Thèse
Thèse
Thèse
SPECIALITE : PHYSIQUE
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
Sujet :
J’aimerais en tout premier lieu témoigner ma reconnaissance à tous ceux qui m’ont
encouragé à me lancer dans ce projet de thèse que j’ai vécu comme une formidable
expérience (je pense particulièrement à ma chère mère qui n’est malheureusement plus
là pour en voir l’aboutissement). Au-delà des compétences acquises, ces trois années
m’ont conforté dans ma vision de ce que je veux faire et plus encore de ce que je ne
veux pas du tout faire de mon avenir professionnel.
C’est un agréable plaisir pour moi d’exprimer mes remerciements à ceux qui m’ont
permis d’effectuer ces travaux de thèse, je pense à Marc Petit et Sophie Plumel avec
qui j’ai eu les premiers contacts au département Energie de Supélec ; à Frédéric
Dufourd et Régine Belhomme du département Economie, Fonctionnement et Etudes
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T A B L E D E S M A T I E R E S
ii
T A B L E D E S M A T I E R E S
iii
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T A B L E
D E S
M A T I E R E S
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C H A P I T R E 1
Chapitre
1
1 Introduction générale
L
e contexte politique, économique et énergétique européen est actuellement
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1
C H A P I T R E 1
Figure 1.1 Répartition par source de la production mondiale en 2004 (Observ'ER, 2005)
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C H A P I T R E 1
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C H A P I T R E 1
contrôle des fermes et des réseaux et pourrait nécessiter une évolution du cadre
réglementaire et contractuel.
1.3 Objectif
Du fait de l’arrivée massive des énergies renouvelables à tous les niveaux du réseau
(transport et distribution), ce dernier est en pleine mutation de sa structure verticale
traditionnelle à une structure horizontale. L’analyse des systèmes électriques dans ce
contexte requiert la prise en compte des différents aléas induits par les nouveaux
moyens de production et par les autres éléments du système. Cette thèse a pour
objectif de contribuer à l’évaluation de l’apport de l’application des méthodes
probabilistes aux études d’impact de l’éolien et du photovoltaïque sur les systèmes
électriques par rapport aux méthodes déterministes. Cet apport va être évalué en
particulier pour les études d’impact à long terme (type planification). La réalisation de
cet objectif principal s’est déclinée en trois étapes :
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C H A P I T R E 1
dynamique. Il commence par un état de l’art des études de réseau, vient ensuite
une description des études d’impact d’EnR telles qu’elles sont réalisées
actuellement par les gestionnaires de réseaux français, ensuite sont exposées les
méthodes probabilistes développées durant ce travail de recherche et enfin les
critères de comparaison entre les deux approches sont donnés.
• Le chapitre 5 présente l’application des méthodes probabilistes pour les études
en statique à deux cas d’étude :
- le raccordement d’une ferme éolienne à un réseau de distribution,
- l’intégration d’un parc d’éolien et photovoltaïque à un réseau maillé de
type insulaire.
Pour chaque cas d’étude, les approches déterministe et probabiliste sont
appliquées et les résultats sont comparés.
• Le chapitre 6 conclu le travail et propose des perspectives de futurs travaux de
recherche.
5
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C H A P I T R E 1
6
C H A P I T R E 2
Chapitre
2
2 Problématique de
l’insertion des EnR
dans les systèmes
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électriques
L’intégration des unités de production à base d’énergie renouvelable
pose des problèmes nouveaux aux gestionnaires de réseaux.
L
es unités de production à base d’énergie renouvelable (EnR), mises à part
les centrales hydrauliques, étaient, au début de leur développement, en
majorité de petites taille. Ces unités ont donc d’abord été raccordées aux
réseaux de distribution d’où le terme production décentralisée – qui qualifie
toute source d’énergie raccordée directement au réseau de distribution ou après le
compteur côté consommateur (Ackermann, et al., 2001) – souvent employé pour
les désigner. Au fur et à mesure que les technologies se développent, les unités de
production d’EnR deviennent plus grosses et par conséquent sont connectées aux
niveaux de tension plus élevés (réseau de transport). Cette arrivée de la production
à tous les niveaux est un challenge à la fois nouveau et important pour les
gestionnaires de réseaux. Ces derniers exploitent un système qui a été conçu pour
des flux de puissance unidirectionnels allant des centrales de production jusqu’aux
consommateurs en passant d’abord par le réseau transport et ensuite par le réseau
de distribution. En plus de circuler dans un sens, l’électricité provient de centrales
conventionnelles dont on maitrise et contrôle la production. L’arrivée des EnR, en
particulier sur les réseaux de distribution, change la situation (production variable,
possible inversion de flux de puissance dans les lignes) et peut générer un certain
nombre de problèmes et de contraintes dont il faut limiter les effets. Ces
problèmes et contraintes ont conduit à la définition de règles ou de conditions
techniques de raccordement de la production d’EnR sur les réseaux.
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C H A P I T R E 2
• La production : elle est assurée par les centrales électriques qui convertissent
l’énergie primaire en électricité.
• Le transport : il est assuré par un réseau de lignes et câbles qui assurent la mise
en commun et la répartition sur un grand territoire de toute l’électricité qui y
est produite.
• La distribution : Il s’agit de réseaux intermédiaires qui desservent les millions de
consommateurs, industriels ou domestiques, qui ont besoin de petites
puissances.
2.1.1 Le système électrique « vertical »
Le schéma fonctionnel traditionnel des systèmes électriques repose sur le fait que ces
derniers étaient jusqu’à la fin des années 90 exploités par des compagnies
monopolistique, verticalement intégrées, assurant à la fois la production d’électricité et
son transport et souvent aussi sa distribution. L’intégration verticale de ces compagnies,
souvent étatiques, est due d’une part à l’importance économique et sociale de
l’électricité, d’autre part à la nature fortement capitalistique des moyens de production
et des réseaux électriques.
Au cours du XXe siècle, l’évolution des systèmes électriques a été basée sur une
structure « verticale » dans laquelle l’énergie électrique était produite par un nombre
réduit de centrales de grande taille. Le choix des sites de production était dicté par la
disponibilité des ressources énergétiques ou par les facilités d’acheminement des
ressources aux dits sites. Cette stratégie à conduit à une concentration des moyens de
production sur des sites relativement éloignés des zones de consommation. Dans cette
configuration, l’énergie électrique est transportée des zones de production vers les
multiples zones de consommation par le biais d’une structure hiérarchique (Figure 2.1).
Le transport se fait dans le sens des hautes tensions (réseaux de transport et de
répartition) vers les basses tensions (réseaux de distribution).
8
C H A P I T R E 2
Centrale
électrique
Flux électrique
HTB (400, 225, 90, 63 kV)
Niveaux de tension :
Poste source
THT/HTA ou Réseau de
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HTB/HTA transport
Sens d’écoulement de la puissance active
Flux électrique
Niveaux de tension :
HTA (20 kV)
Transformateur
HTA/BT
Réseau de
distribution HTA
Flux électrique
Niveaux de tension :
BT (400 /230 V)
Consommateur
Réseau de
distribution BT
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HTB/HTA
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Générateur
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HTB/HTA
HTA/BT
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C H A P I T R E 2
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Réseau de transport
Unité locale de
Domestique cogénération
Industrie avec
autoproduction
(cogénération,
PV…)
Stockage
Résidentiel tertiaire
13
C H A P I T R E 2
techniques d’électronique de puissance. Ce qui suit est une brève présentation des
moyens de production non conventionnels.
2.1.2.1.1 Micro-turbines
D’une puissance allant de 25 à 500 kW, elles sont constituées d’un alternateur
(générateur) intégré à très grande vitesse de rotation (50 000 à 120 000 tours par
minutes). Le courant produit a donc une fréquence très élevée, de l’ordre de 10 kHz ;
d’où la nécessité du recours à des convertisseurs à électronique de puissance pour
interfacer ce type de générateurs aux réseaux électriques classiques.
La majorité des micro-turbines utilise le gaz comme combustible (Papaefthymiou,
2006). Ceci contribue à améliorer le bilan écologique de ce type de technologie par
rapport à l’utilisation du fuel. L’utilisation, possible et, grandissante, des combustibles
d’origine renouvelable comme l’éthanol va dans le même sens.
2.1.2.1.2 La cogénération
La cogénération désigne la production simultanée d’électricité et de chaleur. Au début
des années 2000 ils représentaient la majorité des moyens de production décentralisée
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sur les réseaux de distributions (Jenkins, et al., 2000). Les unités de cogénération
utilisent en général les énergies fossiles (fuel, gaz). Le principe est de récupérer la
chaleur résultant de la transformation de l’énergie primaire en électricité et de l’utiliser
pour des usages tels que le chauffage individuel ou collectif ou encore l’eau chaude.
Bien souvent pour de petites installations, la production de chaleur est prépondérante,
reléguant l’électricité au rang de produit dérivé servant à l’auto alimentation des
auxiliaires de l’installation. Avec le processus de production simultanée d’électricité et
de chaleur, le rendement global d’une installation de cogénération peut atteindre 85%
(Papaefthymiou, 2006). De plus les unités de cogénération permettent de réduire de
35% la consommation d’énergie primaire par rapport aux simples turbines thermiques
(Jenkins, et al., 2000).
2.1.2.1.3 La géothermie
Le principe de la géothermie consiste à capter la chaleur de la croûte terrestre pour le
chauffage (température inférieure à 90°) ou pour produire de l’électricité (température
comprise entre 90 et 150°). Les centrales géothermiques convertissent cette chaleur en
la captant et en la ramenant à la surface de la terre par le biais d’un fluide caloporteur –
qui peut être de l’eau – puis en transformant l’énergie contenue dans le fluide en
électricité.
L’énergie géothermique est souvent considérée comme une forme d’énergie
renouvelable. Il convient de nuancer cette opinion car la chaleur extraite du sol ne se
renouvelle pas ; la quantité de chaleur contenue dans le sol d’une installation
géothermique diminue donc irréversiblement. La période productive d’un sol est
estimée entre 10 et 100 ans, suivant le taux d’extraction (Sheth, et al., 2004).
2.1.2.1.4 La pile à combustible
Comme une batterie, la pile à combustible produit du courant électrique à partir d’une
réaction chimique. La fabrication d’électricité se fait grâce à l’oxydation d’une électrode
du combustible réducteur (par exemple le dihydrogène) couplé à la réduction sur l’autre
électrode d’un oxydant tel que le dioxygène de l’air.
14
C H A P I T R E 2
Les piles à combustible ont un rendement très élevé, jusqu’à 80% (Papaefthymiou,
2006). Lorsque l’hydrogène est utilisé comme combustible, le fonctionnement de la pile
ne produit que de l’eau pure, elle est donc particulièrement écologique.
2.1.2.1.5 La biomasse
La biomasse est la première source d’énergie renouvelable en France devant l’énergie
hydraulique, éolienne et géothermique. Les ressources en biomasse peuvent être
classées en plusieurs catégories : le bois, les sous produits du bois (branchages, écorces,
sciures, plaquettes…), certains sous produits de l’industrie (boues issues de pattes à
papier, déchets des industries agroalimentaires…), les produits issus de l’agriculture
traditionnelle (pailles, bagasse, produits issus de plantations à vocation énergétique…)
et les déchets organiques.
En pratique, la ressource en biomasse est convertie sous forme d’énergie thermique,
liquide, solide ou sous forme gazeuse et autres produits chimiques par divers processus
de transformation. Ces différentes formes sont ensuite transformées en électricité.
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2.1
al., 2000):
où :
• P est la puissance produite (W),
• Q est le débit du cours d’eau (m3/s),
• H est la hauteur de chute d’eau (m),
• η est le rendement de la turbine,
• ρ est la densité de l’eau (1000 kg/m3),
• g est la constante gravitationnelle.
H, η, ρ et g, sont des paramètres constants. La puissance produite par une turbine
hydraulique est donc directement proportionnelle au débit Q du cours d’eau. Elle peut
par conséquent, en l’absence de capacité de réserve significative, être sujette à des
variations liées à celles du débit.
15
C H A P I T R E 2
La prochaine partie sera consacrée à une description détaillée de ces deux formes
d’EnR. Il sera notamment présenté le processus de conversion dans le but de souligner
la variabilité de la production en fonction de l’énergie primaire.
16
C H A P I T R E 2
Réseau
Vent
1
s’exprime en fonction de la vitesse du vent :
2.2
2
avec :
• ρ : densité volumique de l’air (kg/m3),
• S : surface balayée par les pales (m2),
• v : vitesse moyenne du vent à travers la surface S (m/s).
La puissance du vent ne peut pas être récupérée entièrement par l’hélice (Théorie de
Betz : la puissance récupérable ne dépasse pas 60 à 70% de la valeur maximale). La
puissance captée par la turbine peut s’exprimer en fonction de la puissance disponible
en introduisant un facteur dépendant des conditions aérodynamiques des pales.
1
,
2.3
2
avec :
• Cp : coefficient de puissance ; il caractérise l'aptitude de l’aérogénérateur à
capter de l'énergie éolienne. D’après la théorie de Betz sa valeur maximale
est de 0,593.
17
C H A P I T R E 2
Décrochage aérodynamique
VD VN VM
Vitesse du vent
18
C H A P I T R E 2
Dans les très grandes machines, un système hybride se développe, le « stall actif »
dans lequel le décrochage aérodynamique est obtenu progressivement grâce à une
orientation minime des pales nécessitant des moyens de réglage plus économiques et
plus robustes que dans le système « pitch control » (angle de calage).
2.2.1.3 Technologies de l’éolien
Les technologies éoliennes sont classées en fonction de deux critères principaux :
• la méthode de régulation utilisée au niveau de la turbine :
- la régulation par décrochage aérodynamique des pales ;
- la régulation par angle de calage variable ;
• la nature de la machine utilisée pour transformer l’énergie mécanique en
énergie électrique et la transmettre au réseau :
- Machines asynchrones à cage ;
- Machines asynchrones à double alimentation ;
- Machines synchrones.
On distingue trois grandes technologies : les éoliennes à vitesse fixe basées sur la
machine asynchrone à cage, les éoliennes à vitesse variable basées soit sur la machine
asynchrone à double alimentation soit sur la machine synchrone (Slootweg, 2005).
2.2.2 Le photovoltaïque
Le solaire photovoltaïque – conversion directe de la lumière du soleil en électricité – est
une technologie largement utilisée pour les applications en systèmes isolés (sites
éloignés des réseaux de distribution classique). La tendance a d’abord été – pour lies
pionniers – à son utilisation comme production autonome complémentaire en
résidentiel mais de nos jours, grâce aux tarifs de rachat préférentiels, la tendance est à
son utilisation aussi bien à petite qu’à grande échelle, comme source d’énergie
alternative destinée à être injectée dans le réseau. Dans cette partie nous présenterons
19
C H A P I T R E 2
par la relation :
2.4
où :
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20
C H A P I T R E 2
) * + !,$
* + !,$
(I/V) de la cellule s’écrit alors (Rosell, et al., 2006) :
21
C H A P I T R E 2
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
2.2.2.2 Technologies
Les technologies de panneaux photovoltaïques sont classées en trois catégories
(générations) dont la description détaillée est largement abordée la littérature spécialisée
(Patel, 1999), (Lincot, 2007) (Goetzberger, et al., 2003):
• La première génération est constituée des technologies classiques au silicium
monocristallin et polycristallin. Ce dernier est moins cher que le précédent mais
permet des rendements moins élevés, avec 19 % contre 24,5 % de rendement
record sur les cellules de laboratoire. Ces deux filières commerciales dominent
actuellement le marché, avec des modules commerciaux présentant des
rendements de 12 à 14 % pour le polycristallin et de 15 à 16 % (Lincot,
2007)pour le monocristallin (à noter que des rendements de près de 20 % ont
été obtenus récemment.
• La deuxième génération comporte les technologies à couches minces
comme le silicium amorphe, le CIS/CIGS (cuivre indium/gallium selenium), le
CdTe (tellure de cadmium), les cellules photovoltaïques plastiques, à colorant.
Les rendements record obtenus en laboratoire pour ces technologies sont de
l’ordre de 12 % pour le silicium amorphe, de 20 % pour le CIS/CIGS et de
16,5 % pour le CdTe (Lincot, 2007). Les rendements commerciaux sont
respectivement de 6 %, 11 à 13 % et 8 à 9 % pour le silicium amorphe, le
CIS/CIGS et les CdTe.
• La troisième génération, encore à l’état de concept théorique aujourd’hui,
devrait considérablement améliorer les rendements des deux autres filières. Les
concepts « troisième génération » sont :
- la photopile avec une ou plusieurs bandes intermédiaires,
- la conversion des photons non utilisés directement dans la cellule PV,
22
C H A P I T R E 2
23
C H A P I T R E 2
EnR dans les réseaux est significatif. On peut distinguer des impacts locaux qui
concernent tous les types de réseaux et les impacts globaux qui concernent en
particulier les réseaux de transports interconnectés et les réseaux insulaires.
2.3.1 Impacts locaux
Ce sont les impacts qui se produisent dans le voisinage (électrique) du point de
raccordement de l’unité et qui peuvent être attribués directement à cette dernière.
Les impacts locaux sont en général indépendants du taux de pénétration global des
unités de production d’EnR dans le système. Ils concernent deux principaux
aspects : la capacité d’accueil du réseau et la qualité de tension.
2.3.1.1 Capacité d’accueil du réseau
2.3.1.1.1 Courants en régime permanent
Suite au raccordement d'un producteur (EnR ou pas) sur le réseau, l'intensité du
courant en fonctionnement normal parcourant un ou plusieurs éléments du réseau
(lignes, câbles) peut augmenter. Il y a donc risque de dépassement des valeurs
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Icharge0 Iprod-Icharge
Iprod
Icharge0 Icharge
Figure 2.10 Courant en régime permanent avant et après raccordement d’un producteur sur réseau de distribution
24
C H A P I T R E 2
Umax
Profil de tension après raccordement
Uc
Profil de tension avant raccordement
Umin
1 2 3 4 5
Uc
25
C H A P I T R E 2
constante est directement couplée au réseau. La relation entre la vitesse de son rotor, la
puissance active, la puissance réactive et la tension au point de raccordement est fixe.
De plus la vitesse du rotor est très peu variable ; elle n’a donc pas de capacités de
réglage de la tension. La compensation de réactif est donc assurée par des équipements
additionnels tels que les batteries de condensateurs ou d’autres systèmes de
compensation évolués tels que les compensateurs statiques de puissance réactive
(SVC : Static Var Compensation) ou les STATCOM (STATic COMpensation).
Les éoliennes à vitesse variables ainsi que les centrales photovoltaïques, grâce à leur
interface à électronique de puissance, ont la possibilité de régler la puissance réactive
produite ou consommée à leurs bornes (pour l’éolien) et d’effectuer un réglage fin de la
tension. Ces capacités de réglage ne sont actuellement pas exigées aux petites fermes
(EDF SEI, 2008) (RTE, 2009).
2.3.1.2 Qualité de tension
Le terme « qualité de la tension » se réfère aux niveaux de tension, à la stabilité de
la fréquence du réseau et à l'absence dans le réseau électrique de différentes formes
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C H A P I T R E 2
27
C H A P I T R E 2
donc faire face à une production fatale variable. Des capacités de production
de réserve contrôlables sont alors nécessaires pour pallier à ces variations, en
particulier pour satisfaire la demande en période de pointe,
2.3.2.1.2 Dispatching
Cet impact est du à la variabilité et aux erreurs de prédiction de la production
renouvelable. Ces deux aspects influent sur la gestion prévisionnelle de la production
pour le lendemain. Les deux principaux aspects influencés sont : le dispatching, et
l’exploitation (durée, charge partielle, arrêts/démarrages) du parc de production. Il est
donc important de développer des méthodes pour analyser et intégrer l’impact des
EnR sur la gestion prévisionnelle du parc de production.
2.3.2.1.3 Adéquation
L’horizon de temps ici est de l’ordre de plusieurs années. Il s’agit de la capacité du
système à satisfaire la demande. L’estimation de la capacité de production nécessaire
tient compte de la demande et de la disponibilité des unités de production.
L’adéquation est évaluée à l’aide d’indices tels que le « LOLP » (loss of load probability), le
« LOLE » (loss of load expectation), le « LOEE » (loss of energy expectation). L’adéquation est
influencée par la variabilité de la production renouvelable.
2.3.2.1.4 Capacité de transport
L’impact de l’intégration des EnR sur les capacités de transport dépend de la
situation géographique de la production renouvelable par rapport à la demande, de
la corrélation entre cette production et la demande et de la puissance du réseau
initial. La production d’énergie renouvelable affecte le transit de puissance dans le
réseau : elle peut changer le sens des flux, augmenter ou réduire les pertes.
L’analyse des capacités de transport nécessite à la fois des études statiques (calcul
de la répartition des flux de puissance) et dynamiques (analyse de stabilité).
2.3.2.2 Comportement dynamique et stabilité du réseau
La puissance produite par une unité de production d’énergie renouvelable varie en
fonction de la disponibilité de l’énergie primaire (pour une éolienne par exemple
elle varie en fonction du cube de la vitesse du vent). Des variations de la puissance
fournie par l'installation de production d’EnR peuvent donc être observées en
fonctionnement normal. Suivant leur amplitude, ces variations peuvent avoir un
impact sur le comportement dynamique du réseau et parfois même sur sa stabilité
pour des variations brusques et importantes de la puissance délivrée par une ou
28
C H A P I T R E 2
plusieurs unités de grosse puissance. Le réseau doit être capable de supporter ces
variations en conservant sa stabilité et en maintenant la tension et la fréquence sur
le réseau dans les plages admissibles.
Lors du démarrage d’une unité de production d’EnR ou lors d'une déconnexion, il
doit en être de même. Si l'installation est brusquement déconnectée à pleine
puissance, par exemple par suite d'un défaut sur le réseau interne de l'installation,
le réseau doit pouvoir rester stable, la tension et la fréquence sur le réseau doivent
pouvoir être maintenues dans les plages de tension et de fréquence admissibles.
L'impact sur le fonctionnement dynamique du réseau sera d'autant plus important
que :
• le réseau au point de raccordement de l'installation de production d’EnR
est « faible » (puissance de court-circuit faible, difficulté à maintenir la
tension),
•
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C H A P I T R E 2
Régulation :
Impacts Réserve
globaux primaire/secondaire Adéquation
en production
Stabilité et en transport
du Dispatching
réseau
Capacité de
transport
30
C H A P I T R E 2
Tableau 2.2 Niveaux de tension aux points de raccordement en fonction de la puissance installée
31
C H A P I T R E 2
Figure 2.13 Gabarit de tension en HTB1 et HTB2 (cas particulier des éoliennes)
• sur les réseaux HTB insulaires (EDF SEI, 2008), les installations de
production doivent pouvoir rester en fonctionnement lors de l’apparition
au point de raccordement, d’un creux de tension défini comme suit :
- creux de tension 100 % pendant 250 ms,
- palier à 0,5 Udim pendant les 450 ms suivantes,
- retour linéaire à 0,9 Udim pendant les 400ms suivantes,
- palier à 0,9 Udim pendant les 400 ms suivantes,
- retour linéaire à Udim pendant les 500 ms suivantes.
Où Udim est la tension de dimensionnement définie par le gestionnaire de
réseau en concertation avec le producteur et fixée normalement à 66 kV
(réseau 63 kV) ou 93 kV (réseau 90 kV).
32
C H A P I T R E 2
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C H A P I T R E 2
est associé un coefficient de limitation kn. Les courants harmoniques émis par
l’installation de production doivent être limités à :
!"1 -1 2.6
√334
où :
• Uc est la valeur de la tension au point de livraison,
• S est la puissance apparente maximale,
• Kn est le coefficient de limitation de rang n.
2.4.2 Solutions techniques
Lorsque des problèmes apparaissent lors des études d’insertion de l’éolien et du
photovoltaïque dans les réseaux électriques, plusieurs solutions sont proposées.
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C H A P I T R E 2
2.5 Conclusion
L’intégration importante des énergies renouvelables dans les systèmes électriques
entraine la mutation de ces derniers d’une structure verticale vers une structure
horizontale (avec des injections de puissance à tout les niveaux de tension ; notamment
dans le réseau de distribution). L’arrivée des EnR pose aux gestionnaires de réseaux de
nouveaux défis techniques notamment à cause de la variabilité de la production et aussi
de leurs faibles capacités à fournir les services systèmes même si l’évolution des
technologies va sûrement palier ce dernier inconvénient. Les EnR impactent
localement et globalement les systèmes électriques. Leur raccordement au système fait
l’objet d’études en vue de vérifier si elles respectent les conditions techniques des
différents gestionnaires de réseaux. Certaines des conditions de raccordement ont été
modifiées pour s’adapter au mieux aux particularités de l’éolien et du photovoltaïque.
36
C H A P I T R E 3
Chapitre
3
3 De la caractérisation
probabiliste d’un
système électrique
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L
e fonctionnement d’un système électrique sur une période donnée se
caractérise par les variations plus ou moins corrélées d’une multitude de
paramètres importants. Cette relative « vie » du système impose aux exploitants
et aux gestionnaires de réseaux des défis dont un des plus importants est la
maîtrise de l’impact lié à ces variations. Cela passe par une modélisation probabiliste de
tous les paramètres participant au fonctionnement du système électrique autrement dit
par une caractérisation probabiliste du système électrique.
37
C H A P I T R E 3
Les évènements impossibles et certains étant très rares, la grande majorité des
évènements ont une probabilité comprise entre 0 et 1. Ils ont donc en général deux
états (où s’ils en ont plusieurs, ceux-ci peuvent être classés en deux catégories) :
favorable ou succès (l’évènement s’est produit) et défavorable ou échec (l’évènement
ne s’est pas produit). Les probabilités d’avoir chacun des états se calculent donc comme
suit :
« fréquentiste » selon laquelle seules ont un sens les probabilités a posteriori sur la base de
la répétition d’un grand nombre d’évènements identiques. A contrario, pour les
subjectivistes (probabilité théorique), seule la notion de probabilité a priori, évaluable en
fonction d’un sentiment individuel d’incertitude, peut avoir un sens. Cette évaluation
théorique de la probabilité est possible à condition d’avoir une formulation
mathématique simple du problème ou a minima un moyen de la déduire (forme
géométrique d’un dé par exemple). Il se trouve que pour la plupart des problèmes
d’ingénierie et en particulier pour les phénomènes qui vont nous intéresser tout au long
de cette étude (i.e. : les variations des paramètres et de l’état d’un système électrique), il
n’est en général pas possible d’avoir une formulation mathématique simple permettant
de déterminer les probabilités a priori à partir des connaissances qu’on a du
fonctionnement du système. L’approche « fréquentiste » sera donc privilégiée ; les
probabilités (et surtout les lois de probabilité) calculées seront issues d’expériences
identiquement répétées.
3.1.2 Distributions de probabilité
3.1.2.1 Variables aléatoires
Les règles de calcul de probabilité précédemment décrites permettent de déterminer les
probabilités d’évènements ayant une formulation mathématique ou une représentation
schématique évidente (diagramme de Venn). Dans la pratique des problèmes
d’ingénierie, la connaissance mathématique qu’on a du problème n’est en général pas
suffisante pour permettre de décrire le comportement du système. On a alors recours à
des séries d’expériences et à l’analyse de données collectées pour caractériser le système
et ainsi appliquer la théorie des probabilités pour évaluer la probabilité d’occurrence
d’un évènement quelconque dans le système. De plus l’évolution du système (électrique
dans notre cas) fait que ses paramètres varient et, sur une période donnée, les différents
éléments du système passent pas plusieurs états ayant chacun une probabilité
d’occurrence. Le modèle qui sied le mieux à la description d’un tel système est un
modèle probabiliste défini sur la base d’une variable aléatoire globale représentant l’état
du système. Cette dernière étant la combinaison de variables aléatoires représentant
l’état des différents éléments du système. Tout ceci sous l’hypothèse - nécessaire à
38
C H A P I T R E 3
l’application de la théorie des probabilités - que les occurrences des différents états sont
aléatoires.
Une variable aléatoire est une application de l’ensemble des épreuves (expériences)
dans le corps des réels. Elle est caractérisée par l’ensemble des probabilités associées à
tous les états possibles. Une variable aléatoire peut être discrète ou continue.
Une variable aléatoire est dite discrète lorsque son ensemble d’états possibles est fini ou
dénombrable. Par exemple lors d’un lancé de dé, la variable aléatoire qui associe à
chaque lancé, le numéro de la face apparaissant au dessus est une variable aléatoire
discrète car elle n’a que 6 états possibles.
Une variable aléatoire est dite continue si son ensemble d’états possibles est infini et
non dénombrable. Par exemple si la vitesse du vent sur un site donné peut prendre
toutes les valeurs entre 0 et 30 m/s, les valeurs prises par cette vitesse définissent une
variable aléatoire continue.
Une variable aléatoire est entièrement définie par sa loi de probabilité qui se décline
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
sous la forme soit d’une fonction de répartition, soit d’une fonction densité de probabilité, soit
par une distribution de probabilité.
3.1.2.2 Fonction de répartition
Soit X une variable aléatoire numérique. La fonction de répartition est complètement
décrite par la valeur de la probabilité pour qu’une réalisation de cette variable soit
inférieure à x pout tout x. il s’agit donc d’une application F de R dans [0, 1] définie par :
39
C H A P I T R E 3
0 x
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
f(x)
f(x0)
0 x0 x
40
C H A P I T R E 3
AL '
S '
3.8
A'
F(x)
Pente = f(x0)
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
F(x0)
x0 x
P] N M N ^Q _ ` M M` 3.9
La sommation portant sur tous les indices i tels que A < Xi < B.
Contrairement à une fonction densité de probabilité, une distribution de probabilité ne
peut prendre que des valeurs inférieures ou égales à 1 puisque ces valeurs sont de vraies
probabilités.
Cette notion de distribution de probabilité est importante car nous aurons dans la
majorité des cas recours aux variables aléatoires discrètes pour modéliser le
comportement du système électrique. En plus de la distribution de probabilité, il est
souvent utile de compléter la description d’une variable aléatoire par ses paramètres
caractéristiques tels l’espérance, l’écart type, etc. Ils donnent des informations
supplémentaires sur le comportement de la variable. Ces paramètres seront définis dans
le paragraphe suivant en priorité pour le cas discret.
définition, aux probabilités des valeurs correspondantes. Ainsi, si on note P'` Q cet
la somme pondérée des valeurs du domaine de X. Les poids étant égaux, par
41
C H A P I T R E 3
Si la variable X est continue et admet une densité de probabilité f, alors son espérance
se définit comme suit :
cX
M
T 'S '
A' 3.11
WX
Note :
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
*C@ M 7 M # d e ; 3.12
Un inconvénient de la variance est qu’elle s’exprime en des unités qui sont les unités de
la variable au carré. Ainsi, si X représente la puissance en sortie d’une unité de
production en MW, la variance de X sera exprimée en MW2.
Pour avoir une mesure de la dispersion qui s’exprime dans la même unité que la
variable, on considère la racine carrée de la variance encore appelée écart-type.
f M g*C@ M 3.13
= Mh , Me 7 Mh # dh Me # de ; 3.14
42
C H A P I T R E 3
Une autre mesure plus couramment utilisée du lien entre deux variables aléatoires est le
coefficient de corrélation qui s’exprime comme suit :
= Mh , Me
3.15
g*C@ Mh
*C@ Me
Le principal avantage du coefficient de corrélation est qu’il ne dépend pas des unités
des variables aléatoires. Lorsque sa valeur tend vers 0, les variables sont dites
décorrelées ; lorsqu’elle tend vers 1 les variables sont dites fortement corrélées.
3.1.3 Conclusion
Dans cette partie ont été présentées les notions de base de probabilité et statistique
utiles dans la résolution des problèmes d’ingénierie en général. Compte tenu de
l’objectif visé, à savoir la modélisation probabiliste d’un système électrique, les notions
de variables aléatoires et de lois de probabilité associées sont les plus importantes et
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
43
C H A P I T R E 3
topologie du réseau (ensemble de nœuds connectés entre eux par des lignes). La
formulation la plus courante du problème de « load flow » le décrit en deux étapes (cf.
l’annexe A pour la formulation détaillée) :
• détermination du vecteur d’état du système : il s’agit ici de calculer toutes les
tensions aux nœuds (modules et phase),
• détermination de la puissance active et réactive dans toutes les lignes : ces
transits sont déduits du vecteur d’état du système.
La résolution du problème de répartition de puissance nous donne un état complet du
système. Les données d’entrée du problème (topologies et injections) constituent ce
que nous désignerons par modèle déterministe du système électrique. Il s’agit en fait
d’une « photographie » représentant un instant donné du fonctionnement du système
ou une situation connue.
3.2.1.2 Modèle probabiliste
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
Consommation
Energies
renouvelables
Topologie
Modèle (lignes, nœuds,
probabiliste emplacement
production)
Production
conventionnelle
Disponibilité des
ouvrages
Comme le montre la Figure 3.4, le modèle probabiliste est alimenté par les lois de
probabilité de paramètres dont le comportement présente une certaine incertitude. Il
s’agit ici de la consommation, de la production renouvelable du fait de son énergie
primaire, de la production conventionnelle au travers de la fiabilité de ses unités et de la
disponibilité des ouvrages de réseau surtout affectée par les évènements
météorologiques. Il est évident que, la variabilité de certains paramètres pouvant être
44
C H A P I T R E 3
affectée par le même phénomène, il existe des corrélations entre les différentes lois de
probabilité.
En langage purement mathématique, le modèle probabiliste d’un système électrique est
un vecteur aléatoire X, de dimension n, décrivant les paramètres incertains du système.
La fonction densité de probabilité fX de X n’est en général pas connue. X est donc
caractérisé par les fonctions densité de probabilité marginales (fXi )i = 1…n liées à ses
composantes Xi et par les corrélations qui lient ces fonctions. La suite de cette section
sera consacrée au calcul des fonctions densité de probabilité (ou de répartition le cas
échéant) marginales caractérisant l’incertitude (le terme aléa sera plus souvent utilisé)
des paramètres du système. La question des corrélations sera traitée dans la section 3.3.
3.2.2 Caractérisation des aléas
3.2.2.1 Aléa lié à la production conventionnelle
La production conventionnelle désigne l’ensemble des centrales de production
classiques (thermique, hydraulique, nucléaire…). Il s’agit donc de systèmes constitués
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
Indisponibilité
Le taux d’indisponibilité est le pourcentage de temps pendant lequel une unité est hors
service. L’unité peut être hors service pour avarie ou pour maintenance préventive. Il
convient donc de distinguer les deux composantes du taux d’indisponibilité à savoir
l’indisponibilité fortuite et la maintenance programmée.
i ij + ik 3.16
Où :
• τf est le taux d’indisponibilité fortuit ou taux de pannes,
• τm est le taux d’indisponibilité lié à la maintenance.
La vie d’une unité de production est rythmée par des périodes de fonctionnement
normal, des périodes de maintenance programmée - réalisée à intervalles réguliers - et
des périodes de non fonctionnement dues à des pannes qui peuvent arriver à tout
moment. Par conséquent, si on étudie la variation de la production d’un système sur un
intervalle de temps inférieur à la durée qui sépare deux opérations de maintenance
programmée consécutives, le taux d’indisponibilité peut raisonnablement être considéré
uniquement au travers de sa composante fortuite. Dans le cas contraire, il faut inclure
le temps de maintenance programmée dans la définition de l’indisponibilité.
de disponibilité A 1 # i .
Pour la modélisation probabiliste des systèmes de production, nous utiliserons le taux
45
C H A P I T R E 3
Arbre de probabilités
La méthode la plus adaptée pour déterminer la distribution de probabilité de la
puissance produite par des systèmes de production conventionnelle est l’arbre de
probabilités. Cette méthode n’est applicable que pour des systèmes dont chaque unité
est indépendante du point de vue de l’indisponibilité. L’exemple illustré par la Figure
3.5 est celui d’un système de 3 unités (deux de 5 MW et une de 10 MW) avec des taux
de disponibilité de 0.95 pour les deux unités de 5 MW et 0.98 pour l’unité de 10 MW.
0.88445
10 20
0.98
5 0.01805
0 10
0.95 0.02
0.04655
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
5 0.98 10 15
0.95 0.05 0
0.00095
0.02 0 5
0.04655
0.98 10 15
0.05
0.95 5
0.00095
0 0.02 0 5
0.05 0.00245
0.98 10 10
0
0.00005
0.02 0 0
A partir de cet arbre on peut calculer les probabilités d’occurrence des 5 niveaux de
puissance de ce système ; ce qui correspond à la distribution de probabilité de la
puissance en sortie du système. De cette dernière on déduit les probabilités cumulées
(Tableau 3.1).
Tableau 3.1 Probabilité des différents états et probabilités cumulées
0 0.00005 0.00005
5 0.0019 0.00195
10 0.0205 0.02245
15 0.0931 0.11555
20 0.88445 1
46
C H A P I T R E 3
On remarquera tout de suite que pour un système ayant un nombre d’unités de plus en
plus élevé, la construction de l’arbre des probabilités devient prohibitive en temps
d’exécution. D’où la nécessité d’automatiser cette tâche par le biais d’un algorithme que
nous décrirons dans les paragraphes suivants, dans un premier temps pour un système
constitué d’unités à deux états puis en généralisant pour des systèmes constitués
d’unités multi-états.
3.2.2.1.2 Modèle basé sur l’indiponibilité
S 0
L 0
l 3.17
6
S Mm
L Mm
# L MmWh
Rappel :
La fonction de répartition F est calculée à l’aide d’un algorithme récursif basé sur la
formule décrite par l’équation 3.18 qui donne la probabilité pour que la puissance
fournie par le système soit inférieure ou égale à X après qu’on lui ait rajouté une unité
de capacité C MW. Cette formule s’inspire des travaux de Billinton et Allan dans
(Billinton, et al., 2004). Elle caractérise les systèmes ayant des unités à deux états
(disponible, indisponible).
L M 1 # A n L [ M + A n L [ M # 3.18
Où :
• C représente la capacité en MW d’une nouvelle unité ajoutée au système,
• d est le taux de disponibilité de cette nouvelle unité,
• Fa(X) et F(X) représentent les probabilités de produire une puissance inférieure
à X avant et après l’ajout de l’unité de capacité C (MW).
47
C H A P I T R E 3
Le principe de l’algorithme est de calculer F pour une unité (par exemple l’unité de 5
MW avec d = 0.95 ; on a alors F(0) = 0.05 et F(5) = 1), de rajouter une nouvelle unité
et de calculer F pour le nouveau système jusqu’à atteindre la capacité totale du système
que l’on veut modéliser.
L’expression 3.18 s’initialise de la façon suivante :
L [ '
0 8G ' N 0 6
l 3.19
L [ '
1 8G ' O [
L M
_ (` L [ M # `
3.20
`oh
48
C H A P I T R E 3
où :
• n est le nombre d’état de l’unité rajoutée,
• Ci est la capacité disponible à l’état i,
• pi est la probabilité que l’unité soit à l’état i.
Note :
Illustration :
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
Etat Probabilité
0 0.02
2 0.08
10 0.9
0 0,00005 0,00005
2 0,0002 0,00025
5 0,0019 0,00215
7 0,0076 0,00975
49
C H A P I T R E 3
10 0.0203 0,03005
12 0,0702 0,10025
15 0.008525 0,108775
20 0.88445 1
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
Figure 3.6 distribution de probabilité pour une centrale à 3 unités dont une est multi états
hh x h1
vecteur des nombre d’états de chaque machine ;
50
C H A P I T R E 3
Pour i = 1 à m1+1
X[i] = (i-1)Inc ;
Fin
Pour j = 1 à n1
Pour i = 1 à m1+1
Si X[i] – c1j < 0 alors Fa[i] = Fa(X[i] – c1j) = 0 ;
Sinon Fa(X[i] – c1j ) = 1 ;
Fin
P1[j] = p1j ;
Fin
Pour k = 2 à l
R = R + rk
mk = division euclidienne de R par Inc ;
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
Pour i = 1 à mk+1
X[i] = (i-1)Inc ;
Fin
Pour j = 1 à nk
Pour i = 1 à mk+1
Si X[i] - ckj < 0 alors Fa[i] = Fa(X[i] - ckj) = 0 ;
Sinon si X[i] - ckj > mk-1Inc alors Fa(X[i] - ckj) = 1 ;
Fin
Pk[j] = pkj ;
Fin
Ajout_machine (Pk, Fa, mk, nk) ;
Fin
f(X[1]) = F(X[1]) ;
Pour i = 2 à ml + 1
f(X[i]) = F(X[i]) - F(X[i-1]) ;
Fin
Fin
Fin
Fin
En résumé, l’aléa lié à la production conventionnelle est, ici, essentiellement défini par
la disponibilité des unités élémentaires de production. Cette disponibilité est quantifiée
par un taux de disponibilité qui tient compte des indisponibilités fortuites et/ou
programmées des unités. Pour des études sur des horizons de temps longs (> 1 an) le
taux d’indisponibilité doit tenir compte de l’indisponibilité programmée. L’algorithme
développé permet de calculer le modèle probabiliste de la production d’un système à
l’échelle d’une centrale voire d’un parc de production.
3.2.2.1.3 Modèles de fréquence et de durée
Une autre méthode de caractérisation probabiliste de la production conventionnelle est
l’utilisation des modèles dits de fréquence et de durée introduits par Halperin et Adler
51
C H A P I T R E 3
( M
([ M
1 # A
+ ([ M #
A 3.21
les formules (Billinton, et al., 2004):
([ M
1 # A
[c M
+ ([ M #
A [c M #
+ d
c M
3.22
( M
([ M
1 # A
[W M
+
+ ([ M #
A[W M #
W M
3.23
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
( M
• pa(X) et p(X) sont les probabilités avant et après l’ajout de la nouvelle unité
pour que «X MW soient hors service ».
• λ+(X) et λ-(X) les taux de transition vers une capacité plus grande et vers une
capacité plus petite.
Cet algorithme est généralisable pour les systèmes composés d’unité multi-états ; les
formules deviennent alors (Billinton, et al., 2004) :
1
( M
_ ([ M # `
(` 3.24
`oh
∑1̀oh ([ M # `
(` [c M # `
+ c `
c M
3.25
( M
∑1̀oh ([ M # `
(` [W M # `
+ W `
W M
3.26
( M
Ces algorithmes permettent de calculer pour chaque niveau de puissance du système, la
probabilité pour que cette puissance ne soit pas disponible. On peut en déduire la
distribution de probabilité du système en se rappelant que la probabilité pour que « X
MW soient hors service » est égale à la probabilité pour que « (Pt – X) MW soient en
service » ; Pt étant la puissance totale du système.
3.2.2.1.4 Choix du modèle
Les modèles de fréquence et de durée et les modèles basés sur les taux de disponibilité
aboutissent à des résultats équivalents en termes de scénario d’évolution d’un parc de
production pour respecter une contrainte de fiabilité (Billinton, et al., 2004). Il est
impossible d’affirmer qu’une des deux approches est meilleure que l’autre en toutes
circonstances (Billinton, et al., 2004). Les modèles de fréquence donnent des
52
C H A P I T R E 3
2 Situations de fonctionnement du système correspondant à la perte d’un ouvrage (ligne par exemple).
53
C H A P I T R E 3
est essentiel de savoir, par exemple, s’il est préférable de satisfaire la demande maximale
avec une centrale à vapeur ayant des coûts de démarrage élevés mais des coûts de
fonctionnement raisonnablement bas ou avec une turbine à gaz qui coûte moins cher
au démarrage qu’en fonctionnement. Cette décision dépendra, entre autre, de l’état du
système (réserve disponible sur les groupes en fonctionnement, nombre et type
d’unités disponibles pour un démarrage rapide ect…) à l’instant où la demande
atteindra son maximum. Cette information ne peut être obtenue qu’au travers de séries
chronologiques car l’état du système à un instant donné dépend de l’état à l’instant
précédent.
3.2.2.3.3 Modèles d’intervalles
La série chronologique présente l’inconvénient d’être difficilement simulable par une
fonction mathématique (surtout à long terme). De plus, bien souvent on n’a pas besoin
de toutes les informations que nous apporte la série chronologique. Plusieurs
problèmes de planification et même d’exploitation des systèmes électriques nécessitent
moins la connaissance de la séquence chronologique exacte que celle de la probabilité
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
54
C H A P I T R E 3
1
m 3.28
2
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
55
C H A P I T R E 3
PN
VD VN VM
Figure 3.8 Caractéristique vent-puissance
de la Figure 3.8 (équation 3.34). De fait, pour les turbines à vitesse variable avec
régulation par angle de calage, il est possible de calculer une expression mathématique
de la densité de probabilité à partir de celle de la vitesse du vent.
Modèle probabiliste du vent
La vitesse du vent est un phénomène physique stochastique qui peut être modélisé
approximativement par un processus à variable aléatoire discrète. Plusieurs lois de
probabilité ont été testées pour caractériser la vitesse du vent (Weibull, Rayleigh, χ2, loi
normale…). Il en ressort que la loi de distribution de Weibull et son cas particulier - loi
de Rayleigh - représentent de façon adéquate la distribution de la vitesse du vent
(Castro Sayas, et al., 1996), (Carlin, et al., 1982), (Bossanyi, et al., 1979). Dans la majorité
des études d’insertion de l’éolien rencontrées dans la littérature, la vitesse du vent est
donc caractérisée par la distribution de Weibull dont la fonction de répartition est :
L
1 # &'( # 3.29
et la fonction densité de probabilité est :
AL
- Wh
S
p u &'( # 3.28
A
Avec :
• k paramètre de forme qui caractérise la répartition du vent,
• c paramètre d’échelle qui caractérise la vitesse du vent (plus c est élevé plus
l’énergie se trouve dans les hautes vitesses),
• v vitesse du vent « instantanée ».
56
C H A P I T R E 3
e
L
1 # &'( # 3.31
2 e
S
p e u &'( # 3.32
f(v)
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
v (m/s)
Une autre modélisation probabiliste de la vitesse du vent est proposée par Castro Sayas
et al (Castro Sayas, et al., 1996)et par Leite et al (Leite, et al., 2006). Elle consiste à
modéliser la vitesse du vent par le biais d’une chaîne de Markov avec un nombre fini
d’états. Les états étant en fait les niveaux de vitesse classés par ordre croissant. Cette
modélisation nécessite pour qu’elle soit adéquate que le processus modélisé soit
stationnaire ; c'est-à-dire qu’il ait le même comportement sur une période quelque soit
l’origine choisie. Ceci veut aussi dire que ce processus a une moyenne et un écart type
constants quelque soit la séquence de données choisies. Du fait des variations
saisonnières du vent, la vitesse moyenne et l’écart type ne sont pas constants. Outre sa
complexité (nécessité de définir les probabilités de passage d’un état quelconque à un
autre), cette méthode présente l’inconvénient de ne pas être valable dès lors que l’on
essaye de modéliser la variation de la vitesse du vent sur une période de temps
inférieure à l’année. La modélisation probabiliste du vent par la loi de Weibull sera
donc préférée à cette dernière méthode.
57
C H A P I T R E 3
0 0 N
C + ? k N 6
3.34
N
0 O
Où :
• vD est la vitesse de démarrage (« cut-in ») à partir de laquelle l'éolienne
commence à fournir de l'énergie,
• vN est la vitesse nominale (« rated ») à partir de laquelle l’éolienne fourni sa
puissance nominale PN,
• vM est la vitesse maximale (« cut-out ») du vent pour laquelle la turbine ne
convertit plus l'énergie éolienne, pour des raisons de sûreté de fonctionnement,
• m est généralement pris égal à 3,
• Les constantes a et b sont déterminées par les formules :
C ? 3.35
W
W
et
58
C H A P I T R E 3
71 # L
+ L
; ( 0 0 N &B O
L (
L (
# L
0 N ( N N 6 3.36
7L
# L
; ( N
(
7 ( # C
⁄? ;h⁄k .
Avec :
¡ 1 + &'( # # &'( # ( 0
I
I ( # C
⁄?
⁄k
L (
&'( # # &'( ¢# % /£ 0 N ( N 6 3.37
I
I
&'( # # &'( # (
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
Note :
FT(pT)
0,96
0,22
PN
Figure 3.10 Fonction de répartition de la puissance produite par une turbine
59
C H A P I T R E 3
que la turbine ne produise pas est de 0,22 soit 22 % et que la probabilité pour qu’elle
produise sa puissance nominale est de 1 – 0,96 = 0,04 soit 4%. Ces deux valeurs très
significatives pour le cas d’une turbine seront comme nous le verrons plus tard
atténuées par l’effet du foisonnement au niveau d’une ferme et encore plus au niveau
d’une région.
3.2.3.1.2 A l’échelle d’une ferme
Revue bibliographique
Outre l’aléa lié à la production d’une éolienne, la modélisation probabiliste de la ferme
éolienne entière ne saurait être complète sans l’introduction de l’aléa lié à la disponibilité
de chacune des turbines de la ferme. La caractérisation de cet aléa la plus rencontrée
dans la littérature est basée sur le modèle de Markov (Leite, et al., 2006), (Karaki, et al.,
2002). Chaque turbine est modélisée comme un composant d’une chaîne de Markov
avec deux états (up, down). Karaki et al propose une modélisation de la production
d’une ferme en partant du fait que pour chaque valeur v(i) de vitesse du vent, les
turbines de la ferme peuvent chacune produire une puissance pi (qui est la même pour
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
toutes puisqu’elles sont identiques) ; de plus elles peuvent être hors ou en service –
modèle de Markov. En considérant d’abord ce dernier aspect, les auteurs obtiennent,
pour un ensemble {v(i), i = 1,…,Nv} de valeurs de la vitesse, une familles de
fonctions densité de probabilité de la forme :
S§ _ ¤4/` 3.39
`oR
60
C H A P I T R E 3
différents. La fonction densité de probabilité du vent (définie ici de façon discrète par
intervalle) d’un site est alors définie conditionnellement à celle de l’autre site par
application du théorème de Bayes.
S ] « ^
S ^|]
3.40
S ]
Où :
• A est l’évènement : « le vent sur le site 1 est dans un intervalle donné »,
•
La détermination de S ] « ^
pour chaque intervalle de discrétisation s’avère
B est l’évènement : « le vent sur le site 2 est dans un intervalle donné ».
complexe déjà pour deux sites. Si de plus on considère que toutes les turbines d’une
ferme « voient » chacune un vent différent, il nous paraît inenvisageable de faire ce
calcul.
Méthode proposée
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
¬
de moyeu des turbines est obtenue à partir de la formule suivante (Gipe, 1995):
p u 3.41
R R
Où v est la vitesse du vent à hauteur de moyeu h, v0 est la vitesse de vent
mesurée à la hauteur de l’anémomètre h0 et α est le coefficient de cisaillement
61
C H A P I T R E 3
du vent caractéristique du site. Il varie entre 0,1 et 0,4 (0,1 correspond à la mer,
0,16 à une plaine, 0,28 à une forêt et 0,4 à une zone urbaine).
• Modélisation de la différence de vitesse de vent balayé par les différentes turbines de la ferme.
On choisit une turbine de référence T0 qui reçoit le vent à la vitesse v0 mesurée
du site (et donc quelque soit la turbine). L’écart-type traduit l’ampleur des
écarts entre les vitesses instantanées de chaque point du site. Il dépend de la
distance entre les turbines et de leur disposition spatiale ; il convient donc pour
bien l’évaluer d’effectuer des mesures de vent sur des périodes suffisamment
longues à différents points du site.
A l’issue de cette étape on a donc les séries temporelles de vitesse de vent pour
Calcul de séries temporelles de puissance produite par chaque turbine : S
. fvp
chaque turbine.
•
étant la caractéristique vent-puissance de chaque turbine.
• Pour chaque point (échantillon) de la série temporelle (point horaire par exemple) on calcule Ft
et ft comme décrit au paragraphe 3.2.2.1.2. Chaque échantillon correspond en fait à
une centrale de production composée d’unités indépendantes à deux états. A
l’issue de cette étape, on obtient pour chaque échantillon, tous les niveaux de
puissance atteints et leur probabilité.
• Calcul de la distribution de probabilité sur toute la période de l’étude. Il faut parcourir
tous les échantillons et, la probabilité de chaque évènement « niveau de
puissance = X MW », est égale à la somme des probabilités de cet événement
dans chacune des distributions horaires ft où il apparaît divisé par le nombre
∑1`oh Sm,` M
d’échantillons.
®
S M
3.42
v
nX est le nombre de fois où l’évènement « niveau de puissance = X MW»
apparaît.
N est le nombre de points (horaires) simulés.
Le processus décrit ci-dessus a été automatisé par un algorithme (encadrés)
implémenté sous MATLAB (cf. annexe C pour les codes de calcul) qui prend en entrée
les séries temporelles de vent vi, les séries temporelles εi le nombre de turbines de la
ferme et leurs caractéristiques.
62
C H A P I T R E 3
Ce qui suit est une présentation des différents algorithmes développés avec dans un
premier temps un algorithme dont le but est de créer des séries de vent et puissance
hh x h1
dans chaque ferme. Ses données d’entrée sont :
hh x h1
Cet algorithme donne les résultats suivants :
63
C H A P I T R E 3
@=Ahh x @=Ah1
@=A w s y s { matrice des puissances produites par chaque
@=Azh x @=Az1
1 # Ah Ah
turbine ;
Fin
Niv-puiss = X ;
Probab = f(X)/n ;
Fin
Résultats et discussion
Les calculs on été effectués pour une ferme éolienne constituée de 4 turbines
identiques à celle du paragraphe 3.2.3.1.1, et supposées installées sur un site corse dont
les données de vitesse de vent ont été obtenues auprès de Météo France.
Dans un premier temps, considérons le modèle le plus simple : les 4 turbines sont
toujours disponibles et sont balayées par le même vent ; la distribution de probabilité a
64
C H A P I T R E 3
alors la forme de la Figure 3.11 avec comme valeurs extrêmes P(X = 0) = 0,29746 et
P(X = 6) =0,11830.
d = 1; pas de foisonnement
0,4
0,35
0,3
0,25
Probabilité
0,2
0,15
0,1
0,05
0
0 3 6
Puissance en MW
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
Figure 3.11 Distribution de probabilité pour le cas d=1 et pas de foisonnement du vent
d P(X=0) P(X=6)
1 0,27703907 0,10925291
65
C H A P I T R E 3
d = 0,8 d = 0,9
0,5 0,5
0,45 0,45
0,4 0,4
0,35 0,35
Probabilité
Probabilité
0,3 0,3
0,25 0,25
0,2 0,2
0,15 0,15
0,1 0,1
0,05 0,05
0 0
0 3 6 0 3 6
Puissance en MW Puissance en MW
d = 0,98 d=1
0,45 0,45
0,4 0,4
0,35 0,35
0,3 0,3
Probabilité
Probabilité
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
0,25 0,25
0,2 0,2
0,15 0,15
0,1 0,1
0,05 0,05
0 0
0 3 6 0 3 6
Puissance en MW Puissance en MW
Les distributions de la Figure 3.13 sont obtenues de la même manière que celles de la
Figure 3.12 à la seule différence que cette fois εi est un bruit blanc d’écart type égal à
1 m/s.
En plus de l’impact de la disponibilité des turbines, on constate aussi une véritable
influence de la variation du vent d’une turbine à l’autre car pour le cas d = 1, les
différences avec le cas simple sont plus marquées.
d P(X=0) P(X=6)
0,8 0,24030377 0,03498023
0,9 0,23250665 0,05603157
0,98 0,22779755 0,07877113
1 0,22673064 0,08540096
66
C H A P I T R E 3
d = 0,8 d = 0,9
0,6 0,6
0,5 0,5
0,4 0,4
Probabilité
Probabilité
0,3 0,3
0,2 0,2
0,1 0,1
0 0 MW
0 3 6 0 3 6
Puissane en MW Puissance en MW
d = 0,98 d=1
0,5 0,5
0,45 0,45
0,4 0,4
0,35 0,35
Probabilité
Probabilité
0,3 0,3
0,25 0,25
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
0,2 0,2
0,15 0,15
0,1 0,1
0,05 0,05
0 0
0 3 6 0 3 6
Puissance en MW Puissance en MW
67
C H A P I T R E 3
où :
• he est la hauteur solaire par rapport à l’horizon local (angle d’altitude solaire),
• Gb est l’irradiation directe,
• Gd est l’irradiation diffuse,
• f1 est le coefficient de luminosité autour du soleil,
• f2 est le coefficient de luminosité à l’horizon,
• a/c est un facteur traduisant l’incidence géométrique du rayonnement solaire,
• i est l’inclinaison du panneau.
Calcul de la puissance produite
L’irradiation Gt calculée à l’étape précédente est combinée à un modèle électrique du
panneau photovoltaïque pour obtenir la puissance électrique fournie. Le modèle utilisé
est celui dit de Shockley représenté par la Figure 3.15 et décrit plus en détail dans
(Rosell, et al., 2006).
68
C H A P I T R E 3
0,3
0,25
0,2
Probabilité
0,15
0,1
0,05
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
Puissance en p.u.
3.2.4 Conclusion
L’aléa liée l’énergie primaire induit un aléa sur la puissance en sortie des unités de
production d’énergie renouvelable telles que les éoliennes et les panneaux
photovoltaïques. En tenant compte du système de conversion énergie primaire-énergie
électrique de ces unités, les distributions de probabilité de la puissance produite par une
ferme éolienne et par une centrale photovoltaïque ont été déterminées. Ces
modélisations complètent le modèle probabiliste du système électrique. Reste à
69
C H A P I T R E 3
70
C H A P I T R E 3
le cas où les variables sont gaussiennes car la dépendance est alors entièrement
caractérisée par le coefficient de corrélation.
Définition 3.1 : Les variables aléatoires X1,…,Xn sont dites indépendantes si quelque
soit un n-uplet d’intervalles I1,…,In,
1
1 1 1 1
71
C H A P I T R E 3
40
C2 (MW)
0,12
35
0,1
30
0,08
25
0,06
20
0,04
15
0,02 10
0 5
5 10 15 20 25 30 35 40 45 MW
5 10 15 20 25
f1 f2 f1+f2 C1 (MW)
les distributions de vent sur les différents sites soient décorrelées. Cette situation
correspond surtout aux régions géographiquement étendues avec des sites éoliens
éloignés les uns des autres.
3.3.3 Corrélation linéaire simple
La corrélation linéaire consiste à examiner la tendance qu’ont les points d’un nuage de
points à s’aligner selon une droite. Le but est de déterminer s’il y a un lien statistique
entre les variables. Supposons que l’on observe pour n individus deux variables X et Y,
on a donc deux vecteurs x et y :
'h Åh
Á 'e Ä ÁÅe Ä
À . Ã À.Ã
'À . Ã ÅÀ . Ã
À Ã À Ã
À . Ã À.Ã
¿'1 Â ¿Å1 Â
L’ensemble des points de coordonnées (xi, yi) constitue un nuage (Figure 3.18 par
exemple) dont la forme donne une idée du lien linéaire qui peut exister entre X et Y.
Bien souvent le coefficient de corrélation sera suffisant pour caractériser le lien entre
variables pour peu que la dispersion autour de la droite de régression (résidus) soit à
peu près uniforme. Il suffira alors d’étudier le comportement aléatoire des résidus r et
de définir une loi de probabilité qui traduit ce comportement.
Exemple d’illustration :
Considérons les productions photovoltaïques de deux sites PV1 et PV2. La Figure 3.18
72
C H A P I T R E 3
0,9
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
L’étude des résidus montre qu’ils varient suivant une loi normale de moyenne 0 et
d’écart-type 0,07. La relation entre PV1 et PV2 s’écrit donc :
*2 1,12*1 + @
Avec @ v 0; 0,07 .
Notons qu’une dispersion plus large - mais toujours uniforme - que celle observée sur
l’exemple précédent aurait pour unique effet (hors mis évidemment la diminution du
coefficient de corrélation), l’augmentation de l’écart-type de la variable résidus r.
73
C H A P I T R E 3
1000 30000
800 25000
20000
600
15000
400
10000
200 5000
0 0
0 5 10 15 20 25 30 35 0 5 10 15 20 25 30 35
X –XX- 2X^2 3
X x–-Xx^3
30000000
800000
25000000
600000 20000000
15000000
400000
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
10000000
200000
5000000
0 0
0 5 10 15 20 25 30 35 0 5 10 15 20 25 30 35
Xx–- X 4 5
X x–-Xx^5
x^4
exemple) alors que les variables aléatoire X et X5 sont de façon évidente fortement liées
par une relation non linéaire.
Tableau 3.6 Matrice de corrélation
X X2 X3 X4 X5
En conclusion, dès lors que la relation entre deux variables aléatoires n’est pas linéaire,
et que les variables aléatoires ne sont pas gaussiennes, le coefficient de corrélation peut
au mieux donner une tendance autour d’une droite de régression moyenne - ce qui est
souvent suffisant - et au pire ne pas être adéquat. D’où la nécessité d’introduire d’autres
outils d’analyse de dépendance entre variables aléatoires.
74
C H A P I T R E 3
Autrement dit, une copule permet de lier une variable aléatoire multiple (par exemple la
production éolienne globale d’une région) avec ses variables marginales (les
productions éoliennes de chaque site de la région) par le biais d’une relation entre les
fonctions de répartition.
Théorème de Sklar : soit (x1,…,xn) un vecteur de variables aléatoires continues
admettant F1,…,Fn comme fonctions de répartition marginales et F comme fonction
prises par X)
On démontre que la corrélation de rang peut ne pas être suffisante à la définition
complète (exacte) de la structure de dépendance (Nielsen, 1999). En toute rigueur,
pour modéliser plusieurs variables aléatoires corrélées, trois éléments sont nécessaires :
les fonctions de répartition marginales F1,…,Fn, la matrice des coefficients de
corrélation de rang (tau de Kendall) et la copule C. Le processus de simulation de
variables aléatoires corrélées à l’aide de copules est détaillé dans (Papaefthymiou, 2006).
3 Plusieurs variables aléatoires sont dites comonotones si elles varient toujours dans le même sens, en d’autres
termes, si l’une d’elle croît, toutes les autres croissent également avec une probabilité de 1.
4Si X est une variable aléatoire, combinaison (linéaire ou non) de n variables aléatoires X1,…Xn alors, X est
appelée variable aléatoire multi-variée et les variables aléatoires X1,…Xn sont dites variables marginales de X.
75
C H A P I T R E 3
et des lois de probabilités décrivant la disponibilité de ses ouvrages. Pour l’étude d’un
système, ces lois peuvent être représentées par des distributions ou des séries
temporelles qui sont en fait des réalisations chronologiques des différentes variables
aléatoires. La question ici est de savoir quand et pour quelles études utiliser l’une ou
l’autre de ces représentations.
3.4.1 Les séries temporelles
Une série temporelle est une succession d’observations au cours du temps représentant
un phénomène (vent, puissance produite…) ; par hypothèse, le pas de temps des
observations est considéré constant : la seconde, l’heure, le jour…
Les séries temporelles sont utilisées pour réaliser les prévisions d’un phénomène à
partir de son comportement sur une période passée (historique).
Dans le cadre des études d’impact des énergies renouvelables sur les systèmes
électriques, l’utilisation des séries temporelles pour représenter les phénomènes
aléatoires du système présente l’avantage de restituer la dynamique du système dans sa
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
76
C H A P I T R E 3
z k
quantité de travaux. Les modèles dits physiques, (Perez, et al., 1990), (Perez, et al.,
2007), (Gueymard, 2003a), (Gueymard, 2003b), basés sur les formules de calcul de
l’irradiation théorique au sol et les données météorologique comme la couverture
nuageuse, sont les plus utilisés du fait de leur meilleure fiabilité. On rencontre aussi les
modèles mathématiques précédemment présentés : ARIMA (Zeroual, 1995), réseaux
de neurones (Sfetsos, et al., 1999). Ces modèles tirent avantage de la nature cyclique
(jour, nuit) fortement marquée de l’irradiation solaire.
3.4.1.3 Conclusion
Le but commun des différentes méthodes de génération de séries temporelles est de
simuler une série chronologique future qui aurait à peu près le même comportement
statistique (notamment en termes de corrélations et d’auto-corrélation) et la même
dépendance temporelle qu’une série chronologique passée. Il s’agit donc de prévision.
Les techniques de prévisions éprouvées en ce qui concerne la consommation
d’électricité, ne donnent pas encore de résultats satisfaisants en ce qui concerne le vent
par exemple. Les meilleures méthodes de prévision accusent une erreur de 15 % à un
horizon de 36 heures (Focken, et al., 2002), (Giebel, et al., 2003). Tandis que, par
exemple, RTE (le gestionnaire du réseau de transport français) enregistre un écart type
de l’erreur de prévision de consommation de 900 MW pour une consommation variant
de 35000 à 90000 MW (RTE, 2008) soit un pourcentage allant de 1 à 2,5.
La modélisation des aléas du système électrique par des séries temporelles a pour
principale motivation la prise en compte de la dépendance temporelle des variables
aléatoires – et par le même coup des dépendances entre variables – et des auto-
corrélations. Elle permet notamment de tenir compte des cycles de maintenance des
unités de production, de l’hydraulicité, (Matos, et al., 2009), du stockage par pompage
d’eau, de la saisonnalité de la consommation ect… Pour qu’une telle modélisation du
système soit fiable, il faudrait que toutes les grandeurs du système soient prévisibles
avec un niveau de précision comparable ; ce qui n’est pas les cas à l’heure actuelle pour
des horizons temps aussi lointains que ceux liés aux études de planification. De plus il
faut se rappeler que la génération d’une série temporelle se base sur un historique. La
réalisation de cette série temporelle pourrait être complètement différente de la
77
C H A P I T R E 3
Pour toutes les études de planification, où la notion de séquence est moins importante
que le respect de critères probabilistes globaux, la modélisation des variables du
système par des distributions de probabilité sera la plus adaptée. Pour que les tirages
aléatoire soient représentatifs le plus possible de la réalité, il faut tenir compte des
dépendances entre variables d’entrée et d’autres éléments particuliers tels que les cycles
de maintenance, la production hydraulique…
3.4.2.1 Prise en compte des dépendances
D’une manière générale, les liens entre les charges à différents nœuds et entre
productions renouvelables de même type à différents nœuds vont être pris en compte
en étudiant les corrélations entre les séries passées (historiques) de ces variables. Ces
78
C H A P I T R E 3
corrélations seront caractérisées par des relations linéaires comme décrit au paragraphe
3.3.3. La caractérisation des autres types de dépendance est expliquée dans la suite.
3.4.2.1.1 Dépendance génération/génération
Elle est de plusieurs ordres :
• La production renouvelable est indépendante de la production
conventionnelle. Par contre cette dernière s’adapte à la combinaison de la
première et de la demande. Il y a donc là un lien indirect pris en compte au
moment du dispatching.
• La maintenance programmée peut être prise en compte en faisant des tirages
de Monte Carlo conditionnels. L’analyse du fonctionnement du système
(notamment le dispatching) permet de détecter les situations mutuellement
exclusives et ainsi de définir des lois conditionnelles. Le processus de tirages
conditionnels est le suivant : soit (X, Y) un couple de variables aléatoires de
densité f(x,y), représentant la disponibilité de deux groupes ; on peut écrire
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
5 Optimised Power Flow : calcul de répartition de puissance optimisé sous contraintes techniques et économiques.
79
C H A P I T R E 3
1 2 3 1
Figure 3.21 Empilement des moyens de production sur une année de consommation
80
C H A P I T R E 3
3.5 Conclusion
Le fonctionnement normal d’un système électrique met en évidence des phénomènes
variables dont le comportement est modélisé de façon adéquate par des modèles
probabilistes (demande, disponibilité des ouvrages ect…). L’insertion au système des
énergies renouvelables, dont l’aspect stochastique est incontestable, vient accroitre le
nombre de paramètres variables influençant son fonctionnement. L’étude de l’impact
de ces dernières nécessite une modélisation probabiliste du système ; c'est-à-dire le
calcul de toutes les distributions de probabilité des variables d’entrée (consommation,
production conventionnelle, production éolienne…) et la détermination d’éventuelles
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
dépendances entre ces distributions. Des méthodes ont été proposées pour déterminer
les modèles probabilistes des productions conventionnelles et renouvelables. Les
corrélations peuvent être étudiées à l’aide d’une palette de méthodes allant de la
régression simple aux copules. Une régression simple « aménagée » sera privilégiée en
raison de sa simplicité de mise en œuvre. De plus son niveau de précision est suffisant
pour nos applications (par exemple l’insertion des énergies renouvelables en réseaux de
type insulaires). Les modèles probabilistes seront constitués de distributions de
probabilités car nous nous intéresserons surtout aux études d’impact à l’échelle
temporelle de la planification. Le chapitre suivant sera consacré à la description des
méthodologies de ces études.
81
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
C H A P I T R E 3
82
C H A P I T R E 4
Chapitre
4
4 Etudes d’impact des
EnR sur les systèmes
électriques :
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
méthodologies
L’arrivée massive des énergies renouvelables dans les réseaux
électriques impose de repenser la philosophie des études de réseaux.
L
’intégration de la production d’énergie renouvelable dans les systèmes
électriques pose une problématique nouvelle aux gestionnaires de réseaux du
fait notamment de l’aspect variable – voire aléatoire – des sources primaires
mises en jeu. Comme tout moyen de production, les unités de production
d’énergie renouvelable doivent pour être connectées au réseau, respecter un certain
nombre de contraintes techniques liées au fonctionnement des systèmes électriques
Contraintes qui pour certaines vont être redéfinies en tenant compte des spécificités
liées à la production renouvelable (les capacités de réglage de la fréquence par exemple
ne sont pas encore exigées aux unités de production d’EnR). Pour vérifier que ces
contraintes seront bien respectées par l’unité à raccorder, des études de fiabilité, de
sécurité du réseau sont réalisées au préalable ; ce sont des études de raccordement. La
variabilité des sources d’énergies primaires d’origines renouvelables - notamment
l’éolien et le photovoltaïque qui nous intéressent principalement dans ce travail - a
rendu très rapidement nécessaire la réalisation d’études dans le but d’analyser l’impact
global de ces énergies sur un système électrique et estimer jusqu’à quel point elles
pouvaient être intégrées au système. Il s’agit là des études d’intégration. Cette variabilité,
combinée au fait qu’un système électrique en fonctionnement « classique » doit déjà
faire face à des phénomènes de nature aléatoire (disponibilité des ouvrages, variation de
la consommation), laisse penser que les méthodes probabilistes seraient
particulièrement bien adaptées pour réaliser les études sus citées.
83
C H A P I T R E 4
système à fournir l’énergie de façon continue, avec le minimum d’interruptions sur une
période relativement longue.
Sécurité : elle mesure en termes de risque la capacité du système à répondre aux
perturbations soudaines sans interruption de fourniture. Elle traduit la robustesse du
système face aux perturbations soudaines et par conséquent, dépend des conditions de
fonctionnement précédant les incidents et de la probabilité pour ces incidents d’être
perturbants. La sécurité est associée à la dynamique du système.
Stabilité : c’est la capacité du système, dans un état initial donné, à retrouver un état
d’équilibre stable après une perturbation physique. Elle dépend des conditions initiales
de fonctionnement et de la nature de la perturbation. On remarquera que la notion de
probabilité n’apparaît pas dans cette définition.
4.1.1.2 Rapport entre fiabilité, sécurité et stabilité
Les concepts de fiabilité, sécurité et stabilité s’imbriquent les uns dans les autres de la
façon suivante : un système doit être fiable aussi bien dans son fonctionnement
quotidien (exploitation) que sur la durée (planification). Pour être fiable, un système
doit avoir un bon critère de sécurité à tout instant. Pour avoir un bon critère de
sécurité, il doit pouvoir revenir à un état d’équilibre après perturbation – donc être
stable – mais aussi pouvoir résister aux perturbations soudaines et exceptionnelles.
La différence entre stabilité et sécurité s’illustre en observant les conséquences d’une
perturbation sur deux systèmes ayant le même degré de stabilité. Le système le plus
sécurisé subira, suite à cette perturbation, les conséquences les moins sévères.
La sécurité et la stabilité sont des critères qui varient dans le temps et dont la valeur est
fonction des conditions de fonctionnement du système. La fiabilité quand à elle traduit
la performance moyenne du système au cours d’une période de fonctionnement
relativement longue. Elle est donc évaluée en considérant le comportement du système
sur une longue période.
La fiabilité est liée à un aspect fondamental du fonctionnement des systèmes
électriques : l’adéquation, qui est l’aptitude du système à satisfaire la demande globale à
84
C H A P I T R E 4
• LOLP (loss of load probability) : c’est le plus ancien et le plus basique des
critères. Il définit la probabilité de ne pas satisfaire la demande sur une
période donnée. Il caractérise donc le risque de délestage mais ne donne
aucune indication sur l’ampleur de celui-ci.
• LOLE (loss of load expectation) : il est défini comme l’espérance
mathématique du nombre d’heures (resp. de jours) de l’année durant
lesquels la demande de pointe horaire (resp. journalière) n’est pas satisfaite
faute de capacité de production.
• LOEE (loss of energy expectation): c’est l’espérance mathématique de l’énergie
non fournie du fait de l’insuffisance des capacités de production par
rapport à la demande. Il donne une idée de la sévérité du délestage.
• LOLF (loss of load frequency) : nombre moyen de fois où il y a insuffisance de
capacité de production par rapport à la demande.
Les indices précédemment cités permettent d’évaluer le fonctionnement global du
système. Pour rendre compte du comportement local on utilise les indices de
fiabilité relatifs aux nœuds du réseau (Allan, et al., 2000) dont quelques uns sont
cités ici :
• La probabilité de défaillance,
• Les espérances mathématiques de la fréquence de défaillance, du nombre
de violations de tensions, de la consommation délestée, de l’énergie non
fournie ect…
Plusieurs autres indices de fiabilités sont donnés dans la littérature spécialisée
(Allan, et al., 2000), (Billinton, et al., 2004). Il est à noter qu’ils ne peuvent être
tous évalués et que le choix se fait en fonction du type d’étude et des défauts
analysés.
Ces différents critères sont des valeurs moyennes de distribution de probabilité sur
une période. Ils représentent donc des mesures relatives permettant de comparer
de façon objective plusieurs scénarii d’évolution du système.
85
C H A P I T R E 4
86
C H A P I T R E 4
87
C H A P I T R E 4
Pij, Qij
Nœud i
Pik, Qik
Pi, Qi
` _ `Ê S` 3h , … , 31 ; Éh , … , É1
z`[`$Ï1$
`14`·¶1m¶$ ¶1 `
4.1
` _ `Ê ` 3h , … , 31 ; Éh , … , É1
z`[`$Ï1$
`14`·¶1m¶$ ¶1 `
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
Où, Pij et Qij sont les transits actifs et réactifs dans les lignes ‘nœud i – nœud j’. Ils
s’expriment également par des relations non linéaires avec les variables d’état du
4.2
`Ê `Ê 3` , 3Ê , É` , ÉÊ , Ð`Ê
` S` 3h , … , 31 ; Éh , … , É1
1
Ó Ö Ó Ös
Ò ÕÒ Õ< 4.3
Ò Õ Ò Õ1
s
Ñ` Ô Ñ` 3h , … , 31 ; Éh , … , É1
Ô <
On peut remarquer que l’état électrique du nœud i est caractérisé par quatre variables, à
savoir les puissances actives et réactives (Pi, Qi), la tension en module et phase (Ui, θi).
Deux des variables seront indépendantes et données, le calcul s’effectuant sur les deux
autres. Pour résoudre le problème, on distingue trois types de nœuds pour lesquels
deux des quatre grandeurs sont données.
• Le nœud bilan indicé par 1 tel que θ1 (= 0) et U1 sont donnés. Ce nœud permet
de couvrir les pertes actives et réactives et également la différence (si elle existe)
entre production totale et consommation totale de puissance active et réactive.
88
C H A P I T R E 4
` S` 3kce , … , 31 ; Ée , … , É1
2
Ó Ö Ó Ö s
Ò ÕÒ Õ < 4.4
Ò Õ Ò Õ> + 2
s
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
Sous cette forme on obtient un système de (2n – m – 2) équations non linéaires à (2n –
m – 2) inconnues. Il est résolu par des méthodes itératives telles que Gauus-Seidel ou
encore Newton-Raphson (Eremia, et al., 2000).
4.1.2.2.2 Répartition optimale des puissances « Optimised load flow » (OPF)
Connaissant les charges d’un réseau, l’OPF permet d’établir un plan de production des
puissances actives et réactives qui soit économiquement optimal tout en respectant les
limites des générateurs, les limites de transit sur les liaisons et les contraintes de tension
aux nœuds. La solution obtenue doit en outre minimiser les pertes ohmiques. Il s’agit
en fait d’un problème de « load flow » classique auquel on a ajouté des contraintes
économiques (minimisation du coût de production) et techniques (respect des limites
admissibles de transit, de tension et de capacités de production des unités). Le
problème de répartition optimale des puissances est résolu en deux étapes :
• Adéquation production-consommation : pour satisfaire la demande, les unités de
production sont sélectionnées sur un critère économique. Les unités les moins
coûteuses sont prioritaires.
• Sécurité statique : l’adéquation étant réalisée, le réseau est rajouté et le système
ainsi constitué est simulé (« load flow ») et le respect des contraintes est vérifié. Si
des violations de contraintes sont enregistrées, plusieurs mesures peuvent être
prises parmi lesquelles, par ordre de priorité, la modification du dispatching
initial, la compensation de réactif et les délestages.
4.1.2.3 Analyse dynamique de sécurité
Cette analyse à pour but de vérifier la stabilité du système suite à une perturbation
connue. Elle vient à la suite d’une analyse statique et a comme principale donnée
89
C H A P I T R E 4
90
C H A P I T R E 4
S M
4.5
× M
Où :
• Y est le vecteur d’entrée qui comprend les injections nodales de puissance,
• X est le vecteur d’état composé des tensions en grandeur et module de tous les
noeuds,
• Z est le vecteur de résultats qui contient les transits de puissance dans les lignes.
91
C H A P I T R E 4
M MR + ØWh 4.6
Où Ø
Ùj
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
Ù
est la matrice jacobienne du système.
Après linéarisation, le vecteur résultat Z s’exprime comme une fonction linéaire du
vecteur d’entrée (injections nodales de puissance) Y. Ces entrées étant définies sous
forme de distributions de probabilité.
× ×R + ] 4.7
Ùj
Wh
Avec ] ØWh .
ÙÚ
ÙÚ
Ù Ù Ù
Les équations (4.6) et (4.7) permettent d’obtenir les fonctions densité de probabilité de
variables inconnues en utilisant les techniques de convolution et la théorie des
fonctions de variables aléatoires (Usaola, 2009) (expansion de Cornish-Fischer par
exemple). Ces techniques sont valables sous les conditions supplémentaires suivantes :
• indépendance statistique des variables aléatoires d’entrée (Borkowska, 1973) ;
• normalité des variables aléatoires d’entrée (Eremia, et al., 2000).
Certaines méthodes analytiques permettent de considérer des corrélations linéaires
simples entre les variables d’entrées (Usaola, 2009), (Leite Da Silva, et al., 1984) mais
restent limitées du fait de la non linéarité des équations de « load flow ».
Le modèle analytique est structuré pour fournir une description probabiliste des
variables aléatoires inconnues. Pour cela il doit être mis sous forme d’un système
d’équations linéaires matérialisant la liaison entre les variables inconnues et les variables
d’état du système.
92
C H A P I T R E 4
93
C H A P I T R E 4
variables, des dépendances pouvant exister entre elles. Cette question a été traitée au
paragraphe 3.4.2.
4.1.3.4.3 Validité des résultats obtenus par simulations de Monte Carlo
Le principal inconvénient des méthodes qui ont recours aux simulations de Monte
Carlo est le besoin d’un grand nombre de simulations pour couvrir tous les cas
possibles et donc assurer la validité des résultats.
En toute rigueur, pour simuler, par exemple, une année de points de fonctionnement
horaires en ne tenant compte que des variations de la demande et de la puissance
éolienne, il faudrait effectuer 87602 = 76737600 tirages ! Dans la pratique il est
rédhibitoire en termes de temps de calcul d’envisager un tel nombre de simulations.
L’approche probabiliste basée sur les tirages de Monte Carlo pose donc le problème du
nombre d’échantillons représentatif de toute la « population » de points de
fonctionnement à simuler. De plus ces points de fonctionnement ne sont entièrement
caractérisés (flux, tensions, défaillances, productions…) qu’après simulations. La
population analysée statistiquement est en fait constituée de l’ensemble des résultats des
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
simulations TROPIC.
défaillance Û ²
∑1̀oh ² '`
où D(xi) est la fonction test de l’état xi. D(xi) = 1 si
h
Lorsqu’on effectue n simulations du système, on peut estimer une probabilité de
1
l’état xi est défaillant et D(xi) = 0 dans le cas contraire.
* Û ²
* ²
⁄<
L’incertitude sur cette estimation est donnée par sa variance (Billinton, et al., 1994) :
4.8
En fonction de la précision désirée, il est possible de déterminer le nombre
d’échantillons nécessaires. L’indicateur le plus utilisé pour évaluer cette précision est le
coefficient de variation défini par :
Ü* Û ²
g* ²
⁄<
4.9
Û ²
Û ²
Le nombre d’échantillons nécessaires s’écrit alors :
< * ²
ÝÛ ²
e
4.10
On constate qu’une réduction de la variance V(D), avec un coefficient de variation
constant, conduit à la diminution du nombre de tirages n ; d’où le développement des
techniques de réduction de variance rencontrées dans la littérature.
Une autre alternative pour déterminer le nombre de simulations nécessaire est de
calculer la différence relative (intervalle de variations) entre les estimations pour
Û ²
1 # Û ²
k
plusieurs valeurs consécutives de n, et de définir une valeur limite ε de cette différence.
∆Û ß ß N 4.11
Û ²
1
94
C H A P I T R E 4
c’est le cas pour une simulation déterministe. Les variables de sortie peuvent alors être
représentées par des distributions de probabilité.
OUI
La méthode de Monte Carlo est gourmande en temps et moyens de calcul mais elle
présente l’avantage de permettre la modélisation des données d’entrée avec tout type de
distribution de probabilité (y compris les distributions non paramétrées). De plus,
95
C H A P I T R E 4
96
C H A P I T R E 4
97
C H A P I T R E 4
• vérification des conséquences sur les plans de tension des réseaux HTA et
BT.
• vérification de la tenue de la tension au poste source : risque de butée
régleur,
• modification des comptages au poste source,
• vérification de la tenue des matériels aux courants de court-circuit
supplémentaires apportés par l’installation de production,
• vérification du fonctionnement du plan de protection contre les défauts
entre phases du réseau HTA et du poste de livraison,
• choix de la protection de découplage,
• évaluation de la nécessité d’installation d'un dispositif d'échange
d'informations d'exploitation.
Pour les installations de production d’énergie éolienne et photovoltaïque, des
vérifications complémentaires sont à effectuer :
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
98
C H A P I T R E 4
4.2.4 Conclusion
Les études de raccordement et d’intégration telles que pratiquées à l’heure actuelle par
les acteurs du système électrique (en particulier français) reposent sur des méthodes
essentiellement déterministes avec comme avantages, la simplicité de mise en œuvre,
les temps de calcul réduits, mais comme principal inconvénient, la non considération
de plusieurs aléas intrinsèquement liés au fonctionnement du système électrique. Les
lois de probabilités caractérisant ces aléas forment le modèle probabiliste du système
électrique qui est la base des études probabilistes dont les méthodes vont être décrites
dans le paragraphe suivant.
grandes catégories : les études d’insertion qui concernent l’impact global d’un parc
de production d’EnR sur le système électrique et les études de raccordement qui
permettent d’évaluer l’impact local d’une nouvelle unité de production avant sa
connexion au réseau. Chacune des deux catégories comporte plusieurs types
d’études qui, à part la détermination du crédit de capacité, sont basées sur des
analyses de sécurité statique ou dynamique du réseau. Pour chaque type d’étude,
sera d’abord succinctement présentée la logique déterministe classique, ensuite une
description détaillée de la méthode probabiliste proposée sera donnée.
4.3.1 Etudes d’insertion
Les études d’insertion sont des outils de gestion prévisionnelle et de planification du
système électrique. Elles permettent au gestionnaire de réseau d’avoir une vision à
moyen ou long terme de l’impact d’un parc d’EnR sur son système.
4.3.1.1 Crédit de capacité
Le crédit de capacité est défini comme étant la puissance des moyens de
production conventionnels qui peut être remplacée par une source intermittente,
comme l’éolien ou le PV, sans diminuer la fiabilité en terme d’adéquation (LOLP)
du système. Sa détermination nécessite donc une étude que nous avons classée
parmi les études d’insertion.
La détermination du crédit de capacité d’une installation de production d’EnR est une
étude probabiliste par excellence car elle est basée sur la comparaison de l’indice de
fiabilité (critère probabiliste) du système sans et avec EnR.
Le calcul de cet indice se fait en combinant les modèles probabilistes de la
production et de la demande (Figure 4.2).
99
C H A P I T R E 4
Modèle Modèle
probabiliste de la probabiliste de la
production demande
Probabilité d’avoir :
Production < demande
Indices de fiabilité
(LOLP)
1 - LOLPG+EnR
EnR
1 - LOLPG
EnR
G0 G0
G0,EnR
1) 2) 3)
³R # ³R,à1
100 4.12
<,
où :
100
C H A P I T R E 4
101
C H A P I T R E 4
MW
Figure 4.4 distribution de probabilité de la marge du système sans et avec production éolienne : cas d’un système de production
insulaire français
102
C H A P I T R E 4
Toute la production à un instant donné devant être absorbée, cela se traduit par
l’équation 4.14 qui exprime le fait que la demande, défalquée de la production d’EnR,
doit toujours être au moins égale à la puissance thermique minimale du système.
103
C H A P I T R E 4
b. Modélisation probabiliste des variables d’entrée : les paramètres d’entrée sont les lois
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
104
C H A P I T R E 4
E2
E1 Fp2
Fp1
Réseau
Electrique
Fpc
Charge
105
C H A P I T R E 4
106
C H A P I T R E 4
fonctionnement du réseau (point horaires sur une année par exemple). Ces
derniers ayant été au préalable testés par le biais d’une analyse de sécurité statique.
L’analyse de sécurité dynamique en vue de déterminer un taux de pénétration
maximal est donc la suite logique d’une analyse statique qui aura permis de trouver
une première valeur limite du taux de pénétration. Elle nécessite en entrée
l’ensemble des points de fonctionnement « sûrs » selon les critères statiques
(transits et plan de tension).
Plus précisément, la détermination de l’impact d’un parc d’EnR sur la dynamique
d’un réseau consistera en la détermination du risque de défaillance du réseau suite
à un défaut. En d’autres termes, le défaut n’est pas simulé uniquement pour
quelques plans de production donnés mais pour tous les plans de production
possibles du système sur la période d’étude.
La méthodologie s’articule autour de trois grands axes :
• Caractérisation du (des) défaut(s) à simuler : s’il s’agit d’un court-circuit, il
faudra déterminer le point d’application, son intensité, sa durée… La perte
du plus gros groupe est un incident dimensionnant souvent simulé.
• Par rapport à chaque défaut, les contraintes fixées par le gestionnaire de
réseaux sont identifiées. Les critères probabilistes sont ensuite définis. Si
l’objectif est par exemple de déterminer la probabilité de défaillance du
réseau après la perte du plus gros groupe. La contrainte est alors le niveau
de délestage qui doit rester inférieur à x pourcent de la demande. La
probabilité de défaillance correspond alors à la probabilité d’avoir un
délestage supérieur à la valeur plafond.
• Après ces deux premières étapes, la démarche est la même que celle décrite
au paragraphe 4.3.1.3.3 à la différence que l’impact d’un parc de
production est jugé sur plusieurs critères liés à chaque défaut simulé. Le
critère le plus contraignant conduira à la limitation de l’insertion des EnR
dans le système étudié.
107
C H A P I T R E 4
108
C H A P I T R E 4
OUI
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
Critère respecté ?
NON
NON
Critères
respectés ?
OUI
NON
Critères
respectés ?
OUI
Valeur du taux de
pénétration = PEnR/Dmax
109
C H A P I T R E 4
4.3.1.5 Conclusion
Par le biais de l’étude du taux de pénétration d’un parc d’EnR dans un réseau, on
analyse tous les impacts globaux des EnR sur ce réseau. L’adéquation en production et
en transport est analysée par l’étude statique, l’analyse de sécurité dynamique permet de
caractériser l’impact sur la stabilité du réseau, le niveau de réserve est aussi analysé. De
plus l’influence du parc sur le dispatching peut être mesurée vu que la modélisation
probabiliste permet de simuler un grand nombre de plans de production. Comparée à
la méthode déterministe dont le résultat se résume à une valeur de taux de pénétration
ou à un jugement booléen de l’impact d’un parc d’EnR, la méthode probabiliste
apporte une réponse plus étoffée à la question. L’impact des EnR est jugé par une
probabilité de défaillance, Toutes les situations sont simulées, y compris les défaillantes
qui peuvent donc être caractérisées. Cette caractérisation permet d’établir des règles
d’exploitation pour faire face ou mieux, éviter les situations défaillantes.
4.3.2 Etudes de raccordement
Ces études permettent d’évaluer l’impact d’une unité de production d’EnR sur son
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
110
C H A P I T R E 4
111
C H A P I T R E 4
4.5 Conclusion
L’état de l’art de l’analyse des systèmes électriques montre que, très tôt est apparu le
souci de prendre en compte les aléas du système. A EDF, une approche que nous
avons qualifiée de « partiellement probabiliste » à été mise en ouvre au travers de l’outil
112
C H A P I T R E 4
113
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
C H A P I T R E 4
114
C H A P I T R E 5
Chapitre
5
5 Méthodes
probabilistes :
applications et apports
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
C
e chapitre est dédié à l’application des méthodes probabilistes présentées
au chapitre précédent. Ces méthodes seront appliquées à deux cas
d’études couramment rencontrés :
• l’étude de raccordement d’une ferme éolienne à un départ d’un réseau de
distribution de type rural,
• l’étude de l’impact d’un parc d’éolien et de fermes photovoltaïques sur un
système électrique comparable à un système insulaire. Elle consistera au
calcul du taux de pénétration d’un parc d’énergies renouvelables dans le
système et à analyser l’impact de ce parc sur notamment le dispatching de
la production conventionnelle et sur l’allocation de la réserve.
L’approche probabiliste pour l’étude du taux de pénétration maximal d’un parc
d’éolien et de photovoltaïque a été appliquée, dans le cadre de la collaboration
avec EDF, au cas pratique d’un réseau insulaire français. Quelques résultats de
cette étude sont publiés dans (Bayem, et al., 2009).
Pour les deux cas d’études précédemment cités, l’application des méthodes se
limitera aux études statiques. Comme nous l’avons vu au chapitre 4, le principe
général de la méthode est le même pour les études dynamiques qui sont une suite
de ce travail.
115
C H A P I T R E 5
L’objectif de l’outil ASSESS est illustré par la Figure 5.1. A partir des lois de probabilité,
plusieurs situations de réseaux sont construites par tirages de Monte Carlo. Ces
situations sont simulées (à l’aide de l’un ou de plusieurs logiciels précédemment cités) et
classées suivant si une défaillance a été enregistrée ou pas. Le critère probabiliste du
taux de défaillance peut ainsi être calculé. Les situations calculées peuvent être analysées
pour déterminer les causes explicatives des situations défaillantes.
Situations défaillantes
5.1.2 TROPIC
Pour les études du comportement statique du système électrique, le code de calcul
utilisé est l’OPF (Optimized Power Flow) TROPIC qui permet d’optimiser le
placement de la production sous contraintes de réseau (transit, plan de tension, N-
1) ; les calculs réseau sont effectués en actif et en réactif.
Pour converger, le code TROPIC peut être amené à résoudre des contraintes
(transit ou plan de tension) par du délestage d’actif et/ou par de la compensation
116
C H A P I T R E 5
de réactif (ajouts de MVar). Ainsi dans les fichiers résultats, une violation de limite
de tension en un nœud sera caractérisée par un ajout de MVar en ce nœud. Le
délestage d’actif indiquera la présence de congestions.
5.1.3 EUROSTAG
EUROSTAG est un outil, développé conjointement par TRACTEBEL et EDF, qui
permet, quelque soit la taille du système, de simuler son comportement en statique et
en dynamique. En statique il permet de calculer la répartition de puissance et le plan de
tension. En dynamique, quelque soit la nature des perturbations (à l’exeption des
transitoires électromagnétiques), il permet de visualiser le comportement du réseau.
117
C H A P I T R E 5
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
118
C H A P I T R E 5
Pferme (MW) Cas de charge état transit plan de tension transit D14-F14 (pu) tension F14 (kV)
119
C H A P I T R E 5
Pferme (MW) Cas de charge état transit plan de tension transit D14-F14 (pu) tension F14 (kV)
min défaillance défaillance - 1,1 21,97
3,3
max pas de défaillance pas de défaillance - 0,85 20,92
contraignante (dans le sens qui entraine la première des contraintes) est celle
correspondant à ‘charge minimale/puissance éolienne maximale’. Plus le différentiel entre la
production éolienne (2,8 ; 3 ; 3,3 MW…) et la consommation minimale ( 0,28 MW) en
aval du point de raccordement est important, plus le flux de puissance induit en amont
du point raccordement vers le poste source (sens contraire du sens traditionnel)
s’accroit au point de dépasser (à partir de 3 MW d’éolien) la capacité de la ligne amont
et donc causer des problèmes de transit. De plus, la tension étant tenue au poste
source, ce flux en sens inverse du sens traditionnel entraine une augmentation de
tension au point de raccordement.
5.2.4 Approche probabiliste
Conformément à ce qui a déjà été écrit, l’approche probabiliste consistera à simuler le
système sur une période donnée (un an pour le cas présent) et à évaluer le risque de
défaillance. La défaillance étant définie pour cette étude comme la violation d’une limite
de transit dans les lignes ou d’une limite de tension aux nœuds.
5.2.4.1 Modèle probabiliste du système
Les deux paramètres du système dont la variation est prise en compte sont la demande
et la production éolienne.
5.2.4.1.1 La demande
La demande globale au niveau du poste source a été modélisée par une gaussienne de
moyenne 7,65 MW, d’écart-type 1,5 MW, de valeur minimale 3 MW et de valeur
maximale 12,3 MW.
120
C H A P I T R E 5
Cette demande globale doit être répartie entre les divers nœuds du réseau. Au niveau
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
distribution, chaque nœud a des particularités propres aux usages (résidentiel, usines…)
qui y sont raccordés ; une répartition au prorata d’une situation de référence n’est donc
pas adéquate.
²`Ï
Dans notre cas d’étude la puissance totale a été répartie de la manière suivante :
²`Ê -` ² 5.1
²Ï Ê
où :
• Dij est le jème tirage de la demande au nœud i,
• Dj est le jème tirage de la demande totale du poste source (tirage effectué selon la
gaussienne de la demande totale),
• Do est la demande totale de référence (cas de base),
• Dio est la demande de référence au nœud i,
• ki est un coefficient qui varie suivant une gaussienne de moyenne 1 et d’écart-
type 0,25.
Cette répartition traduit en fait une corrélation partielle (coefficients de corrélation
compris entre 0,5 et 0,8) entre les consommations des différents nœuds.
5.2.4.1.2 La production éolienne
Le modèle probabiliste de la production éolienne est obtenu suivant la méthode décrite
au chapitre 3. Vu les ordres de grandeur en jeu (3 à 5 MW), la production éolienne a été
considérée comme provenant d’une petite ferme de quelques turbines. Les effets de
foisonnement sont donc inexistants et la ferme a le même comportement probabiliste
qu’une turbine éolienne (Figure 5.4).
121
C H A P I T R E 5
0,05).
Pour le cas d’étude de raccordement présentée dans cette partie, la taille optimale de
l’échantillon est de 2000.
5.2.4.2.2 Critères probabiliste
La défaillance est définie comme étant la violation des contraintes analysées. Il s’agit
des contraintes de transit (transit maximal dans les lignes), et de tension (±5% de 20kV
sur chaque nœud).
A titre d’exemple, la norme NF EN 50160 peut être une référence pour fixer un critère
probabiliste. En effet il y est spécifié que « Dans les conditions normales de
fonctionnement, en dehors des situations faisant suite à des défauts, ou à des
interruptions, pour chaque période d’une semaine, 95% des valeurs efficace de tension
fournie moyennées sur 10 minutes doivent se situer dans la plage Un±10%.
Pour cette étude nous ne choisirons pas une valeur fixe du critère probabiliste quelque
soit la contrainte (transit ou tension). Le but recherché est de mettre en évidence
l’impact du choix de cette limite sur le résultat de l’étude.
122
C H A P I T R E 5
5.2.4.2.3 Résultats
Pour chaque valeur de puissance éolienne installée, une analyse de sécurité statique du
système est effectuée sur 2000 points de fonctionnement. Les taux de défaillance sont
calculés pour chaque niveau de puissance de la ferme et une analyse de sensibilité du
système au niveau de puissance éolienne installée est réalisée.
Le Tableau 5.3 montre qu’à partir de 3 MW, les situations de défaillance apparaissent et
que le pourcentage de défaillances augmente par la suite très rapidement. Les violations
de limites de tension sont uniquement des surtensions et surviennent surtout à
puissance éolienne maximale et à charge minimale voire moyenne. Les limites de transit
sont atteintes en amont du nœud de raccordement de la ferme (F14). Les violations de
limites de transit sont enregistrées lorsque la différence entre la puissance éolienne et la
charge aval est supérieure à la capacité de transit de la ligne directement en amont du
nœud de raccordement (D14 – F14) ; ce qui entraine des problèmes de tension au
nœud F14.
Tableau 5.3 Résultats de l’analyse de sensibilité du système à la puissance de la ferme éolienne
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
2,5 0 0 0
2,8 0 0 0
3 0 0 0,1
4 19,7 1,3 21
P_eol - Charge-aval >
Rq charge moyenne et peol_max
capacité de transit amont
5.2.4.2.4 Analyse comparative des deux méthodologies pour le cas P_eol = 3,3 MW
Du point de vu déterministe, en analysant les situations les « plus contraignantes », la
conclusion immédiate est qu’une ferme de 3,3 MW altère la sécurité du système et par
conséquent ne peut être raccordée. Cependant, une analyse du risque de défaillance du
système en présence de cette ferme montre que sur une période de fonctionnement
d’un an, le pourcentage de congestion est de 0,3%, le pourcentage de surtension est de
5,7%. Le raccordement de cette ferme au réseau peut donc être réalisé à la condition
que le gestionnaire de réseau et le producteur mettent en place les dispositions
adéquates (effacement, stockage, pilotage de charge…) pour gérer les situations à
risque.
L’approche probabiliste permet non seulement de déterminer une probabilité de
défaillance mais aussi d’analyser les situations défaillantes et ainsi de les anticiper en
prenant les mesures adéquates. Cette tache est plus aisée pour un réseau de distribution
simple comme celui de notre étude car il n’y a que deux paramètres qui varient. Nous
verrons par la suite pour les études d’intégration qu’une analyse approfondie peut
s’avérer nécessaire.
123
C H A P I T R E 5
Puissance éolienne en MW
Demande en MW
a)
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
Puissance éolienne en MW
Demande en MW
b)
La Figure 5.5 représente pour les 2000 points de fonctionnement simulés, en a), les
simulations ayant conduit à un problème de tension (points rouges), en b) les
simulations ayant conduit à un problème de transit (points jaunes). Ces résultats
confirment ceux obtenus avec l’approche déterministe, à savoir que : lorsque la
production éolienne est au maximum et la charge au minimum, les surtensions et les
congestions surviennent. On constate sur la figure que ces violations de contraintes
peuvent aussi survenir pour des situations différentes mais proches de la situation
déterministe de référence ‘charge minimale/puissance éolienne maximale’. Par exemple pour
les contraintes de tension les situations ayant conduit à des défaillances sont caractérisés
par une puissance éolienne entre 3,12 et 3,3 MW et une demande entre 3 et 8 MW.
L’information supplémentaire qui peut être tirée de la figure est que sur une période de
fonctionnement relativement longue, les situations « à risque de défaillances » sont
suffisamment rares pour aboutir à un nombre de situations défaillantes pouvant être
géré de façon acceptable par le gestionnaire et le producteur.
124
C H A P I T R E 5
La Figure 5.7 met en évidence l’inversion de flux due à l’injection de puissance éolienne
au nœud F14. Rappelons que la capacité de transit maximal de cette ligne est de 2,5
MW ; on constate que la ligne est plus chargée quand le flux circule vers le poste source
(sens inverse du sens traditionnel) et que toutes les situations de surcharges (0,3%)
n’interviennent que dans ce cas de figure.
5.2.4.2.5 Comparaison des productibles annuels pour les cas Peol = 2,8 MW et Peol = 3,3 MW
L’énergie produite sur une année par une turbine ou une ferme éolienne peut se
calculer,
• soit à partir de la densité de probabilité de la vitesse du vent sur le site et la
caractéristique vent – puissance (Papathanassiou, et al., 2006). Elle s’exprime
alors :
125
C H A P I T R E 5
`oh
où fp(pi) est la probabilité pour la valeur de la puissance éolienne soit comprise dans
l’intervalle de discrétisation [pi – ε/2 ; pi + ε/2 ].
Les études déterministe et probabilistes ont montré qu’une ferme de 2,8 MW pouyait
être raccordé sans écrêtement de puissance alors qu’une ferme de 3,3 MW pouvait être
raccordé avec la possibilité de voir sa production limitée à 2,8 MW 5,7 % du temps
pour éviter les contraintes.
Le productible annuel de la ferme de 2,8 MW est calculable directement par la formule
5.4 et est de : 8,3 GWh.
Le productible de la ferme de 3,3 MW si elle n’était pas écrêtée est de : 9,8 GWh. Si sa
production est limité à 2,8 MW 5,7 % du temps, cela équivaut à une perte de
production de 0,5 MW pendant 500 heures soit une énergie non produite de 0,25
GWh. Le productible annuel de la ferme de 3,3 MW dans les conditions de
fonctionnement résultant de l’étude probabiliste est alors de 9,55 GWh.
On constate que malgré la limitation de puissance le raccordement de la ferme de 3,3
MW permet de produire d’environ 1,25 GWh de plus que la ferme de 2,8 MW sur une
année.
5.2.5 Conclusion
En appliquant la méthode déterministe pour évaluer la puissance maximale d’une
ferme éolienne à raccorder au nœud F14 du réseau de distribution étudié, on abouti à
un résultat de 2,8 MW. La méthode probabiliste moyennant des hypothèses conduit à
un résultat plus nuancé. En effet en modélisant les variations de la ferme et de la
demande sur une longue période on constate que les situations entrainant des défauts
de fonctionnement du système sont relativement rares (0,1% pour une ferme de
3MW ; 5,7 % pour 3,3 MW). Ces défauts de fonctionnement peuvent être évités en
écrêtant la production de la ferme.
126
C H A P I T R E 5
photovoltaïque dans le système. L’impact sera d’abord quantifié avec une logique
déterministe, c'est-à-dire en faisant une analyse du type « défaillance/pas défaillance »
de quelques points de fonctionnement, il sera ensuite quantifié avec une logique
probabiliste, c'est-à-dire en faisant une analyse du risque de défaillance. Les contraintes
techniques qui définiront l’impact des EnR seront d’une part liées aux exigences en
termes de réserve globale du système et d’autre part liées à la sécurité statique du
système ; c'est-à-dire les limites de transit et de tension. L’étude de l’impact d’un mix
éolien-photovoltaïque sera donc subdivisée en deux sous études : une étude
d’adéquation en réserves et une analyse de sécurité statique.
5.3.2 Le système et hypothèses d’étude
Le système étudié est celui du tutorial de l’outil ASSESS. Il s’agit d’un système de type
insulaire constitué d’un réseau de transport 90 kV et de moyens de production
thermiques. Le système étant purement théorique, sans moyens de production
hydrauliques, tous les traitements liés à l’hydraulicité (cf. paragraphe 3.4.2.1.3) ne seront
pas présents dans ce cas d’étude.
Le réseau de transport maillé est constitué de 35 lignes et de 78 nœuds dont 28 nœuds
au niveau de tension 90 kV. Ces nœuds peuvent être de production ou de
consommation. Les caractéristiques détaillées de ces éléments sont données en annexe.
Le système est séparé en deux zones A et B (Figure 5.8). La puissance installée hors
EnR est de 355 MW pour une consommation maximale de 332 MW. La
consommation minimale est de 76 MW
Le fonctionnement de ce système est régi par les mêmes règles d’exploitation que celles
employées pour les réseaux insulaires français. Les règles d’exploitation qui seront
observées sont celles ayant trait aux exigences de réserves et à la sécurité statique du
système :
• La réserve globale du système est au minimum de 20 MW.
• Tous les groupes ont une puissance minimale de fonctionnement Pmin. La
réserve maximale d’un groupe est égale à Pmax – Pmin, où Pmax est la puissance
127
C H A P I T R E 5
Les EnR raccordées à ce système sont supposées ne pas contribuer pas à la réserve.
Elles n’ont, par hypothèse, pas de capacité ni de production ni d’absorption de réactif.
Le dispatching de la production est organisé de la façon suivante :
• Les EnR représentent de l’énergie fatale et sont par conséquent prioritaires
dans l’empilement.
• Les autres moyens de production sont sélectionnés selon des critères
économiques (coûts de démarrage et de fonctionnement).
128
C H A P I T R E 5
ZONE B
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
ZONE A
129
C H A P I T R E 5
36 äå ;
•
130
C H A P I T R E 5
Dans le Tableau 5.6, en gras sont données les compensations effectuées aux points de
raccordement des EnR. Pour une puissance EnR installée de 60 MW, on a une
compensation de 0,73 Mvars sur un site éolien ; ce qui veut dire que tout le reste du
système n’est pas affecté ; cela peut être considéré comme de la production de réactif
de la ferme. A partir de 60 MW d’EnR, le nœud WINBSC1 est toujours compensé :
c’est le nœud le plus contraint en tension ; la Figure 5.9 montre l’évolution de la
compensation à ce nœud en fonction de la puissance EnR installée.
MVar ajoutés
Figure 5.9 Compensation de réactif au nœud WINBSC1 en fonction de la taille du parc d’EnR
131
C H A P I T R E 5
132
C H A P I T R E 5
0,45
0,45
0,4
0,4
0,35
0,35
0,3
0,3
é 0,25 té 0,25
itil ili
b
a 0,2
ab 0,2 b
b
o ro 0,15
r 0,15 P
P 0,1
0,1
0,05
0,05
0
0
0 19,4 38,8 58,2 77,6 97
0 10,7 21,4 32,1 42,8 53,5 64,2
Production en N25 (MW)
Production en N14 (MW)
0,8
0,7
0,6
0,5
té
ili 0,4
b
a
b 0,3
ro
P
0,2
0,1
0
0 19,4 38,8 58,2
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
133
C H A P I T R E 5
dans ce paragraphe ont été obtenues à partir des données météorologiques réelles à
notre disposition sur quelques sites français.
Des trois sites de production éolienne, deux sont dans la zone B du réseau (N2S41,
N5S41) et le troisième est dans la zone A (N3S41). Les deux sites de la zone B étant
rapprochés, ils ont des productions corrélées. Cette corrélation a été modélisée dans
l’outil ASSESS en utilisant l’équation 5.1 avec ki = N(1 ; 0,25). Par contre les
productions éoliennes des zones A et B ont été supposées indépendantes. Le Tableau
5.8 et le Tableau 5.9 représentent la structure des corrélations entre les productions des
trois sites.
Tableau 5.8 Matrice de corrélation des données ‘jour’
Figure 5.11 Distributions de probabilité de la puissance éolienne sur chaque site et totale
La production photovoltaïque est répartie sur deux sites dont un dans la zone B
(INTERS41) et un autre dans la zone A (N19S41). Les productions photovoltaïques
134
C H A P I T R E 5
sur tout le système ont été modélisées avec une forte corrélation comme le montre le
Tableau 5.10 Cette corrélation a été modélisée dans l’outil ASSESS en utilisant
l’équation 5.1 avec ki = N(1 ; 0,25). La Figure 5.12 représente les distributions de
probabilité de la production photovoltaïque sur chaque site et globale pour les points
de fonctionnement ‘jour’ ; la production est nulle pour les points de fonctionnement
‘nuit’.
Tableau 5.10 Corrélation entre les productions des deux sites PV
PGENA1_Pprod PGENB1_Pprod
PGENA1_Pprod 1
PGENB1_Pprod 0,9825802 1
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
Figure 5.12 Distributions de probabilité de la puissance photovoltaïque sur chaque site et totale
5.3.4.1.3 Consommation
La variation de la consommation globale su système (Figure 5.13) a été modélisée par
une gaussienne tronquée de moyenne 162 MW, d’écart-type 49 MW, de valeur
minimale 76 MW et de valeur maximale 330 MW.
135
C H A P I T R E 5
où :
• D(t) est la demande à l’instant t,
• PEnR(t) est la production d’EnR à l’instant t.
Le seuil de 0,1% de situations d’inadéquation en réserves a été choisi comme critère
probabiliste. En d’autre termes la probabilité P[D – PEnR< Pmin,t] doit être inférieure
à 0,1%.
A partir des distributions de probabilité de la demande et de la production EnR, 20000
tirages indépendants de production EnR et de demande on été effectués. La différence
D – PEnR est comparée à la puissance minimale thermique démarrée Pmin,t. Des situations
d’inadéquation en réserves commencent à être enregistrées à partir de 54 MW d’EnR
raccordées. Le seuil de 0,1% est atteint à 87 MW d’EnR (Figure 5.14).
En toute rigueur on pourrait s’attendre à ce des situations d’inadéquation en réserves
surviennent pour des puissances EnR inférieures 54 MW. Pour cela il faudrait que
simultanément la charge soit minimale ; or la conjonction de ces deux évènement (PEnR
< 54 MW et D = Dmin) est si rare que même en faisant 20000 tirages il n’est pas sûr de
la retrouver. Cela ne change tout de même rien aux résultats globaux (probabilité de
défaillance).
136
C H A P I T R E 5
Le système étudié peut donc accueillir un parc d’EnR, composé de deux fois plus
d’éolien que de photovoltaïque, de capacité 87 MW moyennant une probabilité de non
respect de la contrainte de réserve de 0,1 %. Ce risque de violation de contrainte peut
être pallié en écrêtant la production EnR pendant les périodes contraintes ; cela
correspond pour une période d’une année à environ 9 heures d’écrêtage.
5.3.4.2.1 Analyse des résultats : Allocation d’une partie de la réserve aux EnR
Il est fréquemment énoncé que pour accroître le taux de pénétration des ENR, il
sera nécessaire qu’elles participent à la réserve. Nous proposons de regarder si, du
point de vue de l’adéquation en réserve dans le cas du système étudié, cela se
vérifie.
Pour que le transfert d’une partie de la réserve aux EnR ait un intérêt il faut que la
réserve fournie par ces dernières permette d’éviter le démarrage d’un des 5
groupes thermiques dédiés. Il faut donc que les EnR puissent assurer une réserve
égale à 4MW. Or, avec 58 MW d’éolien et 29 MW de PV raccordés, la production
EnR est inférieure à 4 MW pendant 15 % du temps ce qui signifie que 15 % du
temps, la production ENR ne peut pas assurer ce niveau de réserve.
D’autre part, pour 87 MW de production EnR ayant un facteur de charge annuel
de 19.2 %, la perte en productible annuel due à la constitution de la réserve serait
de 20,3 % ce qui est économiquement difficile à supporter sans des mécanismes
de compensation forts.
Si la puissance EnR installée passe à 150 MW, la part de productible annuel perdue
par la constitution de la réserve passerait sous la barre des 13 %. Il reste encore
plus de 8 % du temps où la production ENR est inférieure à 4 MW.
Du point de vue du critère d’adéquation en réserve et en l’absence de moyen de
stockage, le transfert d’une partie de la réserve sur les ENR ne permet pas
d’augmenter le taux d’insertion à niveau d’effacement des ENR constant.
L’étude d’adéquation et les résultats et analyses qui en découlent ne tiennent compte
que de la contrainte liée à la réserve et pas des contraintes liées à la sécurité statique du
système.
137
C H A P I T R E 5
138
C H A P I T R E 5
transit due principalement à une injection de puissance fatale trop élevée aux points de
raccordement des EnR et, par conséquent, une dégradation de la répartition de la
production.
Si on se réfère à un critère de 1% de défaillance, le système étudié est capable
d’accueillir 70 MW d’EnR (contre 40 MW à l’issue de l’étude déterministe). Une analyse
détaillée de l’impact d’un parc EnR de 70 MW sera faite pour illustrer les apports de la
méthode probabiliste.
5.3.4.3.4 Analyse des résultats pour le cas PEnR = 70 MW
L’approche probabiliste permet de simuler une multitude de points de fonctionnement
couvrant le spectre des variations de l’état du système sur une période relativement
longue. Elle donne par conséquent une large palette de résultats. L’analyse de ces
résultats permet d’obtenir des informations importantes telles que le dispatching à
chaque point de fonctionnement, le taux de pénétration instantané, la variation du
niveau de réserves du système. En outre les défaillances peuvent êtres caractérisées par
des paramètres communs en vue de définir des règles d’exploitation applicables au
système étudié.
Taux de pénétration instantané
Lorsqu’il est fait mention de taux de pénétration, il est indispensable de préciser le
taux dont il est question.
Un taux couramment utilisé est le ratio entre la puissance EnR installée et la
charge maximale. Dans notre étude, avec une limite à 70 MW d’EnR pour une
charge maximale de 330 MW, ce taux s’élève à 21,2%.
Ce premier taux ne permet pas de refléter la variété des situations de réseau
pouvant être rencontrées et relève plutôt d’une approche déterministe.
Dans le cas de notre étude probabiliste, il est possible de représenter pour chaque
point de fonctionnement le taux de pénétration des EnR qui pourrait être
apparenté à un taux instantané.
139
C H A P I T R E 5
Sur la Figure 5.15, la répartition de ce taux est représentée pour les points de
fonctionnement ‘jour’ et ‘nuit’. Le taux de pénétration des EnR instantané ressort
ainsi à moins de 50 % dans quasiment tous les cas. Il ne dépasse 21,2 % (taux de
pénétration en puissance) que dans 6 % des situations simulées. La valeur de 30%
n’est dépassée que dans moins de 2% des situations simulées.
Probabilité
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
Il est prévu dans la législation actuelle (article 22 de l’arrêté du 23 avril 2008 relatif
au raccordement des installations de production) la possibilité pour le gestionnaire
de réseau insulaire de demander des effacements de production ENR dans le cas
où la puissance active injectée par les ENR dépasse 30 % de la puissance active
transitant sur le réseau.
Les résultats précédents mettent en évidence que le recours à une telle éventualité
serait relativement exceptionnel dans ce système pour une puissance ENR
raccordée au réseau de 70 MW.
Niveau de réserve
Pour nos simulations nous avons imposé une réserve minimale de 20 MW. Si cette
limite est toujours respectée, la réserve disponible peut être plus ou moins
importante suivant le dispatching de la production. L’écart entre la production
d’un groupe diesel démarré et sa puissance maximum est considéré comme de la
réserve. Sur la Figure 5.16, un histogramme du niveau de réserve est présenté pour
le cas hors EnR, et pour les points de fonctionnement ‘nuit’ et ‘jour’.
140
C H A P I T R E 5
Probabilité
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
Figure 5.16 Densité de probabilité du niveau de reserve du système avec et sans EnR
141
C H A P I T R E 5
142
C H A P I T R E 5
Figure 5.18 variations des tensions aux points de raccordement des EnR
143
C H A P I T R E 5
Les courbes bleues (avec EnR) sont décalées vers la gauche (tension élevées); cela
signifie qu’avec EnR, les tensions élevées ont une plus grande probabilité
d’occurrence. En d’autres termes, les tensions aux points de raccordement
augmentent globalement lorsqu’on raccorde des EnR.
Transits de puissance
La Figure 5.19 représente les distributions de probabilité du transit de puissance dans
certaines lignes pour le système de référence (sans EnR) et pour le système avec 70
MW d’EnR raccordées.
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
Figure 5.19 Variations de transit dans quelques lignes voisines des points de raccordement d’EnR
5.4 Conclusion
Deux cas d’études ont été présentés dans ce chapitre : l’étude de raccordement d’une
ferme éolienne à un réseau de distribution et l’étude d’impact d’un parc de fermes
éoliennes et photovoltaïques sur un réseau de type insulaire. Les analyses de sécurité
dans les deux cas on été effectuées avec les méthodes déterministe et probabiliste.
144
C H A P I T R E 5
145
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
C H A P I T R E 5
146
C H A P I T R E 6
Chapitre
6
6 Conclusion générale et
perspectives
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
C
e travail de recherche décrit une méthodologie probabiliste pour les
études d’impact de l’intégration des unités de production d’énergie
renouvelable dans les systèmes électriques et évalue son apport par
rapport à la méthodologie déterministe traditionnelle.
6.1 Conclusions
L’importance croissante des questions environnementales a conduit à une accélération
de l’arrivée des énergies renouvelables dans les systèmes électriques. Ces dernières se
distinguent des moyens de production conventionnels par leur taille relativement petite
(d’où leur intégration importante dans les réseaux de distribution), la variabilité
(comportement stochastique) de leurs énergies primaires et les technologies utilisées
(machines asynchrone avec électronique de puissance pour les éoliennes et panneaux
photovoltaïques avec électronique de puissance pour le PV). Outre la mutation des
systèmes électriques de leur structure verticale traditionnelle vers une structure
horizontale, les énergies renouvelables (en particulier l’éolien et le photovoltaïque) ont
des impacts sur le système qui peuvent être classés en deux catégories :
• les impacts locaux qui concernent la qualité de tension, le plan de protection et
la capacité d’accueil du réseau,
• les impacts globaux qui concernent la gestion de la production à tous les
horizons de temps et le comportement dynamique du système.
Les études d’impact des EnR ont pour principal objectif de vérifier que toutes les
contraintes liées au fonctionnement normal des systèmes sont respectées. Du fait de
leurs particularités, certaines des contraintes ont été aménagées pour les unités de
production renouvelable. Elles sont par exemple exemptées de réglage primaire et
secondaire de fréquence dans les réseaux français.
Si le comportement stochastique de la puissance éolienne ou photovoltaïque est
naturellement mis en évidence, elle n’est pas le seul paramètre du réseau à avoir un
147
C H A P I T R E 6
comportement aléatoire. Ainsi les paramètres suivant ont été modélisés comme des
variables aléatoires et leurs distributions de probabilité ont été calculées :
• la puissance en sortie d’une centrale constituée de plusieurs unités de
production conventionnelle. Le principal facteur induisant l’aléa est la
disponibilité des unités,
• la disponibilité des lignes,
• la consommation dont la variation sur une année est modélisée par une
gaussienne,
• les productions éolienne et photovoltaïque qui sont modélisées par des
distributions de probabilité non paramétrées issues de la transformation des
distributions de probabilité des sources primaires.
Ces différentes distributions de probabilité et la structure de corrélation qui les lie
forment le modèle probabiliste du système électrique.
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
148
C H A P I T R E 6
6.2 Perspectives
La méthode probabiliste proposée à l’issue de ce travail est applicable pour toutes les
analyses de sécurité de réseau en statique comme en dynamique. Les cas d’application
ont été effectués uniquement pour les analyses statiques. Une suite immédiate de ce
travail est d’appliquer la méthodologie à une étude dynamique. Pour cela il faudrait
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149
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C H A P I T R E 6
150
P U B L I C A T I O N
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P U B L I C A T I O N S
8 Publications
157
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P U B L I C A T I O N S
158
A N N E X E S
9 Annexes
9.1 Annexe A : théorie du calcul de répartition de
puissance
9.1.1 Modélisation des constituants du réseau
La modélisation des composantes électriques du réseau en fonctionnement triphasé
équilibré normal repose sur plusieurs hypothèses:
• tous les éléments sont triphasés et symétriques;
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gij0 + jbij 0
y ij = [S] ; y ji = y ij
0 2 0 0
159
A N N E X E S
1 usc % U ni2
z t = rt + jxt = [Ω]; zt = ⋅ [Ω];
yt 100 Sn
U ni2 −3
rt = ∆Psc 10 [Ω]; x t = zt2 − rt2 [Ω];
Sn2
y ij 0 = gij 0 + jbij 0 [S];
i0 Sn 1
bij 0 = − ⋅ [S]; gij 0 = ∆PFe 10−3 [S];
100 U ni2 U ni2
160
A N N E X E S
Dans le calcul de régime permanent par la méthode des tensions nodales on utilise la
forme suivante:
où: [In] = [ Sn* / Un* ] est le vecteur des courants entrant dans le réseau;
[Un] – le vecteur des tensions nodales;
[Sn] – le vecteur des puissances apparentes complexes.
[Ynn] est la matrice d'admittances nodales, ayant comme termes:
161
A N N E X E S
avec
jγ ij
y ij = yij e = gij + jbij
y ij = gij0 + jbij0
0
Considérons que les grandeurs complexes des tensions peuvent être exprimées
sous la forme suivante, en utilisant des valeurs réduites (p.u.):
jθ j
U i = U i e jθ i ; U j = U je ou
(A.3)
U i = U i ' + jU i " ; U j = U j ' + jU j"
162
A N N E X E S
ë
`Ê 3` ! ë `Ê 3` ìÅ`ÊV 3` + Å`Ê 3` # 3Ê í
3`e Å`Ê cos Ð`Ê # ç sin Ð`Ê + `ÊV # ç?`ÊV
# 3` 3Ê Å`Ê cosÉ` # ÉÊ # Ð`Ê + ç sinÉ` # ÉÊ # Ð`Ê
` # _ `Ê 0
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
ʹ¬ `
1 1
Pour exprimer les puissances nodales Pi, Qi en fonction des éléments Yij et Yii, de la
matrice des admittances nodales [Ynn] il faut tenir compte des relations (A.2):
Si on considère que les tensions sont exprimées par les relations (A.3) et les
admittances sous la forme (A.2), on peut obtenir deux formes pour l'expression
respectivement du courant nodal et de la puissance apparente complexe :
163
A N N E X E S
(i)
1 1
` 3` ! ë
`
3` Ì_ `Ê 3Ê Î 3` _ 3Ê & Êðé Wðê ³`Ê # ç^`Ê
Êoh Êoh
Êoh
(ii)
!` `` 3` + _ `Ê 3Ê
Êoh,Êñ`
1
+ ç _ ³`Ê 3Ê ò + ^`Ê 3Ê òò
Êoh,Êñ`
C`Ê + ç?`Ê `` 3` ³`Ê 3Êò #^`Ê 3Êòò + ç³`Ê 3Êòò #^`Ê 3Êò ]. 7E
où:
164
A N N E X E S
La résolution du système (A.1) mis sous la forme suivante se fera de façon itérative:
11 31 ì ë 1 Ý3 ë 1 í ]. 1E
Cas de nœud charge.
En partant à la première itération d'une valeur plausible (par exemple 1.0 en cas
d'utilisation de grandeurs réduites), on calculera successivement la tension en chaque
nœud en corrigeant les valeurs en passant d'un nœud au suivant au sein d'une même
itération.
Formellement, soit pour l'itération d'indice p, la tension au nœud i sera donnée par:
1 Pi − jQi( p ) i −1 n
( p )
Ui
( p +1 )
=
Y ii U i
( p )* − ∑
k =1
Y ik U
( p +1 )
k − ∑ Y ik U k , i ≠ e
k = i +1
(A.8)
Le calcul étant fait pour tous les nœuds charges, jusqu'à obtention de la convergence,
donc jusqu'à ce que l'écart entre les valeurs des tensions en tout nœud entre deux
itérations p et p+1 soit inférieur à un seuil de précision choisi, sur lequel nous
reviendrons.
Cas de nœud générateur.
Dans ce cas, comme indiqué précédemment, la valeur de Qi n'est pas connue à priori.
On devra donc la calculer avec les meilleures estimations des autres tensions, par la
relation:
i −1 n
( p )*
= ImU i2 Y ii + U i ∑ Y ij U j + U i ∑ Y ij U j
( p) * * ( p + 1 )* *
Qi (A.9)
j =1 j = i +1
165
A N N E X E S
n
S e = Pe + jQe = U e2 Y ee + U e
*
∑Y
i =1;i ≠ e
*
ei
*( 0 )
Ui (A.11)
Considérations pratiques.
En réalité ainsi qu'il l'a déjà été signalé, la matrice des admittances nodales est très
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
creuse (à 99% pour de grands réseaux). La mise en mémoire de cette matrice devra
faire appel à des structures de pointeurs pour minimiser le temps de calcul. Si elle est
symétrique, on ne gardera que la moitié des éléments hors diagonale et on stockera
généralement les éléments diagonaux séparément. On sait que la convergence de la
méthode de Gauss-Seidel exige des éléments diagonaux dominants, ce qui sera
généralement le cas, sauf en présence d'éléments capacitifs série dans les lignes. La
convergence dépend en outre du choix du nœud bilan: un nœud bilan fortement
interconnecté permet de fixer rapidement le niveau de tension. En outre cette
]. 12
méthode sera avantageusement accélérée, selon la formule suivante:
3` ch
3` + ó3` ch
# 3`
le choix du meilleur coefficient α a fait l'objet de nombreuses études, d'où une valeur
de 1,6 semble résulter; ce coefficient doit évidemment être régulièrement diminué
pour atteindre 1. On considère généralement que le nombre d'itérations est
proportionnel au nombre de nœuds.
Enfin le test de convergence se fait sur le plus grand écart à la fois sur les modules et
les phases entre deux itérations consécutives; on prendra en grandeur réduite un écart
maximum de 10-4 à 10-6: ce test peut être complété par l'évaluation de l'écart entre
puissances actives et réactives calculées et imposées en chaque nœud. Si cet écart
maximum dépasse un seuil par exemple 1%, on peut accroître la précision sur les
tensions nodales.
9.1.3.2 Résolution par la méthode de Newton
Dans le cas d'un système d'équations non linéaires, on peut appliquer la méthode de
Newton-Raphson de la façon suivante. Soit le système à résoudre :
166
A N N E X E S
Sh 'h , … … , '1
h
ô xxxxxxxx ]. 13
6
S1 'h , … … , '1
1
A partir d'un ensemble de valeurs initiales x10 ,..., xn0 on recherche des variations
dx1 ,...,dxn qui satisfont les relations. Or l'application de la formule de Taylor donne:
õSh õSh
¡Sh 'h R + A'h , … , '1 R + A'1
Sh 'h R , … , '1 R
+ A'h + x + A'1 h
I õ' õ'
x x x x x x x x x x x x x x x x x x x x x x x x x x x x x x x ]. 14
6
h 1
õS õS
IS1 'h R + A'h , … , '1 R + A'1
S1 'h R , … , '1 R
+ 1 A'h + x + 1 A'1 1
õ'h õ'1
7S M R + AM
; 7S M R
; + 7Ø M R
;7AM; 7; ]. 15
ou sous forme matricielle:
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
L'application au cas que nous considérons devient immédiate, à partir des relations
(A.7). A nouveau le nœud bilan sera exclu du processus itératif.
La formulation adoptée ci-dessous sera celle basée sur une représentation polaire des
grandeurs nodales; la représentation cartésienne peut aussi être utilisée, mais on voit
qu'elle conduira à deux équations dans le cas de nœuds générateurs, alors qu'une
seule suffit en représentation polaire.
1 1
` 3` _ 3Ê `Ê sinÉ` # ÉÊ # Ð`Ê #^`Ê 3`e # _ 3`ò ?`Ê + 3`òò C`Ê ]. 17E
Êoh Êoh,Êñ`
167
A N N E X E S
A partir des grandeurs de l'itération précédente, on calculera les écarts ∆ θ i et ∆Ui qui
annuleront les écarts entre les valeurs de Pi et Qi obtenues et celles données, soit :
n
∂P ∂P
Pi imp − Pi = ∑ i ∆U j + i ∆θ j
j =1 ∂U j ∂θ j
(A.18)
∂Q
n
∂Q
Qiimp − Qi = ∑ i ∆U j + i ∆θ j
j =1 ∂U j ∂θ j
Il faut signaler qu'une formulation plus efficace en temps calcul est obtenue si on
prend pour inconnues ∆ θ i et ∆Ui/Ui.
Les expressions des dérivées partielles se déduisent immédiatement des relations
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
õ`
`Ê 3` 3Ê `Ê sinÉ` # ÉÊ # Ð`Ê #3G ?Gç + 3G CGç
E EE
õÉÊ
õ`
1
õ`
`Ê 3 3` 3Ê `Ê cosÉ` # ÉÊ # Ð`Ê 3`ò C`Ê + 3`òò ?`Ê ]. 19
õ3Ê Ê
õ`
1
õ` õ`
Ø`Ê #3` 3Ê `Ê cosÉ` # ÉÊ # Ð`Ê # 3
õÉÊ õ3Ê Ê
168
A N N E X E S
õ`
1
õ` õ`
`Ê 3Ê 3` 3Ê `Ê sinÉ` # ÉÊ # Ð`Ê
õ3Ê õÉÊ
∆P J1 J2 ∆θ
∆Q = J ⋅ ∆U (A.20)
J4
3 U
où ∆P et ∆Q représentent respectivement les écarts entre les puissances actives
imposées et calculées à l'itération courante aux nœuds générateurs et consommateurs,
et les écarts entre puissances réactives aux nœuds consommateurs. Les composantes
du Jacobien sont:
õG õG
7Øh ; ¢ £; 7Øe ; ¢ 3ç £
õÉç õ3ç
]. 21
õG õG
7Ø ; ¢ £; 7Ø ; ¢ 3ç £
õÉç õ3ç
où : i,j = 1,2,...,n.
On voit que la structure de ce jacobien est liée à celle de la matrice d'admittances
nodales, elle sera donc également très creuse. Sa dimension sera de 2 fois le nombre
de nœuds charges plus le nombre de nœuds générateurs.
La méthode de résolution implique la résolution répétée d'un système linéaire
d'équations. Il est évident qu'il faudra tenir compte de la structure particulière de la
matrice signalée ci-dessus. En fait cette méthode n'a été efficacement utilisée qu'après
le développement de ces techniques de traitement de matrices creuses.
Très souvent ces sous-matrices ne seront recalculées que pour les premières
itérations et seront ensuite gardées constantes; on obtient ainsi une résolution répétée
d'un système linéaire avec seul changement du second membre; la factorisation du
jacobien sous la forme de produit de deux matrices triangulaires (L, U) permet cette
approche.
169
A N N E X E S
Le traitement des nœuds initialement définis comme nœuds type PU (générateur) tenant
compte de l'histoire du nœud:
1. Si au cours de l'itération (p – 1) le nœud i du type PU a été considéré
comme nœud type PQ (consommateur) on essaie le module de la tension Ui(p)
comme suit:
– si Ui(p) ≥ Uiimp et Qiimp = Qimax ou si
Ui(p) ≤ Uiimp et Qiimp = Qimin,
le noeud i redevient au cours de l'itération p noeud de type PU, avec Uiimp,
et on continue avec le pas 6;
– si Ui(p) > Uiimp et Qiimp = Qimin ou si
Ui(p) < Uiimp et Qiimp = Qimax,
le noeud i reste au cours de l'itération p également noeud type PQ et on
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170
A N N E X E S
171
A N N E X E S
172
A N N E X E S
173
A N N E X E S
Nœud de raccordement Puissance active consommée (MW) Puissance réactive consommée 5MVar)
"N1 S11" 25,4 9,6
"N2 S11" 26,1 11,3
"N3 S11" 8,3 2,5
"N4 S11" 27,3 8
"N5 S11" 5,5 3,1
"N7 S11" 11,3 3,9
"N9 S11" 18,1 3,7
"N10 S11" 22,2 6,9
"N11 S11" 18,9 6,2
"N12 S11" 17,4 5,1
"N13 S11" 34,7 10,7
"N14 S11" 21,5 6,5
"N15 S11" 8,7 2,6
"N16 S11" 23,9 7,1
"N17 S11" 23,4 1,4
"N18 S11" 13,3 4
"N19 S11" 8 2,3
"N21 S11" 7,3 1,9
"N23 S11" 10,4 1,6
"INTERS41" 0 0
174
A N N E X E S
175
A N N E X E S
end
Rtk=R(k);
n=No(1);
for i=1:m+1
X(i)=(i-1)*Inc;
end
for i=1:n
P(i)=Pt(k,i);
C(i)=Ct(k,i);
end
Po=ones(n,m+1);
delta=zeros(n,m+1);
for i=1:n
for j=1:m+1
delta(i,j)=X(j)-C(i);
if (delta(i,j)<0)
Po(i,j)=0;
end
end
end
Pi=P*Po;
for k=2:L
n=No(k);
P=zeros(1,n);
C=zeros(1,n);
P=Pt(k,:);
C=Ct(k,:);
fo=m*Inc;
m=m+(R(k)-mod(R(k),Inc))/Inc;
Rtk=Rtk+R(k);
if m*Inc<Rtk
m=m+1;
end
176
A N N E X E S
for i=1:m+1
X(i)=(i-1)*Inc;
end
Pi=add_turbine1(X,P,C,m,n,fo,Inc,Pi);
end
m;
Xf=X;
Pf=Pi;
%xlswrite('test_xlsmat.xls',Xf','feuil2');
%plot(Xf,Pf);
end
function Pik=add_turbine1(X,P,C,m,n,fo,Inc,Pi)
n1=size(P',1);
Po=ones(n1,m+1);
delta=zeros(n1,m+1);
for i=1:n
for j=1:m+1
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
delta(i,j)=X(j)-C(i);
if (delta(i,j)<0)
Po(i,j)=0;
elseif(delta(i,j)==0)
Po(i,j)=Pi(1);
elseif(delta(i,j)==Inc)
Po(i,j)=Pi(2);
elseif delta(i,j)>fo
Po(i,j)=1;
else
f1=mod(delta(i,j),Inc);
f2=uint16((delta(i,j)-f1)/Inc);
if f1==0
Po(i,j)=Pi(f2+1);
else
Po(i,j)=Pi(f2+2);
end
end
end
end
Ptest=Po;
Ptest2=P;
Pik=P*Po;
end
177
A N N E X E S
function [niv_puiss,probab]=PDF_ferme(prev_puiss,dispo,Inc)
dim=size(prev_puiss);
nb_prev=dim(1);
nb_turb=dim(2);
Ct=zeros(nb_turb,2);
i=1;
[A,pA]=fonction_dispo(prev_puiss,dispo,Inc,nb_turb,i);
for i=2:nb_prev
[B,pB]=fonction_dispo(prev_puiss,dispo,Inc,nb_turb,i);
[A,pA]=functionPDF(A,B,pA,pB);
end
niv_puiss=A;
probab=pA/nb_prev;
%plot(niv_puiss,probab)
end
function
tel-00447151, version 1 - 14 Jan 2010
[n_p,pb]=fonction_dispo(prev_puiss,dispo,Inc,nb_turb,i);
for j=1:nb_turb
Ct(j,2)=prev_puiss(i,j);
No(j)=2;
end
R=prev_puiss(i,:);
[X,pX]=model_parametre(nb_turb,No,Ct,dispo,R,Inc);
proba(1)=pX(1);
for k=2:length(pX)
proba(k)=pX(k)-pX(k-1);
end
n_p=X;
pb=proba;
pX;
end
function [C,pC]=functionPDF(A,B,pA,pB)
C=union(A,B);
Int=intersect(A,B);
n=length(C);
na=length(A);
nb=length(B);
pC=zeros(1,n);
for i=1:n
for j=1:na
if C(i)==A(j)
pC(i)=pC(i)+pA(j);
end
end
for k=1:nb
if C(i)==B(k)
pC(i)=pC(i)+pB(k);
end
end
end
end
178