Bardon Franz - La Lecon de L Egyptien

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LA LEÇON DE L’ÉGYPTIEN
Les Nombres, Lois de l’Univers : Fondement de la Théurgie...

Introduction
« L’Un naît du Multiple...
et le Multiple surgit de la dissolution de l’Un...»
Empédocle d’Agrigente [1]

e sujet a longuement été débattu au cours des siècles et sa complexité est bien mise en
évidence par une seule question : pouvez-vous dire ce qu’est, par exemple, l’eau ? Elle fait
partie de notre environnement connu. Alors, pouvez-vous dire exactement ce qu’est l’eau ?
Vous répondrez :
— « L’eau est un liquide ; elle est rafraîchissante si on ne la fait pas bouillir ; elle a la capacité d’ôter
les impuretés, de nettoyer, de dissoudre certaines substances ; le corps en a besoin, alors on la boit
mais elle doit être douce et non salée comme celle de la
mer... »
Vous n’avez pas dit ce qu’« était » l’eau. Vous n’avez fait
que décrire ses qualités. Poursuivant plus avant dans cette
tentative, vous direz:
— « Les scientifiques disent que l’eau est un composé de
deux molécules d’hydrogène pour une molécule
d’oxygène. »
Vous donnez une formule chimique[2] mais ne dites
toujours pas ce qu’est l’eau en soi. Pour continuer cette
investigation, précisez, alors, ce qu’est la pensée ou
l’amour, le fait de pouvoir, pour un être humain, penser et
aimer.
H : hydrogène — hydro et gène —
Vous utiliserez des images et des sensations pour définir ce littéralement « qui produit de l'eau »,
qu’est la pensée et l’amour ; vous en donnerez les élément atomique le plus simple.
différents contenus possibles ; au mieux, si vous le pouvez, O : oxygène — du grec oxus, « acide »,
vous élaborerez une formule mathématique représentant ce gaz invisible, élément clef pour la vie
terrestre.
qu’est la pensée ou comparerez l’amour au champ d’une 2H + 1O = H O : une molécule d'eau !
2
expansion magnétique. Mais la pensée ou l’amour, en eux-
mêmes, vous ne pourrez pas plus les définir que vous n’avez pu définir l’eau... non pas parce que vous
êtes stupide, mais parce qu’il est impossible, avec l’appareil mental actuel de l’homme, de le faire.
Vous expérimenterez les effets de l’eau — agréables ou désagréables — comme vous vivrez les effets
de l’amour et saurez que vous pensez. Mais qui aime en vous et qui sait en vous que vous pensez ? Le
débat se complique et il ne peut en être autrement.
Si donc nous sommes incapables de concevoir ce qu’est, en soi, l’eau, la pensée, l’amour — aucune
formule chimique n’a pu déterminer la composante de la pensé ou de l’amour — et ce que nous
sommes nous-mêmes, comment pourrions-nous exprimer, véritablement, sans altération possible, ce
qu’est l’Immensité Universelle et le Concept le plus inaccessible que la formulation humaine nomme
« Dieu » ?
Vous utiliserez le même appareil mental pour tenter pareille formulation et vous direz :
— « Dieu est « comme » une chaleur dans le cœur, une paix « indescriptible », une immense Lumière,
un ciel infini, une mer sans rivages, etc... »
Intellectuellement[3], vous n’avez pu dire véritablement ce qu’est « Dieu » en Soi ; vous n’avez
exprimé que Ses Qualités de même que vous n’avez pu dire ce qu’est l’eau ou l’amour ni ce que vous
êtes vraiment vous-même.
Or si vous ne pouvez rien dire de la réalité de quelque chose ou de quelque phénomène que vous
expérimentez chaque jour, vous ne pourrez pas plus pénétrer la Réalité Divine.
Cette impossibilité réside dans le fait que nous raisonnons en tant qu’« entité séparée » : il y a l’autre,
« mon ami Jean, par exemple, et moi ; nous sommes deux ; lui et moi, ce n’est pas le même être ;
quand Jean a mal aux dents, ce n’est pas moi qui souffre car lui a mal et moi, non... ; la table et moi
sommes deux modes d’existence différents : la table est un objet hors de moi, hors de mon corps, et
moi, je suis un être animé... »
Autant de définitions qui se fondent sur une séparativité entre tout ce qui existe et nous ;
effectivement, « la table et moi ne pouvons être confondus... Cette séparativité implique une distance,
un espace séparateur : la table est ici — même à un mètre de moi, mais pas en moi — et moi, je suis là.
Cet espace, exige, pour être parcouru, du temps : il me faut quelques secondes pour toucher la table
parce que, effectivement, elle est à un mètre de mon corps... »
Ce développement semblera bien simpliste à ceux qui s’attendent à aborder dans un tel chapitre des
concepts d’une extrême abstraction, révélant, selon eux, tout « le sérieux » de la question. Mais qui ou
quoi, en eux, est dans cette attente ? Leur intellect. Or, nous l’avons constaté, l’intellect humain ne
peut « connaître » la réalité de quoi que ce soit ; il décrira seulement en son propre langage « les
qualités » d’une réalité expérimentée (l’eau, l’amour, la pensée) et s’il est intègre, il reconnaîtra, qu’en
vérité, il ne « connaît » rien. Même si nous commençons à savoir comment utiliser certaines choses —
l’électricité ou certains composants chimiques de la matière dense — savons-nous ce que sont
réellement l’électricité et la matière ?

Fondé sur la « séparativité », l’intellect ne peut connaître la « réalité » de quoi que ce


soit, la réalité de l’eau, de l’amour, de la pensée, de l’Univers et donc du concept de
« Dieu ».

C’est pourquoi l’Univers et le concept du Divin ont toujours été décrits au moyen d’images ou de
symboles susceptibles d’éveiller en nous la possibilité d’une appréhension approximative, même
indicible, de ce qu’ils sont. Toutefois, la meilleure approche en est donnée par les Mathématiques.
Il ne s’agit pas des mathématiques « humaines », fondées sur les critères de la « logique », telle que
l’intellect conçoit celle-ci — nous avons des élucubrations mathématiques qui s’effondrent à la
moindre démonstration, tout aussi logique, de leurs contraires — mais des Véritables Mathématiques,
celles qu’aucune démonstration opposée ne saurait détrôner.
Ces Mathématiques, constituant « le fil d’Ariane » dans le labyrinthe de l’intellect, ont été qualifiées
de « Divines » parce qu’elles contribuent à la Connaissance du concept de Dieu, de l’Univers et donc
de ce que nous sommes. Ce sont celles que Pythagore apprit en Égypte, qu’il enseigna et qui permirent
à la science de découvrir, beaucoup plus tard, certaines facettes de la réalité qui nous entoure. Ce
« Fil » est « la Loi des Nombres », Loi révélant la Base sur laquelle s’agencent toutes les Forces
Universelles. Ceci sera vrai non seulement pour comprendre la réalité du monde physique et plus
subtil, mais aussi et surtout, en ce qui nous concerne, pour savoir si une pratique dite « théurgique »
est véritablement telle : si c’est bien l’Œuvre Divine qui est mise en activité et non pas une aberration
intellectuelle, toute logique en apparence, mais aberration, cependant, menant à un désordre des forces
en soi et autour de soi.

2-
Ce sont ces Mathématiques que révèlent également l’Arbre de Vie Kabbalistique, leur adjoignant des
images, des symboles, afin d’expliquer l’Infini à ce qui est fini — l’intellect — et permettant à l’être
humain d’appliquer concrètement ce Savoir pour transmuter ses limites.
Ce mode de raisonnement et l’application de la Connaissance dans la vie quotidienne provoqueront
l’éveil progressif en l’homme du véritable « appareil captateur » de la Connaissance[4], lequel,
ignorant la séparativité, se révélera être Celui Qui Connaît. Et il sera tel, parce qu’il fonctionnera « au
cœur » de toute chose, « au centre ». Cette « centralité » de l’être engendrera l’union du Connaisseur
(vous, qui voulez connaître) et l’objet de la Connaissance (chaque chose, l’eau, l’amour, la pensée,
vous-même, l’Univers et le concept de Dieu) et fera véritablement savoir que c’est seulement au
Centre que l’on devient le Tout.
Par cette Connaissance le chercheur saura alors que les livres lui ont seulement ouvert le Chemin mais
qu’ils n’ont jamais pu lui communiquer l’expérience de l’Essence de l’Univers et de la Divinité.
En conséquence, cet ouvrage[5] espère contribuer, comme le font tant d’autres, à l’ouverture du
Chemin en proposant une représentation symbolique de l’Univers et du concept Divin mais il ne
saurait prétendre décrire véritablement ce qui est.

[1] Philosophe pythagoricien grec (492 à 429 environ av. J.C.); Fragments, XVII, 10-11.
[2] Ce n'est que tardivement que la composition de l'eau fut découverte par le physicien anglais Cavendish, à la fin du
XVIIIe siècle. Cavendish réussit à démontrer que l'eau était formée d'hydrogène et d'oxygène. A la même époque, en
France, Lavoisier réussissait l'opération inverse : faire de l'eau à partir de ces deux éléments.
- Chacun sait aujourd'hui que la molécule d'eau est composée de deux atomes d'hydrogène qui entourent un atome
d'oxygène.
La formule chimique de l'eau est donc H2O.
Ces atomes sont liés entre eux par des forces électromagnétiques importantes.
- Chaque molécule d’eau possède deux pôles chargés électriquement : un pôle chargé positivement du côté des atomes
d’hydrogène et un pôle chargé négativement du côté des atomes d’oxygène.
- Dans une molécule d’eau, les deux atomes d’hydrogène et l’atome d’oxygène complètent leurs couches d’électrons en
mettant ceux-ci en commun.
a) Chaque atome d’hydrogène, avec un électron seulement en orbite autour de son noyau, a besoin d’un électron
supplémentaire pour atteindre un état stable.
b) L’atome d’oxygène avec ses six électrons sur la couche externe, en a besoin de deux autres pour compléter celle-ci.
Lorsque ces trois atomes instables mettent en commun leurs électrons, ils forment une molécule d’eau stable. (voir le
schéma)
[3]C’est-à-dire, selon la Doctrine Hermétique, sur le plan du « mental inférieur ».
[4]Que la Doctrine Hermétique appelle le Mental Authentique ou Haut Mental.
[5] « La Lumière sur le Royaume ou Pratique de la Magie Sacrée au quotidien », d'Alexandre Moryason.

L'intégralité du texte contenu dans ces pages et intitulé « La Leçon de l'Égyptien » est extrait de l'ouvrage d'Alexandre
Moryason « La Lumière sur le Royaume ou Pratique de la Magie Sacrée au quotidien », Chapitre II, pages 62 à 79. Cet
extrait (texte et notes) est protégé par copyright — tout comme l'ensemble de ce site.

Comprendre du Centre
La Leçon de l’Égyptien

’exemple qui nous servira à illustrer très rapidement « l’écoulement des Nombres dans
l’Univers » est celui que prenaient autrefois les Prêtres d’Égypte devant enseigner cette Loi
Fondamentale aux Néophytes, postulant à une Initiation plus élevée.
Le support en était très simple : une feuille de papyrus.
Le Prêtre entrait dans la salle d’Études et montrait, sans prononcer un seul mot, à l’assistance
silencieuse le Disque Solaire Ailé, Symbole du Divin, qui s’étendait sur un mur, derrière lui. Il
regardait tantôt les élèves, tantôt le Disque.

3
Puis, il prenait une feuille de papyrus et, en la tenant bien haut entre le pouce et l’index de la main
gauche, il la montrait. De l’autre main, index droit tendu, il montrait à nouveau la feuille, attirant
fermement ainsi l’attention des élèves.
Ensuite, gardant toujours le silence, de l’index droit, il indiquait la feuille et une
face de celle-ci, prolongeant bien son geste, voulant signifier ce que tous
tentaient de comprendre. Puis, il indiquait à nouveau la feuille, la première face
et la deuxième face. Enfin, de l’index il montrait seulement la feuille.
Le cours était fini. Chacun pouvait quitter la salle mais en gardant le silence sur
ce sujet sacré.
Le lendemain, le Prêtre, toujours silencieux, réitérait devant la même assistance
le processus de la veille mais, cette fois-ci, il pliait la feuille en deux, rabattant
une face sur l’autre, puis il montrait de la main droite une des deux demi-feuilles
séparées par la pliure. Il pointait ensuite la première face de celle-ci et enfin la
seconde et revenait sur l’ensemble, montrant la demi-feuille. Il faisait de même
avec la deuxième demi-feuille et insistait, d’un geste précis, sur le face à face
qui prévalait entre elles. Puis, pour finir, il dépliait la feuille, montrant
successivement cette dernière, ses deux faces et, avec une extrême rapidité, il la
pliait à nouveau, présentant les deux demi-feuilles ainsi formées. La leçon prenait fin dans le silence
perplexe d’une assistance réfléchie.
Le lendemain, il reprenait la feuille de papyrus,
recommençant à la plier en deux, puis il montrait à
nouveau les deux demi-feuilles, séparées par la pliure.
Il en pointait les deux recto et les deux verso, quatre
faces en tout, et d’un geste enrobant, il montrait
l’ensemble ainsi plié. Laissant là les élèves pensifs, il
mettait fin au cours dans le même silence.
Le lendemain, toujours muet, le Prêtre renouvelait la
gestuelle des trois jours précédents mais, une fois la
feuille pliée en deux, il la repliait encore en deux.
Montrant les quatre morceaux résultant de la deuxième
pliure, il en indiquait les quatre recto et les quatre
verso, huit faces en tout; puis, du même geste enrobant
que la veille, il montrait l’ensemble doublement plié.
La leçon s’achevait ici pour ce jour et tous pouvaient
partir en silence.
Lors de la leçon du cinquième jour, quand la feuille
était deux fois pliée, il pliait en deux celle-ci une fois
encore et attirait du doigt l’attention des élèves sur les
huit morceaux résultant de cette troisième pliure. Selon
l’habitude, il en indiquait également les huit recto et les
huit verso, seize faces en tout, et enrobait d’un geste l’ensemble. Ce jour-là, il laissait la feuille ainsi,
trois fois pliée, et mettait fin au cours dans le silence requis.
Le sixième jour, devant l’assistance interrogative, il prenait la feuille telle qu’il l’avait laissée la veille,
pliée en deux, trois fois de suite, et, d’un geste rapide, il la dépliait, montrant à nouveau la feuille de
papyrus dans son état initial.
Puis il montrait le Disque Divin, les deux Ailes et la triple série de plumes composant chacune de
celles-ci.

4-
Enfin, de son index droit, il pointait le Centre du Disque et, en partant du haut de la Circonférence, il
suivait cette dernière en tournant bien vers la droite ; une fois le Cercle fermé, il traçait du doigt, au
sein de ce Disque et d’un geste continu, le côté droit, puis la base et enfin le côté gauche, d’un Triangle
équilatéral dont les pointes touchaient bien la Circonférence. Finalement, il érigeait dans le Triangle un
Carré dont un côté se fondait dans la base de la figure précédente.
Le septième jour, la feuille de papyrus n’était plus là; seul le Disque Divin était porté à l’attention de
tous. Ne traçant plus quoi que ce soit, le Prêtre pointait longuement de son index droit le Centre, tout
en regardant fixement les élèves.

La leçon était vraiment finie. Il n’y avait pas de huitième cours.

En sept jours, les élèves avaient reçu le support de leur longue méditation future, devant encore et
toujours garder le silence sur le fruit de leurs investigations... la Formation de l’Univers et la Loi des
Nombres.

Comprendre du Centre

L'Esprit de l'Égypte

« Ignores-tu, ô Asclépios, que l'Égypte est l'image du ciel et qu'elle est la


projection ici-bas de toute l'ordonnance des choses célestes ? Cependant, il faut
que tu saches : un temps viendra où il semblera que les Égyptiens ont en vain
observé le culte des dieux avec tant de piété et que toutes leurs saintes invocations
ont été stériles et inexaucées. La divinité, quittera la terre et remontera au ciel,
abandonnant l'Égypte, son antique séjour, et la laissant veuve de religion, privée
de la présence des dieux... Alors cette terre sanctifée par tant de chapelles et de
temples sera couverte de tombeaux et de morts. Ô Égypte, Égypte ! Il ne restera
de ta religion que de vagues récits que la postérité ne croira plus et des mot
gravés sur la pierre et racontant ta piété. »
Hermès Trismégiste, trad. de L. Ménard, P. 147

n donnant sa Leçon, le Prêtre ne parla pas une seule fois, pas plus que les élèves, habitués à
garder longuement le silence. Et de fait, quand, en Égypte, il s’agissait d’aborder des Sujets
Saints, on s’abstenait d’émettre un flux de paroles afin de favoriser la Compréhension « à
partir du Centre ».
On considérait l’intellect comme un instrument utile à l’organisation de ce monde dense dans lequel on
vivait mais, s’agissant de l’Univers et de l’Être, les symboles, les couleurs, une gestuelle
représentative, s’avéraient être plus efficaces pour conduire l’élève au « Centre » que tout long
discours.
De plus, des Rites Magiques préparaient toute leçon, créant dans les lieux la fréquence vibratoire
propice à ce positionnement central de la Conscience. « Les choses du Ciel restent au Ciel » disait
l’Instructeur de ce temps-là, « à la Terre d’aller vers elles... »
Pythagore voulut ramener en Grèce l’Esprit et l’Âme de l’Égypte mais il enseignait à des Grecs —
habitués à raisonner « à partir de la périphérie »... — et non pas à des Égyptiens... Il put donc y
diffuser l’Essence de ce que lui-même avait appris mais, de l’Esprit et de l’Âme, il ne put, en véritable
« Égyptien » qu’il était, en parler (voir encadré).
Il enseigna ce que les Grecs eux-mêmes pouvaient comprendre selon leur mode d’appréhension
mentale et puisque ceux-ci apprirent par la suite à l’Occident à penser, c’est ce type d’investigation,
effectuée à partir de la Circonférence, qui devint aussi le nôtre.
5
Ne pouvant donc éviter ce dernier, nous allons exposer brièvement certaines données sur la Loi des
Nombres, présentant intellectuellement des symboles mais ne faisant que les présenter.

Afin d'éclairer notre texte, nous vous proposons un extrait de l'introduction au « Livre des Morts des
Anciens Égyptiens » traduit et commenté par Grégoire Kolpaktchy aux Éditions Stock.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire cet ouvrage (dans la traduction de Grégoire Kolpaktchy).

L'égyptologie officielle n'aime guère qu'on lui parle du caractère « énigmatique » de la


culture égyptienne. Elle hausse les épaules. « Énigmes ? Quelles énigmes ? »
Or, tandis que l'ancien Grec était, de par sa nature, avide de savoir et curieux de
posséder le secret des choses, l'Égyptien se plaisait à contempler les énigmes à l'état
initial, à visualiser leur totalité stimulante ; il lui répugnait à les disséquer (on ne
dissèque que des cadavres), à les creuser, à les fouiller, à étaler en formules abstraites
le secret inviolable de l'Être. L'Égyptien aspirait à la totalité. Et il voyait grand.
Lequel des deux peuples, des Égyptiens ou des Grecs, avait raison ? L'impasse dans
laquelle l'humanité civilisée se débat aujourd'hui n'est-elle pas l'héritage du
rationalisme grec dégagé progressivement de la mystique égyptienne et retouché par la
médiocrité latine ? N'eût-il pas mieux valu s'arrêter à mi-chemin, comme les
Égyptiens ? Car avoir constaté l'existence de l'énigme était déjà beaucoup...
L'énigmatique attirait l'Égyptien comme la beauté fascinait le Grec ; et de même que
celui-ci recherchait partout (harmonie, la symétrie, l'équilibre, les proportions justes et
les rythmes, de même celui-là se délectait de l'incompréhensible, de l’inconcevable, du
contradictoire et de l'irrationnel.
L'ancien Égyptien, en effet, possédait des antennes pour le fond IRRATIONNEL de
l'existence ; pour cette vie terrestre qui est une mort échelonnée ; pour cette mort qui, à
ses yeux, possédait tous les attributs d'une vraie vie ; pour cet Être absolu de
l'ontologie (« TUM ») identifié par lui avec le Néant ; pour cette attraction (sympathie)
universelle qui est « l'autre visage » de la répulsion et de la haine ; pour cette lutte,
enfin, lutte implacable, sévissant sur tous les plans de l'existence et dans tous les coins
de l'Univers, et qui ne fait qu'obéir, en réalité, à un plan sereinement établi,
harmonieux, plein d'une calme et profonde sagesse...
Toute la dialectique d'Héraclite et — deux millénaires plus tard — celle d'Hegel, voilà
le substrat et l'axe de cristallisation de la Weltanschauung[1] égyptienne ; et c'est, pour
nous, l’élément le plus précieux de son apport spirituel.
Fidèle à ce principe de contradiction, base de son ontologie, l'Égyptien traite avec
dédain la raison humaine et élève l’homme, cet être « raisonnable » entre tous (rekhit),
au niveau des dieux ; il adore l'éternité immuable incarnée dans ses « dieux anciens »,
et place à la tête de son panthéon un dieu mort...
Cette vision du monde ne fut jamais exprimée par les Égyptiens en concepts abstraits
(l'abstraction n'étant pas de leur ressort) ; mais elle est toujours là, sous la forme d'une
ambiance mystérieuse et énigmatique.
La valeur éducative de l'irrationalisme égyptien est grande ; celui-ci forme un
contrepoids à la platitude rationaliste que notre époque nous impose. Voilà pourquoi
l'homme d'aujourd'hui se sent obscurément attiré vers l'ancienne Égypte, terre
classique des mystères, et vers cette dialectique, propre au tempérament de ce peuple
et qui évolue avec virtuosité au milieu d'un cliquetis des antinomies existentielles.

6-
L'originalité et l'étrangeté de la vision égyptienne du monde nous font paraître comme
fade et inexpressif le « miracle grec » dont nous sommes les héritiers directs. La
démesure égyptienne écrase la mesure grecque ; elle le fait sans une ombre d'effort, —
par la présence presque tangible et palpable de l'Au-delà. II n'est pas postulé, cet Au-
delà ; il n'est pas montré, démontré, proclamé : il est tout simplement là, présent devant
nous, silencieux, immobile et grandiose.
La vision hindoue est plus articulée ; elle pénètre plus profondément dans la structure
du monde caché ; et la cabbale chinoise nous fait entrevoir avec plus de finesse toute la
complexité de son agencement ; mais aucune civilisation du passé n'a jamais révélé le
grandiose effet global de l'énigme existentielle, comme l'a fait la pensée égyptienne
d'autrefois.
Quel est donc l'instrument qui a produit ce « miracle » égyptien ?
C'est la mainmise de l'élite égyptienne sur le mystère de la mort, une mainmise
absolue, tyrannique et exclusive. Qu'on s’imagine, en outre, un peuple dur, sourd,
obstiné ; un peuple qui ne voit rien, ne veut rien voir, si ce n'est ce mystère fascinant,
hallucinant...
C'est ainsi, par la démesure, que le destin forge des miracles...

[1] (Note ajoutée par nous) Le terme germanique « Weltanschauung » signifie conception du monde, description des fins
en soi, image du monde projetée par notre esprit. Une « Weltanschauung » est donc par définition subjective et arbitraire
et la prétention à une « Weltanschauung » scientifique ou rationnelle est absurde.

L’Être et Sa Manifestation : l’Un et le multiple

Leçon du premier jour...


· L’Être en Qui tout est et vit est Un et la Création révèle Sa Manifestation ;
(c’est pourquoi avant de prendre la feuille de papyrus dans les mains, le Prêtre Égyptien montrait à
l’assistance le Disque Solaire, représentant la Divinité par sa Création).
· L’Un est « un » en lui-même ;
(la feuille est une en elle-même, c’est pourquoi le Prêtre la montrait en premier lieu ; elle constitue une
Unité) ;
· L’Un présente d’abord Deux Aspects de Lui-Même
(la feuille, l’Unité, puis une de ses faces qui, jointe à l’Unité, donne Deux ; aussi, le Prêtre montrait-il
du doigt la feuille et une face) ;
· L’Un présente aussi Trois Aspects de Lui-Même
(la feuille, l’Unité, la première face jointe à l’Unité donnant Deux, puis la deuxième face qui, jointe à
la précédente et à l’Unité, donne Trois ; c’est pourquoi le Prêtre montrait successivement la feuille,
puis une face, puis l’autre.)[1]

Là s’arrêtait la leçon du premier jour :

L’Être de Qui tout procède est Un et « Un » est ce qui Le définit Lui-Même.

7
L’Un est donc Un mais Deux et Trois en Lui-Même et étant Tel, partout où ce Trois viendra à
l’existence, la Pensée de l’Un, Idéation Première, aura force de Loi [2].

[1] Étant Deux et Trois, le Un porte en lui le premier Pair (2) et le premier Impair (3) ; ce faisant, il contient toutes les
possibilités de son devenir : la succession des Nombres. Tous les Nombres, après le Trois, résultent de la combinaison du
Pair et de l’Impair, lesquels ont leur source dans ces Pair et Impair-Racines : le Deux et le Trois : 4, par exemple, = 1 + 3
ou 2 + 2. Régissant la succession des Nombres, le Un s’adjoint toujours à ce qu’il a précédemment engendré, rappelant
qu’Il est le Tout générant et contenant le Multiple.
[2] Ceci explique que le meilleur symbole attribué à la Divinité ait été et soit toujours un Triangle, la Loi du Triangle ou
Loi du Ternaire gouvernant donc tout ce qui est. Ainsi, toute expansion de l’Idéation, ou Expression Divine dans l’Univers,
résulte de la présence d’un Ternaire-gouverneur ; le Premier Ternaire, Kéther, Chokmah, Binah, est l’Expression Pure de la
Pensée Divine, absolument inconcevable. Le Troisième Ternaire actif, par exemple, canalisant l’idéal de l’Amour, de la
Paix, de la Beauté, de l’Harmonie, est formé par Tiphéreth, Netzach et Hod.

L’Être et Sa Manifestation : l’Un et le multiple

Leçon du deuxième jour...


Dès que l’Un s’exprime, par la Dualité qu’Il contient, Il engendre aussitôt deux
manifestations de Lui-Même, deux Unités Triples ;
(la feuille, une fois pliée en deux, exprime quelque chose d’elle-même ; la pliure marque le premier
changement[1] ; la feuille n’est plus laissée telle quelle ; elle présente, ainsi pliée, dans ses deux demi-
feuilles, un dédoublement ternaire d’elle-même : chaque demi-feuille devient une Unité en elle-même,
comportant, une face — Deux — puis une autre face — Trois ; c’est pourquoi le Prêtre montrait la
triple nature de chaque demi-feuille).

Contenant deux manifestations Triples de Lui-Même, l’Un voit le Six s’élaborer en Lui ;
(les deux Ternaires se font face, séparés par la pliure ; c’est pourquoi le Prêtre insistait sur cette
position)[2].

Le Six s’élabore dans le sein de la Triplicité de l’Un qui porte donc aussi le Neuf en Lui-
Même ;
(les deux ternaires que constituent les deux demi-feuilles font partie de la feuille, de cette Unité déjà
Triple en elle-même. C’est pourquoi le Prêtre Égyptien montrait finalement la feuille dans sa triplicité
première).

Là s’arrêtait la leçon du deuxième jour :

Le Ternaire (le Trois) engendre deux Ternaires qui révèlent la potentialité du Sénaire (le Six) ;
l’Un, Premier Ternaire, contenant l’ensemble, montre qu’Il porte en Lui le Nonaire aussi (le
Neuf)[3].

[1] L’exemple de la feuille de papyrus du Prêtre Égyptien et l’image de la pliure constituent un tout étonnamment
pertinent : tout ce qui se passe dans la feuille, au niveau des Nombres, est exactement ce qui se passe dans l’Univers mais
en allant dans le sens inverse, de l’Intérieur vers l’extérieur ; quant à l’écoulement des Nombres et son argumentation, […]
ils sont les mêmes... En effet à chaque pliure de la feuille en « deux », (il ne peut en être autrement, car Deux étant le
premier Aspect qui surgit de l’Un, il est inévitable. Pourrait-on, de même, plier directement la feuille en Trois en Quatre ?
Il faudrait d’abord passer le Deux ou « binaire ») toute l’organisation de la feuille change en suivant un ordre
mathématique ; la pliure symbolise une nouvelle Expression de la Divinité, de l’Un par l’émergence d’un nouveau
Quaternaire, contenant deux Ternaires (un actif, celui qui porte l’Idéation, et un passif, qui sera celui qui absorbera la
concrétisation finale, réalisée au préalable par le Quaternaire. Mais en réalité, c’est parce qu’il y a eu une première pliure
8-
(une Première Expression de la Divinité) que les 2 autres pliures (considérés dans les pages suivantes) donneront cet
agencement précis de Forces et cette multiplication par Deux. Les deux autres Expressions de l’Un la Divinité) ne seront
donc que la résultante de la Première (pliure, par symbole) ; ceci signifie que la Divinité ne s’exprime en fait qu’UNE fois
(la première pliure), le reste n’étant que la suite générée par les Énergies Racines inhérentes au résultat de la Première
Expression (le Quatre, contenant le Cinq, le Six, le Sept, le Huit, et le Dix). C’est pourquoi le Quatre est la clé du Dix et
que si l’On dit « Un, Quatre, Dix », on a signifié l’ensemble de « la Concrétisation de l’Idéation Divine » surgie dans « la
Manifestation » (le Ternaire Premier) ; (le reste, 3 et ses multiples et les Nombres Cinq et Sept, sont des Nombres-Pivots,
permettant d’aboutir à ce Dix : la totalité qui revient au Un : 10 =1 + 0= 1 ).
[2] L’un est passif et l’autre est actif.
[3] Lorsque le Ternaire se reproduit lui-même (Six, par exemple, est une double reproduction du Ternaire : 3 x 2), il crée un
réseau de Forces Idéelles, par lesquelles il exprimera un autre aspect de son potentiel initial. Compte tenu du fait que le
Premier Ternaire se reproduit deux fois encore (cf. pages suivantes) l’Expression Universelle et Totale de l’Un est marquée
par le Neuf (3 x 3). Ceci explique que le Neuf, marquant le terme après lequel tous les Nombres seront réduits à l’Unité,
tout ce qui vit et est dans l’Univers, n’est qu’une expression autre de ce chemin qui va de Un à Neuf. Les Trois Ternaires de
la Manifestation, puisqu’ils portent chacun une Expression de l’Idéation Divine constituent, dans leur totalité, la Force-
Contrôle de l’Univers. C’est pourquoi, si le Trois régit le Karma, dans son Principe, le Nombre Neuf (3 x 3= 9) le régit
quant à sa concrétisation.

L’Être et Sa Manifestation : l’Un et le multiple

Leçon du troisième jour...


Dès que la Triple Nature de l’Un s’exprime, en raison de la Dualité qu’elle recèle
aussi[1], Elle devient le Quatre ;
(la feuille, une fois pliée en deux, présente deux demi-feuilles et quatre faces, les deux recto et les deux
verso de chacune d’elles ; c’est pourquoi le Prêtre montrait bien les deux demi-feuilles, une dualité,
comportant quatre faces)[2].

S’exprimant ainsi, l’Un reste toujours le Un qui réunit le Tout et ce faisant Il devient
Cinq ;
(le nouvel aspect de la feuille n’altère en rien la présence de la feuille-une ; c’est pourquoi le Prêtre
Égyptien enrobait d’un geste l’ensemble).

Là s’arrêtait la leçon du troisième jour :

Le Trois engendre le Quatre et révèle aussi le Cinq ; le Ternaire engendre le Quaternaire et


révèle en même temps le Quinaire[3].

[1] C’est le Deux qui devient la base du Quaternaire générant Quatre Forces, ainsi que le montre la seule expérience de la
feuille de papyrus, d’où le développement du « Binaire » dans le décompte des Forces dans la Création.
[2] Si toute Expression de la Divinité, toute Idéation, est signifiée par le Ter naire, toute concrétisation de cette Idéation ne
sera possible que par l’émergence du Quaternaire. Sans ce dernier, en effet, l’Idéation ne pourrait développer ce qu’elle
contient en elle-même, et tout ce qu’elle voudra manifester ultérieurement se fera par un Quaternaire qu’elle générera à
cette fin.
[3] L’Idéation, portée par le Ternaire et concrétisée par le Quaternaire, n’est reconnue et acceptée par le Ternaire-Géniteur
que dans le Quinaire. Cette reconnaissance de l’Idéation par le Ternaire implique l’Intelligence, — ou compréhension par
réflexion — qu’a ce dernier de sa propre Idée. C’est pourquoi, le Cinq révèle l’Intelligence en action dans l’organisation
des Forces, soutenant le Quaternaire dans la concrétisation de l’Idéation.

L’Être et Sa Manifestation : l’Un et le multiple

Leçon du quatrième jour...


· Lorsque l’Un s’est exprimé une fois, Son Expression devient le support d’autres Expressions
possibles ;
9
(parce que la feuille a été pliée une fois, elle peut maintenant être pliée une deuxième fois mais toute
nouvelle apparence qu’elle présentera dorénavant aura comme support initial la première pliure ; c’est
pourquoi celle-ci permet au Prêtre de plier encore une fois la feuille.)
· La Deuxième Expression de l’Un, fondée sur la Première, révèle Huit capacités de manifestation
de Sa Nature ;
(la première pliure montrait quatre faces produites par les deux demi-feuilles ; ce sont ces quatre faces
qui, une fois rabattues les unes sur les autres par la deuxième pliure, offrent maintenant huit faces ;
c’est pourquoi le Prêtre indiquait bien celles-ci du doigt)[1].

Là s’arrêtait la leçon du quatrième jour :

le Premier Quaternaire devient le fondement du Deuxième Quaternaire lequel, multipliant par


deux les Forces du Premier, possède Huit capacités de manifester l’Un.

[1] Le Prêtre enrobait d’un geste l’ensemble, montrant que ce Huit portait en latence le Neuf.

L’Être et Sa Manifestation : l’Un et le multiple

Leçon du cinquième jour...


· La Troisième Expression de l’Un, fondée sur la seconde — elle-même issue de la Première —
révèle Seize capacités de manifestation de l’Un ;
(les huit faces produites par la deuxième pliure offrent, suite à la troisième pliure, seize faces ; c’est
pourquoi le Prêtre indiquait celles-ci du doigt)[1].

Là s’arrêtait la leçon du cinquième jour :

Le Deuxième Quaternaire — basé sur le Premier — devient le fondement du


Troisième Quaternaire lequel, multipliant par deux les Forces du précédent, possède
Seize capacités de manifester l’Un[2].

[1] Le Prêtre enrobait le tout d’un geste, montrant la présence du Dix-sept, Nombre qui fixe les Forces du Troisième
Quaternaire, lesquelles donneront les Seize Forces (16 + 1 = 17) actives — en synthèse — dans le Quatrième Quaternaire à
partir duquel tout ce qui existe dans le monde matériel est produit. La première Dualité révèle les Deux Grandes Forces
Universelles : + et –, électrique et magnétique (Forces Primaires, par rapport aux suivantes). Mais dès le Premier
Quaternaire, entrent en jeu Quatre autres polarités + et –, secondaires par rapport aux précédentes (la notion de rapport est
fondamentale), et qui vont interagir. C’est ce qui est appelé un « Aimant Quadripolaire » (Voir l’Enseignement inestimable
de Franz Bardon). Aussi, le Quaternaire est-il cet Aimant à « quatre pôles ».
[2] En ce qui concerne l’agencement des Quaternaires, il faut se souvenir que le Deux est la base du Premier Quaternaire,
générant Quatre Forces : de même le Quatre (les Forces du Premier Quaternaire) devient la base du Deuxième Quaternaire,
générant Huit Forces ; les Huit Forces de ce Deuxième Quaternaire deviennent la base du Troisième Quaternaire, générant
Seize Forces. Un Quaternaire par rapport à celui qui le suit est Créateur, donc électrique (car il est l’origine du suivant) ; à
ce titre, sa polarité dominante (par rapport au suivant) est électrique et le suivant est donc magnétique. Ce dernier devient
électrique par rapport au Quaternaire qui le suit, lequel est, en conséquence, à dominante magnétique, etc... L’ensemble des
Trois Quaternaires considérés nous montre donc les Douze […] Forces-Racines (3 X 4 = 12) qui sont à l’origine d’une
multiplication incessante, produisant ainsi ce qui existe dans l’Univers. Un quatrième quaternaire émerge, (Thiphéreth,
Netzah, Hod, Malkuth) lequel à pour base « seize » (Forces du Quaternaire précédent) et pour Forces agissantes : 32. Les
Quatre Quaternaires sont représentés par le pilier « Djed ».

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L’Être et Sa Manifestation : l’Un et le multiple

Leçon du sixième jour...


· Quelles que soient les Expressions de l’Un, Son Ultime Réalisation Le ramène vers Lui-Même ;
étant Tel, Il révèle le Dix mais au Dix, Il ne tend qu’à être Un ;
(une fois les trois pliures effectuées, la feuille est dépliée, redevenant l’Unité initiale.)
· Tout symbole représentant le Divin ne peut éviter de révéler la totalité ou une partie de la Loi
des Nombres : l’Un dans Sa Triple Nature, engendrant ce qui s’écoulera de Lui ;
(le Prêtre montre le Disque Ailé, puis les Deux Ailes, l’ensemble impliquant l’Un en Trois; puis il met
en évidence la triple série de plumes composant chaque Aile, indiquant par ce geste le Sénaire généré
par la Dualité Première; le Sénaire, joint au Disque lui-même — l’Un en tant qu’Unité —, révèle le
Septénaire).
· L’Univers, qui est l’Un en manifestation, reproduit ce qu’est l’Un Lui-Même : le Trois Qui
génère le Quatre, formant ainsi le Sept scellant cette Manifestation ;
(lorsque le Prêtre Égyptien pointe le Centre, il indique l’origine de toutes les Forces ; puis il trace le
Cercle en tournant dans le sens positif et constructeur ; enfin il trace un Triangle qui va reproduire dans
ce Cercle ce Qui est déjà Triple au Centre : la Nature de l’Un ; puis, se servant de la base du Triangle il
trace un carré parce que toutes les Expressions Quaternaires de l’Un se génèrent à partir de ce
Triangle. Le Triangle et le Carré symbolisent le Septénaire...)[1]

Là s’arrêtait la leçon du sixième jour :

De l’Un surgit le Multiple mais dans le Multiple seul est véritablement l’Un. L’Un est donc un
Centre Qui S’extériorise Lui-Même, tissant Son espace à partir de Lui-Même, ceignant ce dernier
de Sa Puissance et le marquant du Sceau de Sa Triple Nature ; celle-ci s’exprime par le Quatre qui
fonde toutes choses et, ensemble, le Trois et le Quatre — par l’Intelligence du Cinq — sont le Sept,
l’Organisation de l’Un ; mais voulant toujours se retrouver Lui-Même, Il poursuit jusqu’au Dix, le
Dix de Son exaltation. A Sa périphérie Il comprend Qu’il est toujours Lui-Même et aussitôt tend
vers Son Unique Centre, l’Un, le Géniteur des Nombres.

[1] Il est évident que la seule feuille de papyrus pliée servait à démontrer l’écoulement des Nombres de 1 à 9, alliée au
Disque Solaire, sur lequel le Prêtre trace le Symbole de la Création, puis de l’entrelacement du Ternaire et du
Quaternaire, lequel en donnant le Septénaire révèle le développement du potentiel idéel contenu originellement par le
Ternaire et concrétisé par le Quaternaire.

L’Être et Sa Manifestation : l’Un et le multiple

Leçon du septième et dernier jour...


· L’Un extériorise tout de Lui-Même ;
(l’Unité devant être considérée comme un Centre se déployant lui-même, la feuille de papyrus devait
disparaître car, si elle était un support de démonstration, elle n’a pu reproduire véritablement cette
extériorisation. L’être humain, fonctionnant à la périphérie et tendant à retourner vers le Centre, ne
peut reproduire le phénomène d’une explosion ordonnée, touchant simultanément le Tout alors que le
Centre reste intact).
· Tout ce que l’Un a généré retourne inévitablement à l’Un ;
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(c’est pourquoi le Prêtre Égyptien pointait du doigt le Centre du Disque Solaire, montrant ainsi que
seul ce Centre doit être recherché).
Ainsi s’achevait un premier Enseignement sur la Formation de l’Univers et la Loi des Nombres :

Si de l’Un naît le Multiple, le Multiple retourne à l’Un. Tout ce qui, né de Lui, vint à l’existence,
trouve dans cet inéluctable Retour son Accomplissement[1]

Le Prêtre Égyptien terminait cette étude en regardant les élèves longuement et avec une ferme
insistance. Tout un cours était concentré dans ce regard si loquace :

« Que tout soit clair dès à présent ; c’est du Divin Éternel Manifesté qu’il s’est agi ici et de rien
d’autre car rien n’est hors de Lui et, en traitant des Nombres, on a traité du Tout, de vous et de
moi, et donc uniquement de Lui »[2].

[1] En réalité, les Nombres (et donc notre existence et nous-mêmes) surgissent du Un qui est au Centre et se multiplient en
éclatements successifs, la complexité des forces, issues de cette multiplication, générant la densité maximale à la périphérie
(que nous avons atteinte...). Arrivées à cette extrémité, les forces alors tendent immédiatement à retourner vers le Centre,
vers le Un, et transmutent progressivement leur nature en délaissant leur densité.
[2] Un hommage doit être rendu ici à la mémoire de Giordano BRUNO (1548-1600) qui scanda avec passion et
intelligence, à la manière des Anciens, l’Un, toujours l’Un... Mage et Kabbaliste, son action fut capitale en faveur de la
divulgation de l’Hermétisme : G. BRUNO est, avec J. DEE, à l’origine de ce qui deviendra « l’émergence de la
Rose+Croix » en Europe quelques années après sa mort. Membre de la « Voarchadumia » (émanation secrète de la Loge
Hongroise liée à la Loge Transhimalayenne), il était un véritable « Égyptien » ; son travail, arrêté par l’Église (G.Bruno
mourut brûlé vif sur l’ordre de l’Inquisition...), fut repris par un autre « Égyptien », également victime de l’Église :
CAGLIOSTRO. A bon droit la Prédiction d’Hermès Trismégiste s’applique à ces deux figures de l’Hermétisme : « quant à
celui qui aura survécu [à la destruction de l’Égypte et au reniement des Dieux] ce n’est qu’à son langage qu’on le
reconnaîtra pour Égyptien... ». Voir l’inégalable ouvrage de F. A. Yates : « G. Bruno et la Tradition Hermétique ». Éd.
Dervy.

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