Theories App Rent Is Sage
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Cette conférence traite de la psychologie des apprentissages comme d'une discipline ressource fournissant
outils, concepts et modèles pouvant aider l'enseignant dans la mise en place de situations d’enseignement-
apprentissage.
Après avoir évoqué le modèle transmissif d’enseignement, 3 grands cadres théoriques constitutifs
de la psychologie des apprentissages seront présentés à partir de quelques uns des concepts qui les
caractérisent : behaviorisme (Watson, Skinner, …) ; constructivisme (Piaget, …) ; socio-
constructivisme (Vygotski, Bruner, ...).
1. Introduction
A l’image de l’ingénieur, il élabore des projets, des plans d’action, prépare minutieusement les
séquences, pense à l’avance le déroulement des activités, organise des progressions, propose aux
élèves des stratégies de contournement des difficultés, etc. Du point de vue de l’enseignant-
ingénieur, il faudrait que tout se déroule conformément à ce qui a été prévu. On parle d’ailleurs
beaucoup aujourd’hui à ce sujet d’ingénierie pédagogique.
En même temps, il œuvre en artisan, voire en bricoleur, dans un univers relativement clos (la
classe), se débrouille avec les moyens du bord en saisissant les opportunités du moment. Il « pense
concret », il réfléchir en action et sait réagir en situation de classe et du coup il a parfois du mal à
prendre une vision d’ensemble de sa pratique.
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Je vois au moins trois raisons pour qu'un enseignant s'intéresse à la psychologie des apprentissages :
1.4.1. Apprendre :
c’est acquérir, s’approprier des connaissances, construire de nouvelles compétences, modifier sa
façon d’agir, de penser, etc.
c’est aller de ce que l’on sait vers ce que l’on ignore, du connu vers l’inconnu.
En première approximation, on peut considérer l’apprentissage comme une modification stable et
durable des savoirs, des savoir-faire ou des savoir- être d'un individu, modification attribuable à
l'expérience, à l'entraînement, aux exercices pratiqués par cet individu.
1.4.2. Enseigner
véhicule au moins trois significations différentes selon le rapport privilégié :
- Si on privilégie le rapport au savoir, enseigner revient à transmettre des connaissances en les
exposant le plus clairement, le plus précisément possible. Des expressions telles que : donner une
leçon, faire cours, cours magistral, vont tout à fait dans ce sens. Privilégier le rapport au savoir c’est
privilégier les processus de transmission de connaissances. Nous verrons que cette manière de
privilégier le rapport au savoir a toujours été la caractéristique du modèle dominant en vigueur dans
l’institution scolaire : le modèle transmissif d’enseignement. Pour ce modèle, ce qui est le plus
important c’est la qualité de ce qui est transmis à ceux qui apprennent, et le problème déterminant
est celui de la transposition didactique. Il s’agit de savoir comment rendre le savoir savant
enseignable, c’est à dire comment mettre ce savoir à la portée des élèves pour faciliter leur travail
d’apprenant. La conviction de base est que - sous réserve de disposer de bonnes conditions de
transmission – la qualité de ce qui est dit à travers la manière dont c’est dit est déterminante pour la
qualité de ce qui est reçu, compris.
- Si on privilégie l’acquisition d’automatismes, enseigner revient à inculquer des comportements,
des attitudes, des réactions, des gestes professionnels. Enseigner c’est entraîner les élèves à
produire les réponses attendues selon les problèmes rencontrés. Dans cette perspective, l’effort
d’enseignement est particulièrement centré sur les conditions de mise en activité, sur les manières
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de faire travailler qui peuvent entraîner des changements dans les comportements des apprenants.
Inculquer des comportements, acquérir des automatismes, nous place dans la perspective théorique
du behaviorisme.
- Si on privilégie le rapport aux élèves, enseigner revient à faire apprendre, faire étudier, guider,
accompagner les élèves dans les mises en activité que l’on propose. Privilégier le rapport aux
élèves c’est privilégier les processus d’acquisition et de construction de connaissances par les
élèves. C’est insister sur les mises en activité des élèves à travers lesquelles ils effectuent un travail
d’appropriation de connaissances, de maîtrise de savoir-faire. Cette perspective a une double
référence théorique complémentaire : le constructivisme et le socioconstructivisme ou
sociocognitivisme.
Disons, de manière un peu schématique, qu’à travers ce qui vient d’être dit, enseigner peut signifier
transmettre, inculquer ou faire construire. Ajoutons qu’il n’y a pas, dans l’absolu, de manière qui
soit fondamentalement meilleure qu’une autre : tout dépend des objectifs à atteindre, des contenus
travaillés, des personnes avec qui l’on travaille, des conditions institutionnelles dans lesquelles on
se trouve en tant qu’enseignant, etc. Bien sûr, les travaux en psychologie du développement et de
l’apprentissage, et des sciences humaines en général, tendent à valoriser – dans notre culture tout au
moins – le cognitivisme à la Piaget ou le sociocognitivisme à la Vygotski. Mais, nous venons de
l’indiquer, les travaux de la psychologie ne sont pas directement normatifs par rapport aux pratiques
d’enseignement.
Mais il n’est ni suffisant, ni satisfaisant, dans une perspective de psychologie de l’éducation (même
si c’est, d’une certaine façon plus confortable pour la recherche) d’aborder de manière séparée les
actes d’enseignement et ceux d’apprentissage, de poser de manière disjointe des problèmes
d’enseignement par rapport aux problèmes d’apprentissage.
Je crois, au contraire, qu’il est nécessaire :
- de penser conjointement les actes d’enseignement et d’apprentissage,
- de considérer les situations de classe comme des situations d’enseignement – apprentissage,
- de ne pas disjoindre trop radicalement temps d’enseignement et temps d’apprentissage, avec la
forte séparation des tâches et des lieux, et de se contenter de penser qu’à l’école, le professeur
enseigne, et qu’à la maison (ou en étude) l’élève apprend.
- de ne pas poser de manière trop séparée les deux questions :
o comment je m’y prend moi pour enseigner ?
o comment s’y prennent-ils eux pour apprendre ?
Nous verrons comment le concept d’enseignement - apprentissage prend un relief particulier dans le
cas du socioconstructivisme.
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- le constructivisme en référence à Piaget ;
- le socioconstructivisme qui se réclame en particulier des travaux de Vygotski et de Bruner.
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- déjà familiarisés avec ce mode de fonctionnement scolaire ;
- qui ont les pré-requis nécessaires pour capter le discours de l'enseignant ;
- qui ont un mode de fonctionnement assez proche de celui de l'enseignant, pour que le message
puisse passer par émission-réception ;
- qui ont une autonomie d'apprentissage suffisante pour faire par eux-mêmes un travail
d'appropriation ;
- qui travaillent régulièrement.
3. Behaviorisme
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Le behaviorisme n’a pas très bonne presse chez nous car il est souvent réduit au conditionnement,
avec le fameux schéma [S → R] issu des travaux de Pavlov. Mais le behaviorisme n’en est pas resté
à ce mécanisme d’apprentissage primaire. De là sont issus, notamment, le conditionnement
répondant, l'enseignement programmé, une bonne part de la pédagogie par objectifs (PPO) et de
l'enseignement assisté par ordinateur (EAO) ainsi que le développement actuel des référentiels de
compétences et de la pédagogie de maîtrise.
La force du behaviorisme a été de proposer une théorie complète de l'apprentissage :
- en le définissant : apprendre c'est devenir capable de donner la réponse adéquate,
- en précisant les mécanismes psychologiques à l'œuvre : répétition de l'association stimulus-
réponse,
- en proposant une méthode d'enseignement-apprentissage : opérationnaliser des objectifs
d’apprentissage, conditionner, apprendre par essais-erreurs, provoquer des renforcements positifs en
cas de bonnes réponses, et des renforcements négatifs pour rectifier les erreurs.
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constitue un outil efficace dans la concertation entre enseignants, lorsqu'on cherche à s'assurer que
l'on a les même buts, que les mêmes mots ne recouvrent pas deux projets distincts.
4. Constructivisme
Dans les limites de cette conférence, je me contenterai d’évoquer rapidement la perspective
constructiviste en la rattachant essentiellement à son représentant le plus célèbre : J. Piaget. Cette
perspective peut se replacer dans le cadre plus général du cognitivisme.
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Dans une perspective d'assimilation, comprendre un problème revient à le faire entrer dans les
cadres de compréhension et de connaissances que l'individu maîtrise actuellement. Connaître
reviendrait alors à ramener de l'inconnu à du connu.
4.2.2. Accommodation
Le processus d'accommodation est marqué par l'adaptation du sujet à des situations nouvelles d'où
modification de ses cadres mentaux. C'est donc une action de l'environnement sur l'individu qui va
avoir pour effet de provoquer des ajustements dans la manière de voir, de faire, de penser du sujet,
en vue de prendre en compte ces données nouvelles quelque peu perturbantes. L'accommodation
traduit l'action d'imposition du milieu sur l'activité cognitive du sujet, en le poussant à une
réorganisation de ses connaissances, à une modification de sa manière de voir les choses, à la
modification des conduites et des structures de l'individu.
4.2.3. Equilibration
Ces deux processus à la fois complémentaires et antagonistes - assimilation et accommodation -
caractérisent l'intelligence entendue comme adaptation, c'est à dire comme recherche du meilleur
équilibre possible entre les deux, c'est à dire aussi entre l'individu et son milieu de vie, ou entre
l'individu et la situation problème à laquelle il se trouve confronté. C'est en ce sens qu'on a pu parler
d'équilibration majorante, c'est à dire de la recherche de l'équilibre (ou de la solution, du
compromis) le plus favorable à l'individu. Cette équilibration, Piaget en parle en terme
d'autorégulation.
D'autre part, les connaissances se construisant sur la base des connaissances antérieures, les
enseignants ont intérêt :
- à se donner davantage d'outils permettant d'évaluer les pré-requis (savoirs et savoir-faire) dont
disposent leurs élèves ;
- à tenir compte des représentations, des conceptions des élèves, car elles peuvent, soit servir de
point d'appui, soit faire obstacle, à l'acquisition de connaissances nouvelles.
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Les 4 étapes d’une situation-problème
1. L'élève pense qu'il va pouvoir résoudre le problème en le ramenant (processus dominant
d'assimilation) à des savoirs et des savoir-faire qu'il maîtrise déjà.
2. S'il n'y parvient pas, il va se retrouver déstabilisé par cet échec temporaire. Il peut alors prendre
conscience des limites, des insuffisances de son mode de traitement actuel du problème auquel il est
confronté. D'où déséquilibre, déstabilisation, situation de conflit cognitif.
3. Il peut persévérer, essayer de revisiter ce qu'il sait et construire ce qui lui manque, (processus
dominant d'accommodation) afin d'adapter sa manière de s'y prendre et son système de savoirs et de
savoir-faire pour les ajuster aux exigences de la situation- problème.
4. Si ce type d'effort aboutit, la résolution du problème s'accompagnera d'une amélioration dans la
manière dont l'élève mobilise savoirs et savoir-faire pour en faire des outils de résolution de
problèmes. Le déséquilibre surmonté par la résolution peut provoquer des réajustements, des
restructurations de connaissances, une meilleure intégration de connaissances nouvelles, une
meilleure capacité à réinvestir ce que l'élève sait pour résoudre des problèmes. C’est un moment
d’équilibration majorante.
La conception constructiviste de l'apprentissage (dans son aspect central) se base sur la production
d'un conflit cognitif par confrontation d'un apprenant à une situation problème, d'où un effet de
déstabilisation susceptible de provoquer une réorganisation de connaissances ou l'acquisition de
nouveaux savoirs et savoir-faire.
5. Socioconstructivisme
Par rapport au constructivisme, l’approche sociocognitive ou socioconstructive introduit une
dimension supplémentaire : celle des interactions, des échanges, du travail de verbalisation, de co-
construction, de co-élaboration. Cette idée de base transparaît dans bon nombre de tires d’ouvrages
d’aujourd’hui : interagir et connaître, on n’apprend pas tout seul, interagir pour apprendre, etc.
L'apprentissage est alors davantage considéré comme le produit d'activités sociocognitives liées aux
échanges didactiques enseignant – élèves et élèves - élèves. Dans cette perspective, l’idée d’une
construction sociale de l’intelligence est prolongée par l’idée d’une auto-socio-construction des
connaissances par ceux qui apprennent.
Dans le cadre socioconstructiviste, les conditions de mise en activité des apprenants sont
essentielles, car ce qui se joue dans les apprentissages ce n’est pas seulement l’acquisition de
connaissances nouvelles ou la restructuration de connaissances existantes ; c’est également le
développement de la capacité à apprendre, à comprendre, à analyser ; c’est également la maîtrise
d’outils. Ce n’est donc plus seulement par ce que l’enseignant transmet, et par les formes de mise en
activité des élèves confrontés à des situations problèmes, que les élèves apprennent. C’est par des
mises en interactivité (entre élèves et entre enseignant et élèves) que le savoir se construit.
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Si on regarde du côté des chercheurs qui s’inscrivent dans ce cadre théorique, on note qu’ils sont
très nombreux à se réclamer des travaux de Vygotski. On pourrait dire que Piaget est au
constructivisme ce que Vygotski est au socioconstructivisme. C’est d’ailleurs cet auteur que
j’évoquerai rapidement pour commencer.
Dernière précision : j’évoque l’approche sociocognitive de manière large. Il s’agit d’un courant de
recherches en plein développement pour lequel les manières d’en parler ne sont pas stabilisées. J’y
réunis, arguments à l’appui, des auteurs très différents comme Vygotski, Bruner ou Perret-
Clermont, en sachant que, par ailleurs, des analyses plus poussées permettraient de les différencier.
On peut cependant considérer, ce que je fais ici, que les points communs sont, globalement, plus
importants que les différences, et que cette perspective sociocognitive permet de les réunir.
Parmi les multiples apports théoriques, j’en ai retenu quelques uns parmi les plus caractéristiques.
La présentation de cette approche sociocognitive s’appuiera sur quelques notions et concepts, parmi
lesquels :
- Vygotski et la ZPD
- Bruner et le processus d’étayage,
- Doise & Perret-Clermont avec le conflit sociocognitif,
- La métacognition.
Dans un second temps, je prendrai deux exemples d’apprentissage coopérant (le travail en groupes
et le tutorat entre élèves) pour montrer ce à quoi peut correspondre un dispositif d’enseignement-
apprentissage dans une perspective sociocognitive.
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Activant le développement mental, l'apprentissage provoque l'émergence de processus évolutifs qui,
sinon, demeureraient en sommeil. Il favorise la formation d'une zone de prochain développement,
entendue comme l'écart entre le niveau de résolution d'un problème sous la direction
et avec l'aide d'adultes ou de pairs plus compétents, et celui atteint seul. A la
distinction entre le niveau de ce que l'élève est capable d'atteindre tout seul, et celui
qu'il est capable d'atteindre avec l'aide d'un adulte ou d'un pair, s’ajoute l'idée que
l'élève saura bientôt faire par lui-même, ce qu'il parvient actuellement à réaliser avec
l'aide d'autrui. Ainsi, en collaboration, sous la direction et avec l'aide de quelqu'un,
l'élève peut toujours faire plus et résoudre des problèmes plus difficiles que lorsqu'il
agit tout seul.
Cette approche véhicule l'idée que le véritable enseignement est toujours un peu en
avance sur ce que les élèves maîtrisent et savent faire aujourd'hui. On pourrait dire, et
je vous laisse réfléchir à cette idée, qu'enseigner c'est créer une zone de prochain
développement.
Dans cette perspective, le rôle et la fonction de l’enseignant changent : plus qu’un transmetteur de
connaissances, il est un guide, une personne ressource, un tuteur, un régulateur, un passeur, un
médiateur.
Aspects socio-affectifs
Nous avons la mobilisation, le maintien de l’intérêt et de la motivation de l’élève dans le champ de
la tâche. Sans perdre de vue le but à atteindre, l’enseignant fait en sorte que la tâche soit plus
agréable à réaliser avec son aide, tout en évitant que l’élève soit trop dépendant de lui. Au premier
aspect correspond l'effort d'enrôlement pour intéresser l’élève à la tâche, solliciter sa motivation, le
mettre davantage devant les exigences de la tâche. Le deuxième aspect se veut doublement
dynamisant : garder l’élève dans le champ de résolution du problème sans qu'il perde de vue le but à
atteindre ; l'encourager, faire preuve d'entrain et de sympathie pour que sa motivation ne s'éteigne
pas.
Aspects cognitifs
Les éléments du soutien sur le plan cognitif concernent la prise en charge par l’enseignant (dans son
rôle de tuteur) de certains aspects de la tâche, la signalisation des caractéristiques spécifiques et la
suggestion de modèles de résolution. Le premier point correspond à la nécessité d'alléger la tâche de
certaines de ses difficultés en la simplifiant quelque peu afin qu'elle soit momentanément davantage
à la portée de l’élève. Le second point a trait à la possibilité que l’enseignant a de pointer certaines
caractéristiques de la tâche pouvant mettre sur la voie de la résolution. C'est souvent une manière,
pour lui, d'apprécier l'écart qui sépare ce que l’élève vient de faire de ce qui aurait dû être fait. Le
dernier aspect, probablement le plus formateur et le plus difficile à mettre en œuvre aux yeux de
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Bruner, consiste à montrer ce qui peut être fait sans pour autant donner la solution, à partir de ce
que l’élève a déjà réalisé, soit parce que c'est une manière de lui faire voir qu'il est sur la bonne
voie, ou au contraire pour l'alerter par rapport à une procédure de réalisation inadéquate.
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- regard prospectif : élaborer des connaissances sur la manière d’acquérir de nouvelles
connaissances.
La métacognition suppose un travail interactif, en particulier entre l’enseignant et les élèves (par
exemple dialogue didactique en classe, au cours des études en collège, pendant les modules en
seconde, etc.).
Ce travail peut aussi se faire aussi dans les différents lieux de vie de l’enfant (ex : en famille, un
adulte qui demande à un enfant ce qu’il fait et pourquoi il le fait peut conduire l’enfant à justifie son
activité).
L’activité métacognitive permet d’élaborer des outils pour apprendre en mettant en jeu
deux formes de médiations complémentaires :
- la médiation de l’autre, avec questionnement sur l’activité et sur la mise en œuvre d’une
démarche ;
- la médiation langagière. Cette médiation suppose un travail particulier : celui qui est interrogé
doit, pour répondre, faire un travail important de reconstruction sur le plan du langage : savoir dire
ce qu’on fait, pourquoi on le fait ainsi et pas autrement.
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les heures habituelles de cours, sur des notions et à partir d'exercices et de problèmes tout à fait en
conformité avec le programme d'algèbre de 4e.
Sur l'ensemble des 7 années, il s'avère que 40% à peine des élèves sont capables de faire seul le
travail qu’un enseignant donne à faire en prolongement du cours. Ceci pour Pléty justifie la mise en
place d'une forme d'activité susceptible d'aider les élèves à mieux travailler par eux-mêmes en
complément des cours.
Les résultats montrent que sur 704 élèves négatifs en travail individuel, 417 (soit 59%) le resteront
malgré les séquences d'apprentissage coopérant, alors que 287 (soit près de 41%) se révèleront
positifs dans leur travail personnel individuel, après les séquences d'apprentissage coopérant.
D'autres analyses de résultats montrent que les gains obtenus correspondent à de véritables
apprentissages, c’est-à-dire à dire à un travail interactif de structuration des connaissances de la part
des élèves.
Pléty s'est également intéressé aux formes d’interactivité mises en œuvre par les élèves et à leurs
démarches de recherche. S’agissant de la démarche des élèves, Pléty met en évidence trois aspects :
- reconnaître ce qui est à faire,
- organisation temporelle du travail,
- succession des opérations en vue d'atteindre un objectif.
Pietry note qu’il y a souvent un écart important entre la démarche de l'enseignant caractérisée par
ses aspects déductif et affirmatif, et celle de l'élève qui est au contraire très pragmatique, inductive
et analytique.
5.2.4. L’effet-tuteur
Le tutorat entre pairs aide au développement de la capacité à apprendre - notamment pour les élèves
placés en position de tuteurs - en sollicitant leur capacité à expliquer, à enseigner. Tel qu’il est
pratiqué aujourd’hui, le tutorat entre pairs cherche à favoriser la prise de confiance en soi, à aider au
renforcement et à l’acquisition des connaissances des tutorés, mais aussi à accroître la capacité à
apprendre des tuteurs en développant leur capacité à enseigner (Barnier, 2001). Des chercheurs
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anglo-saxons Goodlad et Hirst (1990) caractérisent le tutorat comme un système d’enseignement-
apprentissage au sein duquel les apprenants s’aident les uns les autres et apprennent en enseignant.
Bien que les dispositifs de tutorat soient extrêmement diversifiés,, le principe de base reste le
même : un élève plus compétent qu’un autre dans un domaine ou par rapport à une tâche
particulière, vient en aide à un autre élève, non pour faire à sa place ni pour lui dicter ce qu’il faut
faire, mais en lui expliquant comment s’y prendre pour qu’il parvienne à mieux réussir par lui-
même.
Pour la 4e, outre les objectifs précédemment mentionnés, l’accent a été mis sur la lecture et la
compréhension des messages scientifiques :
- apprendre à les recevoir, à les traiter et à les émettre,
- comprendre un énoncé, une question, un corrigé,
- maîtriser un vocabulaire spécifique,
- traduire des phrases en langage mathématique,
- mettre en relation, repérer des propriétés, maîtriser de l’argumentation, des liens
logiques,
- rédiger une résolution, conclure.
Ces interactions didactiques entre élèves ont fourni un complément nécessaire aux apports de
l'enseignant : transmission de connaissances prolongée par une démarche d’appropriation et
d’assimilation, démarche nécessaire pour que les élèves puissent ensuite la réinvestir dans d’autres
activités de résolution de problèmes.
6. Conclusion
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Cette conférence s’est proposée de revisiter rapidement trois théories de l’apprentissage en
soulignant l’impact qu’elles peuvent avoir sur les pratiques d’enseignement. Nous avons
particulièrement insisté sur l’articulation entre acte d’enseignement et acte d’apprentissage.
Sur ce point, l’approche sociocognitive en matière d’apprentissage ouvre d’intéressantes pistes de
réflexion. Qu’il s’agisse de la prise en compte des représentations des apprenants sur les objets
d'apprentissage, de développer la maîtrise d’outils pour apprendre à apprendre, d’insister sur les
processus d'appropriation de connaissances, de solliciter l’activité métacognitive, de privilégier la
dimension formative de l'évaluation.
Il n'est pas suffisant de considérer que l'élève est là pour recevoir un savoir transmis par l'enseignant
et pour être capable de le reproduire avec plus ou moins de fidélité. Ce serait, scolairement parlant,
n'envisager le savoir que comme un produit, quelque chose d'achevé, d'objectivable, de non
évolutif, quelque chose de déjà construit par rapport auquel l'enseignant aurait pour l'essentiel à
faire un travail d'exposition de connaissances. Or à travers le savoir, ce qui importe pour des
personnes en position d'apprentissage c'est le type d'exigence auquel il soumet celui qui y accède. Il
est alors plus important de regarder dans le savoir, non pas la forme achevée qu'il peut prendre à un
moment donné de son histoire mais la manière dont il se construit pour ceux qui apprennent et ce
qu'il contribue à développer chez ceux qui font l'effort de se l'approprier. Il est donc important,
scolairement parlant, de considérer d'abord la dimension du savoir comme processus. Du coup
l'enseignant devient davantage celui qui encadre, accompagne les élèves dans des activités
didactiques où ils sont en position d'avoir à comprendre, à agir.
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7. Bibliographie
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d’évaluation, Paris, Dunod.
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