Gio Klaus WILL Edward SAID Mondialisation

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Gio-klaus Will.

Mondialisation et Organisations Internationales.

Prof : Mme. Carine LAHOUD.

Année académique : 2019/2020.

Fiche de lecture : Edward W. SAID, l’Orientalisme. L'Orient créé par l'Occident, traduit de
l’anglais. Éditions du Seuil. ISBN 2-02-079293-1, 415 p.
Gio-klaus Will.

Introduction:

Edward Wadie (William) Saïd, né à Jérusalem en 1935 et mort à New York en 2003, est un
critique littéraire Palestinien-Américain, activiste politique, et professeur de littérature
anglaise à l’Université de Colombia depuis 1963 (Britannica, n.d). Son prénom fait le plus
souvent référence à une personne souteneuse de la cause palestinienne et également du
rétablissement d’un Etat palestinien indépendant. Sa vision de la Palestine peut en partie être
expliquée par son passé, puisque Saïd avait vécu dans ce pays depuis sa naissance, avant
d’être obligé de fuir au Caire à la lumière de la guerre israélo-arabe, et finalement se rendre
aux Etats-Unis pour poursuivre ses études scolaires et universitaire. Edward Saïd a obtenu sa
licence de l’Université de Princeton en 1957 et a ensuite effectué son master et son doctorat à
Harvard entre 1960 et 1964. Suite à son doctorat, Saïd débute sa carrière en tant que
professeur et publie de nombreux ouvrages s’intéressant essentiellement au Moyen-Orient et
surtout à la Palestine, au colonialisme, et la différence entre l’Orient et l’Occident. Entre ces
ouvrages nous pouvons citer The Question of Palestine (1979), Nationalism, Colonialism,
and Literature: Yeats and Decolonization (1988) etc. Si tous ces ouvrages ont été assez
influents, son premier ouvrage l’Orientalisme publié en 1978 a été l’objet de nombreuses
études au 20e siècle, changeant la vision de l’Orient aux yeux des occidentaux qui semblent
avoir été mal inculqué de l’Histoire d’une région lointaine. L’auteur va alors dans cet
ouvrage, mettre en avant et critiquer les travaux des occidentaux qui ont rédigé des histoires
stéréotypées des habitants de la région, surtout des musulmans, pour les déshumaniser et
justifier la colonisation.

Dans son premier chapitre, Saïd définit le concept d’orientalisme tout en s’opposant à cette
notion traduite par des personnes telles qu’Arthur James Balfour et Lord Cromer, connus
comme étant les premiers orientalistes de l’époque. L’auteur va disséquer leurs discours pour
expliquer la division qu’ils provoquent entre l’orient et l’occident par la logique du « nous »
contre « eux » (p.54). Il explique dans ce cadre que l’orient est déshumanisé, et se laisse
s’exprimer par les occidentaux « supérieurs » -qui gèrent et dominent cette région-, ainsi que
par des textes littéraires tels que Shakespeare, Dryden, Pope et Byron (P.46), sans chance de
paroles aux habitants de cette région.

L’auteur poursuit dans sa deuxième partie du chapitre, que l’orientalisme va reposer sur
l’étude des textes historiques, sur la religion et la langue. L’orient serait alors un domaine
d’étude par et pour les occidentaux, sans pour autant s’intéresser à la population concernée.
Gio-klaus Will.

Cette manière d’aborder l’Est va créer ce que Saïd appel la mythologie de l’Orient (P.69). En
effet, en se concentrant sur Claude Lévi-Strauss, l’auteur argumente qu’un certain savoir
imaginatif va être présent dans l’esprit des occidentaux, qui construisent une image erroné,
poussant à une séparation entre les deux régions et qui justifie d’ailleurs le contrôle de ces
pays pour mieux les civiliser.

Dans la troisième partie de ce chapitre, l’auteur nous explique comment l’image de l’Orient a
été construite. En effet, les premiers textes sur l’Orient décrivent un contact avec une
population barbare et menaçante. En donnant l’exemple des textes tel que l'histoire des
Sarrasins de Simon Ockley, le mythe de l’Orient sera renforcer avec une image de
musulmans dangereux. Ensuite à travers l’histoire, Napoléon va préparer son expédition et va
se rendue en Egypte avec un groupe d’intellectuel. La domination de l’Orient par l’Europe
s’affirme fortement sous le prétexte de la bonne volonté de l’occident de rendre un service
héroïque de développement de cette région asiatique. Dans ce cadre, tout ce qui était positif
en Orient provenait à la base de l’Europe. Grâce à Napoléon, « le langage même de
l'orientalisme a subi un changement radical. Il s'est élevé au-dessus du réalisme descriptif
pour devenir, non plus simplement un style de représentation, mais un langage, un moyen de
création » (P.106). L’image de l’orient différent et menaçant commence à se dissiper, pour
ensuite se cristalliser par l’ouverture du canal de Suez.

Dans sa quatrième partie du premier chapitre, Edward Saïd va s’intéresser à l’attitude


textuelle (P.112) qui consiste à favoriser les écrits à d’autres formes d’informations. D’après
Candide et Voltaire les textes semblent « aider à comprendre le désordre grouillant,
imprévisible, problématique de la vie humaine » et ainsi risquer d’« appliquer littéralement à
la réalité ce qu'on a appris dans un livre » (P.112). Les écrits des auteurs orientalistes
provoquent aux lecteurs un sentiment de savoir, et les convaincs que l’information est
assurément sincère. Lors de l’expédition de Napoléon, ce dernier ayant lu les différents écrits
s’est lancé avec violence en Orient, puisque cette région a été décrite comme telle. L’auteur
donne aussi l’exemple de Foucault et Lesseps, pour enfin tirer qu’à travers les textes, une
réalité a été construite et prévaut sur la réalité vécu.

Dans son deuxième chapitre «  L’orientalisme structuré et restructuré » Saïd commence dans
la première partie, à développer les changements de l’orientalisme à travers les siècles.
Jusqu’au XVIIIe siècle, l’orientalisme était de nature religieuse pour ensuite devenir laïc, se
concentrant sur l’Histoire de l’Orient. Alors que le mythe du sauveur demeure
Gio-klaus Will.

fondamentalement présent à travers les siècles, le XVIIe siècle influencé par les lumières se
base sur des arguments toujours illusoires mais scientifiques, philologiques, anthropologiques
et non religieux pour soutenir un orientalisme moderne souteneur du colonialisme.

Dans la deuxième partie de ce chapitre, Edward Saïd s’appuie sur deux auteurs reconnus,
Silvestre De Sacy et Ernest Renan «les pères fondateurs de la fraternité des
orientalistes » (P.145) pour montrer que l’approche religieuse tout comme l’approche
scientifique adopté au XVIIIe siècle, promeut l’idéologie coloniale européenne. Un certain
Darwinisme social était présent par le fait que les européens se sont développé plus
rapidement d’où leur supériorité. De Sacy qui se focalisait sur l’anthropologie va faire
« fonctionner un principe méthodologique conscient en même temps que la discipline
érudite » (P.148). Renan de son côté va à travers la philologie propager ses idées racistes.
Traiter l’orient comme un objet scientifique aura pour résultat de mieux comprendre la région
tout en élaborant de nouvelles politiques, fixant de nouveaux buts à atteindre et imprégnant
l’Orient dans une culture occidentalisée.

Dans sa troisième partie du deuxième chapitre, l’auteur poursuit son analyse et passe du
XVIIIe siècle au XIXe. Ce siècle a été marqué par des écrits qui comparent les deux régions,
exposant une image d’un Orient plus ou moins civilisé mais faible et innocent, qui s’instruit
de l’Europe. Les écrits provenaient en première parties des voyageurs qui pouvaient être des
scientifiques mais aussi des individus qui voyagent pour des raisons personnelles ou d’études.
Toutes ces personnes vont contribuer à mieux comprendre la région et élargir le vocabulaire
adopté. Cependant, leur vision demeure occidentale et construite. Saïd donne ensuite
l’exemple de l’ouvrage d'Edward Lane « Manners and Customs of the Modem Egyptians»
(P.184) exposant toujours une vision complètement construite de l’Orient qui va
déshumaniser d’avantage la région et ainsi renforcer l’orientalisme et le rapport de force.

Dans sa quatrième partie, l’auteur tente de donner plus de détails concernant les voyages des
occidentaux au XIXe siècle. Ces voyages sont selon Saïd religieux, d’où l’emploi du mot
pèlerinage dans cette partie. Les pèlerins anglais visitaient l’Inde, tandis que les français ne se
limitaient pas à un territoire bien précis. Les visiteurs auront l’occasion de construire leur
propre vision imaginaire de l’Orient en écrivant des textes religieux. De ce fait, l’orient sera
immergé par un ensemble de mythes ayant pour fin, non seulement une compréhension
illusoire de la région mais la création du besoin de l’Est d’être sauvé par les chrétiens de
Gio-klaus Will.

l’Europe. Sous cette vision, l’auteur explique que la conquête de l’Islam va prendre lieu
pendant le XIXe siècle (P.220)

Dans son troisième et dernier chapitre « l’Orientalisme aujourd’hui » Edward Saïd commence
sa première partie par la comparaison de l'orientalisme latent et l'orientalisme manifeste.
L’orientalisme latent constitue l’ensemble des idées de base de l’orientalisme et ne change
pas, alors que l’orientalisme manifeste change à travers le temps, il constitue la manière dont
l’orientalisme latent est utilisé dans l’élaboration des politiques. En relation avec le
darwinisme social évoqué, Saïd argumente que c’est l’orientalisme latent qui en a formé la
base en Orient, en dressant des arguments racistes de faiblesse de la population. De cette
manière, la France et la Grande Bretagne vont tenter de s’approprier l’Orient considéré
comme un droit naturel. Un conflit va alors naitre entre les deux types d’orientalisme. Au
XXe siècle il va être considéré que le véritable Orient va enfin monter sa vraie nature, d’où la
naissance de l’Orientalisme manifeste.

Dans sa deuxième partie du chapitre, l’auteur explique l’Homme blanc de Kipling, une figure
occidentale, qui est supposé aider les races de couleurs, et avoir le controle de l’Orient, une
région où les individus étaient des « Hommes » étrangers parfois catégorisés comme arabes
ou sémitiques sans distinctions ethniques concrètes. L’orientalisme manifeste va commencer
à prendre forme par la concrétisation des connaissances de la région en politiques publiques.
L’orientalisme va se caractériser comme la voix des personnes qui ne se sont pas exprimés.
Ainsi, Lawrence parle de la construction d’un amalgame entre l’orient et l’occident mais qui
serait « blanc » (P.309). Saïd considère l’objectif serait non de comprendre l’Orient pour les
ressembler mais de le contrôler selon les connaissances déjà établis.

Dans sa troisième partie, l’auteur met en exergue le changement de la conception de


l’Orientalisme évoqué, à celle adoptée après la première guerre mondiale. Saïd argumente
que ce changement est due à une période turbulente de montée du nationalisme, qui va
changer la manière de penser de certains. Dans ce cadre, une majorité d’orientalistes toujours
traditionnels vont craindre la situation et diffuser des écrits, pour garder une logique de
séparation des deux régions. Alors que cette vision reste majoritaire, certains se détachent de
la vision traditionnelle. Edward Saïd donne l’exemple de Massignon and Gibb (P.310) qui
sont beaucoup plus libéraux, mais gardent quand même leurs préjugés, tout en dénonçant en
l’occurrence l’Islam, comme étant une religion inferieure.
Gio-klaus Will.

Dans sa dernière partie, l’auteur explique comment l’Orientalisme est passé de l’Europe aux
Etats-Unis. Alors que l’Europe était plutôt concentrée sur l’orientalisme linguistique et
littéraire, les Etats-Unis s’intéressaient aux sciences sociales. Au départ, les américains se
basaient sur les faits pour tenter d’expliquer la réalité. Cependant, l’orientalisme va
rapidement changer et devenir un outil politique qui aide à contrôler cette région. Après la
deuxième guerre mondiale et les vagues de décolonisations, l’orientalisme va changer de face
et devenir implicite, portant des jugements raciaux et religieux.

Saïd a rédigé un ouvrage qui semble vouloir assainir l’image d’un espace géographique mal
compris et jugé comme beaucoup moins avancé que l’Occident. L’orientalisme développé par
l’Occident a transformé l’Orient en un livre composé de pages blanches, où chacun pouvait
rédiger sa propre histoire chimérique et ainsi justifier le colonialisme. Cet ouvrage a fait face
à de nombreuses critiques, le considérant comme anti-occidentaliste même parfois pro-
musulman. Cependant l’objectif de Saïd était loin de cela, il comptait au contraire critiquer
pour tenter d’endiguer les stéréotypes et les hostilités portés vers ce monde et rapprocher
l’Orient et l’Occident vers un avenir pacifique qui respecte la culture de chacun.

Références bibliographiques :

- AUB. Edward Said. Disponible sur [URL] :


https://www.aub.edu.lb/doctorates/recipients/Pages/edward-profile.aspx

- Encyclopedia Britannica, Edward Said. AMERICAN PROFESSOR AND LITERARY


CRITIC. Disponible sur [URL] : https://www.britannica.com/biography/Edward-Said

- Malise Ruthven, 2013. The Guardian. Controversial literary critic and bold advocate of the
Palestinian cause in America. Disponible sur [URL] :
https://www.theguardian.com/news/2003/sep/26/guardianobituaries.highereducation

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