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MODÈLES
ET
MANNEQUINS
(1945-1965)
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Jean-Noël Liaut

MODÈLES
ET
MANNEQUINS
(1945-1965)

filipacchi
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© 1994 — ÉDITIONS FILIPACCHI — Société SONODIP


63, avenue des Champs-Élysées - 75008 Paris

Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est interdite


sans l'autorisation préalable et écrite de l'éditeur.
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A mes parents.
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INTRODUCTION

« Il semblait que l'Europe, fatiguée des bombes, désirât des feux


d'artifice. (...) Il était rassurant de constater qu'aux fastes grossiers du
monde du marché noir succédaient peu à peu les fastes plus raffinés du
monde tout court » se rappelle Christian Dior. La haute couture,
plus que tout autre sphère de création, traduisit « cet idéal de bonheur
civilisé » cette revanche sur l'austérité imposée par près de cinq ans
d'occupation : collections « événement » à chaque saison, émergence
d'une nouvelle « aristocratie » de grands couturiers, de photographes
de mode, de coiffeurs et de mannequins-vedettes, qui donnait le ton,
créait la sensation et fut rapidement sollicitée par l'aristocratie
traditionnelle, celle de la naissance et de l'argent. Un prestige fondé
sur le talent et la présence. Très vite, la planète tout entière se prit
d'affection pour ce monde à la fois brillant, féroce, extravagant et
frivole, où l'extraordinaire devenait ordinaire... Un univers de
« chiffons » somptueux et de papier glacé, derrière lequel se cachaient
des hommes d'affaires brassant des millions, et sur qui l'intelligentsia
se pencha avec curiosité : dès 1946, Alice B. Toklas fut la première à
donner le mouvement en consacrant un essai à Pierre Balmain, A New
French Style 3, suivi de près par John Steinbeck, qui rédigea le

1. Christian Dior et moi, de Christian Dior, Le Livre Contemporain-Amiot/


Dumont, Paris, 1956, p. 51.
2. Op.cit.
3. A New French Style, d'Alice B. Toklas, illustrations de Gruau, Seido, Paris,
1946. (Traduit de l'anglais par M.Davidson).
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commentaire d'un court métrage sur le thème des collections pari-


siennes réalisé pour la télévision new-yorkaise par le grand reporter
Robert Capa.
C'est aussi à partir de la Libération que, pour la première fois, le
métier de mannequin, jusqu'alors dévalorisé par des préjugés défavo-
rables, fit rêver le grand public. Ambassadrices du prestige français,
égéries des grands couturiers et des photographes, elles étaient
censées mener une existence brillante et facile avant d'épouser un
homme célèbre!.. Un idéal de vie pour plusieurs générations de
femmes ! La marque la plus évidente de cet engouement ? Le cinéma,
bien sûr, art populaire par définition et mètre-étalon des passions et
des fantasmes : le moyen le plus accessible pour tous ceux qui
n'appartenaient pas à l'élite mondaine de pouvoir échapper à la réalité
quotidienne par le rêve. De « Cover Girl » (1944), dont le titre se
passe de tout commentaire à « Blow-Up » (1966), l'un des chefs-
d'œuvre d'Antonioni, en passant par « Falbalas » (1945), « Manne-
quins de Paris » (1956), « Funny Face » (1957), la série des « Natha-
lie » (1957 et 1959), où Martine Carol interprétait un mannequin-
vedette détective, ou bien encore « Qui êtes-vous Polly Magoo? »
(1965), la liste est loin d'être exhaustive !
Les mannequins, dont la presse se mit à commenter les moindres
faits et gestes, devinrent également le sujet de romans à succès 1 et de
documentaires télévisés. Leur prestige était si grand, qu'inévitable-
ment elles attirèrent l'attention d'hommes très en vue, aristocrates,
leaders d'opinion et artistes de renom. C'est ainsi que Fiona Camp-
bell-Walter épousa le baron Thyssen, Jean Dawnay, le prince
Galitzine, Sophie, Anatole Litvak, Eliette, Herbert von Karajan ou
Bronwen Pugh, lord Astor. L'énumération, rapidement fastidieuse
mais très significative, de ces mariages prestigieux peut facilement
remplir plusieurs pages ! Néanmoins, la palme revient incontestable-
ment à la splendide anglo-indienne Nina Dyer, qui épousa successive-
ment le baron Thyssen et le prince Sadruddin Khan ! Cependant, son
suicide, au tout début de l'été 1965, révéla pour la première fois une
1. Pour n' évoquer qu'un seul exemple de ces succès de librairie, citons Nathalie
princesse mannequin de Paris, de Franck Marshall, Librairie des Champs-Elysées,
Paris, 1956. Deux des aventures de Nathalie furent portées à l'écran (Cf. supra liste
des films).
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réalité bien plus complexe. La façade lisse et scintillante pouvait donc


se fissurer ! Au fil des ans, de nombreux autres modèles et manne-
quins allaient à leur tour être les victimes désemparées de leur propre
succès.
La seconde moitié des années 60 vit s'amorcer lentement le déclin
de la haute couture : avènement du prêt-à-porter, fin des grandes
cabines et par là même nouvelle définition du métier de mannequin 1
Cette situation traduisait les contradictions et les déchirements d'une
société en crise d'identité politique, sociale et culturelle. Tout un
mode de vie était remis en question. Jusqu'à la fin de la décennie
précédente, Paris était incontestablement la capitale culturelle de la
planète. Petit à petit, Londres et New York prirent le relais et
imposèrent une glorification outrancière de la jeunesse à travers la
musique rock, le cinéma et... la mode. Les nouveaux modèles
reflétaient ce changement de normes esthétiques : à l'idéal d'une
femme sophistiquée et adulte, succéda la vague des femmes enfants,
dont Twiggy, Penelope Tree, Marisa Berenson ou Patti Boyd étaient
les chefs de file, tour à tour cosmonautes en Courrèges, fleurs de
métal et de plastique en Rabanne, ou tout simplement « Chelsea
Girls » saines et actives, en mini-jupes de Mary Quant.

1. Voir l'avant-propos « Modèles » (p. 15).


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Première partie

MODÈLES
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AVANT-PROPOS

« Je ne suis pas près d'oublier l'une de ces spécialistes de la beauté


immobile qui voulut participer un jour à un défilé. Une démarche
raide, des bras morts, des pieds immenses. Une vraie catas-
trophe!... » se souvient Freddy, un grand mannequin cabine. Au-
delà de l'anecdote, ces mots révèlent tout le gouffre qui sépare le
travail d'un mannequin de celui d'un modèle. Dans le premier cas,
seule l'aisance des gestes, la grâce de la démarche et la capacité à
donner la vie à une robe au cours d'une présentation importent
vraiment. De nombreux mannequins cabine n'avaient ni des traits
admirables, ni un corps irréprochable. Pierre Balmain a évoqué avec
beaucoup d'humour l'une d'entre elle : « Ses jambes étaient sans
galbe, son corps parfaitement droit, sans hanches ni taille ni seins. Son
visage blafard sous une chevelure platinée était barré d'une paire
d'yeux alourdis d'un épais maquillage charbonneux sur un triple rang
de faux cils. Mais dès qu'elle marchait, le cou légèrement avancé, l'œil
mauvais, le geste presque mécanique, elle devenait l'essence même du
chic parisien » . A l'inverse, les modèles se doivent d'être avant tout
des beautés photogéniques. Visage qui accroche la lumière, silhouette
harmonieuse et sens du mouvement à l'arrêt. Bien entendu, certains
modèles fameux, et la liste est longue, de Bettina à Capucine, en
passant par Sophie, Simone d'Aillencourt, Denise Sarrault ou Ivy
1. Freddy : Dans les coulisses de la haute couture parisienne, souvenirs d'un
mannequin-vedette recueillis par Jean Carlier, Flammarion, Paris, 1956, p. 35.
2. Liane Viguié : Mannequin haute couture, Robert Laffont, Paris, 1977, pp. 8-9.
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Nicholson, furent très sollicités par les grands couturiers pour


présenter leurs collections, aussi à l'aise pendant un défilé qu'au cours
d'une séance de photo. De même, certains mannequins cabine
célèbres, comme Marie-Hélène Arnaud, Hiroko Matsumoto, Marie-
Thérèse ou Victoire firent une carrière de modèle digne des cover-
girls les plus renommées.
La photographie de mode des années 50, et de la première moitié
de la décennie suivante, possédait ses propres codes. Art majeur dès
qu'il s'agissait de grands magazines féminins ou de campagnes de
publicité pour des griffes prestigieuses... Art mineur, mais néanmoins
indispensable, quand un modèle posait pour des catalogues de vente
par correspondance, pour la presse populaire ou bien encore pour des
calendriers. Ce livre évoque uniquement leur travail dans le premier
cas de figure.
Le dénominateur commun à toutes les photos de mode destinées à
une presse haut de gamme ? La sophistication, omniprésente dans le
maquillage la coiffure, la gestuelle, les décors et, bien entendu, les
vêtements. Le comble de l'élégance au cours de cette période ?
Beauté hautaine et distinction ennuyée, à l'inverse des stars de l'écran
à la même époque, qui, à l'exception d'une Audrey Hepburn ou d'une
Kay Kendall, devaient être « sexy » de la cheville à la racine des
cheveux ! Brigitte Bardot, Sophia Loren ou Marilyn Monroe incarnè-
rent cette tendance à la perfection. Cependant, il existait autant de
degrés de sophistication que de grands modèles. Un gouffre sépare
l'allure intemporelle d'une Denise Sarrault, qui encore aujourd'hui
n'a rien perdu de sa force et reste toujours une référence, et le
panache d'une Sophie, très lié à un moment de l'histoire de la mode :
dix ans plus tôt ou cinq ans après, il est fort probable qu'elle n'eût
jamais rencontré un tel succès; elle fut avant tout la femme d'une
seule époque. Le paradoxe de ce parti pris de sophistication semble
logique. En effet, les lectrices de magazines étaient censées pouvoir se
reconnaître, et donc s'identifier à ces créatures inaccessibles. Ce qui,
bien sûr, était loin d'être le cas, même pour la plupart des richissimes
clientes des grands couturiers. Pourtant, la mode, et surtout la haute
couture, ce monde artificiel, réinventé et impénétrable, où le quoti-

1. Voir le portrait de Bettina (p. 69). Elle y évoque l'importance du maquillage.


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dien n'a aucune place, possède un pouvoir onirique irremplaçable.


Petit à petit, la notion de sophistication évolua. Poses statiques,
modèles éthérés et théâtralisation de la gestuelle au début des années
50... liberté de mouvement, grâce aérienne et décors naturels, la
décennie progressait, jusqu'à connaître l'apogée d'une femme saine et
naturelle à la fin des années 60, n'ayant plus rien de comparable à ce
qui fait l'objet de cet ouvrage.
On a souvent assimilé les modèles à des actrices. Pour certains
photographes, chaque cliché était une véritable histoire en elle-même,
drame ou comédie selon l'humour du moment. Le modèle, interprète
de ces mini-scénarios, changeait d'humeur selon l'état d'esprit requis.
Cela étant, l'élégance même des vêtements limitait sérieusement la
variété des rôles. Contrairement au travail des comédiennes, les
modèles offraient seulement quatre ou cinq stéréotypes de la femme :
la jeune fille « débutante », la femme du monde, la vamp, la jeune
femme moderne et voyageuse... chaque genre se déclinant seulement
en une ou deux variations. C'est pourquoi la « présence » des modèles
était essentielle pour personnaliser chaque photo.
De nos jours, la presse se fait l'écho du quotidien des top-models.
Le grand public a pu ainsi se familiariser avec un univers très à part,
où l'on ne parle que de « bookeurs », « press-books » et autres
« composites » . Mais quarante ans plus tôt, le phénomène des
agences était encore infime, et la plupart des « filles » organisaient
elles-mêmes leur emploi du temps, même si Eileen Ford à New York,
Lucie Clayton à Londres et, à la fin des années 50, Dorian Leigh à
Paris, géraient déjà la carrière de certaines d'entre elles. C'était une
époque beaucoup moins mercantile, où les salaires, surtout en France
et en Grande-Bretagne, étaient souvent très bas. Petit à petit, au
cours des années 60 et 70, le flou se dissipa : généralisation des
agences, tarifs précis pour chaque type de contrats, « Sed cards » (les
ancêtres des composites, inventés par un certain Sebastian Sed)... Les
modèles devinrent des femmes d'affaires gérant leurs portefeuilles
d'actions et investissant dans l'immobilier.

1. La « carte de visite » d'un modèle, où l'on retrouve une sélection de ses plus
belles photos ainsi que ses mensurations.
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ÉTATS-UNIS
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Dovima

La vie de Dorothy Juba ressemble à un conte de fées. Sur fond de


cauchemar. Le rêve américain dans toute son inhumanité. Ou,
comment une fille de policier polonais du « Queens », l'un des
quartiers pauvres de New York, devint l'incarnation idéale de
l'élégance sophistiquée des années 50, avant de sombrer dans la
déchéance et l'oubli.
Dès son plus jeune âge, Dorothy était déjà une petite fille délicate
et fébrile. Sans cesse affaiblie par quelque nouvelle maladie, elle ne
put suivre une scolarité normale et passa sept ans sans sortir de chez
elle. Peut-on imaginer destin plus singulier ? Adorée par sa mère, une
Irlandaise qui fut un temps modèle, Dorothy vécut toute cette période
dans un univers de rêves n'appartenant qu'à elle, entre peinture,
lecture et solitude. Enfance et adolescence contemplatives.
Pourtant, le monde extérieur était à portée de main. Très vite, il la
happa dans son tourbillon. En 1949, alors qu'elle se promenait sur
Lexington Avenue, une rédactrice de « Vogue » l'aborda et l'invita à
la suivre dans les bureaux du célèbre magazine. Peu après, elle
commençait sa carrière de modèle par une séance de photo avec
Irving Penn. Débuts pour le moins prometteurs. En refusant de lui
sourire pour cacher des dents qu'elle jugeait imparfaites, elle se créa,
en un instant, un personnage de beauté mélancolique et éthérée qui
sera à jamais sa griffe. Quand Penn lui demanda son nom, elle
repensa à son enfance, à toutes ces années de réclusion où elle passait
ses journées à peindre, signant ses toiles des deux premières lettres de
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ses trois prénoms : DOrothy Virginia MArgaret. Selon une autre


source, seul « Do » correspondrait vraiment à l'abréviation de son
premier prénom ; « Vi » faisait référence au mot « Victoire », un but
qu'elle s'était fixé depuis toujours, quant au « Ma », c'était un clin
d'œil plein de tendresse au mot « Maman ». Quoi qu'il en soit, c'est
ainsi qu'elle devint Dovima pour le monde entier.
En quelques mois, elle apparut sur la couverture de « Vogue »,
« Glamour », « Harper's Bazaar » et « Ladies' Home Journal ». Dès
1950, elle gagnait le salaire record, pour un mannequin-vedette, de
30 dollars de l'heure. Des lettres d'admirateurs arrivaient d'un peu
partout, la plupart étant adressées aux magazines sans nom, sa seule
photo collée sur l'enveloppe. Avec son cou de cygne, ses traits ciselés
et ses attaches fragiles, Dovima était en osmose parfaite avec
l'élégance ravageusement altière des créations de Balmain, Dior ou
Fath. Sa rémunération fut bientôt de 60 dollars de l'heure, ce qui lui
valut le surnom de « The Dollar a Minute Girl ». Elle était alors
courtisée par de nombreux hommes célèbres et séduisants, parmi
lesquels figurait Ali Khan. Un prince du Cachemire voulut l'acheter à
n'importe quel prix pour en faire la perle de son harem. On
murmurait même qu'un de ses prétendants éconduits tenta de se
pendre avec l'un de ses bas de soie. Mais Dovima les repoussa tous
avec indifférence, sans un regret.
Pendant toutes ces années, l'« homme de sa vie » fut un photo-
graphe, le légendaire Richard Avedon. Leur duo « Mentor-Egérie »
était irrésistible. Grâce à elle, il put donner à ses photos plus qu'une
gestuelle irréprochable. Il leur insuffla émotion et esprit. Leur
collaboration fut à l'origine de certaines des plus belles photos de
l'histoire de la mode. Ainsi, « Dovima et les éléphants » Prise en

1. Selon Martin Harrison, cette photo « donne enfin une forme satisfaisante à la
formule « mannequin élégant et animal encombrant », tentée sans grands résultats
par tous ses prédécesseurs. Dans les années 40, Munkacsi et Louise Dahl-Wolfe
avaient tous deux essayé d'utiliser des éléphants comme accessoires mais de façon peu
convaincante. Leur échec tenait à l'incapacité de trouver une relation entre la grâce
du modèle et la masse du pachyderme. Mais la Dovima d'Avedon, dont une main
repose nonchalamment sur la trompe de l'éléphant tandis que l'autre se tend
dédaigneusement, triomphe merveilleusement de ce délicat exercice de style. La
longue robe du soir de Dior est photographiée avec une élégance sinueuse, et les
lourds éléphants et le cuir grossier de leur peau forment un parfait repoussoir ».
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1955, à Paris, au cirque d'Hiver pendant les collections, elle repré-


sente Dovima, dans un fourreau de Dior créé par le tout jeune Yves
Saint Laurent, entre deux éléphants. Un miracle de grâce et d'équili-
bre, les deux trompes s'accordant au mouvement de ses bras dans un
effet de courbes délicates. Ce document, paru dans « Harper's
Bazaar », est très caractéristique de l'engouement de cette période
pour les photos mêlant mannequins et animaux. Ainsi, elle posa avec
un dalmatien dans une robe tachetée assortie, ou en Parisienne oisive,
habillée par Balenciaga, avec un lévrier à la terrasse des Deux-
Magots.
Aux yeux de Dovima, Avedon était un frère jumeau. Elle devinait
tout ce qu'il désirait la voir faire sans une explication de sa part.
L'imagination fertile du photographe la réinventait et la sublimait à
chaque saison. Dovima arrivant chez Maxim's en robe de P a t o u
Dovima devant les pyramides de Gizeh en cape du soir de Brooke
Cadwallader...Pour eux, la planète n'était plus qu'un immense terrain
de jeu où mettre en scène à loisir leur héroïne favorite. A tel point que
Dovima fut rapidement dans l'incapacité d'établir une limite entre
fiction et réalité. Elle devint prisonnière à part entière de son
personnage de papier glacé. Et même lorsqu'il s'agissait de passer un
après-midi avec des amis proches, il lui fallait son maquillage
impeccable de cover-girl. Dovima ne comprit jamais qu'elle pouvait
être aimée pour elle-même, et non pas seulement pour ses apparitions
éblouissantes dans les pages des magazines.
D'un point de vue professionnel, son existence était pour le moins
stimulante. La jeune femme travailla beaucoup avec Avedon, mais
elle posait également avec autant de bonheur pour Cecil Beaton,
Horst ou Henry Clarke. Ce dernier sut parfaitement pénétrer la

Martin Harrison : Apparences, Ed. du Chêne, Paris, 1992, p. 68.


Il faut également noter que cette photo parut au revers de couverture de Richard
Avedon : Photographies 1947-1977, Denoël-Filipacchi, Paris, 1978. Dans ce livre,
Avedon consacre de nombreuses photos aux grands modèles avec lesquels il travailla.
On y retrouve Dovima, bien sûr, mais également Dorian Leigh, Susy Parker, Elise
Daniels, Carmen, Sunny Harnett et Jean Patchett.
1. Cette photo parut dans « Harper's Bazaar » U.S.A. au mois d'octobre 1955
(p. 133). Ce numéro spécial « Collections-Paris » illustre bien, à travers plusieurs
dizaines de documents, le génie du duo Avedon-Dovima.
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Liane

Paris, octobre 1962. Dernier jeudi du mois. Salons de haute couture


Nina Ricci. Sur les conseils de la directrice d'une école de maintien
dont elle s'apprêtait à suivre les cours, Anne-Marie s'était finalement
décidée à se présenter chez Nina Ricci. Célèbre dans le monde entier,
tant pour ses créations que pour ses parfums, « L'Air du Temps » en
tête, la maison de couture de la rue des Capucines renouvelait sa
cabine. Le lendemain, on lui demanda de présenter un tailleur rose
shocking accompagné d'une grande capeline de paille beige devant
Jules-François Crahay, le styliste attitré. Ce dernier, après l'avoir
longuement détaillée, lui demanda d'une voix bienveillante :
« Comment vous appelez-vous, Mademoiselle ?
— Anne-Marie.
— Quelle coïncidence ! C'est justement le nom de votre robe.
J'espère qu'elle vous portera bonheur. Je vous engage. »
Bonheur, le mot était judicieusement choisi. 700 F par mois, un
modèle par collection et une façon gratuite par saison. Elle exultait.
Par la suite, elle fit l'acquisition du tailleur rose grâce auquel elle put
être, pendant deux décennies, l'un des plus grands mannequins de
Paris.

Pour Anne-Marie, l'univers précieux d'une maison de couture était


tout nouveau. Après avoir arrêté ses études, elle avait été successive-
ment apprentie dans une maroquinerie puis vendeuse-étalagiste.
Mais, naturellement sensible au raffinement et à la beauté, elle fut
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très vite adoptée par tous. Au point d'avoir le rare privilège pour une
débutante d'être invitée chez Nina Ricci à Milly-la-Forêt. De son côté,
Crahay comprenait parfaitement la personnalité de la jeune fille.
Ainsi, il lui fit rarement passer des ensembles « sport » dont l'état
d'esprit correspondait peu à son type de beauté. Grande et d'une
extrême minceur, sa peau d'une blancheur de kaolin, ses yeux
immenses d'un vert outremer et ses cheveux d'un noir d'ébène
appelaient indiscutablement l'extrême sophistication. Anne-Marie
portait donc en priorité les modèles les plus habillés, avec une
prédilection toute particulière pour le grand soir. Lors de sa première
« presse », en janvier 1963, elle présenta les vingt modèles les plus
applaudis de la collection, dont la robe de mariée, toujours très
convoitée. En l'espace d'un seul défilé, elle s'était imposée comme
star de la cabine. Débuts pour le moins exceptionnels.
Lorsqu'elle apprit le départ de Crahay, Anne-Marie décida de
partir à son tour. Bien que très heureuse d'avoir été engagée
immédiatement par Yves Saint Laurent, elle ne résista pas à la
tentation de postuler chez Dior qui recherchait alors de nouveaux
mannequins. Elle était tout à fait le type de femme élégante et racée
qui avait tant contribué à la renommée de la maison. Son entrée chez
Dior fut la date la plus importante de sa carrière.
Tout au long des cinq ans qu'elle resta avenue Montaigne, elle passa
toujours entre vingt-six et vingt-huit modèles par défilé. Elle s'enten-
dait parfaitement avec Marc Bohan, le maître des lieux. C'est lui, qui
d'ailleurs l'incita à changer de prénom. En feuilletant les pages d'un
dictionnaire, elle tomba par hasard sur le mot « Liane ». Elle l'adopta
aussitôt.
« Ce nom vous va à la perfection. Grande et mince comme vous
l'êtes, on ne pouvait trouver mieux », lui déclara Bohan, ravi.
Son statut de mannequin-vedette était incontestable. La consé-
quence logique de ce privilège se traduisait bien entendu par un travail
intense et soutenu. Elle restait souvent très tard le soir, jusqu'à ce que
Bohan soit pleinement satisfait. Liane se souvient encore d'un
essayage, quatre jours seulement avant la présentation à la presse, au
cours duquel le couturier, mettant la touche finale à une robe courte
pailletée jaune, décida soudain de réaliser le même modèle, dans un
matériau identique mais en long et en rose pâle. Aussitôt dit, aussitôt
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fait. Liane quitta le studio à l'aube. Ce genre d'impulsion était très


fréquent. Et la nouvelle robe fut, bien sûr, superbe. Lors des
collections, le monde entier se précipitait avenue Montaigne. Liane
défila devant la reine Fabiola, la princesse Grace, Sophia Loren, la
duchesse de Windsor, la vicomtesse de Ribes ou Rose Kennedy avec
qui elle partagea même un taxi au sortir d'un show. Autant de
rencontres magiques et inoubliables.
Grâce à Dior, Liane fit plusieurs fois le tour du globe, puisque la
maison organisait trois à quatre voyages d'une à deux semaines par
an. Chaque détail était minutieusement réglé avec une organisation
toute militaire. Pour son premier déplacement, un véritable périple au
Japon, Liane partit avec neuf autres mannequins, Marc Bohan, le
directeur du département haute couture, le responsable de la presse et
de la publicité et la chef de cabine. Sans oublier les « malles au
trésor », soigneusement scellées, qui contenaient les robes de la toute
dernière collection. A Tokyo, ils bénéficièrent d'un traitement de
star. Bousculade de photographes, gerbes de fleurs, limousines avec
chauffeurs et interprètes, conférences de presse, visites, dîners de
gala, défilé devant la princesse Takamatsu et... léger tremblement de
terre en prime ! Pour les besoins de son métier, elle visita beaucoup
d'autres villes, tout aussi inoubliables. Varsovie, où elle vit sa photo
haute de 3,50 m sur les murs de la capitale...Athènes où, après une
soirée dans le port du Pirée, Jacques Baeyens, l'ambassadeur de
France, la plongea toute habillée dans une piscine... Madrid, où elle
fut courtisée par Alfonso de Bourbon-Dampierre, duc de Cadix...Et
puis ce fut la Californie où elle rencontra Liz Taylor et Richard
Burton... Montréal, qu'elle atteignit à bord du célèbre paquebot
« France » aux côtés du très spirituel Peter Ustinov... Sans oublier
l'Iran où elle se rendit au moment du sacre, car la future Shahbanou
avait choisi la maison Dior pour créer sa robe de cérémonie, présentée
par Liane. Les tenues des princesses et des dames d'honneur étaient
elles aussi signées Bohan... Un véritable kaléidoscope d'images, de
couleurs et d'émotions. Plus tard, alors qu'elle était devenue « man-
nequin-volant », elle voyagea pour Balmain, Lanvin ou Léonard avec
le même plaisir, essayant toujours d'éviter les traditionnels et soi-
disant « obligés » circuits touristiques. Cela a d'ailleurs parfois été à
l'origine de situations pour le moins périlleuses. C'est ainsi qu'un jour,
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à Nairobi, elle assista, dans un quartier dangereux de la ville, à


l'assassinat d'un homme qui fut poignardé dans l'indifférence géné-
rale !
Petit à petit, le style de Marc Bohan évolua. Il se mit à préférer des
femmes plus petites, plus naturelles et accessibles, avec des cheveux
courts et un air androgyne. Après cinq années de bonheur chez Dior,
Liane dut se résoudre à partir. Elle collabora successivement avec
Hubert de Givenchy et Jean-Louis Scherrer, mais ne retrouva réelle-
ment sa place de mannequin-vedette qu'une fois entrée chez Chanel
sur la demande de Lilou Marquand. Liane adorait « Mademoiselle »,
et eut même l'insigne bonheur d'être accueillie à bras ouverts par cette
dernière dans sa villa de Lausanne. Elle fut d'ailleurs le dernier
mannequin avec lequel Gabrielle Chanel travailla deux jours avant sa
mort. Après sa disparition, Liane resta dans la maison jusqu'en juin
1974, date à laquelle elle décida de ne plus faire que du « volant ».
En 1982, après vingt ans de métier, Liane se retira sans un regret.
Elle appartenait à cette génération de mannequins qui avait droit à
deux tenues haute couture par collection, et dont le seul prénom était
une référence pour la plupart des grands couturiers. Lorsqu'elle mit
un terme à sa carrière, le mot sophistication avait perdu tout son sens,
et les « filles » devaient se satisfaire des modèles boutique à prix
réduits ! Dans ces conditions, il était préférable de tout arrêter. Cinq
ans plus tôt, alors qu'elle attendait son deuxième enfant, on lui avait
demandé d'écrire ses mémoires Pendant de nombreuses années,
Liane avait beaucoup parlé avec les couturiers et le personnel des
maisons de couture ; elle avait appris à voir, à écouter, et son
témoignage était d'une grande valeur pour un éditeur. Dans son livre,
elle raconte ses souvenirs sans rien omettre... Défilés, voyages,
rencontres, mais aussi l'hypocrisie et la cruauté inhérentes à l'univers
de la haute couture. Aujourd'hui, libérée de toute obligation profes-
sionnelle depuis plus de dix ans, Liane se consacre entièrement à
l'éducation de ses trois enfants, Laurent-David, Deborah et Audrey
nés de son mariage avec l'industriel Edmond Cohen.

1. Liane Viguié : Mannequin haute couture, Ed. Robert Laffont, Paris 1977.
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Jeanne Lanvin-Antonio del Castillo

Jeanne Lanvin, qui débuta comme arpète chez Suzanne Talbot, se


rendit célèbre, dès la fin de la Première Guerre mondiale, pour ses
toilettes dites « de style », inspirées par la robe à paniers du
XVIII siècle. L'antithèse de la mode « Garçonne » qui faisait alors
fureur. Elle fut tout à la fois couturier de prestige, décoratrice — elle
lança le « bleu Lanvin » lors de l'installation du théâtre Daunou —
collectionneuse d'art et, bien entendu, créatrice de parfums. « My
Sin » (1925), « Arpège » (1927), « Sandal » (1931), « Rumeur »
(1934) et « Prétexte » (1937) furent tous de grands succès. Très
influencée par la personnalité de sa fille, Marie-Blanche de Polignac,
musicienne et grande amie du compositeur Nadia Boulanger, Jeanne
Lanvin habilla la poétesse Anna de Noailles aussi bien que l'actrice
Yvonne Printemps, l'élite culturelle et mondaine du Paris de l'entre-
deux-guerres. Toutes ses clientes étaient inconditionnelles de ses
robes du soir à taille basse savamment brodées, dont la jupe ample
s'arrêtait à la cheville.
A sa mort, en 1946, sa fille présida aux destinées de l'empire
familial. Quatre ans plus tard, elle choisit le couturier espagnol
Antonio del Castillo comme directeur artistique. Ce dernier, qui
depuis 1945 dessinait les collections de haute couture Elizabeth Arden
à New York, sut préserver le « style Lanvin », délicatement classique,

1. En 1960, quatorze ans après la disparition de Jeanne Lanvin, la maison lança un


nouveau parfum, « Crescendo ».
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tout en y apportant une touche d'extravagance très hispanique, que


l'on retrouvait par exemple dans son goût immodéré pour la dentelle.
A tel point qu'un jour, lorsque la direction lui demanda de proposer
plus de modèles pratiques et portables, comme des tenues de sport, il
accepta, tant bien que mal, avant d'ajouter dans un soupir :
« Ce serait tout de même tellement plus joli en dentelle. »
Après son départ, en 1963, lui succédèrent des personnalités de
sensibilité aussi différente que Jules-François Crahay, fort de son
succès chez Nina Ricci, Maryll Lanvin, ancien mannequin-vedette
maison et femme de Bernard Lanvin, Claude Montana, le plus
visionnaire de tous nos couturiers, et enfin Dominique Morlotti,
célèbre pour le raffinement de ses créations « Christian Dior Mon-
sieur ». 1993 fut une date charnière pour la maison Lanvin, puisque la
nouvelle direction décida d'abandonner provisoirement le départe-
ment « haute couture » afin de recentrer ses activités sur le prêt-à-
porter. Ce choix illustre parfaitement les difficultés spectaculaires que
rencontrent actuellement les maisons de couture parisiennes.
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Viviane Porte-Deblème

De 1958 à 1968, Viviane Porte-Deblème fut non seulement la


star des défilés Castillo, jusqu'en 1963 pour la maison Lanvin, puis
dès l'année suivante pour sa propre griffe, mais aussi l'un des
mannequins « volants » les plus recherchés de sa génération. De
Pierre Balmain à Philippe Venet, tous les grands couturiers firent,
un jour ou l'autre, appel à elle pour les représenter. On put
également la voir dans les pages de « Harper's Bazaar » et de
« Vogue », photographiée par Avedon, Faurer ou Hiro, ainsi qu'à la
télévision américaine dans des spots publicitaires réalisés pour des
firmes aussi prestigieuses que Revlon. Rarement mannequin fut tant
sollicité.
A dix-huit ans, Viviane devint, tout d'abord, assistante d'une
acheteuse aux Galeries Lafayette. C'est là qu'un photographe du
studio Harcourt, situé au rez-de-chaussée, lui demanda de poser pour
lui. Premiers contacts de la jeune fille avec le métier de modèle. A
peine quelques jours plus tard, les photos de Viviane furent choisies
pour orner, sous forme d'affiches, tous les murs du grand magasin lors
des fêtes de Noël. Son premier mari, enchanté par le succès de cette
campagne de publicité, lui suggéra de persévérer dans cette voie, en se
présentant dans une maison de couture. Elle semblait faite pour ce
travail. Viviane, bien qu'anxieuse à l'idée de passer moins de temps
avec son fils Frédéric, suivit son conseil. Pour Balmain et Heim, elle
était encore trop jeune et inexpérimentée pour faire partie de leur
cabine. On lui demanda de patienter un peu. Elle eut alors l'intuition
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d'aller chez Lanvin, où les deux assistants en titre, Philippe


Guibourgé et Dominique Toubeix, l'aidèrent à se préparer avant
d'être introduite auprès d'Antonio del Castillo, le styliste maison
depuis 1950. Lorsque, enfin, il pénétra dans les salons, Castillo, qui
était ce jour-là d'une humeur massacrante car il venait de renvoyer
l'un de ses mannequins préférés depuis près de sept ans, se dérida
immédiatement :
« J'adore votre port de tête ! Vous restez avec nous ! »
Bien que Viviane n'ait été engagée que huit jours avant le défilé de
la nouvelle collection, le couturier décida de lui faire passer une
dizaine de robes. C'est dire le crédit spontané qu'il lui accordait. Une
saison plus tard, il lui confiait, tout comme il le fit pour chaque show
auquel elle participa, vingt-cinq à trente modèles. Dès les débuts de
leur complicité professionnelle, ils se comprirent sans même échanger
un mot, et elle devint rapidement sa collaboratrice favorite. Castillo
s'exprimait dans un mélange de français et d'espagnol incompréhensi-
ble pour la plupart de ses proches. Or personne n'aurait osé lui faire
répéter ce qu'il venait de dire. Seule Viviane s'était parfaitement
habituée à sa manière de communiquer. Elle servait donc volontiers
d'interprète entre le « Maître » et le reste du monde, ce qui lui valut
une reconnaissance éternelle de tout le personnel.
Ils étaient si proches que Castillo ne voulait qu'elle pour présenter,
à chaque nouvelle presse, « Granada », sa tenue fétiche, qui était
toujours l'une de ses célèbres robes en dentelle de Chantilly.
L'équivalent du passage « N° 5 » pour Mademoiselle Chanel ou du
cœur de pierres précieuses pour Yves Saint Laurent. Tout au long de
leurs années Lanvin, Viviane porta ses modèles les plus inspirés, dont
les robes « goutte d'eau » de la collection automne-hiver 1960-61,
caractérisées par un buste menu, s'arrêtant haut sur une taille serrée
et une jupe en forme de poire. Mais leurs rapports ne se limitaient pas
au seul travail. Le créateur l'invitait souvent à dîner dans son
appartement de style Charles IV, rue de Constantine, ainsi que dans
sa propriété de Valdemoro, en Espagne.
1. De tous les assistants d'Antonio del Castillo, c'est Oscar de La Renta que
Viviane préféra. « Il est superbe, talentueux, adorable, un vrai gentleman. C'était un
ami merveilleux et cette rencontre demeure le plus beau souvenir de mes années
haute couture. »
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Lorsque, en 1963, Castillo ouvrit sa propre maison de couture,


grâce au soutien financier d'amies comme Gloria Guinness ou
Barbara Hutton, Viviane n'hésita pas une seconde à le suivre. Touché
par son amitié et sa loyauté, il se surpassa, au cours des quatre années
qui allaient suivre, pour sa protégée. Elle présenta, avec toujours
autant de bonheur, ses modèles combinant deux prototypes de
vêtements, déjà expérimentés avec succès chez Lanvin, tels que les
« manteaux-robes » , le « pant-jupe » ou les « robes-tailleurs », mais
également des imprimés « dalmatien » ou « aquarium », ses pre-
mières robes du soir enroulées asymétriques, des « robes de patio »
ou bien encore des « robes de bistrot », destinées, selon les propres
mots du couturier, au crépuscule...Mais si l'on ne devait garder qu'un
seul passage de Viviane en Castillo, ce serait incontestablement son
apparition dans une robe du soir en organza « bleu invisible » brodée
de dix mille perles.
Après un an et demi de travail exclusif pour Lanvin, Viviane, tout
en restant fidèle à Antonio del Castillo, eut envie d'abandonner le
cadre d'une seule maison de couture. Plutôt que de la voir le quitter
définitivement, le couturier accepta toutes ses conditions. Une
doublure, un contrat de dix jours (défilé le jour de la « presse » et
pendant les neuf jours suivants, pour les acheteurs), et enfin, seule
présence obligatoire, un mois et demi de « pose » avant la collection,
et uniquement le matin ! Tout cela en gardant le privilège de choisir un
modèle par collection et son salaire de mannequin-vedette. Avec un
tel emploi du temps, elle se retrouva soudainement libre la plus
grande partie de l'année. Dans le microcosme de la haute couture
parisienne, les nouvelles vont très vite. Viviane, que tout le monde
avait admiré en tant qu'égérie de Castillo, fut immédiatement
demandée par les autres couturiers, ainsi que par la Chambre
syndicale de la haute couture. Pour cette dernière, et, ce grâce à la
célèbre baronne Dangel, organisatrice des manifestations à l'étranger,
Viviane fit le tour du globe. Elle représenta bien évidemment Lanvin-
Castillo, mais également Christian Dior, pour qui elle ne travailla
jamais à Paris, Hubert de Givenchy ou Philippe Venet. Certains
couturiers, comme Jacques Griffe, Guy Laroche, Mademoiselle
Carven, Pierre Balmain ou bien encore Mademoiselle Chanel, la
réclamaient pour une « presse », des photos ou un reportage télé.
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D'autres enfin, ce fut le cas de Madame Grès, attendaient que Viviane


soit dégagée de toutes contraintes professionnelles afin qu'elle puisse
les accompagner, pour un défilé, à New York ou à Gstaad. Mais loin
de limiter ses activités à la seule haute couture, elle collabora aussi
avec des coiffeurs de renom, comme Alexandre et les sœurs Carita,
ainsi qu'avec tous les grands fourreurs, tels que Chombert, Kotler,
Mendel et Révillon.
Au milieu de ce tourbillon d'activités, Viviane trouva également le
temps de devenir modèle. Il faut dire que Diana Vreeland, en
personne, lui avait demandé, à l'issue d'un défilé Lanvin, de venir aux
Etats-Unis afin de poser pour « Bazaar ». Une fois à New York, elle
fut prise sous contrat par « Plaza Five », l'agence créée par D o v i m a
La rédaction du « Vogue » américain refusant toute suprématie de
leur éternel rival, fit également très souvent appel à elle. Mais Viviane
préférait de loin l'effervescence d'un défilé à l'ambiance plus statique
des studios de photo. Lorsque Dovima lui proposa de travailler pour
la télévision, à la demande de Revlon et des grands joailliers de la
5 Avenue, elle fut donc enchantée. La jeune femme eut par là même
un rapport privilégié avec l'industrie du luxe américain. En 1965, elle
fut même consacrée « meilleur mannequin » de l'année lors d'une
remise de prix à Las Vegas. Cela donne aisément une idée de sa
popularité dans ce pays.
Comme beaucoup de grands mannequins, Viviane connut égale-
ment une expérience cinématographique. Depuis toujours, on la
comparait à une version française et couture de Greta Garbo. A tel
point qu'une photo d'elle, prise dans un night-club à New York,
apparut le lendemain en première page d'un quotidien, accompagnée
de la légende suivante: «Garbo aurait-elle une fille?» La
« Divine », intriguée par tant de publicité, l'invita même chez elle ! Il
n'est donc guère étonnant que Viviane ait été contactée par un agent
hollywoodien pour apparaître en 1961, dans un remake de « Back
Street », mis en scène par David Miller, aux côtés de Susan Hayward
et Vera Miles.
En 1968, la Chambre syndicale de la haute couture la sollicita afin
qu'elle remplaçât la baronne Dangel. Viviane accepta sans l'ombre

1. Voir le portrait de Dovima (p. 21).


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d'une hésitation, ravie à l'idée de changer à nouveau de rôle. Elle


organisa des manifestations de prestige à l'étranger, en collaboration
avec le Comité Colbert, tout en supervisant, à Paris, le tournage de
nombreux films sur la haute couture. Dans ses souvenirs, Liane
Viguié, autre mannequin célèbre, évoque un séjour en Argentine,
qu'elle fit, grâce à Viviane.
« Dix maisons effectuaient ce voyage, avec chacune à leur tête un
splendide mannequin. Viviane a toujours eu un goût bien précis, et
chaque couturier était toujours très bien représenté lorsqu'elle
choisissait une " volante Elle-même avait une classe folle, de la
" gueule " comme on dit, et elle voulait que les filles fussent à son
image : non seulement belles mais qu'elles en jettent. J'ai souvent
comparé Viviane à Garbo : une beauté très spéciale, que l'on ne
trouve pas à tous les coins de rue. Pour moi, elle était magnifique, et
avec cela d'une drôlerie et d'une gaieté avec un rire inimitable et
communicatif qui ajoutaient à son charme. Tel était donc notre
" maître de ballet " pour ce voyage à Buenos Aires » .
En 1973, à la naissance de ses jumeaux, Léopold et Pierre-Edouard,
issus de son second mariage avec un chirurgien-dentiste, Viviane
décida de rompre momentanément avec le monde de la haute
couture. Un peu plus tard, elle se lança dans le journalisme de mode,
en travaillant pour le magazine « Rare Choice », tout en continuant
d'organiser, de temps à autre, des défilés pour ses amis couturiers.
Enfin, depuis quelques mois, elle donne, tous les dix jours, dans un
établissement thermal de Contrexéville, des cours de « look ». Jamais
professeur ne fut mieux choisi.

1. Liane Viguié : Mannequin haute couture, Ed. Robert Laffont, Paris, 1977,
pp. 274-275. , .
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Bibliographie sélective

Couturiers

OUVRAGES GÉNÉRAUX

Jouve, Marie-Andrée et Demornex, Jacqueline : Balenciaga, Ed. du


Regard, Paris, 1988.
Marquand, Lilou : Chanel m'a dit, Ed. Jean-Claude Lattès, Paris, 1990.
Giroud, Françoise et Van Dorssen, Sacha : Christian Dior, Ed. du Regard,
Paris, 1987.
Guillaume, Valérie : Jacques Fath, Ed. Paris-Musées/Adam Biro, Paris,
1993.
Pierre Balmain : 40 années de création, Musée de la Mode et du Costume,
Palais Galliera, Ed. Paris-Musées, Paris, 1985.
Pierre Cardin Past Present and Future, with an introductory essay by Valerie
Mendes, Dirk Nishen Publishing, London/Berlin, 1990.
Givenchy : 40 ans de création, Musée de la Mode et du Costume, Palais
Galliera, Ed. Paris-Musées, Paris, 1991.

TÉMOIGNAGES DE COUTURIERS

Balmain, Pierre : My Years and Seasons, Doubleday, New York, 1965.


Dior, Christian : Je suis couturier, Ed. du Conquistador, Paris, 1951.
Dior, Christian : Christian Dior et moi, Le Livre Contemporain-Amiot/
Dumont, Paris, 1956.
Schiaparelli, Elsa : Shocking Life, (quelques pages seulement sur l'après-
guerre et les années 50), J.M. Dent & Sons, London, 1954.
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Modèles et mannequins

OUVRAGE GÉNÉRAL

Castle, Charles : Model Girl, (du début du siècle à la fin des années 70),
David & Charles, LtD, 1977.

TÉMOIGNAGES D E MODÈLES E T MANNEQUINS

Bettina : Bettina p a r Bettina, Ed. Flammarion, Paris, 1964.


Dawnay, Jean : Model Girl, Weidenfeld & Nicolson, London, 1956.
Freddy : Dans les coulisses de la haute couture parisienne, souvenirs d'un
mannequin-vedette recueillis par Jean Carlier, Ed. Flammarion, Paris,
1956.
Leigh, Dorian : The Girl Who Had Everything, (with Laura Hobe),
Doubleday, New York, 1980.
Lucky : Présidente Lucky, mannequin de Paris, souvenirs recueillis par
Odette Keyzin, Ed. Fayard, Paris, 1961.
Praline : Praline mannequin de Paris, Ed. du Seuil, Paris, 1951.
Shrimpton, Jean : My Own Story : the Truth about Modelling, Bantam
Books, New York, 1965.
Shrimpton, Jean : An Autobiography, (with Unity Hall), Ebury Press,
London, 1990.
Thurlow, Valerie : Model in Paris, Robert Hale, London, 1975.
Viguié, Liane : Mannequin haute couture, Ed. Robert Laffont, Paris,
1977.

Photographie de mode

OUVRAGES GÉNÉRAUX

Devlin, Polly : Vogue : photographies de mode 1920/1980, Ed. du Fanal,


Paris, 1980.
Harrison, Martin : Apparences, la photographie de mode depuis 1945, Ed.
Le Chêne, Paris, 1992.

PHOTOGRAPHES

Avedon, Richard : Photographies 1947-1977, Ed. Denoël-Filipacchi, Paris,


1978.
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Beaton, Cecil : 50 ans de collaboration avec Vogue, photographies, dessins,


chroniques, Ed. Herscher, Paris, 1986.
Dahl-Wolfe, Louise : A Photographer's ScrapBook, St. Martin's/Marek,
New York, 1984.
Lawford, Valentine : Horst, his Work and his World, Alfred A.Knopf, New
York, 1984.
Parkinson, Norman : Lifework, Weidenfeld & Nicolson, London, 1983.
Penn, Irving : En Passant, Ed. Nathan Images, Paris, 1991.
Sieff, Jeanloup : Demain le temps sera plus vieux, photographies 1950-1990,
Ed. Contrejour, Paris, 1990.
L'Elégance des années 50 photographiée par Henry Clarke, Ed. Herscher,
Paris, 1986.
John French Fashion Photographer, compiled and edited by Valerie
D. Mendes, published by The Victoria & Albert Museum, London, 1984.

La presse et la mode

Carter, Ernestine : With Tongue in Chic, Michael Joseph, London, 1974.


Woolman Chase, Edna et Chase, Ilka : Always in Vogue, Doubleday, New
York, 1954.
Dubois-Jallais, Denise : La Tzarine Hélène Lazareff et l'aventure de Elle, Ed.
Robert Laffont, Paris, 1984.
Snow, Carmel et Aswell, Mary : The World of Carmel Snow , McGraw-Hill
Book co., New York, 1962.
Vreeland, Diana : D.V, Alfred A.Knopf, New York, 1984.
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INDEX

A ACHARD, Marcel, 158. ARSAC, Guvlaine, 63.


AGNELLI, Marella, 60, 99. ASTAIRE, Fred, 24, 90.
AILLENCOURT, Simone d', 15, ASTOR, lord, 10, 154.
40, 65-67, 81, 91, 121. ASTRID, 122.
ALAIA, Azzedine, 73. AVEDON, Richard, 22-23, 25, 34-
ALBOUY, 76. 36, 40, 47, 50, 66, 115, 117, 158,
ALEXANDRE, 159, 202. 179, 182, 199.
ALIX, 28.
ALLA, 85, 136, 174, 179-184. B B.TOKLAS, Alice, 9.
ALLEN, Woody, 78. BABILEE. Jean, 167.
ALPHAND, Nicole, 155. BADINTER, Robert, 36.
AMERICA, Paul, 44. BADRUTT, Andrea, 99.
AMIES, Hardy, 65. BADRUTT, Caprice, 99.
ANDRE, François, 153. BAEYENS, Jacques, 195.
ANDREBRUN, 76. BAILEY, David, 113-115,117,120.
ANDRESS, Ursula, 78. BAKER, Tom, 43.
ANGELE, 174. BAKST, Léon, 155.
ANNE, 179. BALENCIAGA, Cristobal, 23, 29,
ANTONIONI, Michelangelo, 10. 30, 39, 47, 49, 54, 60, 90,
ARBUS, Diane, 92. 103, 133-137, 146, 159.
ARCANGUES, Guy d', 165-166, BALKIN, Serge, 35.
168. BALLARD, Bettina, 47.
ARCANGUES, Michel d', 166- BALMAIN, Pierre, 9, 15, 22, 34,
168. 47, 54, 71, 76, 83, 85, 127,136,
ARCANGUES, Mimi d', 163, 165- 139-154, 162, 188, 195, 199, 201.
168. BALTHUS, 186.
ARDEN, Elizabeth, 41, 197. BARDOT, Brigitte, 16, 100, 139.
ARGYLL, duc d', 100. BARODA, maharani de, 42.
ARGYLL, duchesse d', 166. BARON, Carmen, 186.
ARMSTRONG-JONES, Tony, BARZINI, Benedetta, 44.
103. BEATLES, 115.
ARNAUD, Marie-Hélène, 16, 122, BEATON, Cecil, 23, 35-36, 84, 97-
163, 166, 169-171, 188. 98, 103, 107, 111, 115, 171.
ARSAC, Guy, 41, 76, 123, 142. BECKER, Jacques, 76.
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BEGUM, la, 42. CAMPBELL Nigel, 104.


BEISTEGUI, Carlos de, 24. C A M P B E L L - W A L T E R , Fiona,
BEJART, Maurice, 121. 10, 60, 97-100.
BELLERIVE, 92. CANADA FURS, 76.
BENAZERAF, José, 67. CANDY DARLING, 44.
BENNETT, Helen, 28. CAPA, Robert, 10, 48-49, 184.
BENNISON, Geoffrey, 117. CAPRIOGLIO, Nino, 90.
BERARD, Christian, 82, 155. CAPUCCI, Roberto, 91.
BERENSON, Marisa, 11, 44. CAPUCINE, 15, 59-60, 75-79, 81,
BERGE, Pierre, 66, 189. 129, 145.
BERGEN, Candice, 116. CARDIFF, Jack, 77.
B E R G H A U E R , Henry, 159. CARDIN, Pierre, 65, 87, 91, 127,
BERGMAN, Ingrid, 86. 137, 155-159, 179, 188.
BERNADET, père, 142. CARIBE, 167.
BERTHE, 83. CARITA, soeurs, 90, 158, 202.
BETTINA, 15, 42, 57-58, 60, 69-73, CARNE, Marcel, 146.
81, 83-85, 121, 145. CAROL, Martine, 10.
BIJOU, 129. CARON, Leslie, 186.
BIKI, 58, 85-86, 182. CARRE, Marguerite, 174.
BIRKIN, Jane, 123. C A R R E R A , Barbara, 56.
BISMARCK, Mona, 133. CARTER, Ernestine, 106.
BLUMENFELD, Erwin, 27-28, 35, CARTIER-BRESSON, Henri, 48,
41, 66, 69. 72.
BOCCIONI, Umberto, 30. CARVEN, mademoiselle, 201.
B O G A R D E , Dirk, 77. CASTILLO, Antonio del, 179, 197-
BOHAN, Marc, 91, 183, 189, 194- 201.
196. CASTLE, Charles, 106.
BONHEUR, Gaston, 188. CATHALAN, Jean-Claude, 159.
B O U D R E A U , Henriette, 87. CHANEL, Gabrielle, 47, 50, 52,
BOULANGER, Nadia, 197. 73, 93, 108, 161-171, 188, 196,
BOULTING, Enid, 37, 120. 200-201.
B O U R B O N - D A M P I E R R E , Al- CHAPLIN, Charlie, 149, 173.
fonso de, 195. CHARISSE, Cyd, 139.
BOURDIN, Guy, 41, 115. CHARON, Jacques, 75.
BOUSQUET, Marie-Louise, 186. CHARRAT, Janine, 69.
BOUSSAC, Marcel, 173. CHAUMONT, 127.
BOYD, Patti, 11, 104. CHAZOT, Jacques, 86, 141.
BRADLEY, 109. CHEN YU, 182.
BRAGA, Ruben, 167. CHEVALIER, Jean, 69, 72, 76.
BRICARD, Mitza, 174, 186. CHEVALIER, Maurice, 171.
BROOKS, Louise, 158. CHOMBERT, 202.
BROUET, Claude, 65, 123. CHOW, Tina, 134.
BRUNHOFF, Michel de, 185. CHRISTIE, Julie, 115.
BRUYERE, 146. CLAIRE, 174.
BUCK, Pearl, 35. CLARKE, Henry, 23-24, 35, 39,
BUFFET, Annabel, 158. 41, 49, 53-54, 59, 66-67, 69, 76,
BUFFET, Bernard, 158. 84, 90, 97-98, 103, 105-106, 109,
BURTON, Richard, 195. 115, 187.
CLAYTON, Lucie, 17, 65, 97, 113.
C CACOYANNIS, Michel, 116. CLEMENT, Jean, 141.
CADWALLADER, Brooke, 23. COCTEAU, Jean, 155.
CALLAS, Maria, 102. COFFIN, Clifford, 84, 103.
CALLOT Soeurs, 127. COLETTE (écrivain), 40, 171.
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COLETTE (mannequin), 89. D O U T R E L E A U , Pierre, 190.


COLLINS, Joan, 99. DOVIMA, 21-25, 40, 202.
CONNOLLY Sybil, 105, 108-109. DRECOLL, 127.
COOPER, Gary, 51. DULMEN, Mike de, 184.
CORTESE, Valentina, 86. DUNAWAY, Faye, 56.
COSTET, Jacques, 69-70. DUNNE, Philip, 51.
COURREGES André, 11. DUX, Pierre, 156.
COWARD, Noël, 103. DYER, Nina, 10, 98.
COX, Michael, 117.
CRAHAY, Jules-François, 193- E EASTMAN, Carol, 55.
194, 198. EDEN, Anthony, 108.
CRAWFORD, Joan, 52, 149. EDWARDS, Blake, 78.
CRESPI, Consuelo, 99, 133. E G O R O V A , princesse, 28.
CROISSET, Philippe de, 85. ELIA, Fouli, 115.
CROY, Odile de, 155, 163, 165. ELIZABETH II, reine, 87, 135.
CUEVAS, marquis de, 42, 166. ENDFIELD, Cyril, 112, 116.
CUKOR, George, 77.
CUNNINGHAM, Pat, 65.
CURIE, Marie, 161. FABIOLA, reine, 195.
CYNTHIA, 127. FATH, Jacques, 22, 47-50, 52, 57-
58, 70-72, 76, 82-85, 120,147-148.
D DAHL-WOLFE, Louise, 27, 182. FAURER, Louis, 199.
DALI, Saldador, 114. FAWZIA, princesse, 42.
DANGEL, Dan, 139, 151, 201-202. FELLINI, Federico, 78.
DAUDET, Alphonse, 175. FELDMAN, Charles, 77.
DAWNAY, Jean, 10, 34, 42, 104. FENN, Gene, 98.
DAY, Josette, 155. FERAUD, Louis, 179.
DEBORAH, 189. FIDELIA, 174, 189.
DELANNOY, Jean, 146. FINI, Léonor, 40.
DELRIEU, Hélène, 157. FITZGERALD, Elsa, 114.
DELUBAC, Jacqueline, 158. FONDA, Jane, 78.
DEMONGEOT, Mylène, 171. F O N S S A G R I V E S - P E N N , Lisa,
DERUJINSKI, 66. 27-31, 47, 120.
DICKINSON, Angie, 77. FORD, Eileen, 17, 24, 66.
DIETRICH, Marlène, 78, 91, 134, FRANCE, 174.
137, 139, 156, 174. F R A N C H O M M E , Gisèle, 163,
DILLMAN, Bradford, 52. 165.
DIOR, Christian, 9, 22, 34, 47-49, FRANÇOISE, 189.
65,70-71,76,85,88,91,101,106, FREDDY, 15.
112, 115, 127, 136, 146, 155, 162, FRENCH, John, 66, 98, 102-104,
173-187, 194, 196, 198, 201. 106, 113, 115, 120, 159.
DMYTRYK, Edward, 78. FRODING, Gustaf, 30.
DOISNEAU, Robert, 98.
DOLORES, 127. G GABIN, Jean, 78, 88.
DOMINIQUE, 88. GALITZINE, Irène, 99.
DONATI, Jean-Claude, 183. GALITZINE, prince, 10.
DONEN, Stanley, 24, 51. GANDHI, Mahatma, 173.
DONNER, Clive, 78. GARAT, Jeanne, 151.
DONOVAN, Terence, 104. GARBO, Greta, 56, 91, 122, 202-
DORE, Gustave, 155. 203.
DORMER, Richard, 69, 90, 98, GARDNER, Ava, 39.
103, 105-107, 120. GENEVIEVE, 141, 151.
DOSTOIEVSKI, Fiodor, 30. G E O R G E L , 82.
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GERNREICH, Rudy, 44,115,190. HOYNINGEN-HUENE, George,


GIGI, 151. 27-28.
GILBERTO, Joao, 167. HUNEBELLE, André, 171.
GINSBERG, Allen, 43. HUTTON, Barbara, 201.
GIROUD, Françoise, 73.
GIUDICELLI, Tan, 93. I IBSEN, Henrik, 30.
GIVENCHY, Hubert de, 41, 49-50, INA, 120, 122.
54, 57-61, 72, 76, 79, 85, 87, 89- INGRES, Jean A. D., 59.
90, 93, 127, 137, 159, 179, 196, INTERNATIONAL VELVET, 44.
201. ITALIE, reine Marie-José d', 139,
GOALEN, Barbara, 101-104, 106, 142.
120.
GOITSCHEL, Marielle, 190. J JACKY, 60.
G R A C E , princesse, 99, 195. JACOBSON, les, 190.
GRANT, Cary, 51, 149. JAFFE, Rona, 52.
GRECE, roi et reine de, 183. JEAN-LOUIS, 77.
GRES, madame, 71, 88, 202. JEANMAIRE, Zizi, 189.
GRIFFE, Jacques, 201. JOBIM, Antonio Carlos, 167.
G U I B O U R G E , Philippe, 200. JOFFE, Constantin, 35.
GUINNESS, Dolores, 60, 99. JOHNSON, Betsey, 44, 190.
GUINNESS, Gloria, 134, 201. JOHNSON, Beverly, 179.
GUNNING, Anne, 105-109, 120. JONES, Paul, 116.
J O U H A N D E A U , les, 142.
H HABSBOURG-LORRAINE, Karl J O U R D A N , Louis, 52.
de, 100. JOUVET, Louis, 87.
HALSMAN, Philippe, 99. JURDENS, Curd, 77.
HAMMOND, Celia, 104. JUVENAL, 67.
HARNETT, Sunny, 24.
HARRISON, Noël, 86. K KARAJAN, Eliette von, 10.
HARRISON, Rex, 78. KARAJAN, Herbert von, 10.
HARTNELL, Norman, 112, 127. KELLY, Gene, 89.
HATHAWAY, Henry, 77. KENDALL, Kay, 16, 103.
HAYWARD, Susan, 78, 202. KENNEDY, Rose, 195.
HAYWORTH, Rita, 82, 149. KENNINGTON, Jill, 122.
HEARST, madame, 93. KEROUAC, Jack, 43.
H E A T H E R , 189. KERR, Deborah, 51, 86.
HEIM, Jacques, 49, 66, 199. KHAN, Ali, 22, 82.
HEMINGWAY, Ernest, 34. KHAN, Sadruddin, 10.
HEPBURN, Audrey, 16, 24, 54, KHANH, Emmanuelle, 190.
60-61, 79, 89-90. KLEIN, William, 41, 66, 107, 115,
HERMES, 81-82. 187.
HERVIEU, Lucette, 81. KOOPMAN, Toto, 28.
HIBBLE, Margaret, 153. KOTLER, 202.
HIRO, 187, 199. KOUKA, 60, 93.
HOCKINGS, Jennifer, 55, 104. KRAMER, Maryse, 88.
HOLDEN, William, 77-78, 89. KUBLIN, Tom, 66, 87, 142, 153.
HONEYMAN, Don, 101.
HOPKINS, Myriam, 86. L La MARGE, Nicole de, 121.
HORNE, Lena, 89. La RENTA, Oscar de, 140.
HORST P. HORST, 23, 27-28, 33, La SALLE, Pierre de, 49, 52, 84.
35, 50, 66, 69, 84, 98, 101, 108. La SALLE, René Robert Cavelier
HORVAT, Frank, 66. de, 49.
HOSSEIN, Robert, 170. LAFAURIE, 127.
LAGERFELD, Karl, 143. MARINA, 139.
LANVIN, Bernard, 198. MARLBOROUGH, duc de, 188.
LANVIN, Jeanne, 88, 179, 195, MARQUAND, Christian, 84.
197, 199-202. MARQUAND, Lilou, 167, 196.
LANVIN, Maryll, 198. MARQUIS, Jean, 71.
LARKING, major, 145. MARRIOTT, Lady, 174.
LAROCHE, Guy, 170, 179, 201. MARSAY, Michel, 148.
L A W R E N C E , Thomas Edward, MARTINEZ de HOZ, madame,
109. 174.
LAZAREFF, Hélène, 48, 86, 122, MARTY, 190.
158. MATHIEU, Mireille, 190.
LAZAREFF, Pierre, 86. MATISSE, Henri, 59.
LEAF, Peggy, 28. MATSUDA, Katsuko, 179.
LEAUD, Jean-Pierre, 159. MATSUMOTO, Hiroko, 16, 91,
LEBEL Holmès, 50. 122, 156-159, 179, 188.
LECOMTE, Germaine, 76, 148. MAUD et NANO, 76.
L E G R O U X Soeurs, 76. MAUSSABRE, marquis de, 183.
LEIGH, Dorian, 17, 33-38,47,122. MAUVIETTE, 185.
LEIGH, Vivien, 139. MAYWALD, Willy, 27, 69, 183.
LEITER, Saul, 66. McCARTNEY, Paul, 123.
LELONG, Lucien, 28,70,127,139, McLAUGHLIN, Frances, 98.
145-146. MECKS, Anouchka von, 42.
LEONARD, 195. MEERSON, Harry, 182.
LE QUELLEC, Rose-Marie, 120. MELLON, Bunny, 133.
LEUSSE, Claude de, 163, 165, 167. MENDEL, 202.
LEVIN, Sam, 76. MERCEDES, 92.
LIA, 174. MERINDOL, Paule de, 163, 189.
LIANE, 193-196, 203. MICHALS, Duane, 92.
LIPPE, Teresa de, 98. MILES, Vera, 202.
LITVAK, Anatole, 10, 86. MILLER, David, 202.
LITVAK, Sophie, 10, 15-16, 57-60, MINNELLI, Vincente, 171.
81-86. MISTINGUETT. 137.
LOPEZ-WILLSHAW, Patricia, 99. MITTERRAND, Jean-Gabriel, 69.
LOREN, Sophia, 16, 195. MOLYNEUX, Edward, 127, 135,
LOUISE, 70, 82. 139, 147, 151.
LUCKY, 82, 129, 136, 174. MONCADA, comte, 89.
LUD, 28. MONCADA, Joan, 89.
LUNA, Donyale, 44, 179. MONET, Claude, 24.
MONROE, Marilyn, 16, 87.
M MACHADO, China, 60, 93, 179. MONTANA, Claude, 198.
MALGAT, François, 86. MONTESQUIOU-FEZENSAC,
MALLARME, Stéphane, 30. duchesse de, 134.
MALLET, Tania, 104. MONTEZ, Maria, 83.
MALMBORG, Astrid, 28. MOON, Sarah, 92.
MANGANO, Silvana, 88. MOORE, Dudley, 114.
MANKIEWICZ, Joseph L., 78. MOORE, Henry, 30.
MANSFIELD, Jayne, 51. MOORE, James, 92.
MARAIS, Jean, 155, 171. MORAES, Vinicius de, 167.
MARCUS, Neiman, 174. MORAND, Paul, 161.
MARCUS, Stanley, 83. MOREAU, Jeanne, 158.
MARGARET, princesse, 174, 188. MORLOTTI, Dominique, 198.
MARIE-THERESE, 16, 139, 141- MORSE, Joan « Tiger », 44.
143, 151. MORTENSEN, Erik, 140, 151.

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