Projet Buyo
Projet Buyo
Projet Buyo
RAPPORT TECHNIQUE
présenté par
RESUME
Le projet Buyo est un projet d’envergure eu égard aux défis à relever . La recherche a été
entreprise dans un contexte extrêmement difficile pour les chercheurs et les populations
bénéficiaires. De ce fait, les résultats obtenus sont quelque peu mitigés, du fait des fractures
observées dans les chronogrammes et activités pour diverses raisons parmi lesquelles : les
effets de la guerre, avec comme conséquences des suspensions de subvention du CRDI, des
délais relativement long de réactivation.
Les trois piliers de l’approche écosanté ont été pris en compte dans la recherche, mais la mise
en œuvre de la transdisciplinarité reste à approfondir ; les populations et les autorités locales
ont participé de façon satisfaisante au processus de recherche .
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o Maîtrise des infections diarrhéiques et parasitaires : eau potable, hygiène,
assainissement ;
o Genre, activités socio-économiques, approche écosystème et santé
humaine ; il y a lieu de noter que cet enjeu, a fait l’objet d’une demande
expresse des femmes autochtones de la région désireuses de s’organiser en
vue d’activités génératrices de revenues et de lutte contre la pauvreté.
La lutte contre les maladies diarrhéiques quoique mitigée a été l’un des points de satisfaction :
des artisans ont été formés à la fabrication des filtres et à leur diffusion, les populations ont
accepté la technologie, ont donné leur consentement à payer, mais les conflits armés en Côte
d’Ivoire depuis trois ans n’ont pas permis de mettre en pratique cette stratégie de participation
communautaire ; près de 150 filtres ont dès lors été subventionnés par le projet ; des
bénévoles ont été formés pour promouvoir l’hygiène du milieu au sein des populations avec
l’appui de l’ONG ASAPSU, l’impact a été apprécié grâce à un suivi sur le terrain même si
celui-ci a été de durée plus courte que prévue.
La lutte contre les maladies diarrhéiques et parasitaires demeure une préoccupation majeure ;
l’identification récente par notre équipe de recherche de l’anophèle funestus endémique des
régions forestières rizicoles de Madagascar laisse craindre une recrudescence particulière du
paludisme dans les années à venir, en raison même de la riziculture en pleine expansion à
Buyo. La présence de nitrates en concentration relativement élevée dans les eaux de
consommation demeure un domaine à documenter de façon urgente.
Les effets néfastes des pesticides ont été documentés, mais les corrélations n’ont pu être
établies de façon satisfaisante, certains échantillons stockés pendant les conflits armés n’ayant
pu être identifiés et exploités. Les interventions devraient être poursuivies sur le terrain
notamment au niveau de la santé génésique en lien avec cette problématique. L’avènement du
tricycle développé par l’ONG PROSAF apportera sans doute des solutions additionnelles
palliatives à la lutte contre la pénibilité du travail et une meilleure qualité de vie (transport des
femmes enceintes vers les maternités, transport des produits vivriers et de l’eau…).
Le comportement proactif des femmes doit être souligné même si des données ethniques,
culturelles ont pu ralentir par moment le processus. Ces femmes sont toujours dans l’attente
de solutions à apporter à la résolution de leurs problèmes quant à leur promotion socio-
économique à travers des activités génératrices de revenus.
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Si l’éducation environnementales a été entreprise, la recherche n’a pas permis, compte tenu du
contexte particulier du pays, de mesurer l’impact du changement de comportement attendu lié
à l’intrication des activités humaines sur les écosystèmes aquatiques et terrestres.
Le présent rapport fait état des difficultés rencontrées et des leçons apprises. L’évaluation du
projet prévu à mi parcours n’a pu être réalisé qu’à la fin de la recherche pour des raisons
indépendantes de la volonté de l’équipe de recherche. En définitive, malgré l’ampleur des
enjeux, l’équipe de recherche, si elle doit continuer d’agir, devra choisir un ou deux
problèmes clés à résoudre afin d’être plus efficace. Le champ à investiguer était trop vaste au
regard des moyens disponibles.
Les résultats obtenus en six années de travail sur le terrain font actuellement l’objet de la
rédaction d’un livre qui sera soumis le moment venu à l’appréciation du CRDI.
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INRODUCTION
La recherche a été réalisée dans la Sous-Préfecture de Buyo qui fait partie du sud –ouest
ivoirien (Figures 1 et 2); son chef lieu est la ville de Buyo. L’écosystème considérée s’étend
sur une dizaine de kilomètres autour de la ville. Cet écosystème a été délimité prenant en
compte les différents sous écosystèmes (aquatique, terrestre, rural et urbain) qui caractérisent
la sous préfecture. La ville de Buyo et son voisinage sont situés sur la figure 3 ; de façon
explicite au cours de notre recherche, trois localités ont été prises en considération: la ville de
Buyo (Buyo cité et nouveau Buyo), les villages de Logbozoa, Gbily et, accessoirement
Tchémasso.
Figure 1 : Localisation de la zone d’étude (KOUASSI, 2001), in Thèse de doctorat de3ème cycle de l’Université
d’Abobo-Adjamé
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Figure 2 : Le bassin versant du Sassandra réalisé avec l’appui du Centre National de Télédétection et
d’Information Géographique(CNTIG, 2001), in thèse de doctorat Yapo Ossey Bernard, Contribution à
l’évaluation de l’état de trophie du lac de Buyo (Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire): Étude analytique et statistique
des paramètres physico-chimiques et biologiques, thèse de doctorat de l’Université d’Abobo-Adjamé, N°6, 2002
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Figure 3 : Présentation de la zone d’étude, la Sous-Préfectire de Buyo
On aperçoit la ville de Buyo et le village de Guessabo contigus au lac du barrage de Buyo et le village de
Logbozoa au sud de Buyo, à environ 10 km ; le village de Gbilly (7 km de Buyo, entre Buyo et Logbozoa) n’est
pas représenté ici.
Objectifs spécifiques:
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ressources agro-pastorales et halieutiques;
iv) Identifier les facteurs socioculturels qui favorisent les maladies liées à l’eau ;
ii) Les populations paysannes et des pêcheurs sont sensibilisées à la bonne utilisation
des produits agrochimiques ;
iii) Les mécanismes d’implication des populations locales notamment des femmes
dans la gestion et la valorisation des ressources agro-pastorales et halieutiques
sont définis ;
vi) Les technologies de filtration sur sable et de contrôle de qualité de l’eau mis au
point par des équipes de chercheurs du CRDI sont maîtrisées par l’équipe de
recherche et diffusées auprès des populations de Buyo;
Les équipes de recherche ont été constituées sur une base disciplinaire comme suit, avec
indication des noms des responsables :
- Pesticides (Dr Traoré Karim Sory)
- métaux lourds (Dr Koné Mamadou)
- nutriments (Mambo Véronique)
- écotoxicologue (Dr Tidou Abiba Sanogo)
- trousse technologique et microbiologie (Gnagne Théophile et Dr Yoro Clément).
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- Sciences sociales (Dr Ibo Guéhi Jonas)
Les populations et les autorités locales de Buyo (Sous-Préfet, Maire, Médecin, jeunes ,
femmes…) ont été associées aux différentes activités. Leur disponibilité a permis une bonne
dynamique de recherche.
Pour la réalisation des activités, un chronogramme a été défini, prenant en compte le cadre
d’intervention des équipes de recherche sur une base interdisciplinaire. En raison de la
situation de guerre en Côte d’Ivoire et pour tenir compte des réalités de l’heure du fait des
conflits armés en Côte d’IVoire, ce chronogramme a été modifié à plusieurs reprises.
La phase préparatoire s’est déroulée d’Août 2000 à Août 2001, période au cours de laquelle
des enquêtes documentaires et de terrain ont été réalisés, des équipements et produits
chimiques commandés et réceptionnés - certains produits chimiques relatifs à la trousse
technologique ont été commandés directement par l’entremise du CRDI à Ottawa et
réceptionnés par le chargé de Projet à Montréal au cours d’une mission à la mi octobre 2003 .
L’acquisition du spectromètre d’absorption atomique et son l’installation partielle
interviendront avec beaucoup de difficultés en Février 2003, six mois seulement avant le
terme normal du projet. Des formations des chercheurs ont été organisées tant en Côte
d’Ivoire qu’au Canada.
Les sorties de terrain ont suivi les procédures administratives en vigueur au sein de
l’Université d’Abobo-Adjamé.
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durant la période… Cette enquête centrale a été suivie par d’autres activités de terrain au
rythme défini par le chronogramme général jusqu’en septembre 2002 et, au delà, en fonction
des réalités dictées par la recherche et la situation de conflits armés en Côte d’Ivoire.
Les résultats obtenus au cours de la recherche sont regroupés et décrits en deux parties :
La première partie concerne la « composition et structures des écosystèmes incluant les
populations humaines et prend en compte :
- La caractérisation des écosystèmes et la gestion agropastorale et halieutique
- La pollution par les nitrates et les phosphates
- L’évaluation de la contamination du bassin versant du fleuve Sassandra par les
pesticides à usage agricole dans la zone de Buyo.
- L’évaluation de l’exposition humaine aux pesticides organochlorés et tests
neurocomportementaux
La recherche a montré effet que la moyenne d’âge de la population est de 32 ans ; elle est
analphabète dans 43% des cas et réside en milieu rural dans 52,34% des cas. 55,32% de cette
population réside depuis plus de 10 ans dans la région.
Les femmes autochtones de l’espace Buyo constituent la frange la plus vulnérable de la
population du fait des préjugés d’ordre socio-culturel et de la discrimination qu’elles subissent
de la part des hommes dans la division sociale du travail et, surtout dans la répartition des
richesses. Dans quelle mesure cette situation précaire des femmes influence-elle leur santé et
celle des écosystèmes ?
Notre étude a mis l’accent sur trois principaux domaines de la vie de la femme.
1) La santé reproductive où elles subissent des mariages précoces dès 14 - 15 ans afin de
satisfaire, au risque d’être exclues du foyer, la fonction traditionnelle de la procréation qui
commence dès la tendre adolescence vers l’âge de 16 ans. Les grossesses sont alors fréquentes
et trop rapprochées.
2) Les activités socio économiques sont rudes chez des femmes autochtones non scolarisées
(60%). Elles sont confinées dans les tâches de ménage qu’elles assument après avoir travaillé
dans les champs pour la production vivrière. L’exclusion q’elles subissent dans l’accès aux
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crédits et aux ressources, les conduit à surexploiter les écosystèmes secondaires fragiles (les
jachères, les bas-fonds), à étendre les surfaces cultivées à défaut de fertilisants, contribuant
ainsi à la dégradation des écosystèmes naturels.
3) Les maternités, la pénibilité des travaux champêtres et tâches ménagères affectent la santé
des femmes (accouchements prématurés, stress, fièvres, infections génitales) de leurs enfants,
alors qu’elles sont exclues des processus de prise de décision relatifs à leur santé et à la
gestion des écosystèmes.
Des échantillons d'eau, de sédiments et de poissons du lac de BUYO près duquel des
activités agricoles sont établies, les échantillons de lait et de sang des populations ont été
prélevés et analysés. Les résultats indiquent une contamination généralisée du milieu
aquatique (eaux du barrage et des puits villageois) par les nitrates et les phosphates, et la
présence de pesticides organochlorés.
Les concentrations de pesticides mesurées dans les poissons sont nettement plus élevées que
celles retrouvées dans les sédiments mais restaient en dessous des limites fixées par la FAO
et par l'Union européenne. Toutefois, pour certains poissons, les composés p- HCH, a-HCH
et p,p' DDT présentent des concentrations supérieures à la norme recommandée. Chez 16%
des femmes étudiées, la concentration de DDT dans le lait est en moyenne de 0,625 mg/kg
pour le p,p'-DDT et 1,635 mg/kg pour le DDE, valeurs supérieures à 0,05 mg/kg, taux
maximum recommandé par l'Organisation Mondiale de la Santé et l’Organisation des
Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation. Une enquête sociale sur
l’approvisionnement et l’utilisation de ces pesticides, sur l’analyse du panier de la ménagère
a été entreprise et a permis de dégager certains facteurs de risques potentiels pour la santé
humaine; notamment la méconnaissance des molécules utilisées, les comportements à
risque, l’insuffisance de protection pendant la pulvérisation, les habitudes alimentaires.
Les conséquences sur la santé ont été évaluées par une étude épidémiologique, clinique,
écotoxicologique, et à l’aide des tests neurocomportementaux. Bien que l’évaluation de
l’exposition humaine aux pesticides ait fait l’objet d’une attention particulière, cette étude n’a
pu être menée au niveau escompté , en raison de mauvais stockage de certains échantillons
pendant la période de conflits armées en Côte d’Ivoire ; l’étude montre toutefois que le lait
maternel est contaminé par les pesticides ; ils ont été également décelés dans le sang humain
dans les produits maraîchers et dans des céréales. Les résultats des différents tests neuro
comportementaux ont démontré de façon générale qu’il existe une baisse de performance pour
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les différents tests étudiés chez les plus de 40 ans (sujets plus âgés, les non scolarisés, chez les
femmes et chez les populations en milieu rural.
Une telle base de données devrait permettre l’élaboration avec la communauté, d’une
politique environnementale visant à améliorer la santé humaine et celle des écosystèmes. A
cet effet, des enjeux majeurs ou émergeants ont été mis en exergue parmi lesquels :
o La santé génésique;
o La contamination de l’eau et de la chaîne alimentaire par des agents
toxiques (nitrates, pesticides, etc) et leurs effets sur la santé humaine ;
o Maîtrise des infections diarrhéiques et parasitaires : eau potable, hygiène,
assainissement ;
o Genre, activités socio-économiques, approche écosystème et santé
humaine ; il y a lieu de noter que cet enjeu, a fait l’objet d’une demande
expresse des femmes autochtones de la région désireuses de s’organiser en
vue d’activités génératrices de revenues et de lutte contre la pauvreté.
L’équipe de recherche s’est s’attaquée aux problèmes posés, en collaboration avec les
populations. La première étape fut d’informer les populations des résultats obtenus et de
rechercher avec elles des solutions adaptées à leur contexte.
L’accès à l’eau potable est l’un des besoins humains fondamentaux qui demeure inassouvi
pour des millions d’habitants des pays en développement, particulièrement ceux des
innombrables petites collectivités du monde rural et des banlieues des villes. La situation en
eau potable est souvent extrêmement mauvaise, notamment dans la région de Buyo.
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En Côte d’Ivoire, l’ambitieux programme en matière d’eau potable qui consistait à équiper les
localités de plus de 400 habitants en pompe à motricité humaine a été contrarié par le manque
de moyen financier, entraînant un manque important d’infrastructures d’approvisionnement
en eau potable et le mauvais entretien des pompes déjà existantes. Dès lors, la situation s’est
considérablement dégradée partout en Côte d’Ivoire et particulièrement à Buyo, où disposer
de l’eau potable est difficile. Les populations consomment l’eau des puits traditionnels, des
rivières ou directement du lac sans traitement préalable, source de nombreuses maladies
diarrhéiques.
Aussi, l’équipe de recherche a-t-elle documenté l’impact d’une approche intégrée à la gestion
suivantes:
- Formation des étudiants de DUT 3ème année, par l’étudiant de troisième cycle sous la
supervision de Docteur GNAGNE.
- Réalisation d’une étude pilote par l’installation de dix (10) filtres dans dix (10)
ménages à Buyo. Les paramètres physicochimiques et microbiologiques de l’eau de
puits, hydrodynamiques du lit filtrant, les essais de débit, le coefficient d’uniformité,
ainsi que la capacité de stockage du filtre (satisfaisante pour une famille de huit
personnes) ont été déterminées. Les enquêtes ont été menées auprès des ménages
bénéficiaires pour mieux fonder les actions à mener, avant et après l’installation des
filtres.
Le consentement à payer a fait l’objet d’une enquête et de discussion avec les populations.
Il en est ressorti que le coût d’acquisition du filtre d’une valeur de 15000 francs CFA était
1
Dr Gnagne qui est directeur du Centre Régional pour l’eau Potable et l’assainissement en Côte d’Ivoire a
travaillé sous contrat avec le Projet pour la réalisation des filtres et a pris part au suivi.
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quasiment le double du coût accepté par les populations ; par ailleurs, même si elles
devaient libérer une participation de 7500 francs environ, les populations ne pourraient la
régler que pendant les périodes de traite de café et de cacao, en octobre notamment. Voilà
pourquoi la promotion du filtre lent qui devait démarrer le 23 septembre 2003 a été
bloquée par la tentative de coup d’état du 19 septembre 2003. La mise en place d’une
stratégie de gestion des fonds par les populations et les artisans n’a pu aboutir du fait de la
situation ainsi créée ; nous avons été dans l’obligation morale et éthique de fournir près de
150 filtres en terme d’intervention urgente répartie entre Buyo et les deux villages de
Gbily et de Logbozoa. Il nous fallait répondre à la question suivante : faut-il laisser les
gens mourir ou faut-il apporter un mieux être de circonstance ? Il urgeait à nos yeux de
réduire la prévalence des maladies diarrhéiques dans les circonstances de conflits armés
qui ont accentué la paupérisation des communautés villageoises et même de la ville de
Buyo.
Notre satisfaction au cours de cette étude fut la réduction considérable des maladies
diarrhéiques à plus de 80%, compte tenu des enquêtes menées avant et après l’installation des
filtres.
En effet, en 2001, bien avant l’introduction du filtre lent, une enquête a été réalisée auprès de
188 mères enquêtées, 79 cas de diarrhée ont été déclarés soit 42,02%.
En 2004, une nouvelle enquête auprès de 52 ménages, bénéficiaires de filtres lents, a donné
les résultats suivants :
- Deux semaines avant introduction du filtre lent : 20 cas de diarrhée ont été déclarés
soit 38, 4%, valeur proche du taux de 2001 ;
- Trois mois après l’introduction du filtre lent : seuls 4 cas de diarrhée ont été déclarés
soit 7,7%.
Au regard de ces différents résultats, il apparaît que l’introduction du filtre lent contribue à la
réduction du taux de prévalence des cas de diarrhées dans la zone d’étude. L’éducation
environnementale et à l’hygiène du milieu qui a été entreprise n’est pas étrangère à ce résultat.
Les médecins et les cadres de Buyo ont été les premiers à réclamer la diffusion des filtres en
vue d’améliorer la qualité de l’eau et de lutter contre les maladies diarrhéiques.
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inférieures aux normes OMS, à savoir 50 mg/l, demeure un souci majeur. Les populations
n’ont pas beaucoup apprécié la chloration de l’eau qui modifie certaines caractéristiques
organoleptiques notamment le goût. Malgré ces limites, il faut considérer l’avènement du
filtre lent comme une solution de mitigation.
La première restitution interviendra en Mai 2002. Elle a nécessité une préparation de l’équipe
de recherche qui intervenait ainsi pour la première fois, en présence des Docteurs Sanchez et
Labatut du CRDI ; ces derniers ont discuté avec l’équipe de la nature et de la forme sous
lesquelles les informations devraient être transmises aux populations. Il s’agissait en effet,
d’indiquer aux populations que des pesticides organochlorés avaient été décelés dans
plusieurs supports dont le sang et le lait maternel, et que cette situation présentait un risque
pour elles; comment parler d’un tel risque à des personnes qui ne se doutent de rien, qui ne
présentaient aucun signe a priori de risques et que de ce fait, les chercheurs viennent
perturber ? Si dans le cas du mercure en Amazonie, il y avait à la base un problème avéré, ici
la recherche se situait dans une dynamique de détection de signes précoces infra cliniques en
vue d’une prise de décision. Par ailleurs des résultats sur la santé génésique n’étaient pas
disponibles et des personnes marquées par des troubles de la reproduction étaient en attente
des résultats de recherche. Des discussions fort utiles permettront à l’équipe d’arrêter une
stratégie qui rassure les populations.
Un film joint au présent rapport fut réalisé à l’occasion sur la problématique du l’eau dans la
région par un journaliste de la télévision ivoirienne (Mr David Mobio Goudan). Ce journaliste
fut lui même sensibilisé à cette question qui n’était que peu connue de lui et aux problèmes
clés qui se posent aux populations en milieu rural; Dr Labatut fut interviewé et les
représentants des populations, hommes et femmes, donnèrent leur sentiment sur le bien fondé
de l’action menée par l’équipe de recherche, souhaitant son amplification. On y trouve
également la présentation de la problématique de l’eau par les populations dans un langage
qui leur est propre.
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3.3 Intervention 3 : 2ème restitution des résultats aux populations
La première expérience de restitution en Mai 2002 n’a pas atteint tous les objectifs
escomptés ; l’équipe de recherche, en raison de son inexpérience en matière de
communication, a fait piètre figure en terme de communication avec les populations : la
transdisciplinarité a peu respectée, les outils de communications peu adaptés, les chercheurs
montrant résolument leurs limites quant à trouver les termes ou expressions appropriés pour
communiquer avec les populations. Il était devenu évident que l’équipe devait collaborer avec
les communicateurs et des ONG professionnelles actives dans le domaine de la santé et de
l’environnement, de la problématique du genre pour véhiculer les messages que requièrent les
résultats de la recherche qui a été poursuivie.
Par ailleurs les femmes de Buyo, appuyés par le Sous-Préfet firent la demande pour une
intervention de l’équipe de recherche afin de les aider à promouvoir ou écouler les cultures
vivrières issues de leurs plantations, et à s’insérer dans les circuits de commercialisation de
poissons aux mains des populations étrangères bozos. Les relations conflictuelles entre bozos
et populations autochtones persistent depuis plus de deux décennies.
Des séances de travail ont été organisées entre l’équipe de recherche et les ONG tant à
Abidjan que sur site à Buyo afin de développer les outils ou supports simples nécessaires à la
restitution des résultats en fin de projet. Celle-ci a été organisée séparément à Buyo,
Logbozoa et Gbilly pour un meilleur impact :
- sur des diagrammes à bâtonnets, dans une approche interactive, les populations purent
elles-même situer l’état de contamination de leurs zones respectives par rapport à
celles des autres ;
- la sensibilisation des paysans à l’usage des pesticides a été entreprise : nécessité
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d’acquérir ces produits de façon officielle pour éviter les mauvaises formulations, les
précautions minimales à prendre lors de l’épandage, les risques encourus pour soi-
même et les écosystèmes…
- de même pour les poissons les plus contaminés par les pesticides, le même type de
diagramme sus évoqué fut utilisée pour que la décision de privilégier la consommation
de tilapia soit prise par les populations aux dépens du chrysistis et du lates qui sont
des poissons carnivores. Des méthodes de cuissons furent proposées privilégiant le
poisson fumé.
- l’éducation à l’hygiène du milieu fut décidée de commun accord avec les populations
sur une période de trois mois impliquant essentiellement les femmes en charge
socialement des enfants, de la gestion de l’eau et de l’hygiène. Les volontaires furent
sollicitées.
- ces volontaires suivirent la formation à Buyo ville, puis retournèrent avec les
animatrices de l’ONG ASAPSU pour des séances pratiques dans leurs communautés
respectives.
- des informations furent données quant à la localisation à moindre risque des latrines ;
mais l’équipe n’avait pas les moyens de résoudre les problèmes posés quant à leurs
positionnements actuels par rapport aux sources d’approvisionnement en eau.
Cette intervention s’inscrit dans l’objectif spécifique du projet visant à déterminer les
processus et mécanismes de gestion et valorisation des ressources agro-pastorales et
halieutiques.
16
Préfecture avaient déjà engagé un appui financier pour développer les activités génératrices de
revenus pour les femmes autochtones. Mais celles-ci le trouvaient insuffisant et de toute
évidence étaient confrontées à des difficultés non identifiées rendant impossible la cohésion
du groupe autochtone.
L’ONG PROSAF approchée a rencontré les femmes à deux reprises sur le terrain à Buyo en
2004, pour constater qu’il s’agissait finalement de relations interpersonnels qui bloquaient le
groupe de femmes que PROSAF s’employa à réconcilier.
Mme Touré (PROSAF) s’attellera ensuite à rapprocher toutes les femmes de Buyo sans
exclusive, mettant à profit sa parfaite maîtrise des langues parlées par les unes et les autres.
Elle suggérera alors de les organiser autour d’une activité commune : le broyage du manioc en
mettant à leur disposition sur ses fonds propres une broyeuse de manioc et une décortiqueuse
de riz. La gestion sera entièrement aux mains de toutes les femmes organisées en coopérative
avec des statuts reconnus par les autorités. La proposition reçue l’adhésion de toutes les
femmes qui, chose rarissime, pouvaient enfin se retrouver pour parler librement et en toute
confiance entre elles.
Un abri fut construit pour la broyeuse et la décortiqueuse, une partie du matériel installée,
mais ceci n’a pu être finalisé pour des raisons de disponibilité propres à l’ONG PROSAF.
4. LA PRODUCTION ACADEMIQUE
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Adjamé, 09/04/2002.
• MEITE Ladji, Contribution à l’étude de la spéciation du
phosphore dans deux lacs de barrage hydroélectriques en
zone tropicale : Cas de Buyo et d’Ayamé 1 (Côte d’Ivoire),
Mémoire de DEA en sciences et gestion de l’environnement,
Université d’Abobo-Adjamé, 09/04/2002.
• OHOU Marie Jeannne, Contribution à l’étude de la
spéciation de l’azote dans deux lacs de barrage
hydroélectriques en zone tropicale : Cas de Buyo et
d’Ayamé 1 (Côte d’Ivoire), Mémoire de DEA en sciences et
gestion de l’environnement, Université d’Abobo-Adjamé,
09/04/2002
• TIA Lazare, Cartographie géomatique des impacts de la
construction du barrage hydroélectrique de Buyo sur le
bien-être des populations et des écosystèmes naturels dans
l’espace Buyo, Mémoire de DEA en sciences et gestion de
l’environnement, Université d’Abobo-Adjamé, 26/07/2002.
• KOUAME Aménan Agnès, Contribution à la qualité
physicochimique des eaux souterraines de la région de Buyo
(Côte d’Ivoire) : détermination de la concentration de
quelques ions métalliques, Mémoire de DEA en sciences et
gestion de l’environnement, Université d’Abobo-Adjamé ,
23/08/2002
• ADJIRI Oi Adjiri, Etude diagnostique de la contamination
du lac de Buyo par les métaux lourds à travers les matrices
sédiments et poissons, Mémoire de DEA en sciences et
gestion de l’environnement, Université d’Abobo-Adjamé,
04 /08/2004.
• N’GUESSAN Kouamé André, Evaluation de l’exposition
humaine aux pesticides organochlorés à travers le sérum
sanguin et le lait maternel : cas des zones de Buyo et de
Yamoussoukro, Mémoire de DEA en sciences et gestion de
l’environnement, Université d’Abobo-Adjamé, 04 /08/2004.
• SANOGO Sitafa, Evaluation de la teneur en pesticides du
18
panier de la ménagère dans la région de Buyo, Mémoire de
DEA en sciences et gestion de l’environnement, Université
d’Abobo-Adjamé, 12/08/2004.
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santé : Profil sanitaire de la population de Buyo. (thèse de
doctorat en médecine) URF des Sciences Médicales,
Université de Cocody , 15 juillet 2002
• KOFFI Adjoua Marie Dominique épouse Mian Thomas.
Evaluation des performances psychomotrices et motrices de
la population de Buyo à l’aide des tests
neurocomportementaux. URF des Sciences Médicales,
Université de Cocody , 15 juillet 2002
• DAINGUY Marie Evelyne. Profil sanitaire de l’enfant dans
la région de Buyo (RCI), URF des Sciences
Médicales,Université de Cocody, 03 Novembre 2003.
• Ouattara Kypepala Soungalo . Santé et environnement :
évaluation neurocomportementale de la population de
Buyo : (tests visuels et cognitifs). URF des Sciences
Médicales, Université de Cocody , 15 juillet 2002.
b) Publications scientifiques
20
c) Participation à des conférences, colloques et séminaires
Au plan national, nous avons collaboré avec le Centre Ivoirien Anti pollution (CIAPOL), le
Laboratoire d’Ecologie de Khorogo, les ONG ASAPSU et PROSAF pour l’approche
21
participative et l’approche genre.
22
Nous avons également reçu la visite (18 au 25 Mai 2002) de deux agents de l’équipe de
l’Initiative Ecosanté du CRDI (Dr Labatut et Dr Sanchez) lors de la restitution à mi parcours
des résultats de recherche aux populations sur site à Buyo. Cette visite a été très enrichissante
par la qualité des interventions des Docteurs Labatut et Sanchez ; elle a permis à notre équipe
de recherche de bénéficier de l’expérience du Dr Sanchez en ce qui concerne la chloration, de
rectifier le tir quant à la confection des supports simples de présentation de résultats aux
populations, avec la nécessaire intervention d’ONG spécialisées.
Au cours de leur mission, les agents du CRDI ont rendu une visite de courtoisie au Sous-
Préfet de Buyo (Mr Kouadio Ekre Richmond), au Maire (Mr Zadi Lago Maurice), participé à
une réunion des femmes, visité des localités et ménages dotés de filtres, eurent un entretien
avec le médecin de l’hôpital de Buyo, firent le bilan avec l’équipe de recherche, tant à
Abidjan qu’à Buyo sur le projet , et participèrent à la confection d’un film.
Le vol du véhicule 4x4 du projet le 16 Août 2002 et la guerre qui sévit depuis le 19 septembre
2002 jusqu’à ce jour en Côte d’Ivoire ont ralenti de façon significative l’évolution des
activités et, en définitive entraîné la prolongation du projet jusqu’à fin 2004, avec l’aimable
compréhension et approbation du CRDI.
o Difficultés dans le suivi des activités. La durée par exemple du suivi dans
l’installation et l’appropriation de la technologie du filtre lent à sable n’a pu
23
être respectée. Notre absence prolongée pour les raisons sus évoquées, ont
entraîné la désaffection et le non entretien des filtres, alors que les maladies
diarrhéiques continuaient de sévir et que les autorités hospitalières de Buyo
elles-mêmes appelaient ces filtres de tous leurs vœux comme solutions
alternatives au problème posé.
o Les sorties de terrain ont été programmées sur une base transdisciplinaire,
comme nous l’avons déjà indiqué, mais ceci n’a pas toujours été accepté
par certains chercheurs qui veulent faire absolument eux-mêmes leurs
prélèvements, lorsqu’ils ne sont pas tout simplement préoccupés par leurs
thèses qui résulteraient des recherches en cours- ce qui est somme toute
légitime. Les résultats obtenus à ce jour sont surtout à mettre à l’actif des
jeunes étudiants du projet qui ont manifesté une disponibilité sans faille.
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travaux entre octobre 2002 et mai 2003. Cette période a également coïncidé avec
les premières suspension de financement par le CRDI.
- Deux postes de responsabilités ont été définis dans le cadre du projet : ceux de chargé de
projet et de coordinateur. Le mandat du coordinateur et du chargé de projet n’ont pas été
clairement définis, ce qui a engendré des conflits de compétences. Par ailleurs, la disponibilité
du coordinateur est partielle : en instance de thèse, parti à plusieurs reprises au Canada et en
France pour des périodes de 3 mois en moyenne par an, il se retrouvait dans l’impossibilité
physique de remplir sa mission selon le chronogramme, malgré sa bonne volonté manifeste.
Pour une meilleure efficacité, Il nous semble important d’indiquer que le coordinateur soit
choisi en dehors des chercheurs.
Les chercheurs séniors, formés à la monodisciplinarité, sont à juste titre préoccupés par leurs
profils de carrière à travers des publications dans leurs disciplines, ce qui rend difficile leur
implication dans l’approche transdisciplinaire requise par la recherche ; le chargé de projet
est souvent dans l’obligation de gérer les humeurs, la visibilité promotionnelle n’étant pas
garantie. Il s’agit là d’une difficulté majeure que les institutions de recherche doivent prendre
à bras le corps en définissant des mécanismes de promotions pour les chercheurs travaillant et
publiant en transdisciplinarité.
Dans le protocole de recherche, certains chercheurs ont sous estimé au départ leurs besoins;
les moyens disponibles ne permettant pas d’aller au delà de ce qui était prévu, nous avons du
abandonner les investigations sur le profil pédologique. Dans le cas de la microbiologie, le
chercheur a quitté l’université pour des raisons personnelles sans laisser d’adresse ; il a fallu
plusieurs mois pour retrouver les informations nécessaires à la poursuite du travail sur
l’analyse microbiologique des eaux de consommation après avoir identifié un autre chercheur
dans le domaine.
Il nous a été donné d’observer parfois une certaine rétention d’informations par des
chercheurs qui voudraient privilégier leurs intérêts propres de recherche mono disciplinaire,
ce qui met à mal la transdisciplinarité . Ce comportement avait déjà été observé lors de la
phase d’élaboration du projet en 1999-2000.
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Les jeunes étudiants chercheurs ont été plus réceptifs à l’approche écosanté. L’avenir de celle-
ci et son institutionnalisation dans les universités passera à notre avis par l’intégration de
l’approche dans la formation doctorale, au niveau de la deuxième année de mastère, de façon
à former une nouvelle génération de chercheurs.
7. EVALUATION DU PROJET
- Une évaluation interne sous forme de visite sur le terrain conduite par le Président de
l’Université et comprenant le Vice-Président et le Doyen de l’UFR-SGE interviendra
du 09 au 11 Juillet 2004. L’équipe a visité les installations des filtres lents tant à Buyo
que dans les villages de Gbilly et de Logbozoa, s’est entretenue avec les autorités
administratives et villageoises, les femmes ; les points de vue des membres de l’équipe
de l’évaluation interne ont été prises en compte a priori par l’évaluateur externe Dr
Ethien N’dah.
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8. LES LEÇONS APPRISES
Le rôle des ONG s’est avéré incontournable. L’implication de l’Association pour l’Auto
promotion sanitaire en milieu urbain (ASAPSU), de Promotion et Santé de la femme
(PROSAF) en matière d’éducation, d’hygiène du milieu et d’approche humaine a été très
appréciée.
Dans ces conditions, être chargé de projet devient un sacerdoce. En effet, il faut s’armer de
patience, rester à l’écoute tout en étant ferme.
Dans notre contexte, comme sans doute ailleurs, les données culturelles jouent un rôle de
premier plan dans l’approche participative et celle du genre. Il ne suffit pas d’être sociologue
pour pénétrer certains milieux ; il faut être aussi du milieu, en être proche ou le connaître
culturellement. Travailler avec les bozos maliens qui maîtrisent l’activité de pêche n’a été
possible qu’avec des chercheurs de notre équipe proches d’eux culturellement. Ils ont su
dénouer des blocages qui subsistaient entre les populations depuis plusieurs années, ou tout au
moins permettre d’entamer des discussions. De même l’arrivée de Mme Touré Germaine,
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Présidente de l’ONG PROSAF qui est elle aussi proche culturellement des bozos a permis
d’amorcer autrement le dialogue entres celles-ci et les femmes autochtones.
Le chercheur n’est pas à l’abri de la récupération politique des résultats. Dans le contexte
actuelle de la Côte d’Ivoire, à l’approche des élections prévues en octobre 2005, la tendance
des hommes politiques à réclamer la paternité ou le parrainage de certaines actions
notamment auprès du mouvement coopératif des femmes a été souvent visible, et a freiné bien
des élans et engendré des méfiances entre autorités politiques locales.
L’introduction d’une innovation technologique est un processus délicat, surtout lorsque les
populations destinataires sont pauvres ; le consentement à payer a été lié à la période de la
traite du café et du cacao (octobre-novembre. La dimension saisonnière des sources de
revenus peut bloquer et a bloqué l’introduction des innovations, avec la circonstance
aggravante des conflits armés.
L’appropriation du savoir-faire par les jeunes artisans engagés dans la construction des filtres
a été partielle car les dix jeunes formés au départ ont été dispersés à la faveur de la guerre. Il a
fallu le moment venu en 2004, procéder à nouveau à la formation d’autres jeunes.
Par ailleurs, qu’ils s’agissent des jeunes artisans formés ou des bénévoles pour la promotion
de l’hygiène du milieu, la délivrance et la remise de diplômes souvent en présence des
autorités locales, conscientisent les « diplômés » qui se retrouvent dotés à la fois d’un pouvoir
et d’un savoir reconnus pour servir les communauté de base.
Il y a lieu d’indiquer qu’au plan académique, le projet a pu offrir aux étudiants en DEA
(Diplômes d’études approfondies) et à ceux du diplôme universitaire de technologie, 40
étudiants au total sur deux ans, un espace de formation pratique. Ces étudiants sont désormais
bien au fait de la problématique de l’eau au niveau des communautés villageoises et pourront
intervenir de façon efficace lorsqu’ils seront en situation d’emploi au sein des collectivités
locales. Certains parmi eux ont été recrutés par le Ministère de l’Environnement ou occupe
des positions clés dans des structures comme le district de Yamoussoukro.
Dans le cadre des activités du Centre Régional d’accès à l’eau Potable, Dr Gnagne a introduit
la technologie du filtre lent dans des villages du sud de la Côte d’Ivoire. Il s’agit là de
transfert de technologie adaptée et de retombées positives du projet Buyo, la politique
nationale d’hydraulique villageoise ayant échoué en maints endroits. Par ailleurs, lors du
Forum de Montréal en Mai 2003 des équipes du Cameroun nous ont approché et ont depuis
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amélioré la technologie. D’autres équipes dans d’autres pays se proposent de nous inviter à
les aider dans l’appropriation de notre savoir-faire.
Au cours des conférences, fora et ateliers auxquels nous avons eu à prendre part, l’expérience
du projet Buyo, malgré ses limites en matière d’écosanté, a été perçue comme positive. Il
nous a été à plusieurs reprises demandé d’éditer un manuel qui pourrait servir d’appui à la
promotion de l’écosanté, notamment au niveau des formations doctorales. Aussi,
entreprenons-nous la compilation de notre expérience scientifique dans un ouvrage en cours
d’élaboration. Le document sera soumis le moment venu au CRDI .
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