Gile, Daniel (2005) : La Traduction: La Comprendre,: L'apprendre. Paris: Presses Universitaires de France, 278 P
Gile, Daniel (2005) : La Traduction: La Comprendre,: L'apprendre. Paris: Presses Universitaires de France, 278 P
Gile, Daniel (2005) : La Traduction: La Comprendre,: L'apprendre. Paris: Presses Universitaires de France, 278 P
2021 12:58
Meta
Journal des traducteurs
Translators’ Journal
URI : https://id.erudit.org/iderudit/1008345ar
DOI : https://doi.org/10.7202/1008345ar
Éditeur(s)
Les Presses de l’Université de Montréal
ISSN
0026-0452 (imprimé)
1492-1421 (numérique)
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giques ou régionalismes traduisant l’origine de fourni au chapitre V. Parmi ces faiblesses, on trou-
l’énonciateur) et leur inclusion ou omission selon vera notamment : 1) le défaut de voir une acception
la fonction du texte. Sous l’intitulé « La qualité de la dans son sens spécialisé, ou encore de considérer le
traduction professionnelle : les fondements » (cha- caractère polysémique d’un terme ou les nuances
pitre II), l’auteur fournit une excellente synthèse entre ses divers synonymes ; 2) le remplacement
des principes de l’approche fonctionnaliste et du de termes spécialisés indispensables par des syno-
concept de skopos en illustrant par des exemples nymes pour éviter une répétition ; 3) l’emploi de
concrets comment les diverses « fonctions commu- termes trouvés dans un contexte similaire à celui
nicationnelles centrales » (p. 42) peuvent affecter de l’original sans vérification ultérieure quant à la
les choix du traducteur. Il se penche également concordance de sens ; 4) l’omission de tenir compte
sur les fonctions de base (informer, expliquer et du destinataire ou du lectorat cible (grand public
convaincre) tout en montrant que les intentions ou spécialistes, par exemple) ; et 5) le choix d’un
du lecteur peuvent elles aussi être diverses ; dans le terme exclusivement en fonction de son nombre
domaine politique, par exemple, celles-ci consiste- d’occurrences dans Internet. Les enseignants
ront parfois à vérifier si la totalité de l’information comme les étudiants pourront profiter de cette
du texte original se retrouve dans la traduction, liste détaillée qui leur permettra de planifier plus
quelles informations ont été retenues ou la façon efficacement les stratégies de prévention de fautes.
dont celles-ci ont été présentées. Cette approche En ce qui concerne l’autoévaluation, une place lui
fonctionnaliste, outre l’influence qu’elle exerce sur est réservée dans la section du chapitre VII inti-
les décisions du traducteur, comporte l’avantage de tulée « Diagnostics et traitements individuels des
« [l]’éloigner sensiblement […] d’une stratégie de erreurs et des maladresses » (p. 213). Trois types de
correspondances linguistiques » (p. 46), observe fautes y sont examinés : les fautes de sens, les fautes
Gile. et maladresses de langue ainsi que les faiblesses
Le traducteur, surtout s’il n’est pas rompu à dans la terminologie et la phraséologie spécialisées.
l’exercice de la profession, a besoin de critères pour Pour chacune d’entre elles, l’auteur nomme les
évaluer son travail. Gile en fait une liste lorsqu’il causes les plus fréquentes et montre comment le
aborde la qualité en traduction (chapitre III). Par problème peut être abordé avec les étudiants. La
une équation mathématique, il montre que la qua- compréhension du texte original fait quant à elle
lité correspond à une somme de paramètres tex- l’objet du chapitre IV. Gile y expose les divers pro-
tuels et de paramètres extratextuels. Les premiers blèmes à l’origine d’une mauvaise compréhension,
incluent la correction linguistique, la clarté, la notamment une maîtrise de la langue de départ ou
justesse terminologique, les correspondances entre des connaissances extralinguistiques insuffisantes,
les textes d’arrivée et de départ et la présentation une mauvaise qualité du texte de départ ou des
graphique ; les seconds comptent quant à eux la fluctuations d’attention chez le traducteur.
rapidité de la traduction, son coût, la qualité du Au chapitre VI, l’auteur se penche sur le ris-
contact avec le traducteur et la disponibilité de ce que d’interférences linguistiques, lequel s’accroît,
dernier. Pour chacun des paramètres, il existe un explique-t-il, lorsque plusieurs langues actives (de
seuil minimum d’acceptabilité, rappelle-t-il. Ce production) sont en présence chez le traducteur.
qui revient à dire que l’étudiant doit apprendre En prenant appui sur le principe de la disponibilité
à répondre à chacun de ces critères jusqu’à un linguistique, il insiste également sur l’importance
certain degré et combler ses lacunes au fil de sa pour le traducteur d’entretenir et de perfectionner
formation. ses langues de travail. Pour illustrer ce principe,
Dans un souci d’ordre pédagogique, Gile a Gile recourt à un de ses outils de prédilection ;
recensé les principales fautes et maladresses des avec son « modèle gravitationnel de la disponibilité
étudiants. Faisant de nouveau appel au « modèle linguistique » (p. 184), inspiré du modèle de l’atome
séquentiel de la traduction » (chapitre IV) présenté de Niels Bohr, il montre que chaque connais-
dans son ouvrage de 1995, il suggère des moyens sance (linguistique, syntaxique ou autre) occupe
pour prévenir et corriger celles-ci. Pour éviter les une position (orbite) plus ou moins éloignée du
fautes de sens, les apprentis sont invités à analyser noyau (siège des connaissances les plus accessibles
le texte à traduire en formulant des hypothèses à au traducteur) selon sa fréquence d’utilisation.
propos de l’énoncé de départ. Pour chaque unité Pour rassurer les polyglottes, on retiendra que la
de traduction, leur jugement est mis à l’épreuve disponibilité linguistique est dynamique et que
puisqu’ils doivent déterminer si la formulation « l’utilisation d’une langue de travail est un anti-
choisie est plausible ou si des recherches ad hoc dote efficace contre son oubli » (p.186). Sur un plan
supplémentaires et une nouvelle reformulation pratique, le perfectionnement de la langue active
sont nécessaires. Un recensement intéressant des chez les apprentis traducteurs se fera efficacement,
principales faiblesses méthodologiques à l’origine de l’avis de Gile, à l’aide d’exercices d’analyses, de
de fautes et de maladresses chez les étudiants est résumés de textes et de dissertations.