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Chapitre 1 :

Quels sont les sources et les défis de la croissance


économique ?

OBJECTIFS : ............................................................................................................................................................ 1

I. LA NOTION DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE ........................................................................................ 2

A. LES DIFFERENTES APPROCHES DU PIB .................................................................................................................. 2


1) L’approche par la production nationale ................................................................................................ 2
2) L’approche par le revenu national ......................................................................................................... 2
3) L’approche par la demande ................................................................................................................... 3
B. LA MESURE DE LA CROISSANCE ........................................................................................................................... 3
C. L’EVOLUTION DE LA CROISSANCE ........................................................................................................................ 4

II. LES SOURCES DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE ..................................................................................... 6

A. DE LA CROISSANCE EXTENSIVE A LA CROISSANCE INTENSIVE ...................................................................................... 6


1) La croissance effective dépend de la quantité des facteurs de production ........................................... 6
2) Le modèle de croissance de Robert Solow ............................................................................................. 7
B. LE PROGRES TECHNIQUE ET L’INNOVATION ........................................................................................................... 8
C. L’ACCUMULATION DU CAPITAL ......................................................................................................................... 12

III. COMMENT EXPLIQUER LA DYNAMIQUE DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE ? ........................................ 12

A. LA CROISSANCE ECONOMIQUE EST ENDOGENE..................................................................................................... 12


B. LE ROLE DES INSTITUTIONS .............................................................................................................................. 13

IV. LES LIMITES DE LA CROISSANCE ......................................................................................................... 15

A. LE PROGRES TECHNIQUE ENGENDRE DES INEGALITES ............................................................................................. 15


B. LA CROISSANCE GENERE DES EXTERNALITES NEGATIVES ......................................................................................... 15
C. QUEL ROLE PEUT JOUER LE PROGRES TECHNIQUE DANS LA SOUTENABILITE DE LA CROISSANCE ? .................................... 17
Conclusion et ouverture : La décroissance est la solution à la crise climatique ? ......................................... 19

Objectifs :
A la fin de ce chapitre, vous devez :
 Comprendre le processus de croissance économique et les sources de la croissance :
accumulation des facteurs et accroissement de la productivité globale des facteurs ;
comprendre le lien entre le progrès technique et l’accroissement de la productivité globale
des facteurs.
 Comprendre que le progrès technique est endogène et qu’il résulte en particulier de
l’innovation.
 Comprendre comment les institutions (notamment les droits de propriété) influent sur la
croissance en affectant l’incitation à investir et innover ; savoir que l’innovation
s’accompagne d'un processus de destruction créatrice.
 Comprendre comment le progrès technique peut engendrer des inégalités de revenus.
 Comprendre qu’une croissance économique soutenable se heurte à des limites écologiques
(notamment l’épuisement des ressources et la pollution) et que l’innovation peut aider à
reculer ces limites.

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I. La notion de la croissance économique
La croissance économique est l’augmentation de la production sur longue période. Si elle est
supérieure à la croissance démographique, elle permet d’élever le niveau de vie moyen, c’est-à-dire
la quantité de biens et de services dont dispose en moyenne une société. La croissance économique
est ainsi mesurée par le taux de croissance du PIB ou du PIB par habitant.

A. Les différentes approches du PIB


1) L’approche par la production nationale
Avant de calculer le PIB, rappelons ce que l’on entend par production. La production correspond à la
fabrication de biens et de services. Les biens sont des objets matériels et stockables. Les services
consistent en une prestation immatérielle et non stockable fournie au client.

La Comptabilité nationale limite la production à l’activité économique consistant à créer des biens
et des services s’échangeant sur le marché. La valeur de la production mesurée par la Comptabilité
nationale est la somme de la valeur de la production marchande et de la valeur de la production non
marchande.
 La production marchande désigne la production de biens ou de services destinés à être
vendus sur un marché et dont les entreprises attendent un profit.
 La production non marchande est évaluée aux coûts de production (salaires, coût du
capital…) car elle n’a pas de prix de marché. Elle est fournie gratuitement ou à un prix
inférieur à 50% du coût de production par les administrations publiques, les associations sans
buts lucratifs (ISBLM) et les ménages (L’éclairage public, le service éducatif de l’éducation
nationale)

Le PIB intègre la production marchande, évaluée aux prix de marché, et la production non
marchande des administrations, mesurée par les coûts de production à défaut de prix de marché des
services non marchands. Mais un certain nombre d’activités économiques ne sont pas prises en
compte faute de données fiables. C’est le cas notamment des activités légales non déclarées et des
activités illégales qui forment une « économie souterraine » (estimée à 5,9% des emplois en France,
mais à 26,9%... en Grèce en 2008). Le PIB ne mesure pas non plus la production bénévole et la
production domestique. En France, cette dernière a pourtant été évaluée, par une enquête de
l’INSEE de mars 2011 dans laquelle les heures de travail domestique des français sont valorisées au
SMIC, à 26% du PIB.

Comme étudié l’année précédente, le PIB se calcule en ajoutant les valeurs ajoutées des unités de
productions résidentes sur le territoire national. Le produit est « intérieur » car il ne retient que la VA
des unités résidentes quel que soit leur nationalité. Un résident est un agent économique qui réside
au moins un an sur le territoire.

2) L’approche par le revenu national


Le PIB correspond aux richesses produites. Il est donc réparti entre les différents agents qui ont
participé à la production :
→ Les salaries qui apportent du travail
→ Les entreprises, les propriétaires, les créanciers qui apportent des capitaux pour financer le
capital fixe
→ L’Etat qui finance des infrastructures et des politiques publiques favorisant la production de
richesses.

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Le PIB est donc réparti en différentes formes de revenus :
→ La rémunération des salariés
→ L’EBE et les revenus mixtes
→ Les subventions à la production et aux importations dont on soustrait les impôts

3) L’approche par la demande


PIB + Importations = Dépenses de consommation + FBCF + Variation des stocks + Exportations

Avec cet équilibre macroéconomique déjà étudié en 1ère, nous pouvons comprendre l’approche du
PIB par la demande en en isolant les composantes. La demande comprend les dépenses de
consommation, l’investissement, les stocks et les importations. Ces quatre éléments constituent la
demande intérieure.

Notre nouvelle équation donne :

B. La mesure de la croissance
La croissance économique désigne, pour un territoire donnée, l’augmentation de la production de biens et
services sur une longue période. Il y a donc croissance lorsque, d’une année sur l’autre et de façon répétée,
on constate un accroissement d’un flux de produits (biens et services) dont l’élaboration a donné lieu à
une distribution de revenus dans le cadre d’une activité légale. Pour un territoire donné, ce flux de
production est mesuré par le PIB (produit intérieur brut). Le PIB mesure la valeur qui est créée au cours
du processus de production par les organisations productives résidentes durant une année et sur un
territoire donné. Il se calcule en additionnant les valeurs ajoutées des unités résidentes*, augmentées de la
TVA et des droits de douane et diminuées des subventions sur les produits. Considéré comme un indice
de puissance et de vitalité économique d’un territoire pris dans son ensemble, c’est au nom de l’intérêt
général que la plupart des gouvernements font de son augmentation un axe majeur des politiques
économiques (…). »

*Unité résidente : Une unité (entreprise…) est considérée comme résidente sur le territoire économique
du pays si elle y exerce des activités économiques (production) pendant une période d’un an ou plus.

D’après Thomas Fabre « PIB et croissance », in Problèmes économiques, Hors-série, Comprendre


l’économie et ses mécanismes, février 2015
Questions :
1) A partir de ce document, proposez une définition de croissance économique.
2) Comment mesure-t-on la croissance ?
3) Pourquoi la croissance économique est-elle un enjeu politique ?

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C. L’évolution de la croissance
La croissance mondiale

Sources : voir piketty.pse.ens.fr/capital21c.


Faites une lecture chiffrée pour les données pour la période 1913-2012
Lecture :
Au niveau mondial, la croissance moyenne de 0,8% par an de la production par habitant entre 1700
et 2012 en 0,1% au XVIIIᵉ siècle, 0,9% au XIXᵉ et 1,6 au XXᵉ. Le XVIIIᵉ siècle se caractérise par la même
stagnation que les siècles précédents. Tandis que le XIXᵉ siècle connaît une croissance soutenue de la
production.

Le taux de croissance de la production mondiale par habitant de l'Antiquité jusqu'en 2100

Question :
Comment le taux de croissance évolue de l’an 0 à 2012 ? Délimitez des périodes significatives.
Est-on capable de mesurer la croissance économique ?
La croissance du PIB revêt aussi une importance capitale. Elle est étroitement liée à la disponibilité
d’emplois et de revenus, lesquels sont essentiels au niveau de vie des habitants et étayent leur faculté à
réaliser leurs projets (Sen, 1999). Pourtant, le PIB n’est pas un objet naturel, même s’il est devenu quasi-
synonyme de performance économique. À l’inverse des phénomènes physiques, il ne peut être mesuré de
façon précise. En prenant du recul, les économistes et statisticiens admettent qu’il s’agit d’un indicateur
imparfait du bien-être économique, avec des failles bien connues. Les pionniers de la comptabilité
nationale tels que Simon Kuznets et Colin Clark auraient préféré mesurer le bien-être économique. Mais
le PIB l’a emporté, car le contexte de guerre nécessitait un indicateur de l’activité totale. Dès sa naissance,
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le PIB a donc eu ses détracteurs.
Le PIB mesure la valeur monétaire des biens et services finaux produits et consommés dans un pays sur
une période donnée. Sa limite en tant qu’indicateur du bien-être économique, c’est qu’il enregistre
généralement les transactions monétaires aux prix du marché. Il exclut ainsi les facteurs
environnementaux, tels que la pollution et les dommages causés à certaines espèces, car personne n’en
paie le prix. Cet indicateur ne déduit pas non plus les variations de la valeur des actifs, tels que
l’épuisement des ressources ou la perte de biodiversité, du flux de transactions sur la période qu’il couvre.
La facture environnementale de la croissance devient plus claire et plus salée. Le smog de Pékin ou Delhi,
l’impact de la pollution sur la santé publique et la productivité dans les grandes villes, et les coûts liés à la
multiplication des inondations dans des pays vulnérables sont autant d’illustrations de l’écart entre
croissance du PIB et bien-être économique. Économistes et statisticiens travaillent donc à l’introduction
d’estimations du capital naturel et de son taux de perte (Banque mondiale, 2016). Cela montrera que la
croissance du PIB durable (permettant aux générations futures de consommer au moins autant que
l’actuelle) est inférieure à la croissance du PIB recensée sur de nombreuses années. Néanmoins,
l’intégration de ces nouveaux indicateurs au débat et aux orientations politiques est une autre affaire.
La fiabilité du PIB est également critiquée de longue date, car elle exclut l’essentiel du travail non
rémunéré effectué par les ménages. Il doit exister une définition acceptée de ce qui fait partie de
l’économie et qui est mesurable. Les économistes parlent de «domaine de la production», dont la
délimitation est forcément une affaire de jugement. Il y a longtemps, l’inclusion des dépenses publiques a
fait débat : fallait-il les comptabiliser, car elles relevaient de la consommation collective ou les exclure au
motif que l’État paie des choses comme des routes et la sécurité, qui sont des facteurs de production
(comme les dépenses d’entreprise) et non des biens de consommation et d’investissement. Un autre
grand débat a concerné la définition des biens et services produits (et souvent consommés) par les
ménages. Les biens tels que les denrées alimentaires ont été inclus, car dans de nombreux pays, ils
peuvent être aisément achetés et vendus. En revanche, les services tels que le ménage ou la garde
d’enfants ont été exclus. Naturellement, les intellectuels féministes ont toujours décrié la non-valorisation
du travail essentiellement effectué par les femmes. De nombreux économistes partageaient ce point de
vue, mais il fallait fixer une limite, notamment pour des raisons pratiques : le recensement des services
domestiques constituait une tâche monumentale et ces services étaient rarement commercialisés.
L’évolution de l’économie numérique a ravivé ce vieux débat en changeant la façon de travailler. Les
comptables nationaux considèrent l’État et les entreprises comme la partie productive de l’économie, et
les foyers comme la partie non productive. Or la frontière entre domicile et travail est en train de
s’estomper. De plus en plus de gens travaillent à leur compte via des plateformes numériques. Leurs
horaires sont parfois flexibles et leur travail peut empiéter sur d’autres activités. Très souvent, ils utilisent
leurs équipements personnels (ordinateur, smartphone, habitation, voiture) à des fins professionnelles.
De nombreux internautes créent gratuitement des logiciels open-source pouvant
supplanter leurs équivalents commercialisés. Tout cela représente une grande valeur économique malgré
un prix de revient nul. Ces évolutions soulignent la nécessité d’améliorer la comptabilisation de l’activité
domestique. Cependant, très peu de pays recueillent des informations pertinentes sur les actifs des
ménages. Une technologie en mouvement perpétuel La technologie complique le calcul du PIB d’une
autre manière. De nombreux acteurs du secteur technologique estiment que les statistiques traditionnelles
du PIB sous-estiment l’importance de la révolution numérique. Ils soulignent à juste titre que le rythme
de l’innovation n’a pas faibli dans des domaines tels que les télécommunications, les biotechnologies, les
matériaux et l’énergie verte, rendant les performances faiblardes de nombreuses économies avancées en
termes de croissance et de productivité encore plus énigmatiques. Par exemple, les technologies de
compression permettent de transférer des données sans fil de qualité à une vitesse sans précédent. Le prix
d’innovations telles que l’énergie solaire et le séquençage du génome a chuté rapidement. Est-il
envisageable que les statistiques ne soient pas correctement ajustées en fonction des améliorations
qualitatives apportées par la technologie, surestimant ainsi l’inflation et sous-estimant la productivité et la
croissance en termes réels?
En effet, les économistes estiment qu’il est impossible de quantifier la totalité des bienfaits économiques
des innovations dans le PIB, qui mesure les transactions aux prix du marché : il y aura toujours une part
d’utilité au-dessus ou au-dessous de ce prix (le «surplus du consommateur»). À cet égard, les biens
numériques ne diffèrent pas des précédentes vagues d’innovation. Ceux qui utilisent la croissance du PIB
en tant qu’indicateur de la performance économique doivent être conscients qu’elle n’a jamais pleinement
traduit le bien-être économique. Par exemple, les bienfaits pour le consommateur d’un nouveau
médicament révolutionnaire finiront toujours par dépasser largement le prix du marché.
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Les défauts du PIB ont été récemment mis en lumière du fait de sa non-prise en compte de l’inégalité.
L’agrégation des revenus et dépenses individuels dans le PIB élude la notion de répartition. En assimilant
la croissance du PIB à une amélioration du bien-être économique, on part du principe que la répartition
n’évoluera pas. Tant que la distribution des revenus n’avait pas trop varié (jusqu’au milieu des années 80
pour la plupart des pays de l’OCDE), cela n’était pas problématique. Mais grâce au best-seller de Thomas
Piketty, Le capital au XXIe siècle, ou aux mouvements populistes émergeant dans de nombreux pays,
plus personne n’ignore la problématique de la distribution.
Diane Coyle est professeur d’économie à l’université de Manchester,
« Repenser le PIB », Finaces et développement, Mars 2017.
Questions :
1. Comment le développement de l’économie numérique affect-elle l’efficacité du PIB à mesurer la
croissance économique ?
2. Expliquez la phrase soulignée.
3. Donnez des exemples d’innovations numériques qui ont amélioré le bien-être des
consommateurs. Pourquoi sont-elles souvent mal évaluées ?

II. Les sources de la croissance économique


A. De la croissance extensive à la croissance intensive
La croissance extensive correspond à l’augmentation durable de la production obtenue par la
simple augmentation de la quantité des facteurs de production, c’est-à-dire l’augmentation de la
quantité de travail et l’augmentation de la quantité de capital. Un doublement du nombre d’heures
de travail effectuées et un doublement du stock de capital se traduira par un doublement de la
production.

Il faut donc, comme nous l’avons étudié en classe de 1ère, assurer la combinaison productive optimale
pour créer des biens et des services. Cependant, les économistes vont assez rapidement constater
qu’un troisième élément intervient pour rendre plus efficace ces deux facteurs : le progrès
technique.
1) La croissance effective dépend de la quantité des facteurs de production
L’exemple d’une jbala du Rif
Imaginons une Jbala du Rif, Farida, agricultrice qui utilise une année de son temps, 1 ha de terre et un âne
pour produire une tonne de maticha. La fonction de production s’écrit :
1 tonne de maticha = F (1 année de travail, 1 ha de terre, 1 âne)

On suppose que Farida se marie avec Rachid et qu’ils aient deux enfants. Ils décident de lâcher la bride…
de l’âne et de prendre leur retraite. Leurs deux enfants, Abdelkrim et Allal deviennent agriculteurs à leur
tour et défrichent 1 ha supplémentaire de terre puis achètent un autre âne. La fonction de production
devient :
2 tonnes de maticha = F (2 années de travail, 2 ha de terres, 2 ânes)

Il y a eu croissance puisque la production est multipliée par 2 et nous pouvons constater que le
doublement de la production est dû à un doublement des facteurs de production. Les rendements sont ici
constants. Il y a une accumulation des facteurs de production, expliquée par la croissance démographique
pour l’accumulation de main-d’œuvre et l’investissement (en âne) pour l’accumulation de capital. Lorsque
la production double quand les facteurs de production doublent aussi, on dit que la croissance est
extensive.

La croissance extensive est la part de la croissance économique qui découle de l'augmentation de


la quantité de facteurs de production au sein de l’économie.

Supposons maintenant qu’Abdelkrim et Allal décident d’augmenter la production en achetant deux ânes
supplémentaires. La fonction de production devient :

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3 tonnes de maticha = F (2 années de travail, 2 ha, 4 ânes)

Bien que la production augmente, les ânes supplémentaires sont moins rentables que ne l’étaient les
premiers. Comme nous l’avons étudié en 1ère, il s’agit alors de rendements décroissants. C’est ce
qu’envisageaient les économistes pessimistes, comme Ricardo, au XIXᵉ siècle, voyant poindre les limites
de la croissance économique. Or, depuis deux siècles, la croissance économique a persisté. Un autre
facteur de croissance est donc intervenu : le progrès technique. Par exemple, supposons que les 2
agriculteurs, plutôt que d’acheter des ânes supplémentaires, revendent les quatre ânes pour acheter des
tracteurs. La fonction de production devient :
4 tonnes de maticha = F (2 années de travail, 2 ha de terres, 2 tracteurs)

L’augmentation du capital productif découle de l’investissement en tracteurs. L’augmentation du facteur


travail (le travail fourni par les travailleurs) vient d’une augmentation du nombre de travailleurs (les deux
enfants à la place de la mère seule) et/ou d’une augmentation du temps passé à travailler (les années).

La croissance économique est intensive lorsqu'elle est due à une meilleure efficacité de
production (hausse de la productivité). Cette hausse de la productivité est liée au progrès
technique.

Ces deux types de croissance (extensive et intensive se distingue donc selon le type de rendements
d’échelle observé (ou économie d’échelle). Pour donner un exemple historique, l’exceptionnelle croissance
américaine durant la 2ème moitié du XIXᵉ siècle s’explique par la combinaison d’une croissance extensive à
l’Ouest (conquête de nouvelles terre et afflux de migrants) et d’une croissance intensive au Nord-Est
(industrialisation rapide des économies d’échelles dues à la concentration).
Questions :
1) Rappelez les facteurs de production que l’analyse microéconomique distingue habituellement.
Rappelez les définitions de combinaison productive, de population active et de productivité
2) Qu'arrive-t-il au niveau de production suite à l'augmentation des facteurs de production ?
3) Différenciez croissance extensive de croissance intensive.
4) Définissez le concept d’investissement.

2) Le modèle de croissance de Robert Solow


Robert Solow a été le premier à proposer un modèle formel de la croissance en 1956. D'inspiration
néoclassique, ce modèle se fonde sur une fonction de production à deux facteurs : le travail et le
capital. La production (Y) résulte donc exclusivement de la mise en combinaison d'une certaine
quantité de capital (K) et de travail (L). Une fonction de production est une formule mathématique
qui met en relation le PIB obtenu et la quantité des deux facteurs mis en œuvre pour l’obtenir.

Y = f (K, L)

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Questions :
1) Faire une phrase avec les données suivantes : 3,8 ; 5,6 ; -0,2
2) Quels pays ont une croissance intensive ? Lesquels une croissance extensive ?
3) Montrer que l'accumulation des facteurs de production ne suffit pas à expliquer la croissance
économique.

B. Le progrès technique et l’innovation


Pourquoi les entrepreneurs n'apparaissent-ils pas d'une manière continue et égale dans chaque période,
mais en troupe ? Premièrement : […] l' « exécution de nouvelles combinaisons est difficile » et accessible
seulement à des personnes de qualités déterminées […]. Seules quelques personnes ont les « aptitudes
voulues pour être chefs » dans une telle situation, bref dans une situation qui n'est pas l' « essor », seules
quelques-unes peuvent avoir du succès à ce moment. Mais si une personne ou quelques-unes ont marché
de l'avant avec succès, maintes difficultés tombent. D'autres personnes peuvent suivre ces premières, ce
qu'elles feront sous l'aiguillon d'un succès qui paraît désormais accessible. […] Deuxièmement : […] dans
des branches économiques, où il y a encore de la concurrence et une pluralité de personnes indépendantes,
nous constatons d'abord l'apparition isolée de l'innovation - en particulier dans des exploitations ad hoc -,
nous voyons ensuite les entreprises existantes s'emparer de l'innovation avec une vitesse et une perfection
inégales, d'abord quelques-unes, puis en nombre toujours plus grand d'entre elles […]. Troisièmement : ce
qui précède explique l'apparition en groupes des entrepreneurs d'abord dans la branche où les premiers
apparaissent, et ce jusqu'à l'épuisement, caractérisé par l'élimination du profit, des possibilités qu'offre la
voie nouvelle à l'économie privée. […] L'apparition en groupe des entrepreneurs, seule cause du
phénomène de l’ « essor », n'a sur l'économie une influence, différant qualitativement de l'influence
qu'aurait leur apparition continue répartie également dans le temps, que dans la mesure où elle ne signifie
pas, comme cette dernière, une perturbation toujours imperceptible de l'équilibre, mais signifie une grande
perturbation procédant par à-coups, une perturbation d'un autre ordre de grandeur.
J. A. Schumpeter (1912), Théorie de l'évolution économique, Dalloz, 1999.

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En quelques décennies à peine, la notion d’innovation a remplacé celle de progrès pour devenir une sorte
de but ultime. Politiques économiques, management des firmes, des territoires et même des universités, il
est partout question d’innovation. Pourquoi une telle obsession ? Parce qu’il semble acquis que
l’innovation porte la dynamique du capitalisme. C’est l’un des enseignements majeurs des travaux de
Joseph Aloïs Schumpeter (1883-1950) dont les enseignements sont toujours éclairants pour comprendre
les cycles et les crises économiques, pas forcément pour orienter les politiques. […]
L’économiste autrichien naturalisé américain propose en effet une interprétation originale des cycles de la
croissance économique, notamment les cycles longs identifiés par l’économiste russe Kondratiev. Ce
dernier a mis en évidence une dynamique de la croissance économique selon des phases de 40 à 60 ans.
Dans les années 1930, Schumpeter reliera ces fluctuations à l’apparition d’innovations majeures, dites de
rupture au sens où elles modifient profondément les structures de l’économie. À la phase ascendante du
cycle économique (la phase de croissance), correspond la période de diffusion des nouvelles innovations
grâce au financement à crédit. Alimentée par le développement du crédit, la croissance économique est
assurée car la demande – et donc la production – pour ce type de biens est forte. Progressivement, la
demande baisse parce que les agents sont équipés et que la concurrence entre les entreprises s’accentue.
C’est ainsi que le cycle se retourne et que l’économie entre en récession.

Si le phénomène est cyclique, c’est que ces périodes de ralentissement de la croissance sont celles où une
nouvelle vague d’innovations se prépare. Ainsi, au cycle correspondant à l’apparition des engins à vapeur,
du fer et du coton a succédé le cycle ouvert par les trains et les rails puis celui associé à l’électricité et à
l’automobile. Le passage d’un cycle à l’autre se fait par processus de destruction créatrice, car l’innovation
à la source d’un cycle est nécessairement une innovation de rupture.

COMPRENDRE LA DESTRUCTION CRÉATRICE


Lors de la phase de croissance, le système productif entre dans un cycle de création d’activités. Elles sont
d’abord supérieures aux destructions que l’on observe dans les secteurs devenus obsolescents du fait des
innovations. Dans la phase de récession, en revanche, les faillites d’entreprises sont plus nombreuses que
les créations. Des emplois sont ainsi détruits. Si l’entrée dans un nouveau cycle va bien générer de
nouvelles activités et de nouveaux emplois, il faut être extrêmement vigilant car les compétences requises
pour occuper ces emplois seront bien différentes.

Avec l’introduction des innovations, certaines entreprises (les leaders) bénéficient d’un pouvoir de
marché temporaire. Ce pouvoir s’affaiblit au rythme du durcissement de la concurrence (par l’entrée sur
le marché des « suiveurs »). La destruction créatrice permet ainsi d’expliquer la transition d’un marché de
monopole (le temps que les innovations soient « copiées ») à un système concurrentiel. Et inversement,
d’un système concurrentiel à une situation de monopole, par l’apparition d’une nouvelle vague
d’innovations.

L’innovation est le fait des entreprises. L’entrepreneur est la figure clef du processus car il incarne le «
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pari » de l’innovation. C’est parce qu’il prend ce pari que profit – et monopole – se justifient. Le profit est
la rémunération de l’initiative dans un contexte d’incertitude. Généré par l’innovation, il agit alors comme
une incitation à prendre des risques et peut être réinvesti (et le monopole devenir durable par
l’introduction de nouvelles innovations) ou pas (et le monopole n’est alors que temporaire).

UN PROCESSUS ESSENTIEL
La destruction créatrice est, pour Schumpeter, essentielle à la dynamique du capitalisme car elle est le
processus par lequel un nouveau modèle, porté par les innovations, se substitue au précédent. La Ford T,
par exemple, est doublement une innovation parce qu’elle porte deux transformations importantes.
Premièrement, elle transforme en profondeur le statut même de l’automobile qui devient un produit de
consommation de masse. Deuxièmement, elle modifie en profondeur les conditions de production par
l’introduction du travail à la chaîne qui ouvrira la voie à la production de masse et se diffusera dans bien
d’autres secteurs de l’économie.

Les mutations économiques sont d’autant plus profondes et la phase de croissance est d’autant plus
longue (plusieurs décennies) qu’une innovation n’arrive jamais seule mais par « grappes ». Que serait en
effet l’ordinateur sans les logiciels, les périphériques ou les usages associés à la numérisation des activités
économiques ? Après une innovation de rupture, d’autres innovations apparaissent, portées par la
découverte initiale. Elles sont elles-mêmes porteuses de bouleversements, de création puis de destruction
d’activités, même si ces bouleversements sont parfois moins visibles.

Il va toutefois sans dire que la destruction créatrice est porteuse de chômage car les compétences aussi
deviennent obsolètes. La question des politiques économiques et sociales permettant d’accompagner la
transition d’un cycle à l’autre se pose alors. En premier lieu en termes de formation de la main-d’œuvre.
Par Marie Coris, Un article de The Conversation,
« Destruction créatrice » : pour en finir avec les contresens, 12 juin 2019.

Questions à partir de tous les documents :


1) Qu'est-ce qu'une innovation ? Quelle est la différence entre une innovation et une invention ?
2) Quel lien peut-on faire entre innovation et progrès technique ?
3) Pourquoi les innovations apparaissent-elles le plus souvent par grappes ?
4) Montrez que l'innovation est source de croissance en complétant le schéma ci-dessous (insérez
des ou des selon le cas) :

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5) En quoi l’accumulation du stock de connaissances favorise-t-elle les gains de productivité ?
6) Pourquoi peut-on dire que la destruction créatrice est cyclique ?
7) Expliquez la phrase soulignée
8) Montrez que la destruction créatrice a des effets dans d’autres domaines

Comprendre la destruction créatrice

Des dépenses de recherche et développement au progrès technique


Le poids de l'innovation dans l'économie peut être mesuré de deux points de vue : par les ressources
qu'elle mobilise, budgets, hommes et équipements, ou par son impact sur l'activité économique. […] La
production par tête a été multipliée par quinze à vingt depuis le début du XIXe siècle dans les pays
occidentaux, en grande partie grâce à la technologie. Le nombre des brevets accordés chaque année aux
États-Unis était de quelques centaines au début du XIXe siècle, il était, en 2015, de 300 000. […] Le
nombre des chercheurs a été multiplié par deux dans l'OCDE entre la fin des années 1960 et la fin des
années 2000. […] Les ressources investies dans la recherche sont donc considérables : mais quels en sont
les résultats ? Mesurer l'innovation technologique et ses effets sur l'économie est plus difficile que
mesurer les ressources investies en recherche, notamment parce que le concept d'innovation est moins
clair, d'un point de vue comptable, que celui de recherche. On peut d'abord dénombrer les entreprises
innovantes, définies comme celles qui ont introduit ou mis en œuvre un produit, procédé, une méthode
marketing ou un mode d'organisation nouveau au cours d'une période donnée. […] Le brevet est
l'indicateur de résultat technologique le plus largement utilisé. […] Les données de brevet reflètent
surtout les inventions de type manufacturier, elles captent mal les inventions de type logiciel, lesquelles
ont acquis une place centrale dans les processus d'innovation au cours de cette période. […] L'évolution
de la productivité, qui est le revenu produit rapporté aux ressources utilisées (travail, capital), est l'ultime
mesure du progrès technique dans le domaine économique. […] Seuls le perfectionnement continu des
méthodes de production et l'amélioration des biens produits permettent d'engendrer l'augmentation
soutenue de l'efficacité de la production. […] L'analyse empirique a [mis en lien] des indicateurs de
performance macroéconomique, notamment le PIB et la productivité, avec des indicateurs d'activité
inventive (R&D). […] Premièrement, l'innovation est bien une source d'accroissement de la productivité.
Les pays où les entreprises dépensent plus en R&D ont, toutes choses égales par ailleurs, une croissance
plus élevée. Deuxièmement, la R&D publique a un effet direct sur la productivité moindre que celui de la
R&D privée, mais elle a un effet indirect car elle entraîne un accroissement de la R&D privée (qui
exploite les résultats de la R&D publique). Troisièmement, chaque pays bénéficie grandement de l'activité
d'innovation réalisée dans les autres pays : les externalités internationales expliquent même une grande
partie de la croissance, mais leur ampleur est conditionnée par l'intensité de l'effort national en R&D
(lequel détermine donc la « capacité d'absorption » de chaque pays).
Dominique Guellec, Économie de l'innovation, La Découverte, 2017.

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Questions :
1) Quelles sont les trois manières de mesurer l'innovation ?
2) Dans quel pays les dépenses de R&D en part de PIB sont-elles les plus élevées en 1992 puis en
2017 ?
3) Quels sont les liens entre R&D et croissance économique ? Distinguez R&D privée et R&D
publique.
4) À partir du texte et des données des graphiques, montrez comment l'État peut soutenir
l'innovation et le progrès technique.

C. L’accumulation du capital

III. Comment expliquer la dynamique de la croissance


économique ?
A. La croissance économique est endogène
Après avoir mis en évidence le rôle joué par les gains de productivité et le progrès technique dans la
croissance économique d’un pays, il faut s’interroger sur la source de ces gains de productivité. Selon

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le modèle que l’on a vu plus haut, Robert Solow attribuait ces gains de productivité au progrès
technique qui résultait de découvertes aléatoires.

Les travaux de Solow (…), publiés en 1956, ont montré que la croissance économique est déterminée par
l’intensité du progrès technique et l’accroissement de la population active, tous deux exogènes. Les études
empiriques qui ont suivi ont mis en évidence que la contribution du progrès technique à la croissance
était comprise entre 50 et 80 %. La théorie néoclassique met ainsi en lumière l’importance des
innovations. (…) Elle implique cependant qu’aucune politique économique ne peut influencer le taux de
croissance de long terme de l’économie. En outre, cette théorie souffre d’un défaut d’explication du
progrès technique lui-même. Les recherches menées dans les années 1980, à la suite des travaux de
Romer publiés en 1986 et 1990, se sont efforcées d’expliciter les raisons du progrès technique. Les
modèles de croissance endogène voient ainsi dans l’investissement privé en capital physique, les
innovations technologiques [capital technologique], le capital humain et le capital public, les sources du
progrès technique, et donc de la croissance. Les connaissances revêtent un statut particulier dans ces
modèles : contrairement au capital physique, dont la productivité marginale décroît dans les théories
traditionnelles de la croissance, la connaissance s’accumule au fil du temps. Le savoir engendre le savoir.
Pour reprendre la phrase, souvent citée, de Bernard de Chartres au XIIe siècle, et reprise par Newton, «
nous sommes juchés sur les épaules de géants ». De la recherche naît l’invention, fondement même des
connaissances. L’invention conditionne l’innovation au côté des possibilités offertes par le marché et des
moyens dont dispose l’entreprise. L’innovation se diffuse et génère de nouveaux produits et de nouvelles
technologies (Boyer, Didier, 1998). Elle alimente à son tour le stock de connaissances, qui bénéficie à
l’ensemble des entreprises, même si, par des brevets ou simplement le secret, un innovateur peut
s’approprier, pour un temps donné, la connaissance dont il est la source. L’économie bénéficie alors de
rendements d’échelle croissants. Les externalités à l’origine des rendements d’échelle croissants sont
analysées de façons diverses dans les modèles de croissance endogène. Ces modèles ne sont pas exempts
de défauts. Ils ont néanmoins porté un nouvel éclairage sur les raisons du progrès technique, mettant en
avant le rôle primordial joué par les innovations dans la croissance économique. Ils ont également
réhabilité les politiques économiques comme facteurs influents de la croissance économique.

D. Brécart, Evaluation pour la France des conséquences de l’augmentation de l’effort en R&D


Questions :
1) Quels sont les quatre types de capitaux sources de progrès technique cités dans le texte ?
2) Illustrez chacun d’eux par au moins un exemple.
3) Pourquoi peut-on dire que les connaissances ne « s’usent pas au cours du temps » ?
4) Pourquoi peut-on dire que le capital humain et les dépenses publiques génèrent des externalités
positives et sont sources de croissance économique ?
5) Pourquoi peut-on dire que le capital humain et la technologie génèrent des rendements
croissants ?
6) Pourquoi qualifie-t-on la croissance d’endogène dans ces modèles ?
7) Expliquez pourquoi le progrès technique est considéré à la fois comme une cause et une
conséquence de la croissance.

B. Le rôle des institutions


La plupart des travaux récents sur les institutions et la croissance économique insistent sur l'importance
d'un groupe particulier d'institutions, à savoir celles qui protègent les droits de propriété et qui garantissent
l'exécution des contrats. On pourrait les appeler institutions créatrices de marchés, puisqu'en leur absence,
les marchés n'existent pas ou fonctionnent très mal. Mais le développement économique à long terme
exige plus qu'une simple stimulation de l'investissement et de l'esprit d'entreprise. Il faut aussi mettre en
place d'autres types d'institutions pour soutenir la dynamique de croissance, renforcer la capacité de
résistance aux chocs. On pourrait parler des institutions de réglementation des marchés [...]. Ce sont, par
exemple, les organismes de réglementation des télécommunications, des transports et des services
financiers. Des institutions de stabilisation des marchés, qui garantissent une inflation faible, réduisent au
minimum l'instabilité macroéconomique et évitent les crises financières. Ce sont, par exemple, les banques
centrales, les régimes de change et les règles budgétaires. Des institutions de légitimation des marchés, qui
fournissent une protection et une assurance sociales, organisent la redistribution et gèrent les conflits. Ce

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sont, par exemple, les systèmes de retraite, les dispositifs d'assurance chômage et autres fonds sociaux. [...]
Chaque fonction des institutions peut prendre diverses formes. [...] La Chine a greffé une économie de
marché sur une économie planifiée plutôt que d'éliminer totalement la planification centrale. L'île Maurice
a mis en place des zones franches industrielles plutôt que d'opérer une libéralisation générale. [...] En
outre, il se peut que des choix institutionnels qui donnent de bons résultats dans un pays soient
inappropriés dans un autre qui ne dispose pas des normes d'accompagnement et des institutions
complémentaires. [...] En fait, la démocratie politique peut être perçue comme une méta-institution qui
aide les sociétés à choisir les institutions qu'elles désirent. Si les mesures de la démocratie ne permettent
pas toujours d'établir quels pays se développent plus vite ou plus lentement sur une période donnée, elles
expliquent les revenus à long terme.
D. Rodrick et A. Subramanian , «La primauté des institutions (ce que cela veut dire et ne pas dire)»,
Finance et développement, FMI, Juin 2003
Questions :
1) Quelles institutions peuvent être favorables à la croissance ?
2) Montrer qu'il n'y a pas de « modèle institutionnel » unique.
3) Pourquoi de « bonnes institutions » sont-elles nécessaires à la croissance ?

Les firmes sous-investissent en recherche. […] C'est l'objet de la politique publique […] que de remédier
à ce problème […]. L'État finance donc des institutions publiques de recherche […]. L'État peut aussi
créer des règles institutionnelles qui assurent un niveau plus élevé au rendement privé de la recherche. Il
en est ainsi du brevet. […] Si le brevet est un outil important pour susciter l'innovation […], il a en
revanche le défaut d'accorder un monopole à une entreprise privée. […] L'État peut financer directement
ou indirectement l'effort de recherche des entreprises. Les aides directes (subventions) sont distribuées
selon certains critères. […]
Les politiques publiques affectant la croissance sont bien sûr plus larges que [ces] seules mesures […]. Les
politiques d'éducation notamment […] mais aussi les investissements publics en infrastructures
(transports par exemple) jouent un rôle clé en fournissant aux entreprises les facteurs qu'elles ne sont pas
en mesure de produire elles-mêmes.
Dominique Foray et al., Croissance, emploi et développement, La Découverte, 2019.

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IV. Les limites de la croissance
A. Le progrès technique engendre des inégalités

B. La croissance génère des externalités négatives

Pollution et croissance : l'exemple de la Chine


Structurellement, l'économie chinoise est fondée sur des activités polluantes, aussi bien du point de vue
de la production que de celui de la consommation, et la croissance accélère les dommages. […] La
question environnementale n'a eu pendant longtemps qu'une importance secondaire par rapport à la
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baisse de la grande pauvreté, à l'augmentation des revenus ou à l'industrialisation. Pourtant, le modèle de
croissance prévalant lors de la période d'économie planifiée était fondé sur le développement de
l'industrie lourde et une forte consommation de charbon. C'était donc un modèle coûteux en termes
environnementaux. Cette situation se poursuit et explique en partie les problèmes actuels. La Chine est le
premier consommateur d'énergie du monde, le premier émetteur de dioxyde de carbone et aussi l'un des
pays les plus exposés au réchauffement climatique. La Banque mondiale a estimé que le coût des
dégradations environnementales liées à la croissance avait représenté 10 % du PIB entre 2000 et 2010. Le
niveau de pollution est bien au-delà des limites préconisées par l'Organisation mondiale de la santé
(OMS) ; en 2013, 99,6 % de la population est exposée à la pollution de l'air, en 2008, moins de 1 % des
cinq cents grandes villes chinoises ont une qualité de l'air correspondant aux recommandations : sept
villes chinoises figurent parmi les dix villes les plus polluées du monde. […] Les coûts sont élevés en
termes de santé. Les provinces où la consommation de charbon est forte connaissent une surmortalité en
raison d'accidents cardio-respiratoires, et les habitants peuvent perdre jusqu'à cinq ans d'espérance de vie.
[…] Hormis ces coûts humains, la pollution entraîne de forts coûts économiques. […] Le calcul d'un
indice de vulnérabilité au changement climatique classe la Chine parmi les pays à haut risque.
Mary-Françoise Renard, L'économie de la Chine, La Découverte, 2018.
Dès 1972, le rapport Meadows, Halte à la croissance, met en évidence le risque d'épuisement des
ressources naturelles et alerte sur les conséquences économiques de la pollution, deux problèmes
engendrés par la croissance économique des Trente Glorieuses. Il a été réédité en 2012, avec des
conclusions similaires.
Questions :
1) Décrire. Recensez dans le texte ce qui montre le problème de pollution en Chine.
2) Expliquer. Pourquoi le modèle de croissance chinois a-t-il conduit à cette dégradation de
l'environnement ?
3) Interpréter. Quels sont les coûts économiques engendrés par la pollution ?

Comprendre l'ampleur de la pollution en Chine en 3 minutes

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Questions :
1) Quel est le taux de croissance de l'émission de gaz à effet de serre entre 1970 et 2012 au niveau
mondial ? (Graphique)
2) Comparez et expliquez l'évolution de l'émission de gaz à effet de serre dans les pays à revenu
élevé et dans les pays à revenu intermédiaire, tranche supérieure. (Graphique)
3) Reliez le graphique et la carte en mobilisant la notion d'externalités négatives.
Les tensions sur les ressources naturelles
On parlera […] des ressources naturelles au sens économique quand les ressources seront utilisables avec
la technologie existante et exploitable avec les prix actuels. […] Étant utiles à l'homme, leur usage peut
conduire à leur disparition et elles sont donc souvent des contraintes pour la croissance économique. […]
La ressource naturelle est avant tout un stock fini de matière, dont l'usage ne peut que conduire à son
épuisement final. On parlera dans ce cas de ressource épuisable, comme toutes les ressources minérales,
charbon, or, aluminium…, mais aussi comme le gaz ou le pétrole. Notons enfin qu'il existe une différence
entre ressources épuisables selon leur caractère durable ou non. […] Certains minéraux, comme l'or ou
l'argent, peuvent être recyclés dans certains de leurs usages et sont donc durables, contrairement au
pétrole par exemple. Cependant, si ce caractère peut retarder l'épuisement de la ressource, il ne peut pas
l'empêcher définitivement. Dans ce sens, les ressources épuisables s'opposent à d'autres ressources
naturelles qui ont une capacité propre de régénération et qu'on nomme pour cela des ressources
renouvelables. La forêt ou les poissons en sont les exemples les plus classiques. […] D'un point de vue
plus économique, toutes les ressources sont en fait épuisables si on entend par épuisable la possibilité
d'une utilisation qui conduise à la disparition de la ressource. Les cris d'alarme de ce début de siècle sur la
perte de biodiversité et la disparition de nombreuses espèces animales montrent que cette possibilité n'est
pas seulement théorique.
Gilles Rotillon, Économie des ressources naturelles, La Découverte, 2019.
Questions :
1) Distinguez les ressources naturelles épuisables et les ressources naturelles renouvelables.
2) Pourquoi les ressources renouvelables sont-elles menacées de disparition ?

C. Quel rôle peut jouer le progrès technique dans la soutenabilité de la


croissance ?
Une position intermédiaire entre soutenabilité forte et faible
Dans certaines conditions, une diminution du capital naturel, comme l’épuisement des réserves minières,
peut être compensée par une augmentation des trois autres types de capitaux. Cependant, le capital naturel
n’est qu’en partie substituable par les autres capitaux. Certaines dégradations du capital naturel sont
irréversibles. Il en est ainsi par exemple de l’extinction massive d’espèces vivantes, autrement dit de la
réduction de la biodiversité. Si certaines espèces ont aux yeux des hommes une valeur d’existence élevée,
leur disparition ne peut pas être compensée par l’augmentation d’autres types de capitaux. [...]
Le plus petit commun dénominateur des critères définissant le développement soutenable selon ses
partisans, me paraît être le suivant :
 La richesse à la disposition des générations futures ne doit pas diminuer du fait d’une
consommation « excessive » de capital naturel. Mais je m’autorise à substituer autant que
nécessaire les capitaux entre eux pour maximiser la consommation de ma génération. Je
m’autorise donc à consommer du capital naturel, mais seulement s’il est substituable par d’autres
types de capitaux et à condition que la quantité totale de capital que je transmets à la génération
suivante reste au moins constante.
 Il ne faut cependant pas provoquer de dégradations irréversibles du capital naturel, s’il existe un
risque important que cette dégradation coûte très cher aux générations futures.

Il faut donc distinguer la consommation de capital naturel substituable et les dégradations irréversibles. Si
le capital naturel substituable peut être consommé, éventuellement en grande quantité, à condition qu’on
augmente d’autant d’autres formes de capitaux, c’est que les générations futures, si elles accordaient plus
de prix que nous à ce capital naturel substituable, pourraient elles-mêmes le reconstituer en utilisant les
autres formes de capitaux. En revanche, les dégradations irréversibles du capital naturel doivent être
absolument évitées. En pratique, on considère aujourd’hui qu’il n’existe que deux grandes formes de
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dégradations irréversibles : la dégradation du climat et la réduction de la biodiversité. La plupart des autres
consommations de capital naturel concernent du capital substituable. On ne peut pas, certes, reconstituer
le pétrole qu’on a brûlé, mais on peut parfaitement fabriquer des carburants à partir de ressources
renouvelables comme la biomasse, donc ultimement à partir de l’énergie solaire dont l’abondance, à
l’échelle des besoins humains, est quasiment infinie. De même, des dégradations comme la pollution de
l’eau ou des sols sont en général réversibles.
Pierre-Noël Giraud, La mondialisation. Emergences et fragmentations,
éditions Sciences humaines, 2012
Questions :
1) Enoncez la définition de développement durable.
2) Qu’est-ce que la soutenabilité ?
3) Que faut-il prendre en compte afin de savoir si la croissance est soutenable ? Définissez le capital
naturel.
4) Quelle est la position avancée par la soutenabilité faible ?
5) Dans cette conception, quel rôle le progrès technique peut-il jouer ?
6) Quelle est la position de la soutenabilité forte ?
7) Quels sont les éléments du capital naturel que l’on pourrait considérer comme substituables avec
d’autres types de capitaux ?
8) Quels sont, au contraire, les éléments du capital naturel considérés comme « critiques » ?

Le développement des énergies renouvelables

Questions :
1) Comment la part des énergies renouvelables produites en France a-t-elle évolué ? Quelles sont
les principales sources d'énergie ?
2) Comment a évolué la part de la consommation d'énergies renouvelables au niveau mondial entre
1990 et 2015 ? Pour chaque catégorie de pays ?
3) Analysez le graphique sur la consommation d'énergies renouvelables à l'aide de la courbe de
Kuznets environnementale.

Des innovations toujours vertes ?


De nombreuses études ont calculé les rejets de gaz carbonique des véhicules électriques, de la mine à la
décharge. Elles aboutissent à des résultats contrastés. Ainsi, un rapport de l'Agence de l'environnement et
de la maîtrise de l'énergie (Ademe) publié en 2016 […] juge […] que les « impacts négatifs sur
l'environnement, majoritairement durant la phase de fabrication », sont « du même ordre de grandeur
pour un véhicule électrique que pour un véhicule thermique ». Dans une étude publiée en 2017, [des

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experts] […] concluent, quant à eux, à une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre dans
l'ensemble de l'Europe et de 80 % en France par rapport à un véhicule diesel. […] La voiture électrique
peut-elle dès lors être présentée comme une solution durable ? Les progrès techniques devraient rendre
ces véhicules toujours plus efficaces, et les bouquets énergétiques évolueront vers davantage d'énergies
renouvelables. On peut néanmoins s'inquiéter d'un effet rebond difficilement quantifiable : les économies
d'énergie engendrées pourraient être neutralisées par une plus grande utilisation. L'institut d'études
Bernstein a calculé que le nombre de voitures en circulation dans le monde devrait être multiplié par deux
à l'horizon 2040.
Guillaume Pitron, « Le bilan litigieux des véhicules électriques », Le Monde diplomatique, 2018.

À savoir
L'effet rebond a été décrit par Stanley Jevons en 1865. Il part du constat que les améliorations
technologiques permettent de diminuer la consommation de charbon par hauts fourneaux, mais que la
multiplication de leur nombre conduit à augmenter la consommation globale de houille. Une innovation
qui permet d'économiser une ressource peut donc in fine conduire à son épuisement plus rapide.

Questions :
1) Montrez que l'impact des voitures électriques sur l'environnement est ambigu.
2) Pourquoi l'effet rebond limite-t-il l'effet de l'innovation sur la préservation de l'environnement ?

Conclusion et ouverture : La décroissance est la solution à la crise climatique ?

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