1 Prier Avec Les Psaumes
1 Prier Avec Les Psaumes
1 Prier Avec Les Psaumes
L’ÉGLISE
(a)
Un art de vivre :
Elan nouveau du matin ; pause du midi.
“A quoi bon s’encombrer de ces
Méditation et repos du soir. Veille dans la
vieilles prières écrites il y a plus de
nuit. Leur répétition et leur mémorisation
deux mille ans et dont l’univers
me font entrer dans un art de vivre en
culturel semble si loin du nôtre ? me
présence de Dieu et selon sa volonté. Et,
direz-vous. Personnellement, j’aime
parfois, ils m’invitent à élargir mon cœur,
ruminer ces psaumes parce qu’ils me
mon horizon pour prier avec des senti-
plongent dans un peuple. Finalement,
ments et des mots qui ne sont pas tou-
leur date de naissance m’importe
jours les miens. Ma prière devient celle
peu, car ils chantent l’aujourd’hui de
des exclus, des malades, des agonisants,
Dieu, de son amour, de son Alliance,
des prisonniers. Combien de fois m’est-il
de son Salut et l’aujourd’hui de
arrivé de pouvoir mettre des noms et des
l’homme.
visages contemporains derrière ces
prières multiséculaires ?
Un dialogue multiséculaire :
Le psautier, comme toute la Bible, n’est-
t-il pas le livre de la rencontre entre
Un écho de la violence de
Dieu et les hommes ? À travers la voix l’homme :
de ce Peuple choisi qui espère, supplie,
Et même ces psaumes d’imprécation,
rend grâce, se révolte, crie, s’angoisse,
qui crient dramatiquement vengeance,
j’écoute les gémissements de l’Esprit qui
ne sont-ils pas toujours l’écho actuel
se fraie un chemin à travers l’épaisseur
de tant d’hommes et de femmes écra-
de l’homme, de son histoire, de ses
sés par la violence et l’oppression ?
mots et de ses pensées. Avec ces
Pourquoi aurions-nous peur de faire de
hommes, jeunes, vieux, sages, guer-
leur révolte et de leur colère une prière
riers, prisonniers, malades, traqués, exi-
qui monte à l’assaut du ciel ? Si dans
lés, prêtres, lévites, paysans, poètes,
la langue de ce Peuple de l’Alliance le
rois, courtisans…j’entre dans ce dialogue
mot « prier » n’existe pas, n’est-ce pas
multiséculaire entre Dieu et l’humanité,
justement parce que, pour lui, crier de
entre un Dieu vivant qui révèle, peu à
joie et hurler de détresse, rire et pleu-
peu, son rêve d’amour et l’homme en
rer, supplier et louer c’est toujours et
quête de sens.
encore prier ? Avec Dieu, il n’y a pas
de mots réservés ou de sentiments dé-
placés. Tout peut devenir prière.
(b)
Un fleuve immense :
Une histoire du salut :
Ainsi le croyant qui prie le psautier plonge
Prier les psaumes, c’est encore pour moi dans ce fleuve immense qui a traversé les
greffer ma petite histoire sur une His- siècles de l’histoire. Un fleuve vivant qui
toire, celle du Peuple de Dieu. Une his- arrive de très loin avec ses images, ses
toire qui concerne tous les hommes et représentations parfois mythologiques de
d’où émerge lentement une Bonne Nou- pays voisins, avec ses lacunes, ses im-
velle. Découvrir qu’il n’y a, finalement, passes, ses espérances et sa foi. J’appar-
qu’un seul peuple qui chante, tâtonne, tiens à ce fleuve judéo-chrétien qui arrive
avance, piétine, recule, repart. Et un seul de très loin et poursuit patiemment, de-
Dieu qui crée, appelle, rassemble, aime, puis quatre mille ans, sa course vers
juge, libère et vient habiter chez nous. l’océan de l’amour de Dieu. Inépuisable
Une seule Histoire du Salut. Un seul Sau- prière que l’Esprit a sans cesse inspirée,
veur. Une seule alliance. Il n’est pas sans éclairée, creusée, purifiée, réactualisée.
intérêt non plus de se dire que non seule- Esprit qui relie le présent et le passé, as-
ment le Christ n’a pas rejeté ces prières sure l’unité et la cohésion de ce fleuve du
de son peuple, mais qu’il les a faites Christ vivant. Esprit qui a inspiré les psal-
siennes. Ces psaumes ont structuré son mistes et les psaumes et qui inspire au-
dialogue avec son Père. Il y a même lu jourd’hui encore ceux qui les chantent.
son propre destin : « il faut que s’accom- Nous sommes de ce fleuve qui chante de-
plisse tout ce qui est écrit de moi dans la puis Abraham l’Alliance, l’amour, la foi, la
loi de Moïse, les prophètes et les vie, l’espérance, le dialogue fabuleux
psaumes ! » (Luc 24,27). entre Dieu et l’homme, entre la grâce et
la liberté. ”
2
QU’EST-CE QUE LES PSAUMES ?
(c)
3
Des textes souvent difficiles.
Beaucoup de psaumes sont difficiles. Nés dans un contexte culturel très différent du nôtre, ils
nous surprennent. Les personnages, les lieux, les évènements sont très éloignés de nous : la
barbe d’Aaron, la mer des roseaux, l’Hermon, Moab, Edom, les Philistins…tout cela ne nous dit
pas grand-chose. Nous avons du mal à appeler Dieu notre berger et à nous extasier devant les
beautés de Jérusalem.
Le langage des psaumes ne nous est pas plus familier. Leur style, leur lyrisme nous dépay-
sent. Certaines expressions, certaines images nous désorientent : l’aigle de la jeunesse im-
mortelle, le cœur qui pense, la corne de puissance, la coupe de la destinée…Même le vocabu-
laire le plus simple fait parfois problème : les mots « vérité » et « cœur », par exemple, qui
n’ont pas le même sens en hébreu et dans nos langues occidentales. Quant aux contextes li-
turgiques des psaumes, il est, lui aussi, déroutant : le sang des taureaux égorgés, la graisse
des moutons sacrifiés dont l’odeur agréable monte jusqu’à Dieu…tout cela crée en nous une
sorte d’étrange malaise.
On n’entre pas dans les psaumes de plain-pied. Il faut les apprivoiser, se familiariser avec eux,
briser leur écorce, parfois un peu rude, pour en extraire l’amande. Cela exige un certain effort,
et aussi du temps.
Cette étude, cette méditation des psaumes prépare la prière en faisant tomber, autant que
possible, les barrières qui se dressent entre eux et nous. Elle nous aide à repérer la famille, le
genre auquel appartient le psaume et, selon le cas, à disposer notre cœur à la joie, au pardon,
à la demande ou à l’action de grâce. Alors, peu à peu, le poème, étudié et ruminé, devient un
mai, un compagnon prêt à porter notre prière en toute liberté.
De nombreux ouvrages permettent d’entreprendre ce travail d’approche ; et aussi les groupes,
les sessions d’études bibliques où l’on peut, avec d’autres, se familiariser avec le langage et
l’univers de la Bible (ex: Carlo Maria Martini, Prier avec les psaumes, éd. Saint-Augustin).
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Comme le mouvement de la marée.
La poésie hébraïque ne connaît ni rime, ni mesure stricte. Pourtant, le rythme, basé sur la suc-
cession de syllabes toniques et atones, y joue un grand rôle.
La technique de base est le « parallélisme » : la même idée est exprimée dans deux membres
de phrases consécutifs et symétriques, appelés « stiques ». Dans chaque verset, les deux
stiques se correspondent, s’équilibrant l’un l’autre, comme les plateaux d’une balance. A ce ba-
lancement de la pensée répondent les balancements du corps et les battements de mains qui
accompagnent le chant et en soulignent le rythme. La plupart des versets des psaumes com-
portent deux stiques (distiques), certains en ont trois (tristiques). De verset en verset, le
rythme verbal engendre une sorte de mouvement perpétuel évoquant la marée. Chaque vague
nouvelle fait progresser l’idée. Celle-ci, peu à peu, envahit l’âme de celui qui prie et devient
pour lui, nourriture et vie.
Psaume 1 :
Heureux l’homme
(tristique)
Qui n’entre pas dans le jeu des pécheurs
Qui ne s’égare pas à suivre leur chemin
Qui n’est pas sceptique avec les sceptiques
(distique)
Mais dont la joie est de vivre avec Dieu
Et, jour et nuit, de savourer sa Loi.
(f)
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Les psaumes de supplication.
Supplier Dieu, lui demander protection, assistance ou par-
don, c’est reconnaître sa puissance et sa grâce. Les psaumes de
supplication sont les plus nombreux du psautier. Composés
par des hommes aux prises avec le mal et la souffrance, ils ont
été par la suite utilisés comme prières collectives, puis
intégrés dans la liturgie, surtout après l’exil.
Exemple : psaume 51 (TOB)
(i)
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REFERENCES DES ILLUSTRATIONS :
a : Le Christ face au Père à Gethsémani, Notre Dame de Paris, Mur de clôture du chœur.
b : La Bible, Nouvelle traduction de F. Amiot et R; Tamisier, illustrée par Edy Legrand.
c : David jouant de la harpe–huile–Jan de Bray-1670 .
d : Enluminure Bible historiale, Petrus Comestor, 1372.
e : David accordant le psaltérion. Hortus Deliciarum, enluminure, Herrade de Landsberg et ses
moniales, 1159-1175
f : Dessin d’Annie VALLOTTON, Good news Bible British usage, 1976
g : Enluminure de David à la harpe, Bible latine XVIIIè siècle.
h : JESUS MAFA– Les mains de Jésus à Gethsémani.
i : Adoration des mages, Notre Dame de Paris, Mur de clôture du chœur.