Méthode Calcul Rationnelle & Caquot

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CHAPITRE 3

DIMENSIONNEMENT DES INSTALLATIONS

3 A - Débit de la pluie de référence


Lorsque la pluie s’abat sur un édifice, un parking, une zone urbaine, il est indispensable
d’évacuer le ruissellement qui s’ensuit dans un réseau qui doit être calibré :

zz pour faire transiter sans débordements les débits des pluies les plus intenses
possibles,
zz pour permettre un rejet dans le milieu naturel sous des modes compatibles avec
les exigences de l’environnement, de la santé et de la sécurité publiques.

Cette seconde contrainte, longtemps négligée, doit maintenant être prise en


considération dans la conception des réseaux d’assainissement pluvial aussi bien sur
les aspects quantitatifs (compensation de l’imperméabilisation nouvelle des sols) que
qualitatifs (traitement en cas de pollution des eaux).
La répétition des événements survenus au cours des dernières décennies a entraîné
une prise de conscience collective des problèmes d’inondation dus, en partie, à
l’imperméabilisation croissante des sols. Ce phénomène génère une diminution de la
capacité d’infiltration des sols et donc une augmentation du processus de ruissellement.
La loi dite « loi sur l’eau » Loi n° 2006-1772 impose la prise en considération sérieuse de
cette maîtrise du ruissellement pluvial sur une opération, avec notamment l’obligation,
pour certains types de travaux, de constituer des dossiers « Loi sur l’Eau » définis par
les articles R214-6 (modifié par décret 2012-1268 du 16 novembre 2012) et R214-32
(modifié par décret 2010-365 du 9 avril 2010) de la partie réglementaire du Code de
l’Environnement.
Ces dossiers sont ensuite remis aux services compétents de l’Etat pour instruction
dans le cadre des procédures d’autorisation ou déclaration, selon la nature des travaux,
au titre de l’article L.214-1(modifié par la loi 2012-387 du 22 mars 2012) du Code de
l’environnement (parties de la loi sur l’eau du 3 janvier 1992 codifiées) et conformément
aux rubriques du tableau de l’article R214-1 modifié par Décret n°2008-283 du 25 mars
2008 - art. 2 du Code de l’Environnement.
A contrario de ces « nouvelles » obligations réglementaires, les études de faisabilité
économique des opérations ont eu trop tendance à sous évaluer l’impact de ces
équipements en matière de coût.
Il est donc nécessaire de trouver la juste mesure entre l’efficacité d’une installation et
l’économie de sa réalisation ; sachant que pour se prémunir contre tous les événements
pluvieux de caractère exceptionnel, l’investissement pourrait devenir exorbitant.
Il convient donc de trouver le bon équilibre entre enjeux en présence, degré de protection
et coût, en examinant les différents aspects de la relation « pluie-débit-fréquence » vis
à vis de son impact sur :

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zz le calibrage du réseau,
zz l’ampleur et la qualité des rejets au réseau hydrographique.

Une pluie se caractérise par une intensité, une durée et une fréquence d’apparition (ou
période de retour). Le choix de la pluie de référence se fait sur ces trois paramètres.
Il est souvent admis qu’il est de bonne gestion de se protéger du risque de fréquence
décennale. Cependant cet objectif peut fluctuer en fonction des enjeux en présence : il
ne sera pas choisi le même degré de protection selon que l’on se situe en plein centre-
ville ou en zone rurale.
En l’absence de prescriptions spécifiques dans les règlements d’urbanisme (PLU,
lotissement, ZAC…), il est de la responsabilité du maître d’ouvrage de déterminer ce
degré de protection.
Une pluie a une intensité variable, et ce sont les examens des pics d’intensité de cette
pluie qui permet de déterminer des débits de pointe utiles au dimensionnement du
réseau.
La variabilité de l’intensité de la pluie peut s’expliquer selon deux principes généraux
de la pluviosité et selon les courbes Intensité-Durée-Fréquence présentés ci-après :
zz pour une même fréquence d’apparition, l’intensité d’une pluie est d’autant plus forte
que sa durée est courte ;
zz pour une même durée, l’intensité d’une pluie est d’autant plus forte que sa
fréquence d’apparition est faible (soit une grande période de retour).

Courbes Intensité-Durée-Fréquence

Ainsi sous nos latitudes, une intensité de 180 millimètres par heure est exceptionnelle
et ne dure que quelques brèves minutes. C’est la raison pour laquelle les règles de l’art
proposent depuis de nombreuses années de prendre la valeur de 3 litres par minute par

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mètre carré (c’est la même valeur que 180 mm/h) pour les tous petits bassins versants
tels qu’une toiture ou une bouche à grille de cour.
Dans une grande partie des cas, le maximum du débit d’écoulement se produit sous
une durée de pluie intense égale au « temps de concentration » du bassin versant ; il
s’agit schématiquement du temps que met le ruissellement d’une averse pour parvenir
à l’exutoire depuis le point du bassin pour lequel la durée de parcours est la plus longue.
Le dimensionnement des réseaux est donc généralement réalisé avec une pluie de
durée égale au temps de concentration du bassin versant concerné et une période de
retour fixée en fonction des enjeux et d’un compromis technico-économique.

3 A.1 - POUR UN BATIMENT


Le DTU 60.11 (norme NF P 40-202) « Règles de calcul des installations de plomberie
sanitaire et des installations d’évacuation d’eaux pluviales » - août 2013, fixe dans son
article 5.1 partie 3, et comme d’autres DTU, un débit de pluie de 3 litres à la minute et
par mètre carré de projection horizontale de la surface exposée à la pluie.
Il s’agit d’une valeur forfaitaire ancienne vérifiée à l’usage, applicable sans adaptation
particulière sur l’ensemble du territoire métropolitain et cela sans notion de périodicité
de temps de retour.
Pour les DOM tropicaux des Antilles et Océan Indien, on prend en principe une valeur
majorée de 50 % d’après les Règles BV Antilles, et reprise par l’article 5.1 du DTU 60-11
soit 4,5 litres à la minute et par mètre carré.
Dans les normes européennes qui préfigurent le devenir des règles de l’art, certaines
méthodes traitent du calcul du débit des eaux pluviales ; tel est le cas de la norme
NF EN 12056-3 (P 16-250-3)« Réseaux d’évacuation gravitaire à l’intérieur des
bâtiments – partie 3 : système d’évacuation des eaux pluviales, conception et calcul.
» - novembre 2000.
Une gamme de 8 valeurs de débit instantané de pluie au mètre carré est proposée à
l’article 4.22 tableau 1 mais sans référence à aucune zone géographique.
La valeur minimale est de 0,010 litres par seconde par mètre carré soit 5 fois moins que
la valeur française du DTU 60.11 ; la valeur maximale de 0,060 lui étant supérieure de
20 %.
Le texte indique « cette intensité pluviométrique doit correspondre aux conditions
climatiques locales ainsi qu’aux règles et à la pratique en vigueur à l’échelon national
et local ou directives techniques. L’intensité des précipitations sera multipliée par un
coefficient de sécurité figurant dans le tableau 2 … à moins que les prescriptions
nationales et locales ou directives techniques ne le stipulent autrement ».
Ces coefficients de sécurité majorateurs concernent les locaux à risques importants.

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L’article suivant complique encore le calcul par la possibilité de prendre en compte les
majorations dues aux pluies battantes.
Article 4.3.4 - Dans les régions où le vent est pris en considération dans le calcul des
eaux pluviales, et lorsque la pluie rabattue par le vent sur un mur peut se déverser sur
le toit, 50 % de la surface du mur doit être ajoutée à la surface réceptrice de la toiture.
Dans sa forme actuelle, datée de novembre 2000, cette norme ne permet pas de faire
de calcul, puisque les modes de choix des valeurs de référence ne sont pas donnés.
Pour le calcul des gouttières et des descentes, cette norme donne des formules
complexes mais insuffisamment abouties pour être utilisables pour le dimensionnement
des ouvrages d’évacuation ; aussi dans la suite du texte, nous n’évoquerons que très
rarement le contenu de cette norme européenne.

3 A.2 - POUR UNE ZONE URBAINE


L’instruction interministérielle du 22 juin 1977 n° 77.284/INT relative aux réseaux
d’assainissement des agglomérations, fixe des méthodes pour dimensionner les
collecteurs principaux des réseaux publics. Elle s’applique dès que la zone considérée
dépasse 1000 à 2000 mètres carrés.
Cette instruction a été actualisée et complétée avec l’édition en juillet 2003 par le
CERTU du guide « La Ville et son assainissement ».
Enfin le mémento technique 2017 de l’ASTEE « conception et dimensionnement des
systèmes de gestion des eaux pluviales et de collecte des eaux usées » vient se
substituer à l’instruction interministérielle.
Ces documents décrivent des méthodes qui permettent de calculer les débits provenant
de grandes aires extérieures ; tel est le cas par exemple d’un grand parking, d’un
ensemble bâti, d’un quartier ou d’une zone de plusieurs kilomètres carrés.

ÆÆ Calcul de l’intensité de la pluie de référence


Une fois déterminées la durée et la période de retour de la pluie de référence selon les
critères évoquées au début de ce chapitre, il convient de déterminer son intensité. Ce
calcul d’intensité de pluie peut s’appuyer sur l’utilisation :
zz de hyétogrammes (intensité en fonction du temps) de pluies observées ;
zz de courbes Intensité-Durée-Fréquence qui permettent d’obtenir la hauteur d’une
pluie pour une durée donnée en fonction de la l’occurrence exprimée en année
(graphe p.32). Ces courbes sont disponibles auprès de Météo-France pour plus
d’une centaine de villes réparties sur l’ensemble de la Métropole (carte ci-après) ;
zz des coefficients de Montana et Grisollet (a et b) qui permettent d’interpoler des
intensités de précipitation pour des pas de temps non disponibles avec les courbes
Intensité-Durée-Fréquence selon la formule :
i = a . t -b

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où l’intensité i de la pluie sur une durée t en minutes, dans une plage minimale de
6 minutes, est donnée en mm de hauteur d’eau de pluie par minute donc en litre par
mètres carrés par minute.
Ces coefficients peuvent être fournis pour des pas de temps très diversifiés, permettant
les calculs correspondant aux pluies très fréquentes à très rares.
Ces coefficients sont disponibles auprès de Météo-France pour plus d’une centaine de
villes réparties sur l’ensemble de la Métropole qui sont mentionnées sur la carte des
précipitations annuelles ci-dessous.

QUELQUES EXEMPLES
Inondation du 14 et 15 octobre 2018 dans le département de l’Aude : 244 mm
de précipitations en 6 h à Trèbes (11) - 14 morts sur le département de l’Aude –
220 millions d’euros de dégâts.
Inondations du 12, 13 et 14 novembre 1999 dans l’Aude, les Pyrénées-Orientales,
l’Herault et le Tarn : 622 mm en 24 h mesurés sur la commune de Lézignan (11) –
35 morts – 438 communes sinistrées – 433 millions d’euros de dégâts.
(source : Météo-France)

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Records de précipitations :

zz Plus forte pluie en 30 minutes : 88 mm à Bordeaux le 20.07.1883


zz Plus forte pluie en 24 h : 840 mm à Llau (Pyrénées-Orientales) le 18.10.1940
zz Plus forte hauteur des précipitations (en 1 an) : 4 017 mm au Mont Aigoual (Gard)
en 1913
zz Le plus gros grêlon : 972 grammes à Strasbourg (Bas-Rhin) le 11.08.1958

(Source Météo-France)

Le découpage en trois zones de la France métropolitaine, qui était utilisé dans


l’instruction technique de 1977 n’est plus recommandé maintenant que des données
pluviométriques plus précises sont disponibles. En effet la carte des précipitations
annuelles ci-dessus donne une image beaucoup plus dispersée de la pluviométrie
moyenne et la comparaison des valeurs des coefficients de Montana montre une forte
disparité dans une même zone.

ÆÆ Calcul du débit de pointe issu de la pluie de référence


Il existe de nombreuses méthodes plus ou moins complexes pour calculer un débit de
pointe correspondant à une pluie donnée. Lorsque les surfaces à drainer sont faibles et
situées dans un secteur géographique peu sensible aux inondations, le concepteur des
travaux pourra utiliser des méthodes simples.
Dès lors que le réseau devient important et complexe (plusieurs bassins versants,
maillages…), les méthodes simples ne suffisent plus et il convient d’utiliser des modèles
détaillés via des logiciels de calcul type CANOE, INFOWORKS, MOUSE… L’utilisation
de ces logiciels requiert de s’adresser à des hydrauliciens spécialisés. La description
de ces modèles ne fait pas l’objet du présent document.

Nous nous contenterons de présenter ici deux modèles simples de calcul des débits de
pointe d’eau pluviale :
zz la méthode rationnelle,
zz la méthode de Caquot.
Ces deux méthodes sont très fréquemment utilisées en hydrologie urbaine et sont
suffisantes pour le dimensionnement des réseaux sur de petits bassins versants.
Il s’agit de modèles globaux de type macroscopique qui permettent de rassembler tous
les phénomènes hydrologiques dans une formule unique fournissant le débit de pointe
à un instant t.

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Méthode rationnelle
Cette méthode, très utilisée dans le monde, fut énoncée pour la première fois en
février 1851 par un ingénieur irlandais, Thomas J. Mulvaney. Elle conduit à l’expression
générale :
Qp(T) = 1/(3,6) . C . i(tc, T) . A
avec :
Qp(T) : débit de pointe de période de retour T à l’exutoire du bassin versant (m³/s),
C : coefficient de ruissellement du bassin versant (entre 0 et 1, sans unité),
i(tc, T) : intensité moyenne de période de retour T, sur la durée tc (tc étant le temps de
concentration du bassin en h) (mm/h),
A : surface du bassin versant (km²).
La non prise en compte de l’amortissement dans le transfert des écoulements limite la
validité de la méthode à des petits bassins versants (inférieure à 1 km²) disposant de
systèmes de collecte ramifiés sans ouvrage de stockage temporaire.

Méthode de Caquot
La méthode de Caquot, la plus utilisée en France pour les études de conception, se
base sur la formule suivante pour estimer le débit :
Q = k1/u Iv/u C1/u Aw/u
dans laquelle les divers paramètres sont des fonctions des coefficients de Montana a
et (ou) de b.
avec :
Q : débit exprimé en m3/s
I : pente moyenne du bassin-versant (m/m)
C : coefficient de ruissellement
A : superficie du bassin-versant (en hectares)

k est un coefficient d’expression :

u est un coefficient d’expression : 1 + 0,287 b


v est un coefficient d’expression : – 0,41 b
w et un coefficient d’expression : 0,95 + 0,507 b
Les deux formules précédentes sont très sensibles à la valeur du coefficient de
ruissellement C puisque c’est au travers de ce dernier que tous les phénomènes
hydrologiques sont représentés.

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DIMENSIONNEMENT DES INSTALLATIONS

Le coefficient dépend de très nombreux paramètres : intensité de la pluie, occupation


des sols, pente des terrains, état du sol au début de la pluie, sous-sol….

En réalité la valeur de ce coefficient évolue au cours d’un même événement pluvieux.


Cependant il est considéré constant dans les formules précédentes pour une période
de retour mais peut varier pour un même bassin versant selon la période de retour
étudiée.
Le tableau ci-après fournit des valeurs élémentaires.

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3 A.3 - DIMENSIONNEMENT DES INSTALLATIONS D’EAUX


PLUVIALES EN IMMEUBLE
Les règles de calcul du dimensionnement pratique des sections d’évacuations
d’eaux pluviales sont regroupées essentiellement dans le DTU 60.11 (partie III), elles
concernent :

zz les gouttières,
zz les chéneaux,
zz les tuyaux de descente,
zz les trop-pleins.

Certains DTU ou normes concernant des ouvrages particuliers, notamment les toitures-
terrasses, peuvent parfois reprendre les règles ci-dessus avec quelques compléments.

ÆÆ Sections des gouttières et chéneaux


Les gouttières et chéneaux ont pour rôle de collecter les eaux de pluie et de les évacuer
le plus rapidement possible vers les descentes.
Les dimensionnements sont menés suivant les modalités suivantes (DTU 60-11
partie  3).

Gouttières et chéneaux extérieurs avec pente


Le débit admissible dans une gouttière ou un chéneau extérieur dépend :
zz de la pente,
zz de la section,
zz de la forme,
zz de la longueur.
Le tableau ci-après précise directement les sections selon la surface en plan des toitures
desservies et donne, pour les types de gouttières courantes, les surfaces admissibles
de récolte en France métropolitaine.

Ce tableau a été établi d’après la formule de Bazin relative à l’écoulement de l’eau dans
les canaux, en supposant un coefficient de frottement pris égal à 0,38 et en prenant un
débit maximal de 3 l/m2 /min.

Q représente le débit (m3 /s) calculé selon la formule :


Q=r×A

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