La Crise Covid 19 Impacts Socio Economiques 1597081188
La Crise Covid 19 Impacts Socio Economiques 1597081188
La Crise Covid 19 Impacts Socio Economiques 1597081188
Tribune libre
M’fadel El Halaïssi*
Cette crise économique n’est pas une crise boursière, ni une crise financière, ni une
crise sectorielle. Elle est globale, car elle met tout simplement en arrêt une grande
partie de l’appareil productif de l’économie mondiale. Du jamais vécu ! Le système
économique est structurellement ébranlé, un nouveau modèle économique est en
train de naître. Le modèle économique qui a prévalu jusqu’à présent dans les
économies de marché, connaîtra une profonde mutation post-crise Covid-19. La
course effrénée à la recherche des profits a été exacerbée par la mondialisation,
impliquant des délocalisations massives, alimentées par une surenchère
internationale en termes d’exonération fiscale et des politiques économiques
attractives.
La crise sanitaire, qui secoue actuellement le monde, comporte dans son sillage trois
crises interdépendantes : une crise sanitaire avec ses bouleversements intrinsèques,
et ses lots de morts, une crise économique sans précédent, touchant l’économie
réelle en profondeur et une crise sociale et institutionnelle.
1. Crise économique
La crise économique issue de cette pandémie, qui a contraint environ la moitié de la
population mondiale au confinement durant plusieurs semaines, se traduira
inéluctablement par la baisse de la consommation, et de la production, impliquant
une chute de l’investissement et une augmentation du chômage. Ceci amplifiera, à
nouveau, la baisse de la consommation et de la production, et ainsi de suite…
L’escalade de la décroissance conjuguée à une dépréciation de la monnaie, est la
pire des situations infligée à une économie donnée, en situation de stagflation, puis
de récession… Cette crise économique n’est pas une crise boursière, ni une crise
financière, ni une crise sectorielle. Elle est globale, car elle met tout simplement en
arrêt une grande partie de l’appareil productif de l’économie mondiale. Du jamais
vécu !
Le modèle économique qui a prévalu jusqu’à présent dans les économies de marché
connaîtra une profonde mutation post-crise Covid-19, au-delà des tensions sociales
véhiculées par des mouvements revendicatifs plus intensifs. Les règles de son
fonctionnement sont appelées à subir des changements pour lui assurer un
redémarrage viable pour ce 21e siècle. Parmi ces règles, nous citons quatre
principales à revoir pour reconstruire ce nouveau modèle économique :
b. La règle de la répartition des richesses. Nul ne peut nier aujourd’hui que le modèle
économique qui a prévalu jusqu’à présent favorise l’enrichissement des plus riches
et l’appauvrissement des plus pauvres. Or ce même modèle ne fonctionne bien que
quand la consommation augmente continuellement. En limitant le niveau de la
richesse attribué à 90% de la population à un niveau avoisinant les 10% de la
richesse globale, le modèle se grippe inéluctablement sur une période donnée. Ce
modèle s’autodétruit sans équivoque. La règle de la distribution et de la redistribution
(via une politique économique redistributive) des richesses est à revoir à toutes les
échelles, individuelles, microéconomiques et étatiques.
d. La création des emplois et le maintien des emplois existants sont devenus une
problématique issue de la dégénérescence du modèle économique existant. La
course à la rentabilité et la conquête, à l’accroissement du capital, au détriment de
l’emploi, impliquent par voie de conséquence, à terme, la réduction de la
consommation, due à l’augmentation du chômage, et donc à la stagnation de la
croissance, voire la décroissance. L’avènement de la pandémie Covid-19 n’a été en
fait qu’un accélérateur de ces événements, qui étaient déjà en gestation dans
plusieurs pays. La course effrénée à la recherche des profits a été exacerbée par la
mondialisation, impliquant des délocalisations massives, alimentées par une
surenchère internationale en termes d’exonération fiscale et de politiques
économiques attractives, pour séduire les investisseurs au détriment d’un budget
généreux pour les services publics !
Ainsi, le système de gouvernance prévalant dans les rapports liant les gouvernés
aux gouvernants sera bousculé à cause de cette perte de confiance. L’État
providence tombera en disgrâce pour laisser place à un nouveau système à inventer,
dans le cadre d’un «contrat social», privilégiant le bien-être du citoyen, plutôt que le
ratio du déficit budgétaire et du taux de croissance. Les principaux termes de
référence des enjeux de cette évolution du modèle de gouvernance sociale seront
inévitablement les thématiques suivantes (parmi tant d’autres) :
* M’fadel El Halaïssi est DGD Bank of Africa. Natif de Taounate en 1956, il est
titulaire d’une licence en sciences économiques (1977) et d’un doctorat en
sciences économiques (Université de Lille 1983).