Goitres - Nodules Thyroïdiens
Goitres - Nodules Thyroïdiens
Goitres - Nodules Thyroïdiens
IV/ Physiopathologie :
Facteurs nutritionnels :
La carence iodée est à l'origine des goitres simples. Une excrétion urinaire iodée <50µg/24h
indique une carence en iode sévère.
Le développement du goitre répond à un mécanisme adaptatif thyroïdien à type d'hyperplasie
assurant la persistance d'une synthèse hormonale de T4 et T3 malgré des apports nutritionnels en
iode insuffisant (apports conseillés > 150 ug/j).
Cette adaptation se fait sans élévation du taux circulant de TSH mais par une augmentation de la
sensibilité des cellules thyroïdiennes à l'hormone induite par le déficit en iode lui-même
Facteurs goitrigènes :
Facteurs nutritionnels : thiocyanates contenus dans les choux, les navets, le soja, manioc.
Médicaments : thionamides
Vitamine A : il a été démontré que dans les pays en voie de développement où coexistent carence en
iode et carence en vitamine A, la supplémentation en iode et en vitamine A était plus efficace sur la
réduction du volume thyroïdien que la supplémentation en iode seule. Cette observation s'explique par
l'effet d'inhibition qu'exerce la vitamine A sur la transcription du gène de la sous-unité alpha de la TSH
ainsi, elle potentialise l'action de l'iode en régulant le principal facteur de croissance de la thyroïde.
- La croissance peut être stimulée par des facteurs de croissance extrinsèques et intrinsèques :
Facteurs de croissance : TSH - IGF1
Immunoglobulines : TGI
Facteurs génétiques : cette pathologie se concentre souvent dans quelques familles. D’où l'importance
de préciser les antécédents familiaux
Facteurs hormonaux : Les femmes sont les plus concernées : 6 femmes pour un homme.
Rôle des estrogènes et surtout rôle des grossesses : il existe une augmentation de volume de la thyroïde
del0 à 20 % durant la grossesse, augmentation plus importante en cas de carence iodée. Beaucoup de
goitres ne régressent pas après l'accouchement.
V/ Goitre
A. Clinique :
1. Circonstances de découverte : examen systématique ;
auto-découverte ; apparition de signes de compression
2. Interrogatoire :
antécédents familiaux, consanguinité, âge
origine ethnique ou régionale du patient
préciser l'épisode de la vie génitale
date et caractères d'apparition, l'évolution de la tuméfaction.
prise médicamenteuse (Produits iodés)
Signes accompagnateurs :
locaux (de compression) : douleur, dysphagie, dysphonie, dyspnée, toux, Sd de CBH, sd cave sup
signes de dysthyroïdie : hypo ou hyperthyroïdie
3. Examen physique :
Inspection :
visualise la tuméfaction et précise le volume
signes de compression veineuse
aspect de la peau
recherche de cicatrice d’intervention chirurgicale.
Palpation de la région thyroïdienne : répétée, en faisant déglutir le patient, elle permet de :
préciser la nature thyroïdienne de la masse qui ascensionne à la déglutition
déterminer le volume du goitre, sa consistance, son caractère symétrique ou asymétrique, régulier ou
irrégulier, sa mobilité, sa sensibilité, l'existence de signes vasculaires ou de nodules en son sein.
rechercher des adénopathies cervicales.
préciser les mensurations (tour du cou), à répéter à chaque examen.
Rechercher une hypertrophie diffuse ou localisée
Auscultation : recherche d’un souffle
Examen général : recherche de signes de dysthyroïdie
Au terme de cet examen, on procède à la classification du goitre (OMS 1994)
Stade 0 : Pas de goitre palpable ou visible
Stade 1 : Goitre palpable, non visible lorsque le cou est en position normale
Présence de nodule(s)
Stade 2 : Goitre visible le cou en position normale
Affection très fréquente, puisque des nodules palpables sont retrouvés chez 4 - 7 % de la population.
Définition : On désigne sous le terme de nodule toute hypertrophie localisée de la glande thyroïde
Les facteurs qui prédisposent à la survenue des nodules :
Facteurs constitutionnels : l’impact de l’âge, du sexe féminin, de la parité (prévalence 3 fois plus
faible chez les nullipares) est formel.
La surcharge pondérale constitue également un facteur favorisant.
La carence iodée, même relative, favorise la nodulogénèse (nodules normo fonctionnels et nodules
autonomes).
La radiothérapie externe, à doses faibles et modérées, accroît le risque de nodules. Ce risque est
proportionnel à la dose, majoré dans le sexe masculin et surtout en cas d’irradiation dans le jeune âge.
La proportion des nodules malins :
- Le pourcentage de nodules malins a été estimé entre 3 et jusqu’à 20 % dans des séries chirurgicales.
- Le sexe masculin, ou un âge de moins de 20 ans ou de plus de 60 ans, multiplient par 2 le risque de
cancer.
- La taille du nodule n’a pas d’influence sur le risque de cancer.
En revanche, si le nodule s’avère correspondre à un cancer, son pronostic est influencé par la taille.
A. Clinique :
1. Interrogatoire :
les circonstances de découverte du nodule (par le patient, l’entourage, le médecin).
le caractère brûtal ou non de son apparition, d’éventuelles modifications de volume.
les antécédents thyroïdiens personnels et familiaux.
la notion de prise médicamenteuse (iode ) ou de radiothérapie intéressant la région cervicale.
l’existence de compression locorégionale (vasculaire, nerveuse ou aérodigestive), de signes de
dysthyroïdie (hyper- ou hypo-), ou de signes associés (diarrhées, flush).
2. Palpation : répétée, elle déterminera la localisation du nodule, sa taille, sa consistance, son caractère
indolore ou non, sa mobilité lors de la déglutition affirmant sa nature thyroïdienne, la présence d’autres
nodules associés et recherchera des adénopathies cervicales. L’examen recherchera également des signes
de compression trachéale (dyspnée), récurentielle (voix bitonale) ou œsophagienne (dysphagie).
Critères cliniques de la bénignité ou de la malignité d’un nodule :
Si un certain nombre de critères cliniques peuvent orienter vers la malignité (tableau II), aucun n’est
complètement spécifique. Leur sensibilité est médiocre car seule une minorité de patients ayant un cancer
présentent un ou plusieurs de ces critères. Il faut cependant les rechercher car leur valeur prédictive
positive est élevée. Ainsi, quand au moins deux critères de forte suspicion sont présents, le risque de
malignité est proche de 100 %. La taille du nodule ne constitue pas un argument en faveur du cancer.
Cependant le pronostic des cancers est lié à leur taille. C’est pourquoi il est traditionnel de prendre avec
prudence les nodules dont la taille excède 3 ou 4 cm.
Marqueurs cliniques du risque de cancer en présence d’un nodule thyroïdien
- Âge<16 ans ou>65 ans
- Sexe masculin
- Hérédité de carcinome papillaire (plus de 2 sujets dans la famille), d’épithélioma médullaire
ou de néoplasie endocrinienne multiple de type 2
- Coïncidence de maladie de Cowden, de polyadénomatose colique familiale isolée ou dans
le cadre du syndrome de Gardner, de complexe de Carney, de maladie de von
Recklinghausen
- Antécédent d’irradiation cervicale
- Nodule récemment apparu ou rapidement évolutif
- Nodule dur, irrégulier, ou fixé
- Paralysie récurrentielle
- Adénopathie proximale
B. Bilan complémentaire :
3. Échographie thyroïdienne : utile pour préciser la nature liquidienne, solide ou mixte du nodule.
4. Cytoponction du nodule
- Capitale entre des mains entraînées et si le cytologiste est de valeur.
- Plusieurs ponctions sont réalisées sur le même nodule avec des orientations différentes.
- Une cytologie négative n’exclut pas la présence d’un foyer carcinomateux débutant. inversement,
la présence de cellules atypiques doit conduire à une vérification chirurgicale
*La cytoponction est recommandée dans les situations suivantes :
- un contexte à risque :
antécédent de radiothérapie externe dans l’enfance
histoire familiale de CMT ou NEM2
antécédent personnel ou familial de maladie de Cowden, de polypose familiale, de complexe de
Carney, de syndrome de McCune-Albright
taux de calcitonine basal élevé à deux reprises
nodule accompagné d’une adénopathie suspecte
nodule découvert dans le cadre de l’évaluation d’une métastase prévalente.
- un nodule à risque :
nodule ayant des caractéristiques cliniques de suspicion
dureté, signes compressifs, augmentation de volume en quelques semaines ou mois
nodule ayant augmenté de 20 % en volume (ou dont deux dimensions au moins ont augmenté de 2
mm au moins) depuis la dernière estimation de taille
nodule ayant au moins deux des critères échographiques de suspicion suivants : solide et
hypoéchogènes, micro calcifications, limites/bords imprécis, forme plus épaisse (AT) que large (T),
vascularisation de type IV
nodule pour lequel les étalements cytologiques initiaux se sont révélés non contributifs, ou comportent
une lésion vésiculaire de signification indéterminée.
en cas de multinodularité sans contexte à risque ni nodule à risque
nodule dominant >2 cm (non kystique pur) au sein d’une thyroïde pluri-nodulaire
C. Etiologies des nodules : Dans un certain nombre de circonstances, les données cliniques sont telles
qu’elles orientent d’emblée vers un diagnostic précis et limitent alors les évaluations.
Hématocèle : un nodule douloureux d’apparition brutale est très évocateur. Cette hématocèle
peut être pure, ou correspondre à une hémorragie au sein d’une lésion préexistante. Dans ce dernier
cas, 90 % des nodules hémorragiques sont bénins, les 10 % restants seraient malins, particulièrement
lorsque le saignement se reproduit après ponction évacuatrice.
Kyste thyroïdien : typiquement, il s’agit d’un nodule d’apparition rapide, douloureux. A contenu
clair, quasiment acellulaire. Bien que la ponction puisse être le traitement définitif de ce kyste, une
surveillance sera assurée, car il peut se reproduire.Enfin, le doute sur un microfoyer néoplasique
persiste. Seul l’effondrement définitif de la formation ponctionnée est rassurant
Nodule toxique : 5 à 10 % des nodules thyroïdiens (solitaires ou issus d’une thyroïde multinodulaire)
sont associés à une TSH abaissée : c’est l’adénome toxique, souvent évoqué sur la thyrotoxicose
clinique contemporaine. Cet adénome s’observe plus chez le sujet âgé, d’où la fréquence des signes.
Nodule chaud extinctif sans hyperthyroïdie : Son évolution vers la toxicité n’est pas constante.
La mise en évidence du parenchyme restant peut être faite par échographie (qui n’en garantit pas le
caractère fonctionnel).
Nodule de thyroïdite :
thyroïdite aiguë : une tuméfaction inflammatoire, accompagnée de fièvre, évoque un abcès thyroïdien.
Dans cette situation rare (immunodéprimé, enfant, fistule trachéo-thyroïdienne) la richesse en
polynucléaires et l’identification du germe dans le produit de ponction mènent au diagnostic ;
thyroïdite subaigüe : le contexte clinique (fièvre, douleur) et biologique (CRP très élevée, TSH
effondrée) reconnait les rares formes focales de cette thyroïdite. La cytoponction, si elle était pratiquée,
serait très douloureuse et montrerait un infiltrat inflammatoire et des cellules géantes multinucléées.
thyroïdite lymphocytaire chronique : l’accentuation de la lobulation thyroïdienne, une atteinte
hétérogène du parenchyme, la fermeté du nodule, un accroissement du taux de la TSH peuvent suggérer
au clinicien cette orientation. La mesure du taux d’anticorps antithyropéroxydase et les aspects
d’hypoéchogénicité échographique aident au diagnostic. En cytoponction, la cellularité abondante, la
pauvreté de la colloïde, la richesse en cellules lymphoïdes polymorphes, parfois étroitement liés à des
cellules épithéliales (volontiers oncocytaires), évoquent le diagnostic de nodule de thyroïdite lymphocytaire
thyroïdite de Riedel : cette thyroïdite très rare, rapidement diffuse et infiltrante, peut suggérer un
cancer anaplasique, en diffère par l’absence d’envahissement ganglionnaire. La cytoponction ne permet
pas toujours de distinguer ces deux affections, justifiant une vérification histologique.
Nodule froid solide à l'échographie : Le cancer thyroïdien doit être suspecté jusqu’à preuve
anatomophathologique du contraire
D. Evolution des nodules thyroïdiens : En ce qui concerne les nodules apparemment bénins :
- une régression spontanée d’au moins 50 % du volume s’observe dans 30 % des cas en moyenne
- une stabilisation est le fait de 30 % des nodules
- une augmentation de volume d’au moins 15 % est identifiée dans 20–56 %, après un suivi d’au moins
3 ans
- Apparition de nouveaux nodules lors de la surveillance : après lobectomie pour des lésions uniques ou
unilatérales, la récidive nodulaire est rare avant 4 ans et concerne de 3 à 28 % des sujets.
F. Surveillance :
Elle représente une alternative à la chirurgie pour les patients ayant des nodules non suspects ou bénins,
notamment en cytologie. L’évolution d’un nodule thyroïdien peut être marquée par l’apparition d’une
anomalie de la fonction thyroïdienne ou d’une gêne cervicale liée au volume du nodule.
La surveillance des patients ayant un nodule thyroïdien doit permettre de :
- dépister les cancers passés inaperçus ou non diagnostiqués
- dépister l’apparition d’un dysfonctionnement thyroïdien
- d’apprécier l’apparition d’une gêne fonctionnelle
VII/ Conclusion :
- Les goitres et nodules de la thyroïde sont fréquents.
- Les goitres diffus peuvent être homogènes ou nodulaires.
- Les goitres et nodules peuvent être en euthyroïdie ou pas.
- Leur physiopathologie n’est pas encore tout à fait élucidée.
- La carence iodée est l’un des principaux facteurs de goitrigénèse.