Norme
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Norme
ISSN: 2550-469X
Numéro 4 : Mars 2018
ZAIM MEHDI
Doctorant en Economie et gestion (FSJES FES)
Laboratoire de Recherche en Management, Finance et Economie Sociale
Email : [email protected]
YOUSRA BEY
Phd student FSJES SOUISSI Rabat
Email : [email protected]
MOUSSA ABDELKARIM
PES Enseignant chercheur (FSJES FES)
Laboratoire de Recherche en Management, Finance et Economie Sociale
Résumé :
Le contexte de scandales financiers au niveau international (Enron, Worldcom, Parmalat)
(Downes et Russ, 2005) et la perte de confiance du public et des investisseurs envers la
gestion des organisations amènent un questionnement plus serré sur la qualité et la fiabilité
des informations financières que les entreprises mettent à leur disposition. De ce fait, les
normes IAS/IFRS ont introduit une modification profonde et considérable des pratiques
comptables pour les comptes consolidés des grands groupes. De plus,leur incidence ne se
limite pas au seul domaine comptable, elles ont également un impact sur la qualité et la
transparence de l’information financière. Toutefois, une économie ouverte sur l’international
ne peut se soustraire à cette nouvelle tendance sans risquer la marginalisation au moment
même où l’insertion dans l’économie mondiale devient un facteur de performance au plan
économique, et devra donc forcément parler le langage en vigueur au plan international pour
s’adapter aux exigences du nouveau contexte mondial. Par ailleurs, comme les entreprises
marocaines ont trouvé le moyen de s'insérer dans cet environnement international ; la question
d'améliorer leur information financière par l’adoption des normes IFRS s’impose et devient
une urgence. Ainsi l’objectif de cet article est de présenter l’intérêt et les enjeux de l’adoption
des dites normes dans le contexte marocain, tout en abordant les perspectives envisagées de
ces dernières.
Mots clés : IFRS, qualité d’information, entreprises marocaines, intérêt, enjeux.
Abstract :
The context of international financial scandals (Enron, Worldcom, Parmalat) (Downes and
Russ, 2005) and the loss of public and investor confidence in the management of
organizations lead to a tighter questioning about the quality and reliability of information that
companies put at their disposal. As a result, the IAS / IFRS standards have introduced a
profound and considerable change in accounting practices for the consolidated accounts of the
major groups. In addition, their impact is not limited to the accounting domain alone, they
also have an impact on the quality and transparency of financial information. However, an
open international economy can not escape this new trend without risking marginalization at a
time when integration into the world economy is becoming a factor of economic’s
performance, and will therefore necessarily have to speak the same language internationally to
adapt to the requirements of the new global context. Therefore, as Moroccan companies have
found a way to fit into this international environment; the issue of improving financial
reporting through the adoption of IFRS is becoming an urgent issue.
Thus, the purpose of this article is to present the interest and the stakes of the adoption of
these standards in the Moroccan context, while addressing the envisaged perspectives of
these.
INTRODUCTION :
Dans les années 90, il y a eu l’émergence des marchés de capitaux sur la scène internationale.
Ces derniers sont devenus l’apanage des investisseurs institutionnels qui grâces aux fonds
dont ils disposent participent au dynamisme des marchés financiers.
De plus, les scandales financiers qui ont secoué le monde des affaires dans ces dernières
décennies ont rendu les investisseurs plus exigeants quant à la fiabilité des informations
financières que les entreprises mettent à leur disposition.
Ainsi ; pour répondre à ces impératifs les organismes comptables se sont réunis pour penser à
des normes qui donneraient plus de transparence aux informations financières communiquées
par les entreprises aux différentes parties avec lesquelles elles sont en collaboration.
Il s’agit des « International Financial Reporting Standards » (IFRS) 1 pour renforcer les
« International Accounting Standards » (IAS) lesquelles, ont une finalité beaucoup plus
comptable que financière. Dans cet article, nous présenterons un aperçu théorique sur les
normes IFRS et les caractéristiques qualitatives qu’offrent ces dernières, puis nous
expliciteront l’intérêt et les enjeux de l’adoption des dites normes dans le contexte marocain,
tout en abordant les perspectives envisagées de ces dernières.
1
Jusqu’en 2004, les normes internationales s’appelaient IAS. L’appellation IFRS ne s’applique, stricto sensus,
qu’aux normes élaborées depuis. Néanmoins pour la facilité de la rédaction et de discussion nous parlerons de
normes IFRS car ses derniers reprennent les normes IAS
S’il existe une telle intention ou une telle nécessité, les états financiers peuvent devoir être
préparés sur une base différente, et, s’il en est ainsi, la base utilisée doit être indiquée. »
doute nécessaire pour qu’elle devienne véritablement une méthode d’observation sinon de
tous les phénomènes économiques du moins de ceux, comme le souhaitent les grands
investisseurs, qui intéressent les marchés financiers ».
2
Le Cadre conceptuel de l’information financière publié par l’IASB en septembre 2010, chapitre 3, p.16
3.1.1 Pertinence
L’information est pertinente si elle a la capacité d’influencer les décisions prises par les
utilisateurs. L’information a la capacité d’influencer les décisions même si certains
utilisateurs choisissent de ne pas s’en servir ou la connaissent déjà après consultation d’autres
sources.
L’information financière a la capacité d’influencer les décisions si elle a une valeur
prédictive, une valeur de confirmation ou les deux.
L’information financière a une valeur prédictive si elle peut servir d’intrant dans des
processus suivis par les utilisateurs pour prédire des résultats futurs. Il n’est pas nécessaire
que l’information financière revête la forme d’une prédiction ou d’une prévision pour avoir
une valeur prédictive. Les utilisateurs se servent de l’information financière qui a une valeur
prédictive pour établir leurs propres prédictions.
L’information financière a une valeur de confirmation si elle renseigne sur des évaluations
antérieures (les confirme ou les modifie).
La valeur prédictive et la valeur de confirmation de l’information financière sont interreliées.
L’information à valeur prédictive a aussi souvent une valeur de confirmation. Par exemple,
l’information sur les produits des activités ordinaires de l’exercice considéré, sur laquelle on
peut s’appuyer pour prédire les produits des activités ordinaires d’exercices futurs, peut aussi
être comparée avec les prédictions faites antérieurement pour l’exercice considéré. Les
résultats de ces comparaisons peuvent aider les utilisateurs à corriger et à améliorer les
processus suivis pour établir ces prédictions antérieures.
3.1.2 Fidélité
Les rapports financiers représentent des phénomènes économiques au moyen de mots et de
chiffres. Pour être utile, l’information financière doit non seulement représenter des
phénomènes pertinents, mais aussi donner une image fidèle de ceux qu’elle prétend
représenter. Pour donner une image parfaitement fidèle, une description doit posséder trois
caractéristiques. Elle doit être complète, neutre et exempte d’erreurs. La perfection n’est bien
sûr que rarement, voire jamais, atteignable. L’objectif du Conseil est de de faire en sorte que
ces qualités soient recherchées le plus possible.
Une description complète contient toutes les informations nécessaires pour permettre à un
utilisateur de comprendre le phénomène dépeint, y compris toutes les descriptions et
explications nécessaires. Par exemple, la description d’un groupe d’actifs est complète
lorsqu’elle contient, au minimum, une description de la nature des actifs du groupe, une
description numérique de tous les actifs du groupe, et une indication de ce que représente la
description numérique (par exemple coût d’origine, coût ajusté ou juste valeur). Dans le cas
de certains éléments, une description complète peut aussi comprendre l’explication de faits
importants concernant la qualité et la nature de ces éléments, les facteurs et circonstances
susceptibles d’influer sur leur qualité et leur nature, ainsi que le processus suivi pour établir la
description numérique.
Une description neutre implique une absence de parti pris dans le choix ou la présentation de
l’information financière. Elle ne comporte pas de biais, de pondération, de mise en évidence,
de minimisation ou d’autre manipulation visant à accroître la probabilité que l’information
financière sera perçue favorablement ou défavorablement par les utilisateurs. Une information
neutre ne signifie pas pour autant une information qui n’a pas de but ou qui n’influence pas le
comportement. Au contraire, l’information financière pertinente est, par définition, celle qui a
la capacité d’influencer les décisions des utilisateurs.
La fidélité ne signifie pas l’exactitude à tous les égards. L’expression «exempte d’erreurs»
signifie qu’il n’y a pas d’erreurs ou d’omissions dans la description du phénomène, et que le
processus suivi pour produire l’information présentée a été choisi et appliqué sans erreurs.
Dans ce contexte, l’absence d’erreurs ne signifie pas l’exactitude parfaite à tous les égards.
Ainsi, on ne peut déterminer si l’estimation d’un prix ou d’une valeur non observable est
exacte ou inexacte. L’image que l’on donne de cette estimation peut toutefois être fidèle si le
montant est décrit clairement et exactement comme étant une estimation, si la nature et les
limites du processus d’estimation suivi sont expliquées, et si aucune erreur n’a été commise
lors du choix et de l’application d’un processus approprié pour l’établissement de
l’estimation.
La fidélité n’aboutit pas nécessairement, à elle seule, à une information utile. Par exemple, si
une entité comptable reçoit des immobilisations corporelles dans le cadre d’une subvention
publique, la mention du fait que l’entité a acquis gratuitement un actif donnerait une image
fidèle du coût de cet actif, mais cette information ne serait vraisemblablement pas très utile.
Un exemple un peu plus subtil est celui de l’estimation du montant de l’ajustement à apporter
à la valeur comptable d’un actif pour refléter une dépréciation de ce dernier. Cette estimation
peut donner une image fidèle si l’entité comptable a appliqué adéquatement un processus
approprié, décrit adéquatement l’estimation et expliqué les incertitudes qui ont une incidence
importante sur celle-ci. Mais si le degré d’incertitude qu’elle comporte est très élevé, une telle
estimation n’est pas particulièrement utile. Autrement dit, la pertinence de l’image fidèle
donnée dans ce cas est discutable. En l’absence d’une autre représentation plus fidèle, cette
estimation pourrait toutefois constituer la meilleure information disponible.
cette formule ou cette technique. Un exemple est la vérification de la valeur comptable des
stocks effectuée en contrôlant les intrants (quantités et coûts) et en recalculant les stocks de
clôture au moyen de la même hypothèse relative aux flux des coûts (par exemple la méthode
PEPS).
3.2.3 Rapidité
La rapidité répond au besoin de rendre l’information accessible aux décideurs à temps pour
qu’elle ait la capacité d’influencer leurs décisions. De manière générale, plus l’information
date et moins elle est utile. Certaines informations peuvent toutefois continuer d’être utiles
longtemps après la fin d’une période comptable parce que, par exemple, il se peut que certains
utilisateurs aient besoin d’identifier et d’évaluer les tendances.
3.2.4 Compréhensibilité
L’information est compréhensible lorsqu’elle est classée, définie et présentée de façon claire
et concise.
Certains phénomènes sont de nature complexe et il n’est pas possible de les rendre faciles à
comprendre. Le fait d’exclure des rapports financiers des informations au sujet de ces
phénomènes pourrait rendre ces rapports plus faciles à comprendre, mais ils seraient alors
incomplets et donc potentiellement trompeurs.
Les rapports financiers sont préparés à l’intention d’utilisateurs qui ont une connaissance
raisonnable des affaires et des activités économiques et qui examinent et analysent les
informations avec diligence. Il arrive parfois que même des utilisateurs bien informés et
dirigeants aient besoin de l’aide d’un conseiller pour comprendre les informations au sujet de
phénomènes complexes.
interpréter les informations fournies. Si les informations dont ils ont besoin ne sont pas
fournies, les utilisateurs engagent des coûts supplémentaires pour obtenir ces informations
d’autres sources ou pour procéder à des estimations.
L’information financière qui est pertinente et donne une image fidèle de ce qu’elle prétend
représenter permet aux utilisateurs de prendre des décisions avec plus de confiance, ce qui
entraîne un fonctionnement plus efficient des marchés financiers et des coûts du capital moins
élevés pour l’ensemble de l’économie. Elle procure également des avantages aux
investisseurs, aux prêteurs et aux autres créanciers en leur permettant de prendre des décisions
plus éclairées. Les rapports financiers à usage général ne peuvent cependant pas fournir à tous
les utilisateurs toutes les informations qu’ils jugent pertinentes.
Pour tenir compte de la contrainte du coût, le Conseil évalue s’il est probable que les
avantages procurés par la communication d’une information donnée justifieront les coûts
entraînés par sa production et son utilisation. Aux fins de son évaluation d’un projet de norme
d’information financière sous l’angle des coûts, le Conseil cherche à obtenir des préparateurs,
des utilisateurs, des auditeurs, des universitaires et d’autres parties des informations sur la
nature et l’ampleur des avantages et des coûts qui pourraient découler de cette norme. Dans la
plupart des cas, les évaluations sont fondées sur une combinaison d’informations quantitatives
et qualitatives.
La subjectivité inhérente à l’évaluation des coûts fait en sorte que différentes personnes
aboutissent à des évaluations différentes des coûts et avantages liés à la présentation de divers
éléments d’information financière. Le Conseil cherche donc à examiner ces coûts et avantages
par rapport à l’information financière en général et non pas uniquement par rapport à des
entités comptables en particulier. Cela ne signifie pas pour autant que les évaluations des
coûts et des avantages justifient toujours l’imposition des mêmes obligations d’information à
toutes les entités. Il peut convenir d’instaurer des différences tenant compte de la taille des
entités, de leur façon de mobiliser des capitaux (appel public à l’épargne ou non), de besoins
particuliers des utilisateurs ou d’autres facteurs.
novembre 2007. M. Gatet a déclaré que ce référentiel comptable constitue une opportunité
d’optimisation des processus financiers, de la production des comptes au pilotage de la
performance et à la communication financière externe et interne.
Conscient de la pertinence de ce langage comptable commun à produire une information
financière à même de permettre une comparabilité des états financiers et de la performance
des entreprises du monde entier, le Maroc, à l’instar des pays adoptant ces normes, choisit de
s’inscrire dans ce processus d’harmonisation. En effet, plusieurs dispositions ont été prises en
vue d’élargir le nombre de sociétés marocaines publiant leurs états financiers conformément
au x normes internationales.
Le 16 Mai 2007, le circulaire 56/G/2007 de BANK AL MAGHRIB a rendu obligatoire, à
partir de l’exercice fiscal 2008, la présentation des comptes consolidés sous le référentiel
IFRS pour les établissements de crédit. Le CDVM, par contre, n’a fait que présenter l’option
d’adopter les normes IAS/IFRS pour la consolidation des groupes côtés via son circulaire n°
06/05.
A noter également que cet engouement pour les normes internationales résulte aussi des
recommandations émises par la Banque Mondiale dans son rapport sur « le respect des
normes et codes au Maroc » publié en 2002Les experts de la Banque Mondiale ont ainsi fait
sortir les principales lacunes dont souffre le système comptable marocain en comparaison
avec le référentiel comptable international. Dès lors, les autorités marocaines ont annoncé des
mesures de réforme qui touchent à la fois, les normes comptables, les régulateurs comptables
(le Conseil National de la Comptabilité, CNC) et les instances de contrôle du marché financier
(le Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières, CDVM).
haute qualité permettant de répondre au mieux aux exigences des investisseurs et bailleurs de
fonds.
Au Maroc, la normalisation comptable a été initiée dès 1986 par le Ministère des Finances en
collaboration avec les départements concernés et les organisations professionnelles intéressées
et a été consolidée par la suite par les actions menées par le CNC au début des années 1990.
L’analyse de cette réglementation comptable régie par le Code Générale de la Normalisation
Comptable (CGNC) a permis de relever les différentes lacunes dont souffre ce référentiel
national. En effet, le rapport de la Banque Mondiale de 2002 a attiré l’attention des autorités
marocaines quant aux défaillances de la réglementation comptable en vigueur et à éveiller leur
intérêt pour les normes comptables internationales.
Outre ces facteurs, l’intérêt pour l’adoption des normes IFRS au Maroc pourrait émaner d’un
autre facteur moins contraignant. Les entreprises marocaines pourraient, en effet, appliquer le
nouveau référentiel comptable international par simple effet de mimétisme. Dans ce cas,
l’adoption des IAS/IFRS n’est pas perçue comme un levier de performance économique, mais
plutôt comme un moyen d’asseoir la légitimité de l’entreprise (Barbu et Piot, 2012) .Selon
(Meyer 1986), l’environnement instaure des procédures comptables que les firmes doivent
utiliser pour asseoir leur légitimité.
Toutefois un référentiel comptable local ne peut plus répondre aux besoins de l’ensemble des
partenaires (nationaux et étrangers), et le maintien de son adoption constitue de ce fait une
entrave au développement des économies. Une économie ouverte sur l’international devra
forcément parler le langage en vigueur au plan international, surtout que « le référentiel
IAS/IFRS est devenu le référentiel de la plupart des partenaires économique du Maroc est en
premier lieu l’UE » (El Quortobi.A 2013).
Au Maroc, l’étude réalisée par (Elatife 2012) sur 43 entreprises marocaines avait pour objectif
de répondre à la question suivante : quels sont les facteurs qui expliquent le choix d’adoption
des normes internationales par les entreprises marocaines cotées ? Les réponses collectées ont
permis de conclure que la taille de l’entreprise, la présence d’actionnaires institutionnels ainsi
que l’appartenance à un secteur financier incitent davantage les sociétés marocaines à
effectuer la transition aux standards comptables internationaux.
Ainsi l’étude de ( Ahsina, 2012), s’est intéressé à la compréhension des déterminants des
choix de la mise en place des IFRS dans le contexte marocain, ces choix sont essentiellement
tributaires, de la taille de la firme, de la présence des investitures institutionnelles et du
secteur d’activité.
De ce fait, le choix de la transition aux normes IFRS est en relation directe avec la nature de
l’entreprise et l’environnement dans lequel elle se développe et développe ses relations. Plus
l’entreprise est grande ou appartient au secteur financier, plus elle a des partenaires étrangers
et a tendance à placer ses fonds sur les marchés financiers internationaux. L’utilisation de
normes comptables différentes d’un pays à un autre est coûteuse, inutile et potentiellement
dangereuse, car elle multiplie les risques de fraudes (Véron, 2007). L’existence d’un
référentiel de normes uniques facilite la lisibilité des comptes et par conséquent constitue un
facteur de confiance supplémentaire pour l’investisseur et, ce faisant, permet de susciter
l’investissement et favoriser le développement et la croissance des entreprises. Ainsi,
entreprises marocaines cotées ou non, elles peuvent être happées par ces normes à travers les
exigences de leurs partenaires financiers privilégiés.
- Une réponse aux recommandations émises :
Il s’agit principalement des recommandations ayant suivi l’analyse faite par les experts de la
Banque Mondiale et qui ont fait l’objet d’un rapport intitulé « le respect des normes et codes
au Maroc » publié en 2002.
Le rapport fait état d’un référentiel comptable ne permettant pas de refléter d’une manière
réelle la situation économique des entreprises. En effet, bien que largement inspiré de la
quatrième directive européenne, le cadre marocain pour la préparation et la présentation des
états financiers est fondamentalement différent du cadre approuvé par l’IASC en 1989 et
présente des lacunes ayant des implications significatives sur la transparence de l’information
financière :
- La réglementation marocaine ne prévoit pas d’obligation de consolidation des comptes pour
les entreprises commerciales ;
- La conséquence première de cette lacune est la fourniture d’états financiers des entreprises
cotées ne répondants pas aux besoins des utilisateurs. Les investisseurs ne sont pas alors les
destinataires privilégiés de ces états, et ce contrairement à l’objectif des normes IFRS ;
- Le droit comptable marocain est fortement inspiré de la doctrine continentale basée sur une
approche juridique et historique et du fait, n’adhère pas au principe de prééminence de la
substance économique sur la forme juridique ;
- Le droit comptable marocain consacre le principe de prudence. En effet, les normes
comptables marocaines érigent le principe de prudence en haut de la pyramide des principes
comptables, ce qui conduit en général à une sous-évaluation des actifs et à une surestimation
des dettes (Asstour, 2009).
Face à ces insuffisances, l’autorité marocaine s’est engagée dans des mesures importantes
visant l’amélioration et le renforcement du dispositif comptable. L’introduction de
l’obligation de présenter des comptes consolidés, selon la législation en vigueur ou selon les
normes comptables internationales IAS/IFRS, pour tous les établissements de crédit,
entreprises d’assurances et sociétés faisant appel public à l’épargne, constitue une réponse
directe aux recommandations émises afin de réaliser l’objectif de transparence et de répondre
au mieux aux besoins informationnels des investisseurs.
le référentiel actuel reste relativement sophistiqué et lourd pour les TPE et autres PME
qui constituent, au demeurant, l’essentiel du tissu économique. Souligne Mr Abdellatif
Quortobi, président du comité scientifique des Assises
ce référentiel est imposé à l’échelle internationale pour l’élaboration des comptes
consolidés, mais sa pratique pour les comptes sociaux reste limitée. D’où l’option de
s’en inspirer et non pas l’adopter, et d’opérer une évolution vers ce dernier via la mise
en place d’un modèle adéquat. Ce qui relève d’une volonté politique.
La déclinaison pratique de certains de ces principes appelle un sérieux débat pour
savoir s’ils peuvent être transposables dans le contexte national.
Tous ceux un ensemble d’enjeux que toutes les parties prenantes, professionnels de la
comptabilité, pouvoirs publics et opérateurs économiques doivent s’atteler. Mais l’apport du
monde des affaires est primordial dans la mesure où il est appelé à imprimer un saut qualitatif
à l’information comptable et financière produite et diffusée au Maroc.
Conclusion :
Bien qu’elles permettent aux entreprises adoptives de donner plus de visibilité aux marchés
internationaux, le passage aux normes IFRS pour les entreprises marocaines constitue un vrai
challenge. En effet, le passage vers ces normes considéré comme véritable virage comptable,
représente un chantier technique et politique complexe qui mobilise des ressources
considérables. Au-delà des changements et implications de nature comptable, le passage aux
normes IFRS impose des moyens techniques, humains et financiers à mobiliser aussi bien au
niveau de l’organe de normalisation (le normalisateur) qu’au niveau de l’entreprise elle-même
(Derbel, 2010). L’abandon de vieux principes et l’introduction d’un nouveau vocabulaire et
de certaines nouvelles procédures est un enjeu majeur, surtout pour les entreprises
structurellement plus petites ne disposant pas de la même surface financière ni des mêmes
ressources internes comparativement avec les grandes entreprises cotées.
De surcroit, la complexité normative et technique des normes IAS/IFRS a mis en lumière les
capacités cognitives limitées des praticiens qui ne sont pas en mesure d’appréhender
l’intégralité du corpus de façon optimale et encore moins d’anticiper les effets du passage sur
les états financiers.
Néanmoins, les études réalisées jusque-là permettent de confirmer que les entreprises
marocaines sont favorables aux normes IFRS car ces normes s'inscrivent dans la suite logique
de la mondialisation des marchés. Toutefois, « la convergence vers les IFRS doit se faire en
prenant en compte nos spécificités économiques et culturelles avec la mise en place des
mécanismes et des structures actifs ad hoc, comme c’est le cas dans l’Union
Européenne » El-Housny.Y(2015).
La convergence devrait également être précédée par des études d’impacts sur l’économie
marocaine et sur notre système fiscal en particulier (même si la fiscalité peut toujours rester
indépendante des règles comptables).
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