JMKA - Méthodologie de La Recherche
JMKA - Méthodologie de La Recherche
JMKA - Méthodologie de La Recherche
Sciences de gestion
Jean-Max KONO ABE
Introduction générale
L’apport de la recherche appliquée ou la recherche intervention
1. Le cadre épistémologique
1.1. Paradigme positiviste, approche hypothético-déductive et logique quantitative
1.2. Paradigme constructiviste, approche holistico-inductive et logique qualitative
2. Définition de l’objet
Le problème de la recherche et la problématique
2.1. Les différentes facettes d’un problème
2.2. Les composantes d’une problématique
3. La collecte de données
3.1. Etudes documentaires
3.2. Enquête qualitative
3.3. Enquête quantitative
Les sciences de gestion ont vocation à analyser et à concevoir les dispositifs de gouvernance
d’entreprise. Une telle vision permet d’élargir le champ de la recherche en gestion à d’autres
disciplines diverses. L’objectif de l’intervention est de remonter de l’analyse opérationnelle à des
stratégies générales ou à des théories intermédiaires.
Un travail de recherche appliquée est défini par opposition à un travail de recherche plus théorique
ou « fondamental ». Plutôt que de relever de l’une ou l’autre de ces deux catégories, nombre de
contributions de recherche en Sciences de gestion se positionnent sur un continuum entre ces deux
pôles théorique et appliquée. Il n’en demeure pas moins que certains travaux sont plus proches
d’un pôle que de l’autre. De manière simple, un travail de recherche appliquée en management
présente des implications et des pratiques dans la gestion de différents personnels d’une
organisation. Il s’adresse donc à la communauté académique mais aussi, dans le même temps, aux
praticiens de la gestion tels que les décideurs, les managers.
L’identification des problèmes et de leurs conséquences pratiques peut conduire à dessiner les
contours de solutions possibles, voire à proposer directement ces solutions et, dans certains cas, à
accompagner leur mise en œuvre.
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Le principal apport d’un projet de recherche appliquée peut ainsi résider dans sa contribution
empirique (ou pratique). Réunir un corpus théorique pour mettre en évidence les caractéristiques
d’un contexte et en dessiner les évolutions possibles, présente des implications pour la pratique
dans la mesure où ce travail de mise en forme et de mise en perspective peut informer la manière
dont différentes parties se représentent des situations (ou problèmes organisationnels) par rapport
aux défis et enjeux y relatifs.
Dans un travail de recherche appliquée, les théories sont mobilisées d’abord pour leur portée
heuristique (inhérente à la découverte ou à l’apport scientifique). Néanmoins, l’objectif n’est pas
de faire émerger des concepts, mais de montrer en quoi les cadres mobilisés permettent de rendre
compte, dans une perspective managériale, des cas opérationnels traitées. Ceci est le souci de cette
perspective managériale originale qui permet de différencier cette posture de recherche appliquée
des approches interprétatives ou positivistes pour lesquelles proposer un commentaire théorique
nouveau de situations de gestion constitue la contribution à la recherche.
Le statut épistémologique de ces théories heuristiques fait écho à la complexité des problèmes de
gestion, quel qu’en soit le domaine. L’objectif est de rendre compte au travers de la connaissance
produite susceptible d’être mobilisée par différents sujets et d’orienter leurs représentations, leurs
actions, voire leurs décisions. La contribution pourrait être liée au développement d’un cadre
analytique approprié témoignant du problème organisationnel analysé.
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1. Le cadre épistémologique
Fondées sur l’expérimentation scientifique, les recherches qui s’inscrivent dans ce paradigme
répondent à des critères précis de rigueur, d'objectivité, de quantification et de cohérence dont la
finalité est d'expliquer les phénomènes et de formuler les lois qui les régissent. Selon ce paradigme
(modèle idéalisé), c’est en formulant et en testant différentes hypothèses, à la recherche de
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régularités, que le chercheur découvrira cette réalité. Les hypothèses épistémologiques fondatrices
sur lesquelles repose historiquement le positivisme se présentent, à cet égard, de la façon suivante
:
Le « réel » a une essence unique, indépendante de l’attention que peut lui porter un
observateur qui la décrit ;
La « réalité sociale » est extérieure à l’individu ;
Le « réel » est régi par des lois naturelles universelles immuables, dont beaucoup prennent
la forme de relations (à chaque fois qu’A alors B).
En voici la logique :
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Vise (à produire, conforter ou invalider) un savoir générique.
Cette démarche doit permettre d’identifier des lois, à caractère universel, ou de construire
progressivement des théories générales et des modèles explicatifs que la communauté scientifique
a pour mission de chercher à conforter ou à réfuter en la mettant à l’épreuve des tests empiriques.
Les résultats positifs conforteront les lois, les théories ou les modèles, tandis que des résultats
négatifs les invalideront, les réfuterons.
Pour autant, la « falsifiabilité » d’une théorie la rend scientifique et une théorie est scientifique
dans la mesure où il est possible de la réfuter.
Le terme déductif signifie que le mouvement de la recherche est foncièrement descendant, partant
du général (une théorie, une loi, un principe, une « tendance » de résultats empiriques convergents)
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que l’on veut aborder vers le particulier (une étude contextualisée, une expérience spécifique)
susceptible de confirmer, d’infirmer (ou de revoir ce « général »).
Ce mouvement descendant part des acquis déjà engrangés par les recherches précédentes
autorisant le chercheur à formuler une nouvelle interrogation et se dirige, dans un second temps,
vers une prise d’informations auprès du terrain d’étude.
Les étapes qui ponctuent une recherche caractéristique d’une approche quantitative se présentent
de la manière suivante :
Lorsque le défi du chercheur est de réussir à percevoir un phénomène selon le point de vue des
sujets observés et d’essayer d’y découvrir des formes communes de compréhension, l’approche
holistico-inductive est favorisée.
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1.2.1. Le paradigme constructiviste
Le relativisme indique que, pour les tenants de ce paradigme épistémologique, nous ne pouvons
accéder directement au réel. Ce qui « est connaissable » se limite à « l’expérience du réel » et l’on
ne pourra jamais être certain que ces expériences recouvrent rationnellement un réel, si tant est
qu’il existe indépendamment de ceux qui l’observent. Ce qu’on appelle « réalité » dans le sens
habituel du terme est donc envisagé à tout le moins comme des « réalités perçues ». Ainsi, comme
nous ne percevons pas forcément les mêmes choses de la même manière, ces « réalités » sont
multiples. La démarche scientifique intervient dans ce contexte aux fins de construire, avec
rigueur, une connaissance « rationnelle » reconnue et partagée par une communauté sociale (la
communauté scientifique et, à partir de cette communauté, la société civile).
Pour les chercheurs qui se positionnent dans un paradigme constructiviste, le sens se construit par
le sujet observant dans la relation qu’il entretient avec le sujet observé. Ce subjectivisme ne doit
pas être confondu avec le relativisme dont on a parlé ci-avant (le relativisme spécifie une relativité
de perception et d’interprétation, variables selon le sujet observateur). Il renvoie plutôt à l’idée
d’un chercheur nécessairement sujet à part entière de la relation qu’il établit, dans sa quête de
compréhension, avec les acteurs de terrain. Elle s’oppose à la conception positiviste de sujet neutre,
« en dehors » de la relation et, à ce titre, cherchant à ne pas l’influencer dans sa quête d’objectivité.
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L’approche est donc inductive en ce sens qu’elle privilégie les informations qui proviennent du
terrain et tente, seulement par après, de construire un modèle compréhensif, particulier au milieu
étudié. Cette démarche mène à un savoir particulier (ou « savoir local ») qui ne peut
immédiatement se généraliser à d’autres contextes. D’autres études, complémentaires, parfois
appelées « études intersites », peuvent, par la confrontation des résultats obtenus pour chaque site,
construire progressivement un « savoir générique », valable dans les différents contextes.
La recherche de type holisticoinductif est privilégiée dans ce qu’on appelle l’approche qualitative
de la recherche, également intitulée recherche qualitative.
En voici la logique
Une question générale de recherche peut être formulée, mais elle ne doit pas restreindre ou entraver
la cueillette d’informations. Le chercheur recueille sur le terrain auprès des acteurs concernés des
descriptions, impressions ou explications des événements qu’ils vivent. De ces témoignages, il
tente de dégager des schèmes communs d’interprétation qui expliqueraient certains
comportements. C’est ainsi qu’éventuellement émergent du terrain les éléments d’une théorie
quelquefois qualifiée de particulière. Cette théorie est susceptible d’acquérir une portée plus
générale si le processus de recherche est poursuivi sur d’autres terrains et dépasse ainsi le cadre du
phénomène particulier initialement étudié.
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Les risques rencontrés par un chercheur impliqué dans une telle démarche sont multiples. Nous en
citerons quelques-uns auxquels nous invitons le chercheur à être attentif :
Une approche qualitative se distingue essentiellement d’une approche quantitative dans la mesure
où elle procède, schématiquement, de manière inductive. Ainsi, la dynamique adoptée ici tend,
d’une manière générale, à « partir » de la découverte et de l’étude approfondie d’un « terrain »
spécifique d’étude, sans que le chercheur n’ait, au départ d’hypothèse. Ces recherches se
consacrent généralement à l’étude d’un ou de quelques cas singuliers. On parle à cet égard de
recherches idiographiques. Elles procèdent dans bien de cas à des études de cas fondées sur
l’analyse de données qualitatives (discours, observation…) dont elles tentent de comprendre le
sens au regard du contexte. Ce sont foncièrement des études réalisées sur le « terrain », avec un
souci constant d’éviter, par les interventions du chercheur, d’en altérer ses caractéristiques. Ces
recherches privilégient l’analyse qualitative des données, à savoir l’analyse du matériel étudié sans
« quantification ».
La « recherche qualitative » privilégie ainsi une attitude naturaliste en se donnant pour but premier
de décrire et de comprendre les phénomènes étudiés dans leur contexte « naturel » d’observation.
Une recherche de qualité vise la « plausibilité » des données et la « crédibilité » des analyses de la
manière suivante :
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D’abord, le chercheur doit s’immerger dans le contexte pour comprendre les phénomènes
dans toute leur finesse et leur complexité mais également pour interpréter justement la
signification et le sens du discours des acteurs ;
Ensuite, il doit également se détacher suffisamment de façon à développer une analyse
neutre de ce qui est observé ;
Aussi, le chercheur doit-il questionner ses interprétations par un retour constant à son
matériel et éprouver les conclusions provisoires par de nouvelles données.
Un problème de recherche est l’écart qui existe entre ce que nous savons et ce que nous voudrions
savoir à propos d’un phénomène donné. Tout problème de recherche appartient à une
problématique particulière. Une problématique de recherche est l’exposé de l’ensemble des
concepts, des théories, des questions, des méthodes, des hypothèses et des références qui
contribuent à clarifier et à développer un problème de recherche.
On précise l’orientation que l’on adopte dans l’approche d’un problème de recherche en formulant
une question spécifique à laquelle la recherche tentera de répondre.
Toute bonne recherche vise à répondre à une question précise. S'il y a besoin de faire une
recherche, c'est qu'il y a un problème dans notre compréhension des choses. Un problème est une
difficulté ou un manque de connaissances qui a trouvé une formulation appropriée à l’intérieur
d’un champ de recherche, à l’aide des concepts, des théories et des méthodes d’investigation qui
lui sont propres. Un problème de recherche est un manque de connaissances prêt à être traité
scientifiquement.
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2.1. Les différentes facettes d’un problème
Problème pratique : situation sociale difficile ou problème technique (la condition socio-
économique des enfants de la rue) ;
Problème empirique : manque de connaissance des faits qu'une observation ou une
expérimentation peut permettre de résoudre (la détermination du taux de satisfaction des
usagers de la fonction publique) ;
Problème conceptuel : problème concernant la définition adéquate d'un terme ou sa
signification exacte (par exemple : la définition la plus appropriée de la performance) ;
Problème théorique : relatif à l’explication d'un phénomène ou l'évaluation d'une théorie
explicative (la détermination des causes du fossé numérique).
Puisqu'on ne peut jamais poser correctement qu'un seul type de problème à la fois, on distinguera
également d’autres types de problématique : pratique, expérimentale, conceptuelle et théorique.
Tout problème appartient à une problématique de recherche. On ne peut envisager l’un sans l’autre.
Le thème
C'est l'énoncé du sujet de la recherche, ce dont nous allons parler, la zone de connaissance
que nous allons explorer ;
Le problème
Un problème de recherche est une interrogation sur un objet donné dont l’exploration est à
la portée d’un chercheur, compte tenu de ses ressources et de l’état actuel de la théorie. Il
doit pouvoir être traité de manière scientifique et se concrétise et se précise par une question
de recherche ;
Les théories et les concepts
Il s'agit des théories qui s'appliquent aux divers aspects d’un problème de recherche. On
entend généralement par-là les théories constituées qui traitent d’une question dans une
discipline donnée. Toute théorie repose sur un assemblage cohérent de concepts qui sont
propres au domaine. Nous devons montrer notre connaissance de divers aspects du
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problème, mais aussi notre décision de ne nous attaquer qu'à un aspect très précis. On
appelle quelquefois (état de la question) la recension des théories, des concepts et des
recherches antérieures à la nôtre qui traitent de notre problème de recherche ou de
problèmes connexes ;
La question
Il s'agit d'une concrétisation du problème. Ici, il faut prendre soin de formuler clairement
et précisément notre question puisque c'est à celle-ci que nous tenterons de répondre.
Généralement, un problème de recherche peut donner lieu à de multiples questions de
recherche ; une recherche bien construite n’aborde directement qu’une seule question à la
fois ;
L'hypothèse
C'est la réponse présumée à la question posée. L'hypothèse est nécessairement issue d'une
réflexion approfondie sur les divers éléments de la problématique. Sa fonction est double :
organiser la recherche autour d'un but précis (vérifier la validité de l'hypothèse) et organiser
la rédaction (tous les éléments du texte doivent avoir une utilité quelconque vis-à-vis de
l'hypothèse) ;
La méthode
Dans l’énoncé de la problématique, on doit indiquer comment on procédera pour accomplir
les opérations qu’implique la recherche et tester l'hypothèse ; autrement dit : critique des
théories existantes, analyse de la documentation, sondage, entrevues, etc. ;
Les références
Il ne faut pas multiplier les références inutilement, ni omettre de références importantes.
Un ensemble de références équilibré comporte des ouvrages, des monographies et des
articles de périodiques ayant directement servi à l’un ou l’autre aspect de la recherche.
Le bon mémoire est celui qui satisfait l'organisation, qui pourra mieux comprendre un problème
qui la concerne, et profiter de l’utilité des propositions pour l’action. Le mémoire est l’exercice
finalisant et intégrant les compétences de l’apprenant au cours de son année de Master. Il peut
s'avérer un élément important du curriculum vitae car il présente l’avantage d’être écrit et d’offrir
un support communicable nécessitant en conséquence, le plus grand soin quant à sa réalisation tant
sur le fond que sur la forme.
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3. La collecte de données
Les approches qualitatives et quantitatives restent les plus couramment usitées. Leur
complémentarité peut être recherchée dans la perspective d’un processus séquentiel ou à des fins
de triangulation (abduction). Pour examiner les hypothèses de réponse à la question posée, les
confirmer, les corriger, les préciser voire les abandonner, l’auditeur peut choisir d’élaborer des
enquêtes, faire une comparaison avec des secteurs comparables, des simulations, construire un
questionnaire, mener des entretiens, etc. Le choix d’une méthode est fonction de l’objectif que l’on
veut atteindre.
Ceci suppose de connaître les usages et les limites propres à chaque méthode, pour éventuellement
combiner plusieurs d’entre elles et ainsi approcher au mieux la réponse à la question de recherche.
Les méthodes les plus courantes sont les enquêtes. Elles peuvent prendre la forme d’entretiens au
cours desquels des individus sont interrogés (dans ce cas, le travail est de type qualitatif) ou de
questionnaires (dans ce cas, le travail est de type quantitatif).
Les études documentaires ou recherche d’informations, pour être efficaces, doivent être
systématiques et méthodiques. La première étape consiste à définir son besoin d’information de
façon précise. C’est en effet la condition pour que les informations trouvées ne soient pas trop
abondantes et larges, mais permettent de répondre à la question posée. Ce besoin d’informations
diffère selon les individus, en fonction de leurs connaissances antérieures du sujet. Il faut donc
organiser un questionnement structuré pour le définir au mieux :
Quoi ?
Quel est le thème de votre travail ? Peut-il être décliné en sous-thèmes ? Quelles en sont les
caractéristiques ? Quels en sont les risques ?
Qui ?
Quels auteurs ont travaillé sur votre sujet, votre thème ? Quels acteurs sont concernés par le
résultat, par la mise en œuvre ?
Où ?
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Où le problème apparaît-il ? Dans quel type d’organisation ? Quel département de l’organisation?
Sur quel lieu géographique ?
Quand ?
Quelle période est couverte par votre sujet ? De quel délai disposez-vous pour réaliser ce travail ?
Quel est le temps disponible pour celui-ci ?
Comment ?
Repère-t-on des modes de fonctionnements spécifiques ? Comment se déroule le processus étudié
?
Combien ?
Quels moyens humains et financiers disponibles ? Quel impact sur l’organisation (licenciements,
délocalisation, investissements, …)
Pourquoi ?
Quel est l’objectif de votre travail ? Quel est l’objectif de chaque étape méthodologique (recherche
d’informations, études qualitatives, etc) ?
Votre travail de documentation concerne aussi les données de votre terrain d’étude, c’est-à-dire
les documents internes ou externes à l’entreprise que vous pouvez collecter, qu’ils soient de type
quantitatif ou qualitatif. Ainsi, les documents financiers (bilan, compte de résultat, etc.), les
documents sociaux, le rapport d’activité, … font partie des sources que vous pouvez mobiliser
pour l’élaboration de votre mémoire. Ces documents permettent de connaître une entreprise, son
organisation interne, … Ce ne sont pas des documents de recherche (ils ne vous permettront pas
de poser les bases théoriques de votre travail), mais ils peuvent vous servir d’exemples,
d’illustrations, ou être utiles dans votre mémoire. Vous pouvez également compléter la
documentation par des entretiens auprès de différents responsables ou de collègues de bureau, ou
être amené à élaborer une enquête ou un questionnaire.
Les études qualitatives ont pour objectif de comprendre un phénomène en profondeur. Pour cela,
il est nécessaire non seulement de mettre à l’aise et faire parler les personnes interrogées, mais
aussi d’analyser les comportements non verbaux. Des exemples d’études qualitatives sont
recensés : les réunions de groupe, les entretiens en face à face et l'observation.
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Les réunions de groupe ou focus groups
C’est une méthode d’enquête qui consiste à réunir des personnes pour une discussion dirigée sur
un ou plusieurs thèmes. Elle repose sur la dynamique des groupes restreints (6 à 8 personnes
directement concernées par le sujet d’étude) ; les réunions de groupe permettent de laisser fuser et
rebondir les idées entre les différents intervenants. L’auditeur, qui prend le rôle de chargé d’étude
a alors un rôle d’animateur du débat et d’observateur.
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peuvent prendre la forme de photographies, de produits, de tests projectifs, de questions ouvertes,
etc. Dans le cas d’entretiens en face à face, même si l’entretien est beaucoup moins dirigé et
structuré que dans le cas d’études quantitatives, l’auditeur ou l’apprenant devra intervenir
beaucoup plus que lors des réunions de groupe et suivra un guide d’entretien.
L’interviewé reste cependant libre : les réponses spontanées sont favorisées, la neutralité de
l’enquêteur est de mise. Il essaie de limiter au maximum les interactions.
L’observation
Comme pour les études quantitatives, on peut recourir à la méthode d’observation pour les études
qualitatives. Elle consiste à suivre et à étudier méthodiquement les comportements dans une
situation naturelle et permet d'éviter le biais que pourrait induire l’individu lorsqu'il décrit son
propre comportement. Cette méthode s'assimile à une démarche d'anthropologue : immersion dans
un milieu social ou une communauté donnée.
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Aller des questions générales aux questions particulières (logique de l’entonnoir) ;
Aller des questions anodines vers les questions qui impliquent / embarrassent ;
Utiliser un vocabulaire clair, sans équivoque (éviter les doubles négations souvent difficiles
à interpréter, et les termes trop techniques s’ils ne sont pas explicités) ;
Formuler les questions de façon neutre pour ne pas influencer le répondant ;
Mettre les questions de signalétique à la fin (et non au début, au risque de mettre le
répondant mal à l’aise) ;
Le questionnaire doit être immédiatement compréhensible et non interprétable par
l’enquêteur et l’enquêté (éviter les reformulations qui peuvent générer des biais) ;
Le questionnaire doit être préparé en vue d’une analyse statistique (coder les questions et
les modalités de réponses dès la construction du questionnaire) ;
Eviter les questions trop longues (qui peuvent perdre le répondant).
Les apprenants ont la possibilité de choisir de recueillir des informations en vue d’une comparaison
au moyen d’entretiens, pour cela il est utile de construire un guide d’entretien. Celui-ci est un
instrument servant à recueillir les informations nécessaires pour répondre à la problématique selon
le dispositif méthodologique qui est élaboré. Il se construit à partir de la problématique, et des
informations que l'on veut obtenir. Les informations recueillies feront ensuite l'objet d'un
traitement le plus souvent comparé et d'une analyse.
Un guide d'entretien comprend une première partie visant à présenter l'objet de l'entretien à la
personne qui va accepter de répondre. Il s'agit du discours qui sera formulé en guise d'introduction
de l'entretien, le plus souvent afin de présenter la personne qui va réaliser l'entretien, ainsi que ses
objectifs généraux, les précautions déontologiques auxquelles elle s'engage vis-à-vis du répondant.
L'intérêt est de susciter la confiance du répondant.
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La deuxième partie est consacrée au questionnaire, qui comprend une série de questions ouvertes
ménageant de grands espaces pour faciliter la prise de notes manuelles lors de l'entretien. Les
questions sont construites de manière à faciliter l'expression du répondant, les qualités de sa
réflexion, l'exactitude de ce qui sera révélé. La mise en confiance est un élément fondamental qui
nécessite tout un savoir-faire dans la formulation des questions.
Dans une troisième partie, figure une fiche signalétique, précisant les éléments anthropométriques
du répondant qui ont de l'intérêt par rapport à la question de recherche et qui peuvent être par
exemple : le nom, le prénom, le statut, l'appartenance à une association, à une organisation ou un
site, la fonction, l'ancienneté dans le poste ou l’administration, le genre, l'âge, la situation familiale,
etc.
Un guide d'entretien peut être testé auprès de 2 ou 3 personnes, afin de vérifier si des ambiguïtés
de compréhension apparaissent et de procéder à un aménagement dans la formulation des
questions, par exemple.
4.2. L'échantillonnage
Il peut prendre des formes très variables. En fait, lorsque l'on choisit un échantillonnage, il est
extrêmement important de comprendre et de faire le point sur ce qui guide le choix. Les critères
retenus permettront de mettre l'accent sur la validité ou la fiabilité du travail. Un tableau des
personnes interrogées, précisera leur fonction et tout élément permettant de donner de la valeur à
l’échantillon retenu. On évitera de citer nommément les personnes qui ont accepté de répondre,
mais on fournira des éléments permettant de comprendre la nature de l’échantillon. L’étudiant fait
un effort de réflexion pour choisir les critères et variables permettant de décrire l’échantillon sans
dévoiler les anonymats.
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4.3. Le raisonnement déductif ou quantitatif
C’est une méthode d’acquisition de connaissances à partir d’un raisonnement fondé sur les
prémisses et aboutissant à une conclusion. Le raisonnement déductif met à l’épreuve la réalité d’un
objet théorique selon le schéma suivant : si les prémisses (1 et 2) sont vraies, alors la conclusion
(3) doit nécessairement être vraie :
(1) tous les responsables RH ont pour mission de proposer des séminaires de formation et
(2) cette personne est responsable RH => (3) cette personne a pour mission de proposer
des séminaires de formation ;
Il permet de conclure que ce qui est vrai pour une population est vrai pour un échantillon de sujets
provenant de cette population. Dans la vérification d’une théorie par le raisonnement déductif, on
part de la théorie et on progresse vers des observations spécifiques qui permettent d’expliquer et
de prédire les relations existantes entre les faits, ce qu’on appelle hypothèses. La déduction est
certaine et décrit des objets idéaux.
Alors, pour ceux qui auront recours à un traitement quantitatif de données, il s’agit de produire
une description du questionnaire, du processus et des engagements :
Questionnaire
Adressé à tous les salariés ou à un échantillon représentatif (âge, niveau hiérarchique,
fonction…)
Questions organisées dans une logique, ouvertes/fermées, neutralité, de facile à complexe
Processus
Présentation de l’organisme traitant, des objectifs
Tester le questionnaire
Engagements
Respecter l’anonymat
Restituer les résultats
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4.4. Le raisonnement inductif ou qualitatif
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Produire un rapport structuré selon la catégorisation
Produire un schéma des relations entre catégories (arborescente) ;
Commenter ce schéma en ;
Définissant chaque catégorie ;
Incluant des extraits d’entretien ;
Spécifiant les fonctions du répondant à la fin de la citation ;
Établir un tableau de fréquence croisé entre répondants et catégories clés et le commenter ;
En réalité, la méthode par les entretiens met l’accent sur la richesse et l’authenticité des narrations.
Elle demande des qualités pour l’auditeur : écouter, comprendre, analyser, rendre compte
exactement.
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4.5. Des échelles et modalités de réponse
Chaque question nécessite d’élaborer un choix de réponses. Ces modalités de réponses prennent
des formes variées, qui dépendent des objectifs de l’étude et des caractéristiques de la population
interrogée.
Ainsi par exemple, dans une étude réalisée auprès de jeunes enfants, l’échelle iconique sera
privilégiée :
Dichotomique ou binaire : « Etes-vous titulaire d’un abonnement CT ? » => oui / non ;
QCM, appelées aussi multidichotomiques : « Parmi les marques de véhicules citées ici,
lesquelles connaissez-vous ? » x y z … :
Echelles de type :
Sémantique différentielle : se situer entre deux extrêmes : « Pour moi, ce produit
de nettoyage a une odeur agréable » : Pas du tout / Plutôt pas / Plutôt Moyennement
/ Tout à fait agréable ;
De rang ou de classement : relatif, entre deux ou trois objets ; « Parmi les deux
produits présentés, lequel vous paraît le plus solide ? » (avec 1 le moins solide et 5
le plus solide) => 1 / 2 / 3 / 4 / 5 ;
icônique (avec des signes) : destinés aux enfants ou aux répondants qui ne
maîtrisent pas la langue ;
Likert : « Pour moi, manger sainement, c’est manger des produits biologiques » =>
Pas du tout d’accord / Plutôt pas d’accord / Ni en accord ni en désaccord / Plutôt
d’accord / Tout à fait d’accord ;
Supports sémantiques : adjectif « pivot » décliné : « Comment jugez-vous le confort
de cette voiture ? » => Extrêmement Mauvais / Faible / Moyen / Bon /
Extrêmement bon
Le questionnaire construit et les modalités de réponses établies, il est conseillé de réaliser un test
du questionnaire. Cela consiste en une validation de l’outil auprès de quelques individus choisis
pour leurs capacités (expertise, temps disponible, …) à améliorer le questionnaire. A la suite du
test du questionnaire, la forme (syntaxe, facilité de compréhension) et la succession logique des
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questions sont validées. De même, les modalités de réponses auront été complétées et/ou raffinées.
Comme lors des études qualitatives, la nature et la formulation de l’objectif conditionnent les choix
méthodologiques. Ainsi, l’auditeur définit le type d’études quantitatives adapté à la problématique,
les caractéristiques de la population à interroger, le degré de précision des résultats attendus.
Constitution de l’échantillon
La population : qui ?
Unité de sondage : individu, entreprise, administration, … ?
Base de sondage : liste des unités à partir de laquelle on extrait l’échantillon (qualité
de la base de sondage ?)
Méthode d’échantillonnage : probabiliste (= aléatoire = hasard) ou non probabiliste
(= empirique, selon convenance, quotas, etc.)
Taille de l’échantillon : quelle précision ? (délais et coûts à prendre en compte)
Le processus de réflexion ne s’arrête pas au stade de l’analyse. Il faut en effet passer à la phase
d’interprétation des résultats issus de l’analyse ; notamment en les articulant aux travaux antérieurs
menés par d’autres acteurs. Des résultats doivent être lus avec humilité et esprit critique. Ils sont
défendus par celui les a produits afin qu’ils puissent être érigés au niveau de connaissances
additionnelles au patrimoine. Des résultats ne sont communicables qu’à partir du moment où ils
ont été présentés aux acteurs du phénomène ou du terrain dont sont issues les analyses ; c’est une
phase de confrontation. Il convient enfin de rappeler que tout travail de réflexion est non linéaire,
suit un processus d’essai-erreur, et ne se déroule qu’exceptionnellement conformément à ce qui a
été initialement programmé. Néanmoins tout ce qui précède, et qui suit, vous sera utile pour
construire votre mémoire. Lorsqu’arrive le temps de rédiger le chapitre sur les résultats que vous
avez obtenus et les recommandations que vous souhaitez formuler, vous devez vous poser
différentes questions et y répondre, dans cette section, le plus clairement possible.
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Les résultats
Votre réflexion a-t-elle permis :
d’ajouter de la connaissance théorique et/ou pratique ? Dans quelle mesure ?
une meilleure compréhension d'un phénomène ?
de mettre en lumière et résoudre une contradiction entre théorie et pratique ?
d’adapter une solution classique à un cas particulier ?
La discussion : l’approche critique du travail et des résultats
Vos résultats revêtent-ils :
un réel intérêt professionnel ?
une validité intellectuelle satisfaisante ?
une bonne validité externe (votre réflexion et vos résultats sont-ils transposables à un
univers plus large ? Quelles sont les possibilités et les conditions de généralisation des
résultats ?) ?
une bonne fiabilité (si vous relanciez votre travail dans les mêmes conditions, obtiendriez
vous les mêmes résultats ?) ?
une bonne faisabilité (compte tenu des contraintes stratégiques et matérielles) ? Vos
résultats sont-ils : précis et argumentés ? discutés (capacité critique) ?
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