Cours TVA Partie 02 1

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 19

9-6 Les régularisations :

En principe, les déductions de TVA régulièrement opérées par un redevable


présentent un caractère définitif.

Cependant, elles peuvent être remises en cause dans certains cas


expressément et limitativement prévus par la loi et donnent lieu au versement
de la TVA déduite au Trésor.
Les révisions des déductions initiales sont appelées «régularisation» et donnent
lieu au reversement de la TVA déduite au Trésor dans certains cas expressément et
limitativement prévus par la législation fiscale.
Les évènements motivant une régularisation
La régularisation de la TVA initialement déduite peut intervenir en raison :
• soit de la règle du butoir,
• soit de la règle du prorata,
• soit d’une cessation d’activité ou d’abandon de la qualité de redevable de la
TVA.

9-6-1. Régularisations du fait de la règle du butoir

La règle du butoir constitue une limitation du droit à déduction. En vertu de


cette règle, la TVA ayant grevé les acquisitions de matières, produits, objets ou
services qui ne sont pas utilisés, soit en état, soit après transformation, dans une
opération soumise à la TVA, ne peut donner lieu à récupération. Dans le cas où la
déduction a déjà été opérée, les redevables concernés doivent la reverser, par
voie de régularisation, au Trésor.
Les cas de régularisations du fait de la règle du butoir concernent :

• Disparition des marchandises : les redevables sont tenus de procéder à un


reversement des déductions antérieures, lorsque les marchandises ont disparu
avant d’avoir reçu l’utilisation en vue de laquelle elles avaient été acquises.
Il en est ainsi en cas de vol, de destruction ou de perte des marchandises.
Le reversement n’est pas exigé en cas de force majeure dûment établie (art
37 du C.T.C.A).
• Biens ou services utilisés pour une opération non soumise à la TVA :

La TVA ayant grevé soit des biens ou services, doit faire l’objet d’un reversement
lorsque ces derniers sont utilisés pour une opération qui n’est pas effectivement
soumise à la TVA.
C’est notamment le cas des biens ou services utilisés :
- pour les besoins propres du chef d’entreprise (prélèvements personnels),
- pour la réalisation d’opérations exonérées.
• Opérations considérées comme définitivement impayées :
Lorsqu’une opération de vente, de travaux, ou de services est considérée
comme définitivement impayée, il y a régularisation de la TVA par la différence
entre :
- la taxe afférente au montant de l’opération de vente, de travaux ou
services,
- et la taxe ayant grevé l’achat du produit, les éléments constitutifs de
l’ouvrage ou l’acquisition du service.

9-6-2. Régularisation du fait de la règle du


prorata

Une régularisation de la déduction initiale doit être opérée dans le cas de la non
conservation d’un bien amortissable ouvrant droit à déduction pendant un délai
de 05 ans.
En effet, lorsque l’évènement qui motive la régularisation (cession du bien,
cessation d’activité, abandon de la qualité de redevable) intervient pendant un
délai de 05 ans, à compter de la date d’acquisition ou d’importation, le redevable
est tenu de reverser une somme égale au montant de la TVA initialement déduite
diminuée d’un cinquième (1/5) par année civile écoulée depuis le début de la
période de régularisation.
Le reversement doit intervenir dans les vingt (20) premiers jours du mois ou du
trimestre qui suit celui au cours duquel s’est produit l’acte qui le motive.

Toutefois, aucune régularisation n’est à opérer si le bien cesse définitivement


d’être utilisé pour des cas de force majeure dûment établis ainsi que les cessions
de biens par les sociétés de crédit-bail en cas de levée d’option d’achat à terme
par le crédit preneur.
Exemple :
Soit un bien acquis en juin 2015 et qui a donné lors de son acquisition à une
déduction de TVA de 20.000DA.
- si ce bien est cédé le 20 mai 2017 après son acquisition, le redevable doit
procéder au reversement de la TVA calculée comme suit :
TVA déduite en 2015 : 20.000 DA
Délai de conservation du bien : 3ans (2015-2016-2017)
Taxe à reverser: 20.000 X 2/5 = 8.000DA
- si ce bien est cédé en juillet 2019(ou ultérieurement), pas de reversement. La
période de régularisation étant expirée.

9-6-3. Régularisations du fait de la cessation d’activité ou d’abandon de la


qualité de redevable
En cas de cessation d’activité ou d’abandon de la qualité de redevable, l’assujetti
est tenu de reverser la TVA afférente aux marchandises en stocks et dont
l’imputation a déjà été réalisée.
9-7 Les redevables partiels :

Les redevables partiels sont ceux qui ne réalisent pas exclusivement des
opérations ouvrant droit à déduction en matière de
TVA. Ils sont assujettis sur une partie seulement de leur activité
professionnelle.
Pour le calcul de la TVA, les redevables partiels sont soumis à des règles
spécifiques qui
ont effet de limiter la déduction à une fraction de la taxe collectée ayant grevé
leurs biens services.
Cette fraction est égale au montant de ladite taxe affectée d’un pourcentage
général de déduction appelé «PRORATA».
La formule du prorata est la suivante:

PRORATA = (chiffre d’affaires imposable en HT+chiffre d’affaires des


exportations de produits taxables en HT+chiffres d’affaires réalisé en franchise de
taxe en HT +le chiffre d’affaires afférent aux produits exonérés ouvrant droit à
déduction) / (chiffre d’affaires porté au numérateur+chiffre d’affaires exonéré+
chiffre d’affaires situé hors champ d’application de la TVA+ le chiffre d’affaires
afférent aux produits exonérés n’ouvrant pas droit à déduction)

Le prorata dégagé est arrondi à l’unité immédiatement supérieure.

Modalités de détermination du prorata :


Le prorata à retenir pour le calcul du droit à déduction au cours d’une année

donnée est déterminé provisoirement en fonction :

• soit du chiffre d’affaires de l’année précédente,


• soit du chiffre d’affaires prévisionnel de l’année en cours.
Le montant des taxes déductibles, au titre de l’année considérée est, par
la suite, définitivement calculé d’après le chiffre d’affaires de cette même année.

A cet effet, les redevables sont tenus de fournir, dans les 25 premiers jours du mois
de mars de chaque année, au service des impôts dont ils dépendent, le
pourcentage de déduction qu’ils appliquent pendant l’année en cours ainsi que
les éléments globaux utilisés pour la détermination du pourcentage.
Si le pourcentage définitif se révèle inférieur ou supérieur de plus de 5
centièmes au pourcentage provisoire, le redevable doit procéder à une
régularisation dans les 25 premiers jours du mois de mars de l’année suivante.
La régularisation donne lieu soit à un reversement de l’excédent de la taxe déjà
déduite, soit à une déduction complémentaire à la taxe initialement déduite.
Les sommes à exclure pour le calcul du prorata, ne doivent figurer ni au
numérateur, ni au dénominateur:
• les livraisons à soi-même soumises à la TVA,
• les cessions d’éléments d’actif,
• les opérations ne revêtant pas un caractère commercial,
• les remboursements de frais non-imposables (débours).

Remarque :
Le pourcentage réel dégagé au cours d’une année considérée, outre le fait qu’il
donne lieu à la régularisation de la TVA déduite au titre de la même année, sert
également pour le calcul des droits à déduction ouverts à raison des biens et
services acquis l’année suivante et devient définitif si le pourcentage de variation
ne dépasse pas cinq points.

Exemple:
Soit un matériel acquis en 2018 par un redevable partiel et grevé d’une
TVA de 5.000 DA.
Le pourcentage initial (prorata) applicable à l’année 2018 est de 80%.

La fraction déductible de cette taxe sera de : 5.000 x 80% = 4.000 DA.

a) si le pourcentage définitif déterminé sur la base des opérations réalisées en


2018 est de 92%, il permet au redevable d’obtenir une déduction
complémentaire :
• fraction déductible de la taxe sur la base du prorata définitif :
5.000 x 92% = 4.600 DA.
• fraction déductible de la taxe sur la base du prorata provisoire :
5.000 x 80% = 4.000 DA.
• déduction complémentaire: 4.600 - 4.000 = 600 DA.
b) si le pourcentage définitif déterminé sur la base des opérations réalisées en

2018 est de 70%, il donne lieu à un reversement :


• fraction déductible de la taxe sur la base du prorata définitif :
5.000 x 70% = 3.500 DA.
• fraction déductible de la taxe sur la base du prorata provisoire :
5.000 x 80% = 4.000DA
• fraction à reverser : 4.000 - 3.500 = 500DA
Cette régularisation (a) ou (b) doit intervenir sur la déclaration des opérations
de février 2018, qui doit être déposée dans les 25 premiers jours du mois de
mars 2018.

Le remboursement des crédits de TVA non imputables est limité à la fraction de


la TVA qui est déductible selon les règles spéciales prévues à l’article 39 du code
des taxes sur le chiffre d’affaires.
La fraction de la TVA non déductible est, dans ce cas, considérée comme une
charge déductible pour la détermination du bénéfice imposable.
9-8 Les nouveaux redevables :

Par nouveaux redevables, il faut entendre:


• les entreprises anciennes, qui par la suite d’un changement de législation,
deviennent obligatoirement passibles de la TVA,
• les entreprises qui deviennent redevables par option,
• les entreprises nouvellement créées.
Le montant du droit à déduction est déterminé : Pour les entreprises nouvelles :

Par l’utilisation d’un prorata provisoire, sur la base de leurs prévisions


d’exploitation de l’année considérée.
Le prorata provisoire s’applique jusqu’à la fin de l’année suivant celle de la
création de l’entreprise.

Il est définitivement retenu pour la période écoulée si, à la date d’expiration de


cette dernière, il ne marque pas une variation de plus de 5 points par rapport au
pourcentage définitif. Dans le cas contraire, la situation est régularisée sur
la base du prorata (pourcentage) réel au plus tard dans les 25 premiers jours
du mois de mars.

Exemple :

Une entreprise est créée le 1er juillet 2016. Sur la base de ses prévisions
d’exploitation, elle dégage un pourcentage provisoire de déduction de 80%. Ce
pourcentage sera applicable à tous les biens acquis ou créés par l’entreprise du
1er juillet 2018 au 31 décembre 2017.

Au début de l’année 2018, elle est tenue de déterminer le pourcentage réel sur la
base des opérations réalisées du 1er juillet 2016 au 31 décembre 2017.
Si le pourcentage réel est de 70%, l’entreprise doit procéder à une
régularisation qui consiste en un reversement,
Si le pourcentage réel est de 90%, l’entreprise doit procéder à une
régularisation qui consiste en un complément de déduction.

Pour les entreprises qui deviennent obligatoirement ou par option


assujetties à la TVA :
Ces entreprises bénéficient à la date de leur assujettissement d’un crédit-départ
de taxe déductible.
Le crédit départ est constitué de deux éléments :

- les stocks : le nouveau redevable peut opérer la déduction de la TVA ayant


grevé les marchandises, matières premières, emballages et produits ouvrant
droit à déduction qu’il détient en stock à la date à laquelle il devient redevable,
- les immobilisations neuves : le nouveau redevable peut opérer la déduction
de la TVA ayant grevé les biens neufs amortissables, et qui n’ont pas encore
commencé à être utilisés à la date de l’assujettissement.
10- LE REGIME DES ACHATS EN FRANCHISE DE T.V.A

La TVA repose sur le principe suivant lequel la taxe ayant grevé les éléments
constitutifs du prix d’une opération imposable est déduite de la TVA collectée sur
l’opération réalisée.
Toutefois, lorsqu’il s’agit d’une opération bénéficiant de l’exonération, l’assujetti
se trouve dans l’impossibilité d’imputer cette taxe, c’est pourquoi l’article 42 du
code des taxes sur le chiffre d’affaires a institué le régime des achats en
franchise.

10-1 Définition du régime des achats en franchise de TVA

Le régime des achats en franchise est un régime qui permet aux assujettis qui se
trouvent dans l’impossibilité d’imputer la taxe payée sur achat, d’acquérir en
franchise de TVA les biens, marchandises et services destinés soit à l’exportation,
soit à la production de biens expressément exonérés par la loi.

10-2 Opérations bénéficiant de la franchise de TVA

Ce régime de faveur concerne:

• les achats ou importations de marchandises, réalisés par les exportateurs


lorsqu’ils sont destinés soit à l’exportation ou à la réexportation en l’état, soit à
être incorporés dans la fabrication, le conditionnement ou l’emballage des
produits destinés à l’exportation ainsi que les services liés directement à
l’opération d’exportation.
• Les biens et services ainsi que les travaux dont la liste est fixée par la
réglementation relative aux activités de recherche et/ou d’exploitation, de
transport par canalisation des hydrocarbures, de liquéfaction du gaz et de
séparation des gaz de pétrole liquéfiés acquis par les fournisseurs de sociétés et
destinés à être affectés exclusivement aux activités susvisées, ainsi que les biens,
services et travaux acquis par les fournisseurs d’ouvrages de raffinage.

En cas de non-utilisation exclusive desdits biens, services et travaux aux


opérations entrant dans le cadre des activités susvisées, il est fait application des
dispositions de l’article 30 ou de l’article 39 du C.T.C.A, selon le cas ;
4) Les acquisitions des biens d’équipement et services entrant directement dans la
réalisation de l’investissement de création ou d’extension lorsqu’elles sont
effectuées par les entreprises exerçant des activités réalisées par les jeunes
promoteurs éligibles au Fonds national de soutien a l’emploi des jeunes ou au
Fonds national de soutien au microcrédit ou à la caisse nationale d’assurance-
chômage.
Les véhicules de tourisme ne sont concernés par cette disposition que lorsqu’ils
représentent l’outil principal de l’activité.
Remarque :
Le régime des achats en franchise de TVA n’est pas applicable pour les biens,
marchandises, matières et services destinés à l’exportation et dont la liste est fixée
par arrêté du ministre chargé des finances.
Ces acquisitions donnent lieu après paiement et contrôle de la destination au
remboursement du montant de la TVA due.

10-3 Procédures régissant le régime des achats en franchise :

C’est l’autorisation d’achat en franchise accordée par le Directeur des Impôts de


wilaya territorialement compétent.
L’octroi de l’agrément est subordonné:
• à la tenue d’une comptabilité en la forme régulière par l’entreprise
bénéficiaire,
• à la production d’extraits de rôles, certifiant l’acquittement de tous impôts et
taxes exigibles ou l’octroi de délais de paiement par l’administration fiscale, à la
date de dépôt de la demande d’agrément.
Cette dernière formalité est exigée annuellement lors de la délivrance de
l’autorisation annuelle d’achat en franchise par le directeur des impôts de wilaya.
Procédure d’octroi de l’agrément :

Les demandes d’octroi de l’agrément sont introduites auprès du directeur des


impôts de wilaya ou du chef de centre des Impôts territorialement compétent.
Lorsque l’agrément est accordé, le directeur des impôts de wilaya ou le chef de
centre des
Impôts fait connaître au bénéficiaire, le montant du contingent
accordé.
Le contingent :

L’autorisation d’achat en franchise de la TVA, dont la durée de validité est d’une


année civile, est délivrée par le directeur des impôts de wilaya ou le chef de
centre des Impôts pour un contingent annuel dont le montant ne peut excéder :
• soit la valeur de vente, taxe non comprise, des marchandises normalement
passibles de la TVA, livrées à la même destination par le bénéficiaire de
l’autorisation au cours de l’exercice précédent;
• soit le montant, taxe non comprise, des achats de produits de l’espèce au cours
de l’année précédente, majoré de 15%.
Un contingent complémentaire peut être accordé par le directeur des impôts de
wilaya sur
simple présentation des pièces justifiant la nécessité de l’augmentation
sollicitée.
Au début de l’année civile et en attendant le renouvellement de l’autorisation
annuelle, un contingent provisoire fixé au quart du quantum de l’année
antérieure peut être accordé par le directeur des impôts de wilaya.
Lorsque l’agrément est sollicité par une entreprise nouvellement installée, un
contingent provisoire d’une durée trimestrielle est accordé. Il est ensuite révisé
jusqu’à la fin de l’année civile.
Réalisation des achats en franchise :

Les achats en franchise de TVA sont effectués sur remise par le bénéficiaire au
vendeur (achats locaux) ou au service des douanes (à l’importation) d’une
attestation (F n°22), visée par le service des impôts dont dépend ledit
bénéficiaire, comportant engagement
de paiement de l’impôt ainsi que des pénalités éventuellement encourues au cas
où les produits ne recevraient pas la destination ayant motivé la franchise. Cette
attestation est délivrée par l’inspection des impôts dont relève le bénéficiaire.

Pièces à fournir pour la délivrance du F n°22 :

 Décision d’agrément au régime des achats en franchise délivrée par le


Directeur des impôts de wilaya territorialement compétent ;
 Autorisation d’achats ou d’importations en franchise de la TVA délivrée par le
Directeur des grandes entreprises, le Directeur des impôts de wilaya ou le chef
de centre des impôts pour un contingent annuel ;
 Facture proforma (acquisition sur marché local) récente ou document
d’importation pour chaque produit, article, service ou travaux ;
 Production d’un extrait de rôles, certifiant l’acquittement de tous impôts et
taxes exigibles ou l’octroi de délais de paiement par l’administration
fiscale (article 46 du CTCA) ;
 Présentation de tous documents susceptibles de justifier la nécessité de
l’augmentation sollicitée dans le cas où le bénéficiaire demande un contingent
complémentaire (article 45 du CTCA).

Dépôt de l’état détaillé des stocks acquis en


franchise :

Les bénéficiaires d’achats en franchise de la TVA doivent déposer en fin


d’exercice et au plus tard le 15 janvier, à l’inspection des impôts dont ils
dépendent sous peine d’une amende fiscale de 100.000 DA, un état détaillé par
nature et valeur des stocks acquis en franchise de taxe.
L’état détaillé doit contenir les renseignements relatifs à la nature et à la
valeur des stocks des produits, objets ou marchandises acquis en franchise de
taxe et détenus par les bénéficiaires le 1er janvier à zéro heure.
Lorsque ces produits, objets ou marchandises ne peuvent faire l’objet d’un
inventaire détaillé par nature et valeur, il est admis que le montant de ces stocks
soit déterminé globalement par référence à la valeur d’achat des marchandises
exportées ou livrées conformément à leur destination pendant l’exercice écoulé.
11-LE REGIME DE LA FRANCHISE DE T.V.A.
La réalisation d’un investissement nécessite souvent d’énormes ressources
financières pour l’acquisition ou l’importation des équipements.
Afin d’alléger les contraintes financières qui pèsent lourdement sur la trésorerie
des investisseurs, la loi a institué en leur faveur le régime de la franchise de taxe
qui leur permet d’acquérir ou d’importer ces équipements en suspension de
taxes.
Le non paiement de la TVA ne constitue nullement une exonération mais une
suspension de taxe, étant donné que l’activité déployée grâce à l’acquisition de
ces biens demeure imposable.
11-1 Champ d’application du régime de la franchise de taxe
Le régime de la franchise de taxe s’applique aux :

• Biens et services entrant directement dans l’investissement réalisé dans le cadre


de la loi 16-09 relative à la promotion de l’investissement ainsi que les
équipements acquis par un crédit bailleur dans le cadre de contrat de leasing
financier conclu avec un promoteur qui bénéficie des avantages prévus par
l’ordonnance dont il s’agit;
• Opérations relatives aux contrats portant sur la réalisation d’investissements
d’importance nationale et ce, jusqu’à l’achèvement des investissements
programmés ;

11-2 Conditions d’octroi de la franchise de taxe :


Le bénéfice de la franchise de taxe est subordonné aux conditions suivantes:
• l’entreprise doit exercer l’une des activités citées supra,
• l’entreprise doit être imposée suivant le régime du réel,
• les biens d’équipements doivent être destinés à la réalisation d’opérations
imposables à la TVA.

IMPORTANT :
Les autorisations d’acquisition en franchise doivent être établies par le service
dans la mesure où les opérations en cause revêtent un caractère conjoncturel. A
cet égard, le carnet d’attestations doit être utilisé au niveau de l’inspection sous
la responsabilité du gestionnaire.

Pièces à fournir pour la délivrance de l’autorisation d’acquisition en


franchise F n°20 :
Copie de la décision d’octroi des avantages fiscaux ;
 Copie de la liste des biens et équipements entrant directement à la réalisation
de l’investissement ;
 Facture proforma (acquisition sur marché local) récente ou document
d’importation pour chaque biens et équipement prévues sur la liste ;-
 Attestation du crédit-bailleur justifiant de la destination du bien acquis
(désignation du crédit –preneur) pour les bénéficiaires autorisés à pratiquer
les opérations de crédit bail ;
 Spécimen de signature du représentant légal du bénéficiaire.
12-LE REMBOURSEMENT DE LA T.V.A

Le droit à déduction de la TVA qui a grevé le prix d’achat ou de revient des


opérations y ouvrant droit est normalement exercé par voie d’imputation due au
titre des opérations ouvrant droit à déduction.
Toutefois, ce droit peut être exercé par voie de remboursement pour la fraction
de taxe déductible dont l’imputation n’est pas possible.
C’est pourquoi, il est prévu, dans certains cas, la restitution de la taxe
normalement déductible lorsque celle-ci ne peut être imputée entièrement sur
la TVA due au titre des opérations imposables réalisées par un assujetti.
Ainsi, les redevables de la TVA qui n’ont pas la possibilité de récupérer les taxes
payées à leurs fournisseurs ou en douane peuvent, sous certaines conditions,
demander la restitution de la taxe par voie de remboursement direct.

12-1 Les cas de remboursement de la TVA

Le remboursement de la TVA est prévu dans les cas ci-après:

1/Opérations exonérées :

• opérations d’exportation ;
• opérations de commercialisation de marchandises, de biens et services
expressément exonérées de la TVA, ouvrant droit à déduction ;
• opérations de livraison de marchandises, de travaux, de biens et services à un
secteur exonéré ou bénéficiant du régime de l’autorisation d’achat en franchise
de taxe.
2/La cessation d’activité :

Toutefois, le remboursement du crédit de TVA est déterminé après


régularisation de la situation fiscale globale du redevable, notamment en
matière de reversement des déductions initiales et des plus values de cessions
professionnelles ;
3/ Application de taux différents :

Le remboursement est prévu en cas de la différence de taux de la TVA résultant


entre l’application du taux sur l’acquisition des matières, marchandises, biens
amortissables et services et le taux applicables sur les affaires taxables, lorsque le
solde créditeur porte sur une période de trois (03) mois consécutifs.
4/ Opérations réalisées par des redevables partiels :

Pour les redevables partiels (une partie de vente est taxable alors que l’autre
partie est exonérée), le remboursement des crédits de TVA non imputable est
limité à la fraction de la TVA qui est déductible selon les règles prévus à l’art. 39
du CTCA. La fraction de la TVA non déductible est considérée comme une
charge déductible pour la détermination du bénéfice imposable.
12-2 Les conditions de remboursement de la TVA

Le bénéfice du remboursement de la TVA est subordonné aux conditions ci-


après :

• la tenue d’une comptabilité en la forme régulière par l’entreprise


bénéficiaire ;
• la production d’un extrait de rôle apuré ou d’un échéancier de
paiement ;
• la mention du précompte sur les déclarations mensuelles souscrites par
l’entreprise;
• le crédit de la TVA doit être constitué de la TVA/achats régulièrement
déduits, notamment en application des dispositions de l’article 30 du CTCA ;
• les demandes de remboursement des crédits de taxe sur la valeur ajoutée
doivent être formulées, selon le cas, auprès du directeur des grandes
entreprises, du directeur des impôts de wilaya, ou du chef du centre des impôts
compétent au plus tard le 20 du mois qui suit le trimestre au titre
duquel le remboursement est sollicité.

• le crédit de taxe dont le remboursement a été demandé ne peut plus donner lieu
à imputation,
• il doit être annulé par le redevable dès le dépôt de sa demande de
remboursement ;
• le montant du crédit de taxe constaté au terme du trimestre civil et dont le
remboursement est sollicité doit être égal ou supérieur à un million de dinars
(1.000.000 DA).

12-3 La procédure de remboursement de la TVA

Les redevables sont tenus de déposer une demande de remboursement, dument


signée, en double exemplaire dont l’imprimé est fourni par l’administration fiscale
en indiquant le motif de la restitution, le montant de la taxe à restituer pour
chaque période d’imposition avec un décompte précis.
Les demandes en question doivent désormais être formulées auprès des services
gestionnaire du dossier fiscal (Direction des grandes entreprises, Direction des
impôts de wilaya ou Centre des impôts) disposant de tous les éléments nécessaires
pour apprécier l’éligibilité de ladite entreprise aux dispositions de l’article 50 du
Code des Taxes sur le Chiffre d’Affaires.

Le dossier une fois instruit par le service d’assiette (DGE , DIW, CDI) est transmis
au à l’administration centrale (direction du contentieux) pour avis conforme.
Cas de restitution de la TVA concernant les BIENS WAKFS :

Le principe de restitution de la TVA ayant grevé les opérations de préservation et


de construction de BIENS WAKFS obéit à des règles spécifiques. Ce principe est
institué par l’article 37 de la LF 2002, dont les modalités et les conditions sont

fixés par le décret exécutif n° 03-257 du 22-07-2003.

12-4 Le bénéfice d’une avance financière:

Les entreprises ayant introduit des demandes de remboursement de précompte de


TVA, peuvent bénéficier, en vertu des dispositions de l’article 53 de la loi n° 84-17
du 7 juillet 1984 relative aux lois de finances, d’une avance financière dès le dépôt
de la demande.
Les entreprises éligibles à cette procédure sont celles qui remplissent les
conditions prévues aux articles 50 et 50 bis du code des taxes sur le chiffre
d’affaires.
L’avance financière est fixée au taux de 50% calculée sur le montant du précompte
confirmé formellement par le service gestionnaire du dossier.
Cette avance doit être versée, par le receveur, conformément aux sûretés qu’exige
le principe de sauvegarde des intérêts du Trésor, à l’issue du contrôle formel de la
demande.
Le versement du reliquat ne peut être effectué qu.après détermination du montant
total admis au remboursement à l’issue d’un contrôle approfondi de la demande.
Les modalités d’application de ces dispositions seront précisées, en tant que de
besoin, par un arrêté du ministre des finances
Exemples pratiques des modalités de remboursement des crédits de TVA :

Exemples d’application de la condition de délai d’introduction de la


demande de remboursement :

Soit une entreprise éligible au remboursement des crédits de TVA dont les
déclarations G50 du 1er trimestre civil 2018 présentent un crédit de TVA:

DECLARATION G 50
1er trimestre civil Crédit de TVA TVA à payer
2018 Janvier 800.000 -
Février 700.000 -
Mars 1.000.000 -

En Avril :
Cette entreprise dépose le 16.04.2018 sa déclaration G50 du mois
de mars sur laquelle est constaté le crédit de 30.000 DA. A l’appui de cette
déclaration, elle formule à la même date une demande de remboursement
dudit crédit.
Cette demande est considérée comme recevable, le délai imparti (avant le 20 avril
2018) à cette entreprise pour formuler sa demande a été respecté.
En Mai :
Si cette entreprise dépose le 7 mai 2018 sa demande de remboursement du crédit
de 1.000.000 DA constaté sur la déclaration du mois de mars, alors que la date
limite est fixée au 20 avril.
L’instruction de sa demande aboutira à un avis de rejet pour dépôt hors délai.
Néanmoins, le crédit ayant fait l’objet de rejet est reporté sur les déclarations
suivantes et pourra :

- soit, faire l’objet d’une nouvelle demande de remboursement si l’entreprise


présente toujours une situation créditrice au terme du prochain trimestre civil ;
- soit, être imputé sur la TVA due des mois de Mai et suivants.
Tableau récapitulatif fixant les dates limites d’introduction des
demandes de remboursement des crédits de TVA.

JANVIER AVRIL JUILLET AOUT OCTOBRE


Trimestre de
FEVRIER MAI SEPTEMBRE NOVEMBRE
constitution des
MARS JUIN 2018 DECEMBRE
crédits de TVA
2018 2018 2018
Date limite
d’introduction Avant le Avant le Avant le 20 Avant le 20
des 20 avril 20 juillet octobre janvier
demandes de 2018 2018 2018 2019
rembourseme

Exemples d’application de la condition fixant à 1.000.000 DA le montant


minimum du crédit à rembourser :
Exemple 1 :
Une entreprise constate pour le second trimestre civil les crédits
suivants :
- Avril : 1.750.000 DA
- Mai : 1.200.000 DA
- Juin : 999.000 DA.
Elle dépose le 18 juillet sa demande pour obtenir le remboursement du crédit de
TVA de 999.000 DA constaté au titre du deuxième trimestre.

L’examen de la demande aboutira à une décision de rejet au motif que le crédit


figurant sur la déclaration du mois de juin, soit 999.000 DA n’atteint pas le seuil
minimum exigé, bien que les déclarations des mois d’Avril et Mai font apparaître
des crédits qui excèdent le montant minimum de 1.000.000 DA.
Exemple 2 :
Une autre entreprise constate pour le même trimestre civil les crédits
suivants :
- Avril : 1.000.000 DA
- Mai : crédit nul (TVA à payer)
- Juin : 1.500.000 DA.
Elle dépose le 20 juillet sa demande pour obtenir le remboursement du crédit

constaté au terme du trimestre civil, soit 1.500.000 DA.

Cette demande est recevable du fait que la période (trimestre civil) présente une
situation créditrice et que le montant du crédit sollicité au remboursement
excède le seuil minimum.
Exemple 3 :

Une entreprise éligible au remboursement constaté au titre du 3ème


trimestre civil le crédit suivant :
- Juillet : TVA à payer
- Août : TVA à payer
- Septembre : crédit 1.800.000 DA.

Cette demande est recevable du fait que la période (trimestre civil) présente une
situation créditrice et que le montant du crédit sollicité au remboursement
excède le seuil minimum.
Exemple illustrant le sort des demandes de des crédits de TVA au regard de la
procédure légale :
En limitant le délai d’introduction de la demande de remboursement au 20 du
mois qui suit le trimestre civil, remboursement doit porter sur un crédit constaté
au terme de la période de trois mois consécutifs de chaque trimestre civil.
Soient trois entreprises éligibles au remboursement ayant présenté les
demandes de remboursement comme suit : Sort de demande.

Déclaration
Sort de
Entreprise 2 ème G50
Crédit TVA TVA à payer demande
trimestr
Avril - 2.000.000
Recevable en
01 Mai 800.000 -
la forme
Juin 1.000.000 -
Avril 1.500.000 -
Recevable en
02 Mai - 2.000.000
la forme
Juin 2.200.00 -
Avril 2.200.000 -
Recevable en
03 Mai 2.100.000 -
la forme
Juin 1.300.000 -

Exemples d’application de la condition d’interdiction du report de crédit de la


TVA dés le dépôt de la demande de remboursement.
Exemple 1 :
Soit une entreprise éligible au remboursement de TVA : sa déclaration G50
relative aux opérations réalisées au titre du mois de mars fait ressortir les
éléments ci après :
1. G 50 du mois de Mars déposé avant le 20 Avril :

A- Chiffres d’affaires imposables : 17.500.000 DA Montant des droits : 1.225.000 DA

B- Déduction à opérer : C- TVA à payer :


Précompte antérieur : 2.800.000 DA Total droits : 1.225.000 DA
TVA/ biens et services : 800.000 DA Total des déductions : 3.600.000 DA
TVA/ immobilisations : -
Total des déductions à opérer : 3.600.000 DA Précompte à reporter : 2.375.000 DA

- Cette entreprise dépose également une demande de remboursement de crédit


constaté, soit : 2.375.000 DA

2. G50 du mois d’Avril déposé avant le 20 mai : celle ci doit être souscrite
comme suit :

A- Chiffre d’affaires imposables : 40.000.000 DA Montant des droits : 2.800.000 DA


B- Déduction à opérer : C-TVA à payer :
Précompte antérieur : 0 Total droits : 2.800.000 DA
TVA/ biens et services : 800.000 DA /Total des déductions : 50.000 DA
TVA/ immobilisations : 1.200.000 DA Précompte à reporter : 0
Total de déductions à opérer : 2.000.000 DA/ TVA à payer : 800.000 DA

- L’entreprise en annulant le précompte antérieur de 2.375.000 DA, a respecté la


règle du non report.
En revanche, cette même entreprise ne respecte pas l’obligation de non report de
crédit antérieur, en ne procédant pas à son annulation, sa situation fiscale en
matière de TVA au titre du mois d’avril, se présentera comme suit :

A-Chiffre d’affaires imposables : 40.000.000 DA Montant des droits : 2.800.000DA


B-Déduction à opérer : C-TVA à payer :
Précompte antérieur : 2.375.000 DA Total droits : 2.800.000 DA
TVA/ biens et services : 800.000 DA Total des déductions : 4.375.000 DA
TVA/ immobilisations 1.200.000 DA
Total des déductions à opérer : 4.375.000 DA Précompte à reporter : 1.575.000 DA

Dans ce cas, il sera procédé à la correction qui s’impose en annulant le crédit


reporté de 2.375.000 DA. Cette correction dégagera une TVA à payer égale à
2.800.000 DA.
Exemple 2 :
Soit une entreprise éligible au remboursement de TVA dont la déclaration G50
relative au mois de juin se présente comme suit :

1. G50 du mois de juin déposée le 20 juillet:

A-Chiffre d’affaires imposables: 120.000.000 DA Montant des droits : 8.400.000 DA


B- Déduction à opérer : C. TVA à payer :
Précompte antérieur : 4.000.000 DA Total droits : 8.400.000 DA
TVA/ biens et services : 3.600.000 DA Total des déductions : 10.000.000 DA
TVA/ immobilisations : 2.400.000 DA Précompte à reporter : 1.600.000 DA
Total des déductions à opérer : 10.000.000 DA

- Cette entreprise dépose également une demande de remboursement pour un


montant de 1.600.000 DA.

2. La déclaration G50 du mois de juillet déposé avant le 20 août :

A- Chiffre d’affaires imposables : 80.000.000 DA Montant des droits : 5.600.000 DA


B. Déduction à opérer : C. TVA à payer :
Précompte antérieur : 1.600.000 DA Total droits : 5.600.000 DA
TVA/ biens et services : 7.200.000 DA Total des déductions : 10.560.000
DA TVA/ immobilisations : 3.200.000 DA Précompte à reporter : 4.960.000
DA Total des déductions à opérer : 10.560.000 DA

L’exploitation de cette déclaration fait ressortir que cette entreprise n’a pas
respecté l’obligation de non report du crédit antérieur de 1.600.000 DA
constitué au titre du trimestre civil précédent. Cette situation engendrera la
correction qui s’impose, laquelle aboutira à une réduction du précompte tel que
déclaré pour ne prendre en compte que celui constitué au titre de ce mois
s’élevant à DA (4.960.000 DA-1.600.000 DA )=3.360.000DA
Exemples sur les modalités de calcul du remboursement de la TVA en cas de
cessation d’activité.
Exemple 1 :
Soit une entreprise ayant cessé son activité le 20.07.2018. La déclaration dudit
mois fait ressortir un crédit de TVA de 1.800.000 DA.
- Stocks de marchandises au 20.07.2018 - TVA déduite = 100.000 DA
- Equipement amortissables :
*Machines acquises en Juillet 2016, soit deux ans d’utilisation- TVA
déduite = 400.000 DA.
*Matériel de transport de marchandises acquis en juillet 2013, soit six

ans d’utilisation. TVA déduite = 250.000 DA

*Véhicule de tourisme : TVA déduite = 200.000 DA.


- Calcul du remboursement :
- Crédit détenu : 1.800.000 DA
- TVA à régulariser :
*Stock : 100.000 DA
*Equipement : 400.000 X 3/5 = 240.000 DA
*Véhicule de tourisme : 200.000 DA

540.000 DA

- Crédit à rembourser :
1.800.000 DA – 540.000 DA = 1260000DA.
Exemple 2

Soit une entreprise ayant cessé son activité le 20.02.2018, la déclaration dudit
mois fait apparaître un crédit de TVA de 1.100.000 DA.
- TVA sur marchandises détenues en stock au 20.02.2018 = 600.000 DA.
- Equipement figurant à l’actif :
*Machine acquise en Février 2016, soit trois ans d’utilisation - TVA déduite:
700.000 DA.
La cession de cette machine a donné lieu à une plus value que le
contribuable n’a pas déclaré.
*Véhicule de transport de personnel : TVA déduite : 300.000 DA.
Calcul du remboursement:
- Crédit détenu : 1.100.000 DA
- TVA à régulariser :
*Stock : 600.000 DA
*Equipement : 700.000 X 2/5 = 280.000 DA
*Véhicule de tourisme : 300.000 DA
1.180.000 DA
- Crédit à rembourser : Néant

1.100.000 DA – 1.180.000 DA = -80.000 DA.


Le solde étant débiteur, le contribuable est tenu de verser cette somme au Trésor
Public.
La plus value réalisée par le contribuable à l’occasion de la cession d’un élément
de l’actif doit faire l’objet d’une régularisation par voie de rôle suivant la
procédure contradictoire.

Vous aimerez peut-être aussi