12 Espaces Prehilbertiens Corrige
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Corrigé
Exercice no 1
(n)
Soit n ∈ N. Posons ℓn = (X2 − 1)n de sorte que Ln = ℓn . Ln est un polynôme de degré n car ℓn est de degré 2n.
1) a) Soient n ∈ N∗ et P ∈ E. Une intégration par parties fournit
Z1 Z1 h i1 Z1
(Ln |P) = Ln (x)P(x) dx = (ℓn )(n) (x)P(x) dx = (ℓn )(n−1) (x)P(x) − (ℓn )(n−1) (x)P ′ (x) dx.
−1 −1 −1 −1
Maintenant, −1 et 1 sont racines d’ordre n du polynôme ℓn et donc, pour tout k ∈ J0, nK, −1 et 1 sont racines d’ordre
(k)
n − k de ℓn et en particulier racines de (ℓn )(k) pour k ∈ J0, n − 1K. Donc
Z1
(Ln |P) = − (ℓn )(n−1) (x)P ′ (x) dx.
−1
Z1
Plus généralement, si pour un entier k ∈ J0, n − 1K, (Ln |P) = (−1) k
(ℓn )(n−k) (x)P(k) (x) dx alors
−1
h i1 Z1 !
(n−k−1)
(Ln |P) = (−1) k
(ℓn (x)P(k) (x) − (ℓn )(n−k−1) (x)P(k+1) (x) dx
−1 −1
Z1
= (−1)k+1 (ℓn )(n−k−1) (x)P(k+1) (x) dx.
−1
Z1
On a montré par récurrence que pour tout entier k ∈ J0, nK, (Ln |P) = (−1)k (ℓn )(n−k) (x)P(k) (x) dx. En particulier
−1
Z1 Z1
(Ln |P) = (−1)n ℓn (x)P(n) (x) dx = (1 − x2 )n P(n) (x) dx (∗).
−1 −1
Soient alors n et p deux entiers naturels tels que 0 6 p < n. Puisque deg(Lp ) = p < n, on a (Ln |Lp ) = 0. On a montré
que
Z1 Z1 Z0
n
kLn k2 = 1 − x2 L(n)
n (x) dx = 2 × (2n)! (1 − x2 )n dx = 2 × (2n)! (1 − cos2 t)n (− sin t) dt
−1 0 π/2
Z π/2
= 2 × (2n)! sin2n+1 t dt = 2 × (2n)!W2n+1 (intégrales de Wallis).
0
car Pn ∈ (P0 , . . . , Pn−1 )⊥ = (1, X, . . . , Xn−1 )⊥ = (Rn−1 [X])⊥ . Ceci montre que Pn |Xn > 0.
3) R1 [X] est un sous-espace vectoriel de dimension finie de R[X]. Donc, la distance de X3 à R1 [X] est bien définie.
r r
1 3 1 2
′ 3
Une base orthonormée de R2 [X] est (P0 , P1 ) avec P0 = √ et P1 = × × X −1 = X.
2 2 2 2
Le projeté orthogonal de X3 sur R1 [X] est
1 3 3 3
(X3 |P0 ) P0 + (X3 |P1 ) P1 = X |1 1 + X |X X,
2 2
Z1 Z1
1 2 3 2 3
avec X3 |1 = t3 dt = 0 et X3 |X = t4 dt = 2 × = . Donc, le projeté orthogonal de X3 sur R1 [X] est × X = X.
−1 −1 5 5 2 5 5
Par suite,
Z1
3 3
2
2 2 2
3
2 3 3 1 6 1 9 1 1 3
d X , R1 [X] =
X − X
=
t − t dt = 2 − × + × =2 −
5 −1 5 7 5 5 25 3 7 25
2 × 42
= ,
72 × 252
√ √
4 2 4 2
et donc d X3 , R1 [X] =
= .
7 × 25 175
Exercice no 2
1) • Soient P et Q deux polynômes. La fonction t 7→ P(t)Q(t)e−t est continue sur [0, +∞[ et est négligeable en +∞ devant
1
d’après un théorème de croissances comparées. Donc la fonction t 7→ P(t)Q(t)e−t est intégrable sur [0, +∞[ et ϕ(P, Q)
t2
existe dans R.
• La symétrie, la bilinéarité et la positivité de l’application ϕ sont claires. De plus, pour P ∈ E,
Z +∞
ϕ(P, P) = 0 ⇒ P2 (t)e−t dt = 0
0
⇒ ∀t ∈ [0, +∞[, P2 (t)e−t = 0 (fonction continue positive d’intégrale nulle)
⇒ ∀t ∈ [0, +∞[, P(t) = 0 (car ∀t ∈ [0, +∞[, e−t 6= 0)
⇒ P = 0 (polynôme ayant une infinité de racines).
b) Soient P ∈ E et n ∈ N∗ . Soit A > 0. Les deux fonctions t 7→ (tn e−t )(n−1) et P sont de classe C1 sur le segment [0, A].
On peut donc effectuer une intégration par parties et on obtient
ZA ZA h iA ZA
−t n −t (n) n −t (n−1)
P(t)hn (t)e dt = P(t)(t e ) dt = P(t)(t e ) − P ′ (t)(tn e−t )(n−1) dt
0 0 0 0
Maintenant, (tn e−t )(n−1) peut s’écrire Q(t)e−t où Q est un polynôme et donc P(t)(tn e−t )(n−1) (t) tend vers 0 quand t
tend vers +∞ d’après un théorème de croissances comparées. D’autre part, la formule de Leibniz montre que le polynôme
Q a une valuation au moins égale à 1. On en déduit que la fonction t 7→ P(t)(tn e−t )(n−1) (t) s’annule en 0. En faisant
tendre A vers +∞, on obtient
Z +∞ Z +∞
P(t)hn (t)e−t dt = − P ′ (t)(tn e−t )(n−1) dt.
0 0
De manière générale, pour 0 6 k 6 n − 1, les remarques précédentes s’appliquent à la fonction t 7→ P(k) (t)(tn e−t )(n−k−1)
et par récurrence on obtient
Z +∞ Z +∞
∀k ∈ J0, nK, P(t)hn (t)e−t dt = (−1)k P(k) (t)(tn e−t )(n−k) dt.
0 0
Z +∞ Z +∞
En particulier, pour k = n, on obtient P(t)hn (t)e−t dt = (−1)n P(n) (t)tn e−t dt. Cette égalité reste vraie quand
0 0
n = 0 et on a montré que
Z +∞ Z +∞
∀P ∈ R[X], ∀n ∈ N, ϕ(P, hn ) = P(t)hn (t)e−t dt = (−1)n P(n) (t)tn e−t dt.
0 0
En particulier, si n ∈ N∗ et deg(P) < n, on a P(n) = 0 et donc ϕ(P, hn ) = 0. Ainsi, ∀n ∈ N∗ , hn ∈ (Rn−1 [X])⊥ . Puisque
∀n ∈ N, deg(hn ) = n, on en déduit en particulier que ∀n ∈ N∗ , ∀k ∈ J0, n − 1K, ϕ (hn , hk ) = 0 et on a montré que
la famille (hn )n∈N est une base orthogonale de l’espace préhilbertien (R[X], ϕ).
(n)
c) Soit n ∈ N. Puisque deg(hn ) = n et dom(hn ) = (−1)n , on a hn = (−1)n n!. La question précédente fournit alors
Z +∞ Z +∞
2
khn k = (−1) n
h(n) n −t
n (t)t e dt = n! tn e−t dt = n!Γ (n + 1) = n!2 ,
0 0
Exercice no 3
P(t)Q(t) P(t)Q(t)
1) • Soit (P, Q) ∈ E2 . L’application t 7→ √ est continue sur ] − 1, 1[. Ensuite, l’application t 7→ √ est bornée
2
1−t 1+t
P(t)Q(t) P(t)Q(t) 1 1
au voisinage de 1 car continue en 1 et donc quand t tend vers 1, √ = √ ×√ =O √ . Puisque
1−t 2 1+t 1−t 1−t
1 P(t)Q(t)
< 1, on en déduit que l’application t 7→ √ est intégrable sur un voisinage de 1 à gauche. De même, quand t tend
2 1 − t2
P(t)Q(t) 1 P(t)Q(t)
vers 1, √ =O √ et l’application t 7→ √ est intégrable sur un voisinage de −1 à droite. Finalement,
1−t 2 1+t 1 − t2
P(t)Q(t)
l’application t 7→ √ est intégrable sur ] − 1, 1[ et ϕ(P, Q) existe.
1 − t2
• La symétrie, la bilinéarité et la positivité de ϕ sont claires. De plus, pour P ∈ E,
Ainsi, la famille (Tn )n∈N est orthogonale. De plus, on sait que ∀n ∈ N, deg(Tn ) = n et on a donc montré que
la famille (Tn )n∈N est une base orthogonale de l’espace préhilbertien (E, ϕ).
Exercice no 4
1) Montrons que E est un sous-espace de (RN , +, .). La suite nulle est élément de E. Soient (u, v) ∈ E2 et (λ, µ) ∈ R2 . Pour
2
tout entier naturel n, u2n + v2n − 2un vn = (un − vn ) > 0 et donc
0 6 (λun + µvn )2 = λ2 u2n + 2λµun vn + µ2 v2n 6 λ2 u2n + λµ(u2n + v2n ) + µ2 v2n = (λ2 + λµ)u2n + (λµ + µ2 )v2n .
Par hypothèse, la série de terme général (λ2 + λµ)u2n + (λµ + µ2 )v2n converge et on en déduit que la suite λu + µv est de
carré sommable. On a montré que
Exercice no 5
Soit (A, B) ∈ (Mn (R))2 .
X
Φ(A, B) = Tr(t A × B) = ai,j bi,j .
16i,j6n
L’application Φ n’est autre que produit scalaire canonique de Mn (R) et en particulier est un produit scalaire. La base
canonique de Mn (R) (constituée des matrices élémentaires) est orthonormée pour ce produit scalaire.
L’application Φ n’est pas un produit scalaire sur Mn (C). Par exemple, si A = iE1,1 6= 0 alors t AA = −E1,1 puis
Tr(t AA) = −1 < 0.
Exercice no 6
Soit N une norme sur E vérifiant ∀(x, y) ∈ E2 (N(x + y))2 + (N(x − y))2 = 2((N(x))2 + (N(y))2 ).
Il faut montrer que la norme N est associée à un produit scalaire B. Si B existe, B est nécessairement défini par
1
∀(x, y) ∈ E2 , B(x, y) = ((N(x + y))2 − (N(x − y))2 ).
4
Réciproquement,
1 1
• Pour tout x ∈ E, B(x, x) = ((N(2x))2 − (N(0))2 ) = (4(N(x))2 − 0) = (N(x))2 et donc ∀x ∈ E, B(x, x) > 0 puis
4 p 4
B(x, x) = 0 ⇔ x = 0. De plus, ∀x ∈ E, N(x) = B(x, x).
1 1
• ∀(x, y) ∈ E2 , B(y, x) = ((N(y + x))2 − (N(y − x))2 ) = ((N(x + y))2 − (N(x − y))2 ) = B(x, y).
4 4
• Vérifions alors que l’application B est bilinéaire.
1) Montrons que ∀(x, y, z) ∈ E3 , B(x + y, z) + B(x − y, z) = 2B(x, z).
1
B(x + y, z) + B(x − y, z) = ((N(x + y + z))2 − (N(x + y − z))2 + (N(x − y + z))2 − (N(x − y − z))2 )
4
1
= ((N(x + y + z))2 + (N(x − y + z))2 ) − ((N(x + y − z))2 + (N(x − y − z))2 )
4
1
= (2(N(x + z))2 + (N(y))2 ) − 2((N(x − z))2 + (N(y))2 ) (par hypothèse sur N)
4
2
= ((N(x + z))2 − (N(x − z))2 ) = 2B(x, z).
4
1
2) Montrons que ∀(x, z) ∈ E2 , B(2x, z) = 2B(x, z). Tout d’abord, B(0, z) = ((N(z))2 − (N(−z))2 ) = 0 puis d’après 1)
4
x+y x−y x+y x−y
B(x, z) + B(y, z) = B + ,z + B − ,z
2 2 2 2
x+y
= 2B , z (d’après 1))
2
= B(x + y, z) (d’après 2)).
B((n + 2)x, y) + B(nx, y) = B((n + 2)x + nx, y) = B(2(n + 1)x, y) = 2B((n + 1)x, y),
8) Montrons que ∀λ ∈ R, ∀(x, y) ∈ E2 , B(λx, y) = λB(x, y). Soit λ un réel. Puisque Q est dense dans R, il existe une
suite de rationnels (rn )n∈N convergente de limite λ.
Maintenant, l’application N : (E, N) → (R, | |) est continue sur E car 1-Lipschitzienne sur E. Donc
x 7→ N(x)
Finalement,
p l’application B est une forme bilinéaire symétrique définie positive et donc un produit scalaire. Puisque ∀x ∈ E,
N(x) = B(x, x), N est la norme associée à ce produit scalaire. On a montré que
Exercice no 7
Soit i ∈ J1, nK.
n
X X
1 = kei k =2
(ei |ej )2 = 1 + (ei |ej )2
j=1 j6=i
X
et donc (ei |ej )2 = 0.On en déduit que ∀j 6= i, (ei |ej ) = 0. Ainsi, pour tout couple d’indices (i, j) tel que i 6= j, on a
j6=i
ei |ej = 0. Par suite
n
X
On en déduit que kpF (x)k = 2
(x|ei )2 = kxk2 . D’après le théorème de Pythagore,
i=1
Z1
Φ(P, P) = 0 ⇒ f(t)P2 (t) dt = 0
0
⇒ ∀t ∈ [0, 1], f(t)P2 (t) = 0 (fonction continue positive d’intégrale nulle).
Maintenant, la fonction f est continue, positive sur [0, 1] et n’est pas nulle. Donc la fonction f est strictement positive sur
un intervalle ouvert non vide inclus dans le segment [0, 1]. Par suite, le polynôme P a une infinité de racines et finalement
P = 0.
et on a donc
Puisque rg(x1 , ..., xn ) = rgM, il s’agit de vérifier que rg(t MM) = rgM. Pour cela, montrons que les matrices M et t MM
ont même noyau.
Soit X ∈ Mn,1 (R). X ∈ KerM ⇒ MX = 0 ⇒ t MMX = 0 ⇒ X ∈ Ker(t MM) et aussi
Finalement, Ker(t MM) = KerM et donc, d’après le théorème du rang, rg(x1 , ..., xn ) = rgM = rg(t MM) = rg(G(x1 , x2 , ..., xn )).
(x1 , ..., xn ) liée ⇔ rg(x1 , x2 , ..., xn ) < n ⇔ rgG(x1 , x2 , ..., xn ) < n ⇔ G(x1 , x2 , ..., xn ) ∈
/ GLn (R)
⇔ γ(x1 , x2 , ..., xn ) = 0.
De plus, quand la famille (x1 , x2 , ..., xn ) libre, avec les notations de la question 1), on a m = n et la matrice M est une
matrice carrée, inversible. On peut donc écrire
Après avoir remplacé aussi en première ligne les (x|xi ) par (pF (x)|xi ), on obtient par linéarité par rapport à la première
colonne
Maintenant, pF (x) est dans F et donc la famille (pF (x), x1 , x2 , ..., xn ) est liée puis d’après la question 2) γ(pF (x), x1 , x2 , ..., xn ) =
0. Il reste γ(x, x1 , x2 , ..., xn ) = γ(x − pF (x), x1 , x2 , ..., xn ) et en développant suivant la première colonne, on obtient
Finalement
s
γ(x, x1 , x2 , ..., xn )
kx − pF (x)k = .
γ(x1 , x2 , ..., xn )
n
X
2ème solution. Posons pF (x) = λi xi puis d = kx − pF (x)k de sorte que
i=1
D’autre part, pour chaque i ∈ J1, nK, x|xi = (x − pF (x)|xi ) + (pF (x)|xi ) = (pF (x)|xi ). Par suite, les n + 1 réels d2 , λ1 ,...,
λn sont solutions du système d’équations linéaires
2
d + λ1 (x|x1 ) + . . . + λn (x|xn ) = kxk2
λ1 (x1 |x1 ) + . . . + λn (x1 |xn ) = (x|x1 )
..
.
λ1 (xn |x1 ) + . . . + λn (xn |xn ) = (x|xn )
Le déterminant de ce système d’inconnues d2 , λ1 , . . . λn , vaut γ(x1 , x2 , ..., xn ) > 0 et le système est de Cramer. Le
déterminant associé à l’inconnue d2 est γ(x, x1 , x2 , ..., xn ) et les formules de Cramer refournissent
γ(x, x1 , . . . , xn )
d2 = .
γ(x1 , . . . , xn )