Le Dernier Jour D'un Condamné
Le Dernier Jour D'un Condamné
Le Dernier Jour D'un Condamné
Le roman à thèse est un genre romanesque qui s’inscrit dans le cadre des
textes à idées. Ce genre qui cherche à illustrer une théorie, des idées à
défendre une thèse à travers une histoire ne constitue en fin de compte qu’un
prétexte pour confirmer une thèse ou pour réfuter une autre. Le roman à thèse
vise d’abord à défendre une conception politique ou philosophique ou
religieuse même et sert ensuite à dénoncer une injustice ou à s’opposer à
l’ordre établi. Il est donc le genre romanesque le plus proche de la pensée de
son auteur. Un exemple très significatif nous est fourni dans l’oeuvre de Victor
Hugo intitulée ” Le dernier jour d’un condamné”. L’auteur s’y oppose de
manière véhémente à la peine de mort. Le récit du condamné n’est pas une fin
en soi, mais seulement un prétexte pour mettre l’accent sur la barbarie de
l’injustice humaine.
A propos de l’auteur :
considéré comme l’un des plus importants écrivains de langue française. Il est
Parmi ses oeuvres : Les misérables, Notre dame de Paris, Les châtiments, Les
contemplations ….
Le narrateur :
C’est un condamné à mort qui décrit les souffrances que peut sentir tout être
portée universelle.
Le résumé :
Un condamné à mort obsédé par l’idée de la mort, nous parle de son séjour à
ses sentiments sur sa vie antérieure ( passé de liberté et nous fait part de ses
lors de son incarcération. Il se fera exécuter sous la clameur du peuple qui voit sa
Les personnages :
Le condamné : on ne sait pas quel crime il a commis. Il est jeune, sain, fort
Pour eux, une exécution est une chose banale qui doit se dérouler dans les
formes.
Les geôliers : Quelques-uns sont gentils avec lui, d’autres ne le sont pas. Il
y en a ceux qui parlent avec lui et d’autres qui le traitent comme un animal.
Sa femme et sa mère : Elles ne sont pas décrites, mais elles sont citées en
Marie : Fille du condamné, elle a trois ans, son père lui voue un amour
absolu, mais elle ne le reconnaît pas. Elle est persuadée que son père est
mort.
Les jurés : sont “blêmes et abattus” mais c’est à cause de la fatigue due à
la longue délibération.
L’huissier : Un homme insensible qui vient annoncer au condamné le rejet
Fiche de lecture :
Auteur :
Victor Hugo
Genre :
le journal intime en particulier.
Type de texte :
Le narrateur :
Le condamné à mort
Personnages principaux:
La foule
Cadre:
Lieux :
Durée :
Thèmes :
Enonciation, focalisation :
Le narrateur # l’auteur.
choses et du monde..
Chapitre I :
Emprisonné dans sa cellule de Bicêtre, le narrateur se rappelle son passé de
pensée et de réflexion….
Chapitre II :
croyait en la vie.
Chapitre III :
Le narrateur prétend que les humains sont tous condamnés à mort mais avec un
Chapitre IV :
Chapitre V :
Le séjour à Bicêtre :durant les premiers jours, il a été bien traité puis brutalisé
comme tous les autres détenus. Certaines faveurs lui ont été accordées comme
le papier, l’encre , les plumes et une lampe pour écrire. Il a côtoyé les autres
Chapitre VI :
Ensuite pour ceux qui jugent pour que leurs mains soient moins légères quand il
peine capitale.
Chapitre VII :
Le condamné espère qu’on s’intéresse un jour à son cas et que son journal de
mort)
Chapitre VIII :
Le jeune condamné compte le temps qui lui reste à vivre. 6 semaines dont il a
Chapitre IX :
protection.
Chapitre X :
Chapitre XI :
Pour passer sa longue nuit, il se lève pour nous décrire les murs de sa cellule
prisonniers
Chapitre XII :
Le narrateur assiste au ferrement des forçats avant leur départ pour Toulon.
Conduit par un geôlier dans une cellule, dont la fenêtre grillagée donne sur une
cour de la prison, il peut observer ce qui s’y passe comme s’il assistait à un
Chapitre XIII :
Toulon. Il nous rapporte cet événement comme un vrai spectacle en trois actes :
Chapitre XIV :
Chapitre XV :
condamnation à mort.
Chapitre XVI :
Quand le narrateur était à l’infirmerie, il avait entendu la voix d’une jeune fille de
Chapitre XVII :
Chapitre XVIII :
Il est six heures du matin. Le guichetier entre dans le cachot. Il demande à notre
Chapitre XIX:
Chapitre XX :
Le narrateur retrouve la prison sous toutes les formes, sous la forme humaine
Chapitre XXI :
A 6h30 du matin, le narrateur a été visité dans son cachot par un prêtre puis par
l’huissier qui lui annonce le rejet de son pourvoi en cassation et son transfert à la
conciergerie.
Chapitre XXII :
Le condamné est transféré à la conciergerie. La foule assoiffée de sang s’est déjà
Chapitre XXIII :
fait une rencontre curieuse avec un condamné à mort qui séjournera dans la
même cellule à Bicêtre. Ce dernier, fils d’un ancien condamné à mort lui raconte
Chapitre XXIV :
Chapitre XXV :
Le narrateur est amené ensuite à une autre cellule ou on lui a donné tout ce qu’il
faut pour écrire. Un gendarme a été installé avec lui pour empêcher toute
tentative de suicide.
Chapitre XXVI :
Il est dix heures. Le condamné plaint sa petite fille qui restera sans père. Elle sera
Chapitre XXVII :
Chapitre XXVIII :
Ayant déjà assisté à une exécution, le narrateur imagine comment sera la sienne.
Le jeune détenu pense à cette grâce qui ne vient toujours pas. Il estime
maintenant que les galères seraient meilleure solution en attendant qu’un jour
arrive la grâce.
Chapitre XXX
Ensuite, et bien que la table soit délicate et bien garnie, il ne peut manger.
Chapitre XXXI
pour prendre des mesures afin de rénover les murs. Il est insensible et indifférent.
Chapitre XXXII
bizarre : il lui propose de changer ses vêtements avec lui. Le gendarme refuse ; il
Chapitre XXXIII
Pour oublier son présent, le narrateur passe en revue ses souvenirs d’enfance
andalouse dont il était amoureux et avec qui il a passé une belle soirée d’été.
Chapitre XXXIV :
Au milieu de ses souvenirs de jeunesse, le condamné pense à son crime. Entre
Chapitre XXXV :
Le narrateur envie les gens ordinaires qui vaquent à leurs affaires quotidiennes.
Chapitre XXXVI :
Chapitre XXXVII :
Chapitre XXXVIII :
atroces.
Chapitre XXXVIX :
Chapitre XXXL
Chapitre XLI
Le condamné se met dans la tête l’idée qu’il va bientôt mourir. Il demande un
cauchemar.
Chapitre XLIII
fille Marie qui ne le reconnaît ps. Rien ne le rattache à présent à la vie, il se laisse
conduire à la mort.
Chapitre XLIV
Chapitre XLV
après lui.
Chapitre XLIVI
La petite Marie vient de partir. Le père se demande s’il a le temps de lui écrire
Chapitre XLIVII
Chapitre XLVIII
Le condamné est dans une chambre de l’hôtel de ville. A trois heures, on vient
l’avertir qu’il était temps. Le bourreau et ses deux valets, lui coupent les cheveux
et le collet avant de lier ses mains. Le convoi se dirige ensuite vers la place de
Chapitre XLIX
Introduction
I. L'omniprésence de la mort
II. Un texte réaliste et tragique
Citations de Victor Hugo sur la peine de mort
Introduction
Perdu dans ses pensées, Victor Hugo a, pour sa part, toujours était un homme libre. Si
libre que sa pensée lui a valu un exil : mais pour l'auteur romantique, l'esprit et la
création sont plus forts que tout.
C'est après avoir assisté à une scène traumatisante que Victor Hugo a décidé
d'entreprendre l'écriture du Dernier Jour d'un Condamné. Un soir de 1828, il observe un
bourreau graisser la guillotine sur la Place de l'Hôtel-de-Ville. Hugo comprend qu'un
homme mourra le soir-même. Cette pensée l'inspire : dès aujourd'hui, il écrira pour lutter
contre la peine de mort.
Le court roman d'Hugo peut se lire comme le journal intime d'un condamné qui se livre à
ses dernières pensées et confessions durant les 24 dernières heures précédant la
terrible sentence. Ici, le "moi" romantique est encore de mise : le romantisme permet à
Hugo de montrer l'absurdité des théories pénales et d'une justice qui favorise encore la
peine de mort.
Pourtant, cette idée n'était pas encore développée par les penseurs des Lumières :
Diderot et Kant étaient favorables à la peine de mort et y voyaient une sentence juste et
adaptée au crime commis. La punition était encore trop faible pour mettre à mal les
criminels.
Hugo, lui, est révolté par ce genre de pratique. C'est pourquoi cet incipit est un vrai
réquisitoire contre la peine de mort. IL va chercher à montrer, au sein de ce premier
chapitre, l'aspect tragique de la condamnation à mort afin de susciter la compassion
chez le lecteur.
I. L'omniprésence de la mort
Dans cet extrait, Hugo s'insurge contre la peine de mort. Afin de prouver que son
abolition serait une bonne chose, il utilise certaines stratégies de persuasion pour
influencer le lecteur. Le recours à des procédés stylistiques bien précis agit également
sur la réception du texte.
Argument 1: Depuis plusieurs semaines, l’homme vit à coté de cette pensée. Il y a une
cohabitation entre l'existence et la mort. Le personnage ne semble pouvoir se défaire de
ce colocataire un peu trop présent à son goût.
Condamné à mort ! Voilà cinq semaines que j'habite avec cette pensée, toujours seul
avec elle, toujours glacé de sa présence, toujours courbé sous son poids !
Argument 2 : Le moindre de ses gestes rappelle à l’homme que cette pensée est
ancrée au fond de lui. Il n'y a aucun échappatoire : tout son esprit, tout son corps est
tourné vers cette pensée obsédante.
Quoi que je fasse, elle est toujours là, cette pensée infernale, comme un spectre de
plomb à mes côtés, seule et jalouse, chassant toute distraction, face à face avec moi
misérable, et me secouant de ses deux mains de glace quand je veux détourner la tête
ou fermer les yeux.
Elle se glisse sous toutes les formes où mon esprit voudrait la fuir, se mêle comme un
refrain horrible à toutes les paroles qu'on m'adresse, se colle avec moi aux grilles
hideuses de mon cachot ; m'obsède éveillé, épie mon sommeil convulsif, et reparaît
dans mes rêves sous la forme d'un couteau.
Argument 3 : Il entend un souffle lui dire à l’oreille quelques mots dès son réveil.
Je viens de m'éveiller en sursaut, poursuivi par elle et me disant :
- Ah ! ce n'est qu'un rêve ! - Hé bien ! avant même que mes yeux lourds aient eu le
temps de s'entre ouvrir assez pour voir cette fatale pensée écrite dans l'horrible réalité
qui m'entoure (...) il me semble que déjà une voix a murmuré à mon oreille : - Condamné
à mort !
Même dans le sommeil, la mort ne le quitte pas. L'expression « avant même que... »
témoigne de la prépondérance de cette pensée dans sa vie, pensée qui ne lui laisse
aucun répit.
2) Les stratégies utilisées par Victor Hugo pour son plaidoyer contre
la peine de mort
Argument 1 : Ôter la vie serait enlever à la société un individu qui pourrait lui être utile.
Ici, Hugo montre très clairement que le narrateur est un homme instruit. Il insiste
d'ailleurs sur la vivacité de son esprit :
Chaque jour, chaque heure, chaque minute avait son idée. Mon esprit, jeune et riche,
était plein de fantaisies. Il s'amusait à me les dérouler les unes après les autres, sans
ordre et sans fin, brodant d'inépuisables arabesques cette rude et mince étoffe de la vie.
Cet esprit, autrefois (lorsqu'il n'était pas encore emprisonné et condamné) était fertile.
L'homme avait une force d'idée et une grande imagination, des qualités remarquables
pour faire évoluer la société. Aujourd'hui, l'esprit « jeune et riche » s'oppose à l'esprit «
en prison dans une idée ».
Argument 2 : Victor Hugo ne permet pas l’identification du condamné ; il fait de son cas
une espèce de généralité.
À travers les écrits du condamné, on peut retrouver les pensées de beaucoup d'autres
hommes dans la même situation ; l’homme explique son cas mais le lecteur entend bien
que cette histoire n'est pas isolée. Si Hugo fait le choix de ne pas donner de nom et de
préserver l'identité du personnage, c'est pour que tout le monde puisse s'y identifier. Il a
toutefois recours à la première personne du singulier pour accentuer la dimension
romantique.
Argument 3 : « Se venger est de l’individu, punir est de Dieu » (Préface du Dernier Jour
d'un Condamné). Seul le Tout-Puissant a droit de vie ou de mort sur ses sujets.
Le fait que la société le condamne à mort est une remise en doute de la puissance
divine. L'imprévisibilité de la mort est contrecarrer par son déroulement imminent (le
condamné est au courant du jour, de l’heure et du lieu de son exécution).
1) Le registre réaliste
L’histoire se déroule vers le XIXe siècle, siècle de Victor Hugo. L'auteur ancre le récit
dans le réel avec une première indication dès la première ligne : « Bicêtre ». Le Bicêtre
est un grand édifice servant d’hôpital et de prison, situé au sud de Paris.
La beauté, le bruit, la lumière s'opposent au sinistre cadre dans lequel notre personnage
évolue désormais. Cette description d'évènements réalistes fait ressortir le contraste
entre sa vie d'avant et celle d'aujourd'hui. À la gaité s'oppose désormais la résignation.
Le narrateur procède ici à une ode à la vie, festive et animée : sa vie d'avant détonne
avec sa condition actuelle.
L'homme dépeint par Hugo est un homme comme tous les autres. Nous sommes tous
égaux face à la mort et, à moins d'être un parfait stoïcien (ne pas craindre la mort
puisque lorsqu'elle sera là nous ne serons plus là), nous redoutons ce moment tragique.
Ici, le narrateur est un homme effrayé : « seul avec elle » , « glacé de sa présence », «
mon esprit voudrait la fuir » , « refrain horrible », «je viens de m’éveiller en sursaut », «
poursuivi par elle ». Tel est l'élément tragique de la condamnation à mort : personne ne
peut l'éviter. Et avant même de rencontrer son bourreau, l'homme s'imagine sans cesse
la scène. Alors qu'auparavant son imagination était tournée vers la vie, aujourd'hui elle
n'est tournée que vers la mort.
Argument 3 : La résignation à garder espoir ; il se laisse envahir par l’idée de sa mort
prochaine.
Le narrateur a entièrement conscience que la mort le guette d'une minute à l'autre : «
voilà » ; « maintenant », adverbes marquant un état actuel sans possibilité de le fuir.
Dès le début du roman, la fin est annoncée.
Conclusion
L'homme enfermé par les fers, l'homme enfermé dans l'esprit. La prison n'est pas que
matérielle : elle se vit dans la chair et dans la pensée.
Ainsi, Victor Hugo souhaite montrer la beauté de la vie et faire comprendre qu'il est
nécessaire de la préserver à tout prix. À travers une description réaliste, pathétique et
tragique de la peine de mort, l'auteur souhaite défendre l'idée selon laquelle nul autre
que Dieu ne peut ôter la vie à un homme. Ce système judiciaire et pénal ne correspond
pas aux valeurs défendues par le père du romantisme.
Il veillera d'ailleurs à condamner ces méthodes tout au long du roman mais aussi dans
son autre ouvrage intitulé Claude Gueux, en 1834. La thématique abolitionniste est très
présente dans la pensée de Hugo qui se veut porte parole des oubliés, des maltraités,
des hommes qui n'ont plus le droit d'avoir une voix digne d'être écoutée.