CSA - Etude Sport Et Radio
CSA - Etude Sport Et Radio
CSA - Etude Sport Et Radio
Un contenu porteur
pour un média en transformation ?
Novembre 2018
théma
2
Le sport à la radio
Sommaire
Sommaire ..................................................................................................................................................... 3
Introduction ................................................................................................................................................. 4
Conclusion ................................................................................................................................................. 43
3
Le sport à la radio
Introduction
Dans le monde et en France, la radio est un média clé pour la diffusion de l’information sportive et
la retransmission de compétitions sportives. La voix est un vecteur d’émotion et un outil efficace
pour transmettre les valeurs du sport.
Dans les années 1990 à 2000, les modes de traitement du sport en radio évoluent fortement et les
supports de diffusion se diversifient. Europe 1 développe ainsi son offre sportive avec le lancement
de son émission Europe 1 Sport en 1996, quand RMC, repris par le groupe NextRadioTV, s’oriente
sur un format « info-talk-sport » au début des années 2000. L’offre sportive en radio se renforce en
particulier autour du football, discipline traitée par une grande majorité des programmes sportifs
radiophoniques aujourd’hui. Le succès de l’équipe de France de football à la fin des années 1990 et
la montée en puissance des championnats nationaux et des coupes d’Europe sont le socle de ce
développement de l’offre de football en radio.
Aujourd’hui, le sport fait partie intégrante de l’offre d’un grand nombre de stations, à la fois des
radios généralistes nationales et des radios locales et régionales, privées comme publiques. Les
émissions récurrentes consacrées au sport sont toutefois de moins en moins nombreuses sur les
antennes des radios généralistes comme Europe 1 ou RTL, tandis que les radios comme RMC ou
Sud Radio consacrent toujours une part importante de leur programmation au sport, de même que,
dans une moindre mesure, certaines radios de service public et quelques radios régionales et
locales.
Dans un contexte de concurrence forte exercée sur la radio par les images télévisuelles et les
contenus disponibles sur internet, et de tensions sur le marché publicitaire radiophonique, les
acteurs radiophoniques adaptent leur grille, leurs contenus et leur stratégie éditoriale aux
nouveaux usages, en particulier en matière de contenus sportifs.
Cette étude entend faire un état des lieux de l’offre de sport en radio et du modèle économique
des radios autour de la diffusion de contenus sportifs. Elle s’inscrit dans la continuité des travaux du
Conseil sur les relations économiques existant entre le sport et la télévision publiés en 2017 2, et
vise ainsi à cerner le rôle du média radio pour le monde sportif. L’encadrement juridique inhérent à
la diffusion de sport en radio sera également abordé, en particulier les questions d’accès aux
enceintes sportives et du droit à l’information. Enfin, l’évolution des supports, des services et des
usages soulève des enjeux pour le secteur de la radio, notamment en matière de sport.
1
Diffusion simultanée de plusieurs rencontres.
2
CSA, Sport et Télévision : contributions croisées, 3 juillet 2017, https://www.csa.fr/Informer/Collections-du-CSA/Thema-
Toutes-les-etudes-realisees-ou-co-realisees-par-le-CSA-sur-des-themes-specifiques/Les-etudes-du-CSA/Sport-et-
television-Contributions-croisees2
4
Le sport à la radio
Répartition du volume horaire de programmes sportifs récurrents hebdomadaires diffusé sur les
radios nationales sur la saison 2017-2018
4%
5%
2%
5% RMC
Sud Radio
7%
RTL
8% 53% Europe 1
France Bleu
franceinfo:
16%
Source : Données CSA et données à date fournies par les stations dans le cadre de leurs auditions
Le sport constitue pour RMC l’un des deux piliers de sa programmation, avec l’information. La
station apparait comme la radio référente en termes de sport, la thématique est présente à
l’antenne les après-midis et soirées en semaine et le week-end. La radio consacre ainsi 40 % de son
temps d’antenne à la thématique sportive, avec 12 émissions récurrentes hebdomadaires.
Poids des programmes sportifs récurrents sur les différentes radios nationales sur la saison 2017-
2018
40%
13%
6% 5% 4% 4%
3% 1%
RMC Sud Radio RTL Europe 1 France Bleu franceinfo: RFI France Inter
Source : Données CSA et données à date fournies par les stations dans le cadre de leurs auditions.
5
Le sport à la radio
Le poids du sport dans l’offre de RMC est stable depuis 2004. Le direct depuis l’enceinte sportive et
le traitement de l’information sportive restent une priorité pour la station, bien que les émissions
de débats, dites émissions de « talk », supplantent petit à petit les couvertures intégrales
d’événements. Ces émissions sont diffusées de 16 heures à minuit en semaine et tout au long du
week-end. Elles concernent surtout le football (Team Duga, Larqué Foot 3, After Foot) même si
d’autres disciplines font aussi l’objet de ce type d’émissions. (Basket Time 4, Direct Rugby 5, Les
courses RMC). RMC a mis en place des partenariats avec des grands événements (ex : Marathon de
Paris), des institutions sportives (CNOSF), des fédérations nationales (Fédération française de ski)
ou encore des clubs (Stade Français de rugby).
Sur Sud Radio, le sport représente 21 heures de programmes récurrents, soit 13 % du temps
d’antenne, et principalement autour du rugby (90 % de la programmation sportive). Depuis la
reprise de la station par Fiducial Médias, l’offre de sport aurait progressé de 50 %. La convention de
la station prévoit une diffusion importante autour du rugby 6. Les matchs du TOP 14 et presque tous
ceux de PRO D2 sont couverts, comme ceux de l’Equipe de France et des clubs français en coupes
d’Europe. Au-delà du rugby, les événements sportifs majeurs sont traités dans le cadre de l’offre
d’information et sont parfois couverts en direct (Euro et Coupe du Monde de football, Jeux
Olympiques, Roland-Garros, Coupe Davis, etc.).
RTL, dont le sport constituait jusque récemment un élément phare de son offre, a vu sa
programmation sportive diminuer ces dernières années. En 2013, la radio diffusait 8 émissions
hebdomadaires (pour un volume de 27 heures), contre 4 émissions récurrentes aujourd’hui (soit 10
heures), en dehors des événements sportifs exceptionnels comme la Coupe du monde de football
ou de rugby, Roland Garros ou le Tour de France que la radio continue de couvrir. En tant que radio
généraliste, RTL estime devoir s’adresser à tous les publics par une variété de genres comme le
sport. Elle traite du sport dans le cadre de sa mission d’information, au travers de l’actualité
événementielle, de commentaires de matchs de ligue 1 (Multiplex RTL Ligue 1 le samedi soir), d’une
émission de débats (On refait le match) et de la couverture d’événements sportifs majeurs.
Le groupe Radio France intègre le sport au sein des journaux d’information et magazines avec une
approche transversale. La Direction des sports réalise des contenus qui sont ensuite mis à la
disposition des antennes. L’offre de sport représente plus de 7 heures de programmation
récurrente sur France Bleu (1 heure par jour sur chaque antenne locale, Stade Bleu le dimanche).
franceinfo: en propose près de 6 heures par semaine (chroniques ; traitement de l’actualité
3
Remplacée en septembre 2018 par l’émission Ici, c’est Willy, présentée par Willy Sagnol.
4
Remplacée par l’émission Buzzer Time en septembre 2018, une émission autour du basket-ball.
5
Remplacée en septembre 2018 par l’émission Entre les potos.
6
Convention Sud Radio pour le réseau national, Annexe II : Caractéristiques de la programmation, novembre 2013 : « une
attention particulière sera portée au rugby afin que ce sport représentatif du Sud de la France et historiquement lié à Sud
radio soit valorisé et soutenu sur l’antenne, notamment de sorte que les auditeurs soient effectivement informés de
l’actualité sportive »
6
Le sport à la radio
RFI, service de France Médias Monde, traite du sport via ses journaux d’information, des magazines
(Radio Foot Internationale du lundi au vendredi, Mondial Sports samedi et dimanche) et couvre des
compétitions de football (Coupes européennes de football notamment) ainsi que des grands
événements sportifs. La station diffuse environ 7 heures de programmes sportifs récurrents par
semaine.
Sur l’ensemble de ces radios, à l’exception de Sud Radio, le football est la discipline la plus exposée.
Sur les près de 70 heures de programmes sportifs de RMC, deux tiers sont consacrés à ce sport. RTL
suit toutes les semaines les matchs de Ligue 1 et consacre ses 10 heures récurrentes de
programmation sportive au football.
Après le football, les disciplines les plus traitées sont le rugby, le cyclisme et le tennis, à travers le
traitement et la couverture de grandes compétitions comme les compétitions nationales et
internationales de rugby, le Tour de France, Roland Garros, etc. Les Jeux olympiques ou
championnats du monde d’athlétisme et de natation sont aussi couverts de manière importante
par certaines radios.
Toutes ces radios disposent d’un service dédié aux contenus sportifs. A titre d’exemple, la rédaction
Sport d’Europe 1 est composée de journalistes à temps plein, aidés par des journalistes en fonction
de l’actualité sportive. Sud Radio, pour des raisons de coût et d’organisation, fait également appel à
une rédaction externalisée via l’agence de presse Rugby Medias (jusqu’à 10 journalistes sollicités en
fonction des journées). Le groupe Radio France a de son côté créé une Direction des sports (14
journalistes) en 2016 pour renforcer son offre de sport désormais pensée de manière transversale
au sein du groupe.
7
Exemples : championnat du monde de handball masculin en 2017, championnat du monde de football féminin en 2018,
conclusion de partenariats avec des clubs sportifs locaux par plus de 20 stations France Bleu.
7
Le sport à la radio
Des contenus sportifs traités dans leur diversité sur les radios locales
La programmation de contenus sportifs sur les radios privées locales apparait plus disparate. De
nombreuses stations locales relèvent de la thématique musicale ; aucune ne se consacre
entièrement au sport. Malgré cela, la grande majorité des radios locales traitent du sport a minima
dans les journaux et bulletins d’information (Jordanne Sport sur Jordanne Fm à Clermont-Ferrand,
Les sports sur la radio des ballons à Nancy). Certaines vont plus loin en proposant des magazines
consacrés à l’actualité sportive nationale et/ou locale (Les champions sur Tropic FM à Paris, Sport
Matin Dimanche sur Collines à Poitiers). Nombre d’entre elles s’attachent aussi à suivre de près les
équipes locales et à couvrir des événements sportifs locaux. Corsica Radio consacre ainsi une
émission au football et à l’équipe d’Ajaccio (Le journal des supporters) et Activ Radio suit les matchs
de l’AS Saint-Etienne en direct (dans Activ Stade). Tonic Radio à Lyon suit les matchs de l’Olympique
lyonnais (football) mais aussi du Club sportif Bourgoin-Jallieu (rugby), ou encore de l’ASVEL Lyon-
Villeurbanne (basket). Certaines radios locales s’attachent à créer des partenariats avec les clubs
locaux.
Dans le cadre de leur mission de service public, les 44 antennes locales du réseau France Bleu
consacrent du temps d’antenne à des émissions dédiées au sport. Le programme Stade Bleu,
commun à toutes les antennes, est ainsi diffusé chaque dimanche soir. L’offre sportive des stations
de France Bleu représente environ une heure par jour et au moins un journaliste par antenne est en
charge de traiter les sujets autour du sport. Le réseau s’attache à traiter du sport dans sa diversité
et dans sa proximité ; plus de 20 stations ont ainsi noué des partenariats avec des clubs sportifs
locaux.
Une grande diversité de sports est représentée sur les radios locales. Même si le football reste
prédominant, les radios locales permettent de suivre des événements sportifs qui sont peu relayés
sur les médias nationaux et contribuent à donner un écho aux sports et pratiques peu médiatisés
localement. Si la plupart du temps, ces radios ne couvrent pas les grands événements nationaux ou
internationaux, elles se font le relai au niveau local de ces compétitions internationales en
consacrant du temps d’antenne au retour de leurs champions locaux.
Il n’existe pas de dispositions générales relatives au sport au sein des conventions des éditeurs de
radios locales privées. En revanche, dans les annexes des conventions, peuvent figurer des
mentions fixant les engagements particuliers de chaque service et détaillant les caractéristiques de
la programmation. Les radios locales 8 doivent indiquer, dans leur convention, en quoi leur
programme « s’inscrit dans une réalité locale ». Les radios locales mentionnent, à des degrés
différents, la présence d’émissions ou de bulletins consacrés au sport ou à l’actualité sportive de la
zone couverte afin notamment de justifier de l’ancrage local de leur programmation. A la lecture
des conventions, trois positionnements de ces radios locales se distinguent :
- Les radios pour lesquelles le sport est une composante essentielle de la programmation
(ex : Tonic Radio) plaçant ce thème au cœur de leur programmation avec plusieurs
émissions consacrées au sport, à l’analyse et aux actualités sportives ainsi que des
retransmissions de matchs ;
- Les radios ayant noué un partenariat avec des clubs ou couvrant une zone sportivement
active (ex : Gold FM à Bordeaux ou Activ Radio à Saint-Etienne) proposant principalement
des retransmissions des matchs ou une tranche horaire consacrée au sport régional ;
- Les autres radios locales, traitant le sport du point de vue informatif.
8
Ont été étudiées les conventions des radios de catégorie B (services commerciaux à vocation locale indépendants).
8
Le sport à la radio
La radio locale publique France Bleu n’a de son côté aucune obligation en matière de sport. En sa
qualité de groupe public, le groupe Radio France accorde une place importante à la diversité des
programmes, et donc au sport, aux niveaux tant national que local.
Le SIRTI, syndicat des radios indépendantes, a mené une enquête auprès de ses membres sur leur
programmation sportive. Tous les membres qui ont répondu à l’enquête, quelle que soit la
catégorie de radios à laquelle ils appartiennent, sont impliqués dans les contenus sportifs, sous des
formats variés : flash info, jeux concours, chroniques, magazines, émissions spéciales et
retransmissions. Le volume horaire de diffusion consacré au sport varie selon les membres, de
quelques minutes via des flashs info à plusieurs heures avec des émissions dédiées. Le football et le
rugby apparaissent incontournables mais d’autres sports sont aussi mis en valeur, en fonction des
performances des athlètes et des équipes locaux (handball, basketball, volleyball, athlétisme, etc.).
Les retransmissions intégrales d’événements sportifs sont moins nombreuses du fait
principalement des coûts qu’elles engendrent (déplacements des journalistes), mais aussi des aléas
des horaires et de la longue durée de certaines épreuves.
Des radios ont développé un accès à leurs émissions sportives en podcast sur leurs supports
numériques (site Internet et applications). Les podcast d’émissions sportives concernent surtout
des émissions de débats ou des magazines. La consommation d’une émission sportive en podcast
se fait très majoritairement les quelques jours suivants sa diffusion en radio, compte tenu de son
lien fort avec l’actualité sportive.
Il n’existe pas à proprement parler de pure player audio dédié exclusivement au sport. Ceci suggère
qu’un modèle économique pérenne de webradio consacrée à des contenus sportifs ne semble pas
encore avoir été trouvé. Le groupe RTL, en partenariat avec le groupe l’Equipe, avait tenté
l’expérience en lançant une webradio sportive en 2007. Au bout de trois ans, malgré des
investissements conséquents, les revenus n’étaient pas suffisants et le projet a dû être abandonné.
Des webradios temporaires, consacrées à une compétition sportive dont la période est concentrée,
peuvent toutefois exister. La Fédération française de tennis (FFT) a ainsi fait le choix de créer une
9
Le sport à la radio
webradio pendant le tournoi de Roland Garros pour proposer des contenus complémentaires
autour de la compétition à ce qui est déjà accessible sur Internet (résultats, fiche sur les joueurs,
etc.), en s’appuyant sur ses compétences et connaissances. La radio est diffusée en anglais, la
fédération ciblant des pays où la médiatisation télévisuelle n’est pas assurée.
Les agrégateurs de contenus français comme Radioline ne font apparaître que très peu de contenus
sportifs en dehors de la reprise des flux des radios nationales cités ci-dessus. Au sein de ces
agrégateurs, les radios musicales sont omniprésentes. En revanche, TuneIn, la plateforme
américaine d’agrégation de contenus audio, propose une offre premium de sport (9,99 $ par mois)
qui permet entre autre d’avoir accès à des retransmissions en direct de matchs de la NFL 9, de la
MLB 10, de la NBA 11 et de la NHL 12.
Enfin, les podcast natifs, des créations sonores conçues pour être diffusées directement en ligne,
sans passer par l'antenne, sont aujourd’hui encore peu développés s’agissant de sport.
S’agissant des genres de programmes, les radios traitent principalement du sport par des
programmes d’information générale ou spécialisée, des émissions de débats et la couverture
d’événements sportifs, quand les chaînes de télévision proposent surtout des retransmissions
sportives mais traitent aussi de sport au travers de magazines et journaux d’information.
Le nombre de radios spécialisées en sport est moins conséquent que le nombre de chaînes de
télévision thématiques autour du sport.
La radio, comme la télévision gratuite, offre une couverture très large du territoire français. La
diffusion d’événements sportifs tant à la radio qu’à la télévision gratuite est ainsi accessible au plus
grand nombre. En revanche, un grand nombre de compétitions sont diffusées en télévision payante
et ne sont donc pas accessibles à tous en télévision alors qu’elles le sont en radio (cas de la Ligue 1).
Contrairement au média télévisuel, la radio ne fait pas l’objet d’une législation équivalente à celle
concernant les événements d’importance majeure qui doivent être accessibles facilement au plus
grand nombre à la télévision (décret n°2004-1392 du 22 décembre 2004), ni à celle concernant les
brefs extraits. Et contrairement à certaines chaines de télévision, les radios n’ont pas d’obligation
de diffusion de programmes sportifs.
9
National Football League, ie la ligue de football américain.
10
Major League Baseball.
11
National Basketball Association, ie la ligue de basket américaine.
12
National Hockey League.
10
Le sport à la radio
Parmi les cinquante stations nationales disponibles au Royaume-Uni 13, trois stations proposent en
particulier des contenus sportifs. BBC Radio 5 Live, radio publique généraliste, est une radio
principalement d’information et de sport ; elle couvre les grandes manifestations sportives
nationales comme la Premier League de football. BBC Radio 5 Live Sports Extra, déclinaison de BBC
Radio 5 Live, propose une couverture complémentaire sportive à BBC Radio 5 Live, avec des
commentaires sur une diversité de compétitions et de disciplines (football, rugby, tennis, cricket,
etc.). TalkSport 1 et TalkSport 2 sont des radios privées thématiques sportives qui proposent une
couverture large de sports (football, rugby, cricket, sports hippiques, boxe, tennis, golf) à travers
des genres de programmes variés (retransmissions, débats, interviews).
En Italie, quasiment toutes les radios nationales diffusent des contenus sportifs, au moins dans le
cadre de programmes d’information. Les radios locales diffusent également des contenus sportifs.
Parmi les programmes sportifs phares, peuvent être relevés Tutto il calcio minuto per minuto (qui
couvre les matchs de Serie A et de Serie B) sur la Radio 1 de la RAI ou encore le magazine Deejay
Sporting Club sur la radio privée Radio Deejay. Le sport est présent essentiellement au travers de
magazines qui se concentrent en particulier sur le football, discipline sportive la plus exposée à la
radio italienne.
S’agissant de l’Allemagne, les radios de couverture nationale sont peu nombreuses à traiter de
sport. En revanche, à l’échelle régionale, la thématique sportive est très présente et la discipline la
plus exposée est le football. Toutes les régions allemandes sont couvertes par au moins une radio
régionale publique qui diffuse une émission autour de contenus sportifs. Les émissions sportives
sur ces radios sont pour la plupart diffusées le samedi et le dimanche pendant l’après-midi et
proposent des retransmissions sportives en direct, des commentaires, de l’information sportive et
des reportages, des interviews de joueurs/entraineurs et/ou des émissions de débats post match. Il
s’agit par exemple des émissions Heute im Stadion sur Bayern 1, Die Fussball Bundesliga sur
Bremen 1, Heimspiel sur HR1 ou encore Sport am Sonnabend sur RBB inforadio. Les radios locales
proposent du sport autour des équipes locales et des compétitions qui ont lieu dans leur périmètre
de diffusion.
13
Ofcom, The UK Communications Market : Radio and Audio,
https://www.ofcom.org.uk/__data/assets/pdf_file/0014/105440/uk-radio-audio.pdf
14
http://www.rtve.es/alacarta/audios/radiogaceta-de-los-deportes/
15
Exemples : El Partido de las Nueves sur Onda Madrid, Region deportiva sur Onda Regional de Murcia.
11
Le sport à la radio
Principaux enseignements :
Sur le hertzien, au niveau national, le sport est traité essentiellement via l’information sportive et la
couverture d’événements sportifs majeurs, qui constituent une sorte de « tronc commun » des
radios généralistes, ainsi que par les émissions de débats, pour les stations qui accordent au sport
une place plus importante. La station RMC, dont le sport est l’un des piliers de la programmation
avec l’information, diffuse de loin le plus de programmes sportifs récurrents, et en particulier de
football. Sud Radio, deuxième plus important diffuseur de sport, se consacre principalement au
rugby. Les radios du service public France Bleu, franceinfo:, RFI et dans une moindre mesure France
Inter, proposent une programmation sportive variée, notamment au niveau local. Les radios
généralistes nationales Europe 1 et RTL traitent l’information sportive et suivent les grands
événements sportifs, mais leur offre de sport évolue à la baisse depuis quelques années. Au niveau
local, les radios traitent du sport dans leurs journaux d’information et parfois au sein d’émissions
dédiées. Elles couvrent aussi des compétitions qui ont lieu dans leur zone de diffusion et suivent les
équipes et athlètes locaux.
Les déclinaisons numériques des antennes hertziennes sont de plus en plus présentes. L’offre de
webradio est foisonnante mais concerne en grande majorité des radios musicales, les offres de
sport restant très limitées.
A titre de comparaison, au Royaume-Uni, l’offre de sport en radio est concentrée autour de deux
acteurs spécialisés : BBC Radio 5 Live (acteur public) et TalkSport (acteur privé). En Espagne,
plusieurs radios, privées comme publiques, (Radio Nacional de España, Cadena Ser, Cadena Cope
ou encore Onda Cero) traitent du sport au travers d’émissions emblématiques. En Italie, l’offre de
sport est visible essentiellement au travers de magazines. Quant à l’Allemagne, les programmes
sportifs sont présents en particulier sur les radios publiques régionales et les radios locales. Dans
ces quatre pays, l’offre de sport est centrée autour du football.
12
Le sport à la radio
Depuis 4 ans, l’audience cumulée du média radio a baissé de 2,2 points 16, pour s’établir à
43 millions d’auditeurs en avril-juin 2018. Le média radio est consommé par toutes les catégories
d’âge ; la structure d’auditoire par âge du média radio au global est en effet assez équilibrée.
Toutefois, la baisse de l’audience cumulée de la radio 17 depuis plusieurs années concerne surtout
les plus jeunes auditeurs : entre la période septembre 2003 - juin 2004 et la période septembre
2016 - juin 2017, l’audience cumulée de la radio chez les 13-24 ans est ainsi en recul de 18,1 points
(soit une perte de près de 1,7 million d’auditeurs), contre seulement - 4 points pour l’ensemble des
13 ans et plus.
90,0
88,5
85,4 86,2 86,0
86,8 83,9
84,9 85,1 83,9
81,7 81,4 81,8 81,9 81,4
83,9 83,8 83,5 82,7 81,6 81,2 80,4
82,8 81,2 82,0 80,2 79,9
81,5
80,9 81,4 80,1 80,3
79,1 79,1
78,2
77,0 77,0
74,1
71,9
S03 - S04 - S05 - S06 - S07 - S08 - S09 - S10 - S12 - S13 - S14 - S15 - S16 -
J04 J05 J06 J07 J08 J09 J10 J11 J13 J14 J15 J16 J17
La répartition par genre de l’audience de la radio est plutôt homogène : 49,5 % d’hommes et 50,5 %
de femmes en moyenne sur la période septembre 2017 - juin 2018.
16
Audience cumulée radio : 78,9 % en avril – juin 2018 vs. 81,1 % en avril – juin 2015. Source : Médiamétrie - 126 000
Radio - Avril-Juin 2018 - Copyright Médiamétrie - Tous droits réservés.
17
Pourcentage de la population ayant écouté la radio au moins une fois dans la journée.
18
Le CSA ne dispose pas de ces mêmes données pour les jours du weekend.
13
Le sport à la radio
Evolution du quart d’heure moyen en semaine du média radio sur la période Septembre 2017-
Juin 2018
(En milliers de téléspectateurs)
16 000
14 000
12 000
10 000
8 000
6 000
4 000
2 000
Source : Médiamétrie - 126 000 Radio - Cumul Septembre 2017-Juin 2018 – Lundi-Vendredi - Copyright Médiamétrie 2018 -
Tous droits réservés
Plus un programme est écouté, plus les annonceurs voudront insérer leurs spots publicitaires
autour de ce programme. Comme en télévision, l’audience constitue ainsi pour les annonceurs une
mesure de la performance potentielle de leurs investissements publicitaires. La publicité étant la
principale ressource financière pour une grande partie des radios, l’audience est alors un élément
déterminant pour ces dernières.
Les radios se financent via trois sources principales, dont l’importance respective varie en fonction
de leur catégorie et leur statut : la publicité, la contribution à l’audiovisuel public (CAP) et le fonds
de soutien à l’expression radiophonique (FSER).
14
Le sport à la radio
Les stations de Radio France et de France Médias Monde bénéficient du produit de la contribution
à l’audiovisuel public (CAP). En 2017, la CAP a représenté 86,5 % des ressources de Radio France 19.
Les radios associatives de catégorie A ont la possibilité de demander auprès du FSER le versement
de quatre subventions distinctes : la subvention d’installation, la subvention d’équipement, la
subvention d’exploitation et la subvention sélective. Environ 680 radios associatives en métropole
et outre-mer bénéficient de ces subventions. S’agissant de la subvention d’exploitation versée par
le FSER en 2015, le montant moyen est d’environ 36 000 € par radio.
Hormis pour les radios publiques et les radios associatives de catégorie A, les acteurs du secteur
radiophonique se financent essentiellement par les ressources publicitaires.
Sur la saison septembre 2017 – juin 2018, les investissements des annonceurs sont essentiellement
concentrés sur la semaine (83 % vs. 17 % le week-end). Sur une journée type, les programmes du
matin (7h-10h) et les programmes de fin d’après-midi (16h-19h) concentrent près de 60 % des
investissements, conformément à la répartition de l’écoute de la radio. Les programmes de
première partie de soirée (20h-23h) ne constituent que 1,7 % des investissements annonceurs en
radio. A titre de comparaison, cette tranche horaire représente 39 % des investissements en
télévision 20. Or, c’est au cours de cette tranche horaire que de nombreuses compétitions sportives
sont organisées (notamment les championnats nationaux et les coupes européennes de football).
Si la CAP et le FSER sont des ressources assez stables dans le temps, les recettes publicitaires sont
fluctuantes. Depuis 2011, elles sont plus précisément à la baisse. Les recettes publicitaires nettes de
la radio s’établissent à 694 millions d’euros en 2017, contre 748 millions en 2011, soit une baisse de
7,2 %.
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
19
Source : Rapport d’activité 2017 de Radio France.
20
Kantar Media, Traitement CSA.
15
Le sport à la radio
La baisse des recettes publicitaires nettes de la radio touche aussi bien la publicité radiophonique
nationale (-7,4 % entre 2011 et 2017) que locale (-6,6 %) 21.
Dans ce contexte de réduction des recettes publicitaires, les radios privées peuvent faire le choix de
concentrer leurs ressources sur les plages horaires de forte écoute et de réduire leurs
investissements dans les programmes peu attractifs ou trop coûteux, ce qui peut impacter leur
offre de sport. Les radios généralistes nationales ont ainsi tendance à se concentrer sur des
compétitions internationales attractives (Jeux olympiques, Coupes du monde, etc.) et sur le
football, au détriment d’autres évènements sportifs et disciplines.
Les antennes de Radio France, dont le financement n’est que minoritairement assuré par les
recettes publicitaires (qui représentent 12 % de leurs ressources en 2016), traitent d’une variété de
disciplines, en particulier sur les antennes locales de France Bleu.
Pour comprendre le rôle de l’offre de sport dans le modèle économique des radios, il est utile
d’étudier le degré d’attractivité du sport auprès des consommateurs de radio et le niveau de
rentabilité de ces programmes (donc les retombées et coûts que cette offre sportive engendre pour
l’éditeur).
La structure d’auditoire par âge de RMC se démarque ainsi de celle des autres radios généralistes
nationales. Elle se caractérise en particulier par un poids plus important de la catégorie 25-49 ans
(plus de 45 % de son auditoire) quand les publics de RTL, Europe 1, Sud Radio, franceinfo:, France
Bleu et France Inter comprennent au moins 60 % d’auditeurs de plus de 50 ans. RMC a orienté sa
ligne éditoriale autour du sport et de l’information et arrive à attirer un public plus jeune que les
autres radios généralistes nationales qui diffusent moins de contenus sportifs, comme le montre la
figure ci-dessous. Cette spécificité peut permettre à RMC de proposer à des annonceurs une cible
publicitaire différente des autres radios généralistes.
21
IREP, Traitement CSA.
16
Le sport à la radio
Structure d’auditoire par âge des radios généralistes nationales qui diffusent des contenus
sportifs sur la période Septembre 2017 – Juin 2018
22,6%
36,4% 30,6%
40,5% 39,7% 39,2% 44,5%
25,0% 65 ans et +
29,6% 50-64 ans
26,4% 24,7%
34,8% 33,0% 35-49 ans
30,6%
32,4%
25-34 ans
21,1% 27,1% 23,5%
18,1% 13-24 ans
16,2% 18,3%
9,7% 13,6%
4,3% 8,1% 6,5% 5,7% 4,3%
6,5% 4,2% 4,6% 5,6% 3,9% 6,3% 2,2%
FRANCE INTER FRANCE BLEU franceinfo: EUROPE 1 RTL RMC SUD RADIO
Source : Médiamétrie - 126 000 Radio - Cumul Septembre 2017-Juin 2018 – Lundi-Vendredi. Médiamétrie, Médialocales,
septembre 2017 – juin 2018, cumul des univers Aquitaine, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées.
Note : la structure d’auditoire des stations hormis Sud Radio est calculée au niveau national d’après l’étude de
Médiamétrie - 126 000 Radio. Pour Sud Radio, l’analyse menée par le CSA est faite à partir de données locales.
Comme le média radio dans son ensemble, les radios généralistes nationales qui diffusent du sport
ont une structure d’auditoire par genre assez équilibrée. Seules Sud Radio et franceinfo:, et encore
plus nettement RMC, ont un public majoritairement masculin (respectivement 59,1 %, 61,5 % et
75,1 % d’auditeurs hommes), comme le montre la figure ci-dessous.
Structure d’auditoire par genre des radios généralistes nationales diffusant des contenus sportifs
sur la période Septembre 2017 – Juin 2018
24,9%
47,8% 38,5% 49,3% 48,2% 39,9%
53,8%
75,1%
52,2% 61,5% 50,7% 51,8% 59,1%
46,2%
FRANCE INTER FRANCE BLEU franceinfo: EUROPE 1 RTL RMC SUD RADIO
Homme Femme
Source : Médiamétrie - 126 000 Radio - Cumul Septembre 2017-Juin 2018 – Lundi-Vendredi. Médiamétrie, Médialocales,
septembre 2017 – juin 2018, cumul des univers Aquitaine, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées.
Note : la structure d’auditoire des stations hormis Sud Radio est calculée au niveau national d’après l’étude de
Médiamétrie - 126 000 Radio. Pour Sud Radio, l’analyse menée par le CSA est faite à partir de données locales.
La station Europe 1, qui a supprimé peu à peu ses émissions consacrées au sport les soirs en
semaine depuis 2010, a vu en même temps sa structure d’auditoire par âge évoluer légèrement
depuis plusieurs années, le public de l’antenne vieillissant : les plus de 50 ans représentent 64,4 %
de l’auditoire en septembre 2017 - Juin 2018, contre 62,3 % en septembre 2012 – Juin 2013. Ces
changements de programmation ont pu constituer un facteur d’évolution de la structure
d’auditoire.
17
Le sport à la radio
Au Royaume-Uni, le public des radios qui diffusent du sport (TalkSport et BBC Radio 5 Live et sa
déclinaison) est aussi plus masculin que l’auditoire des autres radios nationales, comme le montre
la figure ci-dessous.
Comparaison des structures d’auditoire (âge et sexe) des radios nationales diffusées au
Royaume-Uni
22
Année Radio 2017/2018, Médiamétrie,
https://www.mediametrie.fr/webmail/AnneeRadio/Mediametrie_AnneeRadio2017_2018.pdf
23
CSA, Les programmes sportifs à la radio : état des lieux et perspectives, Janvier 2013.
18
Le sport à la radio
diffusent des contenus sportifs ont logiquement des auditeurs sensiblement plus « motivés » par
les programmes de sport.
Le sport ne compte donc pas parmi les sources principales de motivation d’écoute de la radio. La
couverture intégrale d’un événement serait même devenue moins attractive qu’auparavant sur les
radios nationales. Selon certaines radios privées, retransmettre un match à la radio ne serait plus
aussi porteur qu’auparavant du point de vue de l’audience ; le traitement de l’information sportive
et surtout les émissions de débats autour de compétitions sportives seraient plus attractifs. La
couverture d’un événement et le traitement brut de l’information sportive sont directement
concurrencés par le numérique, qui permet une diffusion d’images et de sons enrichie (résultats en
directs, fils d’actualité, articles…), et ce presqu’en temps réel. « L'image, on peut l'avoir partout
avec les offres digitales, cela rend le média radio de plus en plus fragile sur le direct. C'est aussi la
raison pour laquelle nous allons de plus en plus vers l'opinion...» 24 indique ainsi le groupe SFR.
Au niveau régional et local, le sport semble porteur. En effet, pour les radios qui ont répondu à
l’enquête réalisée par le SIRTI, le sport permettrait de conforter une certaine audience, voire de
l’élargir, et ferait partie des sources de motivation pour l’écoute de leur antenne.
Pour l’ensemble des radios, la présence d’un consultant emblématique à la voix bien identifiée dans
des sports majeurs fidélise l’auditeur et est une source de motivation d’écoute.
Au cours de ces dernières années, RMC est la radio généraliste dont l’audience a le plus fortement
progressé. Après plusieurs années de hausses ininterrompues 25, l’audience cumulée et la part
d’audience de ce service ont légèrement diminué entre les périodes septembre 2013 - juin 2014 et
septembre 2015 - juin 2016, avant de repartir à la hausse au cours de la dernière période. La station
a atteint une audience cumulée évaluée à 7,9 % sur la période septembre 2016 - juin 2017.
24
Propos de François Pesenti, directeur de RMC Sport, dans L’Equipe, Ligue 1 : le multiplex est mort, vive le multiplex, 5
mai 2018, https://abonnes.lequipe.fr/Medias/Article/Ligue-1-le-multiplex-est-mort-vive-le-multiplex/898392
25
La radio a réalisé son record d’audience historique sur la vague novembre-décembre 2013 avec une audience cumulée
de 8,2 %. En part d’audience, la radio a réalisé sa PdA la plus élevée sur la vague septembre-octobre 2013 (soit une PdA
de 7,2 %).
19
Le sport à la radio
L’offre de la radio RMC attire ainsi de plus en plus d’auditeurs depuis plusieurs années, et son
positionnement sur le sport ne doit pas y être étranger.
Sur les radios généralistes, la plupart des contenus sportifs sont généralement diffusés le soir en
semaine ou le week-end, donc à des moments de faible écoute du média radio par rapport aux
deux pics de la journée (7h-13h / 16h30-18h30), le calendrier des compétitions répondant d’abord
aux impératifs des diffuseurs télévisuels. Les émissions autour du sport ont donc un potentiel
d’audience par défaut plafonné.
Lors d’événements ponctuels majeurs comme la Coupe du monde de football, les recettes
publicitaires peuvent toutefois être plus importantes. Sur la journée du mardi 3 juillet 2018 (deux
matchs de 8ème de finale de Coupe du monde de football : Suède/Suisse à 16h et
Colombie/Angleterre à 20h), les recettes publicitaires brutes de RMC ont été plus élevées qu’en
moyenne sur le premier semestre 2018. L’évolution de la courbe des recettes publicitaires quart
d’heure par quart d’heure dévoile un pic de recettes autour de 17h, durant le match Suisse/Suède.
Un match qui, contrairement au match Colombie/Angleterre, n’était pas retransmis à la télévision
gratuite. Cette surperformance publicitaire se constate plus largement tout au long de la journée
dans des ampleurs toutefois plus mesurées. Cela peut traduire l’habitude d’écoute même
transitoire qui s’installe à l’occasion d’événements sportifs d’importance.
20
Le sport à la radio
Au-delà d’une monétisation publicitaire plus importante autour des grands événements sportifs, les
retransmissions sportives sont par nature des programmes qui permettent aux radios d’étendre la
durée de l’espace publicitaire habituelle autour d’un programme. Les compétitions sportives, en
particulier de sports collectifs, permettent une diffusion assez large d’annonces publicitaires lors
des temps de pause entre les périodes de jeu, donc au-delà de l’avant et de l’après programme.
Pour les radios généralistes qui diffusent quelques programmes sportifs de manière récurrente et
suivent les grands évènements, le sport est un contenu populaire qui permet d’attirer un certain
public et renforce l’image de la station.
Pour la radio publique RFI, qui diffuse ses contenus à l’international, proposer de grands
événements sportifs est valorisé par le public, en particulier en Afrique où RFI est la radio identifiée
comme couvrant les grandes compétitions de football comme la Coupe d’Afrique des Nations et les
équipes et athlètes africains lors d’événements internationaux comme la Coupe du monde de
football ou les Jeux olympiques.
Pour les radios indépendantes, régionales et locales, il existe de plus en plus de concurrence entre
elles pour obtenir des partenariats avec certains clubs de football. En rugby, tous les clubs
professionnels sont suivis par une radio régionale ou locale. C’est aussi le cas pour une grande
majorité des clubs d’autres sports collectifs comme le volleyball ou le basketball. S’associer avec un
club sportif apparait indispensable pour une radio locale ou régionale.
21
Le sport à la radio
Sur l’ensemble des coûts associés à la diffusion récurrente de contenus sportifs (coûts de rédaction
et frais de réalisation), les coûts de rédaction apparaissent les plus importants. La plupart des radios
qui diffusent des contenus sportifs ont une rédaction de journalistes dédiée. La rédaction est
généralement internalisée, sauf pour Sud Radio qui fait appel au prestataire Rugby Medias. Si l’on
prend en compte les coûts liés à la présence à l’antenne de consultants, les coûts de rédaction
représentent au moins 80 % en moyenne des coûts totaux des programmes de sport pour la
plupart des radios nationales. Le recours à l’expertise de consultants est de plus en plus courant.
Aux coûts de rédaction s’ajoutent des frais liés à la réalisation du commentaire oral lors de la
couverture d’un événement sportif. Ces frais techniques peuvent représenter jusqu’à 20 % des
coûts associés à la diffusion récurrente de contenus sportifs.
Pour la couverture d’un événement sportif, les radios engagent en effet des frais techniques, dont
en particulier la connexion via des lignes RNIS (réseaux numériques à intégration de services). Ces
dernières permettent d’assurer une liaison fiable et de longue durée pendant l’événement. Pour les
championnats nationaux de football et de rugby, la radio paie un forfait à l’année pour l’installation
d’une ligne RNIS dans les enceintes sportives. La plupart des radios nationales qui diffusent du sport
prévoient un budget à part pour les grandes compétitions (Coupe du monde de football, Euro de
football, Jeux olympiques, etc.) dont le coût est généralement plus élevé.
Avec la transmission en IP, les frais techniques ont tendance à baisser, mais ce moyen n’est pas
encore unanimement considéré comme fiable pour la couverture d’événements sportifs et reste
surtout utilisé pour les interviews. Une application mobile comme Report it permet ainsi de gérer
un entretien en direct avec un faible retard et d’enregistrer en même temps 26.
A ces coûts associés à la diffusion récurrente de contenus sportifs s’ajoutent des frais techniques
généraux (studio, matériel de la station) et peuvent aussi s’ajouter d’éventuels droits de diffusion
radiophonique. En France, la commercialisation du droit d’exploitation d’une manifestation
sportive ne peut faire obstacle à la diffusion gratuite 27, sur les antennes radiophoniques, de son
commentaire oral. En revanche, pour des compétitions qui ont lieu à l’étranger, un paiement de
droits au-delà des frais techniques de réalisation est parfois demandé par les organisateurs aux
radios. Le montant des droits dépend de la compétition et des négociations des radios avec l’ayant-
droit. A titre d’exemple, pour la Coupe du monde 2014, les radios RTL, Radio France, Europe 1 et
RMC ont payé chacune 185 000 € à la FIFA pour pouvoir diffuser les matchs 28. Ce montant ne
comptait pas le prix des places en tribune presse pour les journalistes 29.
26
La Lettre Pro, Report It : L’outil idéal pour le reportage, 17 novembre 2015, https://www.lalettre.pro/Report-It-l-outil-
ideal-pour-le-reportage_a8907.html
27 er
Il ressort toutefois clairement des travaux préparatoires de la loi n° 2003-708 du 1 août 2003 relative à l’organisation
et à la promotion des activités physiques et sportives que le principe de gratuité, inscrit à l’article L. 333-7 du code du
sport, ne concerne que la diffusion et non la réalisation, dont les frais sont susceptibles d’être facturés aux radios.
28
Media sportif, L’intégralité de la Coupe du monde au Brésil sur RMC, 14 mai 2014,
https://www.mediasportif.fr/2014/05/14/lintegralite-de-la-coupe-du-monde-au-bresil-sur-rmc/
29
Media sportif, L’intégralité de la Coupe du monde au Brésil sur RMC, 14 mai 2014,
https://www.mediasportif.fr/2014/05/14/lintegralite-de-la-coupe-du-monde-au-bresil-sur-rmc/
22
Le sport à la radio
Le degré de rentabilité de la diffusion d’un événement sportif est souvent difficile à évaluer
précisément pour une radio. Mais dans l’ensemble, il ressort des échanges avec les radios que les
investissements effectués autour des programmes sportifs ne sont généralement pas couverts par
les revenus publicitaires engendrés par ces derniers. Pour une radio, le sport est donc surtout un
moyen de fidéliser l’audience et de développer sa marque.
En matière de sport, la radio s’inscrit dans une logique économique différente de celle de la
télévision.
Concernant les coûts techniques et humains, ils sont le premier poste de dépenses en radio en
matière de sport, tandis que les coûts liés aux droits sont généralement les plus conséquents pour
les chaînes de télévision. Le cadre juridique français permet à tout service de radio de diffuser
gratuitement toute manifestation sportive se disputant sur le territoire (art. L. 333-7 du code du
sport). En dehors du territoire, des droits pour la diffusion radiophonique peuvent être demandés
par les organisateurs de compétitions, mais ces derniers demeurent marginaux par rapport à ceux
de la télévision. A titre d’exemple, la chaîne TF1 a dépensé 130 M€ pour pouvoir diffuser les matchs
de la Coupe du monde 2014 au Brésil 30 quand l’ensemble des radios détentrices des droits (RTL,
RMC, Europe 1 et Radio France) a dépensé 740 000 € en droits radiophoniques au total 31, soit 0,5 %
du montant dépensé par TF1. En parallèle, les revenus publicitaires seraient à peu près
proportionnels aux montants investis.
Concernant les retombées, contrairement à certaines chaînes de télévision, aucune radio n’est
financée par des abonnements d’auditeurs, mais essentiellement par la publicité (pour les radios
privées). Les retombées publicitaires autour d’un programme sportif ne sont pas forcément
valorisées plus fortement que d’autres programmes en radio, alors que c’est le cas en télévision.
Cela est en partie dû au fait que les compétitions sportives ont lieu à des heures de faible écoute en
radio alors qu’il s’agit du pic d’audience pour la télévision (fin d’après-midi/ 20h-23h), des horaires
privilégiés par les organisateurs de compétitions sportives au regard du poids économique de la
télévision dans le financement du sport. Plus généralement, les annonceurs investissent
modérément en radio contrairement à la télévision. A titre indicatif, les recettes publicitaires nettes
de la télévision sont estimées à 3,286 milliards d’euros en 2017, contre 694 millions d’euros pour la
radio 32.
Pour la télévision comme pour la radio, le sport est un contenu qui permet de renforcer l’image de
marque des diffuseurs.
30
L’Equipe, Les droits TV pour les Coupes du monde 2018 et 2022 en vente, 21 septembre 2015,
https://abonnes.lequipe.fr/Medias/Actualites/Les-droits-pour-les-coupes-du-monde-2018-et-2022-en-vente/592376
31
Challenges, RMC mise gros sur la Coupe du monde de football, 13 mai 2014, https://www.challenges.fr/media/rmc-
mise-gros-sur-la-coupe-du-monde-de-football_46
32
IREP, Le marché publicitaire 2017 – L’activité reprend doucement, http://www.irep.asso.fr/marche-publicitaire-chiffres-
annuels.php
23
Le sport à la radio
Principaux enseignements :
Le média radio est particulièrement consommé en matinée et en fin d’après-midi. La publicité est la
principale ressource financière des radios privées, quand la contribution à l’audiovisuel public
finance une partie de Radio France et de France Médias Monde.
L’économie du média radio est fragilisée depuis quelques années : l’audience cumulée du média est
en baisse et la valeur globale des recettes publicitaires nettes diminue. Dans ce contexte, les radios,
et notamment celles qui diffusent du sport, doivent adapter leur modèle économique, ce qui peut
affecter leur offre, notamment sportive.
Directement concurrencé par le numérique qui permet aussi une diffusion de l’information en
temps réel, le sport en radio n’est pas le contenu le plus attractif, il apparait à la 8ème position en
termes de motivation d’écoute. Les contenus sportifs audio sont généralement positionnés à des
moments de faible écoute du média radio, notamment en raison du calendrier des compétitions
qui tient compte au premier chef des impératifs des télédiffuseurs, et ont donc un potentiel
d’audience plafonné. Ce n’est pas le cas de la radio RMC qui consacre une très grande partie de sa
programmation au sport et qui a vu son audience cumulée progresser ces dernières années, preuve
que le sport constitue un contenu attractif. De plus, dans un contexte où la baisse de l’audience du
média radio concerne surtout le jeune public, une radio comme RMC attire davantage les jeunes
auditeurs que ses concurrentes généralistes.
Au niveau de la valorisation des recettes publicitaires, le sport n’apparait pas différenciant, sauf lors
d’événements sportifs majeurs comme la Coupe du monde de football. Le positionnement d’une
radio autour d’une offre sportive lui permet avant tout de renforcer son image de marque.
S’agissant des coûts engendrés par la diffusion de programmes sportifs, les coûts de rédaction
(incluant la rémunération des consultants) sont les plus significatifs, au moins 80 % des coûts
associés à la diffusion récurrente de contenus sportifs, contre 20 % pour les coûts techniques. A ces
coûts récurrents peuvent s’ajouter des droits de diffusion radiophonique pour des compétitions
ayant lieu à l’étranger.
Il apparait difficile d’évaluer le niveau de rentabilité des contenus sportifs pour une radio, mais il
semble que leur diffusion soit avant tout un moyen pour chacune de renforcer leur image de
marque voire de fidéliser leur public dans le cas de radios sportives.
24
Le sport à la radio
Le commentaire audio d’une compétition sportive à la radio nécessite une description claire du jeu,
des enjeux (joueurs, tactiques mises en place,…) et de l’environnement autour de l’épreuve (public,
stade, ambiance) pour pouvoir rendre compte de la manière la plus précise de l’événement à
l’auditeur.
Le commentateur doit rendre cette matière vivante, et la voix est un atout majeur pour développer
l’imaginaire de l’auditeur, pour lui permettre de « plonger » au plus près de l’événement sportif. La
voix est un vecteur d’émotions fortes et un transmetteur d’enthousiasme. Elle permet de
communiquer d’une manière très directe avec son public et de créer une proximité et un lien fort
avec son auditeur. La radio permet de retranscrire l’émotion et l’adrénaline suscitées par un
événement sportif.
La radio apparait aussi adaptée pour le traitement de l’actualité sportive, car c’est un média
capable de réagir à une information en temps réel. Contrairement à la télévision, dont les
contraintes techniques et matérielles sont plus fortes, la radio reste le média de l’instantanéité et
de la simultanéité, bien qu’elle soit concurrencée par internet et les plateformes numériques sur
ces plans.
Enfin, la radio est un média qui peut s’écouter en mobilité. Il est par exemple le moyen le plus
pratique de s’informer sur l’actualité sportive ou sur le déroulement d’une épreuve sportive en
direct pendant les trajets en voiture.
La radio apparait ainsi comme un média capable de mettre en avant un événement sportif et
d’apporter une certaine exposition à une discipline sportive.
Les radios généralistes Europe 1 et RTL, qui diffusent du sport, et la radio RMC, dont le sport est un
des deux piliers de son offre de programmes, sont accessibles en FM et en grandes ondes à un
grand nombre d’habitants (autour de 52 millions pour les deux premières, 38,5 millions pour RMC).
Ces radios nationales couvrent donc une très large partie du public et offrent une forte exposition
au sport.
Les antennes de Radio France ont aussi une grande couverture en FM (60,4 millions pour France
Inter, 54,9 millions pour France Bleu et 51,1 millions pour franceinfo:). Quant à Sud Radio, 17,3
millions d’habitants y ont accès en FM.
25
Le sport à la radio
17,3
RMC Europe 1 RTL Sud Radio France Bleu* franceinfo: France Inter
Sources : CSA s’agissant des radios privées (méthode de calcul fixée par délibération du 11 décembre 2013) ; Radio France
pour les antennes du groupe Radio France.
*Tous programmes confondus.
Les radios locales et régionales sont, pour leur part, disponibles sur leur zone de couverture en
hertzien. Il existe plus de 1000 éditeurs de stations de radio privées hertziennes locales ou
régionales en France 34, dont une très grande partie, à défaut de couvrir les événements sportifs,
traitent au moins du sport dans leurs programmes d’information. Il en va de même pour les 44
antennes locales de France Bleu. Le potentiel d’exposition au niveau local du sport est donc
conséquent.
Cette exposition est renforcée par la diffusion simultanée sur le site internet ou les plateformes
d’agrégation de ces stations nationales comme locales.
Au niveau local, la radio apparait pour les clubs sportifs un média important. La dimension de
proximité que permet ce média joue un rôle primordial dans l’exposition d’un événement sportif
local. A titre d’exemple, en ligue A masculine de volley (championnat de 1ère division), 7 clubs sur 12
ont un engagement avec une radio au niveau local pour la saison 2017-2018. En outre, 8 clubs sur
les 12 clubs de ligue A féminine de volley ont un accord avec une radio locale pour la diffusion
d’écrans de promotion de matchs en amont de la rencontre et 2 clubs pour les matchs de gala
uniquement.
33
Pour les antennes de Radio France et Sud Radio, il s’agit de la couverture FM. Pour RMC, Europe 1 et RTL, il s’agit de la
couverture FM et AM.
34
Radios de catégorie A, B et C. Source : Rapport annuel du CSA 2017, p.66. https://www.csa.fr/Informer/Informations-
publiques-et-ressources-humaines/Les-rapports-annuels-et-bilans-du-CSA/Le-rapport-annuel-2017-du-CSA
26
Le sport à la radio
Dans le cadre juridique actuel (traité dans la partie suivante), deux stratégies peuvent se dessiner
pour les organisateurs sportifs s’agissant de la couverture de leurs événements en radio.
La première est celle de l’exposition. Plus les radios couvrent leur événement, mieux l’événement
est exposé, plus il est visible, et plus il peut être valorisé économiquement par la suite. Ici les
organisateurs ont tout à gagner à rendre leur événement le plus présent sur une diversité de
radios.
La seconde est celle de l’exclusivité sur des contenus complémentaires à la simple couverture de
l’événement sportif. Un petit nombre d’acteurs radiophoniques couvrent alors l’événement dans
son ensemble, au plus près des athlètes, de l’épreuve, des coulisses, avec un contenu éditorial très
fort et des contenus propres qui proposent une expérience complète à l’auditeur. Cette exclusivité
ne saurait faire obstacle au droit à l’information qui concerne toutes les radios. En contrepartie,
l’organisateur renforce l’image de l’événement.
Principaux enseignements :
Les caractéristiques du média radio sont un atout pour l’exposition des contenus sportifs. Tout
d’abord, la voix est un vecteur d’émotions qui permet à l’auditeur de développer son imaginaire, en
particulier lors de la couverture en direct d’événements sportifs. La radio est ainsi un média proche
de l’auditeur qui permet de retranscrire l’adrénaline et l’émotion suscitées par une compétition
sportive. C’est également le média de l’instantanéité et de la simultanéité, bien qu’il soit
concurrencé de plus en plus directement par les plateformes numériques. Enfin, la radio reste le
moyen le plus pratique pour s’informer sur l’actualité sportive ou la couverture en direct d’un
événement sportif en mobilité.
Les radios nationales qui diffusent du sport sont très accessibles en FM. Quant aux radios
régionales et locales, qui diffusent également des contenus sportifs, elles couvrent les zones ou
régions concernées par les événements. La grande majorité des stations sont disponibles
simultanément sur leur site internet ou des plateformes d’agrégation.
A l’heure actuelle, les organisateurs d’événements sportifs au niveau national n’ont pas de stratégie
de communication spécifique à destination des radios, ce média s’inscrit généralement dans une
stratégie globale d’exposition de l’évènement dans les médias. Au niveau local et régional, de
nombreuses radios ont des accords avec des clubs sportifs, elles jouent un rôle important dans la
promotion du sport local.
Deux stratégies pourraient être mises en place par les organisateurs de compétitions sportives :
- la stratégie de l’exposition maximale : rendre visible un événement à un nombre le plus important
possible de radios pour être accessible le plus largement ;
- la stratégie de l’exclusivité relative sur des contenus complémentaires : se focaliser sur un petit
nombre de radios qui proposent des contenus complémentaires à une simple couverture,
apportant ainsi une expérience complète à l’auditeur et renforçant l’image de la compétition.
27
Le sport à la radio
Dès les premières couvertures radiophoniques du sport, le principe de gratuité d’accès aux
enceintes et de droit de retransmission radiophonique des compétitions sportives est acté. Dans les
années 1950, les premiers multiplex de football apparaissent. A cette époque, les radios informent
la majorité des français sur les compétitions sportives, le parc de téléviseurs étant encore limité
dans les foyers (23 000 postes recensés en 1953). Le média radiophonique se trouve alors dans un
régime juridique de monopole d’Etat, l’accès gratuit aux enceintes sportives et à la retransmission
des compétitions s’impose. La philosophie de la gratuité de l’accès aux stades perdure ensuite, et
ce même après la fin du monopole d’Etat en 1981.
Dans les années 2000, cette philosophie est mise à mal par différents événements. Le 4 décembre
2001, RMC Info achète les droits exclusifs de la Coupe du monde de football 2002 estimés à
550 000 € auprès du groupe allemand Kirchmédia, qui les avait lui-même achetés auprès de la FIFA
pour la diffusion à l’international des Coupes du monde 2002 et 2006 35.
Le 17 décembre 2001, Radio France, RFI, Europe 1, RTL, Sport O’FM (radio à thématique sportive)
et le SIRTI (Syndicat interprofessionnel des radios et télévisions indépendantes – 86 radios à
l’époque) créent un groupement d’intérêt économique (GIE) intitulé « Sport Libre » pour faire face
à cette évolution de règles professionnelles et mutualiser leur politique d’achat de droits sportifs.
Le contrat entre RMC Info et Kirchmédia s’agissant des droits exclusifs radiophoniques de la Coupe
du monde 2002 imposait à RMC Info une couverture de la compétition sur l’ensemble du territoire
national. Or, RMC Info ne couvrait à l’époque que 32,5 millions d’auditeurs potentiels 36. La station a
alors entamé des démarches afin d’atteindre une couverture totale de la population en France. Ne
parvenant pas à négocier un accord de sous-licence avec le GIE « Sport Libre » et ne pouvant
négocier individuellement avec les adhérents de ce dernier (de par le règlement intérieur du GIE),
RMC saisit le Conseil de la concurrence sur les pratiques du GIE « Sport libre » et de ses membres
qu’elle estimait anti-concurrentielles et lui demande de prendre des mesures d‘urgence à
l’encontre du GIE.
Le 30 avril 2002, le Conseil de la concurrence enjoint le GIE de suspendre les clauses de ses statuts
et de son règlement intérieur limitant la capacité de ses membres à négocier individuellement tout
accord relatif aux retransmissions d’événements sportifs.
En mai 2002, aucun accord entre les principaux réseaux nationaux de radio d'information générale
publics et privés n’avait été trouvé concernant la retransmission de la Coupe du monde de football
2002. En revanche, plusieurs radios locales et régionales ont souhaité retransmettre la compétition,
avec l’accord de RMC Info. Le CSA a autorisé ces demandes afin d’assurer le droit à l’information du
public. Le Conseil a rappelé alors son « attachement au respect du droit à l’information et à la
35
Slate, Les commentaires sportifs à la radio seront-ils bientôt un trop cher souvenir ?, 25 février 2015,
http://www.slate.fr/story/98291/sport-radio-droits
36
CSA, Observations du CSA sur la saisine du Conseil de la Concurrence dirigée par RMC Info à l’encontre du GIE sport libre
et de ses membres, 26 mars 2002.
28
Le sport à la radio
Marie-Georges Buffet, alors ministre de la jeunesse et des sports, demande officiellement aux
radios de boycotter cet appel à candidatures. Le CSA fait part le 5 mars 2002 de sa position : il n’est
pas favorable à un tel procédé « qui modifie le contenu et la substance du droit à l’information tel
qu’il est en usage depuis des décennies pour les radios » 39. RMC Info, seule radio à avoir montré de
l’intérêt pour cet appel à candidatures, se ravise. La Ligue nationale de football renonce à cette
commercialisation des droits radiophoniques.
En février 2002, le GIE décide également de boycotter le premier Grand Prix de Formule 1 qui s’est
déroulé en Australie, dans le but de « protester contre l’octroi à RMC Info d’une exclusivité de
diffusion de radio de la F1 » pour la saison qui était en cours 40.
L’article 5 de la loi n°2003-708 du 1er aout 2003 relative à l’organisation et à la promotion des
activités physiques et sportives insère un nouvel alinéa à l’article 18-2 de la loi n°84-610 du 16
juillet 1984, aujourd’hui codifié à l’article L. 333-7 dans le code du sport. Cet article dispose que « la
cession du droit d'exploitation d'une manifestation ou d'une compétition sportive à un service de
communication audiovisuelle ne fait pas obstacle à la réalisation et à la diffusion gratuite par tout
service de radiodiffusion sonore, sur tout ou partie du territoire, en direct ou en différé, du
commentaire oral de cette manifestation ou de cette compétition ».
Depuis 2003, la cession de droits de retransmission radiophonique à titre exclusif n’est pas
autorisée par la loi et toute radio a le droit de diffuser gratuitement toute manifestation sportive
qui se dispute sur le territoire français. Les droits radiophoniques n’entrent pas dans le cadre de la
propriété du droit d’exploitation mais relèvent du droit à l’information, qui se limite à la diffusion
d’un commentaire oral de la compétition.
37
CSA, Lettre du CSA n°152, Le CSA autorise plusieurs radios locales et régionales à retransmettre les matchs de la Coupe
du monde de football, 22 mai 2002.
38
Direction générale des médias et des industries culturelles, Ministère de la culture et de la communication, La
retransmission radiophonique des événements sportifs, http://archive.dgmic.culture.gouv.fr/article.php3?id_article=215
39
CSA, Lettre du CSA n°150, Droits de couverture des matchs du championnat de France de football et de la Coupe de la
Ligue : le CSA répond à Gérard Bourgoin, 5 mars 2002.
40
Direction générale des médias et des industries culturelles, La retransmission radiophonique des événements sportifs, 4
aout 2003, http://archive.dgmic.culture.gouv.fr/article.php3?id_article=215v
41
Ministère de la culture et de la communication, Ministère de la jeunesse et des sports, Communication des droits
radiophoniques, mercredi 3 avril 2002,
http://www2.culture.gouv.fr/culture/actualites/communiq/tasca2002/droitsradio.htm
29
Le sport à la radio
D’une part, le libre accès aux enceintes sportives s’exerce « sous réserve des contraintes
directement liées à la sécurité du public et des sportifs, et aux capacités d'accueil », comme
l’indique le premier alinéa de l’article 333-6 du code du sport. Les journalistes disposent donc d’une
liberté d’accès aux stades dans la seule mesure où la sécurité du public et des sportifs et les
capacités d’accueil le permettent. L’organisateur dispose ainsi de la possibilité de ne pas permettre
cet accès sans méconnaître ses obligations.
L’Union des journalistes de sport en France (UJSF) est chargée de l’attribution et du contrôle des
accréditations permettant l’accès des journalistes professionnels aux enceintes sportives. Elle veille
aussi au respect des conditions de travail des journalistes dans ces enceintes. L’organisation est
reconnue par le ministère des sports comme mission d’intérêt général, elle vise « à faire respecter,
notamment par les instances sportives (fédérations et ligues), les droits essentiels à
l’accomplissement de la mission des journalistes regroupant l’ensemble des médias (presse écrite,
radio, nouveaux médias, photographes…) lorsqu’ils couvrent une manifestation ou une compétition
sportive » 42. L’Union a mis en place des conventions avec différents organisateurs sportifs français 43
pour permettre aux journalistes professionnels de radio d’accéder à l’événement et de pouvoir le
couvrir tout en respectant la charte des organisateurs.
Lors d’un événement sportif, l’UJSF est généralement responsable de la gestion et de l’occupation
de la tribune de presse, en collaboration avec l’organisateur. Pour accéder aux tribunes de presse,
en zone mixte et en salle de presse, les journalistes doivent être munis d’une carte « Sports
presse » délivrée pour une saison sportive par l’UJSF. L’accès est aussi autorisé dans certains autres
cas et en fonction des événements (titulaire d’une carte AIPS 44 en cours de validité, accréditation à
la journée pour des journalistes professionnels, carte de presse délivrée par le ministère des
affaires étrangères, etc.).
Un consultant peut être autorisé en tribune de presse, mais généralement sous certaines
conditions : s’il est mandaté par un média reconnu qui retransmettra l’événement partiellement ou
en totalité en direct, s’il est légitime et fait référence dans le monde de la discipline sportive
concernée et s’il y a de la place en tribune de presse. Ces conditions varient en fonction des
conventions entre l’organisateur sportif et l’UJSF. Pour certains sports, le consultant n’a pas accès à
la zone mixte et aux vestiaires. Les radios ont aussi généralement la possibilité de faire venir un
technicien dès l’ouverture des portes de l’enceinte sportive afin d’effectuer tous les essais
techniques nécessaires. Il n’a pas forcément une place garantie en tribune de presse.
42
Convention d’objectifs entre le ministère de la ville, de la jeunesse et des sports et l’Union des journalistes de sports en
France, https://www.ujsf.fr/conventions.php
43
Fédération française d’athlétisme et Ligue nationale d’athlétisme, Ligue nationale de basketball, Fédération française
de cyclisme et Ligue nationale de cyclisme, Fédération française de roller, Fédération française de football et Ligue de
football professionnel, Fédération française de handball, Fédération française de rugby et ligue nationale de rugby.
44
AIPS : Association internationale de la presse sportive.
30
Le sport à la radio
Quand l’événement a lieu à l’étranger, la loi française ne s’applique pas et les radios françaises
peuvent être contraintes de payer des frais pour retransmettre l’événement, en particulier quand il
s’agit de grands événements internationaux. Ainsi, pour la Coupe du monde de football 2014, RTL,
Radio France, Europe 1 et RMC ont payé chacun 185 000 € auprès de la FIFA pour retransmettre les
matchs en direct.
Quand l’événement a lieu en France, le média radio se soustrait à toute commercialisation des
droits de diffusion de l’évènement, mais il perdure des frais de réalisation qui peuvent être imputés
aux radios (production du son, lignes téléphoniques et internet). Ces frais sont supposés ne couvrir
que les coûts encourus au titre des prestations techniques.
Des menaces supposées au droit à l’information ont été portées à l’attention du Parlement
européen par l’association internationale de la presse sportive (AIPS) à travers deux pétitions. La
première, datant de 2013, traite des frais d’accréditation auxquels les journalistes sportifs de radio
sont soumis en Europe, et qui, par leur montant élevé, menaceraient le droit du public à
l’information. La seconde, présentée en 2017, complète la précédente sur des infractions
présumées au droit des médias quant à l’accès à des compétitions sportives, notamment à deux
événements sportifs qui ont eu lieu sur le sol français (championnat de football de l’Euro 2016 et
championnat du monde de handball en 2017) 45. La Commission des pétitions du Parlement ne s’est
pas estimée habilitée à répondre et a renvoyé à la compétence des Etats membres 46. Aucune
juridiction française ne semble avoir été saisie de la méconnaissance supposée, lors de ces
compétitions se déroulant sur le territoire national, des dispositions garantissant l’accès de la
presse aux enceintes sportives.
La législation en vigueur en France concernant l’accès des journalistes aux enceintes sportives et la
notion de droits radiophoniques n’est pas la même dans les autres pays européens. Les dispositions
du droit de l’Union ne réglementent pas l’accès des médias aux compétitions sportives en Europe
et la directive « Services de médias audiovisuels » qui, au demeurant, ne concerne pas la radio, ne
contient pas de disposition portant en particulier sur les frais d’accréditations imputés aux
journalistes.
45
Le pétitionnaire prétend que les non-détenteurs de droits de diffusion se sont vu refuser l’accès aux stades et au
périmètre de sécurité lors du championnat de football de l’Euro 2016 qui s’est déroulé en France en 2016. Le
pétitionnaire prétend également que le détenteur des droits de diffusion a violé la législation en vigueur en facturant aux
médias des frais d’accréditation élevés pour la couverture des championnats du monde de handball de la Fédération
internationale de handball qui se sont déroulés en France en janvier 2017.
46
Commission des pétitions du Parlement européen, Pétitions n°0745/2013 et 0371/2017, résumés et réponses de la
commission, 28 février 2018, http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?type=COMPARL&reference=PE-
532.558&format=PDF&language=FR&secondRef=02
31
Le sport à la radio
(championnat national de football de première division d’Angleterre) 47. Ces droits ont été attribués
à BBC Radio 5 Live et TalkSPORT pour la période 2016-2019 48. TalkSPORT détient également de
manière exclusive les droits audio internationaux du championnat (hors Royaume-Uni et Irlande),
elle peut commenter en direct les 380 matchs de la compétition dans plusieurs langues et proposer
ses commentaires à des diffuseurs ou plateformes de streaming 49. En juin 2018, le contrat de
TalkSPORT avec la ligue a été renouvelé, la station de radio reste le partenaire audio mondial de la
ligue jusqu’à la saison 2021/2022 50.
En Espagne, l’accès gratuit aux enceintes sportives a été menacé mais finalement préservé. L’accès
des journalistes radio aux stades accueillant les matchs de football était traditionnellement autorisé
à titre gratuit. En 2011, la Ligue nationale de football professionnel espagnole décide de facturer les
radios pour la retransmission des matchs de football de leurs championnats. En juillet 2011,
l’association espagnole de radiodiffusion commerciale (AERC), qui représente un très grand nombre
de radios privées et publiques, se positionne contre cette annonce. Les radios refusent toute
négociation avec la ligue à ce sujet, arguant que le modèle jusqu’alors mis en place leur semble le
plus opportun pour les deux parties 51. Les radios invoquent à ce titre plusieurs raisons : le droit à
l’information, l’absence d’images en radio, la valeur ajoutée par un journaliste radio professionnel
de l’information, l’apport quotidien de la radio au spectacle footballistique. Pendant plusieurs mois,
des tensions fortes se font sentir. La ligue refuse l’accès des journalistes radios aux matchs de
première et deuxième divisions et expulse les journalistes qui émettent et retransmettent quand
même en direct les matchs depuis leur téléphone sans payer de droits. Début 2012, l’AERC
demande au gouvernement de modifier la loi pour reconnaitre le droit des journalistes radios à
accéder gratuitement aux enceintes. En même temps, la ligue continue de restreindre l’accès des
journalistes, en étendant l’interdiction d’entrer sans payer pour les matchs des équipes de
troisième division de football. Le 20 avril 2012, le gouvernement espagnol publie un décret qui
modifie la loi générale de l’audiovisuel 52 pour garantir l’accès libre des journalistes dans les
enceintes sportives pour retransmettre la compétition sans aucune contrepartie financière 53. Les
radios doivent par contre s’acquitter des frais relatifs à l’utilisation des installations techniques
établis par la Comisión del Mercado de las Telecomunicaciones, le régulateur du secteur des
communications électroniques, à 85 euros par match par radio 54.
47
Wireless Group plc, Premier League Live Audio Rights, 20 mai 2016,
https://www.wirelessgroup.co.uk/getmedia/e909b9f8-a655-4e6f-8a5b-622640d3dfcb/Wireless-Group-plc-RNS-
talkSPORT-Premier-League-Rights.pdf?ext=.pdf
Soccerex, Premier League tunes in with audio deals, 23 mai 2016,
https://www.soccerex.com/insight/articles/2016/premier-league-tunes-in-with-audio-deals
48
Premier League, Who holds broadcast rights for Premier League matches?, 16 septembre 2016,
https://www.premierleague.com/news/102365
49
talkSPORT, talkSport wards international EPL audio rights, 3 décembre 2015,
https://talksport.com/uncategorized/349555/talksport-awards-international-epl-audio-rights-151203176466/
50
Premier League, League extends audio rights deal with talkSPORT, 14 Juin 2018,
https://www.premierleague.com/news/723627
51
RTVE, Las radios espanolas rechazan la pretension de la LFP de cobrar por las retransmisiones, 20 juillet 2011,
http://www.rtve.es/deportes/20110720/radios-espanolas-rechazan-pretension-lfp-cobrar-retransmisiones/449045.shtml
52
BOLETÍN OFICIAL DEL ESTADO, Real Decreto-Ley 15/2012, de Modificación del Régimen de Administración de la
Corporación RTVE, previsto en la Ley 17/2006, 21 avril 2012, https://www.boe.es/buscar/doc.php?id=BOE-A-2012-5338
53
RTVE, El Gobierno decreta la vuelta de las radios a los estadios de futbol pero deberan pagar la entrada, 20 avril 2012,
http://www.rtve.es/deportes/20120420/gobierno-decreta-entrada-radios-estadios-futbol/517471.shtml
54
El Pais, La CMT fija en 85 euros el pago por partido y emisora para retransmitir, 29 novembre 2012,
https://elpais.com/economia/2012/11/29/agencias/1354213033_221048.html
32
Le sport à la radio
Le cadre juridique actuel n’interdit pas l’instauration de partenariats éditoriaux entre une radio et
un organisateur d’une compétition sportive qui donnerait à la radio un avantage en termes d’image
(dans le cas d’une labellisation « radio officielle ») et en termes d’accès à l’information en dehors
de la simple couverture de l’événement (i.e. détention d’exclusivités éditoriales). Ce type de
partenariat ne doit toutefois pas se traduire, vis-à-vis des autres médias radiophoniques, par une
atteinte à l’exercice du droit à l’information en matière sportive. A l’heure actuelle, certaines radios
ont déjà conclu des partenariats d’échange de visibilité (entre spots publicitaires en radio et
affichages sur un stade par exemple) avec des organisateurs sportifs sur des événements sportifs
nationaux ponctuels 55.
Bien que la diffusion par tout service de radiodiffusion sonore du commentaire oral d’une
manifestation sportive soit gratuite, les radios peuvent être conduites à devoir s’acquitter de frais
techniques pour la réalisation. Il importe que ces derniers ne soient pas artificiellement « gonflés »
en contrepartie d’un accès privilégié aux espaces dédiés aux journalistes (tribune de presse, salle de
presse, zone mixte, etc.). Face à des frais conséquents, et dans un contexte économique tendu pour
les radios et une obligation d’investissement fort dans le numérique, certaines radios pourraient
continuer à diminuer, voire arrêter, la couverture d’événements sportifs sur leur antenne.
Certaines radios, pour ne pas à avoir à payer de frais techniques et coûts humains et de transport,
font commenter des matchs par leur journaliste depuis un studio en dehors de l’enceinte sportive,
devant un écran de télévision, c’est-à-dire en «off tube». Cette production peut entrainer une perte
de qualité et de valeur du produit radiophonique, le journaliste étant orienté par la réalisation, le
cadrage et le montage effectués par le producteur des images.
Principaux enseignements :
Au début des années 2000, le principe de gratuité d’accès aux enceintes sportives des journalistes
de radio est mis à mal par différents événements. La loi est finalement modifiée en 2003 pour
permettre aux radios de diffuser gratuitement une manifestation sportive ayant lieu sur le territoire
français et laisser libre l’accès aux enceintes sportives aux journalistes. Non illimité, cet accès
s’exerce sous réserve de contraintes liées à la sécurité du public et aux capacités d’accueil.
Quand l’événement sportif a lieu à l’étranger, les radios peuvent être contraintes de payer des
droits de diffusion pour retransmettre l’événement. En France, la cession du droit d’exploitation
d’une manifestation sportive à un service de communication audiovisuelle est inopposable aux
services de radiodiffusion, libres d’en diffuser le commentaire gratuitement. La juste valorisation
des frais de réalisation, seuls susceptibles d’être facturés aux radios, est centrale dans ce cadre. Des
menaces au droit à l’information sur le sol français ont aussi été portées par l’association
internationale de la presse sportive à l’attention du Parlement européen par voie de pétition.
55
Par exemple, en application de l’article 40 de son cahier des missions et des charges, la société Radio France peut, dans
le domaine des événements culturels et sportifs, nouer des « échanges de services à caractère publicitaire » se
matérialisant à l’antenne par des « messages promotionnels (…) dont le paiement intervient par compensation dans le
cadre d’un échange de biens ou de services », telle qu’une visibilité particulière accordée à la radio concernée dans les
enceintes sportives.
33
Le sport à la radio
La législation dans les autres pays européens n’est pas la même qu’en France. Au Royaume-Uni, la
commercialisation des droits radiophoniques est autorisée. A titre d’exemple, la Ligue anglaise de
football vend les droits radiophoniques domestiques et internationaux de son championnat,
aujourd’hui détenus par BBC Radio 5 Live et TalkSPORT. En Espagne, l’accès libre aux journalistes
dans les enceintes sportives est garanti sans contrepartie financière et le régulateur du secteur des
communications électroniques établit un prix fixe s’agissant des frais relatifs à l’utilisation des
installations techniques.
34
Le sport à la radio
En prenant en compte le nombre d’auditeurs et le temps que ceux-ci consacrent à la radio, les
supports numériques représentent 12,2 % du volume total d’écoute de la radio (+0,4 point en un
an), un niveau jamais atteint jusque-là. Le téléphone mobile reste le premier support numérique
utilisé pour écouter la radio avec 3,5 millions d’auditeurs par jour.
1 700 000
1 100 000
505 000
118 000
Le podcast, émission sonore qui peut être téléchargée ou écoutée en streaming par un internaute
pour une lecture différée ou immédiate, se développe depuis quelques années dans
l’environnement numérique. Chaque jour, 1,7 million d’individus écoutent des émissions de radio
en replay (ici toutes les formes d’écoute de la radio en différé).
Comme expliqué précédemment, les programmes sportifs sont des contenus très liés à l’actualité
et ne sont donc pas à proprement parler adaptés à une écoute en podcast, hormis les émissions de
débats ou les magazines, qui résistent au temps. Contrairement aux autres types de contenu, une
émission sportive est ainsi consommée en podcast en grande partie les quelques jours suivants sa
diffusion en radio.
Le développement embryonnaire des podcast natifs, i.e. des créations sonores conçues pour être
diffusées directement en ligne, sans passer par l'antenne, pose la question du développement des
contenus audio indépendamment de la notion de grille radio. Puisqu’il n’a pas vocation à s’intégrer
à une grille de radio, le podcast natif permet un traitement plus libre, avec moins de contraintes en
termes de durée et de thématique traitée.
56
Médiamétrie, Communiqué de presse, Global Radio Vague Janvier-Mars 2018, 17 mai 2018,
http://www.mediametrie.fr/radio/communiques/global-radio-vague-janvier-mars-2018.php?id=1884
35
Le sport à la radio
A ce jour, l’offre de podcast natifs de programmes consacrés au sport est peu développée. Il existe
toutefois quelques offres comme Football Recall proposé par So Foot sur Deezer, Du Sport produit
par Binge Audio/SNEP-FSU, traitant de sujet autour de la culture du sport et sa place dans la
société, les podcast de l’Equipe (le Flash, l’Equipe rugby, l’Equipe Basket) ou encore Banquette
produit par Nouvelles Ecoutes 57. L’offre de podcast natifs est foisonnante, croissante et présente
sur différentes plateformes. Ces programmes apparaissent toutefois isolés et mal exposés, de sorte
qu’il n’est pas simple pour les consommateurs de les identifier.
L’accès et l’écoute de contenus audio peuvent désormais également se faire via des enceintes
connectées à Internet et l’utilisation d’assistants vocaux. D’après un sondage réalisé par Cap
Gemini, les assistants vocaux sont utilisés avant tout pour avoir accès à l’information (82 %) et pour
écouter de la musique (67%) puis, dans une moindre mesure, pour réaliser ses achats et contrôler
ses équipements connectés domestiques 58. Aux Etats-Unis, 65 % des utilisateurs de smartphone ont
utilisé un assistant personnel intelligent en 2015, soit deux fois plus qu’en 2013 59.
Il convient de noter que peu de terminaux mobiles permettent la réception des radios en FM. Les
radios doivent ainsi proposer des contenus au format techniquement compatible avec le
numérique pour que leurs auditeurs aient accès à leurs offres audio sur ces supports. Sur ce
nouveau marché, les radios font face à leurs concurrents directs qui s’installent eux aussi sur le
numérique. Ce nouvel environnement, où les équipements bénéficient quasiment tous d’un écran,
laisse place à une concurrence directe des contenus écrits et filmés, une concurrence qui va donc
au-delà de l’audio.
Des nouveaux acteurs de l’offre audio numérique peu présents sur les programmes
sportifs
Des services de radio disponibles uniquement sur Internet se sont développés, édités par des
acteurs historiques de la radio mais aussi par des pure players ou par des acteurs ayant une autre
activité principale que la radio. Les éditeurs radiophoniques traditionnels ne sont donc plus les
seuls à produire et proposer des contenus audio. L’évolution des usages est portée par de
nouveaux acteurs créateurs et/ou diffuseurs de programmes audio.
Dans l’ensemble, ces nouveaux acteurs ne semblent pas avoir investis spécifiquement les contenus
sportifs pour le moment.
Sur l’ensemble des webradios qui se sont créés ces dernières années, aucune consacrée
entièrement aux contenus sportifs n’a émergé, et ce en partie pour des raisons économiques.
Quelques webradios consacrent une partie de leurs programmes au sport, en général en
complément d’une offre d’information ou musicale. Les webradios qui proposent des émissions
sportives au sein de leur programmation sont généralement très localisées et proviennent
d’initiatives associatives, étudiantes, semi-professionnelles ou d’amateurs.
57
Autres exemples de podcast natifs : Tribune PSG, podcast diffusée en direct sur Facebook Live puis disponible en
podcast à télécharger sur https://www.francebleu.fr/emissions/tribune-psg/107-1, Sport NS Podcast (fitness, sport et
santé), https://soundcloud.com/sportnspodcast, Strat & Sport (sport, entrepreneuriat et marketing) sur
https://podcastfrance.fr/podcasts/sport/.
58
Capgemini Digital Transformation Institute, Conversational Commerce Survey, October–November 2017, N = 2,558
users in the US, UK, France, and Germany.
59
Wavestone, Essor des assistants vocaux intelligents : nouveau gadget pour votre salon ou fenêtre d’opportunité pour
rebattre les cartes de l’économie du web ? Source : KPCB.
36
Le sport à la radio
Le recensement de ces webradios est complexe, leur référencement peut être limité et leur
audience potentiellement confidentielle. L’offre de webradios est plus diluée, moins éditorialisée
qu’en FM. Pour les programmes sportifs, la webradio peut être une source complémentaire
d’information sportive et de commentaires de matchs, en particulier au niveau local. C’est par
exemple le cas de Ma radio Chambly qui suit le club de football de Chambly, couvre les matchs en
direct et propose les avant-matchs en podcast sur son site.
Les GAFA investissent pour le moment très peu dans la diffusion de contenus audio sportifs. Un
début d’intérêt est à noter concernant Amazon, qui a obtenu les droits de retransmission audio
pour le web et le mobile de l’ensemble des matchs de la Bundesliga pour une diffusion sur le
territoire allemand 61. Le service propose les matchs et des émissions consacrées à la compétition
sur sa plateforme Amazon Prime Music 62.
La rencontre avec le public est au cœur des enjeux des acteurs traditionnels. A cet égard, la
démultiplication des supports est un vrai challenge pour les radios qui doivent s’adapter à cette
nouvelle demande, en diffusant le bon contenu, au moment opportun et via la plateforme
adéquate.
Les radios doivent s’adapter aux nouveaux « parcours » de consommation des auditeurs dans
l’audio numérique et rendre facilement accessible leur contenu, permettant à l’auditeur de trouver
les contenus qu’il affectionne parmi des millions de contenus disponibles. Leur principal enjeu est
ainsi de rencontrer l’usage.
Dans un contexte de multiplication des supports d’écoute, les radios cherchent ainsi à rendre leurs
contenus hyper-accessibles sur tous les supports. C’est par exemple le cas du groupe Radio France
qui, dans le cadre de sa stratégie de développement sur le numérique, a rendu ses services France
Inter, franceinfo: et France Culture disponibles sur la plate-forme de streaming Apple Music début
2018 63. Cette nouveauté rend ces radios plus accessibles via les iPhone ou les montres connectées
Apple Watch. Les radios font aussi en sorte d’être disponibles sur les enceintes connectées qui
arrivent petit à petit en France. A titre d’exemple, RMC est présente sur l’enceinte d’Amazon Alexa
60
L’offre est définie sur le site de TuneIn comme un service payant comprenant l’offre de TuneIn standard et d’autres
contenus, en particulier des directs de matchs de NFL, MLB, NBA.
61
Bundesliga, DFL überspringt erstmals Milliarden-Marke bei nationalen Medien-Rechten: Pro Saison durchschnittlich 1,16
Milliarden Euro ab 2017/18, 9 juin 2016, https://www.bundesliga.com/de/bundesliga/news/dfl-ueberspringt-erstmals-
milliarden-marke-bei-nationalen-medien-rechten-pro-saison-durchschnittlich-1-16-milliarden-euro-ab-2017-18-agmdsp-
2.jsp
62
https://www.amazon.de/gp/dmusic/promotions/LiveSports?language=en_GB
63
Satellifax, Radio France : France Inter, franceinfo et France Culture disponibles sur Apple Music (test), 26 mars 2018.
37
Le sport à la radio
avec la commande vocale « Alexa, lance RMC » 64, de même que les 131 radios des Indés Radios via
une interface vocale conçue pour cet usage 65.
Les radios sont ouvertes à travailler avec les plateformes pour diffuser leur contenu mais sont aussi
soucieuses de maîtriser leur distribution face à l’émergence de ces plateformes mondiales. En 2014,
les groupes RTL, Radio France, NextRadioTV, NRJ Group et Lagardère avaient ainsi lancé Direct
Radio, une application gratuite pour une écoute en direct de leurs stations 66.
Pour rendre un accès à leur contenu facile et efficace, les radios ont aussi su investir dans les outils
technologiques et de transmission. Afin de fournir des informations presque en temps réel, les
journalistes utilisent désormais leurs smartphone et une application codec pour enregistrer et
rendre accessibles des interviews en direct quand ils ne sont pas en studio. Pour les compétitions
sportives, l’équipement en wifi des stades n’est pas encore homogène, et la transmission en IP
reste moins fiable pour une couverture longue en direct de la compétition que les lignes dites RNIS
que les radios continuent d’utiliser.
Pour s’adapter à la diffusion sur les nouveaux supports et à la concurrence exacerbée sur le
numérique, les radios font également évoluer leur offre. La couverture à la radio d’un événement
sportif est largement concurrencée par la couverture à la télévision (notamment les résumés
proposés par les chaînes d’information et les commentaires de la chaîne l’Equipe), les comptes
rendus en direct de nombreux sites spécialisés (dont notamment d’acteurs traditionnels), les fils
Twitter de sites spécialisés ou encore les contenus vidéo sportifs piratés. L’information sportive
circule très vite et est disponible quasi-instantanément. Les épreuves sportives doivent donc être
anticipées et étudiées en amont pour que la radio apporte une valeur ajoutée vis-à-vis de ses
concurrents lors de la couverture de compétitions sportives.
Dans une volonté de se démarquer, les radios ont développé les émissions de débats autour du
sport. Cette tendance est liée à plusieurs facteurs. Tout d’abord, les sujets économiques et
sociétaux débattus lors de ces émissions permettent de donner une nouvelle dimension au sport et
aller au-delà de l’information brute apportée en direct d’un événement. De plus, les sportifs de
haut niveau, dans les disciplines les plus attractives, sont de moins en moins accessibles, l’antenne
laisse alors une place importante aux journalistes et aux consultants « experts » dans le cadre de
ces émissions de « talk ». Enfin, les émissions de débats sont moins coûteuses que les couvertures
d’événements, qui nécessitent le paiement des frais de déplacement des journalistes et des frais de
transmission.
Pour rencontrer et élargir l’auditoire, les contenus proposés par les radios ont été diversifiés. Le
contenu sonore est enrichi par des articles, photos et/ou vidéo sur leurs plateformes et réseaux
sociaux. Les radios proposent en particulier de plus en plus de vidéo.
De nombreuses radios filment leurs émissions et proposent des formats vidéo courts sur leurs
réseaux sociaux pour attirer un public plus jeune. Parmi les auditeurs de la radio sur un support
64
Satellifax, Amazon : radios et TV se bousculent pour prendre place sur l’assistant vocal Alexa.
65
Les Indés Radios, Communiqué de presse du 28 août 2018, Les indés Radios désormais disponibles sur Amazon Echo,
http://www.lesindesradios.fr/blobs/com.cardiweb.cardiboxv6.cm.business.Article/3965385437706453527/fichier/1/fr/C
ommunique_-_Les_Indes_Radios_disponibles_sur_Amazon_Echo.pdf
66
20 minutes, « Direct Radio » : Les grandes radios françaises vont lancer une appli mobile commune, 3 juillet 2014,
https://www.20minutes.fr/medias/1414451-20140703-direct-radio-grandes-radios-francaises-vont-lancer-appli-mobile-
commune
38
Le sport à la radio
numérique, plus de 17 % « regardent » les programmes en format vidéo (soit 1,1 million
d’auditeurs)56. Cette tendance est le fruit d’une volonté des radios de mieux s’adapter à leur public
et d’un accès à la technologie facilité ces dernières années 67.
La radio filmée d’une émission fonctionne bien pour des interviews, des pastilles d’humoristes ou
des moments culturels forts. Les émissions de débats autour du sport des radios généralistes sont
pour certaines filmées. Les points d’information sportive peuvent aussi être identifiés et filmés,
dans le cadre d’une captation globale de l’émission dans laquelle ils sont insérés. En revanche, les
couvertures de compétitions sportives ne sont pas filmées.
A l’avenir, il est fort probable que les radios intensifient leurs productions de vidéo dans la mesure
où cela leur permet d’élargir leur audience. Pour élargir la consommation de contenus sur les
plateformes des radios et réseaux sociaux, de nouveaux formats devront être trouvés. Les éditeurs
pourront développer des formats de mise en images de la radio, de l’audio, « sans que ce soit
filmé », il s’agira alors de « prendre des sons et d’imaginer une narration visuelle » d’après le groupe
Radio France 68.
Cette nouvelle communication aux formats multiples et sur des supports variés a amené le métier
de journaliste à évoluer et les rédactions à s’organiser différemment. Le métier de journaliste
sportif en radio maintient ses spécificités (talent à susciter l’imaginaire par la voix, traitement
spécifique de l’information, etc.), mais certains journalistes peuvent avoir à aller au-delà de leur
mission traditionnelle : rédaction de contenu web, présentation filmée dans le cadre d’un direct
(sur le site de la station, ou via Facebook live, etc.). Dans certains médias radios, les rédactions web
et radios sont distinctes, quand dans des groupes pluri-médias, les rédactions sont constituées de
journalistes intervenant sur des médias différents (TV/radio/presse écrite et digitale). Le journaliste
sportif doit, aujourd’hui encore davantage qu’hier, mettre en perspective un sujet et raconter une
histoire.
Tous ces changements poussent les radios à revoir leur modèle économique. En effet, en proposant
des contenus numériques qui atteignent une certaine audience, les radios s’intéressent à la
monétisation de cette audience, qu’il s’agisse du live en stream, des podcast, ou de contenus
annexes (articles, vidéos, photos, applications vocales pour enceintes connectées) sur leurs
plateformes et réseaux sociaux. Certains éditeurs ont par exemple testé l’intégration de publicité
autour des podcast, mais pour le moment, faute d’indicateurs de performance clairs et détaillés et
de référencement commun, ils peinent à monétiser ce type de programmes. Dans la mesure où
l’audience est encore difficile à mesurer et que le contexte publicitaire est fortement concurrentiel,
la monétisation des contenus numériques audio est limitée. Pour le moment, le numérique est
davantage un terrain à couvrir pour continuer à toucher le public déjà acquis qu’un véritable relais
de croissance. Un nouveau modèle économique reste encore à trouver sur le seul univers
numérique.
Enfin, le numérique permet une disponibilité des contenus audio de radios françaises à l’étranger,
notamment auprès du public francophone à l’étranger. Pour cibler un nouveau public non
francophone, les radios peuvent facilement exporter des contenus musicaux. En revanche, les
67
Le matériel est accessible financièrement et les plateformes proposent de nouveaux outils comme Facebook Live.
68
Propos de Laurent Frisch, directeur des nouveaux médias à Radio France, dans le cadre de l’article INA Global, La radio
2018 vue par Laurent Frisch, 8 janvier 2018, https://www.inaglobal.fr/radio/article/la-radio-en-2018-vue-par-laurent-
frisch-10058
39
Le sport à la radio
contenus audio parlés comme les contenus sportifs nécessitent un certain investissement en
traduction de la part de l’éditeur.
La radio numérique terrestre, RNT ou DAB en anglais, est une technologie de modulation et de
transmission numériques de la radio déjà présente dans de nombreux pays dans le monde. En
France, elle est développée pour compléter l’offre radiophonique de la FM, contribuer au
pluralisme et renouveler l’image de la radio. Le Conseil poursuit le déploiement de la norme DAB+
au niveau local, et a lancé mi-2018 un appel à candidature en DAB+ au niveau métropolitain.
La technologie DAB+ est source de nombreux bénéfices pour les auditeurs, dont certains sont
particulièrement pertinents pour les contenus sportifs. Tout d’abord, cette nouvelle technologie
permet de diffuser un contenu audio avec un son de très bonne qualité. De plus, l’appel aux
candidatures métropolitain lancé en juillet 2018 par le Conseil est fondé sur cette technologie et
son objectif est d’accroître significativement la continuité d’écoute en mobilité de radios à vocation
nationale, généralistes ou thématiques. Le sport étant un des rares contenus qui se consomme
majoritairement en direct, l’écoute en continu grâce au DAB+ permet aux conducteurs de suivre
sans coupures la couverture d’une compétition sportive. La technologie permet aussi d’enrichir le
flux audio par des données numériques associées qui pourraient être intéressantes pour l’auditeur
lorsqu’il s’agit de la couverture d’une compétition sportive (informations sur la compétition, les
équipes concernées, le score, etc.).
Le DAB+ est aussi un moyen d’attirer de nouvelles stations sur une zone, notamment des projets
proposant des contenus sportifs. Pour le moment, au niveau local, aucune nouvelle antenne
proposant une offre de sport n’a été proposée au Conseil.
Dans ce contexte d’évolution des technologies et des usages, les radios, comme les autres médias,
doivent produire des contenus sous toutes les formes (sons, texte, vidéo, photographie) et
disponibles sur tous les supports (ordinateur, tablette, téléphone mobile, poste de radio, poste de
télévision). Cette évolution vers des médias « globaux » va de pair avec une concentration
progressive ces dernières années dans le secteur audiovisuel. Pour pouvoir être présents partout,
les médias sont de plus en plus nombreux à s’assembler. Des groupes média possèdent ainsi à la
fois des chaînes de télévision, des stations de radio, des éditeurs de presse écrite et numérique et
renforcent leur présence sur le numérique. Cette tendance à la concentration et au développement
de médias dits « globaux » renforce le poids de certains acteurs sur le marché de l’audiovisuel, et
notamment leur position en tant que diffuseur de contenus sportifs.
et sur une station de radio du même groupe. Le groupe SFR/Altice s’inscrit particulièrement dans
cette logique. Le groupe a indiqué que « toutes les émissions de la station RMC seront filmées dans
un véritable studio TV, au lieu d’une simple captation dans un studio radio » 69. En 2014, Alain Weill,
PDG de NextRadioTV à l’époque, avait déjà expliqué vouloir « donner le choix aux auditeurs et
téléspectateurs entre écouter la radio et regarder en replay ou en direct, sur une tablette ou un
téléviseur » 70. Enfin, les rédactions des différents médias peuvent être fusionnées, ce qui réduit les
coûts totaux. Au-delà de ces économies d’échelle, des synergies entre chaînes de télévision et
radios pourraient renforcer l’image de marque du groupe. Le nom de la marque d’un groupe peut
ainsi être repris par tous les médias du groupe, chaînes de télévision ou radios. A titre d’exemple, le
groupe SFR/Altice a rebaptisé ses chaînes de télévision avec la marque « RMC Sport » 71.
Ces différentes synergies permettent aux acteurs traditionnels de proposer des marques globales
fortes face aux plateformes numériques mastodontes que sont les GAFA.
Du point de vue du consommateur de contenus audiovisuels sportifs, l’accès à l’offre de sport est
plus simple dans un contexte de médias concentrés, car le consommateur connait la marque, ce
qu’elle propose et sait donc où aller chercher le contenu. L’offre apparait par contre davantage
standardisée, homogène, et moins diversifiée. Le développement de ces concentrations risque à
terme de faire baisser la concurrence et donc la diversité des contenus audiovisuels, notamment
des contenus sportifs.
Principaux enseignements :
Dans ce nouvel environnement numérique des contenus audio, de nouveaux acteurs ont émergé.
Les webradios (services de radio disponibles uniquement sur Internet) sont rares à proposer des
contenus sportifs conséquents. L’offre de sport en webradio est le fruit d’une initiative locale et
peut souffrir de difficultés de référencement dans l’offre globale d’internet. Les plateformes
d’agrégation de radios qui ont émergé ces dernières années proposent quant à elles
essentiellement des contenus musicaux, et très peu de sport, hormis au travers des radios
traditionnelles disponibles sur ces plateformes. Enfin, les GAFA n’ont pas encore réellement investi
le marché de la diffusion de contenus sonores numériques.
69
Propos du directeur général de SFR Média, Damien Bernet recueillis dans le cadre de l’article Satellifax, RMC : la radio
sera bientôt une télévision, comme déjà promis… pour 2015, 22 mars 2018,
https://www.satellifax.com/fr/tour/news/204450/rmc-radio-bientot-television-comme-deja-promis-2015.html
70
Satellifax, RMC : la radio sera bientôt une télévision, comme déjà promis…pour 2015, 22 mars 2018.
71
Les antennes SFR Sport 1, SFR Sport 2, SFR Sport 3, SFR Sport 5 et BFM Sport se nomment désormais RMC Sport 1, RMC
Sport 2, RMC Sport 3, RMC Sport 4 et RMC Sport News.
41
Le sport à la radio
Face à l’évolution des équipements et des usages, les acteurs traditionnels de la radio, et
notamment ceux qui diffusent du sport, s’adaptent pour rencontrer leurs auditeurs sur le
numérique. Les radios se rendent disponibles sur un maximum des nouveaux supports et services
(sites, plateformes de streaming, enceintes connectées…) pour rendre leur contenus hyper-
accessibles. Elles font également évoluer leur offre sportive en proposant notamment davantage
d’émissions de débats autour du sport que de retransmissions sportives. Elles diversifient leur offre
numérique en l’enrichissant d’articles, de photos, et en particulier de vidéo. Ces changements ont
entrainé une évolution du métier de journaliste et un questionnement quant au modèle
économique à choisir dans ce nouvel environnement.
Ces évolutions poussent les médias audiovisuels « mono-service » (vidéo ou audio), en particulier
nationaux, à se rapprocher d’autres médias et à tendre vers un statut de média dit « global » pour
contrôler le parcours de leur contenu dans tout l’écosystème. S’agissant des contenus sportifs en
particulier, la concentration du secteur de l’audiovisuel permet aux acteurs producteurs de
contenus sportifs de mettre en œuvre des synergies et proposer des marques fortes. Elle risque
aussi à terme de réduire la concurrence et de rendre l’offre sportive homogène.
42
Le sport à la radio
Conclusion
Depuis les premières retransmissions de compétitions sportives dans les années 1920, la radio a
fortement contribué à l’exposition du sport auprès du public.
Dans l’ensemble, le football est – de loin – le sport le plus représenté en radio. Il en est de même
dans d’autres pays européens comme le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne. Un petit
nombre d’autres disciplines sont présentes au niveau national (à l’occasion de grandes
compétitions) et local (selon les performances des équipes locales). Comme en télévision, la
représentation de la diversité des pratiques sportives est un enjeu de la diffusion de sport à la
radio.
Malgré une baisse de leur audience et une pression sur leurs recettes publicitaires, les éditeurs de
radio continuent d’investir dans le sport, pour leur offre hertzienne et leurs déclinaisons
numériques. Bien que la thématique sportive ne figure pas parmi les premières sources de
motivation d’écoute du média radio, elle contribue positivement à l’image des éditeurs et à la
fidélisation du public. En revanche, la rentabilité directe liée à la couverture d’un événement sportif
n’est généralement pas garantie, comme c’est aussi le cas en télévision. Les coûts humains
(rédaction) et techniques (liaison entre l’enceinte sportive et le studio radio) sont les plus
importants, contrairement à la télévision pour laquelle les droits de diffusion prédominent.
En radio, le cadre juridique français protège l’accès des journalistes aux enceintes sportives et toute
station a le droit de diffuser gratuitement le commentaire oral d’une manifestation. Un tel accès
peut toutefois être limité pour des raisons tenant aux contraintes de sécurité du public et des
sportifs et aux capacités d’accueil de l’enceinte. Le principe de gratuité vaut pour la seule diffusion
du commentaire oral et non pour sa réalisation, susceptible d’engendrer des coûts techniques pour
les éditeurs de radio. A l’étranger, la commercialisation des droits radiophoniques est autorisée et
pratiquée dans certains pays, comme au Royaume-Uni.
La transformation numérique touche la radio comme elle concerne la télévision. A cet égard, le
sport reste un contenu stratégique pour les éditeurs de radio, confrontés à des acteurs du
numérique encore peu investis dans l’offre sportive audio. Dans cet environnement numérique, les
radios font cependant face à une concurrence intense exercée par des contenus d’autres natures
(texte comme les directs commentés ou vidéo comme les extraits).
Les éditeurs de radio ont pris le virage du numérique avec une approche innovante, par exemple en
rendant leurs contenus accessibles sur les enceintes connectées, et « globale » comme en
43
Le sport à la radio
témoignent les synergies mises en œuvre entre radio et télévision. Ceci leur permet de s’adapter
aux nouveaux usages et de contrôler le parcours de leur contenu dans tout l’écosystème.
La radio est un média facile d’accès qui permet de créer un lien fort avec l’auditeur et peut
s’écouter facilement en mobilité. Il constitue un facteur d’exposition supplémentaire indéniable
pour le monde sportif.
44
Le sport à la radio
Editeurs de radios
- Europe 1
- Groupe Radio France
- RFI
- RMC
- RTL
- Sud Radio
Agence de presse
- Agence France-Presse (AFP)
Organisation professionnelle
- Union Européenne de radio-télévision (UER)
- Union des journalistes de sport en France (UJSF)
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