Titre 1 Chapitre 3
Titre 1 Chapitre 3
Titre 1 Chapitre 3
La loi protège, en fait, les créateurs en leur accordant des droits ou prérogatives
morales et patrimoniales dont l’exercice et l’exploitation sont explicitement
réglementés et encadrés. Cette protection se matérialise en pratique par la
règlementation des sanctions juridiques aussi bien civiles que pénales à
l’encontre de toute atteinte à ces droits et prérogatives.
La loi reconnait à l’auteur deux types de droits fondamentaux sur son œuvre
qui doivent être protégés : un droit moral (1) et des droits patrimoniaux ou
pécuniaires (2).
Certes, le plus souvent l’auteur utilise son propre nom lors de la première
révélation de son œuvre au public. Seulement, la loi accorde aux auteurs la
possibilité d’user un pseudonyme ou même de garder l’anonymat. Dans de telles
hypothèses, l’auteur sera représenté par l’éditeur et le mandataire qu’il choisit.
L’auteur pourra cependant révéler son identité à tout moment et ainsi mettre fin
à l’anonymat. En revanche, toute révélation du nom sans autorisation de l’auteur
constitue une atteinte au droit de l’auteur et une violation de la vie privée.
Les auteurs utilisent des pseudonymes depuis toujours, bien souvent pour garder
un certain anonymat et préserver le secret sur leur identité, ou simplement car
ils trouvent que leur pseudonyme est plus vendeur que leur nom réel. Le
pseudonyme libère les auteurs du devoir de réserve et de sérieux, les rendant
libres de s’exprimer comme ils le souhaitent sur les sujets qu’ils désirent. Dans
tous les cas, l’emploi d’un pseudonyme est rarement anodin (insignifiant ou sans
raison).
*Robinson Crusoe
En 1719, Daniel Defoe publie Robinson Crusoe sous le pseudonyme Robinson
Crusoe pour échapper à la justice de l’époque qui jugeait ses écrits trop
provocateurs.
*Voltaire
François-Marie Arouet, « Voltaire » choisit d’écrire sous un faux nom pour
échapper à son passé, notamment à sa famille mais aussi au gouvernement qu’il
critiquait souvent.
*Agatha Christie → Agatha Mary Clarissa Miller,
-*Stendhal → Henri Beyle « Le Rouge et le Noir ».
L’œuvre, étant le reflet de la personnalité de son auteur, il est évident qu’il soit
la seule personne autorisée à la modifier. Le titulaire du droit moral est en effet
le seul maitre de son exercice.
Notons enfin que le droit de retrait et de repentir de l'auteur ne doit pas être
exercé à des fins économiques ou de vengeance.
A titre d’exemple :
*un auteur ne pourrait, sous prétexte qu'il veut revenir sur des clauses
financières contractuelles / le taux de rémunération, invoquer le droit de retrait
ou de repentir pour revenir sur un contrat de cession de droit valablement
conclu.
*Lors de sa faillite, un bar voit ses meubles vendus aux enchères. Ils sont alors
achetés par un autre bar, notamment des tables peintes par un artiste qui refuse
que ses œuvres soient utilisées par le nouvel acquéreur. Il décide alors de
l'assigner, afin d’exercer son droit de retrait. Au soutient de sa demande, il fait
valoir que, titulaire d'un droit exclusif sur ses œuvres et pouvant seul décider de
l'exploitation de celles-ci, il "ne désire pas voir le nouvel acquéreur exploiter ses
œuvres".
En conclusion :
→L’exercice du droit moral par l’auteur dans le but de satisfaire des intérêts
purement pécuniaires est constitutif d’abus.
→ Le recours sur la base de la théorie de l’abus de droit se fait selon les règles
de droit commun : Article 103 COC. De ce fait, en cas d’absence de l’intention
de nuire (critère subjectif), le demandeur peut invoquer l’absence du motif
légitime ou encore le détournement de la finalité de droit (critère objectif).
B : Les caractéristiques du droit moral de l’auteur
Par opposition aux droits patrimoniaux de l’auteur, le droit moral est un droit
extrapatrimonial que l’on intègre généralement dans la catégorie des droits de la
personnalité / le droit au nom, à l’image…
Tous les droits extra patrimoniaux ont pour principal objectif la défense de la
personnalité de l’individu. Cependant, le droit moral s’en écarte en ce qu’il est
largement réglementé par des textes et porte sur une œuvre, forcément détachée
de la personne physique de son créateur.
NB 1 : Il faut distinguer parmi les composantes de droit moral entre les
prérogatives post mortem et les prérogatives qui prennent fin avec le décès de
l’auteur. Le droit de retrait prend fin avec le décès de son auteur. Seuls les droits
à la divulgation, l’attribution et au respect de l’œuvre sont transmissibles aux
ayants droits.
NB 3 : Le caractère perpétuel du droit moral perd à cet égard toute son
importance en cas de défaut d’action. Seule l’utilisation lui confère sa raison
d’être.
Ce caractère implique que le droit moral ne peut se perdre sous prétexte que
l'oeuvre n'est pas utilisée ou est ancienne d'un certain âge. Ainsi, l'auteur ou ses
ayants droit ont toujours la jouissance de l'exercice du droit moral quel que soit
le délai écoulé depuis la création et même après la cession des droits
patrimoniaux.
* reproduire l’œuvre par tous procédés et notamment par imprimerie, dessin, enregistrement audio …….
*toute forme d’exploitation de l’œuvre en général, y compris la location commerciale de l’original et de ses
exemplaires.
-Le droit de reproduction peut faire l’objet d’une cession à un tiers. Un éditeur,
par, exemple, a besoin du droit de reproduction pour pouvoir imprimer un livre
comportant des images de l’œuvre. L’article 9 bis ter dispose dans ce sens
qu’ aucun exploitant autre que le propriétaire de l’œuvre ou son représentant ne
peut procéder à l’exécution des actes cités à l’article 9 bis s’il ne justifie d’une
autorisation préalable de l’ayant droit ou de son représentant sous forme de
contrat écrit indiquant notamment : le responsable de l’exploitation, son mode,
sa durée et le montant de la contrepartie revenant au titulaire de droit.
Cette cession peut se faire à titre exclusif ou non. Dans la première hypothèse,
seul le bénéficiaire de la cession de droits – à l’exclusion de l’auteur lui-même –
pourra exploiter l’œuvre sur les supports prévus par le contrat. En revanche,
lorsque la cession n’est pas exclusive, l’auteur pourra continuer d’exploiter
l’œuvre de son côté et accorder des autorisations de reproduction à des tiers.
-Le droit de reproduction n’est pas un droit absolu, la loi y a réglementé une
pluralité d’exceptions. En effet, dans plusieurs cas, il est permis à certaines
personnes de bénéficier du droit de reproduire l’œuvre sans avoir à obtenir une
autorisation préalable de l’auteur. Ces exceptions libres peuvent être avec ou
sans contrepartie pécuniaires. Il s’agit en fait d’exceptions légales qui s'opposent
aux droits patrimoniaux et annulent les droits patrimoniaux de l'auteur sur une
œuvre.
*Exception de reproduction libre et gratuite (sans contre partie) :
Ces exceptions sont réglementées dans les articles 10, 11 et 12 de la loi de
1994 et se résument en la reproduction de l’œuvre destinée à l’usage privé, les
reproductions ayant des objectifs éducatifs, scolaires, culturels ou d’information
et enfin, les emprunts et citations.
*Exception de reproduction libre avec contre partie :
Cette exception est prévue à l’article 13.a de la loi qui dispose que « Le
ministère chargé de la culture peut délivrer des licences non exclusives pour :la
reproduction d’une œuvre protégée aux fins de publication, si elle n’a pas été
précédemment publiée en Tunisie, à un prix équivalent à celui pratiqué par les
maisons d’éditions nationales, trois ans après sa première publication s’il s’agit
d’une œuvre scientifique, sept ans après sa première publication s’il s’agit d’une
œuvre de fiction, et cinq ans après la première publication pour toute autre
œuvre ».
Ces exceptions qui se fondent sur des considérations d’intérêt général
(l’information à la Nation, la progression de l’état des connaissances, le droit à
l’humour…) ou des intérêts privés (lorsque l’utilisation ne revêt pas un aspect
public) priment sur les prérogatives de l’auteur sans pour autant affecter le droit
moral qu’il détient sur son œuvre. Ainsi ces exceptions porteront sur des œuvres
divulguées et mention sera faite, dans la mesure du possible, de la source et du
nom de l’auteur.
L’article 9 de la Convention de Berne dispose dans ce sens que les exceptions
au droit d’auteur ne sont applicables qu’à la triple condition qu’elles
correspondent à des cas spéciaux, qu’elles ne portent pas atteinte à
l’exploitation normale de l’œuvre, et qu’elles ne causent pas un préjudice
injustifié aux intérêts légitimes du titulaire du droit. Cette règle, connue sous le
nom de « triple test » ou « test des trois étapes », est reprise par l’article 13 de
l’accord sur les ADPIC du 15 avril 1994, et par l’article 10 du Traité de l’OMPI
du 20 décembre 1996 sur le droit d'auteur.
*la représentation dans les lieux publics tels que les hôtels, les restaurants, les moyens de transport terrestre,
maritime et aérien, ainsi que les festivals et les salles de spectacles,
Cette prérogative des droits patrimoniaux est prévue par l’article 9 bis (d) et
concerne le droit exclusif reconnu à l’auteur en ce qui concerne « la traduction,
l’adaptation, l’arrangement et autres transformations de l’œuvre considérées en
vertu de la présente loi comme des œuvres dérivées ». Ce droit appelé également
droit de destination est de nature à permettre à l’auteur de contrôler l’usage et la
distribution et l’adaptation de son œuvre.
NB : Toute représentation ou reproduction de l’œuvre qui n'a pas fait l’objet
d'une autorisation de l’auteur ou de ses ayants droit, et qui n'entre pas dans le
champ d'une des exceptions au droit d'auteur, est un acte de contrefaçon. Le
titulaire du droit d'auteur peut alors intenter une action sur le plan civil pour
obtenir une indemnisation de son préjudice, ou sur le plan pénal afin de faire
condamner le contrefacteur à une peine d'emprisonnement ou à une amende. La
distinction entre contrefaçon et simple inspiration relève du pouvoir
d'appréciation des tribunaux.
En ce qui concerne les droits voisins, la durée de leur protection est prévu dans
les articles 47.4, 47.6, et 47.9.
Et par créateur originaire, il faut sous entendre la personne physique qui crée
l’oeuvre. En effet, une personne morale (une société, une association…) ne peut,
à proprement parler, créer. La personne morale ne sera donc jamais titulaire
originaire des droits d’auteur et ne peut se voir investie de la qualité d’auteur
sauf dans le cas spécifique des œuvres collectives. Elle peut toutefois acquérir la
qualité d’ayant droit de l’auteur. En matière de propriété littéraire et artistique,
l’ayant droit de l’auteur peut être son héritier ou son légataire, ou toute personne
qui a acquis les droits d'auteur, notamment le producteur, l’éditeur ou une
société de gestion collective par une cession contractuelle. (Pour pouvoir être
titulaire de tout ou partie de ces droits, la personne morale devra obtenir une
cession de droits à son profit).
La titularité des droits d'auteur obéit, en réalité, à des règles particulières qui
diffèrent en fonction de la nature de l’oeuvre (A) et des circonstances de sa
conception (B).
*L'œuvre individuelle : est l’œuvre créée par une personne physique unique
qui détient seule le droit d’auteur.
*L'œuvre collective est créée sur l'initiative d'une personne physique ou morale
qui la divulgue sous sa direction et en son nom, et dans laquelle la contribution
personnelle des divers auteurs qui ont participé à son élaboration se fond dans
l'ensemble en vue duquel elle est conçue, sans qu'il ne soit possible d'attribuer à
chacun d'eux un droit distinct sur l’ensemble réalisé.
Dans tous ces cas, le créateur « personne physique » est toujours originairement
le titulaire des droits d’auteur au sens de notre législation.
*L’auteur salarié
L’Article 4.2 dispose que : « Toutefois, lorsque l'œuvre est produite par des
agents d'une personne morale publique ou privée dans le cadre de leurs
fonctions, le droit d'auteur revient auxdits agents, sauf stipulation contraire
découlant d'un contrat existant entre les deux parties, et exception faite du
producteur d'œuvres cinématographiques et audiovisuelles, qui demeure le
propriétaire du droit d'auteur ».
Selon Christophe Caron, « Le salariat ne chasse pas la qualité d’auteur » ceci
implique que l’employeur n’est jamais considéré comme le titulaire originaire
des droits d’auteur. Il ne peut les acquérir de la part de ses employés que par
une cession expresse à son profit. La preuve de l’existence d’une relation de
travail et du paiement d’un salaire à l’employé ne suffit donc pas à présumer
une cession des droits d’auteur au profit de l’employeur.
De même, il ne suffit pas à cet effet d’inclure dans le contrat de travail une
clause générale de cession de toutes les œuvres pouvant être créées par le salarié
dans le cadre de ses fonctions puisque la cession globale des œuvres futures est
nulle. Article 18 « la protection est accordée à l’œuvre du seul fait de sa
création». Et 24 selon lequel « La cession globale des œuvres non encore
réalisées est nulle …..».
►Pour chaque oeuvre créée, un contrat de cession devrait donc, en principe,
être conclu entre le salarié créateur et l’entreprise moyennant de surcroit une
rémunération distincte du salaire pour la prestation de création elle-même.
*L’auteur créateur sur commande
Mais leur emploi n’a jamais été vraiment établi. Certains préfèrent
des euphémismes comme « collaborateur » ou « documentaliste ».
♦A chacun son métier, il y a ceux qui ont une "histoire" et, ceux qui savent les
raconter. Les deux personnages se complètent, peuvent vivre en symbiose et
forment un binôme constructif → savoir déterminer comment.
♦Il n'y a que le romancier qui imagine son histoire, qui la tire de faits réels et
de son expérience, et qui la rédige → création de l’œuvre et titularité de droit
d’auteur.
*L’auteur producteur ou promoteur
A titre de conclusion
Toute atteinte au droit d’auteur quelle qu’en soit la forme est sanctionnée par
une action en justice qui, outre le fait de dédommager la victime, permet dans
certains cas de faire procéder à une saisie des biens contrefaisants et des outils
servant à leur fabrication.
Les interdictions ayants déjà été étudiées, on se contentera dans le cadre de cette
partie d’analyser les mesures de prévention et de contrôle et les sanctions
encourues en cas d’action de l’auteur victime de telles atteintes. L’auteur qui
peut établir son droit sur une œuvre peut poursuivre toute personne l’ayant
copiée, diffusée, ou reproduite sans autorisation et ce aussi bien sur le plan civil
que pénal.
Article 54 - bis
Le titulaire du droit ou son représentant peut à titre conservatoire et en vertu d'une ordonnance sur requête du président
du tribunal compétent, faire procéder par huissier notaire assisté d'un expert désigné, le cas échéant, par le président du
tribunal compétent, à la description détaillée, avec ou sans saisie réelle des produits qui présentent une violation aux droits
d'auteur ou droits voisins.
La saisie réelle se limite, le cas échéant, à mettre entre les mains de la justice les échantillons nécessaires pour prouver la
violation. (…)
Le président du tribunal compétent peut également dans la même forme ordonner :
1- la suspension de toute opération de fabrication en cours tendant à la reproduction illicite d'une oeuvre.
2- la saisie des exemplaires déjà fabriqués ou en cours de fabrication constituant ne reproduction illicite de l'oeuvre, des
recettes réalisées, ainsi que des exemplaires illicitement utilisés, conformément aux dispositions du code de procédures pénales.
3- la saisie des recettes provenant de toute reproduction ou représentation ou interprétation ou diffusion de l’oeuvre, par
quelque moyen que ce soit, effectuées en violation des droits d'auteur ou des droits voisins.
Le président du tribunal compétent peut en vertu d'une ordonnance sur requête, dans les cas prévus aux paragraphes un,
deux, et quatre du présent article, ordonner la constitution préalable par le demandeur, d'un cautionnement avant de
procéder à la saisie.
La description, la saisie, l’arrêt ou l’interdiction de la représentation ou l’exécution est levée de plein droit à défaut par le
demandeur d'avoir dans un délai de quinze jours engagé une action en justice et ce, indépendamment des dommages -intérêts.
Le délai de quinze jours court à partir du jour de la description, la saisie, l’arrêt ou l’interdiction.
La loi de 1994 / modifiée par la loi de 2009 dispose dans son article 54 bis que
les représentations ou exécutions publiques en cours ou déjà annoncées peuvent
être arrêtées ou interdites, en vertu d’une ordonnance sur requête obtenue du
président du tribunal compétent.
B. La saisie contrefaçon
L’article 51 (nouveau) dispose que « Quiconque aura porté atteinte aux droits
d’auteur et aux droits voisins prévus par la présente loi, sera tenu de verser au
titulaire de ce droit des dommages intérêts matériels et moraux dont le montant
sera déterminé par la juridiction compétente ».
Sur le plan pénal, la loi a réglementé la liste des officiers pouvant procéder à
des constats, les personnes susceptibles de poursuites et les sanctions
encourues.
Les peines encourues en cas d’atteint aux droits d’auteur sont prévues dans
d’article 52 de la loi et diffèrent selon la gravité des faits