VI. Gestion Des Risques Et Sécurité
VI. Gestion Des Risques Et Sécurité
VI. Gestion Des Risques Et Sécurité
Les aspects sécurité du barrage sont partiellement traités au travers de la loi 96/12 du 5 août
1996 portant loi cadre relative à la gestion de l'environnement et plus particulièrement du décret
n° 2005/577 du 23 février 2005 fixant les modalités de réalisation des ElE et de l'arrêté du
MINEP du 8 mars 2005 fixant les différentes catégories d'opérations, dont la réalisation est
soumise à l'EIE.
Ce cadre n'est pas spécifique à la sécurité des barrages, un sujet grave et méritant une attention
toute particulière, même si le Cameroun n'a, heureusement, pas subi d'accidents majeurs dans
ce domaine.
Une analyse comparative menée par la Banque mondiale sur 22 pays à travers le monde a
montré un niveau très inégal de traitement des problèmes de sécurité des barrages. Le seul pays
africain traité dans cette étude comparative est l’Afrique du Sud.
A. Mesures prises pour prévenir les risques liés au barrage et sa surveillance continue
– Mettre en place un système de surveillance continu pour suivre les conditions du barrage,
y compris la surveillance des niveaux d'eau, des débits, des pressions, etc;
– Utiliser des technologies telles que des capteurs, des systèmes d'alerte précoce et des
dispositifs de surveillance automatisés pour détecter les signes de problèmes potentiels;
– Effectuer des réparations et des travaux de maintenance dès que des problèmes sont
détectés;
– Mettre en place des infrastructures de gestion des eaux de crue pour libérer de manière
contrôlée les débits supplémentaires pendant les périodes de fortes précipitations;
– Établir des protocoles de communication et de coordination avec les autorités locales et
les communautés en aval pour minimiser les risques d'inondation;
– Former le personnel sur les procédures d'urgence et réaliser des exercices réguliers pour
tester la préparation et la réactivité;
– Informer et sensibiliser les populations vivant dans les zones potentiellement affectées par
le barrage sur les risques associés et les mesures de sécurité à prendre;
– Établir des canaux de communication efficaces pour diffuser des alertes et des
informations en cas de besoin.
Douze (12) ans après la pose de la première pierre de construction du barrage, les changements
environnementaux de la zone sont impressionnants.
La zone de Lom Pangar était caractérisée par richesse en habitats naturels. En 2012, elle était
couverte à plus de 90% par des habitats de forêts, suivis à 8,4% par des espaces naturels plus
ouverts (savanes arbustives et arborées) et des installations humaines, et ensuite 0,6% par des
cours d’eau. En 2019, le changement est drastique : on observe 52% de couverture par les
forêts, 4% par les cours d’eau et 44% par les autres types d’occupation des sols (y compris les
savanes).
. Milieu forestier
En 7 ans (en 2019), c’est plus de 36 000 ha de forêts qui sont comptés en perte. Certains
espaces forestiers ont été convertis lors des travaux de construction du pro- jet. Ces travaux ont
consisté à couper les forêts pour l’implantation du site du barrage et pour la construction des
sites de recasement des populations déplacées. D’autres espaces forestiers en outre ont été
ennoyés par les eaux du lac créé suite à la mise en eau du barrage.
L’ennoiement des habitats naturels a créé des fragments de forêts constitués d’ilôts le long des
rivières Lom et Pangar. La zone impactée était majoritairement constituée des forêts denses
humides semi caducifoliées. Ces forêts comportaient selon les inventaires réalisés dans la zone
un fort potentiel des essences forestières commercialisables. En ter- mes de richesse forestière
et économique, c’est une énorme perte pour le Cameroun. Outre leur rôle im- portant dans la
régulation du microclimat, les forêts décimées étaient en partie un habitat pour les grands
mammifères de la zone dont certains sont protégés et endémiques (Gorilles, Chimpanzés,
Colobe Noir).
. Milieu aquatique
En ce qui concerne le milieu aquatique de la zone, les eaux des rivières Lom et Pangar ont connu
des modifications dans leur comportement et leur qualité physico-chimique. Ces eaux qui étaient
faiblement minéralisées, présentaient de bonnes qualités physi- ques et chimiques, et un espace
sain pour la faune aquatique. Due à l’inondation des forêts par les eaux de la retenue depuis
2015, une grande quantité de matière organique se décompose dans le lac de la retenue,
affectant ainsi sa turbidité et sa qualité, ce qui en retour a une conséquence sur la variété et la
disponibilité des espèces aquatiques.
. Milieu faunique
Le recasement des populations et la création du PNDD ont contribué à la perte des sites sacrés
des communautés locales. D’une part, le PHLP a impliqué la délocalisation de nombreux villages.
Les populations de ces villages avaient sur leurs anciennes terres des sites sacrés et des
tombeaux qui se retrouvaient sur le site actuel du barrage et la zone ennoyée suite à sa mise en
eau.Par conséquent, l’accès aux sites sacrés pour des rituels et rites tradition- nels est
désormais impossible pour les populations.
D’autre part, les sites sacrés de certains villages se retrouvent à l’intérieur du parc national,
interdit d’accès (villages, kambokassi, Hona). Dans le village Kambokassi, selon les témoignages
recueillis auprès des populations, chaque année des cultes étaient offert dans le site sacré pour
appeler les pluies et implorer les Dieux de favoriser la productivité dans les champs.
Depuis la perte de ces sites, les populations du Village Kambokassi voient leur productivité en
baisse. Pour le cas du village Hona, le site sacré étaient un arbre au milieu de la forêt, les
mamans s’y rendaient lorsque les enfants étaient malades pour y recueillir des feuilles pour leurs
guérisons. Les po- pulations de Hona vivent désormais avec la peur de ne pas pouvoir trouver
solution à la guérison des enfants s’ils tombent malade.
Lom Pangar village est le témoignage parfait des répercussions de la perte des sites sacrés.
Dans ce village précisément et se- lon les témoignages des populations, il ya eu dans le village
un enchainement de décès inexplicable.
C’est dès lors que EDC a accéléré le processus de délocalisation du site sacré pour ce village.
Les différents témoignages recueillis montrent à suffisance que les communautés risqueraient
de perdre leur identité culturelle avec le temps.
– Dans la zone de Deng Deng, l’accès au foncier ne po- sait pas de problème il y a encore
quelques années. Le mode d’accès le plus pratiqué était fondé sur le droit coutumier et la
prise de possession par une mise en valeur de la forêt non revendiquée sur les terroirs
coutumiers. Les villages n’ont plus assez d’espace autant pour les habitats que pour les
activités agricoles.
– Le recasement de certains villages sur l’espace auparavant appartenant à un autre village
occasionne des conflits de voisinage. C’est le cas du village Lom Pan- gar qui occupe
aujourd’hui des terres appartenant au village Déoulé à environ 3 km de ce dernier. Le
village Lom 2 occupe des terres appartenant au village Goyoum à environ 1 km de ce
dernier. Les conflits latents des terres naissent entres les différentes com- munautés. Les
pressions sur les terres se font déjà ressentir. Dans le village Lom 2 par exemple, l’espace
qui leur a été conféré suite à leur recasement sera à long ou moyen terme très insuffisant.
Le sol dans lequel ce village a été placé n’est pas favorable à la culture. Ce sol est selon
les habitants du village, caillouteux et très difficile à labourer.
La prise en compte des impacts du projet hydroélectrique de Lom Pangar a été construite sur la
base des mesures de protection environnementale et sociale du pays et des partenaires
financiers au projet.
– Les acteurs concernées notamment EDC devraient accélérer la mise en œuvre des
mesures compensatrices et d’atténuations non achevées, principalement dans la mise en
œuvre du PI et voir dans quelle mesure l’actualiser à la NES No. 5 de la Banque Mondiale ;
– Le MINEPIA devrait renforcer la surveillance des activités de pêche sur le lac de la retenue,
principalement les pratiques et techniques de pêches appliquées ;
– EDC devrait renforcer les capacités des populations locales dans l’auto gestion des
infrastructures sociales mises en place par le projet ;
– EDC, le MINADER, le MINEPIA et le MINFOF devraient renforcer et adapter le mécanisme
de formation des populations dans le développement des activités génératrices de
revenus. Ces mécanismes doivent tenir compte des spécificités de la zone (superficies
–
des espaces cultivables limitées), et des besoins des communautés locales (structures de
formation accessible) ;
– Le MINFOF devrait inclure les communautés locales dans la gestion du PNDD pour faciliter
l’accès aux droits d’usage coutumier et la préservation des forêts.
RÉFÉRENCES :
EDC : http://www.edc-cameroon.com