Module Dapprentissage 1 Souvenirs Et Nostalgies
Module Dapprentissage 1 Souvenirs Et Nostalgies
Module Dapprentissage 1 Souvenirs Et Nostalgies
La Bohème
de Charles Aznavour
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1- " On ne se fait pas payer pour avoir eu honte
d’être un homme." Le personnage du grand-père
n’est manifestement pas fier de son passé de
soldat.
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Lecture
Crépuscule
Dans sa jeunesse, Frédéric a connu Madame Arnoux et l’a aimée
pendant des années sans jamais le lui avouer. Bien des années plus tard,
celle-ci lui rend visite.
Elle avoua qu’elle désirait faire un tour à son bras, dans les rues.
Ils sortirent.
La lueur des boutiques éclairait, par intervalles, son profil pâle ; puis
l’ombre l’enveloppait de nouveau ; et, au milieu des voitures, de la foule
5 et du bruit, ils allaient sans se distraire d’eux-mêmes, sans rien entendre,
comme ceux qui marchent ensemble dans la campagne, sur un lit de
feuilles mortes.
Ils se racontèrent leurs anciens jours, les dîners du temps de l’Art
industriel, les manies d’Arnoux, sa façon de tirer les pointes de son faux
Gustave FLAUBERT 10 col, d’écraser du cosmétique sur ses moustaches, d’autres choses plus
(1821- 1880) Né en intimes et plus profondes. Quel ravissement il avait eu la première fois, en
Normandie, il a passé l’entendant chanter ! Comme elle était belle, le jour de sa fête, à Saint-
son enfance aux côtés Cloud! Il lui rappela le petit jardin d’Auteuil, des soirs de théâtre, une
de son père chirurgien.
rencontre sur le boulevard, d’anciens domestiques, sa négresse.
Sa rencontre avec Élisa
15 Elle s’étonnait de sa mémoire. Cependant, elle lui dit :
Schlésinger marquera sa
– Quelquefois, vos paroles me reviennent comme un écho lointain,
vie. Grand auteur
réaliste, il a surtout écrit
comme le son d’une cloche apporté par le vent ; et il me semble que vous
Madame Bovary et êtes là, quand je lis des passages d’amour dans les livres.
l’Éducation – Tout ce qu’on y blâme d’exagéré, vous me l’avez fait ressentir, dit
sentimentale. 20 Frédéric (…)
– Pauvre cher ami !
Elle soupira ; et, après un long silence :
– N’importe, nous nous serons bien aimés.
– Sans nous appartenir, pourtant !
25 – Cela vaut peut-être mieux, reprit-elle.
l’Art industriel :
le nom du magasin
– Non ! Non ! Quel bonheur nous aurions eu !
de Monsieur Arnoux. – Oh ! Je le crois, avec un amour comme le vôtre !
Et il devait être bien fort pour durer après une séparation si longue !
Frédéric lui demanda comment elle l’avait découvert.
30 – C’est un soir que vous m’avez baisé le poignet entre le gant et la
manchette. Je me suis dit : " Mais il m’aime… Il m’aime. " J’avais peur
de m’en assurer, cependant. Votre réserve était si charmante, que j’en
jouissais comme d’un hommage involontaire et continu.
Il ne regretta rien. Ses souffrances d’autrefois étaient payées.
1. Ce texte est un récit comportant un dialogue. 2. Autour du mot " Mémoire "
Délimitez les deux séquences en question et
dites quel rapport elles entretiennent entre elles. • Quel sens a le mot " mémoire " dans
chacune des expressions suivantes :
2. De quelle période de leur vie les deux préparer un mémoire
personnages parlent-ils surtout ? avoir une mémoire d’éléphant
publier des mémoires
3. "Elle s’étonnait de sa mémoire". Montrez que
les deux personnages se souviennent des
moindres détails de leur passé. Quelles • Utilisez chacune de ses expressions dans une
conclusions peut-on en tirer ? phrase de votre composition.
Le discours rapporté
• Rapporter les paroles d’autrui
• Appuyer une argumentation par des citations d’auteurs
Observation
Mme Loisel a emprunté à une amie, Mme Forestier, une parure de diamants qu’elle a égarée. Elle n’en dit
rien à personne et s’endette pour faire confectionner une authentique copie du bijou perdu…
Madame Loisel semblait vieille, maintenant. Elle était devenue la femme forte, et dure, et rude, des
ménages pauvres. Mal peignée, avec les jupes de travers et les mains rouges, elle parlait haut, lavait à
grande eau les planchers. Mais parfois, lorsque son mari était au bureau, elle s’asseyait auprès de la
fenêtre, et elle songeait à cette soirée d’autrefois, à ce bal où elle avait été si belle et si fêtée.
Que serait-il arrivé si elle n’avait point perdu cette parure ? Qui sait ? Qui sait ? Comme la vie est
singulière, changeante ! Comme il faut peu de chose pour vous perdre ou vous sauver!
Or, un dimanche, comme elle était allée faire un tour aux Champs-Élysées pour se délasser des
besognes de la semaine, elle aperçut tout à coup une femme qui promenait un enfant. C’était Mme
Forestier, toujours jeune, toujours belle, toujours séduisante.
Mme Loisel se sentit émue. Allait-elle lui parler ? Oui, certes. Et maintenant qu’elle avait payé, elle
lui dirait tout. Pourquoi pas ?
Elle s’approcha.
" Bonjour, Jeanne ".
L’autre ne la reconnaissait point, s’étonnant d’être appelée aussi familièrement par cette bourgeoise.
Elle balbutia :
" Mais… Madame !… Je ne sais… Vous devez vous tromper.
– Non. Je suis Mathilde Loisel. "
Son amie poussa un cri : " Oh ! … ma pauvre Mathilde, comme tu es changée !…
Questions :
2. Relevez le passage au discours indirect libre
1. Après avoir évoqué les peines endurées par relatif à chacun de ces deux derniers moments et
Mme Loisel pendant des années, le narrateur dites comment cela permet de brosser le portrait
nous présente ce personnage dans ses moments
moral des deux femmes.
de solitude, puis lors de sa rencontre avec Mme
Forestier. A quel moment précis de la narration 3. Le narrateur aurait pu rapporter les paroles
Maupassant fait-il intervenir le discours direct et des deux femmes au discours indirect. Pourquoi
le discours indirect libre ? Pourquoi ? a-t-il opté pour le discours direct ?
4. Dites ce qui distingue ces deux types de
discours sur le plan formel.
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Exercices Repères
1. Lisez l’extrait suivant et répondez aux Quand on rapporte les paroles ou les pensées de
questions quelqu’un, on a le choix entre le discours direct, le
Extrait : discours indirect et le discours indirect libre.
Elle s’étonnait de sa mémoire. Cependant, elle
lui dit : • Le discours direct reproduit les paroles telles
– Quelquefois, vos paroles me reviennent qu’elles ont été prononcées.
comme un écho lointain, comme le son
d’une cloche apporté par le vent ; et il me • Le discours indirect rapporte les paroles en les
subordonnant à un verbe introducteur comme dire,
semble que vous êtes là, quand je lis des
annoncer, prétendre, demander…
passages d’amour dans les livres.
G. Flaubert
• Le discours indirect libre est un procédé
Questions : essentiellement littéraire qui combine les particularités
– Identifiez la phrase rapportée au style du discours direct (absence de subordination, présence
direct et celle rapportée au style indirect. d’interjections et d’exclamations) et certaines
– Elle s’étonnait de sa mémoire. Imaginez particularités du discours indirect (transformation des
pronoms et des temps …).
ce que Mme Arnoux aurait pu dire à
Exemple :
Frédéric pour traduire son étonnement.
– “Quelquefois, vos paroles me reviennent Ils se racontèrent leurs anciens jours, les dîners du
comme un écho lointain”. Mettez cette temps de l’Art industriel, les manies d’Arnoux, sa façon
phrase au style indirect. Quelles de tirer les pointes de son faux col, d’écraser du
transformations constatez-vous ? cosmétique sur ses moustaches, d’autres choses plus
intimes et plus profondes. Quel ravissement il avait eu
2. Repérez les paroles rapportées dans la première fois, en l’entendant chanter! Comme elle
l’extrait suivant et dites chaque fois qui était belle, le jour de sa fête, à Saint-Cloud ! Il lui
les prononce. rappela le petit jardin d’Auteuil, des soirs de théâtre,
une rencontre sur le boulevard, d’anciens domestiques,
J’avais le défaut d’être excessivement sa négresse.
timide et facile à déconcerter ; mais loin G.Flaubert, l’Éducation sentimentale
d’être arrêté par cette faiblesse, je
m’avançai vers la maîtresse de mon cœur. Les verbes introducteurs
(…) Je lui demandai ce qui l’amenait à Les verbes introducteurs révèlent parfois l’implication
Amiens, et si elle y avait quelques du narrateur.
personnes de connaissance. Elle me Ex : prétendre, demander en souriant, prétexter, dire
répondit ingénument qu’elle y était en baillant…
envoyée par ses parents pour être
religieuse.
Abbé Prévost, Manon Lescaut.
9. Lisez l’extrait suivant et dites pourquoi Jacques Suffel rapporte la première version du début
de l’Éducation sentimentale.
C’est le 1er septembre 1864 que Flaubert commença, sans enthousiasme, la rédaction de son
roman. Envahi par la mélancolie de ses souvenirs de jeunesse, il multipliait les brouillons, et
l’influence, toujours proche de Balzac le préoccupait.
Les ébauches des premières lignes sont à cet égard caractéristiques : « Il n’eût pas été difficile
à l’observateur le plus médiocre de reconnaître parmi les passagers qui, le 1er septembre 1840, à 6
heures du matin, encombraient le pont de la Ville de Montereau,
amarrée au quai Saint-Bernard, quelles étaient la condition, les aptitudes intellectuelles, les goûts et
le caractère d’un jeune homme qui…
M. Frédéric Moreau, âgé de seize ans[le texte définitif indiquera :dix-huit ans], nouvellement reçu
bachelier ès lettres, s’embarqua, le 1er septembre 1840, à six heures du matin, sur la Ville de
Montereau, pour s’en retourner chez sa mère à Nogent-sur-Seine… »
Peu à peu le style s’affermit et Flaubert retrouva sa manière. Néanmoins, jusqu’à la fin, il fut
tourmenté par le doute.
Jacques Suffel, Préface de l’Éducation sentimentale.
L’étude de texte
Répondre par écrit à une question de compréhension
Texte
J’ai partagé avec mon grand-père et ma grand-mère des moments merveilleux dans leur minuscule
maison de trois pièces, qui se trouvait à deux cents mètres de celle de mes parents, au bout d’un chemin
qui longeait leur ancienne boulangerie, elle-même située face au travail du maréchal-ferrant. Ainsi,
chaque fois que je me rendais chez eux, je sentais d’abord l’odeur de la corne brûlée des chevaux ferrés
par le maréchal, puis celle du pain cuit dans le fournil, celle du bois de chêne dans le hangar, celle de
la farine dans la remise, enfin l’odeur des vaches et du lait dans la maison de mes grands-parents.
En approchant de la cour, c’est lui que j’apercevais immanquablement, car sa fière et droite silhouette
se remarquait de loin. Il s’appelait Germain. C’était un homme d’acier, jusque dans le bleu de ses yeux.
D’une enfance douloureuse, il s’était forgé un caractère terrible et une carapace dont il se débarrassait
seulement, parfois, pour ses petits-enfants. Il était capable de colères froides qui le faisaient redouter
de tous, de sa famille comme de ses amis. Sa moustache blanche soulignait un nez fin et droit. Il portait
une chemise de laine, un pantalon de toile retenu par des grandes bretelles, et une ceinture de flanelle
enroulée autour de sa taille. Sur sa tête, une casquette grise qu’il repoussait quelquefois vers l’arrière,
quand il était bien fatigué.
Tout le monde le craignait. Pas moi. Je devinais derrière cette forteresse glaciale une immensité de
tendresse. Il me semblait que c’était le métal de ses yeux qui la retenait prisonnière, car je n’avais
jamais vu ailleurs, dans d’autres yeux, un tel bleu implacable.
Christian Signol, Bonheurs d’enfance.
Exercices
1. Lisez chacun des extraits suivants et dites si les indices écrits en gras constituent des éléments
de réponse à la question 1, 2 ou 3.
Extrait 1 :
J’ai partagé avec mon grand-père et ma grand-mère des moments merveilleux dans leur
minuscule maison de trois pièces, qui se trouvait à deux cents mètres de celle de mes parents, au
bout d’un chemin qui longeait leur ancienne boulangerie, elle-même située face au travail du
maréchal-ferrant. Ainsi, chaque fois que je me rendais chez eux, je sentais d’abord l’odeur de la
corne brûlée des chevaux ferrés par le maréchal, puis celle du pain cuit dans le fournil, celle du
bois de chêne dans le hangar, celle de la farine dans la remise, enfin l’odeur des vaches et du lait
dans la maison de mes grands-parents.
1. Dites quels sont les différents lieux évoqués dans cet extrait et précisez leur fonction.
2. A quel sens le souvenir des grands-parents est-il associé ? Comment cette association permet-elle
au narrateur de remonter le temps ?
3. Qu’est-ce qui montre, dans cet extrait, qu’il s’agit d’un souvenir minutieusement reconstitué ?
Extrait 2 :
En approchant de la cour, c’est lui que j’apercevais immanquablement, car sa fière et droite
silhouette se remarquait de loin. Il s’appelait Germain. C’était un homme d’acier, jusque dans le
bleu de ses yeux. D’une enfance douloureuse, il s’était forgé un caractère terrible et une carapace
dont il se débarrassait seulement, parfois, pour ses petits-enfants. Il était capable de colères froides
qui le faisaient redouter de tous, de sa famille comme de ses amis. Sa moustache blanche soulignait
un nez fin et droit. Il portait une chemise de laine, un pantalon de toile retenu par des grandes
bretelles, et une ceinture de flanelle enroulée autour de sa taille. Sur sa tête, une casquette grise qu’il
repoussait quelquefois vers l’arrière, quand il était bien fatigué.
Tout le monde le craignait. Pas moi. Je devinais derrière cette forteresse glaciale une immensité
de tendresse. Il me semblait que c’était le métal de ses yeux qui la retenait prisonnière, car je n’avais
jamais vu ailleurs, dans d’autres yeux, un tel bleu implacable.
Questions :
1. Le grand-père a un caractère complexe. Relevez des indices qui le montrent.
2. Le grand-père se distingue par un trait de caractère particulier. Lequel ? Relevez les indices qui
justifient votre réponse.
3. Dans quelle mesure le portrait physique du grand-père correspond-il à son portrait moral ?
3. Lisez les extraits suivants et rédigez la réponse aux questions qui les accompagnent.
Crépuscule
Dans sa jeunesse, Frédéric a connu Madame Arnoux et l’a aimée
pendant des années sans jamais le lui avouer. Bien des années plus tard,
celle-ci lui rend visite.
Elle avoua qu’elle désirait faire un tour à son bras, dans les rues.
Ils sortirent.
La lueur des boutiques éclairait, par intervalles, son profil pâle ; puis
l’ombre l’enveloppait de nouveau ; et, au milieu des voitures, de la foule
5 et du bruit, ils allaient sans se distraire d’eux-mêmes, sans rien entendre,
comme ceux qui marchent ensemble dans la campagne, sur un lit de
feuilles mortes.
Ils se racontèrent leurs anciens jours, les dîners du temps de l’Art
industriel, les manies d’Arnoux, sa façon de tirer les pointes de son faux
Gustave FLAUBERT 10 col, d’écraser du cosmétique sur ses moustaches, d’autres choses plus
(1821- 1880) Né en intimes et plus profondes. Quel ravissement il avait eu la première fois, en
Normandie, il a passé l’entendant chanter ! Comme elle était belle, le jour de sa fête, à Saint-
son enfance aux côtés Cloud! Il lui rappela le petit jardin d’Auteuil, des soirs de théâtre, une
de son père chirurgien.
rencontre sur le boulevard, d’anciens domestiques, sa négresse.
Sa rencontre avec Élisa
15 Elle s’étonnait de sa mémoire. Cependant, elle lui dit :
Schlésinger marquera sa
– Quelquefois, vos paroles me reviennent comme un écho lointain,
vie. Grand auteur
réaliste, il a surtout écrit
comme le son d’une cloche apporté par le vent ; et il me semble que vous
Madame Bovary et êtes là, quand je lis des passages d’amour dans les livres.
l’Éducation – Tout ce qu’on y blâme d’exagéré, vous me l’avez fait ressentir, dit
sentimentale. 20 Frédéric (…)
– Pauvre cher ami !
Elle soupira ; et, après un long silence :
– N’importe, nous nous serons bien aimés.
– Sans nous appartenir, pourtant !
25 – Cela vaut peut-être mieux, reprit-elle.
l’Art industriel :
le nom du magasin
– Non ! Non ! Quel bonheur nous aurions eu !
de Monsieur Arnoux. – Oh ! Je le crois, avec un amour comme le vôtre !
Et il devait être bien fort pour durer après une séparation si longue !
Frédéric lui demanda comment elle l’avait découvert.
30 – C’est un soir que vous m’avez baisé le poignet entre le gant et la
manchette. Je me suis dit : " Mais il m’aime… Il m’aime. " J’avais peur
de m’en assurer, cependant. Votre réserve était si charmante, que j’en
jouissais comme d’un hommage involontaire et continu.
Il ne regretta rien. Ses souffrances d’autrefois étaient payées.
L’absent
L’enfant que j’étais alors avait peu de jouets, pas d’amis. Mon père
me tenait lieu de compagnon de jeu. Il fabriquait des cerfs-volants, des
lanternes, il dessinait des animaux, il me racontait la vie des oiseaux
qu’on ne voyait pas en ville. Mon père, dis-je à Sirius, était né dans une
5 famille de paysans, au milieu d’un jardin peuplé de singes et d’oiseaux.
Linda Lê : auteure
française d’origine En arrivant en ville, il avait gardé la nostalgie de la nature. Dans ses
vietnamienne née en lettres, il me disait que, de temps à l’autre, il prenait le bateau et allait à
1963, elle publie à la mer, ou le train pour se rendre au nord, au pays de sa jeunesse. Le
vingt-trois ans son 10 voyage en train dure deux jours. Il allait sur la tombe de ces ancêtres. Sa
premier roman Un si tombe à lui a été creusée au bord d’un cours d’eau. M’y rendrai-je un jour ? Crois-
tendre vampire.
tu, Sirius, qu’il m’attend et que, si je viens m’agenouiller devant cette
D’autres romans
tombe, le mort me lâchera ? Non, les morts ne nous lâchent pas. Car que
suivront dont : les
Evangiles du crime,
15 serons nous sans eux ? C’est nous qui sommes poussière, en eux se trouve
les Dits d’un idiot, contenue toute l’énergie du monde. Nous défaisons ce que les morts ont
Lettre Morte. fait, mais la trame a été tissée par eux. Nous répétons ce que les morts ont
dit, mais les mots ont été inventés par eux. Quand mon père se rendait sur
la tombe de ses ancêtres, il allait aussi à la recherche de sa jeunesse
20 perdue, ce temps heureux qu’il avait passé au nord du pays, entre les
singes et les oiseaux. Enfant, je l’écoutais me raconter les promenades au
bord de la rivière qui longeait son village. Il s’y baignait longuement. Une
fois, il avait failli mourir. Ses pieds avaient été pris dans d’immenses
algues qui l’entraînaient vers le fond. Ce fut sa grande sœur qui le sauva.
25 Elle plongea et le tira de l’eau. Il avait dix ans.
1. Ce texte est un récit comportant un dialogue. 2. Autour du mot " Mémoire "
Délimitez les deux séquences en question et
dites quel rapport elles entretiennent entre elles. • Quel sens a le mot " mémoire " dans
chacune des expressions suivantes :
2. De quelle période de leur vie les deux préparer un mémoire
personnages parlent-ils surtout ? avoir une mémoire d’éléphant
publier des mémoires
3. "Elle s’étonnait de sa mémoire". Montrez que
les deux personnages se souviennent des
moindres détails de leur passé. Quelles • Utilisez chacune de ses expressions dans une
conclusions peut-on en tirer ? phrase de votre composition.
La madeleine
Le narrateur rentre chez lui « accablé de la morne journée et la perspective d’un
triste lendemain ». Sa mère lui propose du thé et une madeleine ...
de goût. Lequel parmi ces trois sens permet au • Faites correspondre les adjectifs et les
noms.
narrateur de reconstituer ses souvenirs d’enfance ? Noms : Le toucher, la vue, l’odorat, le goût,
l’ouïe.
2. Le premier paragraphe commence par : «Et Adjectifs : Tactile, auditif, visuel, olfactif,
tout d’un coup le souvenir m’est apparu.» gustatif.
Qu’est-ce qui dans le deuxième paragraphe fait
écho à cette phrase ? Qu’en déduisez-vous • Cherchez le sens des mots suivants et
quant à la construction du texte ? employez chacun d’eux dans une phrase
de manière à en faire apparaître la
3. La dernière phrase de chacun des deux différence de sens :
paragraphes contient une information
essentielle. Laquelle ? Les senteurs, l’arôme, le parfum, le relent.
1. Lisez l’extrait suivant et répondez aux Quand on rapporte les paroles ou les pensées de
questions quelqu’un, on a le choix entre le discours direct, le
Extrait : discours indirect et le discours indirect libre.
Elle s’étonnait de sa mémoire. Cependant, elle
lui dit : • Le discours direct reproduit les paroles telles
– Quelquefois, vos paroles me reviennent qu’elles ont été prononcées.
comme un écho lointain, comme le son
d’une cloche apporté par le vent ; et il me • Le discours indirect rapporte les paroles en les
subordonnant à un verbe introducteur comme dire,
semble que vous êtes là, quand je lis des
annoncer, prétendre, demander…
passages d’amour dans les livres.
G. Flaubert
• Le discours indirect libre est un procédé
Questions : essentiellement littéraire qui combine les particularités
– Identifiez la phrase rapportée au style du discours direct (absence de subordination, présence
direct et celle rapportée au style indirect. d’interjections et d’exclamations) et certaines
– Elle s’étonnait de sa mémoire. Imaginez particularités du discours indirect (transformation des
pronoms et des temps …).
ce que Mme Arnoux aurait pu dire à
Exemple :
Frédéric pour traduire son étonnement.
– “Quelquefois, vos paroles me reviennent Ils se racontèrent leurs anciens jours, les dîners du
comme un écho lointain”. Mettez cette temps de l’Art industriel, les manies d’Arnoux, sa façon
phrase au style indirect. Quelles de tirer les pointes de son faux col, d’écraser du
transformations constatez-vous ? cosmétique sur ses moustaches, d’autres choses plus
intimes et plus profondes. Quel ravissement il avait eu
2. Repérez les paroles rapportées dans la première fois, en l’entendant chanter! Comme elle
l’extrait suivant et dites chaque fois qui était belle, le jour de sa fête, à Saint-Cloud ! Il lui
les prononce. rappela le petit jardin d’Auteuil, des soirs de théâtre,
une rencontre sur le boulevard, d’anciens domestiques,
J’avais le défaut d’être excessivement sa négresse.
timide et facile à déconcerter ; mais loin G.Flaubert, l’Éducation sentimentale
d’être arrêté par cette faiblesse, je
m’avançai vers la maîtresse de mon cœur. Les verbes introducteurs
(…) Je lui demandai ce qui l’amenait à Les verbes introducteurs révèlent parfois l’implication
Amiens, et si elle y avait quelques du narrateur.
personnes de connaissance. Elle me Ex : prétendre, demander en souriant, prétexter, dire
répondit ingénument qu’elle y était en baillant…
envoyée par ses parents pour être
religieuse.
Abbé Prévost, Manon Lescaut.
La mémoire, Magritte.
Quand on lit un texte, on découvre les informations • La couleur : répartition des masses de couleurs,
progressivement. Dans une image au contraire, toutes couleurs dominantes, types de couleurs (chaudes ou
les informations sont données simultanément. Il faut froides), rappels des couleurs...
donc pour “lir” une image (un tableau, une photo,
• Les formes : lignes courbes, droites, brisées,
une affiche...) prendre le temps de l’observer. On
rappels de formes ou de motifs...
peut envisager plusieurs axes de lecture.
• Le point de vue (la position de l’œil du peintre) :
• La composition : différents plans (premier distance par rapport aux figures de premier plan
plan/arrière plan), répartition des éléments dans le (visage, portrait en buste ou en pied). hauteur du
cadre (centrés, dispersés, symétriques...) équilibre regard, angle de vue (de biais, du bas, du haut ...)
des masses... perspective...
• La lumière : source de la lumière, jeu des ombres, • Le traitement des thèmes : aspect, attitude,
qualité de la lumière ( forte, douce, diffuse, position des personnages , expressions des visages,
contrastée...) éléments du décor , objets symboliques ...
Observation
Repérez les différentes parties qui constituent les sujets suivants :
Exercices
1. Lisez attentivement le sujet suivant et b) Il s’agit de montrer que le rôle des médias
dites quelle est la problèmatique qui lui est de nous faire prendre conscience d’autres
corespond : aspects de notre culture..
c) Il s’agit de montrer que le rôle des médias est
Sujet :
de nous faire connaître d’autres cultures,
Pensez-vous que le rôle des médias soit d’autres manières de penser en vue de nous
d’ouvrir notre conscience à d’autres cultures, faire prendre conscience de notre spécificité .
d’autres manières de penser ? d) Il s’agit de montrer que le rôle des médias est
Vous fonderez votre réflexion sur des exemples de nous amener à prendre conscience de
précis. l’existence d’autres cultures, d’autres manières
Sujet de composition française, séries F, G, H de penser et à reconnaître leur légitimité.
Problématiques : e) Il s’agit de montrer que le rôle des médias est
a) Il s’agit de montrer que le rôle des médias de nous faire découvrir d’autres cultures ,
est avant tout d’informer objectivement le d’autres manières de penser .
public sur d’autres cultures, d’autres manières
dePDF
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2. Quelle est la problématique soulevée dans
chacun des sujets suivants ? Reformulez-la
par écrit. La problématique est un problème
précis posé dans un contexte général .
Sujet 1
Balzac pense que, dans les grandes villes, les Dégager la problématique c’est définir
gens ont tendance à vivre « chacun pour soi ». exactement ce sur quoi il est demandé de
Partagez-vous ce point de vue ? réfléchir .
Exprimez votre opinion personnelle en
l’illustrant par des arguments et des exemples
précis
Sujet 2 Sujet 2
Pour l’auteur, le bonheur n’est pas « Ils s’affrontaient pour un rien, pour cent francs
synonyme de richesse matérielle. Partagez- gaspillés, pour une paire de bas… »
vous son point de vue ? Développez votre
opinion en vous appuyant sur des arguments et Cette phrase laisse entendre que les
des exemples précis. difficultés matérielles peuvent avoir une
Bac 2002, sections scientifiques. influence négative sur les relations entre les
individus.
3. Lisez attentivement les sujets suivants et
Partagez-vous ce point de vue ?
rédigez une introduction pour chacun d’eux :
Vous exprimerez votre opinion en vous
appuyant sur des exemples précis.
Sujet 1
Bac 2003, sections scientifiques.
Pour réussir dans la vie, il suffit d’être
ambitieux et d’avoir confiance en soi.
4. Choisissez l’une des introductions rédigées
Partagez-vous cet avis ? Ou bien pensez-vous
(exercice 3 ) et réécrivez-la en y apportant les
que la réussite dans la vie dépend d’autres
corrections nécessaires.
facteurs ?
Vous exprimerez votre opinion en vous
5. Bilan
référant à des exemples empruntés à votre
Dressez maintenant une liste des
expérience personnelle et à vos lectures
caractéristiques d’une bonne introduction.
Bac 2001, sections scientifiques.
b. Le souvenir du bonheur n’est plus du bonheur ; – Quel lien le souvenir a-t-il avec l’identité des
le souvenir de la douleur est de la douleur individus, le sentiment d’appartenir à une
encore. culture, à une civilisation ? Quelle serait la
Lord Byron fonction de l’Histoire ? S’agit-il alors dans ce
cas de souvenirs collectifs ou de souvenirs
c. Il y a une période où les souvenirs sont personnels ?
comme des sables mouvants dans
lesquels on s’enfonce, on s’enlise… Et puis, peu – Quel lien a-t-on souvent tendance à faire entre
à peu, ils prennent pour ainsi dire de la ces deux facultés de l’esprit qui, pourtant,
consistance, jusqu’à devenir comme un terrain s’opposent, l’une essentiellement orientée vers
solide sur lequel on va d’un pas élastique et l’avenir et l’autre ne trouvant sa raison d’être
léger. que dans le passé ?
M. Donnay
– Dans quel état l’esprit se trouve-t-il alors
d. Les humains disent que le temps passe. Le quand défilent des images de la vie passée ? Ces
Temps dit que les humains passent. souvenirs sont-ils d’égale importance ?
Proverbe sanskrit Pourquoi certains d’entre eux sont-ils plus
vivaces que d’autres? La mémoire peut-elle tout
e. Plongé dans une demi-somnolence, toute ma retenir ?
jeunesse repassait en mes souvenirs. Cet état, où
l’esprit résiste encore aux bizarres combinaisons
du songe, permet souvent
de voir se passer en quelques minutes les
tableaux les plus saillants d’une longue période
de la vie.
Gérard de Nerval
Annonce du plan
langue
1. Montrez comment la structure du texte est en Mère, père, frère, fils, patriarche, ancêtre,
relation étroite avec les différents moments de la famille, tribu, communauté.
visite.
2. Qu’est-ce qui montre que les lieux sont • Précisez le sens de chacun de ces mots.
familiers au narrateur ? Héritage, legs, patrimoine, succession, biens.
3.« j’entrai sous le toit de mes ancêtres. »
Relevez les autres phrases où il est question
Lire-écrire
de filiation et dites quel sentiment le narrateur
" Les lieux sont aussi des liens. Et ils sont notre
doit éprouver en s’exprimant ainsi.
mémoire. ", écrit Philippe Besson.
4. Relevez les termes qui constituent le champ
lexical de la désolation. Quelle est l’impression Rédigez un court paragraphe dans lequel
d’ensemble qui s’en dégage ? vous montrez que cette citation s’applique
5. Après avoir fait le tour des lieux, que fait le au texte de Chateaubriand .
narrateur ? Pourquoi ?
Utilisez dans votre réponse le maximum de
mots vus sous la rubrique « Les mots pour
Les mots pour le dire le dire ».
• Donnez les adjectifs correspondant aux
noms suivants :
Le lac
Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,
55 Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.
Alphonse de LAMARTINE,
Méditations poétiques. (1820)
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Lire et analyser
2. Construisez un petit paragraphe où vous
1. Les strophes de ce poème n’ont pas toutes la évoquerez un personnage (ou un lieu, un parfum,
même forme. Dites pourquoi. un bruit) qui a réveillé en vous de vieux
souvenirs. (Utilisez le même procédé de reprise
2. Relevez dans les paroles de la femme aimée que dans les deux extraits ci-dessous.
les deux champs lexicaux qui s’opposent. Quel
lien cela a-t-il avec le reste du poème ?
3.Quels sont les termes utilisés pour évoquer la
Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
femme aimée ? Qu’en déduisez-vous ?
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,
4. Quelle est la figure de style à laquelle le poète Tout dise : Ils ont aimé !
recourt dans la première strophe ? Expliquez-la Lamartine
et dites ce qu’elle ajoute au thème principal du
poème ?
5. En quoi la dernière phrase du poème " Ils ont …de même maintenant toutes les fleurs
aimé ! " fait-elle écho, en particulier, à la de notre jardin et celles du parc de M. Swann, et
réflexion développée dans la première strophe ? les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens
du village et leurs petits logis et l’église et tout
Combray et ses environs, tout cela qui prend
Lire-écrire forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma
tasse de thé.
1. Selon Lamartine, l’homme est impuissant Proust
devant la fuite du temps. Que peut-il faire d’apès
vous pour tenter d’y résister?
Éléments de versification
• Dans la poésie classique, les vers les plus • On appelle allitération la répétition de sons
courants sont l’alexandrin (12 syllabes), le consonnes et assonance la répétition de sons
décasyllabe (10 syllabes) et l’octosyllabe voyelles.
(8 syllabes). – Les sanglots longs
Les strophes peuvent comporter deux, trois, Des violons
quatre vers ou plus. De l’automne
Blessent mon cœur
• Pour bien lire un vers, il faut :
D’une langueur
- respecter le nombre des syllabes
Monotone
- respecter les liaisons
Verlaine
ex : Mais je demande en vain quelques moments
– Disloqué de cailloux en cailloux cahoté
encore (la liaison entre « moments » et « encore »
Hugo
est obligatoire)
• En poésie, le e muet se prononce sauf : – Des biches blanches qui broutent l’ache et le
- quand il est à la fin du vers cytise
- quand il se trouve à la fin du mot et qu’il est Régnier
suivi d’une voyelle • Le vers libre apparaît dès la fin du 19ème siècle.
ex : Il se caractérise notamment par l’absence presque
Ainsi toujours poussés vers de nouveaux rivages totale de ponctuation et une disposition
(le e final ne se prononce pas) typographique plus libre.
Sur l’onde et sous les cieux
(dans « l’onde » le e ne se prononce pas)
Photos de Pierre Olivier La Tunisie par-ci, par là, Anne Marie Cazalis, 1972.
2. Enregistrements, témoignages
• Audition de documents sonores : textes dits par des auteurs ou des professionnels de la voix
• Echange
• Appréciation de la qualité des interventions par les pairs
Autoévaluation :
Constituez un petit groupe d’observateurs chargés d’évaluer la prestation des intervenants.
+ + ou – –
Volume de la voix
Articulation et diction
Fluidité de la lecture
Chanson d’automne
Tout suffocant
Et blême quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure.
Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
De ça, de là,
Pareil à la
Feuille morte.
J’appartiens à un pays que j’ai quitté. Tu ne peux empêcher qu’à cette heure s’y épanouisse
au soleil toute une chevelure embaumée de forêts. Rien ne peut empêcher qu’à cette heure l’herbe
profonde y noie le pied des arbres, d’un vert délicieux et apaisant dont mon âme a soif… Viens,
toi qui l’ignores, viens que je te dise tout bas : le parfum des bois de mon pays égale la fraise et
la rose ! Tu jurerais, quand les taillis des ronces y sont en fleurs, qu’un fruit mûrit on ne sait où,
- là-bas, ici, tout près, - un fruit insaisissable qu’on aspire en ouvrant les narines. Tu jurerais,
quand l’automne pénètre et meurtrit les feuillages tombés, qu’une pomme trop mûre vient de
choir, et tu la cherches et tu la flaires, ici, là-bas, tout près…
Et si tu passais, en juin, entre les prairies fauchées, à l’heure où la lune ruisselle sur les meules
rondes qui sont les dunes de mon pays, tu sentirais, à leur parfum, s’ouvrir ton cœur. Tu fermerais
les yeux, avec cette fierté grave dont tu voiles ta volupté, et tu laisserais tomber ta tête, avec un
muet soupir…
Et si tu arrivais, un jour d’été, dans mon pays, au fond d’un jardin que je connais, un jardin
noir de verdure et sans fleurs, si tu regardais bleuir, au lointain, une montagne ronde où les
cailloux, les papillons et les chardons se teignent du même azur mauve et poussiéreux, tu
m’oublierais, et tu t’assoirais là, pour n’en plus bouger jusqu’au terme de ta vie. (…)
Ecoute encore, donne tes mains dans les miennes : si tu suivais, dans mon pays, un petit
chemin que je connais, jaune et bordé de digitales d’un rose brûlant, tu croirais gravir le sentier
enchanté qui mène hors de la vie… Le chant bondissant des frelons fourrés de velours t’y entraîne
et bat à tes oreilles comme le sang même de ton cœur, jusqu’à la forêt, là-haut, où finit le
monde… C’est une forêt ancienne, oubliée des hommes, et toute pareille au paradis, écoute bien,
car…
Comme te voilà pâle et les yeux grands ! Que t’ai-je dit ! Je ne sais plus… je parlais, je parlais
de mon pays, pour oublier la mer et le vent… Te voilà pâle, avec les yeux jaloux… Tu me
rappelles à toi, tu me sens si lointaine… Il faut que je refasse le chemin, il faut qu’une fois encore
j’arrache, de mon pays, toutes mes racines qui saignent…
Me voici ! De nouveau je t’appartiens. Je ne voulais qu’oublier le vent et la mer. J’ai parlé
en songe… Que t’ai-je dit ? Ne le crois pas ! Je t’ai parlé sans doute d’un pays de merveilles, où
la saveur de l’air enivre ?… Ne le crois pas ! N’y va pas : tu le chercherais en vain. Tu ne verrais
qu’une campagne un peu triste, qu’assombrissent les forêts, un village paisible et pauvre, une
vallée humide, une montagne bleuâtre et nue qui ne nourrit pas même les chèvres…
Philippe Claudel est né en 1962. Son roman Les Ames grises (prix Renaudot
2003 Grand prix littéraire des lectrices de Elle en 2004, consacré meilleur
livre de l’année 2003 par le magazine Lire) a été traduit dans vingt-deux pays.
« Je le connais votre pays, Monsieur Tao-Laï, Monsieur Bark tourne son regard noyé vers
je le connais… », commence à dire Monsieur le ciel. Il renifle fort.
Bark, et sa grosse voix n’est plus qu’un filet « Quand je suis arrivé, que j’ai vu tout cela, je
fragile, ténu, mince, prêt à se briser. me suis dit que le paradis devait y ressembler,
« Oui, je le connais, reprend-il en regardant de même si le paradis, je n’y croyais déjà pas trop.
nouveau la mer et le lointain. Il y a longtemps, Et nous, ce paradis, on nous a demandé d’y
j’y suis allé. Je n’osais pas vous le dire. On ne semer la mort, avec nos fusils, nos bombes, nos
m’a pas demandé mon avis, vous savez. grenades… »
On m’a forcé à y aller. J’étais jeune. Je ne Monsieur Linh écoute le gros homme qui lui
savais pas. C’était une guerre. Pas celle qu’il y a parle doucement, alors que les larmes coulent
maintenant, une autre. Une des autres (…) toujours de ses yeux. Le vieil homme l’écoute
J’avais vingt ans. Qu’est-ce qu’on sait à vingt avec attention, cherchant dans les inflexions de
ans ? Moi, je ne savais rien. Je n’avais rien dans sa voix les signes, le début d’une histoire et d’un
ma tête ; Rien. J’étais encore un grand gosse, sens, une intonation familière.
c’est tout. Un gosse. Et on m’a mis un fusil dans
mes mains, alors que j’étais presque encore un Philippe CLAUDEL, La Petite Fille de Monsieur Linh.
enfant. J’ai vu votre pays, Monsieur Tao-Laï, oh Ed. Stock, août 2005
oui, je l’ai vu, je m’en souviens comme si je
l’avais quitté hier, tout est resté en moi, les
parfums, les couleurs, les pluies, les forêts, les
rires des enfants, leurs cris aussi. »
On confie parfois à un élève le soin de faire un exposé et on le fait monter dans la chaire. Grand honneur !
Mais comme il aborde l’exercice après une longue préparation au cours de laquelle il a peut-être reçu une aide
étrangère, comme il parle muni de notes et de livres auxquels il emprunte des citations, comme il est à peu près
assuré de n’être pas interrompu tout le temps que durera sa leçon, l’épreuve ne me semble pas très probante.
Pierre Clarac, l’Enseignement du Français.
Lecture
Acquérir des connaissances sur les textes et les auteurs est l’une des grandes composantes de la lecture. C’est
pourquoi certains textes supports sont tirés des mêmes œuvres, dont la première et la quatrième de couverture
vous sont parfois proposées.
Langue
Les activités grammaticales et les exercices de vocabulaire vous ont-ils aidé à surmonter les difficultés que
posent la lecture et l’écriture ?
– Quels sont les exercices, de langue ou de vocabulaire, que vous avez appréciés le plus? Pourquoi ?
– Quel autre fait de langue souhaiteriez-vous aborder prochainement en classe ?
Essai
– Les activités d’écrit réalisées en classe vous ont-elles permis de surmonter cette difficulté ?
– Soyez attentif aux prochains exercices dans le cadre de la rubrique « lire-écrire », ou de l’activité
« essai » etc. et vérifiez si cette difficulté est en voie de résolution.
Écrire, cela s’apprend. Les plus grands écrivains sont passés par-là. Sinon, pourquoi vous aurait-t-on
fait travailler sur l’introduction de l’Éducation sentimentale et les hésitations de Flaubert ?