Desorientation D' Alain Badiou

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Remarques sur la désorientation d’Alain Badiou (et des

intellectuels en général)

Très cher Badiou,


je sais, je sais. Vous allez trouver que je m’acharne. Il y eut mon attentat
sémantique de 2011, Après Badiou, qui mit fin avec pertes et fracas à dix années
d’intense complicité intellectuelle, défraya alors la chronique médiatique et
mondaine, et, plus de dix ans plus tard, donne encore des fous rires à ses
lecteurs. Il y a deux ans, je fis paraître mon livre-somme de philosophie,
Système du pléonectique, qui entre dans tous les détails des raisons pour
lesquelles je me suis si violemment séparé de vous. Et voilà que je récidive…
Mais, tout bien considéré, n’est-ce pas là signe de “grande santé”
philosophique? Après tout, Aristote et Epicure auront passé leurs vies à
critiquer, voire à invectiver, Platon. Spinoza et Leibniz auront passé leurs vies à
chicaner et déconstruire Descartes. Kierkegaard et Schopenhauer ont passé leurs
vies à se défouler sur Hegel. Donc, oui : la polémique, tant sous ses formes soft
que hard, est signe d’une vitalité plutôt réjouissante de la création
philosophique.
Après Badiou fut le moment de l’invective et du défoulement. Système du
pléonectique fut celui de la critique minutieuse, de la déconstruction argumentée
et de l’argument de précision. Je crois bien que le moment est venu d’un
troisième moment : celui de se détendre un peu. Nous venons tous de passer
deux années très éprouvantes, et ce n’est qu’un début; quand on peut s’offrir le
luxe de se divertir à bon escient, il serait dommage de se priver.
Ce luxe, vous nous l’offrez de manière quasi providentielle, avec la parution,
courant janvier 2022, d’un petit texte, dans la collection Tracts chez Gallimard,
intitulé Remarques sur la désorientation du monde, dans lesquelles vous vous
prononcez, après avoir encensé les mesures de confinement et adopté sans
barguigner le port du masque chirurgical (“l’imposition, en outre trop tardive,
du masque sur la figure”, dites-vous dans ce libelle), en faveur de la
“vaccination” obligatoire.
Dans mon Après Badiou, j’invoque régulièrement, à votre égard, le mot incisif
du Christ : “tu vois la paille dans l'œil du voisin, mais pas la poutre dans le
tien.” A cet égard, on peut dire que vous venez de vous fendre de votre
chef-d'œuvre. D’où l’intitulé que je donne à ma chronique publique de ce
malheureux libelle, afin d’arroser l’arroseur. Pourtant, cet intitulé est encore
bien léger par rapport à ce dont il s’agit : vous n’êtes pas seulement
“désorienté”, mais, désormais, comme tant d’autres intellectuels, totalement
égaré, voire, comme le dit le bon peuple, à la masse, si ce n’est carrément à la
rue intellectuellement. N’ayant pas le Covid des yeux, je le dis donc avec
solennité : le présent texte marquera l’Histoire d’une pierre blanche. En prenant
mon ex-Maître à partie, c’est non seulement tous les intellectuels français que je
somme de prendre parti, mais ceux du monde entier. Êtes-vous du côté du
peuple, ou du côté de l’oligarchie?
Vous êtes mieux placé que quiconque pour le savoir : quand une guerre réelle a
lieu, et ça n’a jamais été aussi vrai, à échelle mondiale, que depuis deux ans, il
n’y a pas, comme le disent mes camarades des gilets jaunes constituants, trois
côtés de la barricade : il n’y en a que deux. Pour l’instant, vous êtes du mauvais
côté, ce qui constituerait une très pathétique fin de carrière, pour le
“révolutionnaire” que vous prétendez être. Car nous assistons, depuis deux ans,
à rien de moins qu’à la première guerre totale de toute notre histoire, et elle
oppose, très simplement, le peuple, et l’oligarchie. Les preuves suivront dans
cette lettre, et elles sont accablantes. Au moment où j’ai commencé cette lettre,
personne ne pensait que ladite oligarchie pourrait sortir de son chapeau un
événement aussi improbable que la “pandémie mondiale” : la troisième guerre
mondiale, au prétexte de l’invasion des troupes russes en Ukraine. A l’évidence,
cet événement n’est que le résultat de la longue politique, de plus en plus
délirante et suicidaire, menée par les Etats-Unis, l’OTAN et leurs colonies
européennes depuis des décennies. En tout cas, le traitement médiatique réservé
à cette guerre en Ukraine illustre, après tant d’autres exemples, le propos de
quelqu’un que j’évoquerai à loisir dans la présente lettre, Gut Debord : “Ce dont
le spectacle peut cesser de parler pendant trois jours est comme ce qui n’existe
pas. Car il parle alors de quelque chose d’autre, et c’est donc cela qui, en
somme, existe.” On devrait, à ce titre, délivrer le prix Nobel de médecine à
Poutine, qui, en trois jours exactement, a réussi à faire disparaître la terrible
maladie qui faisait le sujet exclusif des informations depuis deux ans.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, faisons quelques considérations
préliminaires. Comme cette lettre entend s’adresser à un assez large public, je
n’entrerai pas dans des développements trop sophistiqués ou “techniques”,
réservés aux seuls connaisseurs de philosophie. Sachez cependant que je
donnerai une suite beaucoup plus développée, philosophiquement, au canevas
que constitue cette lettre “grand public”. Je ferai même en sorte qu’elle soit
disponible assez tôt, sous forme d’e-book (fin avril si tout va bien). Vous aurez,
d’ici-là, tout le temps de vous reprendre : pour filer la métaphore historique, il
n’y a rien de honteux à se rallier à la Résistance en 1941 ou en 1942, bien au
contraire. Une personne qui fait cela ne mérite que respect et considération. Par
contre, il est difficile de prendre au sérieux quelqu’un qui rallie le maquis fin
1944. Vous qui invoquez souvent la mémoire de Jean Cavaillès ou Albert
Lautman, philosophes mathématiciens à l'œuvre avortée, car résistants, et morts
torturés et assassinés par les nazis, le moment est venu de nous montrer ce que
vous avez réellement dans le ventre. Là encore, à travers vous, c’est à
l’ensemble des intellectuels que je m’adresse, non seulement en France, mais
dans le monde entier.
De plus, si à peu près tout le monde en France connaît aujourd’hui votre nom,
cela ne veut pas dire que tout le monde sache qui vous êtes, ni quel type de
relation m’a exactement uni à vous dans le passé : il faut donc une “piqûre de
rappel”, comme on dit si volontiers ces temps-ci. Alors voilà, pour les bonnes
bouches : vous êtes, aujourd’hui encore, le philosophe le plus lu, commenté et
traduit dans le monde entier. J’ai lu, durant l’hiver 2000-2001, ce qui reste votre
œuvre majeure de philosophie, L’être et l’événement; et j’ai été proprement
ébloui. Je vous ai à l’époque écrit, vous m’avez répondu. Notre échange à été
dès la première rencontre très intense, et s’est poursuivie pendant près d’une
dizaine d’années. Notre relation était du type Maître et disciple, voire Père et
fils. J’ai énormément appris à votre contact, d’autant que, à la différence de
l’écrasante majorité des philosophes, dont vous, je n’ai jamais été universitaire,
et suis un parfait autodidacte. Ce fut un luxe inestimable d’avoir un professeur
informel de votre niveau; il faut croire que je le méritais. Pour finir ce bref
récapitulé de notre rapport, disons vite fait que la raison principale de ma
rupture fut éthico-politique. Vous êtes un maoïste non repenti, et les khmers
rouges soulevèrent à l’époque de leur avènement votre enthousiasme fiévreux; il
fallait ensuite sortir la fraiseuse pour vous arracher des repentirs, en la matière.
C’est, du reste, dès le début de notre amitié que naquit mon malaise à ce sujet :
autant, en quasiment toutes choses, nous avions affaire à un homme intelligent,
érudit et charmant, autant, dès qu’on parlait de politique, ou qu’on appuyait sur
la touche “Mao”, c’était un autre homme qui surgissait; il y avait un petit côté
Doctor Jekyll et Mister Hyde. Je n’ai plus peur du mot “schizophrénie”, car vos
Remarques le démontrent avec une… remarquable précision diagnostique,
comme je le démontrerai ici même. C’est cette schizophrénie, littéralement, qui
aura fini par déteindre sur notre rapport; et qui fait que, encore aujourd’hui, je
peux faire des conférences (devant des gens de tous âges, non-vaccinés,
non-masqués, et faisant fi des “distanciations sociales”) sur la notion de vérité
dans la modernité philosophique, en m’attardant longuement sur vos géniales
trouvailles à ce sujet, et en même temps vous prendre en public violemment à
partie, comme je le fais ici même, dans l’un des très rares grands médias
français à avoir su rester intègre et indépendant (la précision aura toute son
importance dans toute la suite de cette lettre ouverte). Ajoutons, pour finir, et
pour que le lecteur tiers comprenne pleinement les bases de la présente lettre,
que votre philosophie tout entière est basée sur une étude très serrée des
sciences les plus dures, nommément les mathématiques et la logique. Comme
vous invoquez beaucoup, dans ces très regrettables Remarques, les notions de
“science”, de “rationalité” et de “santé” (et donc aussi bien d’“obscurantisme”,
d’“ignorance” et bien sûr de “désorientation”), cette précision préalable pèse de
tout son poids, pour que même un public profane comprenne le véritable enjeu
de la présente lettre.
Voilà, à très gros traits, pour les liens qui nous auront unis, et les raisons de mon
brutal divorce. Ajoutons encore, avant d’entrer en matière (que de chichis!), la
considération suivante : vous nous avez gratifiés, il y a quelques années déjà
(2016?), d’une traduction “moderne” de La République de Platon. Le public
profane doit tout de même savoir que vous vous présentez volontiers comme un
“Platon moderne”, voire comme la réincarnation pure et simple du principal
Père de la philosophie. Et tout le monde a au moins entendu parler, dans ce livre
absolument séminal de la culture occidentale, du fameux “mythe de la caverne”.
Résumons-le à gros traits : des êtres humains sont enchaînés au fin fond d’une
caverne. Ils représentent, métaphoriquement, l’ignorance où est plongé le
commun des mortels. Ils n’ont jamais vu le soleil, dont ils ne reçoivent que des
rayons très affaiblis. Un feu dans leur dos projette sur les parois de la caverne
des ombres, tant d’eux-mêmes que des objets environnants, qu’ils prennent pour
la réalité elle-même; ils dodelinent du bonnet comme des débiles, en suivant les
mouvements de ces ombres. Ils représentent donc, selon Platon, l’état
d’hébétude cognitive où est plongée l’écrasante majorité de l’humanité. Quel
est, sur cette bonne base, le travail du philosophe? Il est de défaire ces
prisonniers de leurs chaînes, et de les guider vers le soleil de la Connaissance
vraie, métaphorisée par le Soleil; et qui est, dans la réalité, les Idées intelligibles
de la Philosophie, armée notamment des Mathématiques. Ce qui s’appelle,
incidemment : la liberté, mot qui n’a jamais trop eu vos faveurs, comme le
rappellent bien des passages de vos Remarques.
Bien sûr, une telle démarche est risquée. Le prisonnier peut, dans un premier
temps, ne pas supporter la libération, c’est-à-dire l’éblouissement de la Vérité. Il
pourra préférer revenir à son ancienne condition, et donc avoir fait perdre son
temps au Philosophe préposé au Réveil des Consciences. Pire, il pourra s’en
prendre à celui qui, prétendant le libérer, l’aura violenté dans ses superstitions
obscurantistes (Socrate a ainsi fini condamné à mort par la Cité athénienne pour
“corruption de la jeunesse”). Mais la chose peut aussi très bien se passer, et le
prisonnier se libérer pour de vrai; illuminé par les Idées adéquates du Soleil du
Savoir authentique, il peut revenir dans la caverne dans le but de libérer plus
qu’à son tour ses semblables. Rien n’est, en somme, joué d’avance. Mais enfin,
c’est à ses risques et périls qu’on se lance dans la tâche de réveiller les
prisonniers captifs de mirages cognitifs, vocation principale de la philosophie.
C’est à ce type de risque et de péril que je m’expose en rendant publique la
présente lettre.
Eh bien, je vous pose, très cher Badiou, une première question : quelle serait la
version moderne, à point nommé, du prisonnier de la caverne? Ne serait-ce pas,
par exemple, comme on dit en français, la figure du beauf affalé dans son
canapé après une journée de travail ingrat, pour consommer sans discontinuer,
l’oeil rivé à son téléviseur géant écran plat, je vous cite, “le torrent chronique
des informations informes”? Réponse : oui, nous tenons bien là une version
moderne du bon vieux prisonnier de la caverne.
Problème : votre petit livre, plutôt qu’à celui d’un philosophe, fait exactement
penser à un tel consommateur boulimique d’informations invertébrées et
frelatées, où les prétendus “savoirs” sont tous de seconde ou de troisième main.
L’ironie serait donc bien cruelle : notre Platon 2.0, en fin de carrière, aurait
régressé à la case départ de la misérable condition humaine : il se serait pris à
une illusion d’autant plus prenante qu’“universellement” partagée. A un
“simulacre”, dirait Platon. Celui-ci, et vous à sa suite, prétendait combattre, en
plus des simulacres, l’opinion, qui est la forme en effet la plus basse du savoir,
l’étiage de la cognition. Or, votre livre n’est composé que d’opinions, et pas
d’un seul savoir avéré. On a plus affaire à des propos de tables qu’à des
considérations philosophiques un tant soit peu étayées.
Car la vérité est que nous avons vécu, depuis deux ans, dans le plus gigantesque
canular qui ait jamais été perpétré à l’encontre de l’humanité : au simulacre le
plus grossier à avoir jamais assombri la vue de nos congénères. Ce simulacre
possède un nom, “pandémie”, et une marque déposée, “Covid 19”. Vous ne
mettez pas le mot “pandémie” entre guillemets, ce que moi je fais depuis plus
d’un an. Et, depuis de longs mois désormais, je n’appelle même plus ça une
“pandémie”, mais un test de QI; là aussi le plus contraignant qui ait jamais été
soumis aux capacités cognitives de l’homo sapiens. La bonne nouvelle, c’est
que ce test est profondément "égalitaire", comme vous aimez à dire; et que j’ai
rencontré des paysans corréziens comprendre parfaitement de quoi retournait la
situation que nous vivions depuis deux ans, et des Bac+12 se fourvoyer dans les
grandes largeurs sur le même sujet. Suivez mon regard, je ne vise absolument
personne.
On nous aura parlé d’une “pandémie mondiale” (expression déjà, en soi,
extrêmement douteuse scientifiquement), au sujet d’un virus qui, à l’heure où je
vous parle, n’aura tué que 0,05% de la population terrestre, pour une moyenne
d’âge de 84 ans, c’est-à-dire de gens ayant largement dépassé leur espérance de
vie, dans la grande majorité des pays. Et il s’agit là des chiffres officiels, dont de
nombreux spécialistes ont montré qu’ils avaient été démesurément et
délibérément grossis par les autorités du monde entier (y compris, et très
souvent, par la corruption financière), mais tout particulièrement par les
gouvernements dits “occidentaux”, de l’Europe aux Etats-Unis en passant par le
Canada ou l’Australie. Je vous indiquerai plus loin comment on a procédé à une
telle technique du “verre grossissant”. Mais enfin, tenons-nous en au slogan
officiel qui nous tient lieu de “savoir” depuis deux ans : “il existe une pandémie
mondiale terrible, et même apocalyptique, qui n’atteint qu’une infime minorité
de la population, celle qui était déjà mourante”.
Vous m’accorderez donc, très cher Badiou, que cette phrase nous pose un tout
petit problème de cohérence sémantique, sinon carrément de consistance
logique. La rationalité occidentale (donc la rationalité tout court) a pour pierre
angulaire le principe de non-contradiction d’Aristote : une phrase est soit fausse,
soit vraie, mais ne peut pas être les deux à la fois. Or, la phrase directrice de tout
ce que nous vivons depuis deux ans nous dit en somme : “il y a une pandémie
qui n’est pas une pandémie”. La définition d’une “pandémie” a été modifiée, à
toutes fins utiles, par l’OMS (l’Organisation Mondiale de la Santé, que je
préfère pour ma part appeler l’Organisation Mondiale du Sadisme), en 2009 :
les critères du nombre de morts, comme de la gravité de la maladie, n’étaient
plus retenus. Seule la “circulation” du virus pouvait faire autorité pour décréter
une “pandémie”. Autant dire que la définition est devenue extrêmement large,
grâce à ces gens qui nous veulent si notoirement du bien, et qu’en somme, si on
se fie à eux, nous sommes désormais destinés à vivre dans une “pandémie”
jusqu’à la fin des temps.
Cette modification de la définition d’une “pandémie” survint en même temps
que l’échec - souvenez-vous !-, de la déclaration de “pandémie mondiale” au
sujet du virus H1N1, qui fit un peu pshitt, malgré les messages déjà très
alarmistes des gouvernements et des médias à l’époque (la ministre de la santé
d’alors, l’exemplaire Roselyne Bachelot, prédisant déjà un carnage,
commandant soixante millions de vaccins qui durent finir à la poubelle, etc.). Je
vous laisse deviner les réflexions qu’ont pu se faire, depuis, les personnages qui
eurent déjà, alors, intérêt à propager la Terreur planétaire d’une “pandémie”
déjà cousue de fil blanc; et des dispositions qu’ils durent prendre, sur
l’entrefaite, pour en arriver à la situation où nous sommes depuis deux ans.
Un autre des principes sans lequel nous autres, philosophes, ne pourrions
travailler, a été formulé en latin : ex falso sequitur quodlibet. Traduction
possible : d’une proposition fausse, on peut déduire absolument n’importe quoi.
D’où la “tristesse”, comme vous dites dans votre texte, de vous voir entériner le
délire patenté que nous vivons depuis plus de deux ans. Pour le dire, cette fois,
dans les mots de Shakespeare, plutôt que de Platon : cette “pandémie” fut tissée
de l’étoffe dont sont faits les rêves. Et, plus proche de nous, pour le dire dans les
mots, comme annoncé, de Debord : nous aurons eu affaire au spectacle d’une
“pandémie”, et même à un spectacle somptuaire; à mesure même que nous
échappait toute preuve tangible de l’existence d’une pandémie avérée. Comme
je l’ai laissé entendre dans mon introduction (Dr Jekyll et Mr Hyde…), votre
rapport à la politique me semble, depuis longtemps, relever de la psychose, et du
dédoublement de personnalité; aussi nous sera-t-il instructif de sonder les
raisons pour lesquelles vous aurez épousé, pour finir, la plus grande psychose
collective qui ait jamais frappé l’humanité.
Je n’invoque pas le nom de Debord par hasard. Vous vous réclamez depuis votre
prime jeunesse de Marx, et il est très dommage que l’écrasante majorité des
philosophes n’ait pas pris en compte le développement qu’a donné Debord à
celui-ci : la forme contemporaine que prend le Capital est, effectivement, celui
de la “société du spectacle”. Comme l’écrasante majorité des philosophes sont
universitaires, et que Debord était, comme moi, Bac+0, l’explication est
peut-être celle d’un banal “complexe de classe”. Il y a quelques rares
exceptions, mais décisives, comme notre ami Agamben, lecteur très attentif de
Debord, et commentateur infiniment plus lucide (et courageux) que vous ne
l’êtes des événements que nous vivons depuis deux ans. J’y reviendrai à plus
d’une reprise. Mais enfin, on peut battre le rappel, pour le public profane, des
très grandes lignes du parcours d’Agamben : cela fait près de quarante ans que
celui-ci nous annonce que l’état d’exception pourrait bien devenir, et
planétairement, la règle; que la distinction entre démocratie et dictature risquait
de s’estomper irréparablement; enfin, que le jour où la médecine s’inviterait au
centre des débats politiques, nous risquerions bien de voir les heures les plus
sombres de notre histoire se rappeler à notre bon souvenir. Or, toutes ces
“prophéties” se sont parfaitement réalisées depuis deux ans, d’où la lucidité et le
courage d’Agamben dans ses prises de position récentes, qui contrastent avec
l’aveuglement et/ou la lâcheté de la majorité de ses collègues. Vous compris, et
vous d’abord, qui, au niveau réputationnel, avaient beaucoup plus à y perdre que
nos inconsistants “intellectuels médiatiques”.
La “société du spectacle”, disait Debord, est le stade où l’accumulation du
Capital atteint un tel degré qu’elle devient image. Où le bon peuple n’a plus
affaire à des expériences réelles, par exemple une pandémie de peste noire, mais
à la représentation d’une pandémie : “tout ce qui était directement vécu s’est
éloigné dans une représentation”, écrit Debord dans une de ses phrases les plus
célèbres. L’une des chevilles ouvrières dudit “spectacle”, le stade le plus avancé
et concentré du Capital, est le contrôle total et centralisé de l’information, ce qui
est effectivement le cas depuis au moins vingt ans, de manière sans cesse plus
brutale (la “guerre en Ukraine” le prouve pour la énième fois). La concentration
du Capital, la concentration de l’Information, et la concentration du contrôle de
la Santé, ne sont pas des questions séparées. Or c’est ce que, dans une
schizophrénie parfaite, vous laissez totalement échapper dans vos pauvres
Remarques.
D’où une nouvelle question, très cher Badiou : à quelles sources médiatiques
vous informez-vous? Vous n’êtes pas sans savoir que la quasi-totalité des grands
médias publics sont détenus par les onze plus riches familles de France,
l’oligarchie en un mot, que vous prétendez combattre, dans un parfait baroud
d’honneur schizophrénique. La situation est absolument la même dans
l’ensemble des pays dits “occidentaux”, en sorte que je souscris absolument aux
sarcasmes constants dont vous couvrez, depuis des décennies, ce qu’on appelle
communément “démocratie”. Et, dès les premières pages de votre récent “tract”,
vous le rappelez : “un gouvernement, surtout “démocratique”, n’est jamais que
l’exécutant des basses oeuvres d’une oligarchie dominante”. Personne ne vous
l’aura fait dire. La même chose vaut, bien évidemment, pour les médias détenus
et contrôlés par ces gens. Et pourtant, ça ne va pas vous empêcher de soutenir,
tout du long de votre texte, qu’il faut obéir, aveuglément, aux instructions
délirantes que cette oligarchie, et les gouvernements et médias qui en sont les
“exécutants des basses oeuvres”, nous prescrivent. Mais vous aimez tellement
ça, le mot “prescription”, comme le mot “discipline”, contrairement aux mots de
“liberté” et de “démocratie”, que vous vous serez, au final, totalement fait avoir
par l’oligarchie que vous prétendez combattre.
Donc voilà : quelles sont donc vos sources d’information? Je précise ici que,
après m’être énormément méfié, pendant vingt ans, de ce que l’on appelle
parfois aussi les médias mainstream, les événements des deux dernières années
m’ont amené à adopter une attitude tout à fait ferme à leur égard : les boycotter
désormais totalement, dans tous les sens du terme. Et non seulement je les
boycotte, mais, dans toutes mes interventions publiques depuis plus d’un an, je
les ignore. Je refuse de seulement prononcer un seul nom de grande chaîne
télévisée, ou de soi-disant “information en continu”; un seul nom de grand
quotidien national ou régional; un seul nom de grande radio subventionnée.
Pour moi, ces gens-là n’existent plus. Car ce sont eux, les créateurs modernes de
simulacres, au sens platonicien le plus pur. Mais il est, oui, bien étrange que ce
soit son “disciple renégat” qui se dévoue pour libérer son ex-Maître, notre
“Platon moderne”, des simulacres vaseux de la Caverne
médiatico-gouvernementale, ceux-là même qu’il prétend combattre, tout en
nous enjoignant “en même temps” de nous y fier, pour reprendre l’expression de
notre cher président, pour lequel vous témoignez d’une étrange complaisance,
comme je le montrerai (Macron est “insignifiant”, dites-vous, mais vous lui
obéissez comme un mouton de Panurge).
Les médias de masse, que je ne nomme donc plus, ne sont que les sous-fifres
des oligarques qui les détiennent. Les gilets jaunes, tellement plus éveillés que
vous politiquement, disent, avec droiture : médias oligarchiques, et ils ont
raison. Je reformule donc ma question en serrant de plus près : à quelles sources
médiatiques vous abreuvez-vous? Celles du très extrême-droitier Bolloré?
Celles du maquereau macroniste Xavier Niel? Celle du très véreux Patrick
Drahi? Celles de la seconde plus grande fortune du monde, Bernard Arnault?
Celles de Bouygues, Dassaut, Lagardère? Et même, de manière transnationale,
celles du principal responsable de tout ce qui nous accable depuis deux ans, le
“philanthrope” multimilliardaire Bill Gates?
En tout cas, la lecture de votre courte adresse au bon peuple ne laisse aucun
doute : c’est à ces mamelles cognitives malsaines, et même mortifères, que vous
vous allaitez. C’est exactement la raison pour laquelle, de manière totalement
schizophrénique là aussi, vous nous enjoignez, vous le Rebelle éternel, à obéir
comme des chiens couchants à toutes les mesures délirantes prises jour après
jour par le gouvernement français depuis deux ans : à nous enchaîner, avec
vous, aux ombres de la caverne. La paille et la poutre, l’hôpital et la charité,
l’arroseur arrosé… les métaphores ne manquent pas pour décrire les
contradictions performatives où vous vous complaisez chaque jour davantage,
depuis maintenant plus de cinquante ans, en trouvant sans doute cela
“dialectique”. Avec ces Remarques, vous avez atteint le paroxysme de toutes ces
contorsions littéralement schizophréniques. Il serait grand temps que, pour finir,
le Rédempteur qui, toute sa vie, a voulu “karsheriser” les consciences des autres
à la sauce Mao, - qu’il apprenne à un tout petit peu balayer à sa propre porte -.
C’est un enjeu de santé mentale publique, laquelle a été, depuis deux ans,
gravement malmenée, notamment chez nos jeunes, nos adolescents et nos
enfants, pour lesquels votre petit livre a assez peu d’égards, voire aucun (et nous
nous y arrêterons sans ménagement).
Je me souviens de l’une de vos lettres, où vous m’écriviez : “vous écrivez trop,
et trop vite”! Je vous rassure, j’ai appris, depuis dix ans (depuis notre
rupture…), a obéir ascétiquement au principe arabe : “tourne ta langue sept fois
dans ta bouche avant de parler”. J’exemplifierai plus loin comment, et vous
devriez en prendre de la graine. Car pour ce qui est d’écrire “trop, et trop vite”,
avec vous on est servis! Vos œuvres complètes occupent une étagère entière de
la librairie Gibert (où on ne peut entrer sans qu’un vigile hystérique ne vous
enjoigne de vous laver les mains au “gel hydro-alcoolique", la nouvelle
Onction), et vous vous prononcez sur absolument tous les sujets qu’on vous
soumet, comme le plus vulgaire de nos “intellectuels médiatiques”, sans
regarder aux sources compétentes. Voici, pour les lecteurs curieux, ou les
bonnes bouches friandes de franche rigolade, le lien du texte que vous
improvisâtes, déjà à la va-vite, pour réagir à la déclaration de “pandémie
mondiale” par l’OMS :
http://thau-infos.fr/index.php/courrier-des-lecteurs/75970-la-position-d-alain-ba
diou-philosophe-sur-la-pandemie-virale
J’avoue que, déjà, à l’époque, j’avais tiqué. Vous y appeliez déjà à obtempérer,
toutes affaires cessantes, aux ordres du gouvernement, à nous terrer tous comme
des rats, et en traitant les gens qui osaient manifester (par exemple contre la
réforme des retraites) de dangers publics. Quoi? M’étais-je demandé avec
stupéfaction. Badiou? Celui qui, depuis des décennies, se flattait de pourvoir
l’humanité d’un “héroïsme nouveau”? Qui ne cessait de nous seriner que la
mort n’était rien, qu’il fallait, en toute circonstances, “vivre en immortel”? Celui
qui n’hésita pas me citer, dans une conversation bucolique, Lin Piao, le bras
droit armé de Mao : “La peur de la mort est contre-révolutionnaire”?
S’agissait-il bien du même Badiou? Dr Jekyll? Mr Hyde? Citons un autre
renégat fameux, Nietzsche, qui disait, au sujet de son ex-Maître, quelque chose
qui me fait beaucoup songer à vous : “— Et cependant j’étais l’un des
wagnériens les plus corrompus... J’étais capable de prendre Wagner au sérieux...
Ah ! le vieux magicien, nous en a-t-il assez fait accroire ! La première chose
que nous offre son art c’est un verre grossissant : on regarde au travers, on ne se
fie plus à ses yeux. — Tout devient grand, Wagner lui-même devient un grand
homme... Quel prudent serpent à sonnettes ! Toute sa vie il a agité la sonnette
avec les mots de « résignation », de « loyauté », de « pureté », il s’est retiré du
monde corrompu avec une louange à la chasteté! — Et nous l’avons cru…”
Soyons, cependant, tout à fait probe dans l’argument, qui est la norme éthique
de la discussion philosophique, même tendue ou taquine, comme ici. Nous
avons presque tous cru, à l’exception de quelques “complotistes” vieux de la
vieille, en mars 2020, qu’un virus terrible allait balayer une importante partie de
l’humanité : les médias, les gouvernements, les plus hautes institutions
internationales nous le répétaient sur tous les tons.
Mais, sur l’entrefaite de deux années entières, n’y a-t-il pas eu, une seule fois,
une petite puce pour vous gratter l’oreille, vous l’Archétype mondial de
l’Extralucidité? N’avez-vous pas, ne serait-ce que l’espace d’une minute,
commencé à trouver pour le moins suspect que, 24 h sur 24, les médias ne nous
parlent plus que du “Covid 19”, qui ne tuait pas plus qu’une grippe saisonnière,
et même plutôt moins? N’avez-vous pas trouvé quelque peu étrange que la très
recommandable Agnès Buyzin (aujourd’hui grassement salariée par Bill Gates)
interdise l'hydroxychloroquine dès janvier 2020, le second médicament le plus
utilisé au monde depuis 70 ans, en particulier en Afrique? Puis l’interdiction de
l'Azithromycine, de l’Ivermectine, et même, depuis peu, de la vitamine D (au
prétexte que ce serait un “perturbateur endocrinien”)? Que, pour la première
fois de toute l’histoire de la médecine, on interdise aux médecins et de soigner,
et de prescrire? Qu’on continue, au sein de la pire “pandémie” qui fut jamais, à
fermer des lits d’hôpitaux par milliers (plus de 17.500 sous l’ère Macron)? Que
notre président, en pleine “pandémie” ravageuse de toutes parts, n’alloue pas un
centime de plus à l’hôpital public, mais près de 3 milliards d’euros aux médias
de masse, dont 500 millions tout récemment? Et tant d’autres “détails”, de plus
en plus douteux, de plus en plus anti-scientifiques, de plus en plus irrationnels;
et dans lesquels vous aurez donné, tête totalement baissée.
Car il faudra parler ici, bien entendu, de rationalité et de science : puisque tel est
votre argument d’autorité sans réplique, pour entériner la vaccination obligatoire
(après le confinement et le masque : tout ce que dit le gouvernement et les
médias à sa botte est bon à prendre, à vos yeux si éclairés) : “Voir des quantités
de jeunes gens manifester, à propos du vaccin anti-Covid, aux cris de “mes
libertés, mes libertés!”, alors même que ce dont il s’agit relève purement et
simplement de la science, est attristant.” Soit dit en passant : dans les
innombrables rassemblements à quoi j’ai participé dans la France entière, pas
une seule fois je n’ai entendu l’expression “mes libertés”. J’ai seulement
entendu le mot : “liberté”. Et venant de toutes classes d’aĝes, y compris de gens
plus âgés que vous. Et je n’ai pas entendu que le mot “liberté”, car, moi, je ne
vis pas en regardant la télé (je ne la regarde plus depuis vingt ans); j’ai entendu,
très souvent, le mot vérité, qui devrait vous toucher au cœur, si vous en avez
encore un.
La “science”, donc, nous dit le “dernier des Maohicans” sans regarder aux
mesquins détails. Par exemple, et en amont de cette pandémie, quelqu’un
d’aussi compétent que vous en mathématiques aurait pu se pencher sur les
modélisations d’un certain Neil Ferguson, sur lesquelles se sont basés la plupart
des gouvernements, le nôtre en particulier, pour prendre leurs mesures soi-disant
paniques. Cet homme très bien payé (notamment par un certain Bill Gates, qui
l’a gratifié de plusieurs dizaines de millions de dollars dans sa tâche), l’un des
principaux conseillers de l’OMS (malheur à nous…), et qui a annoncé, par son
relais français Cauchemez, membre de notre misérable “Conseil Scientifique”
national, 500.000 morts en France “si on ne faisait rien”, est précédé d’une
réputation “scientifique” pour le moins douteuse. En 2005, ce même
“scientifique rigoureux” annonçait pas moins de 150 millions de morts dûs à la
grippe aviaire. Seules 289 personnes moururent de cette infection entre 2003 et
2009… Puis, en 2009, il estima qu’on pouvait “raisonnablement” prévoir que
65.000 citoyens britanniques mourraient de la grippe porcine. Il n’y en eut
finalement que 457. On aurait donc aimé, puisque vous avancez l’argument
d’autorité de la “science”, sans donner la moindre précision, le moindre chiffre
ou le moindre nom, ce que vous en pensez, de ces modélisations.
Je ne saurais trop vous conseiller, à ce sujet, la lecture d’un livre exceptionnel,
qui paraîtra courant mars 2022, et dont le titre dit tout : Le débat interdit, coécrit
par Vincent Pavan et Ariane Bilheran. Le premier est un mathématicien de haut
niveau, disciple du grand mathématicien Laurent Schwartz, et a été mis à pied,
il y a un an et demi, par l’Université où il enseignait, pour avoir refusé de porter
le masque, et incité ses élèves à en faire autant. La seconde est une psychologue
de renommée internationale, auteure de plusieurs classiques dans son domaine
(quoi qu’en dise Wikipédia, ou les diffamateurs professionnels de Conspiracy
watch). Pavan a passé beaucoup de temps, depuis sa mise à pied, à démontrer
que les diverses “modélisations” de Ferguson et ses imitateurs étaient de
l’escroquerie pure et simple, dénués de tout fondement scientifique : de la
“mathématique” de bazar. Vous pouvez facilement trouver, sur la toile, nombre
de ses vidéos, je suis sûr qu’elles vous feront réfléchir. Le débat interdit est un
grand livre de pensée sur la situation que nous vivons depuis deux ans, et même
de philosophie : les références à Aristote, Husserl, Agamben y sont nombreuses,
et très pointues. De manière générale, j’ai plus rencontré de “têtes
philosophiques” chez des gens qui venaient d’autres disciplines, mais avaient un
amour désintéressé de la nôtre, que chez les “professionnels de la profession”,
comme dit notre ami Godard; où on ne compte plus les fanatiques du
confinement, du masque chirurgical et de l’injection à marche forcée, vous en
première ligne, en bon Grand Timonnier des Gardes Rouges de Pfizer, Moderna
& co. Comme vous ne faites jamais dans la demi-mesure, et sur un ton
sentencieux jamais démenti, vous vous posez donc en véritable Ayatollah de la
cause “sanitaire”, en vous réclamant de la “science” et de la “rationalité”, sans
autres arguments, donc, que d’autorité. Ce qui, pour le coup, ne vous ressemble
pas. “La norme de la philosophie est l’argument claire”, dites-vous quelque part.
Chiche, kebab?
Ici je vous propose, pour pimenter la discussion, de créer quelques subtils
distinguos, de façon là encore fort platonicienne, entre les originaux et leurs
parodies : il y a la science, et il y a ce que j’appellerai la “chienche”; il y a la
rationalité, et il y a, depuis deux ans, une “rachionalité” qui claque quelque peu
du dentier, notamment du côté de notre “Concheil chientifique”, de “l’Académie
de Médechine”, ainsi que de “l’ordre des Médechins”; il y a le “sanitaire”, dont
on nous rabat sans cesse les oreilles, et il y a le “chanitaire”, qui sucre quelque
peu les fraises, et met, par exemple, du jour au lendemain 350.000 soignantes et
soignants de toutes catégories à la rue, au prétexte de nous “protéger”, bien
entendu. Sur les entrefaites, la santé publique a été presque entièrement détruite,
l’économie réelle itou, l’éducation, la conscience politique et bien d’autres
choses encore. Nous nous y arrêterons, vous vous en doutez, en détail.
Comme vous dénoncerez, tout du long de vos pénétrantes Remarques,
“l’individualisme bourgeois” et le “culte du moi” qui alimente, de toute
évidence, les rétifs à la “vaccination”, je vous pose une première question :
toutes ces soignantes et tous ces soignants ont-ils jeté leurs carrières par-dessus
bord par pur égocentrisme et “individualisme bourgeois”? Leur avez-vous
seulement parlé, comme moi des dizaines de fois, notamment dans les
innombrables mobilisations qui ont lieu depuis plus de sept mois dans toute la
France? Je peux vous dire que, pour cette seule tranche sociologique de la
population, c’est au contraire les valeurs d’altruisme, d’abnégation, de
solidarité, d’intégrité, qui ont présidé à leur très grave décision. Mais, comme je
vous le montrerai, c’est toutes les couches de la population que vous attaquez
tout du long de votre texte qui sont animées de telles valeurs, et qu’y voir de
“l’individualisme bourgeois” ou du “culte du moi”, c’est vraiment avoir une
hallucination. Là encore, on a manifestement plus affaire à un “caverneux”
moderne, l'œil rivé à sa petite lucarne, qu’à un philosophe digne de ce nom.
Mais le cœur de l’immense imposture que constitue cette “pandémie”, ce sont,
bien entendu, les fameux “tests PCR”. Son inventeur, Kerry Mullis, prix Nobel
de chimie en 1993, justement pour l’invention de cette technique, a toujours dit
que son instrument ne devait en aucune façon servir à la détection d’infections.
C’est pourquoi de nombreux observateurs trouvent très suspecte sa mort,
survenue courant l’été 2019. Car, sans elle, rien de ce que nous vivons depuis
deux ans n’aurait simplement pu avoir eu lieu. L’écrasante majorité, sinon la
totalité, des “tests positifs covid-19” par ce moyen sont tout simplement des
faux (d’où l’invention, par exemple, de la notion très “chientifique” de “porteur
asymptomatique”, c’est-à-dire “achimptomatique”). Le fait a été démontré par
les meilleurs experts devant des tribunaux autrichiens, portugais et allemands,
sans que les gouvernements respectifs en tiennent le moindre compte, ni que les
médias oligarchiques ne le relaient, on se demande bien pourquoi : le test PCR
ne peut pas faire la différence entre une infection vivante et une infection morte.
Et même le très officiel CDC américain, Center for Disease Control and
Prevention, l’a admis à la fin de l’année dernière : le test PCR ne peut pas faire
la différence entre le Covid-19 et la grippe.
Autant dire que c’est certaines des instances les plus décisives quant à la
propagation du mythe “pandémique” qui admettent publiquement qu’en somme,
depuis deux ans, elles se sont entièrement payées de nos têtes. N’avez-vous pas
remarqué que, très “rachionnellement”, la grippe avait quasiment disparu de nos
radars cognitifs depuis deux ans, elle qui frappe, depuis des décennies (si ce
n’est des millénaires…), au moins le dixième de la population chaque hiver?
L’un des principaux responsables de tout cela, le très louche (litote…) Tony
Fauci, a lui-même dû convenir récemment du fait que ces tests PCR étaient, tout
bien considéré, parfaitement inefficaces. La question ne peut donc pas se poser à
quiconque a gardé un peu de “bon sens”, comme vous le dites plaisamment dans
vos Remarques : de quoi nous a-t-on parlé depuis deux ans, avant que n’arrive
le “libérateur” Poutine? Mystère et boule de gomme…
Coïncidence troublante : Kerry Mullis, de son vivant, était l’ennemi juré du très
véreux Fauci, qu’il accusait d’incompétence, d’ignorance et d'imbécillité (je le
trouve, personnellement, encore trop indulgent). Mais vous verrez que les
coïncidences, dans toute cette affaire, c’est un feu d’artifice… Qu’est-ce que
votre intransigeant “rationalisme” a à me dire sur tout ceci? A ce sujet, je vous
conseille la lecture d’un autre excellent livre, admirablement documenté et
sourcé, Anthony Fauci, Bill Gates, Big pharma, leur guerre mondiale contre la
démocratie et la santé publique, par Robert F. Kennedy Junior, paru très
récemment en français, et que j’ai lu l’année dernière dans sa version originale,
The real Anthony Fauci (ce fut un immense best-seller, discuté un peu partout
chez nos amis américains). Par exemple, vous qui avez tant milité, avec la
regrettée Cécile Winter, contre les scandales liés au SIDA, vous y apprendrez
des choses absolument sidérantes. On peut dire, publiquement (et :
rationnellement…), que ce type infréquentable est responsable de centaines de
milliers de morts liés à sa soi-disant campagne contre les ravages du SIDA.
Mais c’est sûr, cela, vous ne l’apprendrez pas sur Wikipédia, pour ne rien dire
des médias oligarchiques dont vous vous gavez, sans remonter aux
commanditaires. Courageux, mais pas téméraire?
La science, donc, que vous brandissez comme argument d’autorité qui coupe le
sifflet du lecteur, sans vous sentir tenu d’argumenter davantage. Vous m’aurez
pourtant appris une très belle Idée, que je reprends toujours à mon compte, et
dont j’ai parlé à plusieurs reprises dans mes nombreuses interventions
publiques, fort heureusement non relayées par les médias oligarchiques : la
philosophie, par elle-même, ne créé aucune vérité. Elle accueille les vérités de
son temps, venues de la science, de la politique, de l’amour et des arts. Laissons
ici de côté l’amour et les arts, hors de propos; et concentrons-nous sur la
science, puis plus loin sur la politique (car il est tout de même impossible de ne
pas voir que, depuis deux ans, les deux questions sont étroitement liées).
Quelles sont vos références, en termes de science et de médecine? Mis à part
une allusion expéditive au docteur Raoult, qu’on le veuille ou non une sommité
absolue dans son domaine, vous ne citez aucun nom, “alors même que ce dont il
s’agit relève purement et simplement de la science”. Avez-vous entendu parler
du Dr Peter Mac Cullough, de très loin le plus grand cardiologue en activité au
monde, un véritable génie de sa discipline, et qui critique impitoyablement,
depuis deux ans, la politique gouvernementale de son pays (les Etats-Unis),
“vaccins” compris? Considérez-vous, comme les médias oligarchiques, qu’en
somme notre récemment regretté Luc Montagnier national était devenu gâteux?
Professeur qui n’était pas exactement n’importe qui, en matière de virologie,
puisqu’il a reçu le prix Nobel 2008 pour la découverte du virus du SIDA (vous
êtes, je le répète, censé être un connaisseur…), et qui a le premier dit que le
virus était issu d’un laboratoire, il y a deux ans, et se faisant dès lors traiter de
tous les noms par les médias oligarchiques; et n’a cessé de prédire, depuis plus
d’un an, que la “vaccination” de masse ne pouvait que se solder par une
catastrophe sanitaire sans précédent dans notre histoire, - cet homme mérite-t-il
donc que nos hommes politiques ne disent pas un seul mot d’hommage après
son décès -? J’ai assisté à son enterrement au Père Lachaise, où il y avait des
milliers de personnes venues de toute la France; pour moi, cet événement fera
autant date que l’inhumation de Jean Moulin au Panthéon. Geer Vanden
Bossche, l’un des plus grands spécialistes de vaccins au monde, et qui dit depuis
un an exactement la même chose, démonstrations à l’appui (je vous transmettrai
les liens si vous me le demandez, c’est à se glacer littéralement les sangs)? Ou
encore Robert Malone, l’inventeur de la technique ARN messager (quoique en
dise Wikipédia depuis quelques mois…), pourtant doublement vacciné (avec
quelques problèmes cardiaques à la clé, mais ce n’est qu’une “coïncidence”...),
qui était, il y a un an, à la fois favorable, réservé et nuancé sur l’idée de la
“vaccination” universelle, et y est désormais totalement hostile, en particulier en
ce qui concerne les enfants? Est-ce par humour noir que l’excellent Dr Ryan
Cole appelle ces “vaccins” des “injections de caillots sanguins”? Est-ce, comme
notre grand professeur Montagner, à cause de son âge vénérable que le Dr
Hodkinson, au CV académique long comme l’Amazone, répète depuis deux ans
que “le Covid-19 est le plus grand canular jamais perpétré sur un public
non-averti”, ou encore que “le Covid-19 n’est rien de plus qu’une mauvaise
grippe. Ce n’est pas Ebola. Ce n’est pas le SRAS. C’est la politique qui joue à la
médecine, et c’est un jeu très dangereux”? Dans le même registre, il y a
l’admirable Véra Charav, qui a presque exactement votre âge, rescapée de la
Shoah, médecine émérite et longtemps militante contre l’industrie
pharmaceutique, que tout donc prédisposait à comprendre ce qui se joue depuis
deux ans sous nos yeux, et sous une lumière, disons, un peu particulière, et qui
n’hésite pas à dire que “l’opération Covid-19” annonce quelque chose de pire
encore que ce qu’elle a vécu dans son enfance? Elle rappelle que le corps
médical allemand a adhéré à 70% au régime nazi. Il avait pour tâche de donner
un vernis “scientifique” à la politique d’extermination. Comme vous le dites
dans votre livre, quoiqu’au sujet d’autre chose : “Il ne faut jamais perdre de vue
cette importante généalogie”...
Je pourrai vous citer des centaines d’autres noms du monde entier, tous
médecins et scientifiques de tout premier plan, mais l’espace de cette lettre
ouverte m’est bien sûr compté. Il va de soi que, toutes ces personnalités, il vous
faudra, comme dit votre camarade Emmanuel Lechypre, convoquer des
gendarmes munis de menottes pour les obliger à se confiner, porter le masque
ou se faire injecter (même si l’un d’eux, donc, s’est prêté à l’expérimentation,
avec les alléchants résultats cardiologiques qu’on a vus). Pourquoi tous ces
gens, tous exempts de conflits d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique, se
sont-ils transformés depuis deux ans en intrépides lanceurs d’alerte, au risque de
leurs réputations, de leurs carrières, et parfois même de leurs vies (si si, vous
verrez)? Sont-ils, tous autant qu’ils sont, devenus fous, masochistes, séniles,
suicidaires, comme les dizaines de soignantes et de soignants avec qui j’ai
discuté dans les mobilisations? La vérité est que ces innombrables médecins et
scientifiques intègres, qui avaient tout à perdre et rien à gagner à prendre de tels
engagements, sont des Justes et des Héros, considérés comme tels par des
centaines de millions d’êtres humains dans le monde, et qui resteront comme
tels dans l’Histoire et la mémoire des hommes, Luc Montagnier en premier. Je
sais, je sais, c’est brutal, la sortie de la Caverne. Désolé pour vous, mais ce n’est
pas fini.
Comment allez-vous nous parler encore d’héroïsme, dans ces conditions? Oh
que oui, très cher Badiou. Il est grand temps que vous sortiez de votre “petite
caverne portative”, pour parodier le titre d’un de vos livres (“Petit panthéon
portatif”). Car tous ces scientifiques et médecins de tout premier plan,
allez-vous les traiter d’ “obscurantistes”, comme vous le dites de toute personne
s’opposant à la “vaccination”? Je vous cite, car c’est une phrase d’anthologie,
qui restera dans l’Histoire, quoique pas en très bonne part : “Je commencerai
par dire que Macron aurait dû signer, tout bonnement, l’obligation de
vaccination. Après tout, ce ne sont que des obligations de ce genre qui, depuis
de longues années, nous ont débarrassé de fléaux mortels ou invalidants comme
la variole, le choléra, la typhoïde ou la poliomyélite”. Problème : les
innombrables médecins et scientifiques de premier plan dont je vous parle
disent tous la même chose : il ne s’agit pas de vaccins. Même le très louche
président de notre “concheil chientifique”, Jean-François Delfraissy, vient de
l’admettre sur le tard. C’est pourquoi, dans toutes mes interventions publiques,
la présente comprise, je mets le mot “vaccin” entre guillemets aussi.
Là encore, un minimum de réflexion aurait dû vous mettre en éveil : d’abord,
comment pouvez-vous comparer la gravité du Covid 19 à celles de la variole, du
choléra, de la typhoïde ou de la polio? Ensuite, comment pouvez-vous appeler
“vaccins” des substances expérimentales dont même leurs fabriquants, et nos
autorités “chanitaires” à leur suite, disent que ni elles ne protègent de
l’infection, ni de la transmission? Un vaccin, c’est censé immuniser à vie, que je
sache? Moyennant, le cas échéant (mais la plupart du temps, non), une dose de
rappel dix ans plus tard, et pour des maladies, rappelons-le, autrement plus
graves que le pauvre covid-19, qui ne présente que les symptômes d’une grippe
et, à l’heure où je vous parle, d’un simple rhume (le variant “Omicron”). A ce
titre, n’avez-vous donc pas trouvé immédiatement louche cet appel à la double
injection quasi-immédiate, puis à la troisième, à la quatrième, etc.? Et que dire
de l’expression booster, qui évoque davantage le registre des alcools forts, des
drogues dures, ou du dopage sportif, que celui des soins publics? Tout cela
laisse votre, hum, sagacité omnisciente de marbre? Comme le disait l’un de vos
principaux Maîtres, Lacan : “Et bien sûr, vous avez lu le Ménon? Mais non,
mais non!”
Je vais vous dire, très cher Badiou, ce que m’a évoqué ces deux phrases, où
vous invoquez la “vaccination” obligatoire. Au… maire de mon village. Eh oui!
Figurez-vous qu’en novembre de l’année dernière, ce maire s’est fendu d’une
lettre à ses habitants, où il utilisait, et quasi mot à mot, la même argumentation
que vous. Ce lettre a fait un buzz, comme on dit aujourd’hui, proprement
hallucinant sur les réseaux, reprise dans d’innombrables sites et blogs, avec des
millions et des millions de vues dans tout le monde francophone, et me valant
des dizaines de mails par jour, tous plus courageux, intelligents et parfois
bouleversants (notamment sur la question des effets secondaires des “vaccins”)
les uns que les autres. Ca m’a d’autant plus surpris que cette lettre a été publiée
dans un modeste site de résistants corréziens (oui, résistants, vous comprendrez
en son lieu la pertinence non exagérée de l’appellation), avec lesquels je
m’honore de militer et d’agir. Un commentateur est allé jusqu’à dire qu’il
s’agissait du “texte politique le plus violent du 21ème siècle”, ce qui est
vraiment me faire trop d’honneur. Je ne le cite que parce qu’après vous avoir
laissé lire cette lettre (la plupart des lecteurs de France-Soir la connaissent déjà),
je ferai la transition, entre la dimension “scientifique”, “médicale” et
“rationelle” de votre lettre, à son contenu politique. Car c’est là,
malheureusement, que les choses deviennent très graves, et que je n’aurai plus
le cœur à plaisanter. Voici le lien :
https://www.passe-murailles-correze.org/2021/11/02/lettre-du-maire-de-turenne-
reponse-du-philosophe-mehdi-belhaj-kacem/
Eh oui, c’est du lourd, comme on dit aussi aujourd’hui. Entretemps, les chiffres
d’Eudravigilance ont bien évidemment encore grimpé, franchissant le seuil des
40.000 morts, et des 3,700.000 millions d’effets indésirables, dont la moitié
graves, c’est-à-dire handicapants à vie (mais chut! Tous-avec-l’Ukraine!). Les
chiffres sont homothétiques dans tous les pays où les services de
pharmacovigilance sont (relativement) dignes de confiance, comme les
Etats-Unis, ou l’Angleterre, ou l’Allemagne (la France, malheureusement, est à
la traîne) : chez les américains, les morts déclarés officiellement dépassent les
22.000, et les effets secondaires graves avoisinent le million. Et on ne voit pas
pourquoi ça s’arrêterait. Les chiffres officiels de la FIFA, la Fédération
Internationale de Football, fait état d’une augmentation des morts par accidents
cardio-vasculaires de 500% chez les professionels de tous niveaux. L’un des
meilleurs attaquants de sa génération, le célèbre Kunt Aguero, a dû mettre fin à
sa carrière après un malaise cardiaque, auquel tout le monde a pu assister en
direct. Il appelait, quelques mois auparavant, à la vaccination obligatoire des
plus de douze ans… Et il n’est, hélas, pas une journée qui passe sans que les
réseaux, avant que la censure ne tombe, ne diffuse l’image d’un sportif, souvent
très jeune, s’effondrer sur son terrain suite à un malaise, et parfois mourir. Aux
Etats-Unis, les morts de pilotes d’avion ont augmenté de 1750% par rapport aux
années précédentes. Je ne vous apprendrai pas qu’en haute altitude, la pression
artérielle augmente considérablement, d’où le résultat.
Que de coïncidences, décidément! Encore plus récemment, comme l’a relayé,
avec son courage habituel, France-Soir, les chiffres des bases de données
d’épidémiologie de la défense sont sortis tout récemment, et révèlent que les
maladies, au sein de l’armée américaine, ont augmenté en 2021 de… 941%. Les
fausses couches, par exemple, ont augmenté de 300%. Les scléroses en plaque,
de 680%. Les infarctus du myocarde, de 296%. Le dysfonctionnement ovarien,
de 437%. L’infertilité féminine, de 472%. Et la liste est loin d’être exhaustive.
Tout récemment, les chiffres officiels révèlent qu’aux Etats-Unis, la mortalité
des 25-44 ans a enregistré une augmentation de 84% l’automne dernier. Encore
plus récemment, en Allemagne, l’Assurance Maladie de là-bas a révélé qu’entre
2,5 millions et 3 millions d’allemands ont suivi un traitement médical pour des
effets secondaires suite aux “vaccins”. Et je peux vous sortir des chiffres
officiels à l’avenant pendant des journées entières… Que disait notre cher
Lautréamont, déjà? “Allez-y voir par vous-mêmes, si vous ne voulez pas me
croire”... Une chose est sûre : pour s’informer, la première chose à faire, c’est
d’ignorer totalement les médias oligarchiques. Or, vous faites l’exact contraire :
vous vous y fiez comme un somnambule.
Pourquoi ne pas payer d’exemple? Je sais bien que vous méprisez l’empirisme
sous toutes ses formes, mais enfin, il n’est pas interdit de quitter deux secondes
le Ciel si Omniscient des Idées badioliennes, où tout est évidemment si clair et
si “pur”, pour regarder un tout petit peu autour de soi. Depuis deux ans de
supposée “pandémie”, ceux qui autour de moi ont contracté la terrible maladie
se comptent sur les doigts de deux mains, pas plus; dont une seule forme grave.
Par contre, dans ce même entourage, les effets secondaires des “vaccins” ont
continué à faire des dégâts, en plus des nombreuses jeunes femmes ou
adolescentes atteintes de troubles menstruels peut-être irréparables, de ce jeune
militaire à la carrière brisée, eh bien j’ai tout simplement appris, le lendemain
même du jour où j’écrivais cette lettre, la mort de l’un de mes cousins tunisiens.
Il avait 55 ans, avait des problèmes de circulation, et a succombé à un arrêt
cardiaque, juste après la double injection. Un autre cousin, 40 ans, en parfaite
santé, ne voulait pas se faire “vacciner”. Problème : il est fonctionnaire, et donc
on l’y a forcé, comme vous aimeriez qu’on le fasse, manifestement, un peu
partout, tel un énième second couteau de Bill Gates qui s’ignore (qui donc a
inventé l’expression “idiot utile”?); ou de Marcon, ce qui est encore plus
minable pour le Rebelle que vous prétendez être. Résultat : caillot sanguin, il est
en arrêt maladie encore aujourd’hui, alors qu’il avait consenti à cette injection
pour justement pouvoir travailler. Plus près de nous, en France, l’amie d’une
amie, triplement injectée (vous me concèderez tout de même, vous qui savez
compter, qu’on n’a jamais vu ça, une vaccination triple, ou quadruple, ou…), a
fait une fausse couche, développé un kyste ovarien, et est en dépression
profonde. Plus près de nous encore, au sens cette fois “spirituel” du terme, un
ami, jeune philosophe très prometteur, qui était la santé même, physiquement
comme mentalement, et est devenu “dépressif”, et “très fatigué” (je le cite),
depuis la double injection, comme de très nombreux “vaccinés” désormais
autour de moi. Mince alors, que de coïncidences. Lors de son dernier voyage en
avion, la mère de mon fils m’a dit qu’il y avait eu un malaise de l’un des pilotes
(heureusement que l’aviation publique obéit au principe du copilotage, sinon je
crois bien que le nombre de crashs aériens en 2021 et au-delà eût été, hum hum,
inusité). Mais tous ces cas, bien sûr, ne sont que des coïncidences.
Vous devez donc vous rendre à l’évidence : la situation est extrêmement grave.
J’étais déjà convaincu, il y a plus d’un an, que nous courions au-devant du plus
grand scandale médical de tous les temps. Quand j’ai appris, alors, que le
président français confiait les clés de la “stratégie vaccinale” au cabinet privé
Mc Kinsey, qui a sur la conscience plus de 500.000 morts dans son pays
d’origine (scandale des opioïdes aux Etats-Unis), avec pour directeur associé
Viktor Fabius, le digne fils de son père, impliqué dans l’affaire du sang
contaminé pendant qu’il occupait ses fonctions de premier ministre, ma
conviction se transforma en certitude absolue : quelque chose d’abominable se
préparait.
C’est pourquoi je ne peux m’empêcher de trouver hautement sinistre votre appel
public à la “vaccination” obligatoire. Je vous cite cette fois in extenso : “Je
commencerai par dire que Macron aurait dû signer, tout bonnement, l’obligation
de la vaccination. Après tout, ce ne sont que des obligations de ce genre qui,
depuis de longues années, nous ont débarrassés de fléaux mortels ou invalidants
comme la variole, le choléra, la typhoïde ou la poliomyélite, fléaux dont les
populations des pays dominés et pauvres, sans dispositif de vaccination,
notamment en Afrique, continuent à souffrir.” C’est moi qui ai souligné. Vous
ignorez sans doute que d’intenses campagnes de “vaccination” contre la polio,
commanditées par l’incontournable Bill Gates, ont abouti à l’explosion des cas
de polio (mais, cela, Wikipédia ne vous le dira pas). Plus largement, l’Inde et
l’Afrique ont subi tellement de campagnes de “vaccination” expérimentale de la
part de l’oligarque le plus puissant, le plus influent, et le plus malfaisant de tous
les temps, qu’ils ont fort heureusement été parmi les pays à résister le plus au
“délire covidiste” qui atteint la planète entière depuis deux ans, vous compris.
Citons, par exemple, le Nigéria, pays de 200 millions d’habitants, extrêmement
peu “vacciné” à ce jour, et qui a intenté un procès pour crime contre l’humanité
à Pfizer, en 2007, suite à des expérimentations sur des enfants qui ont fait des
centaines de morts et d’handicapés. Ce qui appert plutôt véniel, à la lumière de
ce qui nous attend, en matière de “vaccination universelle”, appelée de tous vos
vœux si lucides. Comme le dit un commentateur : prendre Bill Gates pour un
“philanthrope”, c’est comme prendre Jack l’éventreur pour un passionné
d’anatomie.
Saviez-vous que Bill Gates a publiquement dit que la “solution finale à cette
pandémie, c’est la vaccination de toute la population mondiale”? Saviez-vous
que, par le plus grand des hasards, le père de notre informaticien médiocre, qui
n’a jamais fait d’études de médecine, mais est le principal bâilleur de fonds de
l’OMS, était le principal animateur du mouvement eugéniste aux Etats-Unis?
Qu’il était un lecteur admiratif de Malthus, même s’il le trouve un peu trop
modéré? Que Pfizer est la multinationale la plus corrompue et la plus
condamnée en justice de tous les temps (plus de quarante fois, et plus de cinq
milliards de dommages et intérêts)? Que, du temps où il était banquier
Rotschild, en 2011, Macron a négocié un contrat mirobolant entre Nestlé et…
Pfizer, à hauteur de dix milliards de dollars, et pour lesquels il a
personnellement touché un million (qui dirait Compte offshore serait totalement
à côté de la plaque)? Que sa chère et tendre épouse a des actions tout à fait
juteuses chez Pfizer? Que Jérôme Cahuzac, le ministre socialiste condamné
pour fraude fiscale, avait son compte en banque suisse alimenté par… Pfizer? Et
donc que le PS français, au rang desquels, objectivement, vous vous serez rangé
aux yeux de l’Histoire, est très probablement, hum hum, au bas mot corrompu
par des liens d’intérêt peu ragoûtants? Et que vous dire des actions que
détiennent Bill Gates et la famille Rockfeller, Blackrock et Vanguard, dans
Pfizer et Moderna? Mince alors, ça en fait, des coïncidences. Un véritable
déluge modal, qui défie toutes les lois de la statistique. Ah! Comme nous en
aurions eu besoin, du génie pédagogique de Badiou, pour nous expliquer la
dialectique de la Vertu et de la Corruption chez Robespierre et Saint Just! Car
vous seriez servi, si vous sortiez de la Caverne. Car jamais, de toute notre
Histoire, la question de la Corruption ne se sera posée de manière si intense et si
complexe (mais rien moins que compliquée : tout est clair à la fin, pour qui sait
enquêter). Voulez-vous, décidément, finir du très mauvais côté des barricades?
C’est ce qui arrivera si vous ne vous reprenez pas.
C’est pourquoi votre soi-disant “critique du capitalisme” a toujours été
profondément scolaire, se contentant de généralités ne menaçant rien ni
personne; et que vos efforts titanesques pour impulser un “retour de l’Idée
communiste” sont depuis des années restés prodigieusement sans effet. Et vos
Remarques démontrent, aux yeux de tous, pourquoi : dans un insoutenable
double bind, vous en appelez pour la énième fois au combat contre ledit
capitalisme oligarchique, tout en appelant à lui obéir au doigt et à l’oeil, sans se
poser la moindre question sur le bien-fondé des discours et prescriptions
délirants dont on nous accable depuis deux ans. Vous écrivez ainsi : “Le
Covid-19 est traité dans ces paramètres : le gouvernement impose que la loi de
son action soit définie avec les grands laboratoires privés, ces monstres typiques
du capitalisme mondialisé.” Et vous ne trouvez rien à y redire. Votre “critique
du capitalisme” est donc purement formelle, incantatoire, académique : aussi
poussiéreuse que de la scolastique médiévale, et destinée à jouir de la même
postérité. Cette “critique” purement formelle, et posturale, ne voit même pas que
la concentration dudit Capital, la concentration de l’information, et la
concentration des “politiques sanitaires” autour d’une OMS à la botte de
crapules, de cabinets de conseil criminels et de laboratoires véreux, sont un seul
et même phénomène.
Vous pourfendez sans cesse “l’oligarchie”, sans jamais citer de noms. Par
exemple, jamais vous n’évoquez, ou si peu, l’organisation oligarchique la plus
puissante et la plus influente des cinquante dernières années, nommément le
forum économique mondial de Davos, financé par les mille plus grandes
fortunes du monde. Or on y trouve, par pure coïncidence : l’omniprésent Bill
Gates, et le gourou oligarchique Klaus Schwab; Sarkozy y reçut sa formation,
ainsi que Macron; Véran lui-même est passé par là, et aussi, il y a bien plus
longtemps, Merkel; on y trouve aussi bien Ozdemir, ministre fédéral de
l’agriculture allemande, que Trudeau, le tyranneau canadien pleurnichard;
Zuckerberg, que tout récemment Thunberg (qu’à juste titre, pour une fois, vous
appelez la “petite sainte de l’écologie” : nitouche, à mon humble avis); l’atroce
première ministresse néo-zélandaise Ardern, et l’abominable australien Howard,
principal promoteur de l’idée du masque obligatoire, dont vous vous faites le
relais enthousiaste; le dr Gupka, correspondant médical en chef de la très
propagandiste CNN (la chaîne de Bill Gates), ou Benioff, le propriétaire du
Times (et, plus généralement, tous les principaux directeurs des médias
oligarchiques occidentaux); Larry Page, cofondateur du très contrôlé Google
(vous en êtes une preuve vivante), et, bien entendu, l’insubmersible Kissinger; il
y a les représentants de la Deutsche Bank, de la General Motors, et de… Mac
Kinsey; enfin, last but not least, on y croise, par le plus inouï des “hasards
objectifs”, comme disaient les surréalistes, le PDG de Pfizer, ainsi que celui de
Moderna. Mince alors! ça en fait du beau monde, et des merveilleuses
coïncidences! Mais Badiou veut encore se faire passer pour le
pourfendeur-du-capitalisme, tudieu!
C’est donc ici, vous le sentez bien, qu’on glisse du terrain “chientifique”, ou
“chanitaire”, ou encore “rachionnel”, au terrain proprement politique. J’ai dit
plus haut, liminairement, ce que je pensais de votre rapport au politique : qu’il
était de nature purement et simplement pathologique, pour ne pas dire
psychotique. De Mao à Bill Gates en passant par Pol Pot, qui a exterminé la
quasi-totalité des médecins cambodgiens au prétexte qu’ils étaient des “petits
bourgeois”, ont peut dire que votre CV politique laissera à la postérité ample
matière à méditer. Il n’y aura à l’avenir, à mon humble avis, pas beaucoup
d’exégètes qui pourront prendre vos appels fiévreux au “rationalisme”, à la
“science”, etc., autrement qu’avec des pincettes. Votre admiration pour les
massacres de la Révolution Culturelle chinoise, ou votre engouement pour le
génocide cambodgien, quoique réprouvables, n’équivalent à aucune
responsabilité directe, de votre part, dans toutes ces horreurs. Comme je le dis
dans Après Badiou, détournant le mot fameux de Péguy au sujet de Kant (“il a
les mains propres, mais il n’a pas de mains”) : “Badiou a les mains sales, mais,
fort heureusement pour nous, il n’a pas de mains.” Las! En appelant à la
vaccination obligatoire, votre responsabilité est cette fois directement engagée.
C’est aussi pour que vous portiez celle-ci en connaissance de cause, ainsi que
tous les autres intellectuels ayant cautionné les absurdes mesures
gouvernementales des deux dernières années, que j’écris cette lettre ouverte.
Aucun de vous ne pourra plus dire : “je ne savais pas”. Aucun.

Pour accoster la dimension proprement politique de ce qui arrive depuis deux


ans au prétexte de cette fausse “pandémie”, je citerai un bloggeur que j’apprécie
beaucoup, un écologiste répondant au nom d’Olivier Cabanel, dans le texte le
plus drolatiquement synthétique que je connaisse au sujet de ce que nous
vivons, même si bien sûr, à la lumière “hors-caverne” de ce tout ce que j’ai écrit
jusqu’ici, l’humour commence à être très noir, et pour tout dire très triste, un
peu comme faire de l’humour juif dans le ghetto de Varsovie en 1944. Le texte
s’intitule : La pandémie sort du puits. En voici le contenu : “Les masques
commencent à tomber! Le laboratoire biologique chinois de Wuhan appartient à
GlaxoSmithKline, qui possède (accidentellement) Pfizer, celui qui fabrique le
vaccin contre le virus qui a (accidentellement) commencé au laboratoire
biologique de Wuhan et qui a été (accidentellement) financé par le Dr Fauci qui
fait (accidentellement) la promotion du vaccin! GlaxoSmithKline est
(accidentellement) géré par la division financière de Black Rock qui gère (par
accident) les finances de l’Open Foundation Company (Fondation Soros), qui
gère (par accident) la société française AXA. Soros possède (par accident) la
société allemande Winterthur, qui a (par accident) construit un laboratoire
chinois à Wuhan et a été rachetée par l’allemand Allianz, qui (par coïncidence)
a comme actionnaire Vanguard , qui (par coïncidence) est actionnaire de Black
Rock, qui (par coïncidence) contrôle les banques centrales et gère environ un
tiers du capital d’investissement mondial. Black Rock est également (par
coïncidence) un actionnaire majeur de Microsoft, détenu par Bill Gates, qui
(par coïncidence) est actionnaire de Pfizer (qui -rappelez-vous-… vend un
vaccin miracle) et (par coïncidence) est maintenant le premier sponsor de
l’OMS! Vous comprenez maintenant comment une chauve-souris morte vendue
sur un marché humide en Chine a infecté TOUTE LA PLANÈTE! Maintenant,
vous savez, transmettez-le jusqu’à ce que le monde entier le sache… La
pandémie sort du puits, les serpents sortent la tête.”
Je dois vous avouer qu’à cette lumière “platonicienne”, les considérations
suivantes de votre “tract” m’ahurissent de benoîterie et de candeur : “Par
exemple, dans le cas de la pandémie et de ses effets, on partira directement du
constat suivant : si nombre de petites entreprises (dans la restauration, le
commerce de détail, les spectacles, l’artisanat…) ont été sévèrement atteintes,
les grandes ou très grandes firmes ont largement tiré leur épingle du jeu.” Ben
mince alors, quelle coïncidence de plus! Eh oui, très cher “Platon” : nous avons
assisté, depuis deux ans, au plus grand transfert de richesses de tous les temps,
transfert que vous avalisez de fait, vous le pourfendeur insubmersible du
capitalisme! Et en effet, dire, “je suis contre le capitalisme, mais il faut
consommer du Pfizer sans compter”, c’est à peu près aussi sérieux, quoique
infiniment plus grave, que de dire : “je suis contre le capitalisme, mais il faut
manger du Mac Donalds tous les jours, et boire du Coca-Cola matin, midi et
soir”.
Parlons net : les horreurs perpétrées par les Gardes Rouges ou le
génocide-de-classe cambodgien n’avaient pas besoin de votre avalisation pour
avoir lieu. Là, vous mettez la main à la pâte par votre appel solennel à la
vaccination obligatoire, après votre enthousiasme pro-confinement et
pro-masque. Il est grand temps de vous rétracter. Sinon, ce sont des tribunaux
populaires qui, très bientôt, viendront vous demander des comptes. C’est tout de
même bien le moins, pour l’enthousiaste des envolées de la Révolution
Culturelle chinoise, sous laquelle vous n’auriez pas pu écrire une ligne.
Et c’est tant mieux : cela fait au moins quarante ans que nous devons subir des
“intellectuels” dans votre genre, qui passent leur temps à demander des comptes
à tout le monde, sans jamais en rendre à personne. Il est grand temps qu’ils se
remettent un peu à la page, et, dans votre cas, vous l’enthousiaste, à l’époque,
des logoaï chinois. Saviez-vous, sous ce rapport, qu’on avait ouvert des “camps
Covid” dans votre chère Chine, ainsi qu’en Australie, et qu’on s’apprête à le
faire un peu partout ailleurs? Non? Ah! Il est fortiche, notre Badiou
pro-confinement, pro-masque, pro-Pfizer -mais anti-capitalisme, bien
entendu…-! Qu’est-ce qu’il y voit clair en lisant son quotidien préféré (“la
prière de l’homme moderne”, comme disait notre ami Hegel. Mettez-vous à
France-Soir, pour ne pas finir en bigot…)! Il est contre le capitalisme, bon sang!
Mais il obéit, somnambuliquement, à sa forme contemporaine, qui est la pire de
toute l’Histoire… comme l’écrasante majorité des intellectuels, qui font par là le
boulot que vos chers gardes rouges faisaient, en se suicidant d’eux-mêmes sur la
place public.
Tout est allé, très cher Badiou, dans les poches des plus grandes sociétés
d’investissement du monde, Blackrock et Vanguard, dont les actionnaires
principaux (par coïncidence) sont la famille Gates et la bonne vieille famille
Rockefeller, dont je parlerai très vite. Vous concluez votre constat penaud par la
“remarque” suivante, lourde de pertinence : “Ce qui veut dire également que les
épidémies ont ceci de commun avec les guerres qu’elles accélèrent la
concentration du capital, loi majeure de toute l’histoire du monde moderne.” En
somme, selon l’immense “dialecticien” Badiou, les sociétés oligarchiques
principales d’investissement, et les multinationales, ne font que profiter, après
coup, des guerres et des “pandémies”, dans lesquelles elles ne portent aucune
responsabilité. Ainsi, exemple fameux de pandémie (sans guillemets) : la grippe
espagnole, dont vous pensez sans doute qu’elle a une origine “naturelle”. Je
vous édifierai là-dessus une autre fois, car je vais vite vous parler du principal
responsable : John Rockfeller, inventeur à lui tout seul de l’industrie
pharmaceutique (par génie “coïncidentiel”, et pour notre plus grand bien), de la
concentration des médias (donc du “spectacle” au sens de Debord), ainsi que
principal bâilleur de fonds d’Hitler. Saviez-vous que David Rockfeller, son fils,
était un admirateur littéralement fanatique de Mao? Si, si, je vous assure! A côté
de lui, vous n’êtes vraiment qu’une petite groupie du dimanche. Ca en fait,
quand même, des “coïncidences”, vous ne trouvez pas? J’avoue rêver d’une
sorte de “Rotary Club maoïste”, où David et Alain pourraient deviser
tranquillement des mérites infinis du Grand Timonier…
Je vais vous faire encore plus plaisir, en vous apprenant que le directeur de notre
bienfaisante OMS, l’imprononçable Tedros Adhanom Ghebreyesus, faisait
partie d’une organisation marxiste-léniniste, très puissante et radicale dans son
pays d’origine, l'Ethiopie : le Tigray People’s Liberation Front (TPFL),
puisqu’elle était plus connue pour ses massacres, ses attentats à la bombe, ses
enlèvements, ses tortures, ses viols collectifs et même ses épurations ethniques,
que pour sa “philantropie sanitaire”. Eh oui! même un marxiste-léniniste peut
être eugéniste : le TPFL, dans un sémillant manifeste daté de 1975, a déclaré
une “guerre éternelle” aux ethnies Amhara et Oromo (eux, comme le nom
l’indique, appartiennent à l’ethnie du Tigré). Quand cette organisation, âprement
dénoncée depuis des décennies par Amnesty International, prit le pouvoir dans
son pays, elle mit à exécution son programme, et réduisit “en douceur” les
populations Amhara et Oromo de plusieurs millions de personnes, et stérilisa
environ deux millions de femmes. C’est un génocide plus discret que celui du
Rwanda mais, en un sens, plus radical. Quand le cher Tédros, - qui, comme son
mentor Bill Gates, n’a aucune formation en médecine -, fut nommé ministre de
la santé, il dissimula trois épidémies de choléra. En somme, voilà un homme qui
déclare une épidémie quand elle n’existe pas, et ne les déclare pas quand elles
existent. On est entre gens de confiance… Pour faire bonne mesure, Tédros a
nommé l’ami notoire du peuple, Robert Mougabé, “ambassadeur de bonne
volonté” de l’OMS.
Voilà pour l’une des énièmes moutures de ce qu’a donné l’un de vos Héros,
Lénine, pour moi la plus grande catastrophe qui soit arrivée aux politiques
d’émancipation des deux derniers siècles. L’un des développements cruciaux
que je ferai dans la version longue de la présente lettre, ce sera la défense de la
supériorité évidente, politiquement et éthiquement, de la “tradition” anarchiste
sur la “tradition” léniniste. Politiquement, je conclurai là-dessus, et vous verrez
que ce sera à la faveur d’un coup de théâtre “informationnel” spectaculaire, tant
le Spectacle vous a aveuglé à ce sujet; mais, éthiquement, on peut régler la
question en quelques lignes. Car le léninisme a, tout de même, produit un
nombre parfaitement inusité de tyrans, de bouchers, de tortionnaires et de
génocidaires. Les anarchistes, eux, n’ont sur la conscience que quelques poseurs
de bombes(généralement à bon escient…), et n’ont pris les armes qu’en cas
d’extrême nécessité, contre un ennemi véridiquement identifié comme néfaste,
comme pendant la Commune de Paris (que vous le vouliez ou pas, l’écrasante
majorité des ouvriers communards étaient anars), ou pendant le guerre
d’Espagne.
Nous avons donc, à la tête de l’OMS, un boucher eugéniste et génocidaire, rien
de moins. C’est sûr, cela, vous ne l’apprendrez pas sur Wikipédia,
l’encyclopédie des “cavernistes”, ou des “confinolâtres”, c’est aujourd’hui un
peu la même chose. Oui, il est est “attristant” de voir notre “héroïque” Badiou
finir en fanatique patenté d’une politique clostrophile, hypocondicriaque et
paranoïaque planétaire : ce serait, vraiment, une triste fin de carrière, s’il
n’accepte pas de me suivre jusqu’au bout, et de sortir de la Caverne, où
l’attendront de merveilleuses nouvelles.
Continuons donc à crever les yeux de qui voit tout. Si l’on regarde les lobbies
qui ont poussé la candidature d’un aussi improbable personnage que Tédros à la
tête de l’Organisation supranationale qui pèse le plus sur nos vies depuis deux
ans, on trouve, par pure coïncidence, des gens hautement recommandables,
comme Bill Gates, Anthony Fauci, le PC chinois ou encore le très
“glamoureux” couple Clinton. Waouh! J’écoute ces gens et j’obtempère à leurs
injonctions, mais je-combats-la-capitalisme! J’écoute le psychopathe Macron
(selon un grand psychiatre italien), j’écoute l’attardé mental Castex (saviez-vous
qu’il était préposé à la destruction de la santé publique, déjà, sous Sarkozy?),
j’écoute le menteur pathologique Véran! Je-suis-ré-vo-lu-tion-nai-re,
bougredieu!
Reprenons donc un peu de sérieux, car celui-ci commence à vous faire
sacrément défaut. En matière de santé publique, j’avoue que je préférerais
encore me fier à Al Capone, ou à Pablo Escobar, qu’à tous les gens que je viens
de citer. Et que votre façon stratosphérique de mettre le “cri anti-vaccin “Mes
libertés, mes libertés” sur le compte de “l’individualisme bourgeois” et du “culte
du Moi contemporain”, me laisse quelque peu songeur. Que disait notre cher
Hölderlin, déjà? “On peut tomber dans la hauteur, comme on peut tomber dans
la profondeur”...
Et, à force de prendre le monde entier du haut de sa Cognition supérieure, se
retrouver à mordre la poussière en fin de carrière. C’est ce qui vous arrivera si
vous ne révisez pas votre médiocre copie; et ce sera bien fait. Car il est tout de
même permis de se demander, à ce compte, si la Suffisance, la Condescendance,
le Complexe de supériorité jamais démenti, le Mépris systématique d’autrui, le
Ton péremptoire de la certitude omnisciente, ne sont pas des attributs
“ontologiques” dudit “individualisme bourgeois”. Je ne pose la question,
naturellement, que dans la plus pure abstraction du Ciel platonicien des Idées,
sans viser qui que ce soit en particulier. Ce n’est véritablement qu’une question,
à laquelle il serait intéressant que vous apportiez une réponse quelque peu
censée, et “universellement transmissible”, comme vous aimez à dire si souvent.
Par contre, on peut, - ce sera l’estocade objective -, arroser l’arroseur qui se
permet de condamner “ceux pour qui la liberté individuelle passe avant toute
chose, notamment, c’est évident, avant la mort des plus pauvres qu’eux”. Et,
pour ce, je vais me permettre d’en passer par le registre de l’intimité. J’ai été, il
y a trois ans, bouleversé d’apprendre la mort, tragique et très précoce, de votre
fils adoptif Olivier. Je me souviens comme si c’était hier de votre visite chez
moi à Turenne, de nos parties de PES sur Playstation, et de lui avoir offert tous
mes CD de Biggie Small, un rappeur de légende mort assassiné à 24 ans (il
m’avait confié que tous ses amis le surnommaient “Biggie”). J’ai acheté votre
“Tombeau d’Olivier” (car je n’ai cessé de continuer à vous lire, malgré la
rupture), qui m’avait énormément touché. Je l’ai même offert à ma meilleure
amie. Par contre, il est tout de même étrange que, avant de vous improviser
perroquet du gouvernement, il y a deux ans, en décrétant le confinement
“nécessaire”, vous n’ayez pas une seconde songé à ce que pourraient être les
conséquences d’une telle mesure sur “les plus pauvres que”... vous. Et c’est là
où la vérité de classe va vous faire très mal, et le “réveil de la Caverne”
atteindre son stade le plus brutal.
Car il n’était pas très difficile, pour vous, d’accepter une mesure qui, avec vos
multiples appartements bourgeois et vos très confortables émoluments dûs à
votre légitime succès, ne pouvait rien changer de fondamental à votre vie. Quid,
mettons, et pour prendre le type d’exemple qui vous tient à cœur, de la famille
malienne de sept personnes, qui vit dans un cinquante mètres carrés d’un HLM
de banlieue? Or, le confinement, à échelle mondiale, a eu des effets absolument
apocalyptiques sur les plus démunis : on compte à ce jour plus de 300 millions
de personnes qui ont été jetées dans la misère à cause des divers
“confinements”, dont les plus grand épidémiologistes du monde (notamment
John Ioannidis aux Etats-Unis) ont démontré que, en termes de propagation du
virus, ils ne servaient rigoureusement à rien : les pays, ou les états
infranationaux dans les pays fédéraux, qui n’ont pas confiné s’en sont plutôt
beaucoup mieux tirés que les “enfermistes” furieux. La famine dans le monde,
depuis deux ans, a doublé planétairement; voilà le genre de considération qui
laisse le marxiste-léniniste Badiou totalement froid. La “renaissance
communiste” sous forme de confinement pour tous : tel est le nouveau Salut de
l’humanité selon Badiou.
C’est bien entendu l’inverse qui est vrai : cette “mesure nécessaire” a détruit la
vie de milliards d’êtres humains, justement la couche la plus pauvre de la
population, par définition et d’évidence. C’est un comble que ce doive être un
avocat tout de même classé très à droite, le courageux Fabrice di Vizio, qui ose
dire la vérité sur ce point, et non notre marxiste-léniniste star des campus
américains : “Le confinement, c’est un truc de bobos! C’est le retour de la lutte
des classes! Moi, je suis tranquille, j’ai un 250 mètres carrés avec des hectares
où faire du cheval. A la Seine-st-Denis, ce n’est pas la même musique.” Vous
m’expliquerez donc ce qu’il y a “scientifique” à sacrifier la vie des milliards de
gens comme par hasard les plus pauvres à l’Autel d’un virus pas assez virulent
à ce jour pour avoir jamais fait “pandémie”, et qui ne fait, pour l’essentiel, que
porter l’estocade à des gens mourants. En plus de nous apporter des précisions
sur ce que vous entendez par “science”, en plus de nous dire comment se porte,
dans votre “intéressante personne” (sic vos Remarques), ce que le jeune Lukacs
appelait “conscience de classe”, ce que vous entendez, par exemple, par le mot
décence. Et par le mot respect : comme je ne vous l’apprendrai pas, chez Kant,
le respect naît quand je rencontre quelqu’un qui, sans la moindre culture et à
l’intelligence limitée, obéit à la Loi morale à laquelle quelqu’un de beaucoup
plus intelligent et cultivé n’obéit pas, malgré ses belles paroles. Je ne peux
respecter quelqu’un qui dit : “faites ce que je dis, jamais ce que je fais”, aussi
érudit et “intelligent” soit-il.
Car ici, je n’ai plus le coeur à rire, même jaune, même noir. J’ai le cœur à
pleurer, et pas du tout métaphoriquement : j’ai littéralement les larmes aux yeux
en m’apprêtant à écrire ce que je vais écrire. Il s’agit de ma mère. Celle-ci a été
retrouvée pendue dans son appartement minuscule du treizième arrondissement,
en mai 2020, à l’issue du premier confinement. Elle n’avait aucun problème de
santé, ni aucun précédent dépressif; elle avait 70 ans, mais en faisait quinze de
moins, et quand on nous voyait ensemble, on me demandait souvent si c’était
ma sœur. Seulement voilà : elle vivait pauvre depuis vingt ans, comme
gardienne de musée, et est descendue en-dessous du seuil de pauvreté après la
retraite, où elle devait travailler “au black”, toujours comme gardienne de
musée, pour payer son loyer et remplir son frigo, sa retraite misérable ne
pouvant y suffire. Elle vivait dans un vingt mètres carrés sans télévision ni
internet. Je vous laisse imaginer quelle devait être son humeur dans ces
conditions, pendant trois mois. Et, même après le “déconfinement”, elle a
compris qu’elle ne pourrait plus travailler clandestinement de sitôt. Je n’ai pas
pu l’aider, contrairement à un membre proche de ma famille, dont par pudeur je
tairai l’identité. Mais ça n’a pas suffi. Elle ne voulait plus être un poids pour
personne, et s’est donc supprimée.
Voilà, très cher Badiou, pour les questions que j’avais à vous poser au sujet des
“individualistes bourgeois” pour qui “la liberté individuelle passe avant toute
chose, notamment, c’est évident, avant la mort des plus pauvres qu’eux” : les
confinements ont détruit la vie de milliards de personnes dans le monde, par
définition les plus pauvres, et pour l’instant épargné ceux qui habitaient des
appartement cossus dans les quartiers les plus bourgeois, comme vous. Et je
conclurai sur quelques considérations politiques, que je développerai donc dans
la longue suite que je compte donner à cette lettre. J’ai écrit celle-ci pour, tout
simplement, prendre le monde à témoin du naufrage où auront sombré la
quasi-totalité de nos intellectuels, tout aussi coupés du Réel que ne le sont les
politiciens et les journalistes grand public. Tout cela mérite une énorme
épuration; elle arrivera très bientôt. Vous savez ce qu’il vous reste à faire.
Passe donc encore que vous soyez indifférent aux souffrances que les
confinements ont infligé à des milliards de pauvres de par le monde, et à des
millions de français prolétaires ou prolétarisés. Passe encore que vous vous
persuadiez que le fait de porter un filtre à café sur le museau protège en quoi
que ce soit d’un virus par définition microscopique, lors même que les virus
sont inscrits dans notre ADN, et que nous en touchions des centaines de
millions tous les jours; et aussi qu’aucune étude à ce jour n’ait démontré
l’efficacité de ces masques contre une “contagion” qui n’a jamais dépassé celle
de la grippe saisonnière. Peu importe que vous trouviez cela “scientifique”,
malgré les preuves accablantes du contraire. Mais pas un mot de compassion,
dans vos Remarques, pour le sort que ces mesures ont fait subir à nos jeunes,
devenus dépressifs à 40% et réduits, quand ils étudient, à manger à la soupe
populaire; pour les adolescents déjà “naturellement” très torturés, mais chez qui
les psychopathologies ont explosé depuis deux ans; enfin, pour les enfants à qui
on a obligé à porter ce masque, pour une maladie qui ne les concernait pas. Et
là, comme avec ma mère, je ne peux plus tenir le ton de l’humour, même
sardonique. Ce qu’on a fait subir à ces enfants depuis deux ans est proprement
scandaleux : on les a privés de 20% de leur oxigénation, et de 30% de leurs
capacités cognitives (la QI moyen des enfants a baissé de 22% depuis deux ans).
Les pédopsychiatres sont absolument catastrophés par ce qu’ils voient; jamais
l’enfance n’aura été aussi maltraitée, et à une telle échelle, qu’au cours des deux
dernières années. Nous avons traumatisé, débilisé et martyrisé ces enfants, pour
absolument rien. Nous les avons rendus plus qu’à leur tour massivement
dépressifs, perclus de TOCS en tous genres et de psychopathologies inusitées, et
même, pour certains, suicidaires, ce qui est du jamais vu dans l’histoire de la
médecine. On a vu des enfants de douze ans, de dix ans, de huit ans et même de
six ans se pendre ou se défenestrer. Là encore, j’ai les larmes aux yeux rien que
d’y penser. Mais vous trouvez sans doute tout cela “scientifique”, comme
profondément “rationnel” le fait de dire à des gosses en pleine croissance que,
s’ils ne font pas ce qu’on leur dit, ils mettent en danger la vie de leurs
grands-parents. Et je ne peux évidemment pas vous soupçonner
d’“individualisme bourgeois” ou d’égocentrisme hypocondriaque, en
cautionnant cette “inversion des valeurs” inédite dans toute notre histoire,
comme quoi ce sont les enfants qui sont responsables de leurs aïeux, et pas le
contraire : tout ça, c’est “rationnel”. Non, décidément, je ne peux pas croire que
vous ayez adhéré à avoir sacrifié la santé physique et surtout mentale de toute
une génération de gamins, par seul souci de votre “intéressante personne”,
comme vous le dites des gens qui défilent pour un monde de liberté, de vérité et
de justice. Badiou, qui nous vend Platon, Descartes et Hegel pour le prix d’un,
et méprise toute forme d’“individualisme bourgeois” et de “culte du Moi” chez
les autres, est très au-dessus de tout ça. L’hypocondrie, la frilosité casanière, la
paranoïa quant à son petit quant-à-soi sanitaire, on l’a vu, l’éthique
néo-héroïque de Badiou les ignore magistralement. Jamais il ne lui viendrait à
l’idée de sacrifier la santé de nos tout-petits pour sauver la sienne propre. Tout
cela, en effet, serait passablement “attristant”. Et : “pure coïncidence”.
Revenons à un registre plus badin, vos Remarques s’y prêtent quasiment à
chaque ligne. “A cet égard, les “manifs” du samedi contre les décisions du
gouvernement en matière de vaccin montrent à quel point l’individualisme,
accompagné d’un solide mépris pour la science en particulier et la rationalité en
général, diffuse partout une désorientation extrêmement dangereuse.” Bouh, j’ai
peur. Ah! Décidément, il est bien loin, le Badiou qui nous citait à tout bout de
champ son Spinoza : “L’homme libre ne pense à rien moins qu’à la mort, et sa
sagesse est une méditation non de la mort, mais de la vie”. C’est bien fini.
Désormais, notre “révolutionnaire” adopte sans aucune réserve critique
l’impératif catégorique le plus inepte qui ait jamais été proposé à l’humanité :
“Vis, agis et pense, en toute circonstance, de manière à ne pas attraper ni
transmettre la grippe, sans considérer quoi que ce soit d’autre.” Oh oui, il est
bien loin, le Badiou qui nous disait (je cite de mémoire), au début de ses
Logiques des mondes, que la vie politique avait la forme de la guerre civile,
c’est-à-dire de l’exposition héroïque à la mort. Eh bien! J’ai été le premier, il y a
plus d’un an, à utiliser l’expression “première guerre civile de l’Histoire”, pour
qualifier ce qui se passait. On y est, cher Badiou! Où êtes-vous dans le combat?
Non, désormais, il faut se pro-té-ger du vilain virus, hou la chochotte : “Le fait
qu’on cherche à vous interdire de fréquenter un lieu public si vous êtes infecté
par le Covid-19 et contagieux relève, lui, du simple bon sens : on ne peut vivre
en société de façon minimalement raisonnable si on trouve “normal”, au nom de
la liberté individuelle, de devenir le centre d’une contagion étendue avec risque
de morts.” Ce qui est, proprement, ajouter l’ineptie à l’ineptie, puisqu’il est de
notoriété officielle que le “vaccin” n’empêche en aucune manière la contagion,
mais exempte seulement ceux qui détiennent le fameux “pass” de se soumettre à
des tests dont nous avons vu qu’ils ne marchaient absolument pas. Oui,
décidément, elle se porte très bien, la “rachionalité”, et il est bien triste de voir
le plus grand chantre d’un rationalisme philosophique moderne, nommément
vous, souscrire à ces inepties.
Vous me permettrez donc d’insister lourdement sur le fait que, quand vous
évoquez quelqu’un qui “passe la main aux charlatans du pouvoir en place, à
ceux que Marx appelait les “fondés du pouvoir du Capital””, cela évoque
irrésistiblement l’adage : “c’est celui qui le dit qui y est”. Heureusement que le
ridicule ne tue pas, ni le mystérieux “paradoxe de la désorientation bourgeoise”,
dont vous êtes encore mieux immunisé que contre le Covid-19. Aussi est-il
passablement comique de vous voir revenir, pour la énième fois, à la charge des
“nostalgiques de Vichy” et des “revanchards du pétainisme”, ce qui ne mange
pas de pain, et ne vous vaudra pas beaucoup d’ennemis : Badiou a toujours aimé
la Révolution et la Résistance depuis des appartements bien situés. Par contre,
l’aimable ambiance de délation, de diffamation et de persécution qui règne
depuis deux ans ne semble pas déranger le moins du monde son éternelle bonne
conscience. Lui qui parlait de “pétainisme transcendantal” du temps de
l’investiture de Sarkozy, il aura pour finir avalisé, en toute bonne conscience, le
pire régime à avoir régné sur la France depuis Vichy.
Car, depuis au moins deux ans, mais très nettement depuis le 12 juillet 2021, ne
vivons-nous pas, comme je l’ai dit dans une intervention publique il y a plus
d’un an (j’étais comme d’habitude prophétique…), dans une sorte de “Vichy
biopolitique”? Les mesures annoncées à cette date funeste ne vous ont-elles pas
au moins évoqué l’arrêté pétainiste du 8 juillet 1942, et à vrai dire comme leur
simple couper-coller? Vous qui êtes si souvent érigé contre l’Apartheid, où
contre la discrimination des palestiniens, tout à coup vous prenez position, pour
parachever votre Triomphale Carrière, pour une mesure discriminatoire
“bonne”? Le “pass sanitaire”, que de nombreuses personnes ont facétieusement
surnommé “pass nazitaire”, n’évoque-t-il pas furieusement l’ausweiss de
sinistre mémoire? J’ai signalé ces évidences depuis lurette dans mes
nombreuses interventions publiques; ce qui ne vaut pas dire, comme on me l’a
fait dire un plumitif, que je compare les “non-vaccinés” aux juifs sous Vichy.
C’est bien plus grave que ça : car ici, tout le monde est victime, aussi bien les
“braves” vaccinés conformistes, comme vous, que les horribles “antivaxx”
interdits de vie civile normale, comme votre serviteur.
Ici il faut quand même citer un paragraphe de vos Remarques, une merveille de
bonne conscience repue, et de “dialectique matérialiste” entre la paille et la
poutre : “Faire ainsi d’un sous-groupe identitaire la source de tous nos maux, et
proposer comme remède la disparition totale de ce sous-groupe, c’est ce qui fut
proposé dans les années trente par les nazis.” Vous l’aurez dit, bouffi
(d’orgueil). Dans un colloque franco-italien à quoi j’ai eu l’honneur de
participer il y a quelques semaines, qui réunissait diverses personnalités
émérites de la science, de la médecine, et de la vie intellectuelle, Agamben, si
incommensurablement plus lucide et courageux que vous, n’a pas hésité à dire
que les mesures qui étaient prises contre les “non-vaccinés” étaient, dans son
pays, dix fois pires que toutes les mesures qui ont été prises sous Mussolini.
Nous demeurons, manifestement, nous la France, le pays du dix-huitièmes, des
joutes oratoires de Salon, où les arguments discriminatoires, assassins, ou
carrément exterminationnistes, ne s'échangent qu’à fleurets mouchetés : vos
Remarques resteront comme un cas d’école à ce sujet. En Italie, pour des
raisons de culture historique diverses, on a un peu plus de franchise du collier
sémantiquement. Petit “florilège portatif” à votre attention : «Je souhaite vous
(les “non-vaxx”) voir tomber comme des mouches», Andrea Scanzi, journaliste.
«Je suis très démocratique : camps d’extermination pour ceux qui ne veulent pas
se faire vacciner», Giuseppe Gigantino, cardiologue. «La solution : camps
d’extermination et chambres à gaz », Marianna Rubino, médecin. «Des wagons
séparés dans le train pour les non-vaccinés», Mauro Felicori, chargée de la
culture de la région Émilie-Romagne. «Qu’ils soient comme des rats enfermés à
la maison et assignés à leur domicile», Roberto Burioni, virologue. «Les gens
non vaccinés, il faut qu’ils portent un panneau à leur cou, cela nous permettra de
les éviter», Angelo Giovannini, maire.
Comme le dit encore le bon peuple, tellement plus sage que ses élites, en
particulier celles qui prennent la posture de la Sagesse Philosophique : “bonjour
l’ambiance” Ah, il est dur, le retour du Réel! Pour ma part, cela fait plus d’un an
que j’ai mis un nom (dans un texte pour les gilets jaunes), sur le pouvoir qui
essaie de se mettre en place un peu partout dans le monde, au prétexte d’une
“pandémie” parfaitement imaginaire : fascisme oligarchique. Agamben l’aura
vu venir de longue date; Badiou, lui, n’en avait que pour les ombres de la
Caverne médiatico-gouvernementale. Rendons hommage à César, au sens quasi
littéral, nommément Benito Mussolini : le fascisme est un corporatisme, à
savoir la fusion de l’Etat et du pouvoir des entreprises. Tous les fascismes du
vingtième siècle, de droite comme de gauche, ne sont, à cette lumière, que de la
très petite bière, par rapport à celui qui aura essayé de se mettre en place depuis
deux ans, avec votre très complaisant assentiment. Je vous le répète, très cher
Badiou : pour la postérité, ça ne pardonnera pas, et même dans l’avenir le plus
immédiat.
Le moment est venu de conclure cette lettre et, vous le verrez, ce sera en beauté.
A aucun moment, j’y insiste, je ne vous ai accusé de gâtisme : mon usage des
notions de “chienche”, de “rachionalité” et de “chanitaire”, visaient
explicitement tout un système qui, lui, est très évidemment sénile, ce dont
prennent acte des millions de français et des centaines de millions de gens dans
le monde, mais, manifestement, pas nos intellectuels d’élite. Pour ce qui est du
gâtisme intellectuel, Noam Chomsky fait l’affaire, qui a appelé publiquement, et
quasi la bave aux lèvres, à “affamer les non-vaccinés”. Non. Votre lettre est fort
correctement écrite; le problème est qu’elle n’obéit qu’à sa propre logique,
totalement déconnectée d’un ancrage aussi peu consistant que ce soit dans ce
Réel dont vous vous réclamâtes toute votre vie à cor et à cris, et en bombant du
torse sémantique comme Tarzan. Je pense que vous êtes simplement fatigué, ce
qui se comprend. Tous mes amis qui ont cru les yeux fermés au narratif de la
“pandémie” sont à présent esquintés, éreintés, exténués par deux années de
mensonges intenables, et pourtant avalés cul sec par nombre de gens érudits
et/ou surdiplômés. Le burn-out guette. Suivez donc ma prescription
anti-caverneuse, cessez de consommer les médias de ce que vous combattez,
prenez quelques jours de repos, écoutez la musique que vous aimez, faites de la
pêche, ou que sais-je encore; et revenez-nous du poil de la bête féroce, du lion
que nous connaissions. Reprenez contact avec le Réel dont ces médias ont réussi
à vous faire si gravement divorcer.
Eh oui, très cher Badiou, je vous avais prévenu : la sortie de la Caverne n’est
pas exactement un dîner de gala. Fort heureusement, à l’issue de ce tableau très
noir, il y a, aussi, de très bonnes nouvelles : la Lumière hors-Caverne, la Vérité
qui se trouve être, en l’occurence, une vérité politique et non pas “médicale”.
Une fois que l’ex-prisonnier s’est habitué, après force éblouissements et
scotomes, à la lumière du Vrai, il peut rejoindre, je vous cite encore, “la
Béatitude, au sens de Spinoza”. Que disait notre cher Mallarmé, déjà? “Un
présent fait défaut, faute que se déclare la Foule”. Et telle est la première très
bonne nouvelle : jamais, de toute l’histoire de l’humanité, la foule ne se sera
déclarée à ce point. Pour nous en tenir à la France : jamais, de toute notre
histoire, nous n’aurons assisté à une mobilisation de la population aussi massive
que durant les mois de juillet, août, septembre au moins, suite au discours
honteux de notre président le 12 juillet 2021. Je dis bien : jamais. Si vous ne me
croyez pas, tapez, sur les chaînes odysee ou rumble (plutôt que sur le très
censuré you tube) les dates du 17 juillet 2021, du 24 juillet 2021, du 31 Juillet
2021, etc., etc. Et jamais on n’aura assisté, de la part des médias oligarchiques, à
une occultation aussi forcenée de l’échelle sans précédent de ces
rassemblements populaires, dans quasiment toutes les villes du pays. “Jamais
censure ne fut si parfaite”, disait Debord au sujet du Spectacle. Ah! Il est dur, le
réveil, très cher Badiou! Mais si agréable, à la fin… vous qui vous
enthousiasmâtes pour ce village dont la moitié de la population, en 1995, sortit
de chez soi en clamant : “tous ensemble, tous ensemble, ouais! ouais!”, vous qui
vous exaltâtes pour les rassemblements de la place Tahrir en 2011, je vous
promets une véritable extase. Et ceci n’est qu’un antipasti. Que disait notre cher
Gil Scot-Heron, déjà? “The revolution will not be televised”...
Car les bonnes nouvelles ne s’arrêtent pas là, très cher Badiou! C’est la fête,
c’est Noël, pour le révolutionnaire que vous vous targuez d’être! Partout dans le
monde, on assiste depuis un an à des mobilisations populaires d’une ampleur
inconnue dans toute notre Histoire. Bien sûr, vous pensez sûrement, l'œil
“caverneux” rivé à votre écran plat, que les mobilisations canadiennes actuelles
concernent trois camionneurs néonazis. Désolé de vous détromper : ce pays est
en train de vivre son 1789. Les populations mobilisées y font preuve de trésors
de solidarité, de fraternité, d’abnégation, sans considération de classe, de race,
de sexe, de sexualité (je méprise comme vous le pseudo-concept de “genre”), de
soi-disant appartenance politique. Je peux passer des journées entières à vous
montrer des images du monde entier de mobilisations à la fois pacifiques et
gigantesques : au Brésil et en Australie, dans les pays de l’est et en Angleterre,
en Italie comme aux Etats-Unis, au Maroc et dans la Tunisie de mon enfance, en
Afrique du Sud et en Colombie : partout. Par exemple, à l’heure où je vous
parle, en Allemagne, c’est tous les soirs, et depuis des mois (même depuis le
déclenchement de la guerre en Ukraine), que des foules très nombreuses défilent
dans quasiment toutes les villes du pays, grandes, moyennes ou petites : et nous
savons que les températures hivernales, dans ce pays si important pour le métier
que nous exerçons, ne sont pas exactement un cadeau. Comment, très cher
Badiou, allez-vous expliquer, au tribunal de la Vérité qu’est l’Histoire, que vous
ayez mis tout cela sur le compte de “l’individualisme bourgeois”, contre lequel
vous êtes si évidemment immunisé? Comment?
La réponse est, bien évidemment, évidente de simplicité pour quiconque est
encore capable de mettre deux neurones en contact en 2022 (un “complotiste”,
pour sûr) : le premier pas pour amorcer une sortie de la Caverne contemporaine
consiste en ceci : éteindre sa télévision. Éteindre sa radio. Jeter tous les
quotidiens et tous les magazines où on croit “s’informer” à la poubelle. Et
apprendre à s’informer autrement. Plutôt que de gloser sur les gilets jaunes sans
jamais avoir mis les pieds à leurs mobilisations ni avoir passé 24h dans un
rond-point, aller, tout simplement, à leur rencontre, et notamment celle de la
frange qui devrait le plus vous tenir à coeur : la prolétaire. Si vous ne le faites
pas, je me permets de vous évoquer la scène finale du chef-d'œuvre d’un poète
majeur que nous admirons tous les deux, Pier Paolo Pasolini, Théorème. Quand
vous osez écrire que “la petite-bourgeoisie est le noyau des gilets jaunes”, je
peux vous dire que tous ceux avec qui je milite et agis sont ouvriers ou paysans,
et que votre énième considération Grand Seigneur les a simplement fait rires.
Toute cette foule gigantesque, qui s’est déclarée mondialement à une échelle
jamais vue auparavant dans notre Histoire, a parfaitement compris ce que nos
“élites” intellectuelles n’entraperçoivent même pas, et qui renoue avec
l’essentiel de l’inspiration libertaire : l’Etat n’est pas là pour notre Bien. Les
gouvernements ne sont pas là pour nous servir. Les multinationales
pharmaceutiques ne sont pas là pour nous soigner. Les médias hyper-concentrés
ne sont pas là pour nous dire la vérité. Tous les niveaux de l’éducation ont été
profondément corrompus, et n’ont plus pour tâche que d’abrutir nos gosses, nos
ados et nos “djeunzes”. Les élections sont, décidément, des pièges à ce que vous
savez (cela dit, je me permets de vous en glisser une bien bonne, mitonnée par
un comique que j’adore : “injections, pièges à cons”). Tout est à reprendre, et
ces foules déferlantes savent qu’elles ne pourront, désormais, que compter sur
elles-mêmes pour refonder la politique, l’éducation, la santé, l’économie,
l’information : tous ces secteurs de la vie civile ont été en effet confisqués,
depuis des décennies, par la concentration du Capital, et à un degré jamais plus
insoutenable que dans les deux années que nous venons de passer. Comme le
disaient les situationnistes, si incommensurablement plus lucides et efficaces,
politiquement, que la génération de normaliens maoïstes dont vous êtes le plus
illustre représentant : “L’époque est révolutionnaire, et elle sait qu’elle l’est.”
Cette phrase est infiniment plus vraie à notre époque qu’elle ne l’était à la leur, il
y a une cinquantaine d’années.
“Les désordres visibles du monde contemporain livré à la pandémie m’ont
conduit aux actions contemporaines de l’idéologie dominante.” Pas du tout,
puisque vous entérinez ces actions délirantes, et son idéologie même, celles
justement destinées, comme vous dites encore, à “protéger nos vrais maîtres, à
savoir la grande bourgeoisie capitaliste”. C’est, décidément, celui qui le dit qui
y est. Les désordres visibles… c’est “l’humanité tout entière”, comme vous
aimez à dire si volontiers, qui est en train de sortir de la Caverne, très cher
Badiou. Des millions de gens en France, des centaines de millions dans le
monde entier, sans doute davantage. Il serait bien dommage que vous n’en soyez
pas. A l’heure où nous parlons, la guerre en Ukraine n’est qu’une grossière
diversion : cacher le plus grand scandale sanitaire de tous les temps, et la plus
vaste manipulation oligarchique de tous les temps. Je ne cesserai plus, à partir
d’aujourd’hui, de vous édifier, et d’édifier tous les gens qui suivent vos propos
absurdes, sur ce point précis.
Il ne vous reste donc plus qu’une chose à faire de sensé, très cher Badiou. Soit
présenter au public, c’est-à-dire à la populace mobilisée que vous méprisez du
“haut” de votre petite caverne, des excuses. Eh oui : pour la première fois de
votre vie, vous serez obligé d’admettre que vous avez eu tort. Mieux vaut tard…
Si vous continuez à vous claquemurer dans votre inattaquable Génie, la
contradiction où vous vous serez de vous-mêmes fourré, par Vanité pure, vous
acculera à la seule solution de rechange : vous taire, et à tout jamais.
Mehdi Belhaj Kacem

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