Geolregio 1 40
Geolregio 1 40
Geolregio 1 40
ii
Table des matières
Avant-propos ii
4 L’évolution de l’atmosphère 52
4.1 L’atmosphère primitive : date et durée de sa formation . . . . . . . 53
4.2 Quelques contraintes sur l’atmosphère et les environnements passés 54
4.2.1 Les sources d’informations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
4.2.2 L’eau et les températures de surface . . . . . . . . . . . . . . 54
4.2.3 Concentrations des principaux gaz dans l’atmosphère . . . . 57
4.2.4 L’atmosphère terrestre du passé à l’actuel . . . . . . . . . . 63
4.3 De l’atmosphère primitive à l’atmosphère Archéenne . . . . . . . . . 65
4.3.1 Précipitation et recyclage de carbonates . . . . . . . . . . . 65
4.3.2 Dissolution dans un “océan magmatique” . . . . . . . . . . . 66
4.4 De l’atmosphère Archéenne à l’atmosphère moderne . . . . . . . . . 67
4.4.1 Le retard de croissance d’O2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
4.4.2 Un changement de style tectonique ? . . . . . . . . . . . . . 70
4.4.3 Stable ou instable ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
4.5 Les fluctuations de l’atmosphère actuelle . . . . . . . . . . . . . . . 74
4.5.1 Les cycles orogéniques/rupture des continents . . . . . . . . 74
4.5.2 D’autres changements tectoniques . . . . . . . . . . . . . . . 74
4.5.3 Les évolutions de la biosphère . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
4.5.4 Paramètres non liés à la composition de l’atmosphère . . . . 76
4.5.5 Des rétroactions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
iv
Table des matières
v
Table des matières
vi
Première partie
2.1.1 Caractéristiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.3.1 Caractéristiques générales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
3.2.2 Des blocs rigides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
4.5.1 Les cycles orogéniques/rupture des continents . . . . . . . . . . . 74
4.5.2 D’autres changements tectoniques . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
Archéen
Primaire
Tertiaire
Protérozoïque
4,56 Ga 4,1 Ga 2,5 Ga 0,6 Ga 0 Ga
Pendant longtemps (jusque dans les années 1950, voire 1960), le reste de l’histoire
de la Terre était presque ignoré, parce qu’il ne présentait pas de fossiles. On re-
1 Dates et lieux
3
oldest age so far obtained on terrestrial material (Figure 4.15). However, it
must be noted that many detrital zircons from Jack Hills and Mont Narryer
in Australia already gave a great variety of ages ranging between 4.3 and
4.0 Ga (Froude et al., 1983; Compston and Pidgeon, 1986; Cavosie et al.,
2004), which demonstrates that Hadean crust existed but also that it devel-
oped and grew all along Hadean times.
• Zircons predominantly crystallize in granitic (s.l.) melts, so it can be
1 Dates et lieux
reasonably concluded that granitoids already formed at 4.4 Ga. This
conclusion is reinforced by the presence, into the zircon crystals of
Comme le montre la carte figure 1.3, il existe quelques dizaines de blocs archéens
dans le monde. A côté de quelques terrains “privilégiés”, la poignée de régions
évoquées au dessus, il existe des dizaines de provinces plus mal connues, étudiés
seulement par une poignée de géologues. Au hasard des projets de recherche de tel
ou tel groupe, l’une ou l’autre de ces provinces peut gagner une gloire momentanée
dans la littérature : ce fût le cas, par exemple, du bouclier baltique (Finlande),
étudié par l’équipe de Rennes dans les années 80 ; ou du craton indien de Dharwar
(Rennes et Clermont–Ferrand, années 90–2000), pour ne citer que des exemples
français.
Il est remarquable de noter que les débats et controverses sur l’Archéen se basent,
en général, sur aussi peu d’exemples, et que les géologues essayent de généraliser
à partir de 4 ou 5 cas . . . bien heureux, encore, quand on n’essaye pas d’appliquer
à la totalité d’une période durant près de 2 Ga le modèle dévelopé dans “son”
terrain !
4
1 Dates et lieux
180 90 0 90 180
31
4
60 32 1 6
30 33 34 2
5
7
29 3
28 8
23 22
17
27 18
0 21
26 20 15
25 19
16 10
9
14 11
13
24
12
60
Fig. 1.3: Répartition géographique des grandes provinces archéennes d’après Condie (1981)
et Goodwin, (1991). Les terrains archéens affleurant sont en noir alors que ceux recouverts
par des formations sédimentaires, ou encore déformés au Protérozoïque, sont figurés en gris.
(1) Bouclier baltique ; (2) Bouclier écossais ; (3) Bouclier ukrainien ; (4) Bouclier d’Anabar ;
(5) Ceintures baïkale du Sayan et du Yienisei ; (6) Bouclier d’Aldan ; (7) Cratons Sino-coréen,
du Tarim et du Yangtze ; (8) Bouclier indien ; (9) Complexes de Litchfield, Rul Jungle and
Nanambu ; (10) Bloc de Pilbara ; (11) Bloc de Yilgarn ; (12) Complexe de Napier ; (13)
Craton du Kaapvaal ; (14) Craton du Zimbabwe ; (15) Bloc de Zambie ; (16) Craton kasaï ;
(17) Craton centre africain ; (18) Bloc éthiopien ; (19) Craton du Chaillu ; (20) Complexe
Camerounais du N’tem ; (21) Bouclier de Man ; (22) Bouclier touareg ; (23) Bouclier de
Reguibat ; (24) Massifs du Rio de la Plata et de Luis Alves ; (25) Craton du Sã o Francisco ;
(26) Craton de Guapore ; (27) Bouclier guyanais ; (28) Province du Wyoming ; (29) Province
du Supérieur ; (30) Groupe de Kaminak ; (31) Bloc de Committe Bay ; (32) Province de
l’Esclave ; (33) Bouclier du Labrador ; (34) Bouclier groenlandais. (Martin, 1994)
Les terrains les mieux connus sont d’abord les trois plus anciens : le Sud-Ouest
du Groenland (Isua), formé à partir de 3.8 Ga ; le craton du Pilbara en Australie-
occidentale, et celui du Kaapvaal en Afrique du Sud, construits à partir de 3.5 Ga.
La majeure partie des cratons sont cependant plus récents et se sont formés vers
2.7 Ga, à la fin de l’Archéen. On connaît, par exemple, assez bien la province du
Yilgarn en Australie ou la très grande Province du Supérieure canadienne.
5
1 Dates et lieux
6
1 Dates et lieux
qui ne connaissent que peu d’activité géologique d’origine profonde (ce qui ne les
empêche pas d’être fracturés, recouverts de sédiments, de laves, etc.). Ce sont
sans doute des blocs protégés par une épaisse racine lithosphérique, réfractaire et
froide, qui empêche la déformation de la lithosphère, et limite les processus dans
le manteau sous-cratonique.
Entre les cratons se trouvent des “ceintures mobiles”, c’est à dire des zones, à
l’inverse, très métamorphisées (en faciès granulite en général), partiellement fon-
dues, fortement déformées. Les ceintures mobiles marquent la limite entre différents
fragments de cratons, qui sont soudés le long de ces structures : il s’agit donc, pro-
bablement, des racines de chaînes de montagnes anciennes. Mais ces régions ne
présentent pas que des similarités avec les chaînes de montagnes modernes (pas
d’ophiolites, pas ou peu de preuves de sutures océaniques, pas ou peu de méta-
morphisme de haute pression), si bien qu’on peut s’interroger sur la nature des
processus orogéniques du Protérozoïque. Quoi qu’il en soit, les arguments paléo-
magnétiques indiquent sans équivoque l’existence de mouvements relatifs entre des
blocs rigides à cette période.
Parfois, les magmas basiques, probablement piégés dans des niveaux particuliers
de la croûte, forment des complexes basiques plutoniques. Ils dévellopent alors des
litages complexes, qui témoignent de processus d’évolution de la chambre magma-
tique.
7
1 Dates et lieux
1
L’unité de temps habituelle est le milliard d’années, Ga
2
grosses enclaves d’orthogneiss dans des roches plus jeunes
3
Valeurs δ 13 C négatives, comme en produisent les êtres photosynthétiques actuels
4
La photosynthèse existait donc dès cette époque, même si l’atmosphère restait réductrice et
pauvre en O2 .
8
Bibliographie
Bibliographie
H. Martin, F. Albarède, P. Claeys, M. Gargaud, B. Marty, A. Morbidelli, and D.L.
Pinti. Building a habitable planet. In M. Gargaud, P. Claeys, P. Lopez-Garcia,
H. Martin, T. Montmerle, R. Pascal, and R. Reisse, editors, From suns to life,
Earth, Moon and Planets, pages 97–151. Springer, 2006.
9
2 Quelques roches précambriennes
typiques
a plupart des roches que l’on trouve dans les terrains précambriens n’ont en fait
L rien de spécial ; ce sont des granites, des laves (basaltiques ou rhyolitiques), ou
encore des sédiments détritiques. La spécificité du Précambrien vient de quelques
aspects :
– Les roches qui sont manquantes : éclogites, schistes bleus (et andésites dans
l’Archéen) ;
– Les proportions des différents types de roches : les carbonates par exemple
existent, mais sont rares à l’Archéen ;
– Les structures et les dispositions des roches (cf. chapitre 3 ;
– Les quelques types de roches qui, quand même, n’existent que (ou surtout) dans
le Précambrien.
Trois types de roches, typiquement précambriennes, méritent d’être décrites avec
un peu plus de détails :
– Les orthogneiss gris, sodiques, appelés “TTG” (tonalites–trondhjémites–granodiorites).
Ce sont les roches plutoniques les plus communes de l’Archéen, puis elles se ra-
réfient progressivement durant le Protérozoïque, et sont virtuellement absentes
au Phanérozoïque.
– Un groupe de laves ultra-mafiques, les komatiites. Elles sont assez communes
à l’Archéen et disparaissent peu à peu, pour devenir exceptionnelles après 2.0
Ga1 .
– Des sédiments chimiques, les “BIF” (Banded Iron Formations”. Très abondants
au début du Protérozoïque, ils sont présents dans l’Archéen, et se raréfient à
partir de 2.0 Ga environ.
1
Il en existe quand même un exemple crétacé sur l’île de Gorgona, dans le Pacifique
2 Quelques roches précambriennes typiques
Fig. 2.1: Trondhjémites du pluton de Stolz- Fig. 2.2: Gneiss TTG très déformés de Sand
burg, 3.45 Ga, région de Barberton River, environ 3.1 Ga, près de Musina, Lim-
popo Belt
Le socle des cratons archéens (70 à 80 % du volume) est formé d’un complexe de
“gneiss gris”. Il s’agit d’orthogneiss, généralement polyphasés et déformés, souvent
migmatitiques.
2.1.1 Caractéristiques
Ces gneiss sont bien caractérisés à la fois au plan minéralogique et chimique (Mar-
tin, 1994) :
a. Minéralogie
11
2 Quelques roches précambriennes typiques
K
Q
Tdh
CA
CA
Tdh
Ab Or Na Ca
b. Eléments majeurs
La chimie des éléments majeurs donne des résultats similaires : les TTG sont des
granitoïdes riches en Na et pauvres en K (ce qui est marqué par leur enrichissement
en plagioclase et l’absence de feldspath alcalin), avec des rapports K/Na < 0,5.
Ce sont des granitoïdes metalumineux (A/CNK ≈ 1) ; leur Mg# est de 0,4 à
0,5. On retrouve là aussi la même opposition avec les granitoïdes calco-alcalins
contemporains (K/Na > 0,7).
c. Eléments en traces
Les teneurs en éléments en traces sont également caractéristiques. Une des plus
évidentes caractéristiques des TTG est leur spectre de terres rares très fractionné
(La/YbN = 30–50), avec un enrichissement marqué en terres rares légères (LaN
= 50–100) et, à l’inverse, de très faibles teneurs en terres rares lourdes (YbN =
1–5). Ces roches ne présentent pas d’anomalie en Eu. A l’inverse, rappelons que les
granitoïdes calco-alcalins actuels ont des spectres de terres rares moins fractionnés,
avec un moindre enrichissement en terres rares légères, des terres rares lourdes plus
abondantes (YbN > 10) et une anomalie négative en Eu bien marquée.
Dans une moindre mesure, les autres éléments en trace ont aussi des teneurs ca-
ractéristiques (Sr/Y > 50 ; etc.)
12
2 Quelques roches précambriennes typiques
LaN
YbN Average
Archaean TTG
Average
post 2.5 Ga
100
150 100 granitoid
ROCK / CHONDRITES
10 10
100 A B
1 1
La Ce Nd SmEu GdTb Dy Er Yb Lu La Ce Nd SmEu Gd TbDy Er Yb Lu
50
0
0 4 8 12 16 20 (YbN)
(La
Fig. 2.4: Comparaison des valeurs Yb) et YbN pour les TTG archéennes (noir), et les
N
granites juvéniles post-archéens (blanc). Ces variables permettent de quantifier la forme des
spectres de terres rares (encart). Ce diagramme montre une opposition forte entre les deux
types de magmas (Martin, 1994).
2.1.2 Pétrogenèse
La pétrogenèse des TTG est maintenant bien contrainte, à la fois par des études
géochimiques et de pétrologie expérimentale. Les principaux arguments géochi-
miques utilisés sont synthétisés ici :
Le magma primitif de l’ensemble des gneiss TTG peut être considéré comme une
tonalite dont il est possible de remonter à la source :
– Les rapports isotopiques des TTG sont proches de ceux du manteau (I(Sr) =
0,701–0,703 ; N d = +4 à -3). Ceci implique, soit une source mantellique, soit
une source qui ne s’est séparée du manteau que peu de temps avant la formation
des TTG.
– Les rapports Na/K élevés suggèrent une source présentant déjà de telles carac-
téristiques (basalte).
13
2 Quelques roches précambriennes typiques
❵ MANTLE
Stage 1 PM
❵ THOLEIITE
Stage 2 PM
Residue
Stage 3
❵ Hbl+Grt+Cpx+Ilm±Pl TONALITIC MAGMA
FC
Fig. 2.5: Modèle pétrogénétique pour la for-
Cumulate
mation des TTG (Martin, 1994). PM : fu-
T.T.G. SUITE
Hbl+Ilm±Pl sion partielle ; FC : cristallisation fraction-
née.
14
2 Quelques roches précambriennes typiques
Fig. 2.6: (a-c) : Diagrammes de Harker représentant des liquides expérimentaux (“TTG
melts”) obtenus par fusion partielle de basaltes (“Basalt”). Les basaltes se situent sur une
ligne entre les TTG et les éclogites, ce qui confirme que les éclogites peuvent être considérées
comme les restites de la fusion partielle du basalte. (d-f) : Même diagramme, utilisant des
basaltes et des TTG de Sierra Leone (Rollinson, 1997).
15
2 Quelques roches précambriennes typiques
(a)
(c)
(d)
(b)
(e)
Fig. 2.7: Sites géodynamiques possibles pour la formation de magmas TTG. (a) Fusion dans
une croûte océanique subductée, subduction fortement pentée. (b) Fusion de basaltes sous-
plaqués dans une zone de subduction. (c) Fusion dans une zone de subduction moins pentée
(la fusion a lieu dans une zone plus large). (d) Empilement d’écailles de croûte océanique,
et fusion à la base de cette pile. (e) Fusion à la base d’un plateau océanique intra-plaque
16
2 Quelques roches précambriennes typiques
P HAS
A
kbars AND C
Ta TOK E AN
CH
30 AR
20 Z
G
H
10
Tr Dry solidus
5% water solidus
0
0 200 400 600 800 1000 1200 TC
Fig. 2.8: Diagramme P–T indiquant les solidus sec et hydraté des basaltes, ainsi que les
réactions de déshydratation de la croûte plongeante (A, C, Ta, Z, H, Tr). Le champ de
stabilité du grenat (G) est aussi indiqué. Des TTG ne se forment que si le basalte peut
fondre avant de se déshydrater, dans le champ de stabilité du grenat, c’est à dire dans le
champ gris. Alors que le géotherme le long d’une plaque subductée archéenne traverse ce
champ, il n’en va pas de même pour les géothermes actuels (pointillés) (Martin, 1994)).
17
2 Quelques roches précambriennes typiques
N Latitude S
A Tmy>15
5<Tmy<15
B
0<Tmy<5
Nazca Chile ridge
Plate - 40° -
South
American
Plate Volcanic gap
- 50° -
Antarctic Yb N
Plate Trench or
0 5 10 Y/2.4
Fig. 2.9: Formation des adakites dans le Sud du Chili. La carte de gauche indique l’âge (qui
est directement relié à la température) de la lithosphère qui entre en subduction. Quand elle
est assez jeune (< 15 Ma), les magmas formés à l’aplomb de la subduction présentent des
valeurs YbN faibles, caractéristiques des adakites (à droite). Ceci démontre qu’une lithosphère
assez jeune et chaude peut fondre, à l’inverse d’une lithosphère plus vieille, qui ne peut que
se déshydrater (Martin, 1999).
Les études plus récentes sur les TTG ont amené à s’apercevoir que ce nom recouvre
en fait une variété bien plus grande que ce que l’on imaginait. Plusieurs subtilités
sont le sujet de discussions en ce moment :
– Certaines des TTG présentent des teneurs en Ni, Cr et des Mg# nettement
supérieures à celles des TTG typiques ; les données expérimentales de Rapp
et al. (2000) montrent que de telles roches peuvent se former en faisant interagir
un magma issu de la fusion partielle de basaltes hydratés avec des péridotites.
Si on revient un moment aux adakites, il s’avère que les adakites naturelles ont
systématiquement des Mg#, Ni et Cr plus élevés que les magmas expérimentaux
de fusion des basaltes, ce qui suggère l’implication du manteau dans leur genèse
(réactions métasomatiques lors de la montée de ces magmas ?).
Il semble donc possible que certaines des TTG au moins aient interagit avec
le manteau (ou en tout cas des roches ultra-basiques) lors de leur ascension :
de telles interactions peuvent facilement s’envisager dans un contexte de sub-
duction chaude (Martin and Moyen, 2002), ou plus exactement, dans n’importe
quel contexte où du basalte fond (dans le champ de stabilité du grenat) en des-
18
2 Quelques roches précambriennes typiques
sous d’un morceau de manteau (cf. figure 3.7 page 47 pour un autre modèle
géodynamique répondant à ces contraintes).
CaO % MgO %
8 4
6 3
4 2
2 1
0 0
50 60 70 SiO2 % 50 60 70 SiO2 %
Fig. 2.10: Comparaison entre les compositions des adakites (cercles noirs) et celles des
TTG (champ grisé). Alors que ces compositions sont analogues pour la majorité des élé-
ments (exemple de CaO, à gauche), les teneurs en éléments de transition des adakites sont
significativement plus élevées que celles des TTG (MgO, à droite). Ceci est interprété comme
une preuve d’interactions entre les magmas adakitiques et le manteau sus-jacent. De telles
interactions pourraient avoir existé à l’Archéen (Martin, 1999).
– Dans certaines TTG les données isotopiques suggèrent l’implication d’une an-
cienne croûte continentale (Berger and Rollinson, 1997). Les données géoch-
miques (éléments en traces) sur les TTG du Pilbara (Champion and Smithies,
2007) suggèrent aussi qu’une partie de ces roches se soient formées à partir
de sources déjà continentales. Certaines TTG reflèteraient donc le recyclage de
croûte déjà existante plutôt que des nouveaux apports, et se seraient donc for-
mées au sein de blocs continentaux déjà évolués.
– Enfin, la compilation de données expérimentales sur la formation de liquides
TTG (par fusion de basaltes) montre une opposition fondamentale, entre les
tonalites (liquides de relativement haute teméprature, et basse pression), et
les trondhjémites (basse température, mais haute pression). Je pense que ces
deux composants, qui ne se trouvent normalement pas mélangés dans un pluton
donné, reflètent des conditions géodynamiques différentes (Moyen et al., 2007).
Ainsi, si les TTG présentent globalement une certaine homogénéité sans doute
liée à des processus pétrogénétiques similaires, il existe des différences chimiques
de détail à l’intérieur de cette famille, reflétant des différences de sources ou de
genèse. La signification de ces différences, qui commencent à être reconnues en
différents lieux, ainsi que leur interprétation en terme de contexte de formation,
reste à établir !
Selon les conclusions auxquelles on arrive quant au site de formation des TTG,
on voit qu’on va en tirer des conséquences très différentes sur la géodynamique de
l’Archéen. Opposer, par exemple, les modèles de Moyen et al. (2007) et Bédard
(2006).
19
2 Quelques roches précambriennes typiques
Tonalite
Solidus Trondhejmite
Plag out
Granodiorite
Amp out
Gt in Granite
40
35
High-P melting
30
25
P (kbar)
20
15
20
2 Quelques roches précambriennes typiques
Fig. 2.12: Affleurement de komatiites en Abi- Fig. 2.13: Texture spinifex (niveau A2) dans
tibi, Province du Supérieur, Canada (photo : les kiomatiites d’Abitibi (photo : C. Nicollet,
C. Nicollet, http://christian.nicollet. http://christian.nicollet.free.fr/).
free.fr/). Il est formé d’un empilement de
coulées, maintenant verticales (la région est
fortement plissée).
Une des lithologies les plus typiques des ceintures de roches vertes est représen-
tée par des assemblages de roches volcaniques, basiques (basaltes tholéitiques) ou
ultrabasiques (komatiites). Les komatiites sont des laves ultra-mafiques, dont le
minéral dominant est l’olivine. Comme leur nom l’indiquent, elles ont été définies
près de la rivière Komati, en Afrique du Sud dans la région de Barberton (Viljoen
and Viljoen, 1969) (elles ont près de 3.5 Ga à cet endroit). Même dans ces assem-
blages, les komatiites sont un composant mineur, les laves les plus abondantes sont
des basaltes, éventuellement un peu plus magnésiens que la normale.
21
2 Quelques roches précambriennes typiques
Fig. 2.14: Coupe idéalisée dans une coulée de komatiites (Arndt, 1994). Description dans
le texte.
Les textures des komatiites sont des textures liées à un refroidissement rapide
(éruption à haute température, surtout en milieu aquatique).
Les spinifex sont des dendrites de croissance, c’est à dire des minéraux qui ont
grandi très vite, probablement dans un milieu en surfusion. Elles grandissent à
partir d’un germe. Lorsqu’une coulée de komatiite se met en place à la surface, elle
est à des températures plus élevées que son liquidus et se trouve en surfusion. La
partie externe fige immédiatement en une croûte gelée. A partir de cette croûte,
des dendrites d’olivine grandissent ; elles grandissent plus vite dans des directions
22
2 Quelques roches précambriennes typiques
Fig. 2.15: Différents aspects des textures des komatiites. (a) : bordure figée d’une coulée ;
(c) à (e) : texture spinifex ; (f) : cumulat à olivine. Les cristaux d’olivine apparaissent de
couleur claire sur ces photographies (Arndt, 1994).
23
2 Quelques roches précambriennes typiques
Al-undepleted Al-depleted
SiO2 48.20 46.11
TiO2 0.34 0.77
FeO(T) 8.58 5.47
MnO 0.17 0.17
MgO 23.94 25.01
CaO 7.08 9.24
Na2 O 0.60 0.07
K2 O 0.05 0.01
P2 O5 0.02 0.03
Tab. 2.1: Compositions chimiques de deux exemples de komatiites (référence inconnue).
Les caractéristiques majeures des komatiites sont leur nature basique (SiO2 < 50%),
et magnésienne (MgO > 25%). Seule une source ultra-basique (manteau) permet
de former des laves aussi mafiques. Les faibles teneurs en éléments incompatibles
(K2 O par exemple) et les fortes teneurs en MgO montrent que le taux de fusion
était important, entre 30 et 60 %.
Les komatiites sont des magmas secs (bien que quelques travaux évoquent des
komatiites riches en eau, mais peu de personnes semblent convaincues). Pour at-
teindre à sec un tel taux de fusion, il faut faire fondre le manteau à des tempé-
ratures élevées (températures potentielles2 du manteau de 1600–1800˚C, ce qui
correspond à 1900–2000˚C vers 200 km de profondeur).
2
La température potentielle du manteau est une température “corrigée de la pression”, c’est
à dire la température que ce manteau aurait en surface si il se décomprimait de façon adiabatique
24
2 Quelques roches précambriennes typiques
Fig. 2.17: Température nécessaire pour former des laves magnésiennes dans le manteau
(Lesher, 2006, Penrose meeting. Présentation disponible à http://www.utdallas.edu/
~dxt038000/PlateTectonics/presentations.htm)
25
2 Quelques roches précambriennes typiques
Comme le montre la table 2.1, il existe en fait deux types différents de komatiites,
différenciées par des teneurs en Al2 O3 différentes. On parle de “komatiites appau-
vries en Al” ou “komatiites non appauvries en Al”. L’appauvrissement en Al (qui
est corrélé à des plus faibles teneurs en Y, Yb, etc.) montre que ces liquides ont
coexisté avec des minéraux qui ont piégé Al et les terres rares lourdes, c’est à dire
avec du grenat : il s’agit donc de roches formées en équilibre avec du grenat.
Si tout le monde s’accorde sur cette observation, les implications en terme de
conditions de fusion, et de dynamique du manteau, sont moins concordantes. En
effet, trois paramètres affectent la présence ou non de grenat au résidu :
– La composition du manteau lui-même (plus ou moins alumineux) ;
– La profondeur (le grenat est stable entre environ 30 et 100 km de profondeur) ;
– Le taux de fusion (plus la réaction de fusion progresse, et plus le grenat est
détruit).
Différents modèles font appel à des combinaisons de ces trois effets pour expliquer
les différences entre les komatiites.
a. Le manteau archéen
3
C’est à dire à des températures réelles qui varient avec la profondeur mais peuvent atteindre
2000˚C.
26
2 Quelques roches précambriennes typiques
b. Implications géodynamiques
Les komatiites sont un composant mineur, mais fréquent des ceintures de roches
vertes, en particulier de leur base (niveaux les plus anciens). Il semble donc que les
points chauds aient été communs, voire systématiques à l’Archéen, et que l’évolu-
tion de la majeure partie des fragments préservés ait débuté dans un tel contexte.
La fin de l’Archéen
D’après les données sur l’évolution séculaire des laves magnésiennes (figure 2.19),
il semble qu’il existe une différence fondamentale entre les conditions dans le man-
teau à l’Archéen et ensuite : les données préservées semblent montrer une différence
importante entre la situation pré- et post-2.5 Ga (du moins, en supposant que les
27
2 Quelques roches précambriennes typiques
28
2 Quelques roches précambriennes typiques
98 % des BIF sont formés entre 2.5 et 1.9 Ga : c’est donc une formation principa-
lement paléo-protérozoiïque. Les BIF sont formés de bandes de minéraux riches en
fer (oxydes, carbonates, etc.) interstratifiées avec des bandes de cherts (sédiments
siliceux orthochimiques), de silicates de fer ou de carbonates. Les couches font
généralement de 5 mm à 3 cm d’épaisseur.
4
Pour certains auteurs, “taconite” désigne des dépôts ou le fer est sous forme de magnétite,
alors qu’il est sous forme d’hématite dans les autres termes.
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BIFs can be mineralogically complex and include oxide, carbonate, silicate, and sulfide minerals
(Figure 1). Texturally, they are distinctive in having a finely-laminated appearance, with rhythmic
bedding being common. Soft-sediment deformation features are common. BIFs are often
subdivided into different facies, which appear to represent different redox conditions under which
the ores were deposited (Figure 2). Oxide facies rocks are dominated by hematite and magnetite
(Fe3+ present) whereas carbonate faciesroches
2 Quelques are moreprécambriennes is Fe2+) and sulfide facies is more
reduced (all irontypiques
2+ 0
reduced still (Fe and Fe ). Silicate facies minerals carry across all three of these other facies.
Fig. 2.21: Minéraux dans les BIF (source inconnue), dans deux représentations différentes
Les faciès à oxydes se sont formés dans des conditions oxydantes (hématite) à fai-
blement réductrices (magnétite), dans des milieux agités (présence d’oolithes) ;
sans doute proche de la surface du bassin.
– Faciès à carbonates : le fer forme de la sidérite FeCO3 . Les bandes non ferreuses
sont des cherts.
Ce faciès nécessite des conditions très
1 of 4réductrices, sous forte pression partielle
de CO2 ; par exemple le fond de bassins océaniques riches en matière organique
)cf. figure 4.11 page 61).
– Faciès à silicates : les minéraux porteurs du fer sont des silicates de fer :
– grunérite (ortho-amphibole, Fe7 Si8 O22 (OH)2 ) ,
– minnesotaite (phyllosilicate, (Fe2+ , Mg)3 Si4 O10 (OH)2 ),
– stilpnomélane (phyllosilicate, K(Fe2+ , Mg, Fe3+ )8 (Si, Al)12 (O, OH)27 ∆n(H2 O)),
– glauconite ( phyllosilicate (K, Na)(Fe3+ , Al, Mg)2 (Si, Al)4 O10 (OH)2 ).
Les conditions redox pour former ce faciès sont relativement indifférentes (sou-
vent, il est associé à de la magnétite, ce qui donne d’autres informations). En
revanche la teneur en CO2 doit être faible.
– Faciès à sulfides : le minéral porteur du fer est la pyrite, Fe2+ S2 . On trouve
souvent de la matière organique associée.
Ces faciès se forment en conditions très réductrices, près de sources de souffre
(par exemple parties profondes de bassins, avec des bactéries produisant H2 S)
A l’exception des faciès à silicates, on a donc un gradient régulier, depuis des faciès
assez oxygénés (faciès à oxydes), jusque vers des faciès totalement réduits (faciès
à sulfides) ; cette séquence correspond probablement à des faciès de plus en plus
profonds, de la côte au centre d’un bassin.
30
2 Quelques roches précambriennes typiques
Fig. 2.22: Conditions chimiques (degré d’oxydation et pH) permettant de former les dif-
férents faciès de BIF (Boggs, 2001). A gauche, champs de stabilité des différentes espèces
minérales et du fer en solution ; à droite, conditions de dépôts envisageables pour les différents
faciès correspondants.
On distingue deux types principaux de BIF (et des types mineurs) : le type “lac
Supérieur”, et le type “Algoma” (Gross, 1980).
Ces dépôts sont associés aux ceintures de roches vertes archéennes ; ils sont connus
depuis le début de l’Archéen (Isua, 3.8 Ga), et disparaissent vers la fin de l’Ar-
chéen (2.6 Ga). Il s’agit de petites formations, rarement plus épaisses que quelques
dizaines mètres et plus longue que quelques kilomètres. Tout les faciès sont repré-
sentés. Ces BIF se trouvent dans des unités où elles sont associées à des formations
volcaniques ou volcanodétritiques, ou encore à des dépôts hydrothermaux (baryte
BaSO4 ). Les textures oolithiques sont rares.
31
2 Quelques roches précambriennes typiques
Fig. 2.23: Un exemple de bassin sédimentaire à BIF (type Algoma) : le bassin de Michipi-
coten, ca. 2.73 Ga (Ontario, Canada). Une bande de BIF, présente au milieu de la séquence,
The cause of deposition is still unclear, despite decades of research. Bacteria may have played
montre une claire succession de faciès de la côte vers le centre.
an important role in deposition of oxide and silicate minerals, but exactly the extent of that role is
uncertain. It is noteworthy that during the time of deposition of Superior-type BIFs, the atmosphere
of the earth was changing from an oxygen-poor to oxygen-rich state, and this is thought to have
played a significant role in genesis of oxide BIFs. Iron is quite soluble in reduced form, but
b. Dépôts duoxide
insoluble in type
form,“lac Supérieur”
thus with free oxygen being available as a dissolved component of the
oceans, any reduced iron present would have become oxidized and precipitated as hematite or
magnetite. Carbonate facies BIF may have been deposited as cold deep seawater upwelled onto
shallow, warm continental shelves.
C’est le type de gisement de certains es plus grands gisements de fer du monde :
The unoxidized ores (taconites) are generally processed by crushing, magnetic separation, and
Supergroupe du Transvaal (Afrique du Sud), Hamersely Ranges (Australie), cou-
baking with a clay binder for shipment to the steelmaking centers. Virtually all of the iron produced
verture indethe la
US Province dutaconite
comes from this Supérieur (Canada).
processing. Earlier in theOn trouvesome
last century, cesextremely
dépôtshigh-
au début
grade ores were mined in the weathered outcrops above the present-day taconite mines. These ores
du Protérozoïque, de 2.5 à 1.9 Ga. Contrairement au type précédent, ces dépôts
were primarily hematite and goethite which were weathering products of the primary taconites, the
occupent de très
silicates havinggrandes surfaces
been leached (jusqu’à 160 km) et des épaisseurs pouvant at-
from the outcrop.
teindre References:
1 km. Le faciès à sulfide ne semble pas représenté dans ces bassins ; on ne
trouve pas
James, nonH.L.,plus
1954,de trace d’activité
Sedimentary volcanique
facies of iron-formation; ou hydrotermale
Economic à proximité, et
Geology, v. 49, p. 235-293.
peu de matériel détritiques est associé.
James, H.L. and Sims, P.K. (Editors), 1973, Precambrian iron-formations of the world; Economic
Geology, v. 68, p. 1179.
Ces dépôts sont souvent associés à des sédiments de plate-forme continentale, tels
que des carbonates (dolomies). L’ensemble suggère une formation sur des marges
passives (plate-formes continentales).
2 of 4
2.3.4 Modèles de formation
Les BIF sont un des rares exemples de sédiments ortho-chimiques, formés par
précipitation directe en milieu aquatique. Les composants majeurs des BIF, le
fer et la silice, sont fournis par des ions en solution dans le milieu ; il faut donc
comprendre l’origine des ions, et le mécanisme déclenchant la précipitation.
Les minéraux des BIF sont surtout des minéraux à Fe3+ ; la figure 2.21 montre que
le Fe2+ est soluble dans l’eau, tandis que le Fe3+ ne l’est pas et se combine à FeO,
32
2 Quelques roches précambriennes typiques
a. Type Algoma
Les teneurs en éléments traces de ces roches suggèrent une forte composante hy-
drothermale. Elles se seraient donc formées autour d’évents hydrothermaux (type
fumeurs noirs), à partir d’eaux enrichies par ces fluides.
On peut alors penser à deux mécanismes pour déclencher la précipitation :
– Les panaches hydrothermaux (comme les gaz volcaniques en général) sont gé-
néralement assez acide. La dilution du panache dans l’océan, plus neutre, peut
augmenter suffisament le pH pour précipiter des BIF.
– Des colonies de cyanophycées photosynthétiques pourraient avoir, localement,
crée des poches assez riches en O2 et oxydantes pour précipiter le fer.
Dans les deux cas, il s’agit de phénomènes l’échelle très locale, qui se déroulent au
fond de l’océan, aux alentours de sources hydrothermales ou de volcans.
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Bibliographie
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