Piscicole ImorouToko Yabietal.2011 AnnalesUP

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Evaluation des potentialités piscicoles et socioéconomiques des retenues


d'eau pastorales du Nord Bénin : cas de la Commune de Banikoara

Article · January 2012

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5 authors, including:

J. Afouda Yabi
University of Parakou
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Evaluation des potentialités piscicoles et socioéconomiques des retenues d’eau
pastorales du Nord Bénin : cas de la Commune de Banikoara

1 1 1
I. Imorou Toko , J.A. Yabi2, M.N. ASSOGBA3, M. Adam Sanni , & H.A. Elègbé
1
Département des Sciences et Techniques de Production Animale (STPA), Faculté d’Agronomie (FA),
Université de Parakou (UP), BENIN
2
Département d’Economie et Sociologie Rurale (ESR), Faculté d’Agronomie (FA), Université de
Parakou (UP), BENIN
3
Département de Production et Santé Animale (PSA), Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi (EPAC),
Université d’Abomey-Calavi (UAC), BENIN

Auteur de correspondance : E-mail : [email protected];

Tél. (229) 95182936 / 96132150

Résumé
L’étude faite d’août à mi-décembre 2010 sur les retenues d’eau de la commune de Banikoara
permet d’évaluer la rentabilité de leur exploitation. Les paramètres physico-chimiques sont
mesurés, les potentialités nutritionnelles sont évaluées et enfin une enquête sur le mode de
gestion de ces retenues est faite. De l’inventaire des retenues il ressort que 54,6 % sont des
barrages et 45,5 % des surcreusements étaient tous gérés par des comités de gestion élus. Ces
retenues d’eau étaient de dimensions et de formes variables. La proximité des champs de
culture de coton et de maraichage, l’abreuvement des animaux et les usages domestiques
rendaient ces retenues potentiellement polluées. La température moyenne dans les retenues
d’eau a varié entre 27,2 ± 0,7 °C et 29,9 ± 0,8°C. Le pH a oscillé entre 8,4 ± 0,6 et 9,3 ± 0,3.
Les conductibilités moyennes se situaient entre 41,0 ± 12,7 et 109,5 ± 0,7 µS/cm. Les valeurs
de TDS étaient significativement différentes (p<0,05). Les transparences moyennes se
situaient entre 15,5 ± 0,7 cm et 52,5 ± 17,7 cm. L’inventaire de la faune benthique a montré
que les retenues d’eau étudiées sont riches en macroinvertébrés, ce qui constitue une
abondante nourriture pour les poissons. Sur le plan socio-économique la pêche était rentable
dans les trois retenues étudiées car le ratio bénéfice-coût était supérieur à 1.
Malheureusement, la pêche est souvent pratiquée par des étrangers sous la supervision des
comités de gestion. Bien qu’elles soient très productives, les facteurs tels que la sensibilisation
des paysans sur les avantages de la pisciculture, l’assistance technique et financière des
pêcheurs et des comités de gestion, l’entretien des cuvettes, des digues et déversoirs, la
formation des paysans par rapport aux pratiques piscicoles de base, la non disponibilité au

1
niveau local des alevins, la non intégration de la pisciculture aux autres activités exercées
autour des retenues, et la gestion des crocodiles dans les retenues d’eau constituent les
principales contraintes qui entravent le développement de la pisciculture dans les retenues
d’eau étudiées.

Mots clés: Retenue d’eau; valorisation; physico-chimie; rentabilité socio-économique;


pisciculture.

Abstract
Pools constructed in Banikoara township (north Benin) have been studied between August
and December 2010. The aim of this study is to promote and valorize these pools. Physico-
chemical parameters were directly measured in the water of these pools. The nutritional
potentialities (macro-invertebrates) were determined in laboratory. An investigation about the
way these pools are managed and the profitability of their exploitation was done in this study.
This study brought out that the pools in Banikoara township have variable forms and
dimensions. Actually, 54.6 % of them are dams and about 45.5 % the pool in the study area.
We notify that human activities especially farming, market gardening, cow watering and
clothes washing pollute and contaminate water preserves in this zone. The mean temperatures
in the pools studied varied from 27.2 ± 0.7 °C to 29.9 ± 0.8 °C and pH from 8.4 ± 0.6 to 9.3 ±
0.3. Mean conductibility are between 41.0 ± 12.7 and 109.5 ± 0.7 µS/cm and then, TDS
values are significantly different (p<0.05) and mean water transparencies are between 15.5 ±
0.7 cm and 52.5 ± 17.7 cm. Benthic fauna inventory showed that pools studied are rich in
macro-invertebrates which are important in fishes feeding. Socioeconomic valuation show
that fishing is quite profitable (benefit-cost rate > 1) in all of the pools studied. But
unfortunately, fishing is made by foreigners who are supervised by local management
committees of these pools. At the end of this study, we can notice that the pools constructed in
Banikoara township are very productive but remain unprofitable and mismanage by the locale
authorities and the management committees. The main reasons of this situation are the
maladministration of the management committees and the lack of capacity building of the
fishermen and the members of the management committees in fishery and piscicultural
practice.

Keywords: Pool; valorization; physicochemical; socioeconomic profitability; pisciculture

2
Introduction

Les ressources ichtyologiques, de par leur composition en nutriments, jouent un rôle très
déterminant dans la fourniture des protéines à haute valeur biologique. En effet, le poisson a
une teneur en protéines (17 - 21,6%) équivalente à celle de la viande de bœuf (18,2 - 20,6%)
et supérieure à celle des œufs (11%) et du lait de vache entier (3,8%) (FAO, 1979). De plus, il
est relativement moins cher ce qui fait qu’il constitue la principale source de protéine animale
de la plupart des pays du tiers monde. Malheureusement, on assiste au Bénin à une baisse de
la production halieutique ces dernières décennies. La production nationale de produits
halieutiques n’arrive plus à couvrir la demande intérieure (Imorou Toko, 2007). En 2008 par
exemple, la production halieutique nationale était estimée à environ 37494,6 tonnes (y
compris la pisciculture) tandis que la demande nationale était supérieure à 90000 tonnes
(Direction des Pêches, 2009). Pour combler ce déficit, le pays recours à une importation
massive de poissons congelés. Face à cette dépendance de plus en plus poussée vis-à-vis de
l’extérieur, il semble nécessaire d’augmenter la production halieutique nationale, non
seulement par l’aménagement et la gestion rationnelle des cours et plans d’eau naturels du
pays, mais surtout par la promotion de l’aquaculture continentale (Imorou Toko, 2007 ; FAO,
2008). En effet, le Bénin possèdent de grandes potentialités d’aquaculture au nombre
desquelles nous pouvons énumérer la diversité des espèces aquacoles disponibles (Chango et
Ken, 2006 ; Imorou Toko, 2007) (Tilapia, Clarias, Heterotis, etc.) de même que la variété des
infrastructures /techniques aquacoles utilisées (acadjas, ahlos, whedos, étangs, enclos
piscicoles, cages flottantes, etc.) (Imorou Toko, 2007). Par ailleurs, la densité du réseau
hydrographique du pays a favorisé l’implantation sur l’ensemble du territoire des ouvrages
hydrauliques généralement à but pastoral, communément appelés « retenues d’eau » (DGE,
2008 ; Adam Sanni, 2011). Sur les deux cent cinquante ouvrages hydrauliques recensés et géo
référencés, 196 sont des barrages et 54 surcreusements. La majorité de ces ouvrages sont
construits dans la partie septentrionale du pays dans le but majeur de retenir l’eau pour divers
usage agropastoral. En effet, pour compenser le déficit en eau observé en saison sèche dans
certaines régions du nord et centre du pays, notamment celles à forte tradition d’élevage, les
retenues d’eau ont été construites par plusieurs structures privées ou étatiques. L’objectif
principal de la création de ces retenues était d’assurer aux populations et aux bétails un
approvisionnement permanent en eau. C’est avec le temps que les populations ont constaté la
présence des poissons dans ces retenues d’eau et ont commencé à y développer des activités
traditionnelles de pêche et le maraîchage autour de ces ouvrages. De nos jours, environs 215

3
retenues d’eau ont été construites dans le Nord (DGE, 2008) soit 82,7% des retenues d’eau de
l’ensemble du pays (Toko, 2008 ; Adam Sanni, 2011). Cependant, la majorité de ces retenues
d’eau par manque de suivis ne sont pas fonctionnelles et se comblent d’année en année. La
plupart de ces ouvrages sont gérées par des comités de gestion élus localement et en
collaboration avec les CeCPA (Centres Communaux de Promotion Agricole).

Dans le contexte actuel de crise alimentaire globale, la valorisation des retenues d’eau du
Bénin par la promotion et le développement des productions végétales, animales et
halieutiques est devenue une priorité dans les programmes d’action des autorités aussi bien au
niveau locale que gouvernementale. C’est dans ce cadre que plusieurs projets de
développement dont certains sont encore en cours d’exécution dans le Nord du
Bénin s’intéressent à l’aménagement et la gestion agropiscicole de ces ouvrages hydrauliques
(Adam Sanni, 2011). Malgré les lourds investissements consentis par les divers partenaires,
les comités de gestion des retenues d’eau du nord Bénin peinent encore à optimiser leur
production piscicole dans ces milieux (Adam Sanni, 2011). Dans le souci d’assurer un
meilleur aménagement de ces écosystèmes aquatiques en des systèmes de production
agropiscicole, il paraît nécessaire d’évaluer les potentialités piscicoles de ces retenues d’eau
afin d’identifier les espèces piscicoles pouvant y être potentiellement élevées. C’est ce qui
justifie la présente recherche dont l’objectif principal est de faire un diagnostic des retenues
d’eau de la Commune de Banikoara, afin de dégager leurs potentialités piscicoles et
socioéconomiques, de même que les contraintes de leur valorisation en pisciculture.

Matériel et méthode

La présente étude s’est déroulée d’août à mi-décembre 2010. Les travaux de terrain ont été
réalisés dans la Commune de Banikoara où on rencontre une diversité importante de ces
infrastructures. Les travaux de laboratoire de même que le traitement et l’analyse des données
ont été effectués à l’Unité de Recherche en Aquaculture et Ecotoxicologique Aquatique
(URAEAq) de la Faculté d’Agronomie de l’Université de Parakou.

4
Le milieu d’étude

La Commune de Banikoara est située au nord-ouest du département de l’Alibori. Elle est


comprise entre 10°50’ et 11°30’ de latitude nord et entre 2° et 2°40’ de longitude Est.
(Figure1).

Figure 1: Situation de la commune de Banikoara (Source: PDC Banikoara, 2002).

D’une superficie de 6922 km², dont 3360 km² soit 48,5% sont des terres cultivables (Boko et
al., 1995), la Commune de Banikoara est peuplée d’environ 152.028 habitants en 2002
(RGPH3, INSAE, 2003). Le climat est de type soudanien évoluant vers le type sahélien avec
l’alternance d’une saison pluvieuse s’étendant de mai à octobre et d’une saison sèche
s’étendant de novembre à avril (Boko et al., 1995). La pluviométrie a oscillée de 1978 à 1990
entre 700 mm et 900 mm contre une moyenne normale de 1000 à 1200 mm (ASECNA) et la
température est comprise entre 27,7°C et 35,6°C. La Commune de Banikoara est drainée sur
ses périphériques Est et Ouest par les rivières Alibori (338 km) et Mékrou (410 km),
respectivement. Les bassins versants délimités par ces cours d’eau couvrent respectivement
10.620 km² et 13.600 km². L’agriculture est la principale source de revenu dans la commune
de Banikoara. Les principales cultures pratiquées sont : les cultures vivrières (sorgho, mil, riz,
maïs et niébé), les cultures maraîchères (laitue, carotte, tomate, piment et gombo), les racines
et tubercules (patate douce et igname) et les cultures industrielles (coton et arachide). Par
ailleurs, notons que Banikoara est la plus grande Commune productrice de coton ; « l’or
blanc » représente donc la principale source de revenu des populations.

5
Etude des caractéristiques physiques et fonctionnelles des retenues d’eau
Les caractéristiques physiques et fonctionnelles des retenues d’eau de la Commune de
Banikoara ont été obtenues sur la base de nos recherches documentaires. Cependant, nous
avons procédé à l’actualisation de ces informations en procédant directement sur le terrain à
diverses mesures (superficie, profondeur, cordonnées géographiques, état des digues et
déversoirs, état de la cuvette, végétation et production végétale environnantes, etc.). Pour ces
différentes mesures nous avons non seulement procédé par observation mais aussi utilisé un
penta décamètre de 100 m pour les diverses mensurations, une tige graduée de 2 m pour
évaluer la profondeur et un GPS (GARMIN 60) pour la mesure des coordonnées
géographiques des retenues d’eau étudiées. Par ailleurs, une enquête exploratoire auprès des
populations riveraines nous a permis de connaître davantage sur la productivité et le statut,
permanant ou temporaire, de ces milieux aquatiques.

Etude de la qualité physico-chimique des retenues d’eau de Banikoara


Cette étude a concerné les 3 principales retenues d’eau fonctionnelles de la Commune. Ces
retenues d’eau ont été choisies en fonction de la permanence de leurs eaux, de leur
productivité, de leur accessibilité et du développement actuel des activités agro piscicole
autour de ces milieux. En effet, les paramètres de leurs eaux tels que le pH, la température, la
conductibilité, les matières en suspension (TDS) et la transparence ont été relevés de façon
journalière (toutes les 3 heures, entre 7h et 19h), toutes les semaines durant 6 semaines. Le pH
a été mesuré à l’aide d’un pHmètre électronique de type TACUSSEL/ P60 muni d’une sonde.
Un conductivimètre électronique de marque HANNA HI 99300, a été utilisé pour les mesures
de la température (°C), de la conductivité (µS/cm), et des TDS (ppm). La transparence de
l’eau (cm) a été mesurée à l’aide d’un disque de Secchi de fabrication locale.

Etude des macroinvertébrés benthiques dans les retenues d’eau étudiées

Le prélèvement du benthos a été fait à l’aide d’un filet Suber (épuisette d’une ouverture de 25
cm pourvu d’un filet de 50 cm de profondeur avec des mailles de 250 micromètres). Le
benthos prélevé à environ 6 mètres des berges et sous les macrophytes flottantes est lavé
abondamment à l’eau du milieu et placé dans des piluliers (800 ml) à laquelle on ajoute du
formol dilué à 10% afin de conserver les organismes. Six échantillons de benthos ont été

6
prélevés par retenue d’eau étudiée. Ces échantillons ont été ramenés au laboratoire pour leur
identification. Une fois au laboratoire les échantillons ont été immédiatement étalés à nouveau
sur un tamis de 100 µm de maille. Nous avons procédé ensuite au tri en utilisant le faible
grossissement une loupe binoculaire de type «Olympus SZ40». Pour chaque échantillon, les
organismes observés ont été placés dans des piluliers contenant de l'alcool à 70% afin
d’identifier et de déterminer la diversité taxonomique de l'échantillon.
L’identification des macroinvertébrés a été faite au moyen de clés de détermination contenues
dans divers documents d’identification dont : « La Flore et faune aquatiques de l’Afrique
sahélo-soudanienne » de Durand et Lévêque (1981), « Aquatic entomology » de McCafferty
(1981) », et « Invertébrés d’eau douce » de Tachet et al. (2000). Pour la détermination, nous
nous sommes limités à la famille compte tenu de la précision des clés d’identification
disponibles.

Etude de la diversité ichtyologique


Les différentes espèces de poissons peuplant les retenues de la Commune de Banikoara ont
été inventoriées au cours de notre étude. Cet inventaire à consister à l’évaluation, auprès des
pêcheurs opérants sur ces différents milieux, de la biodiversité de leur capture. Au total la
faune ichtyologique de 18 retenues d’eau a été étudiée. Les différentes espèces observées ont
été directement déterminées sur le terrain, ou à défaut conservées (formol à 10%) puis
identifiées au laboratoire. Les clés d’identification taxonomique des poissons d’eau douce
tropicale de Durand et Lévêque (1981) et PAMF et DFS (2004) ont été utilisées aussi bien sur
le terrain qu’au laboratoire.

Evaluation socioéconomique des retenues d’eau


Il s’agit d’un sondage qui a consisté à interviewer, individuellement et en groupe, au moyen
de questionnaire préétabli, les pêcheurs membres des comités de gestion des retenues d’eau
étudiées. Compte tenu du nombre limité de pêcheurs disponibles dans ces milieux, la taille
des échantillons sondés a été limitée à 10 pêcheurs par retenue d’eau. Les informations
collectées durant notre enquête ont été relatives aux modes d’empoissonnement des retenues
(artificiel ou naturel), d’exploitation (technique production, d’alimentation, de récolte, etc.) et
de gestion (présence ou non d’un comité de gestion et autres structure de suivi). Nous avons
également recensé auprès des pêcheurs les difficultés qui entravent le développement de la

7
production piscicole dans ces milieux d’élevage. Par ailleurs, nous avons évalué la rentabilité
économique de l’exploitation de ces retenues. Pour ce faire, les informations relatives à la
quantité annuelle de poissons produits (en kg ou en Fcfa) par retenue d’eau, de même que les
charges (achats divers, entretien, empoissonnement, main d’œuvre occasionnelle, taxe,
transport divers, etc.) ont été collectées auprès des pêcheurs. De ces informations, les
paramètres de rentabilité suivants ont été calculés :

- Coût total (Ct): Ct = Cf + Cv avec Cf = Coûts fixes (Taxe, amortissement pirogue, filet et
autres matériel de production achetés) et Cv = Coûts variables (Frais de transport,
entretien, empoissonnement, main d’œuvre, etc.)
- Produit brut (Pb) : Pb = Qp*Pu avec Qp = Quantité de poisson pêchée et Pu = Prix/kg
- Marge brute (Mb) : Mb = Pb - Cv
- Marge nette (Mn) : Mn = Mb – Cf
- Ratio Bénéfice-coût (r) : r = Pb /Ct (si r > 1, l’exploitation est rentable au cas contraire elle
ne l’est pas).

Analyses statistiques
Les tests de la statistique t de Student et d’Analyse de Variance à un critère de classification
(ANOVA 1) ont été utilisés pour les comparaisons statistiques des différentes moyennes
calculées. De même, les tests de Khi deux ont permis de vérifier les liens qui pourraient
exister entre deux facteurs qualitatifs. Toutes ces analyses ont été effectuées aux seuils de
significativité de 5% ou 1% à l’aide du logiciel d’analyse statistique SPSS.

Résultats

Caractéristiques physiques et fonctionnelles des retenues d’eau

Au total 21 retenues d’eaux ont été inventoriées dans 8 arrondissements sur 9 de la commune
de Banikoara (Tableau 1). De toutes ces retenues d’eau, 12 sont des barrages (dont 2
fonctionnelles) et 9 sont des surcreusements (dont 7 fonctionnelles). Les barrages sont
constitués de digues en terre compactée et de déversoir en béton (Lacroix, 2004) ce qui n’est
pas le cas au niveau des surcreusements. En général, les cuvettes des retenues d’eau de la
Commune de Banikoara sont ensablées et envahies par des plantes aquatiques et quelques

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unes seulement ont encore des digues et déversoirs en bon état. De plus, la proximité des
habitations et des champs, avec notamment l’utilisation des pesticides pour le traitement
phytosanitaire des cultures, engendrent de graves problèmes de pollution dans les retenues
d’eau de la Commune de Banikoara. Le tableau 2 récapitule les caractéristiques fonctionnelles
des principales retenues d’eau de la Commune de Banikoara.

Tableau 1: Caractéristiques générales des retenues d’eau de Banikoara

Nom de la Type Programme ayant réalisé Année de Superficie


Arrondissement
Retenue Aménagement la retenue création Retenue (m²)

BANIKOARA Batran Barrage PADEB/ DGR 1976 200000

FOUNOUGO Bouténan Barrage BDBD 1994 900

FOUNOUGO Koné Surcreusement CEAO II 1994 1200

FOUNOUGO Founougo centre Surcreusement BDBD 1995 1500

GOMPAROU Bansio Surcreusement BDBD 2002 600

GOMPAROU Poto Surcreusement CEAO II 1998 700

GOUMORI Goumori Barrage CEAO II 1998 1000

GOUMORI Gbassa Barrage BDBD 1998 10000

KOKEY Kokey Barrage BDBD 1992 400

Yambérou/
KOKEY Barrage JEEB/DEDRAS 1997 1000
Soumabougou

Kokiborou
KOKIBOROU Barrage CEAO II 1998 2000
bariba

Kokiborou
KOKIBOROU Surcreusement BDBD 1991 3000
peulh

Sangbanti
OUNET Barrage BDBD 1988 50000
(Ounet centre)

OUNET Boniki Barrage PHPA 2002

OUNET Sombikèrèkou Barrage PADEB 2003 40000

SOMPEREKOU Sompéroudarou Surcreusement CEAO II 1994 -

SOMPEREKOU Binikoka Surcreusement - - -

TOURA Tintinmou Surcreusement CEAO II 1998 1000

TOURA Bodossa Barrage BDBD 1996 10000

Sinabérou
TOURA Barrage DBDB 1988 40000
(Atabénou)

TOURA Kakorokou Surcreusement BDBD 1998 70000

Source : CeRPA Borgou-Alibori (2009) et enquête terrain 2010

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Tableau 2 : Caractéristiques fonctionnelles des principales retenues d’eau de Banikoara

Nom-Retenue-Eau Etat-Digue Etat-Déversoir Etat-cuvette Fonctionnement


Affaissée et colonisée par les
Batran arbustes; Erodé Envahie en partie par les plantes aquatiques oui
Bouténan Passable Passable Comblement de la cuvette et envahissement par les plantes aquatiques oui
Koné - - Comblement avancé de la cuvette non
Founougo centre Détruite au niveau du déversoir Erodé Comblement avancé de la cuvette non
Bansio - - Comblement avancé et taris en saison sèche non
Poto Comblement avancé et taris non
Goumori Passable passable Comblement très avancé oui
Gbassa Défectueuse et rompue Erodé Comblement avancé. Ne retient plus d’eau en saison sèche oui
Kokey Inexistant Inexistant Ne retient plus d’eau non
Yambérou/ Soumabougou Complètement détruite Passable Comblement total de la cuvette non
Kokiborou bariba Passable Erodé Comblement avancé et taris en saison sèche non
Kokiborou peulh - Erodé Comblement avancé et taris en saison sèche non
Sangbanti Bon Rupture en partie Comblement avancé et taris en saison sèche oui
Boniki Passable Passable Comblement avancé et taris non
Sombikèrèkou Bon Bon En état de comblement et s’assèche vite en saison sèche oui
Sompéroudarou - - Comblement avancé et taris en saison sèche non
Binikoka - - Comblement avancé non
Tintinmou Passable - Comblement avancé oui
Bodossa Passable En partie cédé Comblement avancé et taris en saison sèche non
Sinabérou Passable Passable Passable oui
Kakorokou - - Comblement avancé et taris en saison sèche oui
Source : Enquête terrain 2010

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Qualité physico-chimique de l’eau dans les retenues d’eau étudiées

Le Tableau 3 présente les valeurs moyennes de quelques paramètres physico-chimiques de


qualité des eaux dans les retenues d’eau étudiées.

Tableau 3 : Valeurs moyennes de quelques paramètres de qualité physico-chimique de l’eau


des retenues étudiées

Température Transparence
pH K (µS/cm) TDS (ppm)
(°C) (cm)

Atabénou 8,7±0,2 102,2±4,2a 50,2±3,1a 29,1±1,6


Batran 8,7±0,7 64,3±4,7b 32,1±2,7b 36,5±9,2
b b
Ounet 8,7±0,2 57,2±7,6 32,1±2,7 30,5±2,1
ns
p 0,87 0,62ns <0,01 <0,01 0,55ns
Pour une même colonne, les valeurs portant des lettres différentes en exposé sont significativement différentes au seuil de
5% ; ns = non significatif.

Biodiversité des macroinvertébrés benthiques dans les retenues d’eau

170 individus de macroinvertébrés répartis en 23 taxons ont été identifiés dans les retenues
étudiées (Tableau 4).

L’analyse de la richesse taxonomique révèle la présence de Mollusques, d’Annelides, de


Crustacés, de Tubellariés et des Insectes (Figure 2a). La retenue d’eau de Ounet héberge à
elle seule 19 taxons (82,6% des taxons observés) suivi de Batran et d’Atabénou qui en
hébergent respectivement 15 et 12 taxons. Le plus grand nombre d’organismes (44,1% de
l’abondance totale) a été observé à Batran.

La faune benthique des retenues d’eau de Banikoara est dominée quantitativement par les
insectes (Figure 2a) dont les Diptères (33,5% de l’abondance totale), les Odonates (20%) et
les Hétéroptères (11,8%) sont les plus abondantes (Figure 2b). Les individus de la famille des
Calopterydae et des Chironomidae sont les plus rencontrés dans les retenues d’eau.

11
Tableau 4 : Nombre et abondance (entre parenthèse) des macroinvertébrés rencontrés dans les
retenues d’eau de Banikoara

Classes Ordres Famille Atabénou Batran Ounet Total

Annelides Oligochètes Tubificidae 2 (4,44) 1 (1,33) 1 (2) 4 (2,35)

Lumbricidae 1 (2,22) 2 (2,67) 1 (2) 4 (2,35)

Mollusques Gastéropodes Bulinidae 1 (2,22) 6 (8) 1 (2) 8 (4,71)


Physidae - - 1 (2) 1 (0,59)

Limnaeidae - 6 (8) 1 (2) 7 (4,12)

Crustacés Isopodes Cirolanidae - 1 (1,33) 1 (2) 2 (1,17)

Tubellariés - Planariidae 1 (2,22) 2 (4,44) 1 (2) 4 (2,35)

Insectes Coléoptères Ditiscidae - - 3 (6) 3 (1,76)

Notéridae 1 (2,22) 1 (1,33) - 2 (1,17)


Diptères Chironomidae 13 (28,89) 28 (37,33) 8 (16) 4 (28,82)
Culicidae - - 3 (6) 3 (1,76)
Tipulidae - 2 (4,44) - 2 (1,17)
Syrphidae 1 (2,22) 1 (1,33) 1 (2) 3 (1,76)
Ephéméroptères Baetidae 4 (8,89) 1 (1,33) 2 (4) 7 (4,12)
Véléidae - 5 (6,67) 4 (8) 9 (5,29)
Hétéroptères Géridae 2 (4,44) 3 (4) 1 (2) 6 (3,53)
Corixidae 2 (4,44) - 6 (12) 8 (4,71)
Naucoridae - - 3 (6) 3 (1,76)

Pléidae 2 (4,44) - - 2 (1,17)


Notonectidae - 1 (1,33) - 1 (0,59)
Tricoptères Hydropsychidae - 6 (8) 2 (4) 8 (4,71)
Odonates Libellulidae 3 (6,67) - 1 (2) 4 (2,35)
Caloptérygidae 12 (26,67) 9 (12) 9 (18) 30 (17,65)

Total 45 (26,47) 75 (44,11) 50 170 (100)


(29,41)

12
(b)
Crustacés Tubellariés
(a) Coléoptères Hétéroptères
Tricoptères
Annelides 1% 2% 6%
4% 14%
5% Odonates Ephéméroptères
24% 11%

Mollusques
9%

Insectes
83% Diptères
41%

Figure 2 : Abondance relative des principaux groupes faunistiques (a) et de la Classe des
Insectes (b)

La diversité ichtyologique des retenues d’eau


20 espèces de poissons appartenant à 14 genres et 10 familles (Tableau 5) ont été
échantillonnées et identifiées. Quelques unes seulement de ces espèces présentent cependant
des potentialités piscicoles remarquables aussi bien sur le plan zootechnique qu’économique.
Il s’agit principalement des Cichlidae (O. niloticus et T.guineensis), des Clariidae (C.
gariepinus et H. longifilis), et des Osteoglossidae (H. niloticus). Le tilapia Oreochromis
niloticus est le plus rencontrés avec une fréquence de 1, tandis que le poisson-chat Clarias
gariepinus n’est observé que dans 94,4% des retenues étudiées.

Evaluation de la rentabilité des retenues

Les ratios bénéfice-coût de l’exploitation des trois retenues sont supérieurs à 1 (Tableau 6), ce
qui veut dire que 100 FCFA investi dans cette activité rapportent plus que 100 FCFA. Les
exploitations sont donc rentables du point de vu ratio bénéfice coût, même si le niveau de
rentabilité varie d’une retenue à une autre.

13
Tableau 5 : Liste des différentes espèces de poissons identifiés dans les retenues d’eau
Familles Espèces Noms local (langue)

Characidae Brycinus longipinnis (Günther, 1864) Koudou (dendi)

Cyprinidae Labeo senegalensis (Valenciennes, 1842) Kpaba (bariba)

Centropomidae Lates niloticus (Linnaeus, 1762) Kpiga (bariba)

Malapteruridae Malapterurus electricus (Gmelin, 1789) Dihou (bariba)

Claroteidae Chrysichtys nigrodigitatus (Lacépède, 1803) Dinko (dendi)

Chrysichtys auratus (Risch, 1986) Orinso-tchiré (dendi)

Schilbeidae Schilbe intermedius (Rüpens, 1832) Tanyégou (bariba)

Clariidae Heterobranchus longifilis (Teugels et al, 1990) Yémora (bariba)

Clarias gariepinus (Burchell, 1822) Bira (bariba)

Cichlidae Oreochromis niloticus (Linné, 1758) Kossia-bi (dendi)

Sarotherodon galilaeus (Linné, 1758) Kossia-koarè (dendi)

Tilapia guineensis (Bleeker in Günther, 1862 ) Kérou (bariba)

Protopteridae Protopterus annectens (Poll, 1961) Sibiri (dendi)

Osteoglossidae Heterotis niloticus (Cuvier, 1829) Kouala (dendi)

Tableau 6 : Comparaison des indicateurs économiques entre les trois retenues


Batran Atabénou Ounet

Superficie (m²) 200.000 70.000 40.000

Produit brut (FCFA/an) 2 330 000±49.950b 838 900±46 240a 757 500±49 950a

Produit brut (FCFA/ m²/an) 11,65±1,01a 20,97 ±1,48b 10,83 ±0,78a

Marge brute (FCFA/m²/ an) 10,08±1,01a 19,1 ±1,48b 9,75± 0,78a

Marge nette (FCFA/m²/ an) 7,65 ±1,01a 15,97 ±1,47b 7,97± 0,78a

Ratio bénéfice-coût 2,91 ±0,25a 4,19± 0,28b 3,78± 0,27c

Pour un indicateur donné, les valeurs suivies de différentes lettres dans les lignes sont significativement
différentes au seuil de 5%

14
Discussion

Les paramètres tels que le pH, la température, la conductivité, la transparence (turbidité) et les
TDS ont permis de préciser la nature physico-chimique des eaux des retenues de la Commune
de Banikoara. En effet, la température est l’un des facteurs les plus importants qui influence
les processus biologiques et métaboliques chez les organismes ectothermes (Timmermans,
1962). Chez les poissons, de nombreuses fonctions physiologiques comme la consommation
d’oxygène et de nourriture et la vitesse de réaction de certaines enzymes dépendent de la
température de l’eau (Timmermans, 1962 ; Huet, 1962a). Cependant, il est difficile d’établir
une comparaison entre les différentes études car la température d’une eau de surface est
étroitement liée aux variations de la température ambiante et de la saison (Lamizana et al,
2008) et dépend de nombreux facteurs comme le moment de la journée, de la saison, de
l’environnement, de la profondeur, de la distance à la source etc. dans le cadre de la présente
étude, les légères variations de température observées pourraient donc être expliquées par la
variation de la température ambiante de la zone d’étude qui est due au fort ensoleillement (>
25°C) (ASECNA KANDI). Néanmoins, ces variations de températures se trouvent dans la
limite de tolérance (20 à 30°C) des espèces tropicales (Lacroix, 2004).

Le pH exprime l’alcalinité ou l’acidité de l’eau et dépend du substrat géologique qu’elle


traverse (Huet, 1962a). Toutes les retenues d’eau étudiées ont un pH légèrement basique. En
effet, la richesse de ces milieux en éléments organiques pourrait favoriser le développement
du phytoplancton donc d’où l’augmentation de la basicité de l’eau observée (Bard et al.,
1974).Cependant, les valeurs de pH enregistrées se trouvent dans la limite de pH des espèces
de la zone tropicale (Huet, 1962b ; Bard et al., 1974 ; Lacroix, 2004). Néanmoins, au-delà du
pH 9 dans le milieu, il y a risque de mortalité pour de nombreuses espèces surtout les
macroinvertébrés (Zongo, 1993) qui constituent de véritables nourritures pour les poissons.
Aussi, Coimbra et al. (1996) rapportent qu’une forte augmentation de pH dans l’eau peut être
toxique pour la faune aquatique en induisant une augmentation des concentrations en
ammoniac toxique. Au regard de ces constats, les espèces présentes et particulièrement les
macroinvertébrés pourraient donc être menacés.

La conductivité d’un milieu aquatique dépend de la décomposition de la matière organique en


provenance des activités de pêche et des apports terricoles en engrais chimiques obtenues
(Lacroix, 2004 ; Lamizana, 2008). Dans le cas de la présente étude, les faibles valeurs de
conductivité obtenues pourraient donc correspondre à une minéralisation peu importante dans

15
les retenues d’eau. Ces valeurs sont cependant, proches de celles signalées dans le delta du
Niger au Nigéria (48 à 90 µS/cm à Epie Creek) par Ifonzuo et Bariweni (2001) ; elles sont
également compatible aux normes requises pour les activités piscicoles en eau douce.

La transparence permet une évaluation de la zone euphotique intervenant dans la production


primaire (Huet, 1962a) et dépend largement de la matière en suspension. Elle joue un rôle
important dans la description des variations du milieu tout en englobant la densité
phytoplanctonique et de matières en suspension dans l’eau telles que l’argile, les substances
humiques, la vase les colorants etc. (Lacroix, 2004). Les fortes turbidités réduisent la
pénétration de la lumière et l'oxygénation du milieu (Gérard, 1987). Les valeurs enregistrées
dans les retenues d’eau de Banikoara indiquent une forte turbidité par endroit et ceci pourrait
s’expliquer par l’ampleur des activités menées autour de ces retenues (abreuvement des
animaux, lessive, baignade, agriculture, etc.).

D'une façon générale, la composition faunistique de la macrofaune des retenues d’eau


étudiées est conforme à celle des eaux douces africaines (Diomandé et Gourène, 2005). La
richesse taxonomique observée est très faible par rapport à celle qu’indiquent les études
menées dans la retenue d’eau de Nga au Cameroun (Foto et al, 2010). La majorité des
macroinvertébrés collectés dans les retenues d’eau étudiées appartient à la classe des insectes
qui constituent d’ailleurs la nourriture privilégiée des poissons. Au Cameroun, l’étude menée
par Foto et al. (2010) dans la retenue d’eau de Nga, montre aussi la prédominance des
insectes. De même, Alhou et al. (2009) ont également observé la dominance des insectes dans
le fleuve Niger. La présence relativement faible des Ephéméroptères (deux familles : Baetidae
et Véléidae) pourraient par ailleurs indiquer une mauvaise qualité des eaux. Ces organismes
sont en effet réputés vivre dans des milieux bien oxygénés et de bonne qualité (Demoulin,
1981). De façon générale, la plupart des taxons rencontrés dans les milieux étudiés ne sont
représentés que par quelques individus. Cependant, les Chironomidae et les Caloptérygidae
représentent plus de 50 % de l’abondance totale. Ceci pourrait résulter de la pression
anthropique exercée sur les retenues d’au étudiées ; il aurait probablement eu une disparition
des taxons polluosensibles dans ces milieux et par conséquent une prolifération des groupes
polluotolérants tels que les Chironomidae (Gnohossou, 2006). Par ailleurs, l’abondance
relative des organismes dans la retenue d’eau de Batran pourrait être due à l’importance du
couvert végétal observé sur cette retenue comparativement aux autres ; selon plusieurs auteurs

16
(Downes et al. 1993 ; Aguiar et Ferreira, 2002) ce facteur pourrait contribuer à augmenter
l’hétérogénéité des habitats ce qui influent sur la composition des communautés benthiques.
La commune de Banikoara est drainée par plusieurs rivières (Alibori et Mékrou) appartenant à
de grands bassins fluviaux ce qui justifie sa diversité ichtyologique. Les principales espèces
rencontrées sont celles des zones tropicales notamment celles présentes dans les eaux douces
béninoises (Lévêque et al., 1990-1992 ; Lévêque et Paugy, 1999 ; PAMF et DFS, 2004).

Les ratios bénéfice-coût des trois retenues étant supérieurs à 1, leur exploitation est donc sans
doute rentable. Malgré sa grande superficie, la retenue de Batran, est la moins rentable. Ce
phénomène peut être expliqué par la fréquence des pêches dans cette retenue d’eau. En effet
dans cette retenue, la pêche a lieu toute l’année, les poissons n’ont donc pas assez de temps
pour se reproduire et croître. Par contre dans les deux autres retenues, la pêche est plus
régulée et elle a généralement lieu de Décembre à Avril. Les résultats sur la rentabilité
confirment ceux de Fabre (1994). De plus, ils révèlent que l’activité de gestion des retenues
d’eau est plus rentables économiquement que d’autres activités agricole comme la production
cotonnière dont le ratio bénéfice – coût était de 0,84 dans la même commune selon les
résultats de Boubakar (2009).

En dépit de cette rentabilité économique, nos travaux ont permis de constater que la
valorisation des retenues d’eau de la commune de Banikoara est confrontée à un certains
nombres de difficultés au nombre desquelles nous pouvons citer: le manque de sensibilisation
de la population sur les avantages de la pisciculture, le manque d’appui et de suivi des
comités de gestion, le manque de pêcheurs spécialisés, l’encombrement des retenues d’eau et
le mauvais état des digues et déversoir, la prolifération des plantes aquatiques, la pollution des
eaux due aux activités menées autour des retenues (maraichage, lessive, passage des animaux,
agriculture), la pollution des eaux par les pesticides utilisés dans les champs riverains et le
manque d’un centre d’alevinage. Il est donc nécessaire de lever ces contraintes pour améliorer
le niveau de rentabilité économique des différentes retenues étudiées.

Conclusion

Au terme de cette étude, nous avons constaté que le Nord Bénin dispose d’énormes ressources
hydriques pouvant favoriser l’installation d’importantes infrastructures piscicoles nécessaires
au développement de la pisciculture dans cette zone. Malgré les multiples retenues d’eau dont

17
dispose le nord Bénin, la pisciculture est actuellement une activité de faible importance dans
cette région bien que la qualité de l’eau et l’existence d’un marché de consommation soient
favorables au développement de cette activité. Il urge donc que les municipalités, à travers
leurs partenaires au développement, valorisent les retenues d’eau comme un patrimoine
important qui doit être aménagé pour leur développement économique et social.

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