Chapitre Quatre - Théories de La Traduction. Dernier.

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Théories de la traduction

La réflexion théorique sur la traduction n’a pas cessé d’accompagné


sa pratique. Elle existe dès l’antiquité. Des philosophes, des Hommes
d’Eglises et des littéraires ont écrit sur la traduction. Il s’agissait
d’essais prescriptifs qui proposent des règles (principes) de la
manière de traduire.
Saint Jérôme (347 – 419) :
Le patron des traducteurs. Il apprenait l’hébreu et l’araméen (langues
originales de la Bible) pour réviser les traductions préexistantes de la
Bible. Il en avait réalisé une traduction intégrale en latin. C’est « La
Vulgate qui signifie ‫»الشعبية‬
Il a été accusé d’hérésie, parce qu’il avait traduit certains passages
de manière différente que la traduction mot à mot qui dominait les
traductions précédentes et usitées. En réaction à ces critiques, saint
Jérôme une lettre, intitulée « De optimo genre interpretandi » adressé
à un sénateur romain « Pammaque », dans laquelle il défend ses
principes et méthodes de traduire, et pour se justifier contre les
accusations d’avoir falsifié et modifié les Ecritures, en évitant la
traduction mot à mot.
Saint Jérôme résumait ainsi ses expériences avec la traduction ;
« Si je traduis mot à mot, cela rend un son absurde ; si, par nécessité,
je modifie, si peu que ce soit la construction ou le style, j’aurais l’air
de déserter le devoir de traducteur. » (Ballard 1992, p 48). Il focalisait
sur le sens mais pas les mots du texte.
En 1539, le Roi de France décrète l’Ordonnance De Villers-Cotterêts
le français langue officielle, égale au latin, langue de savoir et d’élite.
Grace à l’effort de l’imprimerie, les penseurs de l’humanisme
multipliaient les traductions dans les langues vernaculaires pour
diffuser le savoir parmi le peuple.
Etienne Dolet (1509 – 1546) :

Ecrivain, poète, humaniste et traducteur français. Le père fondateur de


la traductologie française. Il forge les mots traducteur et traduction.
Il écrit le premier traité sur traduction « La manière de bien traduire
d’une langue en l’autre ».

Etienne Dolet propose cinq principes pour une bonne traduction :

1- Comprendre bien le sens et l’intention de l’auteur de l’original,


tout en ayant la liberté d’éclaircir les passages obscurs.
2- Posséder une connaissance parfaite de la langue de départ et de
la langue d’arrivée.
3- Eviter de rendre mot pour mot.
4- Employer des expressions d’usage commun.
5- Choisir et organiser les mots de manière appropriée pour obtenir
la tonalité optimale.

Les principes d’Etienne Dolet constituent jusqu’aujourd’hui les axes


de base de toute théorie de traduction.

Théories linguistiques :

Georges Mounin :
Le point de départ de sa réflexion est que la traduction est « un contact
de langues, un fait de bilinguisme ». Son souci premier est « la
scientificité de la discipline », ce qui le conduit à poser la question
obsédante à l’époque « L’étude scientifique de l’opération traduisante
doit-elle etre une branche de la linguistique ? ». Il défendait dans ses
ouvrages la thèse que les problèmes de la traduction ne pourraient etre
débattues et résolues que dans le cadre de la linguistique. Ce qui la
réduirait en une simple opération de recherche de correspondances
lexicales et de reformulations syntaxiques. Faits qui excluent « le
talent, l’adaptation culturelles, l’intervention stylistique.. »

John Catford :

Il fait la première synthèse des faits observés linguistiquement dans la


traduction. Son ouvrage A Linguistic Theory of Translation, An Essay
in Appllied Linguistics contient un tableau systématique des faits
linguistiquement acquis en matière de traduction. Selon Catford,
l’équivalence textuelle n’est presque jamais réalisée par la
correspondance formelle de mot à mot ou de structure à structure.
Cela provient de découpage de la réalité selon les langues soit sur le
plan lexical, soit sur le plan syntaxique.

Eugène Nida :

Eugène nida se situe dans une perspective qui envisage le langage


dans une dimension universelle. Selon la tradition américaine il
associe la linguistique dans ses rapports avec l’ethnologie.
La théorie de traduction lui doit la distinction de deux types
d’équivalences :

L’équivalence dynamique : C’est au niveau du contenu ; la


signification. Elle exige du traducteur de faire en sorte que le texte
produit (la traduction) aie le même effet que le texte de départ. On ne
se limite pas, alors, à chercher les correspondants des mots et des
expressions, mais on passe à vérifier si le contenu (le sens) sera bel et
bien communiquer .

L’équivalence formelle : C’est au niveau superficiel de la langue (la


structure de surface). Elle exige du traducteur de veiller à prendre
soins des tournures syntaxiques, à prendre en considération le génie de
la langue pour qu’une traduction arrive à produire une équivalence
dynamique.

Roman Jakobson :

Il distingue trois types de traduction :

Traduction intralinguale « rewording » : elle se passe à l’interieur de


la meme langue, lorsque on explique, lorsqu’on utilise des définitions,
le métalanguage « elle consiste en l’interprétation des signes
linguistiques au moyen d’autres signes de la meme langue ».

Exemple : l’interprétation d’un poème préislamique, ou un verset


coranique en arabe moderne.
Traduction interlinguale : c’est la traduction proprement dite, qui
interprète les signes linguistique au moyen des signe d’une autre
langue.

Traduction intersémiotique : ou « transmutation », elle consiste à


interpréter des signes linguistiques au moyen de signes non
linguistiques.

Exemple : La traduction gestuelle aux sourds muets.

L’interprétation de la couleur rouge en « danger, interdiction de nager


.. »

Jakobson cède à l’impossibilité de la traduction de la poésie.

Approches littéraires :

Edmond Cary :

Il prend une position solide contre la thèse qui accuse la


traduction. Il va au-delà d’une simple défense polémique, et considère
la traduction, notamment littéraire, comme « une opération littéraire,
voire meme, un art à part entière ». Il examine, et propose les grands
principes de la traduction de tous les genres littéraires. Mais examine
aussi les autres formes de traduction : cinématographique, technique,
commerciale, journalistique et l’interprétation des conférences.

Il note qu’une profonde affinité doit exister entre le traducteur


littéraire et l’écrivain « à traduire », car un roman, une fois traduit,
devienne un travail d’art « il cite l’exemple de la réussite des Histoires
Extraordinaires, due à la ressemblance entre Charles Beaudelaire et
Edgar Allan Poe ». Il ne suffit pour un traducteur des œuvres littéraire
de posséder le métier seulement, mais il doit « avoir un ame de
traducteur », et cet état spirituel doit se trouver encore plus chez le
traducteur qui s’aventure soit dans la traduction poétique, soit dans la
traduction des livres d’enfants « il cite l’exemple de la traduction du
poète allemand Henri Heine par Gérard de Nerval. »

La traduction théâtrale comporte des règles qui relève beaucoup


plus de l’adaptation que de la traduction. Les exigences varient selon
le genre. Le traducteur de théatre travail de concert avec l’auteur, le
metteur en scène et souvent meme avec les acteurs.

Antoine Bermane :

Selon Berman, une culture ne peut rester replié sur elle-même, elle a
besoin d’autres cultures pour se constituer, ou se rajeunir « exemple :
Apport de la traduction dans de la littérature arabe après la conquête
de Napoléon ». La traduction en est l’un des instruments de
l’universalité.

La traduction est une activité créatrice ( nouveautés des thème


enrichissement), fondatrice (la Bible de Luther à l’origine de la
langue allemande), critique ( puisqu’elle exige la comparaison avec
les oeuvres étrangers).

Berman défend la méthode littérale, dans la mesure ou elle ne soit


pas au grand préjudice du génie de la langue d’arrivée. « Ainsi, si pour
Antoine Berman, à l’instar de Chateaubriand, la traduction doit
respectet une éthique qui consiste à livrer un texte intégralement,
littéralement, avec le respect de l’originale, pour cetrains traducteurs
ou théoriciens contemporains, ce qui compte, c’est surtout la langue,
la culture, en un mot, la réception de la traduction. »1

Il dresse à cet effet, une virulente critique contre les traductions qui
abusent de la marge de liberté.

Les tendances déformantes de la traduction :

1. la rationalisation :

2. la clarification;

3. l’allongement;

4. l’ennoblissement et la vulgarisation;

5. l’appauvrissement qualitatif;

6. l’appauvrissement quantitatif;

7. la destruction des rythmes;

8. la destruction des réseaux signifiants sous-jacents;

9. la destruction des systématismes;

10.la destruction des réseaux vernaculaires ou leur exotisation;

11.la destruction des locutions et idiotismes;

12.l’effacement des superpositions de langues.

Alexander Frazer Tytler :

1
- Depré, p 76.
Il réalisa la première étude systématique du processus de traduction
« Essay on the principles of translation ». Il estime que le traducteur
doit, en principe, respecter le style de l’auteur « traduit », et pourrait,
toutefois, se permettre une marge de manœuvre, pour « ajouter, ou
modifier » l’original, obéissant à une nécessité stylistique, si sa
formulation lui semble incorrecte ou inexacte. Le traducteur doit
éclaircir le sens.

Les principes fondamentaux formulés par Tytler :

1- La traduction devrait être une transcription / reproduction


complète des idées de l’œuvre originale.
2- Le style de l’écriture de la traduction devrait être du meme
caractère que celui de l’originale.
3- La traduction devrait avoir le caractère aussi naturel que l’œuvre
/ la composition originale.

Théorie du jeu :

Jiry Levy :

Pourquoi « jeu » ?

Levy compare le processus de traduire à une joute de jeux d’eches, ou


le traducteur doit procédé au bon choix :

« Translation is a decision process: a series of a certain number of


consecutive situations – moves, as in a game – situations imposing on
the translator the necessity of choosing among a certain (and very
often exactly definable) number of alternatives. […] The process of
translating has the form of a game with complete information – a game
in which every succeeding move is influenced by the knowledge of
previous decisions and by the situation which resulted from them.”2

« La traduction est un processus de décision: une série d'un certain


nombre de situations consécutives - coups, comme dans un jeu -
situations imposant au traducteur la nécessité de choisir parmi un
certain nombre d'alternatives (et très souvent définissables avec
précision). […] Le processus de traduction a la forme d'un jeu avec
des informations complètes - un jeu dans lequel chaque coup suivant
est influencé par la connaissance des décisions précédentes et par la
situation qui en a résulté. »

Il était inspiré par la théorie de la linguistique et la théorie littéraire


structurale et fonctionnaliste d’un coté, et par les travaux des
formalistes russes (Propp et Tynianov), de l’autre. Le centre de son
intérêt est la traduction de la poésie, les caractéristiques littéraires
spécifiques de l’original, le maintien du style.

Pour Levy, c’est la conservation de la qualité littéraire « la


littérarité » de l’œuvre d’art qui doit prévaloir. Il met l’accent sur le
but de réaliser le « même effet artistique» que l’originale, en
s’appuyant sur les mêmes moyens linguistiques ou des moyens
diverses. « si une caractéristique expressive ne fonctionne pas dans la

2
- Levý, 1967. Cité dans : Erudit, Fabio Regattin, Quand « la traduction est un jeu » : métaphores
ludiques dans le discours contemporain sur la traduction. Volume 26, Numéro 1, 1er semestre 2013,
p. 221–254.
culture d’arrivée, le traducteur doit la remplacer ou même inventer une
autre afin que la qualité littéraire globale soit maintenue. »3

Théorie interprétative :

La théorie interprétative est exposée dans le livre Interpréter pour


traduire, paru en 1984. Elle est centrée sur l’interprétation, et cherche
à cerner les étapes qui caractérisent l’acte de traduction, au moment
même où on traduit. Cette opération se décompose pour les auteurs en
trois étapes : l’interprétation du texte afin d’en dégager le sens, la
« déverbalisation » du texte d’origine, et la ré-expression du sens dans
le texte d’arrivée.

L’ouvrage « Interpréter pour traduire » a été traduit par D. Faiza


Elqassem.

.‫ فايزة القاسم‬،‫ ترجمة الدكتورة‬."‫ "التأويل سبيال للترجمة‬-

Selon cette théorie ce qui compte c’est « le sens, et la bonne


communication de la portée du discours », ce qui ne se réalisera
jamais sans « interprétation correcte »

Théorie de Skopos et approches fonctionnalistes :

Joseph Hans Vermmeer, Katharina Reiss

Selon cette théorie, les méthodes et les stratégies de traduction sont


déterminées essentiellement par le but ou la finalité (le skopos) du
texte traduit « le texte d’arrivée ». On se détache de la fonction

3
Zarakova, p 139.
assignée par l’auteur du texte de départ, et on focalise sur le but de la
traduction « par rapport au public cible : client, ... » Pourtant, le
traducteur doit respecter deux principes importants : la cohérence
(intratextuelle) du texte, et la fidélité (intertextuelle), au texte source.

Katharina Reiss, quant à elle, nous propose une nouvelle typolgie de


textes (informatifs, expressifs, opérationnels)

Le type de texte détermine le degré d’adaptation ou de changement


pour qu’une traduction, enfin, aboutisse au but du transfert du
contenu.

Exemple : Le changement dans un texte informatif (publicité, rapport


de presse, compte rendu, document administratif) n’est pas du meme
degré que celui dans un texte expressif (poème, nouvelle, pièce
théâtrale).

Les éléments d’une image poétique, figure de style, ne peuvent etre


remplacés par d’autres en gardant la meme information et le meme
effet. Alors que le texte d’une publicité peut subir un changement
totale, et aboutit, pourtant à sa finalité, celle d’influencer sur le
consommateur et l’amener à acheter le produit ou le louer ailleurs.

Théorie de polysystème :

Itamar Even Zohar

Cette approche s’est aventurée, en principe, à revoir le patrimoine


littéraire. Leur conception de la traduction est purement critique, elle
ne propose pas de solutions, ni des techniques ou des méthodes qui
son de nature à améliorer la qualité des traductions littéraire, mais
attire l’attention à des remarques, qui pourront servir de repères aux
traducteurs à réviser leurs logique de départ en traduisant une ouvre
littéraire.

Polysystème désigne la diversité des ouvrages littéraires (anciens,


modernes, nationales, écrites en langues étrangères, traduites, connus,
méconnus, etc etc ).

La place, et la fonction, des littératures traduites dans ce système est


déterminée par son importance et sa valeurn et est en constant conflit
pour s’imposer au sein du système hote « il y a une lutte pour obtenir
la position centrale »

Comment cela pourrait-il affecter l’opération « traduire » ?!!

La position de la littérature « à traduire » par rapport à la littérature


« hôte » détermine la stratégie, l’attachement à la culture source, ou le
respect de la culture cible, la littéralité, ou l’adaptation au techniques
stylistiques de la littérature cible.

Exemple :

Dans le système littéraire arabe, ou la langue arabe est exagérément


considéré comme un atout exceptionnel d’expression « langue du saint
Coran, d’une poésie extraordinaire », la poésie, ancienne ou moderne,
est considérée comme supérieur en sa qualité et ses traits esthétiques.
Comparée à la poésie française, ou anglaise, elle les surpassera en
tout. La poésie française n’aura pas une grande chance d’avoir une
place dans le système poétique arabe, est un traducteur arabe, habitué
à la souplesse de la langue arabe, ne se souciera pas beaucoup de
chercher, en vain, à réaliser une traduction qui égalera le poème arabe.
Il se contentera d’une traduction littérale. C’est ce qui explique,
d’ailleurs, le retard historique de la culture arabe à traduire la poésie
étrangère. L’adaptation (loin d’être considérée comme une traduction)
de Mustapha Lotfi Elmanfalouti des ouvrages de Alexandre Dumas,
accuse une haute appréciation de la langue arabe, et une tendance
culturelle à dénaturer l’ouvrage originale.

Si on appliquerai cette tendance sur les autres domaines (sciences,


technologies), la traduction vers l’arabe cherche à accorder un très
grand soins aux tournures de la langue de départ, à combler toutes les
lacunes, à forcer le génie de la langue et à emprunter les mots ne
sauraient etre traduits. Il suffit de penser aux emprunts qui dominent le
textes arabes sur la technologie ou la biologie ( ،‫ حمض ريبي‬،‫أكسدة‬
).. ،‫ انترنت‬،‫ تكنولوجيا‬،‫ معامل ريزوس‬،‫ سيدا‬،‫سيتوبالزم‬

Travail de recherche :

Les noms proposés ci-dessous sont très connu dans le domaine de la


traductologie et la traduction. Classer les selon leur approche
théorique de la traduction (genre d’intérêt, théorie adopté ou
développé en collaboration, domaine de spécialité).

Efim Etkind
John Delisle
Guideon Toury
Henri Meschonnic
Marianne Lederer
Vinay et Darbelnet
Daniça Seleskoviç

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