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Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit

ISSN: 2550-469X
Numéro 7 : Décembre 2018

Résumé :

La crise financière qui a secoué le monde au cours des dernières années, s’est exprimée par la
faillite de grandes banques, elle a induit une remise en cause du modèle de gestion des risques
bancaires notamment le risque crédit. Ce risque doit être géré actuellement par des méthodes
plus sophistiquées que par des méthodes classiques et qui d’emblée doivent être pertinentes.
Notre recherche à pour but d’étudier et de présenter les différentes techniques d’analyse du
risque crédit tout en mettant en évidence l’apport de chacune de ces méthodes pour les
analystes afin de mieux évaluer le risque et d’éviter l’impact négatif sur la situation des
établissements financiers.

Concepts-clés : Risque crédit, Crise financière, Communication financière, Liquidité et


solvabilité, Faillite.

Abstract:

The financial crisis that has shaken the world over the last few years has expressed by failures
of some famous banks, the classical methods of the credit risk management have been
questioned in most countries. This risk must be treated by some methods that are more
sophisticated than by conventional methods.
Our research aims to study and present the different techniques of credit risk analysis,
including the usefulness of these methods for the analysts in their forecasts (particularly in the
framework of the financial markets) as well as its contribution to the improvement and
performance of the financial communication.

Keys words : Financial crisis, Credit risk, financial communication, Liquidity and solvency,
bankruptcy .

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Introduction

La libéralisation financière a pour objectif d’assurer un meilleur financement de l’économie et


une réduction du cout des ressources. Elle a touché, en premier lieu le secteur bancaire et elle
a été étendue au reste du secteur financier et aux marchés des capitaux. Partout dans le monde,
la libéralisation financière a donné lieu à un certain laxisme dans la distribution des crédits, ce
qui a engendré des faillites de banques et par extension, l’effondrement des systèmes
financiers. Dans certains pays, les états ont du intervenir par l’achat des banques ou par leur
recapitalisation pour éviter l’impact de la crise sur le reste du système financier. La banque
reste le pivot du système financier, son existence et son maintien repose sur la confiance, une
fois ébranlée par des prises de risques disproportionnées ou par une mauvaise gestion, entraine
la chute de tout le système financier.
La banque est une firme spécialisée essentiellement dans la production de crédit, son métier
est de répondre à la demande de fonds qui émanent des agents non financiers pour des fins de
consommation et/ou d’investissement. Cette activité a fait de la gestion et de l’évaluation des
risques l'un des domaines d’activités les plus importants dans toute institution financière, le
but est d’assurer sa pérennité et de maintenir sa stabilité. Dans ce cadre, les banques sont
tenues de bien évaluer les risques et de respecter certaines règles de bonne gestion édictées
par l’accord Bâle II et III dans le domaine du contrôle prudentiel.
Les premières dispositions réglementaires concernant l'activité de la gestion des risques bancaires,
ont été émises par le comité de Bâle I qui a fixé dès 1988 le cadre réglementaire de l'activité de
l'ensemble des banques des pays signataires. Ce comité répond à une logique d'adéquation des
capitaux propres des banques aux risques encourus ; Les fonds doivent être suffisants pour
couvrir les pertes que les banques sont susceptibles d'enregistrer.
Il existe plusieurs types de risques qui peuvent affecter la survie d’une banque. Parmi ces
risques, on trouve notamment le risque de marché, le risque de crédit, le risque de liquidité et
le risque opérationnel. Le risque de crédit, appelé également risque de contrepartie est le
risque le plus répandu. Il se décompose en risque de non remboursement et risque
d’immobilisation de fonds.
L’analyse du risque crédit ou de contrepartie conduit à l’utilisation d’un certain nombre de
méthodes : Des méthodes traditionnelles et d’autres nouvelles, Donc quel est l’apport de
chacune de ces méthodes pour bien gérer le risque de contrepartie ?
Dans ce présent article, nous allons tout d’abord définir la notion de risque crédit qui peut
affecter la survie d’une banque, ensuite nous essayerons de mettre en évidence les différentes

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méthodes d’analyse et d’évaluation de risque crédit afin d’entamer une analyse critique de ces
méthodes.

1. Notion de risque crédit


1.1 Définition :
Dès qu’un agent économique consent un crédit à une contrepartie, une relation risquée
s’instaure entre le créancier et son débiteur. Ce dernier peut en effet, de bonne ou de mauvaise
foi, ne pas payer sa dette à l’échéance convenue. L’aléa qui pèse sur le respect d’un
engagement de régler une dette constitue le risque de Crédit. Il est caractérisé par la
probabilité de défaillance du client relative principalement à 2 facteurs qui sont la qualité du
débiteur (classe de risque) et la maturité du crédit. C’est un risque inhérent à l’activité
d’intermédiation que la banque joue dans le financement de l’économie.
Il ressort de la littérature académique et professionnelle, qu’on peut distinguer deux phases
principales dans la vie de crédit : sa mise en place et son déroulement.

Schéma 1 : Processus de crédit et outils de gestion du risque de non-remboursement

De ce fait, et vue que la prise de risque est un synonyme de plus de rentabilité (les banques
font une grande partie de leurs profits avec leurs activités de prêts). Cette prise de risque
s’avère être nécessaire au développement des banques qui sont donc très intéressées à

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développer des modèles d’évaluation du risque de crédit plus précis afin d’optimiser le
rendement des prêts consentis.
(Heem, 2000) définit le risque de crédit pour le banquier comme : « le risque de voir son
client ne pas respecter son engagement financier, à savoir, dans la plupart des cas, un
remboursement de prêt. »
(Henri calvet, 1997) « Le risque de contrepartie peut être défini comme étant « Un risque de
perte lié à la défaillance d’un débiteur sur lequel l’établissement de crédit détient un crédit »
En effet les deux définitions se convergent, ceci correspond à une défaillance possible des
agents avec lesquels les banques se sont engagées et qui constituent les contreparties. Une
telle défaillance peut se traduire par le non remboursement de crédits par des emprunteurs
privés nationaux en difficulté ou par le non transfert du remboursement des crédits accordés
en devises à des non-résidents. Il s’assimile au degré d’incertitude qui pèse sur l’apptitude
d’un emprunteur à eff ectuer le service prévu de la dette, c’est-à-dire à l’incertitude des pertes
pouvant être générées par un crédit à un créancier financier.
1.2 Evolution de la perception risque de crédit :
Le risque de crédit existe depuis les premières opérations de prêts. Dans le Code des Lois de
Hammurabi  (environ 1750 avant J.-C.), roi de Babylone, le paragraphe 48 prévoit, qu’en
cas de récolte désastreuse, un délai d’un an sans intérêt peut être consenti pour payer ses
dettes. Ce texte peut être considéré comme la source du concept du crédit. Toujours à
Babylone, on trouve la trace d’un marché du crédit où les emprunteurs recherchaient le
meilleur taux et où les prêteurs avaient le droit d’appliquer une prime selon le risque. Les
historiens indiquent que les opérations formalisées de prêts naissent juste après l’utilisation
courante de la monnaie, aux alentours du VII en Grèce ou en Lydie.
Jusqu’à la fin du Moyen Âge, le crédit est peu développé en Occident, essentiellement pour
des raisons religieuses. En effet, les Chrétiens proscrivent les intérêts conformément à
l’interdiction biblique : « Prêtez sans rien attendre en retour » (Évangile selon Saint Luc, VI,
35). Un prêteur s’approprie le temps qui n’appartient qu’à Dieu, on le considère comme un «
voleur de temps ». La profession de prêteur fut longtemps « maudite ».
Par le canal des foires au Moyen Âge, puis avec l’apparition de grandes cités marchandes
(comme Bruges, Paris ou Venise), le crédit se développe. Les créanciers ne le consentent
qu’après avoir examiné la situation (la « surface ») des emprunteurs et l’intérêt est fixé selon
le risque. Une forme d’analyse informelle du risque naît.

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L’histoire du crédit est celle du risque de crédit, l’un ne va pas sans l’autre. Le développement
des banques s’accompagne de la définition de procédures et de l’apparition de spécialistes
chargés d’étudier les demandes de crédit. L’analyse du risque devient formelle et s’enrichit
des expériences, bonnes ou mauvaises, avec d’autres débiteurs. Le développement de la
comptabilité et des obligations de publicité dans les Registres du Commerce contribuent à
définir une norme d’usage quant aux données traitées pour accorder ou non un crédit.
Très longtemps, les banques ont analysé le risque de crédit par des méthodes intuitives et
empiriques, relativement efficaces. Depuis une trentaine d’années, l’évolution de l’économie
globale a totalement modifié la notion même de risque de crédit. Depuis la crise des années
1970, le « risque entreprise » s’est fortement accru. Les incidents de paiement et le nombre
des faillites ont fortement augmenté dans de nombreux pays. La volatilité des résultats et de la
valeur des actifs des entreprises a également augmenté. Le risque associé à une opération de
crédit s’est mécaniquement apprécié à la hausse.
Par conséquent, En économie et en Finance, un véritable courant académique dédié s’est
consacré à ce sujet. D’importants travaux théoriques ont permis une approche conceptuelle de
cette problématique, des études statistiques à grande échelle ont été menées sur les faillites et
les défauts, contribuant à une meilleure connaissance pratique de ce sujet. Ainsi, des progrès
considérables ont été réalisés dans la compréhension de ce risque pour une meilleure
anticipation (détection).

2. Evaluation de risque crédit et analyse critique des méthodes


Le risque de crédit est le risque le plus important pour les banques, la mesure de ce risque
consiste à étudier la solvabilité présente et future de la contrepartie. Les prêteurs doivent
mesurer avec précision le risque de crédit des emprunteurs avant de leur accorder un crédit et
de fixer les conditions de son octroi (montant, maturité, taux et covenants)

2.1 Méthodes d’évaluation :


2.1.1 Les méthodes positives

Le principe fondateur de ces méthodes est de traiter et observer un ensemble de données


pour en déduire une appréciation du risque d’une entreprise, issue d’un constat subjectif, plus
ou moins justifié. L’approche est largement descriptive : en considérant un nombre variable
de paramètres, l’analyste doit pouvoir apprécier le risque présenté par une entreprise.
Généralement, ces méthodes imposent la présence d’une personne compétente chargée

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d’apprécier le risque. Elles n’aboutissent pas à un indicateur de synthèse pouvant s’interpréter


en termes de risque de défaut ou de faillite.

 Approche Traditionnelle : Analyse Financière


Il s’agit probablement de la méthode à la fois la plus ancienne et la plus utilisée en analyse
du risque. L’établissement de crédit va établir différents ratios et calculs pour vérifier la
performance de l’entreprise à travers son compte de résultat et son bilan. Selon (Ndaynou,
2001), cette analyse se concentre sur deux éléments :
Le flux de liquidité futur : est calculé par la différence entre les entrées et les sorties de flux
réalisés par l’activité de l’entreprise. Il permet de constater la capacité du débiteur à
rembourser ses engagements sans mettre en péril son activité durant un emprunt. Le banquier
peut suivre l’évolution des bénéfices et s’assurer qu’elles sont suffisantes par rapport au
besoin en fonds de roulement.
Le fonds de roulement : permet d’apprécier l’équilibre financier de l’organisation. Il indique
si l’entreprise est pérenne et si elle pourra assurer ses engagements. Pour le calcul, il existe
deux méthodes : Soit par le haut du bilan avec la différence entre les ressources stables
(capitaux propres et dettes à long terme) moins les emplois stables (actif immobilisé net),
soit par le bas du bilan avec la différence entre l’actif circulant d’exploitation et les dettes à
court terme.
Cette méthode ne permet pas d’avoir une information parfaite au sujet des causes menant à
la défaillance des emprunteurs. Sa perception à travers des indicateurs fournis par l’entreprise,
demeure insuffisante pour la prise de décision car elle se base sur des états comptables passés.
D’autres méthodes peuvent être utilisées par les banques pour compléter cette analyse à savoir
des méthodes qualitatives. Elles doivent d’abord examiner les activités de la société,
l’environnement et la concurrence sur les marchés où elle opère, pour apprécier le contexte
dans lequel vit l’entreprise. La stratégie doit être détaillée, aussi bien sous l’angle du
diagnostic stratégique (position de la société au moment du diagnostic) qu’en termes de choix
d’une stratégie de développement (politique et tactique).
L’analyse est bien sur comptable au sens de l’examen des choix opérés c’est à-dire les
opérations retenues et leur impact sur les données, dans le cadre du référentiel applicable. Il
est nécessaire de vérifier leur cohérence avec les choix des autres opérateurs du secteur et de
justifier des pratiques originales. Il faut détecter les changements de politique comptable dans
le temps, qui peuvent biaiser les comparaisons.

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Les normes professionnelles de l’analyse financière, reprenant une norme d’usage relevant
d’une approche pragmatique, indiquent que la réalisation de l’analyse financière suit un
processus de 6 étapes selon (Philippe Thomas, 2016) :
 La collecte des informations utiles et données financières sur la société mais
également informations qualitatives sur son métier et ses activités.
 Une lecture originale de la société, qui ne correspond pas à l’approche retenue par la
comptabilité pour élaborer l’information. Les données comptables doivent devenir
financières et les éléments qualitatifs doivent s’insérer dans le schéma d’analyse. Cette
phase revient à modifier l’information brute disponible. Les ajustements peuvent être
importants selon le référentiel de l’information comptable.
 Le calcul : on applique aux données financières un ensemble d’instruments d’analyse
pertinents, significatifs et robustes qui permettent à étudier et investiguer la situation
financière de l’emprunteur.
 L’interprétation rigoureuse des résultats : il s’agit de « faire parler » les résultats, en
adoptant un raisonnement homogène.
 Synthèse de l’appréciation financière globale de la société et chercher à distinguer les
sociétés en bonne société et les sociétés en difficulté.

Schéma 2 : Séquence de l’analyse financière

Source : Analyse Financière. Approche Internationale – CFA, op. cit.

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 La méthode des « 5 C »
Cette méthode, invite l’Analyste Crédit à mener des investigations afin d’avoir une opinion
relative à 5 grandes composantes permettant d’apprécier le risque. Autrement dit, l’évaluation
du risque de crédit passe d’abord et avant tout par une bonne maitrise de toutes les dimensions
désignées sous les 5C associées aux critères qui sous-tendent non seulement les aspects
quantitatifs (risque commercial, risque financier) mais aussi les aspects qualitatifs (risque
managérial, risque d’affaires) du risque - crédit
Considérée parmi les plus vieux modèles de décision en matière de crédit (Altman et
Saunders, 1998 ; Saunders, 1999).
 Capacity: C’est l’étude de la capacité à respecter l’engagement de crédit au regard de
la situation financière de l’emprunteur. On compare les dettes (et leur service prévu)
aux résultats de la société et on examine l’aptitude de l’emprunteur à assurer le service
de la dette avec les cash flows futurs. Pour la capacité on distingue des critères
purement financiers (revenus et dépenses mensuels)
 Character: Il s’agit de la réputation de l’entreprise, tant sur le marché en général
qu’auprès de ses créanciers, aptes à interpréter l’historique de paiement (track record).
On fait référence à l’intégrité de l’emprunteur et à son intention de rembourser ou non
et de faire d’éventuels efforts en cas de difficultés. C’est un facteur basé sur la fiabilité,
l’honnêteté et la bonne foi de l’emprunteur.
 Capital: On examine à la fois la structure financière de la société et l’importance des
fonds apportés par les actionnaires (Equity), mais aussi l’éventuelle capacité de ces
derniers à réaliser un apport complémentaire pour financer le projet à l’origine de la
recherche de financement ou en cas de crise financière. Dans une logique européenne,
on mesure le Fonds de Roulement.
 Collatéral: Il s’agit de l’étude des actifs sous-jacents pouvant potentiellement
sécuriser le crédit. Cette dimension nous permet de déterminer la nature et la valeur
des garanties dont dispose le client.
 Conditions: On considère les conditions (de marché et commerciales) applicables à
cet emprunteur. Autrement dit, il s’agit d’apprécier si les conditions (taux, maturité,
mode de remboursement) applicables ou envisageables ne génèrent pas un risque trop
élevé et si elles sont de nature à permettre au créancier de dégager une juste
rémunération du risque de crédit supporté.

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Tableau 1 : Récapitulatif des cinq « C » du crédit

Caractère Capacité Capital Conditions Collatéral


Occupation Revenu Valeur nette Cycle Type d’emprunt
économique

Stabilité Ratio Nature des Taux d’intérêt Nature des


d’emploi d’endettement actifs garanties

Stabilité de Age Compétition


résidence

Antécédents de Education Niveau des taxes


crédit
Liquidité des Valeur des
Statut familial Formation Relations de
actifs travail garanties

Responsabilité Type d’emploi


Prises de
Qualification
Honnêteté contrôle
Expérience
Habileté

Source : La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 269-270 – Finance

 La méthode LAPP
Dans le même esprit, la méthode LAPP invite à étudier quatre grands critères, en examinant en
détail quelques ratios et paramètres organisés autour de 4 grands thèmes. Elle est davantage
centrée sur des données financières et inclut une forme d’analyse financière basique.
 Liquidity: Étude du ratio de liquidité générale (current ratio ) ou réduite (acid ratio ).
 Activity: Examen des ratios de croissance des ventes, de rotation des actifs et du
poids du Working Capital.
 Profitability : On étudie la profitabilité, c’est-à-dire les marges dégagées
par l’entreprise.
 Potential: Le critère est qualitatif et plus ouvert ; il fait référence à la fois au
potentiel de l’entreprise en termes de marché, stratégie et management et en termes
d’actifs pouvant jouer le rôle de garantie explicite ou implicite à l’opération de crédit.

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2.1.2 LA NOTATION : LE RATING

 Définition :
La notation « Rating » c’est un mot d’origine américain qui veut dire évaluation.
El karyotis, 1995 définit la notation comme : « un processus d’évaluation de risque attaché à
un titre de créance, synthétisé à une note, permettant un classement en fonction des
caractéristiques particulières du titre proposé et des garanties offertes par l’émetteur. »5. La
notation financière est l'expression de la solvabilité d'un emprunteur, elle mesure la capacité
de ce dernier à rembourser toutes les sommes dues à court ou à long terme. La notation
financière se concrétise par différents types de notation soit attribuée par des sociétés
spécialisées de notation, on parle donc de notation externe, soit établie par les banques elles-
mêmes, la notation alors est dites internes. L’activité de notation est née du besoin de
condenser un ensemble de données dans une seule variable de synthèse, donnant une idée de
la probabilité de difficultés en observant les taux de défaut (et de faillite) à diff érents horizons
(1 ou 3 ans par exemple) selon le rating attribué. La probabilité est déduite de l’étude
statistique.
 Les ratings des agences

Il s’agit généralement de ratings sollicités : les sociétés s’adressent à des agences


spécialisées pour que celles-ci leur attribuent un rating. Les agences ne notent que les sociétés
qui les ont sollicitées (sollicited rating).Ces firmes se financent sur le marché de la dette et
expriment le besoin que les investisseurs soient informés de manière indépendante sur leur
capacité de remboursement. Ainsi informés, les investisseurs pourront apprécier le risque du
produit de dette, sa probabilité de défaut .La notation financière, à proprement parler, a été
initiée au début du XXe siècle par John Moody.
Elle s’est fortement développée depuis les années 1980 du fait de la« marchéisation » du
financement. Actuellement, trois acteurs principaux opèrent sur le marché mondial : Standard
and Poor’s, Moody’s et Fitch. Un système de rating est basé sur une évaluation à la fois
quantitative et qualitative de la solvabilité d’une entreprise, sur une base large d’information.
Les échelles de rating sont généralement décroissantes : de notation de type A (forte capacité
à rembourser) à D (faillite, défaut réel ou imminent).
L’agence réalise une appréciation indépendante du risque : elle collecte toutes les
informations pertinentes internes et externes  puis des analystes mènent des investigations en
vue d’attribuer une note de synthèse. La démarche est empirique, tant pour les données

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traitées que pour l’attribution du rating, et normative car les analystes se prononcent au regard
d’une échelle fermée (une norme), arrêtée par leur institutions pour qualifier le risque.
L’attribution du rating suit une séquence standard :
1. Demande de notation par la société émettrice.
2. Détermination du schéma d’analyse : En coopération avec l’émetteur, l’agence
établit la liste des données à réunir, elle a accès à de nombreuses données internes
couvertes par le secret professionnel.
3.  2 à réunir.
4. Investigation par l’agence : Une équipe d’analystes est en charge de la notation.
5. Réunions avec l’émetteur : Accès au management, investigation détaillée, etc
6. Comité de notation : Les analystes rédigent une recommandation soumise à un Comité
qui, après discussion approfondie, décide de la notation 
7.  29
8. Communication à l’émetteur.
9. Possibilité d’appel de l’émetteur : Si l’émetteur n’est pas satisfait, il peut faire
appel, souvent sur la base d’informations nouvelles.
10. Publication de la dette.
11. Suivi de la note.

 Les autres types de notation :


Il existe un autre type de notations non sollicitée. Des prestataires spécialisés (organismes externes) «
notent » le risque, en attribuant des ratings. Cette notation externe du risque de défaut  revient à
évaluer le risque de défaut sans avoir accès à la société notée, qui « ignore » cette opération. Cet
unsollicited rating repose sur un modèle économique différent.
D’autres ratings externes non sollicités sont attribués par les détenteurs de fichiers bancaires
(Cotation issue des fichiers bancaires). Dans de nombreux pays, les banques mettent en
commun, mutualisent, une série d’informations pour mieux maîtriser le risque et, au global,
réduire leurs expositions (et le risque systémique). Elles partagent généralement des données
relatives aux montants des crédits qu’elles consentent et aux historiques de paiements (rejets
de paiement, incidents, etc.) les données sont confidentielles car strictement protégées par le
secret bancaire (seuls les déclarants ont accès aux informations). Chacun des membres du
dispositif peut donc apprécier le risque réel (endettement total et éventuelles difficultés de
paiement)

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Tableau 2 : Notation publique vs Notation privée

Type de rating Notation Publique Notation Privée


Origine de l’analyse Analyse Sollicitée Analyse non sollicitée
Type d’analyse Analyse interne Analyse externe
Informations utilisées Information internes, Informations externes, publiques,
confidentielles, révélées diffusées

Modèle économique Notation payée par la société Notation payée par l’utilisateur
notée (émetteur). (client).

Champ couvert Sociétés émettant des titres Toute société (ou entité)
de dettes sur le marché commerciale

Evènement anticipé Risque de défaut de titres de Risque de défaillance ou risque de


par la notation dettes sur le marché défaut

Position de l’agence « Insider » « Outsider »


Exemples Activité classique de rating Rating credit research , rating
par les agences banque de France

Source : Elaboré par les auteurs


2.2 SCORING

De manière générale, on appelle, plus ou moins rigoureusement, score une combinaison de


plusieurs ratios, exprimée par une fonction. Le but est que le résultat du calcul (le scoring)
soit statistiquement significativement différent pour les entreprises ayant un risque de
défaillance et pour les entreprises en bonne santé, permettant ainsi de distinguer au mieux les
deux catégories. Le Scoring, est une méthode largement utilisée par les banques comme un
outil d’aide à la décision. Cette technique définit par (Mester, 1997) comme « une méthode
.
statistique pour prédire la probabilité qu’un demandeur de prêt (débiteur) fasse défaut »
Durant ces dernières années les établissements bancaires ont popularisé l’usage du Scoring.
Cette technique permet de mesurer la probabilité de défaut sur les crédits proposés aux
particuliers et aux professionnels. Le crédit Scoring peut se baser soit sur des données
historiques ou sur des variables statistiques. Les informations de l’emprunteur constituent une
base pour connaitre ses caractéristiques et prévoir si celui-ci aura une solvabilité future. Les
établissements de crédit peuvent ainsi classer les débiteurs en fonction de la proportion du
risque. Toutefois on pourra noter que les banquiers restent assez en retrait avec cette
technique, particulièrement dans le cadre des crédits aux entreprises selon MESTER. Cette

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analyse est plus réservée à une clientèle de particuliers et de petites entreprises. La relation de
ces emprunteurs est moins complexe que les grandes entreprises pour (Frachot et Georges,
2001).
(Van Praag, 1995) explique que « le Scoring est comme un outil d’aide à la décision mais
celui-ci ne doit pas être un critère discriminant de prise de décision » .
La conception d’un modèle de Scoring suit une procédure relativement standard :
1. Définir l’événement à détecter
2. Construire l’échantillon : Il faut disposer de deux sous-échantillons : un composé
d’entreprises ayant connu l’événement à détecter (défaut, faillite), l’autre d’entreprises
ne l’ayant pas connu, réputées saines.
3. Définir l’horizon de la mesure : Selon cet horizon, les données traitées remonteront à
une période historique antérieure à la faillite plus ou moins longue
4. Choisir les variables explicatives de l’événement : La sélection des variables est
délicate, elle dépend d’abord des données que le modèle pourra traiter (quantitatives
et/ou qualitatives)
5. Choix de la méthode statistique : pour but de la recherche de la meilleure performance
6. Modélisation et tests
7. Passage des scores aux probabilités d’occurrence : si le modèle ne fournit pas
directement la probabilité de défaillance
8. Contrôler et maintenir le modèle : Tout modèle de Scoring est sensible à l’évolution
des conditions économiques générales et de la situation des entreprises.
Conclusion
Les crédits subprimes ont constitué des sources de déstructuration du futur pour leurs
détenteurs et pour le monde de la Finance, d’ailleurs les accords de Bâle ont été mis en place
pour éviter de nouvelles crises financières dues à la mauvaise évaluation du risque de crédit
par les institutions financières.
Par conséquent, la gestion bancaire du risque de non-remboursement passe par une analyse
du risque de défaillance qui a surtout été étudiée à travers les ratios comptables et les modèles
de prévision, et par des outils de suivis relativement peu développés dans la recherche en
gestion. Les aspects qualitatifs de la gestion bancaire du risque de crédit sont également peu
évoqués étant donné que l’analyse des risques est souvent résumée à l’analyse comptable.
Néanmoins, la relation n’est bien souvent appréhendée qu’à travers sa durée et/ou les
volumes de transaction avec une banque, il semble que le terrain bancaire reste difficile pour y
accéder pour des raisons de secret légal afin de comprendre quelles sont les méthodes assurant
aux banques leur suprématie en matière de crédit.
Cet exposé nous permet donc d’avoir une vue d’ensemble sur les différentes méthodes de
gestion du risque de crédit au sein des établissements bancaires, de nouvelles techniques de
gestion voient le jour pour que les banques puissent s’adapter à ces changements importants
tout en restant efficaces.

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Références bibliographiques :
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 Edighoffer J.R. (1993), Crédit management : prévention et gestion des risques
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