Cours5 Maths3 A4 2019
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V. Espace vectoriel muni d’un produit scalaire, diagonalisation des matrices symétriques et hermitiennes
V. 1. Introduction
Nous avons vu que dans un espace vectoriel nous pouvons additionner des vecteurs et les multiplier par
des scalaires.
Pouvons-nous aller plus et définir des notions comme les longueurs, les angles et l’orthogonalité ?
Le produit scalaire est une nouvelle opération qui s’ajoute aux lois s’appliquants aux vecteurs, à savoir
l’addition et la multiplication scalaire, et qui permet donc d’utiliser les notions usuelles de géométrie
comme les longueurs, les distances, les angles et l’orthogonalité.
Le produit scalaire permet d’étendre ces notions à des espaces vectoriels réels ou complexes de toute
dimension.
V. 2. Produit scalaire
Rappelons que dans R3 le produit scalaire est défini par (en utilisant la notation matricielle)
0
x
u |~v i = x y z · y 0 = xx 0 + yy 0 + zz 0
h~
z0
Il s’avère que ces trois propriétés sont les plus élémentaires qui permettent de généraliser les “propriétés
géométriques” recherchées aux espaces abstraits ...
Nous distinguerons le cas réel et le cas complexe pour définir le produit scalaire.
V. 2. 1. Produit scalaire réel
Définition
Soit E un R-espace vectoriel. Une application ϕ : E × E → R est appelée forme bilinéaire si :
ϕ est linéaire à droite : pour tout a ∈ E fixé, l’application ϕa : E → R définie par ϕa (y ) = ϕ(a, y )
est linéaire.
ϕ est linéaire à gauche : pour tout b ∈ E fixé, l’application ϕb : E → R définie par ϕb (x) = ϕ(x, b)
est linéaire.
Définition
Une forme bilinéaire ϕ : E × E → R est
symétrique si ϕ(x, y ) = ϕ(y , x) pour tous x, y ∈ E .
positive si ϕ(x, x) ≥ 0 pour tout x ∈ E .
définie si pour tout x ∈ E ,
ϕ(x, x) = 0 ⇒ x = 0.
Exemple
Dans R2 , l’application
ϕ : R2 × R2 → R, ϕ((x1 , x2 ), (y1 , y2 )) = x1 y1 + x2 y2
Définition
Soit E un R-espace vectoriel. On appelle produit scalaire sur E toute forme bilinéaire sur E qui est
symétrique et définie positive.
Un R-espace vectoriel muni d’un produit scalaire est appelé un espace préhilbertien. S’il est de
dimension finie alors est appelé un espace euclidien.
Notation
Si ϕ : E × E → R est un produit scalaire, alors ϕ(x, y ) est noté hx|y i.
h(x1 , . . . , xn )|(y1 , . . . , yn )i = x1 y1 + · · · + xn yn .
Exemple
Soit E = C ([a, b]) le R-e.v des applications continues de l’intervalle [a, b] dans R. Alors l’application
Z b
E × E → R, (f , g ) → hf |g i = f (x)g (x) dx
a
Exemple
Soit E = Mn (R) le R-e.v des matrices carrées n × n. Alors l’application
est un produit scalaire (où pour une matrice M, Tr (M) désigne la trace de M et M t désigne la
transposée de M).
Exercice
Soit E = R2 . Pour (x, y ), (x 0 , y 0 ) ∈ E , on pose
ϕ((x, y ), (x 0 , y 0 )) = xx 0 + 12(xy 0 + yx 0 ) + yy 0 .
Définition
Soit E un C-espace vectoriel. Une application ϕ : E × E → C est appelée forme sesquilinéaire sur E si :
pour tout b ∈ E fixé, l’application ϕb : E → C définie par ϕb (x) = ϕ(x, b) est linéaire.
pour tout a ∈ E fixé, l’application ϕa : E → C définie par ϕa (y ) = ϕ(a, y ) est semi-linéaire :
Définition
Une forme sesquilinéaire ϕ : E × E → C est
hermitienne si ϕ(x, y ) = ϕ(y , x), pour tout x, y ∈ E .
positive si ϕ(x, x) ≥ 0 pour tout x ∈ E .
définie si pour tout x ∈ E ,
ϕ(x, x) = 0 ⇒ x = 0.
Exemple
Dans C2 , l’application
ϕ : C2 × C2 → C, ϕ((x1 , x2 ), (y1 , y2 )) = x1 y1 + x2 y2
Définition
Soit E un C-espace vectoriel. On appelle produit scalaire sur E toute forme sesquilinéaire sur E qui est
hermitienne et définie positive.
Un C-espace vectoriel muni d’un produit scalaire est appelé un espace préhilbertien. S’il est de
dimension finie alors il est appelé hermitien.
Notation
Si ϕ : E × E → C est un produit scalaire, alors ϕ(x, y ) est noté hx|y i.
h(x1 , . . . , xn )|(y1 , . . . , yn )i = x1 y1 + · · · + xn yn .
h(x1 , . . . , xn )|(y1 , . . . , yn )i = x1 y1 + · · · + xn yn .
h(x1 , . . . , xn )|(y1 , . . . , yn )i = x1 y1 + · · · + xn yn .
V. 2. 4. Propriétés géométriques
Rappel
Si ϕ : E × E → K est un produit scalaire, alors ϕ(x, y ) est noté hx|y i.
Dans la suite E est un K-espace vectoriel préhilbertien. Donc un espace vectoriel, réel ou complexe,
muni d’un produit scalaire noté hx|y i.
Définition
Nous avons pour tout x ∈ E , hx|xi ≥ 0 ; on pose alors
p
kxk = hx|xi
Exemple
Dans R2 muni du produit scalaire canonique
h(x, y )|(x 0 , y 0 )i = xx 0 + yy 0
Définition
Pour tous x, y ∈ E , on pose d(x, y ) = kx − y k qu’on appelle la distance entre x et y .
Exemple
Dans R2 muni du produit scalaire canonique
h(x, y )|(x 0 , y 0 )i = xx 0 + yy 0
Proposition
Pour tous x, y , z ∈ E on a :
pour tous x, y ∈ E , d(x, y ) ≥ 0,
pour tous x, y ∈ E , d(x, y ) = 0 si et seulement si x = y ,
pour tous x, y ∈ E , d(x, y ) = d(y , x),
pour tous x, y , z ∈ E , d(x, y ) ≤ d(x, z) + d(z, y ) (Inégalité triangulaire).
kx + y k2 + kx − y k2 = 2(kxk2 + ky k2 ).
Dans un parallélogramme, la somme des carrés des longueurs des diagonales est égale à la somme des
carrés des longueurs des côtés.
| hx|y i | ≤ kxk · ky k
Définition
Cet unique angle est appelé l’angle non orienté entre u et v .
V. 3. Orthogonalité
Définition
On dit que deux vecteurs x, y ∈ E sont orthogonaux si hx|y i = 0. On écrit x⊥y .
Deux parties A et B de E sont dites orthogonales si pour tout a ∈ A et pour tout b ∈ B, a et b
sont orthogonaux. On écrit A⊥B.
Remarque
Remarquons que deux vecteurs u et v non nuls sont orthogonaux si et seulement si l’angle non orienté
formé entre u et v est π/2.
Définition
Soit C = (u1 , . . . , up ) une famille de vecteurs d’un espace préhilbertien E . On dit que C est orthogonale
si ui ⊥uj pour tout i, j ∈ {1, . . . , p} avec i 6= j.
Exemple
On munit R3 du produit scalaire canonique. Soit B = (u, v ) la famille définie par
1 1 1 1 −1
u = ( √ , √ , √ ), v = ( √ , √ , 0)
3 3 3 2 2
est une famille orthogonale. En effet
1 1 1 1
hu|v i = √ × √ − √ × √ = 0
3 2 3 2
et donc u et v sont orthogonaux.
Théorème de Pythagore
Soit C = (u1 , . . . , up ) une famille orthogonale de vecteurs d’un espace préhilbertien E . Alors
Xp
2 Xp
ui
= kui k2 .
i=1 i=1
V. 4. Projection orthogonale
Proposition
Soit A une partie non vide de E . L’ensemble des vecteurs de E qui sont orthogonaux à tous les vecteurs
de A, noté A⊥
A⊥ = {x ∈ E |x⊥y pour tout y ∈ A}
est un s.e.v de E appelé l’orthogonal de A.
Proposition
Pour tout s.e.v F de dimension finie de E on a E = F ⊕ F ⊥ .
Pour x ∈ E , le vecteur y de F fourni par le théorème précédent peut être vu comme la meilleure
approximation de x dans F .
On a E = F ⊕ F ⊥ et
x = pF (x) + (x − pF (x))
avec pF (x) ∈ F et x − pF (x) ∈ F ⊥ .
Définition
On dit d’un vecteur x ∈ E qu’il est unitaire si kxk = 1.
Définition
Soit C = (u1 , . . . , up ) une famille de vecteurs de E . On dit que C est orthonormée si C est orthogonale
et si ui est unitaire pour tout i ∈ {1, . . . , p}.
et de même hv |v i = 1.
Définition
Une base de E qui forme une famille orthonormée est appelée base orthonormée.
Exemple
Dans Rn muni du produit scalaire canonique
h(x1 , . . . , xn )|(y1 , . . . , yn )i = x1 y1 + · · · + xn yn
la base canonique Can = (e1 , . . . , en ) est une base orthonormée. Il faut vérifier (exercice)
kei k = 1,
hei |ej i = 0 pour tout i, j avec i 6= j.
Donc
hx|e1 i
x = ...
hx|en i B
x = ... , y = ...
xn B yn B
alors
hx|y i = x1 y1 + x2 y2 + · · · + xn yn .
Autrement dit le produit scalaire dans ce cas, peut être vu comme le produit scalaire canonique dans Rn .
x = ... , y = ...
xn B yn B
alors
hx|y i = x1 ȳ1 + x2 ȳ2 + · · · + xn ȳn .
De même ici, le produit scalaire dans ce cas, peut être vu comme le produit scalaire canonique dans Cn .
Exemple
Calculons la projection orthogonale de u = (2, 1, 1) sur la droite vectorielle F = Vect((1, 1, 0)).
√
base orthonormée de F : k(1, 1, 0)k = 2 et donc en posant e = ( √12 , √12 , 0) on obtient une base
orthonormée de F
On a
2 1 1 1 3 3
pF (u) = hu|ei e = ( √ + √ )( √ , √ , 0) = ( , , 0).
2 2 2 2 2 2
Orthonormalisation de Gram-Schmidt
Remarque
Remarquons que le vecteur
j
X
hej+1 |fk i fk
k=1
est la projection orthogonale de ej+1 sur l’espace vectoriel engendré par f1 , f2 , . . . , fj . Par conséquent, le
vecteur
X j
ej+1 − hej+1 |fk i fk
k=1
est orthogonal à l’espace vectoriel engendré par f1 , f2 , . . . , fj . Pour le rendre unitaire il suffit de le diviser
par sa norme
ej+1 − jk=1 hej+1 |fk i fk
P
Pj
.
ej+1 − k=1 hej+1 |fk i fk