katia Rochefort a pris ses rêves pour
des réalités et elle a eu raison. Scientifique, directrice du PARM, elle encourage les
hommes et les femmes à rêver et passer de la paillasse de laboratoire aux rayons de
supermarchés et aux étals d’épicerie fine.

16
 1975
Rencontre de Pauline Nogard au sein de son atelier de
fabrication ELLA à Sainte-Marie. Quelques minutes
suffisent à Katia pour qu’une idée très précise
envahisse son esprit : celle de la transformation
des produits du terroir. Pauline Nogard, figure
emblématique de l’île, fabriquait des pots de confiture,
des farines de légumes et autres préparations très
remarquables à l’époque.
Impressionnée par la
passion qui animait cette 1986
pionnière reconnue en À Bordeaux depuis 1981, elle a suivi un parcours de
matière de transformation chimie à l’Université de Bordeaux et a intègré l’Ecole
des fruits et légumes péyi, Nationale Supérieure de Chimie de Bordeaux pour
Katia Rochefort décide trois années de formation. À l’issue de cette première
alors de s’orienter vers des phase, la jeune ingénieure chimiste est ensuite admise à
classes scientifiques avec l’institut polytechnique de Toulouse pour y compléter
des milliers de projets en son parcours avec un DEA spécialité Valorisation des
tête. Agroressources. Loin de Sainte-Marie et de l’atelier de
Pauline Nogard, la jeune femme se donne les moyens
de concrétiser son intuition et son ambition.

1987
Katia n’a pas perdu de temps pour la simple et bonne
raison qu’elle a envie de se lancer rapidement dans
le monde professionnel, et surtout de mettre ses
compétences acquises au profit de son île natale à
laquelle elle est très attachée. La voici donc de retour
à la Martinique. En tant qu’ingénieure
en recherche et développement, elle
2000 contribue en équipe à la mise en œuvre
Alors qu’elle a intégré une coopérative d’intérêt de procédés industriels innovants au
collectif agricole bananière de Martinique en tant sein d’une filiale d’un groupe industriel
qu’ingénieure chargée de développement, elle du territoire, et plus particulièrement
accompagne de nombreux projets, développe des dans le cadre de la valorisation du sucre
compétences transverses notamment dans la gestion de canne. Jeune femme passionnée par
des financements Katia découvre surtout le monde la transformation des produits péyi et
agricole. Avec la prise de conscience des enjeux socio- amoureuse de son île, Katia sait où elle va.
économiques très spécifiques de notre agriculture, Sa vie professionnelle est un terrain de jeu
“empreinte de forts déséquilibres”, c’est sa trajectoire où le challenge nourrit sa motivation.
Texte Anne-Sophie Malot - Photo Jean-Albert Coopmann

professionnelle qui se trouve transformée. Elle

rejoint ainsi le conseil régional de Martinique en
tant qu’ingénieure chargée de mission. Elle assure
le lancement opérationnel des activités du pôle
agroalimentaire de la constitution administrative et
2003
La suite est logique, elle devient directrice du PARM
juridique de la structure du Pôle Agroressources et et concrétise encore un peu plus le rôle qu’elle tient à
de Recherche de Martinique (PARM), à la mise en jouer à l’échelle du secteur et du territoire. Depuis, son
place des partenariats avec le secteur agroalimentaire, quotidien est riche de missions diverses et variées. Elle
l’élaboration de cahiers des charges d’équipements apprécie en particulier l’accompagnement de projets
techniques des laboratoires, en passant par la d’entreprises et filières du territoire contributifs à la
préparation des premiers programmes d’activités ou dynamique économique de la Martinique. Derrière
la mise en place de l’équipe opérationnelle. la chimie, les techniques, les outils, ce sont bien les
femmes et les hommes, qui transforment le territoire
à la force de leurs rêves et de leur vision.

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 CHIFFRES CLÉS FEMMES/HOMMES
Journée internationale des droits des femmes - 08 mars 2022
art
iniq u

e
Lecture : Les statistiques relatives aux femmes sont en bleu, celles concernant les hommes sont en jaune
Source : Insee, RP 2018.

Espérance de vie à Population Chef de famille

la naissance estimation au 1er janvier 2022 monoparentale
en 2018
en 2021
38,0 %
191 096 4,4 %
159 277
81,4 74,0
ans ans

Taux de scolarisation Diplômés du

à 18 ans supérieur chez
en 2018
les 25 à 54 ans
en 2018
82,8 %
78,3 % 37,2 %
27,8 %

Taux de chômage des

15 ans et plus
(au sens du BIT) Salariés à temps
en 2020 partiel
chez les 25 à 54 ans
en 2018
13 % 12 %
19,6 %
8,1 %

Source : Insee, Enquêtes Emploi en continue 2020.

Part des femmes au

sein des catégories
Salaire net annuel
socioprofessionnelles
moyen en EQTP*
en 2018
en 2019

73,6 % 25 201€
51,3 %

27 877€

Employés * équivalent temps plein

Source : Insee, base Tous salariés 2019, au lieu de travail.

Taux de féminisation des Part des femmes dans

emplois par secteur les conseils municipaux
en 2018 en 2021

Ensemble 48,2 %

67,5 % Parmi les

adjoints et
51,2 % autres 49,5 %
conseillers

Parmi les 14,7 %

Administration publique, Commerce, transports, maires
enseignement, santé, services divers
action sociale Source : Répertoire National des Elus; Ministère de l'Intérieur.

Martinique
 Assurance et Banque

Les
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 art
iniq u

e
M
En Martinique, dans la fonction publique d’État, 38% de
l'écart de salaire entre les femmes et les hommes est lié à
la nature des emplois
En moyenne, salaire mensuel net de :

n ti n u ique tat

n ti n u ique errit ria e

e e e

Un écart de salaire entre les hommes et les femmes

+ 16 % + 17 % +8%
soit 532 € soit 579 € soit 206 €

n ti n u ique tat r en ei nant n ti n u ique errit ria e

Les principales sources de l'écart de salaire

38 % 67 % 31 %
dû à la nature des dû à la nature des dû à la durée de
emplois emplois travail

n ti n u ique tat r en ei nant n ti n u ique errit ria e

*Fonction publique d’État

Pour aller plus loin

Insee Analyses Martinique n°51 du 08 mars 2022

Martinique

CONTACT PRESSE
19
r ureau e re e in ee r
 Gaëtane Pastel
SA VIE EST
UN PUZZLE
Issue d’une famille d’athlètes, le sport a toujours des personnes à retrouver l’autonomie suffisante
fait partie du rituel de Gaëtane Pastel. C’est avec pour retourner à leur domicile au sein d’un centre de
assiduité qu’elle découvre l’univers des compétitions soins de suite et de réadaptation ou encore été dans le
sportives dès l’âge de 7 ans. Si elle décroche de coaching sportif, Gaétane est aujourd’hui encadrante
nombreuses médailles en natation, elle prend du du club de triathlon qu’elle a créé en 2019 à Trinité,
plaisir à pédaler et à chausser ses baskets pour un petit avec son mari qui en est le président. Si elle continue
footing. Elle endosse son premier dossard de triathlon à vivre de sa passion, elle est d’autant plus heureuse et
à l’âge de 18 ans, avant de partir à Montpellier où elle épanouie de pouvoir transmettre son amour du sport
va obtenir sa licence de sciences et techniques des aux licenciés de son club.
activités physiques et sportives.
LA MARTINIQUE DANS LE SANG
COMPÉTITRICE DANS L’ÂME Cette maman de trois enfants connaît la Martinique à
Entourez-vous des personnes qui vous font la perfection. Sa famille vient du Nord Caraïbes et si
progresser, soyez maîtres de votre écosystème, créez elle est née et a été scolarisée à Fort-de-France, elle a
la synergie de votre réussite ! Oui, le sport n’est grandi à Saint-Pierre avant de partir au Morne-Rouge
pas réservé à une élite, il est accessible à toutes, à puis au Marin avant de poser ses bagages à Trinité.
condition d’y croire ! Sportive de haut niveau, mère De par ses nombreux déménagements, elle a appris
de famille et cheffe d’entreprise, Gaétane va toujours à apprécier la richesse des paysages et des sentiers
au bout des choses. Ambitieuse, motivée et équilibrée, pédestres du bord de mer au sommet de la Pelée et
elle se donne les moyens d’y arriver. Elle a toujours su à sélectionner le parcours idéal en fonction de ses
écouter ceux qui l’ont fait progresser, ceux qui ont cru objectifs à atteindre. Si elle privilégie la route de Deux
en sa réussite. L’expérience des uns permet aux autres Choux pour une sortie en vélo de route, elle préférera
de progresser plus vite. Son quotidien ? Elle a appris la Trace des Caps pour courir sur une longue distance
à le gérer à la perfection notamment grâce au soutien ou encore quelques kilomètres de natation à Anse
inconditionnel de son mari, de l’aide de ses parents et Madame à Schœlcher. Duathlon, triathlon, Ironman,
beaux-parents et de la motivation de son frère aîné. autant de courses internationales qui lui permettent
de découvrir de splendides paysages. Et même si
CHEFFE D’ORCHESTRE DE SA VIE lorsqu’elle franchit chaque ligne d’arrivée, elle est
L’expression grasse matinée ne fait pas partie de son fatiguée physiquement, Gaétane n’oublie jamais ses
vocabulaire et il lui est plus facile de compter les jours origines et fait quelques pas de bèlè pour marquer son
où elle ne s’entraîne pas plutôt que les jours où elle identité et faire rayonner son île dans le monde entier.
pratique le vélo de route, la natation ou la course à
pied. Rien que ça ! La qualité de son entraînement est TOUJOURS PLUS DE VICTOIRES
primordiale car elle conditionne sa forme physique. Pour une ironwoman, une victoire n’est pas d’arriver
Ses journées sont organisées et rythmées autour de la première mais de franchir la ligne d’arrivée. Volonté,
ses deux entraînements quotidiens. Avant même que entraînement, organisation, trois mots qui permettent
le soleil se lève, elle est déjà vêtue d’une tenue sportive à Gaétane de gagner à coup sûr. C’est sans compter
adaptée à l’entraînement choisi pour sa première les valeurs sportives universelles du sens de l’effort,
séance sportive de la journée. Et si les conditions du goût du challenge et de la quête de la performance
Texte Anne-Sophie Malot - Photo Lou Denim

météo sont très défavorables à un entraînement qu’elle porte au quotidien. Quand on lui pose la
extérieur, Gaétane n’abandonne pas et pédale à question du nombre de dossards qu’elle collectionne,
domicile ! Son home trainer lui permet de passer elle ne sait pas répondre précisément mais, elle se
un peu plus de temps chez elle, entourée des siens. souvient des plus belles courses auxquelles elle a
C’est avec ce fonctionnement que Gaétane se libère participé, notamment son premier Ironman, aux côtés
l’esprit et se consacre pleinement à sa vie familiale et de son frère, pour fêter ses 40 ans. Un magnifique
à son activité professionnelle très riche en activités cadeau d’anniversaire dont on sent encore l’euphorie
sportives car cette athlète martiniquaise a toujours de l’arrivée dans sa voix. C’était en 2018 dans l’archipel
évolué dans le milieu sportif. Si elle a accompagné des Canaries, à Lanzarote.

20
21
22
 Kora Bernabé
FEMME KAKO
Aussi loin qu’elle s’en souvienne, Kora Bernabé a toujours souhaité
travailler dans les domaines de la nature et de l’environnement.

« Cet intérêt remonte sans doute à ma naissance. » ,

explique t-elle amusée. Dès ses 4-5 ans, elle passe ainsi
un temps incalculable sur le terrain de son grand-père,
spécialisé dans l’arboriculture fruitière, l’élevage, ainsi
que la production d’écrevisses. « On m’appelait même
Rantanplan car je le suivais partout ! Les weekends,
quand je n’étais pas en mer avec mon papa, je me
levais très tôt pour aller donner à manger aux bêtes de
mon papi aux Pitons du Carbet,
moi qui n’ai pourtant jamais aimé
me lever tôt. Puis quand j’ai eu 10
CRÉATRICE DE FILIÈRE PAR PASSION
Quelques années plus tard, Kora Bernabé n’a toujours
ans, nous avons déménagé sur le
pas délaissé le terrain de son aïeul. Après des études en
terrain familial. » Et là, ajoute-t-
agronomie tropicale, elle est aujourd’hui agricultrice à
elle avec des étoiles qu’on imagine
mi-temps et c’est le cacao qui occupe une bonne partie
plein les yeux, « Ça a été un réel
de ses projets, en tant que présidente de l’association
bonheur d’y être tout le temps. »
Valcaco, créée pour relancer la filière cacao locale.
Et pour ce faire, un détour par la case Politique aura
été nécessaire. « Quand la Région m’a demandé de
travailler sur le développement agricole du territoire,
UN ÉPIPHÉNOMÈNE je ne m’étais en réalité jamais posé la question, mais je
De l’enseignement en BTS agricole, de la politique, une savais que je voulais faire quelque chose qui contribue
activité à l’ONF et aujourd’hui à la distillerie Neisson, des positivement au territoire » explique t-elle. De cette
interventions en école en tant que femme qui a poursuivi expérience parfois difficile et épuisante, elle révèle
des études supérieures scientifiques, le parcours de Kora cependant les nombreux aspects positifs : « Je ne
Bernabé est décidément aussi riche qu’admirable. Elle dis pas que c’est simple mais je recommanderais
confesse pourtant : « Je ne m’imaginais pas du tout être l’expérience politique, c’est sûr. Cela permet d’être
là où je suis aujourd’hui. Mon souci est que je n’ai jamais au cœur de l’action et de pouvoir proposer des
vraiment d’ambition pour moi-même, j’en ai pour mon choses concrètes, plus adaptées à la réalité que l’on
territoire. Je ne suis qu’un épiphénomène. Ce que l’on vit au quotidien. » Et au niveau personnel, celle qui
peut apporter au collectif, je pense que c’est cela qui est se raconte avec une voix pétillante et beaucoup
important. » Une chose est sûre, c’est qu’elle compte bien d’humour, ajoute que cette expérience lui a tout
Texte Axelle Dorville - Photo Pierre de Champs

continuer à œuvrer dans l’activité qui l’a vue naître. « Je suis autant permis d’en apprendre plus sur son territoire,
contente d’être axée sur le développement, l’amélioration que de contrôler sa timidité.
du quotidien en faisant avancer les choses au niveau
collectif. Je ne suis pas stressée quand je me lève le matin,
ni angoissée quand je me couche le soir. Petite, je n’arrivais
pas à mettre de nom sur ce que je voulais faire plus tard,
aujourd’hui je suis très heureuse des choix que j’ai faits.
Aucun regret. » Son prochain défi : essayer d’avoir également
une vie personnelle épanouie, malgré la place que prennent
toutes ses activités. Et c’est tout ce qu’on lui souhaite.

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 SC ANNE Z

Claire Tessier
SUR LE CHEMIN
DE L’ÉGALITÉ
«J’AI ÉTÉ MARQUÉE PAR LE CARACTÈRE
REMARQUABLE DES FEMMES ICI EN
MARTINIQUE, CELLES QUE L’ON APPELLE
LES FEMMES « POTOMITAN ». »

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25
Photo Pierre de Champs
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 Marie Ozier-Lafontaine
LA QUÊTE
“Je disais à mes copines au lycée de ne pas se laisser d’abord accepté toutes les commandes qu’elle pouvait
faire par les garçons, je pense que j’étais clairement la et plus encore, heureuse d’y trouver un revenu et
copine féministe relou.” Marie Ozier-Lafontaine éclate une reconnaissance. “Ça valide notre choix et c’est
de rire au téléphone en nous racontant cet épisode important”, résume-t-elle, “mais à un moment ça
de sa vie d’adolescente. Le souvenir peut sembler ne suffit plus et ça génère une grande fatigue”. Elle
anecdotique, mais il est sans doute chez Marie le s’accroche, se recentre sur sa matrice stratégique :
révélateur d’un attachement précoce et féroce au fait créer du contenu pour les entreprises, en travaillant
de choisir et de décider de sa vie. “J’ai rapidement été systématiquement leurs atouts différenciants, leur
sensibilisée et attachée à cette idée de liberté en tant branding, leurs valeurs. “Le plus important pour une
que femme”, se souvient-elle. “Ma mère, qui soit dit en entreprise c’est de pouvoir définir son identité et sa
passant était très heureuse avec mon père, nous disait mission, pour toucher sa cible idéale”. Sa mission à
à ma sœur et moi qu’elle était contre le mariage, qu’on elle ? “Je veux aider les entrepreneures à affirmer leur
ne devait jamais dépendre d’un homme”. Ça a forgé très singularité et leur puissance”.
tôt chez la jeune Martiniquaise une conviction : celle de
créer sa vie telle qu’elle la voulait. LEADERSHIP
Les femmes auraient donc besoin d’un programme
MARIÉE, DEUX ENFANTS, CHEFFE dédié pour s’accomplir ? Marie retient sa réponse
D’ENTREPRISE quelques secondes puis pose un constat simple : “il
Plus tard, passée par une prépa hypokhâgne et Sciences existe des injonctions qui conditionnent notre capacité
Po Lyon, elle a rapidement signé son premier CDI et à nous réaliser. Pour réussir en tant qu’indépendante,
plongé dans l’univers de la communication. “10 années pour réussir le dépassement de soi qu’exige le rôle de
de vie professionnelle en tant que salariée, à Paris puis cheffe d’entreprise, il faut être capable de se défaire
en Martinique. J’ai rapidement vécu certaines limites de certains diktats”, décrit-elle. “Je pense qu’une
de ma position de femme, en termes de salaire, de femme, par exemple, n’est pas obligée de calquer son
positionnement, d’atmosphère sexiste. Je pense que comportement sur les codes masculins de management,
le monde de l’entreprise est inadapté aux femmes, ni d’illustrer certaines qualités qu’on nous prête
et quand elles deviennent mères, c’est encore plus “généreusement” tels le sens du compromis, la douceur
évident : les enfants et l’organisation qui leur est liée, ou encore la diplomatie. Devenir entrepreneure exige
personne ne veut en entendre parler.” Sa deuxième de sortir du “syndrome de la bonne élève”. À mon
grossesse lui fait tout remettre en cause et accepter de échelle, j’ai fait le choix d’être une femme épanouie,
perdre la sécurité de l’emploi, son salaire et sa routine j’ai créé mon modèle, je le crée jour après jour, en fait”,
de jeune cadre accomplie. La maternité a révélé “un poursuit-elle. Après avoir co-fondé le réseau Bizness
besoin d’être plus indépendante dans la gestion de mon Mam avec Linda Nyirenda et Willène Léger Dometille,
temps, ma façon de travailler, mes objectifs”. Ce besoin, Marie poursuit son aventure de cheffe d’entreprise
elle l’a transformé en devenant une cheffe d’entreprise avec la création du concept Ozla ! Une newsletter,
Texte Mathieu Rached - Photo Jean-Albert Coopmann

assumée et conquérante. L’appel de la liberté en somme, des ateliers animés par des expertes et, bientôt, des
à trente-quatre ans, un numéro SIRET en poche. programmes pour accompagner les entrepreneures
L’agence éditoriale Le Verbe et la Plume était née, tout dans le développement de leur business, “en restant
était nouveau, la liberté, les succès et les pièges de la vie fidèles à elles-mêmes”. Ozla !, ces initiales qui claquent
d’entrepreneure. composaient la toute première adresse email de Marie
Ozier-Lafontaine, dans les années 2000 (sur Yahoo
DÉFINIR SA MISSION évidemment). 20 ans plus tard, elles symbolisent un
“Quand on se lance, on veut vendre”. Rédaction projet en nom propre et un certain accomplissement.
de rapports d’activités, de sites web, synthèses de Celui de la transformation individuelle, de la copine
conférences, animation de formations… Comme relou au lycée qui, aujourd’hui, donne l’opportunité à
tous les solopreneurs que compte le territoire, elle a chaque femme de conquérir son modèle de liberté.

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Edith Azur
D’UNE DIFFICULTÉ
UNE FORCE
Les premières menstruations signent pour la plupart des jeunes filles l’entrée dans la puberté.
Pour une femme sur 10 cependant, cette étape marque le début d’une maladie chronique invalidante,
mais heureusement de plus en plus reconnue, l’endométriose. Édith Azur fait partie de ces femmes à la
souffrance physique, mentale, sociale et professionnelle, aussi invisible qu’intense.

« L’ENDOMÉTRIOSE ME DÉFINIT ET
DÉFINIT MON QUOTIDIEN »
Atteinte depuis ses douze ans, mais diagnostiquée il n’y
a que quatre ans, la quadragénaire décrit les douleurs
multiples – pelviennes, musculaires, articulaires –
ressenties trois semaines sur quatre. Elle raconte les « J’AIMERAIS LIBÉRER LA PAROLE, QUE CE
carences dues aux pertes importantes et les situations
de fatigue « inimaginable » à surmonter au travail. Tous NE SOIT PLUS UNE MALADIE DE LA HONTE »
ces symptômes supportés en silence par un grand De ces difficultés, Édith Azur a décidé d’en faire son
nombre de femmes. Dans le milieu professionnel, elle combat, pour les femmes comme elle, les filles de l’âge
révèle notamment les états dépressifs dus à la douleur de la sienne, toutes celles qui luttent contre la douleur
chronique, la difficulté à assumer son emploi, les sans rien laisser paraître. Il n’existe pas d’associations
arrêts maladie ponctuels ou prolongés, voire parfois dédiées à l’endométriose en Martinique. Qu’à cela ne
pour certaines femmes, la perte de leur emploi et de tienne, elle en créera une avec toutes les forces vives
leurs revenus. qui veulent se joindre à la cause ! Pour
tout d’abord expliquer la maladie
« UNE ASSOCIATION POUR QUE L’ON NE SE et ses manifestations telles que
SENTE PLUS SEULE » l’adénomyose, dont elle souffre elle-
Pendant longtemps, Édith Azur n’a pas pu parler même. La souffrance des opérations
de sa maladie, le diagnostic n’ayant pas été posé. chirurgicales qui ne soulagent
Pendant longtemps, même ses amies ne connaissaient jamais totalement, la souffrance de
pas la cause de ses douleurs. La recherche suit son l’infertilité qui touche 30 à 40 % des
cours, les causes commencent à être explorées, femmes, la souffrance de l’absence,
les diagnostics promettent d’être largement plus encore aujourd’hui, de traitement.
rapides grâce aux tests salivaires, les traitements,
eux, sont en développement. Car « il faut donner
aux femmes des solutions pour le vivre », le projet
Texte Axelle Dorville - Photo Pierre de Champs

d’association porté par Édith Azur sera également

dédié à l’accompagnement des femmes touchées,
et notamment par la sensibilisation du monde de
l’entreprise, au sein duquel au moins une employée
peut statistiquement être touchée. « Il faut pouvoir
entendre que nous serons parfois moins performantes
mais nous ne souhaitons pas être stigmatisées ni être
plaintes, nous désirons juste avoir notre place dans le
monde du travail. C’est mon souhait que les Antilles
puissent prendre ce problème à bras le corps. »

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 Christiane Emmanuel
DERRIÈRE LA SCÈNE Chorégraphe martiniquaise de renom, Christiane vivre une compagnie de danse professionnelle en
Emmanuel est animée par une véritable fibre Martinique et surtout former des jeunes talents ici,
artistique. Cette femme martiniquaise, qui approche en Martinique. Au-delà d’observer le monde avec
la soixantaine, est réputée dans le monde de l’art bien beaucoup d’attention, remarquer les moindres détails,
au-delà de nos frontières. De la Caraïbe à l’Afrique les architectures, les comportements sociaux et tout
en passant par les États-Unis et l’Europe, sa grâce ce qui caractérise notre environnement, Christiane
et sa créativité lui ont permis d’aller au bout de ses est très attentive aux tendances et aux phénomènes
rêves. “Depuis l’âge de 11 ans, j’ai toujours su que je sociaux. “Généralement, c’est l’actualité qui guide
monterais sur scène.” Issue d’une famille cultivée où mes pensées et oriente mes chorégraphies.” La danse
l’art a toujours trouvé sa place, Christiane Emmanuel est une expression de soi, elle repose sur l’émotion
a pris la décision de vivre de sa passion. “Je me suis qui conduit au geste, sur le vécu intérieur du danseur.
toujours donnée les moyens d’aller au bout de mes “Mes chorégraphies, je les imagine, je les écris, je
rêves.” Formée à l’Académie Internationale de Danse les fais vivre à travers mes danseurs.” Christiane a
à Paris, elle décide rapidement de rejoindre la Caraïbe toujours un attachement à son quartier où elle a grandi.
et poursuit son cursus à l’École Nationale d’Art Audacieuse, cette artiste aime aller toujours plus loin,
de Cuba où elle y passe cinq années. À l’issue de sa voir toujours plus grand. Elle n’a peur de rien. Et c’est
formation de sept ans, elle décroche son diplôme de en 2010 que naît la Maison Rouge, Maison des Arts.
professeur et danseuse professionnelle de danse afro- En plein cœur d’un des quartiers populaires les plus
contemporaine et de danse traditionnelle cubaine. authentiques de Fort-de-France où elle a grandi et
esquissé ses premiers pas de danse. La Maison Rouge
LA DANSE EXPRESSION DE SOI est “un espace dédié à la danse, au cœur du quartier de
La jeune Christiane a un véritable don et deviendra mon enfance, dans ma maison familiale”.
l’une des meilleures danseuses de sa génération. Très Aujourd’hui, Christiane est fière de tout son beau
attachée à son île natale, elle décide de créer, de ses et long chemin parcouru. Trois décennies partagées
Texte Anne-Sophie Malot - Photo Jean-Albert Coopmann

propres mains, La compagnie Christiane Emmanuel, entre formations, créations, tournées et rencontres
la première compagnie de danse contemporaine ici et ailleurs. Cette satisfaction d’avoir pu monter,
de la Martinique où elle formera des danseurs de ses propres mains, une compagnie de danseurs
professionnels. Et il y a 30 ans, c’était un pari osé. professionnels et de les faire voyager la ravit jour
“J’avais un rêve artistique, créer une compagnie de après jour. En dehors d’une haute maîtrise de la danse,
danse. Ce n’était pas un pari gagné mais j’avais envie pour Christiane, la créativité et l’inventivité restent de
de le faire et j’y suis arrivée.” Si aujourd’hui Christiane rigueur. L’avenir ne lui fait pas peur. Si au quotidien,
nage dans le bonheur, son parcours n’a pas été un long son inspiration lui permet d’écrire toujours plus de
fleuve tranquille. Des doutes, des hauts, des bas, des chorégraphies, elle sait qu’elle peut compter sur ses
réussites, des sueurs froides ou de la douleur mais danseurs professionnels pour les faire vivre et les
toujours cette soif de transmettre ses compétences exporter au-delà de la Martinique.
et sa passion de la danse pour faire exister et

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 Leslie Ardon
HAUT NIVEAU
« Je sais d’où je viens : un point sur une carte quotidien pour rester performant. J’ai vécu les galères
où très peu de personnes croyaient en moi. » Dès le des sportifs, les blessures, la pression médiatique, la
début de notre échange, le ton est donné, et il n’y a reconversion... Le sport professionnel tout comme
pas à dire, la « vainqueure » de l’Euroligue féminine le monde de l’entreprise, c’est dur. Les échecs ? Je
de basket Leslie Ardon a le sens de la formule. Après peux en parler sans filtre, car c’est ce qui m’a permis
vingt ans d’une carrière internationale à laquelle d’avancer. » Incontestablement, c’est cette capacité
rien ne la prédestinait, elle est depuis cinq ans à la à continuellement repousser les limites, à adopter
tête de l’entreprise événementielle Sports Indies, une attitude offensive, se réinventer et rebondir, qui
dont l’un des nombreux fait d’armes est d’avoir créé ressort du parcours de l’ailière et guide chacune de
les incontournables Martinique Summer Games. ses actions. « Quand je suis rentrée chez moi, malgré
C’est qu’ il y a « un p***** de pont entre le sport et mes médailles et ma carrière, on ne m’a pas forcément
l’entrepreneuriat » explique t-elle sans détour. Bien déroulé le tapis rouge mais je n’attends pas qu’on
se connaître, capitaliser sur ses forces, valoriser son me donne une opportunité. J’ai compris qu’il fallait
expertise, savoir s’entourer, jouer collectif : Leslie que je prouve ma valeur et que je montre que je suis
Ardon met à profit l’expérience acquise sur les aussi une championne dans mes nouveaux projets. »
parquets durant sa carrière sportive, pour s’accomplir L’événementiel vu par Leslie Ardon, cela consiste à
dans cette nouvelle étape de vie et surtout, satisfaire à concevoir des actions à caractère social et touristique,
la mission qu’elle s’est fixée. « Ce qui m’intéresse c’est mettre en place des voyages sportifs pour les équipes,
d’utiliser le sport pour contribuer au développement proposer du team building et des séminaires aux
et au rayonnement de notre île mais aussi pour avoir entreprises... Ne pas se cantonner à une approche
un impact sociétal car j’aime la Martinique et les partielle du sport et constamment chercher à « être
personnes qui y vivent. » « De la même façon qu’il y a innovant pour vraiment toucher les gens ».
plus de vingt ans, des personnes m’ont ouvert la voie,
je veux à mon tour créer des opportunités pour mon « CONTINUEZ À REGARDER PARCE QUE LE
territoire. Je me sers aujourd’hui de mon réseau pour
RESTE ARRIVE »
ouvrir des portes, pour aider ma communauté. Au-
Texte Axelle Dorville - Photo Jean-Albert Coopmann

De par la passion, la résilience et la quête d’excellence

delà du fait d’avoir été championne, il s’agit vraiment
qui la caractérisent si bien, Leslie Ardon est résolument
de se rendre utile. »
déterminée à faire du sport un véritable outil de
changement social en Martinique. « Le sport est pour moi
« UN SPORTIF DE HAUT NIVEAU, ÇA NE vecteur d’éducation, d’inclusion et d’excellence. J’adore
LÂCHE PAS » être au contact des gens et échanger, passer du temps
Comme dans le sport, le parcours entrepreneurial avec les jeunes, les challenger, les motiver, ça c’est mon
ne l’a pas ménagée. « Se dépasser, se remettre en truc. Je suis super reconnaissante de mon expérience au
question, gérer la crise, trouver les bonnes stratégies… haut niveau, et je compte bien rendre au sport ce qu’il m’a
L’entreprise est aussi un sport de haut niveau, quand donné. » « L’entrepreneuriat, c’est ma nouvelle aventure,
tu ne peux plus, tu peux encore, tu dois te pousser au et je suis prête à tout déchirer. »

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 Valéry John
TISSEUSE DE
MÉMOIRES-MONDE Artiste-passeur de matières hors pair, son parcours artistique de plasticienne hors norme et
ses fulgurances conceptuelles de chercheuse hors frontières imposent Valéry John en figure de
proue pionnière, nourrie d’influences afro-caribéennes à haute valeur identitaire ajoutée.

« L’art est un moyen permettant de fonder une Elle produit son art au moyen du papier (fait de fibres
société et d’en reconnaître les propriétés », rappelait végétales également) qu’elle découpe, restructure,
sobrement Valéry John dans le catalogue de sa dernière recompose et tisse, le ramenant à une vie autre. « Ses
exposition en terre natale, “Écriture(s) liminaire(s)”, à fibres de papier tissées, ses pans disparates cousus les
la Fondation Clément (22 septembre au 11 novembre uns aux autres jusqu’à former un ensemble concret,
2021). Un moyen frondeur d’aller à la rencontre de soi sa couleur teinturée, pigmentée, ses signes tracés
en s’affranchissant des modélisations post-coloniales dénotent une parole juste » et confèrent à ses œuvres
en terres tropicales de référence, pour repenser un une identité rhizomique nouvelle, rebelle, pleinement
espace de créations plurielles, en « marqueur d’une assumée, au cœur de ce Tout-monde cher à Édouard
altérité comme alternative à la mondialisation. » Glissant.

LE PAGNE, UN RÉFÉRENT-PALIMPSESTE TISSER, INLASSABLEMENT,

PIONNIER CONSUBSTANTIELLEMENT
Le pagne, pour Valéry John, c’est cette étoffe-totem Entrons en pensée dans le lieu où se tisse l’acte créateur.
qui témoigne de sa créativité foisonnante siglée “mes- Notre intuition de profane submergé d’émotions
tissages”, « faite de fibres, de fils pouvant être formée inédites, de ressentis frémissants au spectacle de ses
par entrelacement. » Il nourrit de longue mémoire son installations “texte(s)-île(s)” : s’immerger avec Valérie
inspiration-rhizome et confère à ses œuvres leur quasi- John dans son “atelier-œuvre”, ce lieu où, par l’entremise
tessiture visuelle, impossible à ressentir pleinement d’un inédit “métier à tisser”, se multiplient les gestes,
sans invoquer sa présence-palimpseste, immatérielle s’agencent les matières, dans l’antre métaphysique,
Texte Daniel Rollé - Photo Pierre de Champs

mais fascinatrice, en filigrane. Émérite et inspirée, sa quasi mystique où s’opère la métamorphose. Le credo
chantre plasticienne avoue l’avoir rencontré au Sénégal, procréateur de Valéry John ? « Se vouloir anthropologue
en Afrique, où elle s’est ancrée quelques années pour de soi-même, s’ouvrir à toutes les mémoires et tisser. »
une immersion fondatrice de belle mémoire. Une Inlassablement, en pleine conscience, pour donner une
rencontre décisive en un lieu chargé de signifiances substance poétique autre, finement intériorisée, à l’acte
émotionnelles, où cette matière (première) d’Afrique de créer et initier nos esprits de regardeurs complices
signe en creux, désormais, sa production artistique en à cette dimension spirituelle de l’œuvre qui interpelle
un « juste et éclairé retour » aux sources, malgré son nos mémoires et appelle nos sens, en silence…
absence physique. Valérie John “fait tout elle-même”.

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 McDonald’s Martinique célèbre
ses collaboratrices talentueuses
et passionnées
Parce que la lutte pour les Droits des Femmes est un engagement fort et durable, McDonald’s Martinique s’inscrit de
nouveau dans une démarche de valorisation de ses équipes féminines en soutenant leurs projets en lien avec leurs passions.
Trois collaboratrices évolueront tout au long de l’année avec pour seul leitmotiv : « Soyez libres d’affirmer celle que vous
souhaitez être ».

Qui sont ces femmes talentueuses et passionnées ? Elles s’appellent Anaïs, Priscilla et Yvenaïdie. Ces 3 femmes aux parcours inspirants
ont en commun une détermination à toute épreuve et une volonté de concilier leur vie personnelle et leur vie professionnelle avec
succès. Au-delà de leur uniforme, elles se dévoilent, partagent leurs passions et leurs projets dans le cadre de la nouvelle édition de
la campagne Elles M de McDonald’s en Martinique.
« Derrière nos uniformes, nous sommes avant tout des femmes qui ont des talents, des ambitions, des objectifs et des rêves. En
2022, la femme est libre d’affirmer ses passions et de mener la vie qu’elle souhaite » - clament-elles d’une même voix !
Pour McDonald’s, c’est surtout l’occasion de valoriser les femmes qui se placent au cœur de la création, celle de projets artistiques,
sociaux ou entrepreneuriaux. Une démarche naturelle pour l’enseigne puisque 9 des 10 restaurants McDonald’s en Martinique sont
dirigés par des femmes. Cette mise à l’honneur qui valorise les talents et encourage le dépassement de soi, fait partie de l’ADN de
la marque.
« Nous tenions à passer un message fort et inspirant à toutes les femmes, afin qu’elles donnent vie à leurs rêves, et ce toute l’année » -
déclare Marie-Kelly Roussas, Directrice Générale d’Arcos Dorados Martinique.
Aux Antilles-Guyane, l’entreprise compte aujourd’hui plus de 1250 collaborateurs dans ses 21 restaurants, dont 60% sont des
femmes.

Créer une gamme de petits pots pour bébés, performer lors de courses sur circuits, partager des compositions musicales.
Rendez-vous sur la plateforme www.ellesm.info pour découvrir les projets de ces femmes talentueuses et inspirantes, et les
soutenir pas à pas.

Arcos Dorados Martinique ZI Les Mangles Acajou

97232 Le Lamentin 0596 61 06 30

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© 2022 McDonald’s Corporation. RCS FORT-DE -FRANCE TMC 429 346 307.

Nos collaboratrices
sont des Femmes
talentueuses
et Passionnées.
Photographe : Jean-François Gouait

SUIVEZ-LES
ET ENCOURAGEZ-LES

Anaïs Priscilla Yvenaïdie

Assistante Administrative, Manager, Équipière polyvalente,
McDonald’s Acajou / Batelière McDonald’s Batelière McDonald’s Place d’Armes

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 SCANNE Z

Mireille Mondésir
D’HIER À
AUJOURD’HUI
« CETTE QUESTION DE LA NÉCESSITÉ DE
PRENDRE SA PLACE DANS LA SOCIÉTÉ EN
TANT QUE FEMME, CE N’EST PAS DU TOUT
UNE VUE DE L’ESPRIT, C’EST UNE RÉALITÉ. »

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Photo Lou Denim
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 Marion Etifier
ET LA NATURE FUT“Nous ne sommes pas dans le monde, mais le monde est en nous.” Cette phrase est une des
citations préférées de Marion Etifier. Anthropologue de formation, cette ancienne photographe
professionnelle est actuellement cheffe de l’entreprise Revi. Inspirée, Marion Etifier est connectée
à la vie, à mère nature et au divin qui la guide et lui donne envie de progresser et de partager.

AMBITION. Les ambitieuses font ce qu’elles ont mental et corporel, sans oublier de leur prodiguer
décidé de faire, ont des objectifs précis et travaillent des conseils en matière d’hygiène de vie et d’image
dur pour les atteindre. Elles se lancent des défis à de soi. En aidant chaque personne à faire le lien avec
leur hauteur et trouvent leur bonheur à les relever son histoire, ses souvenirs et son identité propre, elle
pour elles, mais également pour les autres. C’est ce accompagne les adultes d’aujourd’hui à retrouver leur
que fait Marion Etifier au jour le jour. Elle a pris son âme d’enfant et à s’épanouir dans leur vie. C’est ainsi que
destin en main et n’a jamais attendu des autres qu’ils Marion apporte de la valeur aux gens et crée du sens.
lui disent ce qu’elle doit faire ou qu’ils le fassent à sa
place. Avec force et détermination, Marion sait où elle TRANSMISSION. Les traditions ne sont pas des
va : faire de son île une destination synonyme de rêve, routines poussiéreuses mais de véritables savoirs,
d’évasion et de bien-être afin de permettre à chacun chargés de valeurs et de significations, qu’il est essentiel
de se ressourcer, de découvrir une nouvelle culture de transmettre aux générations futures, mais aussi
et d’avancer sereinement dans sa vie personnelle. à toutes les personnes de passage sur l’île aux fleurs.
Éternelle positive, Marion guette les opportunités qui Très connectée à la sagesse des anciens, à l’océan, aux
lui permettront de réaliser ses rêves et ceux qu’elle a rivières et à dame nature, Marion cherche à favoriser
pour son île, et c’est cette force et ce caractère qui font le bien-être physique et psychologique des personnes
d’elle une femme déterminée. Ceux qui veulent être qu’elle est amenée à croiser dans son quotidien. Amour-
meilleurs, savoir plus, faire plus et donner plus, tirent propre, lâcher-prise, épanouissement, rire, créativité,
leur motivation de rêves plus grands et d’horizons plus méditation et relaxation sont autant de bienfaits
lointains. C’est ainsi que Marion est arrivée à atteindre proposés par Marion lors de ses sessions en pleine
ses objectifs en créant sa propre entreprise, Revi et sa nature. Pour démarer un nouveau cycle revitalisé, se
marque de cosmétiques naturels “Revive your life”. libérer des tensions accumulées et dénouer les tensions
Les yeux scintillants, cette femme qui manifeste un ou les blocages, cette femme pleine de pep’s a même
enthousiasme communiquant, inspire et motive son revisité le rituel de “bain démarré”. Elle a également
entourage et toutes les personnes qu’elle croise sur son créé un concept de spa en pleine nature côté mer et
chemin, au bord de la plage, au pied d’une cascade ou rivière alliant découvertes, ateliers de bien-être, soins
encore dans le lit d’une rivière… de beauté et développement personnel. Mais, elle ne
s’arrête pas là ! Dans un désir de transmission et de
AUTHENTICITÉ. L’authenticité incarne ce qui est partage des richesses de son île, elle a récemment créé
sincère, véritable et profond. Être authentique c’est sa propre marque de cosmétiques s’inspirant des rituels
Texte Anne-Sophie Malot - Photo Lou Denim

s’exprimer et agir conformément à son « essence ». Cela de bien-être, de beauté et de positivité des anciens.
comprend ses pensées, ses émotions, ses besoins, ses Son élan ne s’arrêtant pas là, elle prépare actuellement
valeurs, ses préférences, ses aspirations et ses croyances. un film ethnographique sur les “rimèd razié” afin de
Une belle âme, comme Marion Etifier, cherche avant poursuivre son travail de recherche en anthropologie
tout à faire rayonner la sincérité bienveillante, en elle et et d’entamer son doctorat. Tout cela dans le but de
chez les autres. Son approche d’anthropologue fait d’elle partager et de transmettre les savoirs traditionnels car,
une humaniste. Elle aime les gens, tout simplement. En comme elle aime si bien le dire : “les anciens avaient
tant que coach de vie, elle accompagne les personnes à tout compris !”
entrer dans une dynamique de changement au niveau

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 Béatrice Bellay
L’UTOPIE COMME
ÉTENDARD
L’engagement de Béatrice Bellay prend ses racines dans les années 1990 à Tremblay-en-
France en Seine-Saint-Denis. De ses bagarres dans la cour d’école pour défendre sa sœur à son
implication au parti socialiste de Martinique, Béatrice a toujours été animée par la volonté de
lutter contre les inégalités.

Militante dès l’adolescence, Béatrice Bellay n’a de À 25 ans, la voilà DRH ! Reconnue pour son travail,
cesse de revendiquer les mêmes droits pour tous. Elle elle change de poste tous les 5 ans, multipliant les
obtient au collège, avec ses camarades, de nouvelles expériences au sein des institutions du territoire :
infrastructures, une meilleure accessibilité et de aux Affaires juridiques de la direction des Transports
nouvelles orientations du Conseil Général, à la direction de la Mobilité de
pour le nouveau lycée l’Espace Sud. Après une mise au placard de 2 ans à
« JEUNE, FILLE, en construction. Une
victoire collective qui la
Martinique Transport, elle prend en 2019 la direction
des services à la population de l’Espace Sud, où elle a
NOIRE, J’AI SU stimule et la persuade
que le combat pour de
notamment la charge de la promotion des politiques
culturelles et sportives, et celle de la restauration
QUE JE DEVRAIS justes causes vaut la peine
d’être mené. Elle s’investit
scolaire.

ME BATTRE POUR à 100% dans ses rôles

de déléguée de classe,
LE MONDE D’APRÈS
Béatrice n’a jamais oublié son engagement politique.
RÉUSSIR. PAR d’académie, dans la vie
associative à l’université
Quand elle rejoint à nouveau le parti socialiste en 2014,
la gauche est au pouvoir. Pour elle, c’est le moment de
LES POINGS et les maraudes avec le
SAMU social à Paris.
réfléchir au monde d’après, à la Martinique d’après.
« Je suis convaincue que nous avons besoin d’utopie
PARFOIS, PAR À 23 ans, étudiante à la
Sorbonne, Béatrice adhère
pour avancer, pour créer le monde dans lequel nous
voulons vivre. La Martinique de demain se construit
L’ÉDUCATION ET au parti socialiste. Ce qui
ne l’empêche pas de rêver
aujourd’hui et ensemble ! ». Si Béatrice parle d’utopie,
elle n’en est pas moins extrêmement concrète dans
LA CONNAISSANCE de devenir tradeuse ! Mais
sa courte incursion dans
son approche. « Il est urgent de mesurer l’efficacité
des politiques publiques, de mettre à plat toutes
SURTOUT. » une banque d’affaires aura
raison de ce projet.
les problématiques qui touchent le territoire, pour
trouver de vraies solutions ».
Les chantiers prioritaires selon elle ? « La liste est
CONTRIBUER longue : le transport, notamment pour les enfants,
Béatrice a gardé de cette époque la certitude qu’elle la cherté scandaleuse de la vie sur l’île, la pauvreté
Texte Marie Ozier-Lafontaine - Photo Pierre Deschamps

doit contribuer à construire un monde meilleur, plus des familles, la solitude de nos aînés, le fort taux
équitable, plus solidaire. Quand elle s’installe en d’endettement, les problèmes de logements, l’accès
Martinique, elle est d’abord heureuse de renouer avec difficile aux soins médicaux, notamment pour la prise
ses racines et découvre la splendeur de son île. « Puis en charge des problèmes de fécondité des femmes,
j’ai rapidement été confrontée à ce qui me révolte : la qui me touchent personnellement… ». Aujourd’hui à
précarité, les dysfonctionnements du service public, presque 47 ans, la première secrétaire de la Fédération
le transport défaillant… ». Présidente d’association, du parti socialiste en Martinique, secrétaire à l’Égalité
elle s’engage sur le campus, notamment dans réelle, croit en la force de la bienveillance pour faire
l’organisation d’une cérémonie de remise de diplômes bouger les choses. « Nous devons réapprendre à
pour le DESS Affaires Caribéennes, qui donnera une prendre soin les uns des autres, pour vivre dans une
grande visibilité aux diplômés. Béatrice Bellay, elle, Martinique plus solidaire ».
est embauchée par la mairie de Schœlcher.

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 Frédérique Dispagne
GUIDÉE PAR
L’UNIVERS
« Dans la vie, il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour ». Des preuves d’amour
que Frédérique Dispagne se réjouit d’essaimer depuis son retour au pays à l’élue de son âme : la
Martinique.

Frédérique est Directrice de Vatel Martinique, fin, qu’elle passe tout son temps. « Nous parlions de la
première branche antillaise de la prestigieuse école Martinique à n’en plus finir. Elle me disait que j’irai loin
de management de l’hôtellerie et du tourisme. Elle pour le pays. J’ai le sentiment qu’elle m’a transmis un
assure également la vice-présidence de l’association flambeau. Et mon amour pour ma mère s’est transformé
des commerçants de Fort-de-France, qui promeut en passion pour la Martinique ».
le centre-ville et impulse sa vitalité, notamment au
travers du projet Matinik Pli Bel et l’embellissement SUIVRE SES INTUITIONS
végétal de la rue Ernest Desproges inauguré ce mois Et si tout était le fait du karma ? D’une fortune
de mars. « Les premiers touristes de la Martinique incontrôlée qui nous ferait nous dire à un moment : cela
sont les Martiniquais et je suis convaincue qu’on ne a un sens. Pour Frédérique, une part de destinée tisse
peut pas parler de stratégie touristique sans parler du son cheminement. « Je cultive une certaine spiritualité
chef-lieu d’un territoire ». Elle est aussi propriétaire et je crois qu’il y a des conjonctures mystérieuses qui
du Patio Foyalais, un meublé touristique dans Fort- jalonnent ma vie. Étudiante en commerce, je me suis
de-France entièrement bio-rénové par Bahbou Floro, demandée ce que je voulais réellement faire et j’ai
street-artiste local travaillant les matières recyclées. expérimenté l’écriture automatique. J’ai écrit Vatel
« Il faut poser des actes. Dans ma vie quotidienne, alors que je n’en avais jamais entendu parlé auparavant.
j’essaie de servir la jeunesse martiniquaise, servir Plus tard, alors que j’étais rentrée en Martinique, je
l’image de la destination touristique et servir son me rends, à contrecœur et malgré l’état de ma mère,
attractivité au travers de projets concrets ». à un déjeuner à l’occasion de la future ouverture de
Vatel Martinique. Quand je me présente à Patrice
L’APPEL DES RACINES Fabre, PDG du groupe FD-Karibéa, je lui explique
Une enfance à Baie-des-Tourelles, surplombant le port, assez légèrement que j’ai fait Vatel Paris, que je suis
façonne ses premiers souvenirs du monde touristique. « martiniquaise et que je souhaite être intervenante à
Nous descendions avec ma mère dans le centre-ville en Vatel Martinique. Il m’a immédiatement demandé ma
regardant les bateaux de croisière. Nous les nommions, carte et je suis devenue Directrice ! Je pense que j’ai été
les comparions... Ma mère a eu un rôle majeur dans mon guidée par l’univers ».
rapport à la Martinique ». Pour autant, Frédérique ne Et puisqu’elle rayonne à l’idée de servir son île,
se dit pas patriote de la première heure. « Je suis partie Frédérique s’autorise les rêves les plus fous. « D’ici à
pendant 20 ans. C’est quand ma mère a eu un sujet de cinq ans, j’espère participer à l’expansion de Vatel en
santé que je suis rentrée. Pour elle ». Guyane et en Guadeloupe. Continuer à transmettre,
Mentor de la première heure, avocate et militante au car c’est en transmettant et en pratiquant qu’on
service des causes martiniquaises, la maman fondatrice atteint l’excellence. Aujourd’hui, c’est une très grande
Texte Audrey Juge - Photo Lou Denim

a laissé son empreinte, profonde et tenace au creux de fierté pour moi d’avoir contribué à la formation de
la fille. « Elle était le centre de ma vie ». près d’une quarantaine de jeunes martiniquais et je
C’est donc il y a un peu plus de trois ans que Frédérique suis confiante en leur destin. D’ici à dix ans, pourquoi
revient en Martinique. Avec dans ses valises un ne pas piétonniser tout le centre-ville de Fort-de-
parcours d’excellence, mêlant DEUG de Droit, études France, afin que la commune soit sacrée « plus belle
de Commerce à la Goizueta Business School à Atlanta, capitale de la Caraïbe ! » s’amuse-t-elle, pétillante
un MBA à Vatel Paris et une belle expérience à d’ambition.
l’international. Et c’est auprès de sa maman, jusqu’à la

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 Shanon Barro
KALÉIDOSCOPE
Nuage de douceur et boule d’énergie. Rêveuse pragmatique et fonceuse réfléchie. Introvertie
pétillante et passionnée sereine. Être Shanon Barro, c’est véritablement être tout cela à la fois.

Pour comprendre la jeune artiste-entrepreneure, sans taire. » révèle-t-elle doucement, elle qui se dit et dit les
doute faut-il connaître ses proches, qu’elle évoque autres, dans et par son art. « Le verbe est une invitation
immédiatement lorsque nous l’invitons à se dévoiler. « à choisir au quotidien ce que tu vas exprimer, par la
Nous avons toujours dessiné chez moi, nous avons été vitesse, l’intonation, les images. Une façon de trouver
sensibilisés à l’écriture, à l’art par nos parents. Nous les mots justes pour décrire des émotions » explique
avons constamment baigné dans un milieu où il y avait Shanon, en s’accordant des pauses, et en pesant ses
de la création, coûte que coûte. Pas simplement en mots à chaque instant. « L’art visuel me permet de
tant que passion, mais aussi pour vivre. » Ce nous, ce mettre en scène, de restituer les lieux et les âmes, sans
sont Shanon, sa sœur jumelle et son grand-frère. Son jugement. La lithothérapie m’aide à accompagner vers
père et sa mère créateurs de bijoux, ses grands-mères davantage d’émancipation et d’accomplissement », un
couturière et professeure de langues. Et c’est de cet vrai travail d’humilité et d’amour pour se connecter aux
héritage qu’est née sa spiritualité et tout à la fois son autres et à leur vérité, décrit-elle.
art. Ce nous, c’est ce qui fait Shanon.
MISSION DE VIE
MULTIPLES FACETTES « L’entrepreneuriat par l’art est un moyen hyper
Cet appel aux racines constant, c’est à la fois sa base, courageux, honnête, violent, féroce, beau et noble
son socle et sa rampe de lancement. « Mon background de vivre sa vie en étant soi-même. » Si s’épanouir
culturel, génétique, corporel, générationnel, c’est l’étude par l’art et vivre de son art a été un chemin semé de
de tout cet ensemble qui constitue ma spiritualité et déceptions et de frustrations, adopter une attitude
m’a permis de rejoindre qui je suis, de déterminer ce de cheffe d’entreprise et se faire accompagner par
dont j’ai besoin, et ce que j’apporte au monde,de donner un agent a été une démarche réellement salvatrice
un sens à ma vie. C’est cela qui m’a permis de forger ma pour Shanon qui encourage à concevoir un plan, à
proposition artistique » nous explique la jeune femme s’équiper des bons outils et à bien s’entourer pour se
Texte Axelle Dorville - Photo Jean-Albert Coopmann

aux multiples facettes, qui se découvre tour à tour par réaliser sur le marché artistique martiniquais, caribéen
la peinture, la création bijoutière, l’écriture, la voix, et a fortiori international. « J’ai trouvé ma place, j’ai
la lithothérapie, la photographie et la vidéo, à la suite gagné en confiance en moi en adoptant une attitude
d’un parcours tout aussi pluriel, de la prépa littéraire d’entrepreneure » annonce Shanon, pour qui intégrer
à la fac d’arts plastiques, de l’école de cinéma à l’école l’art dans le quotidien de la population et réconcilier
de paysage. les Martiniquais avec leurs racines et leur côté caribéen
par le support artistique est une véritable mission de
« L’ART, MEDIUM DE SENSIBILITÉ » vie. « J’aimerais également beaucoup pouvoir collaborer
« L’art est un médium de sensibilité, à soi, à sa nature, avec des chefs d’entreprise pour mettre l’art au service
à son environnement. J’ai très tôt perdu quelqu’un de leurs équipes, de leurs créations et de leurs produits… »
qui n’avait pu exprimer sa sensibilité, je ne peux me nous glisse-t-elle.

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 Peggy Ravin
MON ENTREPRISE
MA BATAILLE
Peggy Ravin est une femme animée par des valeurs fortes, acquises lors d’un parcours semé
d’embûches. Elle a acquis les armes du dépassement de soi, de la persévérance et de la discipline
dès l’enfance. Ce ne fût pas pour rien. Car aujourd’hui, la jeune femme est la conceptrice d’un
projet associatif innovant mais aussi cheffe d’entreprise.

Peggy est née loin de la Martinique, un jour d’hiver obtient désormais sont des postes d’employée, sans
glacial à Mulhouse. À 5 ans, sa famille quitte la ville pour responsabilité. Peggy apprend alors la ténacité. Elle
s’installer dans le petit village alsacien de Chalampé. s’informe, se forme, effectue une veille poussée sur
« Nous étions deux familles noires dans ce village. J’ai tous les secteurs d’activités dans lesquels elle évolue.
très vite réalisé que les autres me voyaient comme « Mais ce plafond de verre est devenu insupportable.
étant différente. Peggy découvre au CP la signification Je m’investissais beaucoup, sans reconnaissance ni
du mot « racisme ». Première leçon pour la petite évolution ».
martiniquaise : pour exister, il faut s’imposer. Ce qu’elle
fait, en s’inscrivant à 8 ans au cours de Gymnastique « JE SUIS UNE IDÉALISTE ! »
Rythmique et Sportive et en devenant l’année suivante En 2014, Peggy prend une décision radicale. Elle quitte
championne du Haut-Rhin. Toute sa jeunesse, Peggy son emploi et investit ses allocations de chômage dans
poursuit dans cette voie, en se dépassant, à l’école, en son nouveau projet : créer un tiers-lieu en Martinique.
sport, et en privilégiant les univers masculins. « Le hip « Je suis une idéaliste ! Je devais trouver un concept
hop et le basket m’ont permis de me construire une qui ait du sens, pour moi et pour mon île ». C’est le
carapace ». cas de son tiers-lieu, installé à dessein dans le sud de
la Martinique. Retenu en 2016 parmi 200 projets ultra
« RESPONSABILITÉ » marins, Up and Space, fablab, espace de coworking
Troisième enfant d’une fratrie de sept enfants, Peggy a et tiers-lieu, naît la même année. S’en suit la création
aussi appris très tôt le mot « responsabilité ». « Cette de l’entreprise MAAT Expérience, spécialisée dans la
enfance, heureuse et choyée, m’a aussi apporté le sens gestion et la formation pour tous les projets d’inclusion
de la discipline. Vous ne pouvez pas vous laisser aller numérique et les tiers-lieux. « Ça n’a pas été facile. J’ai
quand vous devez vous occuper de vos petits frères et vécu 3 ans avec le RSA, avec un enfant à charge. J’ai dû
sœurs, faire votre travail scolaire, pratiquer vos activités dépasser mes croyances limitantes et m’affirmer en
sportives ! Mes parents travaillaient beaucoup, il fallait tant que femme entrepreneure. J’ai tiré ma force de mon
gérer le quotidien ». vécu, mais aussi de mon héritage. Car être une femme
La Martinique, Peggy la côtoie de loin à cette époque. martiniquaise, c’est être capable de puiser dans ses
Elle y va chaque année en colonie de vacances. Après capacités de résilience ».
Texte Marie Ozier-Lafontaine - Photo Jean-Albert Coopmann

l’obtention de son DEUG, elle tente d’y trouver un poste Rejointe par Stéphanie Africa en 2018, Peggy Ravin
stable, sans succès. Elle est finalement embauchée par franchit un nouveau cap en 2020. La crise sanitaire
une entreprise de télécommunication en Alsace. Elle pousse les deux jeunes femmes à répondre en masse
y fera ses armes, gravissant tous les échelons jusqu’à aux appels d’offre publics. Résultat : la préfecture
devenir à 26 ans responsable d’un centre de profit. Ses leur confie la mission de structurer les acteurs de la
efforts ont payé. C’est l’arrivée de son bébé, qu’elle doit médiation numérique à l’échelle du territoire. « Notre
confier pendant deux ans à sa mère en Martinique, qui but est de générer des emplois (elles comptent déjà
va la conduire à s’installer sur l’île. « J’ai tout quitté deux salariés), pour poursuivre l’accompagnement
pour le retrouver ! » des porteurs de projet innovants de l’île. Peggy le sait
Si la jeune maman est épanouie, entourée de sa bien : c’est en croyant en soi qu’on atteint les objectifs
famille, professionnellement son parcours est plus les plus fous. Et elle compte bien insuffler cet élan aux
difficile. Alors que la jeune femme occupait en France Martiniquaises et aux Martiniquais.
hexagonale un poste de cadre, tous les emplois qu’elle

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 SC ANNE Z

Daniely Francisque
CRIER
POUR BRILLER
« C’EST IMPORTANT POUR MOI
JUSTEMENT, FEMME DE THÉÂTRE
ET D’ÉCRITURE, DE POUVOIR FAIRE
ENTENDRE DES CRIS SILENCIEUX. »

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Photo Jean-Albert Coopmann
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 Ghislaine Anglionin
PRENDRE SA PLACE,
C’EST POSSIBLE ! Ghislaine Anglionin, aujourd’hui cheffe du bureau de la représentation de l’État auprès du
préfet de Martinique, travaille depuis 43 ans. Elle n’en demeure pas moins pleine d’énergie.
Cette femme de caractère a gravi les échelons de l’administration grâce à sa ténacité et sa foi
dans son engagement.

Ghislaine, petite dernière d’une fratrie de 8 enfants a implique de l’engagement et génère, aussi, des attaques.
vite compris qu’une carapace lui serait nécessaire pour Mais Ghislaine avance, prend les coups, négocie avec
avancer. Proche de ses frères, elle apprend beaucoup les hauts fonctionnaires et les ministres. Et obtient des
auprès d’eux et se forge une mentalité de jeune fille forte résultats, comme la réforme des corps et carrières, une
et ouverte sur les autres. Elle écoute, observe, étudie le meilleure reconnaissance des personnels administratifs
comportement de ceux qui l’entourent. Les capacités dans la police, un classement pour les mutations...
d’analyse qu’elle acquiert alors seront reconnues tout « J’ai adoré cette période, mais j’ai dû retourner à des
au long de son parcours, riche et atypique. activités moins stressantes ».

MA PIERRE À L’ÉDIFICE COMMUNICANTE ET DIPLOMATE

Née en Martinique, Ghislaine quitte le cocon familial Elle occupe alors des postes en ressources humaines
très tôt, à 18 ans, après avoir obtenu un concours en préfecture de police à Paris, puis au service
administratif dans la police. Après une enfance passée communication du cabinet du directeur de la police
au Lamentin, la voilà projetée à Bagneux en Île-de- nationale. En 2014, elle revient en Martinique.
France. Elle est agent de bureau, à l’accueil d’un « J’avais déjà tenté un premier retour quelques années
commissariat de quartier difficile. « J’étais une femme, auparavant. J’avais créé une petite entreprise de
antillaise, dans la police, dans les années 1980. Autant PAO et conçu un jeu de société pour les enfants ».
dire un ovni ». Mais la jeune femme ne se laisse pas En 2014, elle revient au pays pour devenir adjointe
impressionner, apprend le métier, fait face à la détresse au bureau de communication interministérielle,
humaine, la violence, le racisme et la misogynie. puis cheffe de bureau de la représentation de l’État
Ghislaine poursuit son parcours avec la même en 2020. Communicante et diplomate, elle ouvre la
persévérance et la même curiosité qu’à ses débuts. Elle préfecture au public, en organisant des expositions
intègre successivement Interpol International, la police photos sur les grilles de l’établissement, en accueillant
judiciaire, les renseignements généraux, la préfecture la population lors de la Fête de la musique ou des
de police… « J’ai su prendre ma place, à chaque fois ! Journées Nationales du patrimoine. « Mon but : faire
C’est vrai, j’étais souvent la seule femme noire dans découvrir aux Martiniquais et au monde la Préfecture
les réunions, mais jamais je n’ai été déstabilisée car je de Martinique, ce joyau architectural et historique. La
Texte Marie Ozier-Lafontaine - Photo Pierre de Champs

savais pourquoi j’étais là : œuvrer pour ceux qui en ont préfecture est certes un organe de l’État, mais elle est
le plus besoin ». aussi au service de tout un chacun, quelles que soient
Sa pugnacité, elle la met aussi au service du syndicalisme, ses origines. Il ne faut pas l’oublier ! ». Aujourd’hui
pendant 10 ans, en tant que secrétaire générale d’un proche collaboratrice du préfet, elle poursuit dans
syndicat des personnels administratifs, techniques et cette voie, en l’accompagnant dans ses relations
scientifiques de la police nationale. « Durant plusieurs diplomatiques, en affinant sa compréhension de notre
années, j’avais observé des dysfonctionnements société martiniquaise.
en termes de conditions de travail, de mutation, « Si j’avais un message à faire passer aux femmes
d’avancement… J’avais envie d’apporter ma pierre à martiniquaises, c’est qu’elles doivent être fières d’elles,
l’édifice, avec des axes d’amélioration palpables et sans se demander si elles sont légitimes. Je leur dis : avec
rapides. J’étais la première femme antillaise à ce niveau vos compétences, votre savoir-être et votre ténacité,
hiérarchique dans un syndicat de police ! ». Ce poste rien ne doit vous faire baisser les bras, ni les yeux ».

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 Emmanuelle Bruch
ÉPRISE DE
JUSTICE
De la défense pénale à la défense des droits d’auteur, Emmanuelle Bruch,
déléguée régionale de la SACEM Martinique et Guyane, puise dans sa volonté
farouche de justice pour permettre à chacun de faire valoir ses droits.

Déjà petite, Emmanuelle Bruch se révèle fortement

attachée au sentiment de justice et ne supporte pas
son absence, l’injustice. C’est ainsi qu’elle se retrouve
dans le bureau de sa directrice en classe de CE2, pour
dénoncer du haut de ses 8 ans le fait que soit passée
sous silence l’histoire de l’esclavage, face à celle
largement enseignée des Gaullois et des Romains. Au
collège, c’est dans son rôle de déléguée
RÉPARER de classe qu’elle défend ses camarades
Foncièrement passionnée, Emmanuelle Bruch qui rencontrent des difficultés à
révèle sa ténacité et son engagement dans chacun travailler chez eux, et demande à sa
de ses combats. Qu’il s’agisse de défendre des mère, professeure de mathématiques, de
femmes victimes de viol, « dont la parole n’est pas donner des cours de soutien scolaire à
suffisamment bien entendue ». De plaider aux côtés ceux qui n’en ont pas les moyens. « Je
de plusieurs avocats pour que la juste qualification ne supportais pas que certains soient
juridique soit retenue et le juste enjeu perçu, comme laissés pour compte » explique la
lors de l’affaire du message politique “Négrophobie juriste, qui soutiendra son compagnon
d’État” tagué sur la statue de Colbert, rédacteur artiste en créant une boîte d’édition,
du Code Noir, à Paris. De permettre aux accusés puis s’investira dans la défense pénale,
d’obtenir une juste peine. Ou de faire reconnaître les « pour la défense de la liberté ». « Le
droits d’auteur des artistes caribéens, dans le cadre de droit n’a pas été une vocation, mais je
son rôle actuel à la SACEM. « Chaque fois que j’ai pu m’y suis engagée pour permettre à toute
obtenir que quelqu’un se sente pleinement réparé par personne d’avoir une voix et d’être
une décision de justice, j’ai été satisfaite. Car c’est là correctement défendue. »
selon moi le seul rôle de la justice, de réparer. » détaille
l’avocate.

ACCOMPAGNER
« Je suis très impliquée pour l’environnement, pour le droit
Texte Axelle Dorville- Photo Pierre de Champs

des animaux, le droit de la nature » raconte ainsi Emmanuelle

Bruch, qui fut quelque temps le relais martiniquais de
Maître Jean Tamalet, l’avocat de Sea Shepherd, organisation
engagée dans la défense du milieu marin. Si les luttes à
mener ne manquent pas, celle qui l’occupe actuellement a
lieu dans le champ artistique. « Après avoir transmis mon
cabinet à Maître Quentin Orieux, je m’investis aujourd’hui
pleinement pour être le super avocat de la création locale, et
permettre aux auteurs compositeurs de prospérer dans leur
activité, grâce au respect de leurs droits. »

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 Anne Criquet-Hayot
POUR L’AUTRE
Dès son plus jeune âge, Anne Criquet- médicales de garde afin d’assurer une continuité
Hayot baigne dans un environnement de partage, des soins avec une permanence organisée, pour que
d’engagement social et de transmission du savoir. chaque professionnel puisse prendre du repos ». Anne
Trois valeurs héritées d’abord de sa mère, directrice Criquet-Hayot participe ensuite dès 1999 à la création
d’école élémentaire dans le petit village qu’habite la du Centre 15 puis sera sollicitée par la préfecture pour
famille. « Ma mère avait des élèves de tous les âges. l’organisation et la coordination des renforts d’urgence
Nous mêlions les sujets d’apprentissage de façon très lors de grandes catastrophes.
interactive, les grands s’occupaient des petits. Pour
moi, c’était extraordinaire ». Jusqu’à son entrée au POUR LA COMMUNAUTÉ LIBÉRALE
collège, elle observe sa mère transmettre chaque jour Agir pour l’Autre, c’est aussi pour ses pairs, les
ses connaissances aux écoliers « dans une communauté médecins libéraux. À ce titre, elle préside depuis
d’engagement, de partage et de culture qui a été très 2015 l’Union Régionale des Médecins Libéraux de
importante pour moi ». Puis c’est son grand-père qui fait Martinique (URML) et vient d’être réélue pour sa
référence. Exemple implacable de résilience, professeur deuxième mandature. « Par le biais de l’URML, et cela
d’histoire-géographie fait prisonnier pendant la me tient beaucoup à cœur, on a essayé de montrer que
seconde guerre mondiale, il marque sa petite-fille par la médecine n’est pas qu’un praticien assis dans son
sa capacité à avancer et reconstruire, à faire pour les bureau mais aussi un médecin au service de l’Autre ».
autres. « Leurs exemples m’ont formatée » affirme-t-elle. Anne Criquet-Hayot enchaîne les projets collaboratifs,
Et l’engagement qu’elle a pris, c’est d’aider les autres en à la fois artistiques et philosophiques, toujours liés
devenant médecin. « Je voulais que ma vie ait du sens à la médecine. Elle emmène son auditoire à réfléchir
et aide l’Autre. Apporter ma pierre, ma contribution, parfois sur son rapport aux autres cultures, sur notre
aussi modeste soit-elle à améliorer la santé de ceux qui réaction face à l’abondance de nourriture ou encore
en ont besoin. Si c’était à refaire, je le referais de suite ! ». sur le colloque singulier qu’il existe entre un patient
Maître de stage universitaire en parallèle de son et son médecin. Anne Criquet-Hayot fourmille d’idées
activité de médecin, Anne Criquet Hayot enseigne la innovantes.
médecine générale à la faculté pendant 15 ans, encadre « J’ai aussi participé à la création en 2007 de la CPTS
des internes dans la réalisation de mémoires ou de Madinina (Communauté Professionnelle Territoriale
thèses et accueille au sein de son cabinet des étudiants de Santé), qui regroupe les professionnels de santé
en observation. « J’ai été élevée comme ça. Dans ma libéraux et dont je suis la Présidente. Elle représente
famille, on a toujours partagé et transmis ». « les soldats de l’ombre », ceux du quotidien. Il fallait
une interprofession pour que les libéraux se retrouvent
POUR LA POPULATION et se connaissent. Nous avons monté une cartographie
Véritable femme d’engagement, Anne Criquet-Hayot pour les identifier ». Organiser en Martinique ce monde
s’est toujours vivement impliquée socialement. Après libéral souvent ignoré. Fédérer, regrouper, travailler en
Texte Audrey Juge - Photo Pierre de Champs

une Thèse sur l’origine des termes médicaux en 1990, collaboration est pour elle primordial.
elle devient médecin et exerce trois ans dans l’Hexagone Et c’est au profit de la Martinique et de ses habitants
avant de s’envoler pour la Martinique en 1993. qu’Anne Criquet-Hayot se démène au quotidien.
Dynamique et proactive, elle fédère la communauté « Je me sens totalement Martiniquaise. Pour moi, être
médicale autour d’idées justes. « J’ai toujours fait mes Martiniquais, c’est se bouger pour la Martinique,
gardes. Je pense qu’il est normal que la population s’investir en apportant son énergie et ses compétences.
puisse avoir un accès aux soins permanent. Cependant, C’est avancer ensemble pour construire, en
il faut trouver le bon équilibre pour que les médecins reconnaissant les spécificités du territoire et en les
puissent décompresser. J’ai donc créé les Maisons faisant reconnaître ».

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 Isabelle Larmaillard
CHANGER
DE REGARD
Alors en licence de droit, c’est en feuilletant une revue qu’Isabelle Larmaillard découvre
le métier d’éducateur spécialisé et décide de s’engager dans un parcours de formation dédié.
Aujourd’hui chef de service en protection de l’enfance, elle décrit un métier de passion, au
service de l’enfance, de la famille et de la société.

Du métier d’éducateur spécialisé à celui de conseiller POUR LE MAINTIEN DU LIEN SOCIAL

socio-éducatif territorial, Isabelle Larmaillard s’est Repérer les difficultés de ces familles et leur transmettre
mobilisée tout au long de son parcours pour changer les outils nécessaires, plus qu’une mission de vie,
le regard social porté sur les enfants, adolescents et pour Isabelle Larmaillard qui se considère comme
jeunes adultes. « Au-delà d’enfants en difficulté, ce sont une éducatrice spécialisée dans l’âme, c’est aussi une
avant tout des enfants. À l’inverse du terme de jeunesse mission de société, afin de permettre l’intégration
désœuvrée qui peut leur être accolée, ce sont surtout et l’insertion de tout un chacun dans la société. « Ce
des jeunes en manque d’objectifs. » explique t-elle que j’aime particulièrement dans ce domaine, au-
posément, convaincue des ressources inimaginables delà de l’accompagnement, c’est son rôle politique au
que chacun possède et qui peuvent être révélées sens noble, sa capacité à être force de propositions et
par le travail socio-éducatif, pour ouvrir le champ à contribuer à un meilleur vivre ensemble à partir du
des possibles, développer la résilience et offrir des champ familial. »
perspectives aux nouvelles générations. Si Isabelle Larmaillard force l’admiration de par
sa passion, son expertise patiemment bâtie et son
EN SOUTIEN AUX FAMILLES ambition - qui l’ont aujourd’hui menée à la direction de
« La relation d’aide est avant tout une rencontre, avec la Prévention et de la Protection Enfance et Famille de
les familles et les enfants, qui ont autant à m’apporter la Collectivité Territoriale de Martinique -, elle n’hésite
que j’ai à leur apporter » poursuit humblement pas à saisir l’occasion de cet échange pour également
Isabelle Larmaillard, pour qui chacune des actions mettre en lumière tous les professionnels investis, et
est guidée par la volonté d’éviter la rupture familiale. singulièrement les femmes sur-représentées dans ce
Loin des récits stigmatisants de pères et de parents domaine, qui se donnent plus que de raison pour une
Texte Axelle Dorville - Photo Pierre Deschamps

démissionnaires, elle raconte : « À mes débuts, j’ai meilleure prise en charge des enfants et des familles.
été étonnée de l’absence des papas, qui sont en fait Et d’ajouter « J’ai vraiment une confiance indéfinie
souvent rapidement mis à l’écart et ont plus tard des dans la femme, sa force et sa façon parfois plus globale
difficultés à reprendre leur rôle de père. Mais papas de percevoir les choses. Je souhaite que les femmes
ou mamans, les parents que j’ai pu rencontrer au cours s’expriment pleinement, qu’elles aient confiance en
de mon parcours ont toujours recherché leur part de elles, en la place qu’elles occupent, en ce rôle que nous
responsabilité dans la situation de leurs enfants et ont avons, et s’affirment avec fierté dans leurs métiers, les
toujours souhaité savoir comment mieux faire et mieux associations, dans leurs activités de tous les jours. Car
les encadrer pour les aider à mieux grandir. Et c’est ce nous le méritons toutes. »
qui guide mon engagement au quotidien. »

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Murièle Cidalise-Montaise
LE FÉMINISME
UNE ÉVIDENCE
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 Murièle Cidalise-Montaise ne se prédestinait pas, au départ, au militantisme. Enfant sage,
studieuse et curieuse, elle grandit dans un environnement affectueux, aimant, rassurant.
Étudiante impliquée à la Sorbonne à Paris, elle obtient son DEA d’Urbanisme et Aménagement
avant de rentrer au pays pour y effectuer une belle carrière au sein de la DDE. Un parcours idéal
pour une Martiniquaise brillante, bien éduquée, la tête sur les épaules.
Ce n’est que bien plus tard, quand ses 3 enfants ont hommes, c’est un combat sur tous les fronts : celui
grandi, que Murièle Cidalise-Montaise s’engage dans de l’emploi, du transport, de la formation, de l’accès
le combat féministe. Et elle ne le fait pas à moitié ! En à la culture, de la garde d’enfants, des stéréotypes de
2010, elle devient d’abord membre active de l’Union genre, du harcèlement, de la violence pouvant aller
des Femmes de Martinique. En 2014, elle co-fonde, jusqu’au féminicide... Il est impossible de traiter une
avec Huguette Bellemar, George Arnauld et Muriel problématique sans traiter toutes celles qui lui sont
Ameler, l’association féministe Culture et Égalité. Elle liées. « Le combat féministe est avant tout un combat
s’y investit jusqu’en 2019, date à laquelle elle prend de société. Car, une société qui occulte, voire maltraite,
la tête de la Délégation Régionale aux Droits des la moitié de l’humanité, est une société malade ».
Femmes. Comment expliquer cet engagement si fort, à
ce moment de sa vie ? LA DÉCONSTRUCTION DES STÉRÉOTYPES
Pour cela, Murièle remplit sa mission de directrice à
SE MOBILISER POUR L’ÉGALITÉ la Délégation Régionale aux Droits des Femmes à sa
Murièle a toujours affirmé et revendiqué son manière, de façon systémique. « Nous sommes toutes
autonomie, considéré l’égalité entre les femmes et et tous pris dans un système. Mon approche est donc
les hommes comme une évidence. Cela a-t-il un lien forcément transversale, n’en déplaise à certains ». Car
avec sa grand-mère Inès ? Cette femme indépendante, pour la directrice, déployer une politique publique
finançant les études de ses fils et voyageant seule, à une contre les violences faites aux femmes passe aussi par
époque où les femmes étaient souvent cantonnées à la la déconstruction des stéréotypes dès le plus jeune
gestion du foyer, a marqué Murièle. Mais cela ne suffit âge, l’entrepreneuriat au féminin, la représentation des
pas à expliquer son engagement si profond, si entier. femmes dans la sphère publique, l’aide à la parentalité…
« La question des violences faites aux femmes a toujours Murièle Cidalise-Montaise le martèle : il faut faire
été présente, sans que j’en sois forcément consciente. bouger tous les leviers !
Petite, alors que j’évoluais dans un univers privilégié, Son grand projet pour la Martinique ? Une Maison
Texte Marie Ozier-Lafontaine - Photo Jean-Albert Coopmann

j’ai été confrontée indirectement à des situations des Femmes. Un lieu qui non seulement accueillerait
de violence conjugale et intrafamiliales, que je ne les femmes en difficulté, mais centraliserait toutes les
m’expliquais pas. Puis, au cours de ma carrière dans forces vives pouvant les accompagner. Ce projet de
le domaine de l’urbanisme, j’ai rencontré des femmes structure centralisée et polyvalente aurait l’avantage de
en prise avec la précarité, le mal logement, l’isolement, conseiller et de guider les femmes à chaque étape de leur
et bien sûr, les inégalités économiques et sociales. parcours d’émancipation, sur chacun des sujets qui les
En Martinique, de nombreuses femmes vivent des concerne. La maison regrouperait notamment toutes
situations inacceptables. Il est temps que ça s’arrête. » les associations œuvrant pour les femmes. « Car ce
Murièle a choisi de mettre son énergie au service des sont nos associations qui luttent aux côtés des femmes,
femmes martiniquaises pour contribuer à changer le avec créativité, vivacité et tellement de résilience. Je
monde, à sa mesure et sur son territoire. suis convaincue que nous y arriverons, ensemble. Pour
Révoltée, elle sait qu’elle se bat contre un système. qu’un jour, aucune femme martiniquaise n’ait plus
Se mobiliser pour l’égalité des femmes et des besoin de nous ».

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 Lyannaj pou fanm doubout !
Au fil des décennies, l’UFM s’est professionnalisée tout en conservant son âme militante.

Droit de vote, santé et éducation des enfants tels sont les premiers combats des fondatrices de
l’association féministe de loi 1901. À l’époque, Jane Léro en tête, Yvette Guitteaud-Mauvois, Rosette
Eugène, Désirée Maurice Huygues-Beaufond et Eudora Montredon-Clovis créent l’UFM, en juin
1944, dans un contexte où les femmes après la Libération - ayant exercé des métiers durant la
2nde Guerre Mondiale - aspirent à de nouvelles responsabilités. Leur mission : œuvrer pour
l’émancipation et la défense les droits des femmes en Martinique.

Après les droits liés à la contraception et l’avortement, à compter de 1997, l’UFM mène un nouveau
un combat : éliminer les violences faites aux femmes. En 2000 en Martinique, l’UFM initie la
première campagne de communication sur les violences faites aux femmes, l’Espace d’Écoute et
d’Information et le premier centre d’hébergement.
En 2004, l’UFM s’empare de la question du sexisme au quotidien et s’attache à valoriser le rôle
des femmes dans l’histoire martiniquaise (matrimoine) et l’approche de genre dans nos politiques
locales. En 2019, elle ouvre un Centre de ressources du nom de la militante étatsunienne, Angela
Davis, invitée pour les 75 ans de l’association. Cet espace promeut les initiatives citoyennes en
faveur d’une culture de l’égalité. Il vient également en appui aux associations et organisations de
femmes.
78 ans plus tard, la vigilance et le combat restent de rigueur pour les militantes d’aujourd’hui, les
membres du Bureau, Rita Bonheur, la présidente, Marie-Josèphe Hardy-Dessources Sellaye,
Martie-Christine Vartel, Gisèle Dérigent et les adhérentes qui veulent voir émerger une société
égalitaire, éradiquer les discriminations fondées sur le genre.

Aujourd’hui l’UFM compte une douzaine de salariées et s’est dotée de trois pôles.
- Le pôle Accueil et accompagnement s’adresse à toutes les femmes de 18 ans et plus qui
rencontrent des difficultés ou sont victimes de violences (dans le couple, au travail, dans leur
famille…). Il reçoit les femmes à Fort-de-France et organise des permanences délocalisées pour
rendre ses services plus accessibles sur l’ensemble du territoire (Sud, Nord Caraïbe et Atlantique)
en partenariat avec les communautés d’agglomération et les municipalités.
- Le pôle Formation-Prévention est dédié à la sensibilisation ou au développement de
compétences des salarié.es et des scolaires sur les questions des violences faites aux femmes, des
violences sexistes et sexuelles, des cyberviolences et de l’égalité femme-homme.
- Le pôle Actions de sensibilisation mène des actions militantes afin d’interpeller le grand public.
Il vise à provoquer un changement effectif et pérenne des mentalités dans la société, en faveur de
l’émancipation des femmes et de l’égalité de genre.

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La crise sanitaire et sociale fragilise d’abord les femmes
En 2021, l’UFM a enregistré une augmentation de 30 % de prises de contacts par rapport à 2020.
Un tiers concernait des problèmes de violences conjugales. Si les intervenantes sociales observent
une tendance à l’augmentation des conflits conjugaux, dans le cas de violences dans le couple,
les femmes identifient plus précocement les signaux d’alerte évitant la mise en place d’un cycle
de violences, les phénomènes d’emprise ou de domination. C’est le signe que les efforts déployés
collectivement portent leurs fruits !
La crise sanitaire et sociale précarise d’abord les femmes. Depuis 2020, l’UFM constate
l’augmentation de la vulnérabilité des femmes sur le plan psychologique, économique, administratif
et social. L’accès à l’emploi est plus difficile. Elles sont davantage concernées par les mesures de
mises en chômage partiel et de licenciements.
L’accès aux droits se complique de l’application du télétravail des services publics, notamment
les services sociaux tels que la CAF et la Sécurité sociale, voire les banques dans certains cas, très
difficilement joignables. En outre, face au développement des services en ligne, certaines sont
démunies. À cela, s’ajoutent les mouvements de grève des transports publics et les coupures d’eau
intempestives qui perturbent leur quotidien, freinent leurs démarches.

www.uniondesfemmes.com

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64
 Julia Couturier
CHAMPIONNE
TOUS TERRAINS
Dans l’univers du sport cycliste, sa combativité, son sens de la course et sa vista de battante
ont bâti sa réputation de championne aussi précoce que passionnée. Un esprit guerrier qui
l’a également conduite sur la plus haute marche du podium des “Miss Beauté noire” 2022 en
Martinique. Itinéraire gagnant.

« Aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre de s’inscrire à la “Jeunesse cycliste 231” du Robert, sa
des années. » La célèbre réplique du “Cid” de Pierre commune natale. Entraînée avec rigueur et sérieux par
Corneille lui va comme un gant, tant son appétit de Max Joncart, son entraîneur sur route de toujours, elle
victoires et son infatigable quête de défis permanents signe, à l’âge de 11 ans, sa toute première victoire en
forcent le respect. Chez Julia Couturier, bientôt 18 ans VTT, à la Poterie des Trois-Îlets.
(en août prochain), l’esprit de compétition tient lieu
d’ancre et de boussole vers de nouvelles conquêtes, sur COMPÉTITRICE NÉE
tous les sols d’engagement où sa haute taille (1 mètre Six années plus tard, son jeune palmarès impressionne :
73) et sa détermination font merveille… plusieurs fois championne de la Martinique en route et en
VTT, elle rehausse la gamme de ses défis, orientant ses objectifs
TOUCHE-À-TOUT vers le haut niveau national. « J’ai participé à 4 championnats
« J’ai commencé la clarinette et le vélo en même temps, de l’Avenir en France – ma meilleure place ? 16e sur 86
à l’âge de 9 ans. J’ai aussi fait 2 ans de piano, jusqu’à participantes, lors de l’édition 2019 ». Remarquée alors par
gagner le concours “Caraïbe en musique”. En clarinette, Patrice Lerus, le président guadeloupéen de la “Team 94”, elle
j’ai également participé à plusieurs concours où j’ai été signe un partenariat durable avec ce dynamique club cycliste
récompensée. » Julia décline ses jeunes expériences de Villeneuve-Saint-Georges, en banlieue parisienne. Elle s’y
dans un univers artistique où se manifeste son aptitude forge patiemment des armes nouvelles, gagnant en expérience,
Texte Daniel Rollé - Photo Jean-Albert Coopmann

naturelle à exécuter du mieux possible tout ce qu’elle en force de caractère et en performance au fil des épreuves,
entreprend. jusqu’à terminer 3e au championnat d’Île-de-France du contre-
Mais c’est dans l’univers du sport, et singulièrement du la-montre, en 2020. « J’ai commencé la piste cette année »,
cyclisme, qu’elle révèle un talent précoce, qu’elle reçoit confie-t-elle sans emphase, ajoutant un terrain d’expériences
le déclic qui déterminera la suite de sa carrière. nouvelles à sa jeune mais prometteuse trajectoire sportive…
Dès sa toute première compétition, en vélo tout terrain sans jamais sacrifier son engagement scolaire ni son projet
(VTT), sans préparation physique particulière, elle professionnel d’avenir. « L’an dernier, j’ai eu mon bac de
termine 4e… puis 2e, une semaine plus tard. Déterminée Français (20 à l’écrit et 15 à l’oral !). Cette année, je passe mon
à s’installer durablement au sommet des podiums, Julia bac. Je me destine à faire un BTS “Ressources humaines” en
choisit alors, chaudement encouragée par ses parents, alternance l’année prochaine… si tout se passe bien ! »

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Merci à elles...
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