Amazone
Amazone
Amazone
AMAZONE
Rio De Las Amazonas
Carte d’identité
• Continent : Amérique du Sud
• Longueur : 6 500 km
• Débit moyen : 180 000 m3/s avec des variations de 70 000 m3/s à 212 000 m3/s. À lui
seul, ce géant est responsable de près de 18 % du volume d’eau douce déversée dans les
océans du monde.
• Bassin versant : 6 145 186 km², soit environ 40 % du continent que se partagent huit
États : Brésil, Colombie, Pérou, Équateur, Bolivie, Venezuela, Guyane, Surinam
• Précipitations : De 2 000 à 3 500 mm/an, mais avec des variations en fonction des
tronçons. Inondations de novembre à juin et diminution jusqu’en octobre. Le fleuve
peut monter de plus de quinze mètres en saison des pluies et déborder de son lit
jusqu’à certains endroits sur plus de 40 km.
Par ailleurs, les Caboclos, groupe de douze millions de personnes, fruit du métissage entre les
Indiens et les colons européens, connaissent très bien l’écosystème amazonien et pourraient
contribuer à une meilleure gestion des ressources de l’Amazonie.
En 2004, 92% de l’énergie électrique produite au Brésil était d’origine hydroélectrique, d’où
une dépendance économique vis-à-vis de la ressource hydrique. Il existe plus de 2000 barrages
au Brésil, les 2/3 du potentiel de production se trouvant dans la région amazonienne. En 2004,
le Brésil comptait 112 usines hydroélectriques et une dizaine de projets de barrages sont en
cours. Cependant, aucun pont ni barrage ne traverse l’Amazone sur des milliers de kilomètres.
La largeur du fleuve, sa profondeur, sa puissance, la multitude d'îles et de bras fluviaux, les
berges inondées plusieurs mois par an s’y opposent. Il faut remonter très loin sur le rio
Marañón et le rio Ucayali pour trouver de tels aménagements. C'est pourquoi les actuels
projets de barrages ne concernent que les affluents de l’Amazone (rio Madeira, rio Xingu). Un
de ces projets de barrage attise toutes les tensions, le barrage de Belo Monte sur le rio Xingu.
Après être resté en suspens depuis plus de trente ans en raison des menaces qu’il fait peser sur
le fleuve Xingu, les Indiens et les autres populations riveraines, la construction du barrage au
cœur de l’Amazonie a commencé en juin 2011 (longtemps suspendu pour inconstitutionnalité,
le projet a été autorisé le 2 juin 2011 par l’Institut brésilien de l’environnement). Le barrage d'un
coût de près de 13 milliards de dollars est le plus important en cours d'édification au Brésil et le
troisième du monde (après celui des Trois-Gorges en Chine et celui d'Itaipu dans le sud du
Brésil à la frontière avec le Paraguay). Il fournira théoriquement 11 233 MW, soit 11 % de la
capacité installée du pays, de quoi alimenter 20 millions de foyers. Le projet doit permettre de
produire de l'énergie bon marché – moins de 83 reais [35 euros] le mégawatt-heure. Malgré son
Le gouvernement brésilien et Norte Energia assurent que Belo Monte contribuera à pallier les
déficiences énergétiques du Brésil et apportera le développement économique dans cette
région peu dynamique. En face, des organisations de défense de l’environnement et des
groupes indigènes, forts d’une récente condamnation du projet par la Commission
interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) et l'Organisation des Etats américains (OEA),
continuent de lutter pour que le chantier soit suspendu et ont remis une pétition en ce sens à
Dilma Rousseff. Le chef indien brésilien Raoni, connu pour son combat en faveur de
l'Amazonie et des peuples indiens, avait demandé l'arrêt de la construction lors de la
conférence sur le développement durable de l'ONU Rio+20 en juin 2012 à Rio de Janeiro. Des
recours ont également été déposés devant la justice brésilienne. Le 14 août 2012, le Tribunal
régional fédéral de la première région a ordonné l’arrêt des travaux au motif que les indiens,
proches de la région de construction du barrage, n'avaient pas été consultés avant le début des
travaux. Mais fin août la Cour suprême du Brésil a suspendu la décision du Tribunal et donné
raison à l’Etat brésilien.
Concernant le partage des terres, depuis la conquête par les Européens, les populations
autochtones de l’Amazonie ont dû céder une grande partie de leur territoire aux nouveaux
arrivants. Aujourd’hui encore, chaque nouvelle découverte de gisement, chaque déboisement à
proximité de territoires protégés sont l’occasion de nouveaux conflits où des hommes trouvent
parfois la mort.
Pollution
Le fleuve Amazone est relativement préservé mais des substances chimiques s’y
accumulent de plus en plus. L’Amazone a été qualifié de « fleuve sain » par un rapport
présenté lors du Forum mondial de l’eau en 2000. Cela est dû à son débit très important de 180
000 m3/s et à son exploitation encore récente. Le bassin amazonien est cependant concerné
par la pollution au mercure, présent naturellement dans le sol et utilisé par les chercheurs d’or
pour amalgamer ce métal précieux.
Le Brésil est dans une situation défavorable face à la menace du mercure car les sols
amazoniens sont très vieux : de 500 000 ans à un million d'années. Le mercure présent dans
l'atmosphère s'y dépose donc depuis très longtemps et l’on en trouve de fortes concentrations
dans le sol (des teneurs dix fois plus élevées que celles enregistrées dans les pays tempérés).
Or, cette région a connu une colonisation massive au cours des quarante dernières années et la
majorité des colons ont adopté l'agriculture comme mode de subsistance. Ils ont donc abattu
de larges pans de forêts, habituellement par brûlis. De même, lorsque ces sols défrichés
perdent leur fertilité après quelques années, les agriculteurs défrichent les parcelles adjacentes
en abattant les arbres et en les brûlant. Étant donné que les chemins sont souvent rares dans
ces régions accessibles principalement par voies navigables, l'agriculture sur brûlis et la
déforestation qui en résulte se produisent surtout le long des rives. Le sol contaminé par le
mercure étant ainsi exposé, le ruissellement des grandes pluies entraînent les contaminants
vers les systèmes fluviaux. Là, les micro-organismes et les plantes aquatiques absorbent le
mercure et le transforment en méthylmercure, substance très nocive pour les humains. Les
petits poissons consomment ces plantes aquatiques contaminées et le methylmercure passe
ainsi dans la chaîne alimentaire jusqu'aux prédateurs supérieurs.
Au cours des manipulations pour extraire l’or, 5 à 45 % du mercure est rejeté directement dans
les rivières. Le reste s'évapore sous forme de mercure élémentaire dans l'atmosphère et finira
par « retomber », contaminant l'environnement jusque dans des sites éloignés des lieux
Par ailleurs, l’activité agricole intensive génère une pollution des réserves hydriques du fait de
l’utilisation des intrants (engrais et pesticides). Divers rejets contribuent également à polluer
de manière dramatique les réserves hydriques. Pour exemple, le Brésil consomme en moyenne
100 millions de lampes fluorescentes par an. Considérées comme des déchets très toxiques,
94% sont jetées sans traitement particulier, ce qui entraîne la pollution par des métaux lourds
des nappes phréatiques et de l'air.
La probabilité que des tensions ou des conflits armés éclatent à la suite d’une dispute
liée à l’Amazone est très faible, voire pratiquement nulle. La configuration géographique du
bassin et les abondantes précipitations qu’il reçoit expliquent cette situation. Un millier
d’affluents de tailles et d’importance diverses, provenant des quatre coins de l’Amazonie,
viennent se jeter dans l’immense fleuve, ce qui diminue d’autant la capacité d’un seul État à
contrôler le débit à partir d’un affluent important ou de la source même du cours d’eau.
Cependant, l’avantage comparatif dont dispose le Brésil avec son capital hydrique peut attirer
la convoitise des Etat étrangers, au niveau régional et bien au-delà, potentiellement en proie, à
plus ou moins long terme, à un manque de ressources hydriques. Au plan régional, certaines
rivalités interétatiques, surtout liées à la gestion et à l’exploitation de fleuves frontaliers, voient
parfois le jour (par exemple les tensions qui ont entouré le projet du barrage d’Itaipù sur le
fleuve Paraná entre le Brésil et le Paraguay). La convoitise peut aussi se mesurer à l’échelle du
continent avec par exemple les vues plus ou moins avérées des Etats-Unis sur les réserves du
Guaraní.
Le 3 juillet 1978, huit pays du bassin amazonien ont signé le Traité de coopération
amazonienne (ACT). Ce traité-cadre de 28 articles relate la volonté des pays signataires de
travailler en collaboration au développement durable de l’Amazonie et à la protection de cet
écosystème doté d’une richesse écologique incroyable. Les objectifs du traité sont également le
développement de la recherche scientifique, la liberté de navigation sur les cours d’eau
amazoniens et l’utilisation rationnelle des ressources hydriques. Il s’est traduit par
l’élaboration d’un plan stratégique qui vise la protection de l’eau, des forêts, des sols et des
aires protégées, et de la diversité biologique, tout en favorisant le développement des
Biodiversité
La plus grande forêt tropicale de la planète est issue du climat extrêmement humide du
bassin amazonien. En effet, l’Amazone et ses affluents s’y écoule lentement, les rives
forestières étant à peine hors d’eau et régulièrement inondées.
L’Amazonie concentre à elle seule un tiers de la diversité biologique de la Terre. On y trouve
2,5 millions d’espèces d’insectes, des dizaines de milliers de plantes, quelque 2 000 espèces de
mammifères et d’oiseaux. Le milieu aquatique n’est pas en reste : on retrouve dans le bassin
amazonien un cinquième des ressources en eau douce du monde. 1500 espèces de poissons
vivent dans ces eaux, soit dix fois plus que dans tous les fleuves d’Europe réunis. Ce n’est donc
un hasard si le premier Sommet de la Terre s’est tenu à Rio de Janeiro en 1992. Pendant le
sommet de Rio, les scientifiques ont élaboré un portrait global de l’état de la Terre et ont admis
l’urgence d’agir afin de protéger les ressources naturelles de notre planète et notamment de
l’Amazonie. Il s’agissait d’un véritable signal d’alarme car de nombreuses espèces terrestres et
marines ont déjà disparu, et d’autres sont en voie d’extinction. D’autres se sont éteintes avant
même d’avoir été découvertes. L'exploitation intensive de la terre et du bois s'est traduite par
une déforestation massive en Amérique latine. En 1978, on estimait que 517 000 km2 de forêt
brésilienne avaient déjà été détruits par la coupe du bois et les feux utilisés pour défricher de
nouvelles terres agricoles. Des 998 millions d'hectares de forêts en 1970, il ne restait que 958
millions en 1980, 919 en 1990 et 913 en 1994, soit plus de 60% de la quantité coupée sur
l'ensemble de la planète. On estime la destruction de la floresta amazonica à 5,8 millions
d'hectares par an. À cela s’ajoutent les effets des changements climatiques qui pourraient à eux
seuls transformer 20 % de la forêt amazonienne en savane d’ici 50 à 100 ans.
L’assèchement des cours d’eau pourrait en outre avoir des répercussions notables sur certaines
populations animales déjà menacées. Le ministère de l’environnement brésilien s’inquiète ainsi
du sort de deux espèces protégées : le "boto", petit dauphin d’eau douce, et le lamantin.
La déforestation, qui a pour effet de libérer le gaz carbonique stocké dans les arbres et dans le
sol des forêts, constitue l’une des causes principales du changement climatique, représentant à
elle seule entre un cinquième et un quart des émissions de gaz à effet de serre dues à l’activité
humaine.
Le premier effet bénéfique des forêts est d’améliorer la disponibilité de l’eau. On estime que
75 % des ressources en eau douce au niveau mondial proviennent d’une zone de captage
boisée. Les racines des arbres font que les sols ont une plus grande capacité de rétention de
l’eau issue des précipitations, ce qui entraîne une meilleure recharge des aquifères ainsi qu’une
régulation du débit des cours d’eau tout au long de l’année, rendant les périodes sans pluie
moins douloureuses. D’autre part, les forêts favorisent les précipitations à travers
l’évapotranspiration. Il a été observé, par exemple, que la déforestation de l’Amazonie tendait à
causer une baisse des précipitations dans la région, d’où en retour une menace plus grande
pour la forêt restante. 40 % de la forêt amazonienne pourrait ainsi être remplacée à terme,
La préservation des écosystèmes de l’Amazone et de leur biodiversité est donc au centre des
défis qui se posent aujourd’hui dans l’immense continent sud-américain. L’Amazonie est
devenue un emblème de la protection et de la sauvegarde de la biodiversité de la Terre. Le
Brésil ainsi que les autres pays du bassin amazonien ont lancé une politique de protection de
certains des écosystèmes, conscients des conséquences négatives qu’engendraient certaines
pratiques de développement dans cette région. Des parcs, réserves et stations écologiques ont
été créés. Mais les moyens et outils de contrôle sont insuffisants par rapport aux intérêts
économiques présents dans cette région.
Agriculture
A elle seule, l’agriculture représente 11% du PIB et emploie 30% de la population active
du Brésil. En passe de devenir "la ferme du monde", le Brésil est le premier producteur
mondial de café, de sucre, de tabac, de jus d’orange, de soja, de viande bovine et de volaille. Le
Brésil parvient à obtenir ces résultats grâce à une surface agricole utile comparable à celle des
Etats-Unis (soit 340 millions d’hectares) et deux fois et demie plus grande que celle dont
disposait l’Union européenne à 25 Etats membres. Ce pays de l’hémisphère sud bouscule la
hiérarchie agricole mondiale par son rendement, aujourd’hui supérieur à celui des Etats-
Unis. L’atout majeur du secteur agro-alimentaire brésilien est une capacité de production
agricole facilitée par une ressource hydrique abondante, aisément accessible et ce à faible coût.
Les techniques et la pratique de l'irrigation sont de façon générale peu efficaces (Banque
mondiale, 1999). S’en suit un prélèvement croissant en eau. Ce phénomène est en outre
favorisé par l’importance de certaines productions très exigeantes en eau, telles que le soja
destiné notamment à l’exportation pour les biocarburants en Chine, Europe, Japon et Inde.
L’ISA (Institut Socio-Environnemental), ainsi que les Amis de la Terre sont catégoriques : le
soja accélère la déforestation. Ils s’appuient sur les données officielles. A partir des années
2000, la surface de culture du soja a augmenté de 39,8 % dans les régions Sud et Sud-est du
pays et de 66,1 % dans le Centre-ouest. Le « grand boom » a eu lieu après 2001, avec 21,24
millions d’hectares plantés durant l’année agricole 2003-2004. Outre sa consommation directe
d’eau et la pollution par les engrais et pesticides qu’elle entraîne, la culture du soja a également
des conséquences sur la ressource hydrique par l’intermédiaire de la déforestation. Du fait des
déboisements intensifs entraînés par l’extension des cultures, le régime hydrologique semble
se déséquilibrer, non seulement dans le bassin amazonien, mais dans toute l’Amérique latine.
Entre 2000 et 2005, 300 rivières se sont asséchées dans le cerrado à cause de la culture
intensive du soja. Or elles sont parmi les plus importants affluents des grands fleuves qui
rendent le Brésil aussi riche en ressources hydriques.
Ainsi, si pendant des millénaires l’Amazonie s’est adaptée aux feux que faisaient les
populations autochtones pour cultiver la terre, cela n’est plus pareil aujourd’hui. L’utilisation
effrénée des sols jusqu’à leur épuisement, la déforestation massive pour créer d’immenses
pâturages pour des troupeaux de bovins promis à l’exportation, la culture de semences
transgéniques tel le soja et le non-règlement de la question des paysans sans terres ont des
graves impacts sur l’équilibre des écosystèmes de la région. En mars 2006, le journal
scientifique Nature publiait un rapport signalant que 40 % de l’Amazonie serait détruite d’ici
2025 si les tendances actuelles de l’expansion agricole se maintenaient.