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Recherches et Applications en Finance Islamique

‫بحوث و تطبيقات في المالية االسالمية‬


Researches and Applications in Islamic Finance

ISSN : 9052- 0224


Volume 5, Numéro 1, février 2021

La finance islamique face aux effets économiques de la crise sanitaire


« COVID-19 »
Khalid BRGCHOU Pr. Mama HAMIMIDA
FSJES de Mohammedia, FSJES de Mohammedia,
Université Hassan II, Casablanca, Maroc. Université Hassan II, Casablanca, Maroc.
[email protected] [email protected]

Résumé : La pandémie COVID-19 n’a épargné aucun pays et l’impact de cette nouvelle crise
sanitaire s'annonce déjà dévastateur pour l'économie mondiale. Cet impact se retrouve davantage
amplifié dans les pays en voie de développement qui sont en récession et arrivent à peine à
enregistrer des taux de croissance économique au-dessus du point 0. L’économie marocaine ne fait
pas exception. En effet, toutes les données officielles publiées par les institutions et organismes
nationaux évoquent une baisse considérable des prévisions de croissance économique du pays. Par
ailleurs, plusieurs chercheurs avancent que la finance islamique peut être envisagée comme une
des réponses à la crise du COVID-19, notamment en apportant des solutions financières adaptées
aux besoins de toutes les catégories impactées par cette pandémie (les pays, les entreprises et les
individus). Cet article apporte un aperçu sur l’apport de certains instruments financiers conformes
à la loi musulmane dans la lutte contre les effets néfastes de cette nouvelle pandémie. Ceci en se
focalisant principalement sur les instruments religieux de la charité (tels que la Zakat) les contrats
islamiques non lucratifs (à l’instar d’Al Qard Al-Hassan), et les instruments islamiques de levée de
fonds (comme les Sukuks et le Waqf).
Mots clés : COVID-19, Crise économique mondiale, Finance participative, Finance islamique.

Abstract The COVID-19 pandemic has spread around the planet in less than three months and the
impact of this new health crisis has cost the world economy dearly. This impact is further
amplified in developing countries, which are barely able to maintain economic growth rates above
point 0. The Moroccan economy is no exception. Indeed, all the official data published by the
national institutions reveal a very considerable decline in the country’s economic growth forecasts.
In addition, several researchers believe that Islamic finance can be part of the response to COVID-
19, including by providing financial solutions tailored to the needs of all categories impacted by
this pandemic (countries, companies and individuals). This article provides a brief overview on the
contribution of certain financial instruments in line with Muslim law in the fight against the
harmful effects of this new pandemic. This well be done by focusing mainly on religious
instruments of charity (such as Zakat) Islamic non-profit contracts (such as Al Qard Al-Hassan),
and Islamic fundraising instruments (such as Sukuks and Waqf).
Key words: COVID-19, Global Economic Crisis, Participative Finance, Islamic Finance.

Article reçu le : 8 juillet 2020, accepté le : 27 novembre2020

Citation : Brgchou K. et M. Hamimida (2021), La finance islamique face aux effets économiques de la crise
sanitaire « COVID-19 », Recherches et Applications en Finance Islamique, Volume 5, Numéro 1, pages : 1-15
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Volume 5, numéro 1 (2021)

Introduction
L’épidémie COVID-19 a fait « le tour du monde » en quelques semaines. Selon les
données de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’épidémie s’est propagée dans le
monde entier et a touché plus de 32 millions de personnes causant ainsi plus de 980.000 morts
durant les neufs premiers mois de 2020. Bien que ce sont les pays développés qui ont connu le
plus grand nombre de décès et de personnes atteintes du COVID-19 malgré la performance de
leurs systèmes de santé, l’impact de cette crise devrait être plus grave dans les pays les moins
développés. Cela est dû essentiellement à la fragilité de leurs systèmes de santé, à la
détérioration de leurs infrastructures sanitaires et au manque de ressources humaines
qualifiées et expérimentées.

Au-delà de son impact évident sur la santé et la sécurité des personnes, la propagation
du COVID-19 a engendré un impact social, politique et économique sans précédent. En effet,
la série des mesures prises par les gouvernements pour prévenir la propagation du virus
montrent clairement qu’une récession économique mondiale semble inévitable et les
économies doivent se préparer à vivre l’une des pires crises qu’elles ont vécu depuis la grande
dépression des années 1930 (Rhee, 2020). Les premières études et analyses pourtant sur
l’impact économique de l’épidémie évoquent une décroissance de PIB allant de 3 à 6% selon
le pays et l’évolution de la propagation du virus dans le monde (Fernandes, 2020 ; Rhee,
2020; Calderon, et al., 2020 ; etc.).

Par ailleurs, les retombées économiques de la pandémie de COVID-19 peuvent


amplifier la pauvreté dans le monde. Les statistiques présentées récemment par Oxfam
International1 indiquent qu’entre 6 et 8 % de la population mondiale pourrait basculer dans la
pauvreté à cause du confinement de la population et l’arrêt de plusieurs activités industrielles,
commerciales et touristiques, ainsi que la cessation de plusieurs manifestations culturelles et
sportives. Cela constitue, selon l’analyse du même organisme, une forte régression dans le
processus de la lutte contre la pauvreté et peut ruiner ainsi les efforts de plusieurs années de
lutte contre ce phénomène socio-économique.

Dans cet article, nous nous intéressons à l’impact socio-économique de cette crise
sanitaire en essayant de mettre en avant les solutions que certains instruments de la finance
islamique pourront apporter dans le cadre des efforts menés par la communauté internationale
pour aider les pays à surmonter les effets néfastes de COVID-19.

Pour atteindre cet objectif, nous commencerons par une brève analyse de l’impact de la
crise sanitaire sur l’économie marocaine, en général, et sur ses maillons faibles, en particuliers
(population pauvre, microentreprises, TPE, etc.). Puis nous passerons à la présentation ce
certains instruments de financements islamiques et nous montrerons comment et dans quelle
mesure ils peuvent soutenir la relance de l’économie nationale après COVID-19. Nous allons
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Dans son rapport intitulé « Le prix de la dignité : Un « Plan de sauvetage pour tou-te-s » pour endiguer les
ravages économiques de la crise du coronavirus et rebâtir un monde plus égalitaire »

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nous focaliser principalement sur les instruments religieux de la charité (la Zakat) les contrats
islamiques non lucratifs (à l’instar d’Al Qard Al-Hassan), et les instruments islamiques de
levée de fonds (comme les Sukuks et le Waqf).

1. Impact de la crise sanitaire COVID-19 sur l’économie marocaine


Les effets du virus COVID-19 couteront chers à l’économie mondiale. Le Maroc
n’échappera pas aux conséquences dévastatrices de cette pandémie. Ces conséquences qui
émanent, d’une part, de la récession économique mondiale et, d’autre part, des choix
politiques du Maroc qui mettent la santé des marocains avant l'économie.

Le 02 mars 2020, le Maroc a enregistré le premier cas confirmé de contamination par


le nouveau virus COVID-19. 10 jours après, alors que le pays vient d’enregistrer son huitième
cas confirmé, le gouvernement marocain a entrepris une série de mesures qui englobe, parmi
d’autres, la fermeture des frontières, la suspension des cours, l'annulation des rassemblements
et des manifestations, la fermeture des mosquées, le confinement de la population… toutes
ses mesures ont fait que l'activité économique du pays s'est retrouvée presque gelée.

Toutes les données émanant des institutions et organismes nationaux évoquent une
baisse considérable des prévisions de croissance économique du pays. En effet, dans le point
de presse tenu par Abdellatif Jouahri, le gouverneur de la Banque Centrale, a précisé que le
conseil de banque centrale de Mars 2020 a révisé considérablement les prévisions de la
croissance nationale qui devrait stagner à 2,3% en 2020, alors que quelques mois auparavant,
la banque misait sur une croissance de 3,8% pour la même année. De leur côté, le Haut-
Commissariat au Plan (HCP) et le Centre Marocain de Conjoncture (CMC) ont unanimement
révisé leurs prévisions pour l’année 2020 à la baisse (CDG Capital, Avril 2020).

L’analyse de l’impact de la pandémie sur l’économie marocaine a fait l’objet de


plusieurs présentation et articles de presse depuis Mars 2020. La CDG Capital a publié, en
Avril 2020, une analyse sectorielle montrant le degré d’impact de cette crise sanitaire sur les
différents secteurs d’activités au Maroc. Cette analyse a fixé trois niveaux d’impact :

 Secteurs défensifs : Il s’agit du niveau le moins impacté par la pandémie, et il regroupe


généralement des industries et activités de première nécessité telles que l’industrie
pharmaceutique, le secteur de télécommunications, l’agro-alimentaire, etc.

 Secteurs sensibles : Ce niveau englobe l’ensemble des activités qui ont été impactées par
la déclaration de l’état d’urgence et les mesures relatives au confinement de la population
et à l’arrêt de certaines activités locales et nationales. Notamment, le transport, la
logistique, la restauration, les hydro-carburants, etc.

 Secteurs très sensibles : Il s’agit notamment des secteurs internationalisés qui ont été
impactés par la fermeture des frontières et la déconnexion des économies internationales

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à cause de la pandémie. Il s’agit principalement des secteurs du tourisme et du transport


aérien.

Au-delà de cette classification, l’étude a montré que les secteurs qui contribuent
fortement dans le PIB national sont les plus touchés. Il évoque ainsi les industries
manufacturières, particulièrement l’automobile et le textile, qui représente 16% du PIB soit
62% de la valeur ajoutée globale créée par le secteur secondaire. Par ailleurs, le commerce, le
transport et le tourisme, qui représentent 30% de la valeur ajoutée du secteur tertiaire, sont
gravement touchés par la crise sanitaire, selon la même étude de la CDG Capital.

Source : CDG Capital: Impact COVID-19 – avril 2020

Certes, le degré de gravité des conséquences de cette crise sanitaire diffère d'un secteur à un
autre mais aucune activité n'est épargnée puisque tous les secteurs sont interreliés. Cette
situation s’aggrave davantage lorsque l'attention est dirigée vers les petites structures qui
n’ont pas suffisamment de ressources pour gérer cette crise.

Dans ce sillage, Carruthers (2020) s’attend à ce que cette pandémie tue davantage les
micros et petites entreprises que les êtres humains. Malheureusement les premières études
portant sur les TPE et PME marocaines affichent déjà des résultats alarmants. Le Haut-
Commissariat au Plan a mené en avril 2020 une enquête de conjoncture évaluant les effets du
COVID-19 sur l’activité des entreprises marocaines (HCP, 2020a). Cette étude a montré que

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près de 142000 entreprises ont déclaré avoir arrêté leurs activités à cause de la crise sanitaire,
6300 d’entre elles ont cessé leurs activités de manière définitive. La grande majorité de ces
entreprises impactées est composée des très petites entreprises (72%) et des petites et
moyennes entreprises (26%).

Par ailleurs, les premiers résultats d’une autre enquête menée par la confédération
marocaine de TPE-PME, révélés par le site d’information « EcoActu.ma »2, montrent que
83% des entreprises recensés sont en arrêt total d’activité. Ces entreprises sont
majoritairement des TPE (90%), qui opèrent dans le commerce, les services et le BTP.
L’étude du HCP donne plus de détail concernant les secteurs les plus impactés, en précisant
que 89% des entreprises spécialises dans les services d’hébergement et de la restauration sont
en arrêt, suivi par les industries textiles et du cuir qui enregistre un taux d’arrêt de 76%, puis
les industries métalliques et mécaniques avec 73% d’entreprises en arrêt, et le secteur de la
construction qui enregistre un taux d’arrêt avoisinant les 60% (HCP, 2020a).

Les impacts de la crise sanitaire et de l’arrêt de l’activité économique ont été


également observés sur le plan social, vu que près de 726000postes auraient été réduits (hors
secteurs financier et agricole), ce qui représente 20% de la main d'œuvre des entreprises
organisées (HCP, 2020a). En effet, l’enquête menée par le HCP pour analyser l’impact du
coronavirus sur la situation économique, sociale et psychologique des ménages, a montré
l’arrêt de certains activités économique en période de confinement a laissé 34% des ménages
sans aucune source de revenus (HCP, 2020b). Un point qui s’ajoute, selon la même étude, à la
difficulté d’accès aux aides publiques qui touche 60% des ménages, ayant un membre qui a
perdu son emploi.

Dans un contexte marqué par l'impossibilité de prévoir les prochaines conséquences de


la propagation de la pandémie de COVID-19, le contexte macroéconomique global et
l’économie nationale restent marqués par de fortes inquiétudes qui font que l'impact réel de
cette crise ne peut pas être résumé en un chiffre concret. Toutefois, les experts et organismes
internationaux, à l’instar du fonds monétaire international (FMI), prévoit que l’économie
mondiale devrait vivre la pire récession depuis la grande dépression des années 1930.

Dans un article publié par le Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD), Rehman (2020) fait valoir que la finance islamique est capable de faire partie de la
réponse à la crise de COVID-19 en proposant une gamme d'instruments et services financiers
bien adaptés à chaque situation. Une autre étude menée par Haider Syed et al. (2020) a montré
que la finance islamique dispose des outils performants permettant d’aider la communauté
musulmane en avançant de l’argent dans cette situation de pandémie. Par ailleurs, Ashraf et
al. (2020) ont conclu que les véhicules d’investissement conformes aux principes de la loi
musulmane procurent des avantages de couverture lors des chutes des marchés des capitaux.

2
EcoActu.ma est un site d’inform
ation marocain spécialisé dans les domaines : Économie, Finances, Management, Développement durable…

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Ces études récentes ont été appuyées par des analyses et publications de plusieurs
organismes internationaux, à l’instar de la banque mondiale, le Programme des Nations Unies
pour le Développement (PNUD), l’agence de notation Standard & Poor's, la Banque
Islamique de Développement (BID)… qui se sont intéressés à l’étude de l’impact potentiel de
la finance islamique dans la lutte contre les effets de la pandémie COVID-19.

Tout cela nous a poussé à creuser dans les avantages de l’adoption de certains
instruments financiers islamiques dans cette situation de récession économique, et à analyser
leur rôle et leur potentiel dans la relance de l’économie marocaine et de dépassement les effets
de la crise sanitaire de COVID-19.

2. Apports potentiels de la finance islamique dans la relance de


l’économie :
La pandémie mondiale (COVID-19) a gelé l’économie internationale dans sa
globalité, ce qui met les travailleurs quotidiens dans une situation critique. Oxfam (2020)
prétend que l'arrêt des économies, à cause de la propagation du virus, précipitera 500 millions
de personnes supplémentaires dans la pauvreté.

Le Maroc ne sort pas de cette règle. L’enquête sur l’impact de la pandémie, publiée
par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), montre que le confinement, imposé dans le cadre de
l’état d’urgence sanitaire, a laissé 44% des ménages pauvres sans aucune source de revenus.
Cette proportion s’élève à 54% parmi les artisans et ouvriers qualifiés, à 47% parmi les
commerçants et 46% parmi les travailleurs dans le secteur agricoles (HCP, 2020b).

L’informalité du travail qui est très répandu dans le pays est l’un des facteurs qui peuvent
accélérer cette l’aggravation de la pauvreté après l’ère de COVID-19. A titre de rappel, le
secteur informel participait à hauteur de 43% dans la construction du PIB de 2015 (Bourhaba
& Hamimida, 2016) et il englobe, selon les dernières statistiques officielles du Haut-
Commissariat au Plan,1,68 millions d’unité de production employant plus de 2,37 millions de
postes (HCP, 2018).

Le Maroc doit ainsi, se préparer à un avenir incertain et une récession économique


jamais vécue. En effet les statistiques et scénarios, établis par les différents organismes
internationaux (Banque mondiale, IFM, PNUD, Oxfam …), ne montrent que de faibles
chances d'amélioration de la situation économique après cette pandémie. Selon Haider Syed et
al. (2020), la seule voie qui peut sauver les économies c’est celle où les riches et les
gouvernements du monde entier se réunissent et unissent leurs efforts pour aider les personnes
démunies. Dans ce sillage, la finance islamique peut apporter un soutien à la communauté
musulmane grâce à ses instruments religieux de la charité (Zakat et Sadaqa) et ses contrats
non lucratifs visant apporter de l’aide aux nécessiteux (‫)عقود اإلرفاق‬.

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2.1. La Zakat comme moyen de redistribution des richesses pendant et après


« COVID-19 »
La Zakat est l’un des cinq piliers de l’Islam, elle occupe la troisième place (après la
Shahada et la prière). Le mot « Zakat » signifie littéralement « ce qui purifie », elle vise ainsi
à purifier l’argent des riches en en transférant une partie aux personnes qui sont autorisées à
l’encaisser. Au sens islamique, il s’agit d’un outil de charité obligatoire qui met tout
musulman assujetti devant l’obligation de verser chaque année au moins 2,5% de leur richesse
aux pauvres, aux nécessiteux, aux indigents et aux autres catégories de personnes ayant droit
de recevoir cette charité. Toute richesse dépassant le seuil d’imposition (la valeur de 85
grammes de l'or ou 595 grammes de l’argent) et qui a été immobilisée pendant un an est
soumise obligatoirement à la Zakat.

Le Coran a défini les huit catégories de bénéficiaires admissibles à la Zakât. Il s’agit,


notamment, des personnes mentionnées dans le verset 60 de la Sourate 9, At-Tawbah, qui
précise que la Zakat est destinée aux pauvres, aux nécessiteux, à ceux qui sont chargés de
collecter et de la répartir, à ceux dont les cœurs sont à gagner, à l'affranchissement des jougs,
à ceux qui sont lourdement endettés, à ceux qui se consacrent à la cause de Dieu et aux
voyageurs en détresse.

Bien que les objectifs de la Zakat soient au même nombre que les catégories des
bénéficiaires, il existe un consensus général selon lequel l’objectif principal de la zakat est
l’éradication de la pauvreté, cela fait qu’elle est adressée en premier lieu aux nécessiteux et
aux pauvres (Hassan& Ashraf, 2010).

En raison de la pandémie actuelle, les pauvres et les salariés opérants dans l’informel
ont besoin des fonds en urgence pour leur permettre de faire face à leurs besoins de première
nécessité. Le gouvernement marocain a mis en place un fonds dédié à la gestion de COVID
qui a comme objectif aider les ménages et personnes ayant été mis en arrêt à cause de cette
pandémie. Néanmoins, l’enquête menée par le HCP, dans le cadre de la mesure d’impact du
COVID sur les ménages, a montré que 60% des ménages ont des difficultés d’accès à ces
aides publiques.

En institutionalisant cet instrument religieux, l’Etat peut profiter des fonds importants
qui peuvent être déployés dans la lutte contre les effets néfastes de cette crise sanitaire. Pour
concrétiser ces propos, nous allons calculer le montant de la Zakat qui devrait-être payée sur
les dépôts à terme (DAT)bloqués pour une période de 12 mois ou plus. La compilation des
données de Bank Al Maghrib montre que la moyenne annuelle de ces dépôts sur les cinq
dernières années (entre 2014 et 2018) dépasse 170 milliards de dirham, ce qui devrait donner
lieu à une Zakat annuelle avoisinant 4,25 milliards de dirham. C’est exactement le montant
des aides publiques accordées aux chefs des ménages opérant dans le secteur l'informel entre
le début de l’état d’urgence sanitaire et le 18 mai 2020. En effet le ministre de l'Economie et
des Finances a annonce durant son passage à la chambre des conseillers du mardi

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19 mai 2020, en relation avec le détail des recettes et des dépenses du fonds COVID-19, que
ce fonds a octroyé 4,2 milliards de dirham aux employés informels affectés par la crise
sanitaire.

Il est important de rappeler que l’idée de création d’un fonds de la zakat remonte à
l’époque du règne du roi Hassan II. Depuis, l’idée revient de temps à autre sur le devant de la
scène, mais les décideurs n’ont jamais osé franchir les frontières de la phase conceptuelle. Ce
projet, qui a été repoussé à plusieurs reprises, apparaît d’autant plus urgent en cette période de
crise sanitaire.

Dans ce contexte exceptionnel, la Zakat permettra de subventionner et d’apporter


l’aide à plusieurs catégories de personnes. Notamment, les pauvres, les nécessiteux, les
personnes qui sont lourdement endettées et qui ne peuvent pas rembourser leurs dettes à cause
de perte de leurs emplois, les citoyens bloqués dans des pays étrangers et qui n’ont pas les
moyens pour se prendre en charge…

Par ailleurs, la portée de la Zakat reste limitée aux huit catégories fixées par la
religion, alors que d’autres personnes, qui ne sont pas admissibles à cette aumône, ont aussi
besoin de l’aide dans cette période. Nous pouvons citer à titre d’exemple les micro-
entrepreneurs ayant subis des conséquences économiques très lourdes, à cause des mesures
sanitaires prises par le gouvernement, et qui sont à peine au-dessus de la limite de richesse
minimale prescrite pour accepter la Zakat.

Cette limite nous renvoie vers un autre instrument financier islamique qui fait partie
des outils d’aide et des moyens d'entraide accessibles à toutes les catégories de personnes. Il
s’agit, notamment, du crédit gratuit (Al Qard Al-Hassan).

2.2. Al Qard Al-Hassan comme outil de relance du micro-entrepreneuriat post


« COVID-19 »
Al Qard Al-Hassan désignant le prêt sans intérêt ou le prêt de bienfaisance, est l’un
des gestes d’entraide pratiqués depuis l’ère du prophète Mohammed, paix et salut sur lui.
Pratiquement parlant, il s’agit d’un accord selon lequel une partie prête une somme d’argent à
une autre partie sans s’attendre à des récompenses en retour (le prêteur ne reçoit rien au-delà
du montant principal qu'il a prêté). Dans le système financier islamique, ce mécanisme peut
être considéré comme un fonds de sauvetage à court terme permettant aux clients des
institutions financières islamiques de lever des fonds rapidement et à zéro coût (Afkar, 2017).

Contrairement à la Zakat, le prêt « Al Qard Al-Hassan » peut être accordé à toute


personne, que ce soit riche ou pauvre. Cette spécificité rend la portée de cet instrument
financier plus grande que celle de la Zakat, car même les personnes qui ne sont pas
admissibles à cette dernière peuvent facilement bénéficier de ce prêt islamique. A cet effet, les
micro-entrepreneurs ayant subis les effets néfastes de la crise sanitaire, relative au virus
COVID-19, peuvent faire appel à ce mécanisme de levée de fonds pour relancer leurs activités

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économiques sans être amenés à supporter des charges financières lourdes. Cependant, cet
instrument est largement ignoré par les banques islamiques à cause de son caractère non
lucratif. Alors que sa commercialisation peut être promue en tant que composante de la
responsabilité sociale des banques islamiques ou comme élément de fidélisation de leur
clientèle.

Widiyanto et al. (2011) ont prouvé l’efficacité d’Al Qard Al-Hassan dans le
renforcement des activités économiques des pauvres et des nécessiteux. Ce mécanisme peut
être utilisé pour aider les micro-entrepreneurs pauvres à restaurer leur position précédente le
plus rapidement possible. Si cet outil financier islamique est utilisé efficacement, il deviendra
un excellent moyen de stimulation de la croissance micro-entrepreneuriale (Iqbal et Shafiq,
2015).

L’enquête de la Confédération Marocaine de TPE-PME révèle que 90% des


entreprises impactées par la crise sanitaire sont des très petites entreprises (y compris les auto-
entrepreneurs). Par ailleurs, presque 5% des entreprises ayant fait l’objet de l’enquête du
Haut-Commissariat au Plan ont cessé leurs activités de manière définitive (HCP, 2020a). Tout
ceci montre l’importance d’accorder des prêts « Al Qard Al-Hassan » à cette catégorie
d’entreprise afin de la sauver de la faillite et de l’aider à redémarrer ses activités et à
surmonter l’impact économique de COVID-19.

Ce mécanisme financier islamique peut renforcer les efforts menés par l’Etat marocain
pour sauver certaines composantes économiques fragilisées par le contexte économique et
sanitaire actuel. Nous pouvons citer, notamment, l’accord des crédits gratuits d’un montant
maximal de 15.000 Dirhams à des autoentrepreneurs impactés par la crise COVID-19. En
effet, le principe de non-distinction entre riche et pauvre, dans le cadre d’Al Qard Al-Hassan,
peut participer à la généralisation de cette initiative d’accompagnement financier sur les
autres composantes économiques impactées par le contexte actuel.

Par ailleurs, cette mesure d’accompagnement des autoentrepreneurs est limitée à la


période de crise sanitaire COVID-19, alors que l’intégration d’Al Qard Al-Hassan dans le
portefeuille des institutions financières islamiques pourra favoriser la durabilité de
l’accompagnement des acteurs économiques marocains dans le temps, même en cas de crises
spécifiques aux entreprises ou aux secteurs particuliers.

Au-delà de l’utilisation de leurs ressources internes, les institutions financières


islamiques peuvent profiter des instruments religieux tels que la Sadaqa et le Waqf pour lever
des fonds qui seront prêtés sous forme de prêts de bienfaisance (Al Qard Al-Hassan).
Plusieurs études, à l’instar de celle de Mohammad (2011), celle de Aziz et al. (2014), celle de
Haneef et al. (2015), etc. ont montré l’intérêt de l’exploitation de Waqf pour le financement
des fonds dédiés aux prêts sans intérêt (Al Qard Al-Hassan).

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2.3. Le Waqf une forme de donation perpétuelle d'utilité publique


« Le terme Waqf ou Habs signifie dans le Fiqh islamique l'inaliénabilité du droit de
propriété qui ne peut plus passer à une tierce personne. Dans son sens général, le Waqf
signifie ainsi une inaliénabilité de la propriété du bien et une aliénation de l'usufruit de ce bien
au profit d'une bienfaisance » (El Kettani, 1997).

Au-delà de son caractère religieux, l’histoire de la société musulmane témoigne du


rôle important qu’a joué l’institution du Waqf dans la promotion des prestations sociales ainsi
que le financement des services publics, de la construction et du développement des
infrastructures de base telles que les universités, les hôpitaux, les routes, les mosquées, les
bibliothèques publiques, etc. Le Waqf ne couvre pas uniquement le financement de la création
de ces établissements publics, il permet aussi de couvrir leurs dépenses de fonctionnement et
garantir leur développement et leur pérennité.

La pratique des Awqaf (pluriel du Waqf) remonte à l'aube de l'islam. Toutefois, le


mérite de son institutionnalisation et son expansion à grand échelle revient à l’Etat Ottoman
(du 12 au 19ème siècle). L’explorateur marocain Ibn Battouta a reporté dans ses mémoires,
communément appelé « Voyages », que durant son passage à Damas au 14 ème siècle, il y avait
déjà plusieurs types de Waqf, tels que ceux dédiés aux financements des célébrations
religieuses et civiles (pèlerinage, mariages, habits, etc.) ainsi que l’amélioration des
infrastructures de base telles que les routes (Jouti, 2013). In fine, les bienfaits de cet
instrument islamique ont atteint tous les aspects de la vie.

De nos jours, la grande partie des ressources de l’institution du Waqf est réservée à
l’entretient des établissements de cultes et institutions religieuses. Alors que rares sont les
pays qui consacrent une partie de ces ressources à des fins sociales et économiques telles que
le renforcement des infrastructures sanitaires, le financement de l’enseignement public,
l’apport des aides aux pauvres et nécessiteux, etc.

Aujourd’hui, avec les leçons tirées de la crise sanitaire COVID-19, la réallocation des
ressources de l’institution Waqf est une nécessité. En effet, les gouvernements islamiques
doivent réserver une part importante des revenus du waqf au financement des secteurs et
activités clés tels que la santé publique, l’enseignement public, la recherche scientifique,
l’innovation, l’entrepreneuriat des pauvres, etc.

Au Maroc par exemple, le montant des revenus générés par les propriétés Waqf
(gérées par le ministère des Habous) avoisinait en 2018 un total de 550 millions de Dirhams,
en enregistrant ainsi une croissance de 15% par rapport à 2017 (Ministère des habous, 2019).
Toutefois, le rapport des principales réalisations du ministère rappelle que seules 9% des
propriétés waqf urbaines ont fait l’objet d’opérations locatives en 2018, ce qui peut renvoyer à
une sous-exploitation de cet instrument religieux dans le pays.

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Face à cette réalité, nous pensons que l'adoption d’une stratégie de promotion et de
valorisation des Awqaf peut permettre au pays de tirer pleinement profit de cette source qui
peut contribuer au renforcement de la résilience des secteurs clés sur le long terme.
Théoriquement parlant, la pleine exploitation des propriétés waqf urbaines peut permettre au
ministère de générer un revenu annuel dépassant 3,8 milliards de Dirham, soit 20% de plus
que le budget du fonctionnement dépensé par le ministère en 2018 (Ministère des habous,
2019).

A partir de ce qui a été écrit sur le sujet depuis plus d'un siècle, nous pouvons conclure
que le waqf constitue un véritable facteur de durabilité économique. Toutefois, il est
important de mentionner que l’intégration de ce mécanisme avec d’autres instruments de la
finance islamique, à l’instar des Sukuk, peut fournir des opportunités réelles et de nouvelles
perspectives pour franchir les frontières de la croissance socio-économique.

2.4.Les Sukuk: une réelle alternative pour le financement des infrastructures de


base.
Bien qu’il s’agisse du produit le plus récent dans le domaine de la finance islamique,
les Sukuk souverains ont fait l’objet de plusieurs recherches récentes montrant l’apport de cet
instrument financier islamique dans le financement du développement des infrastructures de
base dans différents coins du globe (Ogunbado, 2019; Biancone & Shakhatreh, 2015;
Malikov,2017; Manzoor et al., 2017 ; etc.).

Ces infrastructures de base ne se limitent pas à la construction des routes, barrages,


grands projets industriels, etc. En effet, l’IFFIm (Facilité financière internationale pour la
Vaccination) a émis, en 2014, les premiers Sukuk destinés à promouvoir la vaccination
(Vaccine Sukuk), cette initiative a été favorablement accueillie par les marchés et elle a
remporté plusieurs distinctions dont le prix de «la meilleure innovation en finance islamique»
décerné par Euromoney, et le prix de « produit le plus performant dans le domaine de la
finance transformationnelle » décerné par Financial Times. Par ailleurs, plusieurs experts de
renommée mondiale (à l’instar de Michael Bennett, chef du service des produits dérivés et des
financements structurés à la Banque mondiale, et Bernardo Vizcaino, correspondant MENA
pour la finance islamique chez Thomson Reuters et spécialiste de la finance islamique) ont
salué les bienfaits de cette opération et ont reconnu l’impact positif du marché des Sukuks.

Compte tenu de la réussite de cette opération pilote, l’IFFIm et la Banque mondiale


ont conjointement décidé de réitérer l’émission de ce type de Sukuk en 2015.Selon l’IFFIm,
les deux opérations ont permis de leverdes fonds importants qui s’élèvent à 500 millions de
dollars en 2014, et à 200 millions de dollars en 2015. Chose qui l’a encouragé à lancer une
troisième émission des « Vaccine Sukuk » en 2019 en collaboration avec le Groupe de la
Banque islamique de développement (ISBD).

Badeeu et al. (2019) ont montré à travers l’étude du système de santé des Maldives
que l’émission des sukuk semble être une option viable pour les fournisseurs de soins de santé

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pour lever les fonds et capitaux requis pour développer ce secteur clé. Toutefois, les
chercheurs associent l’utilisation des instruments financiers islamiques dans le financement de
la santé publique à l’existence d’une volonté politique, d’un soutien gouvernemental et d’un
écosystème financier islamique approprié.

Par ailleurs, l’expérience Malaysienne de l'investissement durable et responsable a


montré que les fonds levés en utilisant les Sukuk (appelés « SukukIhsan ») ont permis de
financer des programmes d’amélioration de la qualité de l’enseignement public (Noordin et
al. 2018). Cette expérience a montré que l’intégration des Sukuk et Waqf est un montage
financier qui peut permettre aux établissements d’enseignement supérieur de lever des fonds
nécessaires à leur développement (Musari,2016). L’exemple des émissions des waqf-sukuk en
Arabie saoudite, à Singapour et en Nouvelle-Zélande peut être une source d’inspiration pour
les gouvernements souhaitant relancer le secteur de l’enseignement supérieur en se basant sur
le waqf et les Sukuk.

Conclusion :
Sur la base de tout ce qui a été évoqué dans cet article, nous pouvons conclure qu’au-
delà de son impact sanitaire, l’épidémie de 2020 a paralysé l’économie mondiale pendant
plusieurs semaines. Cependant, il est encore tôt pour estimer l'ampleur de l’impact négatif de
COVID-19 sur les différents secteurs.

Dans le but d’étudier le rôle que pourra avoir la finance islamique dans la lutte contre
les effets néfastes de la crise sanitaire actuelle, nous avons présenté en premier lieu un aperçu
sur l’impact du COVID-19 sur l’économie marocaine en mettant l’accent sur les acteurs et
secteurs les plus fragilisés par les conséquences de cette pandémie. Dans un deuxième lieu,
nous avons mis le point sur certains instruments financiers islamiques qui peuvent aider les
pays à alléger les effets néfastes de cette crise sanitaire. Nous nous sommes focalisés
principalement sur la Zakat (instrument de charité), Al Qard Al-Hassan (crédit islamique
gratuit), le Waqf (l'inaliénabilité du droit de propriété) et les Sukuk (des certificats de valeur
adossés à des actifs tangibles).

L’analyse des apports potentiels de ces instruments financiers conformes aux principes
de la loi musulmane, montre que la finance islamique, si elle est bien exploitée, peut aider les
pays à surmonter les effets néfastes de la crise sanitaire sur les deux plans social et
économique. Ainsi, les instruments islamiques de levée de fonds peuvent constituer un
catalyseur du développement des secteurs de première nécessité (enseignement et santé).

Cependant, l’efficience des instruments financiers islamiques dans la lutte contre les
effets de la crise sanitaire actuelle et dans la redynamisation de l’économie nationale, est
conditionnée par l’existence d’une forte volonté du secteur bancaire participatif, la vigueur du
soutien gouvernemental et de l’existence d’un écosystème approprié.

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Comme dans tout travail de recherche, cet article a des limites qui sont liées à la fois à
la nature de la recherche, sa problématique et son contexte. Bien qu’il s’agisse ici d’une
réflexion réalisée dans un contexte très spécifique, les conclusions de cet article méritent
d’être analysées profondément dans le cadre des recherches futures. Toutefois, le fait que le
contexte marocain soit marqué par l’informalité de certains instruments financiers islamiques
(la Zakat et Al Qard Al-Hassan par exemple) et l’absence de données complètes liées aux
autres (exemple du Waqf, Sukuk et leur rôle social et économique) freinent l’exploration de
ce champ de recherche.

Par ailleurs, en raison de la nouveauté de la thématique liant la finance islamique et la


récente crise sanitaire et au-delà des réflexions et analyses théoriques citées tout au long de
cet article, nous n'avons pas pu récolter de données concernant des expériences ou des
exemples d’utilisation des instruments financiers islamique en réponse à la crise du COVID-
19. Toutefois, les autorités religieuses de plusieurs pays musulmans ont émis des fatawa
(singulier : fatwa qui signifie avis juridique) visant tirer profit des instruments financiers
islamiques pour lutter contre les effets néfastes de cette crise sanitaire. En effet, plusieurs
autorités islamiques ont déclaré qu’il était permis aux personnes de s’acquitter de la Zakat
avant son terme pour aider les vulnérables à surmonter les difficultés et effets néfastes de la
crise COVID-19 (arrêt des activités, perte d’emploi, etc.).

Enfin, ces limites n'invalident pas les conclusions de notre article, mais elles qualifient
ce travail de stimulant incitant les chercheurs à explorer de nouvelles pistes pour apporter de
meilleurs résultats à ce champ de recherche. Notamment, une quantification réelle de l’apport
potentiel de la finance islamique en réponse à la crise de COVID-19, dans le contexte
marocain, et un benchmarking permettant au secteur financier islamique d’élaborer et mettre
en place un plan de sauvetage socio-économique englobant les bonnes pratiques développées
par les autres pays musulmans.

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