14 15 Applications - Lineaires
14 15 Applications - Lineaires
14 15 Applications - Lineaires
Les applications linéaires et leur omniprésence en mathématiques sont la raison pour laquelle
on a introduit les espaces vectoriels – ce qui est intéressant, ce ne sont pas les objets mais
les relations entre les objets, c’est-à-dire les applications qui en préservent la structures, les
morphismes.
Lemme. Soit ϕ : E → F une application. Alors ϕ est linéaire si et seulement si pour tous
vecteurs u, u0 ∈ E et tous scalaires λ, λ0 ∈ K,
Lemme. Soit ϕ : E → F une application linéaire bijective. Alors ϕ−1 : F → E est linéaire.
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3. Si E = F = R2 , on retrouve la notion rencontrée en S1. (Ouf
!) Onconnaı̂t
leur forme,
retrouvons-la. Soit ϕ : R 2 → R2 linéaire. On pose ϕ 1 = a et ϕ 0 = b . Alors, pour
0 c 1 d
tout xx12 ∈ R2 :
x1 1 0 1 0 a b ax1 + bx2
ϕ = ϕ x1 + x2 = x1 ϕ +x2 ϕ = x1 +x2 = .
x2 2 1 0 1 c d cx1 + dx2
`(x1 , . . . , xn ) = a1 x1 + · · · + an xn .
5. Les applications habituelles en analyse : limite d’une suite (un )n∈N 7→ limn→+∞ un ,
évaluation en un point f 7→ f (2) ou ou plus généralement f 7→ f (x0 ), dérivation d’une
fonction en un point f 7→ f 0 (2) ou plus généralement f 7→ f 0 (x0 ), dérivation d’une fonction
Rb
f 7→ f 0 , intégrale f 7→ a f (t) dt, etc., sont linéaires
b) Un exemple très général
L’exemple qui suit a une portée plus générale, d’ailleurs le chapitre sur les matrices consiste en
premier lieu à montrer que tout s’y ramène.
Exemple ( des systèmes linéaires ). Soit E = Kn et F = Km pour n, m ∈ N. Fixons une
matrice A = (aij )16i6m , on définit une application linéaire de K
n dans Km en posant :
a11 x1 + · · · + a1n xn
x1
.. a21 x1 + · · · + a2n xn
ϕA . = .. .
.
xn
am1 x1 + · · · + amn xn
ϕ + ϕ0 : E −→ F
u 7−→ ϕ(u) + ϕ0 (u)
λϕ : E −→ F
u 7−→ λϕ(u).
Lemme. La somme et le produit par un scalaire sont bien définies et font de L (E, F ) un espace
vectoriel. (Le vecteur nul est l’application linéaire nulle 0̃ définie plus haut.)
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Démonstration. La première partie du lemme signifie qu’avec les notations de la définition, ϕ+ϕ0
et λϕ sont linéaires. En effet, pour u, u0 ∈ E et µ, µ0 ∈ K, on a :
Démonstration. Soient ϕ ∈ L (E, F ) et ψ ∈ L (F, G). On veut montrer que ψ ◦ ϕ est linéaire.
Soient u, u0 ∈ E et λ, λ0 ∈ K, on a :
ψ ◦ (λϕ + λ0 ϕ0 ) = λψ ◦ ϕ + λ0 ψ ◦ ϕ0 et (λψ + λ0 ψ 0 ) ◦ ϕ = λψ ◦ ϕ + λ0 ψ 0 ◦ ϕ.
Corollaire. L’espace vectoriel L (E) est aussi un anneau unitaire (le produit est la composition,
le neutre du produit est l’identité IdE ).
Démonstration. Les propriétés demandées la somme sont contenues dans la structure d’espace
vectoriel. La composition des applications, qu’elles soient linéaire ou pas, est une propriété
générale, de même que le fait que l’identité soit neutre (ϕ ◦ IdE = ϕ = IdE ◦ ϕ pour tout
ϕ : E → E). La distributivité a déjà été vue.
Remarque. Dès que la dimension de E est supérieure ou égale à 2, l’anneau L (E) n’est pas
commutatif. Donnons un exemple avec E = K2 . On pose, pour xy ∈ K2 :
x y x 0 x x x 0
ϕ = et ψ = , ce qui donne : ϕ ◦ ψ = et ψ ◦ ϕ = .
y 0 y x y 0 y y
Remarque. En plus de la structure d’anneau, on a une structure d’espace vectoriel et une relation
de compatibilité supplémentaire entre la multiplication d’un scalaire par une application linéaire
et la composition. Pour λ ∈ K et ϕ, ψ ∈ L (E), on a :
On résume toutes ces propriétés en disant que L (E) est une algèbre (associative unitaire). On
en connaı̂t au moins une autre : l’anneau K[X] est également une algèbre.
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II Sous-espaces associés à une application linéaire
1◦ Image
a) Ce que c’est
Définition. Soit ϕ ∈ L (E, F ). On appelle image de ϕ l’ensemble
Im ϕ = ϕ(E) = v ∈ F, ∃u ∈ E, v = ϕ(u) = ϕ(u), u ∈ E .
Lemme. L’image d’une application linéaire est un sous-espace vectoriel de l’espace d’arrivée.
Démonstration. Soit ϕ ∈ L (E, F ) et soient v, v 0 ∈ Im ϕ et λ, λ0 ∈ K. Par définition de l’image
de ϕ, il existe u, u0 ∈ E tels que ϕ(u) = v et ϕ(u0 ) = v 0 . On peut alors calculer, par linéarité :
λv + λ0 v 0 = λϕ(u) + λ0 ϕ(u0 ) = ϕ(λu + λ0 u0 ) ∈ Im ϕ.
Définition. Soit ϕ ∈ L (E, F ) une application linéaire. On appelle rang de ϕ et on note rg(ϕ)
la dimension de l’image de ϕ :
rg ϕ = dim Im ϕ.
b) Critère inutile de surjectivité
Proposition. Soit ϕ ∈ L(E, F ). Alors, ϕ est surjective SSI Im ϕ = E.
Démonstration. C’est évident.
c) Application aux systèmes
Reprenons les notations de I1◦ b) et revenons au système ϕA (X) = B. Par définition de l’image,
l’existence d’une solution X ∈ Kn à ce système équivaut à la propriété : B ∈ Im(ϕ).
2◦ Noyau
a) Ce que c’est
Définition. Soit ϕ ∈ L (E, F ). On appelle noyau de ϕ et on note Ker(ϕ) l’ensemble
→
− →
−
Ker ϕ = {u ∈ E, ϕ(u) = 0 } = ϕ−1 ( 0 ).
Lemme. Le noyau d’une application linéaire est un sous-espace vectoriel de l’espace de départ.
→
− →
−
Démonstration. Soit ϕ ∈ L (E, F ). D’abord, Ker(ϕ) n’est pas vide puisque ϕ( 0 ) = 0 . Ensuite,
soient u, u0 ∈ E et λ, λ0 ∈ K. On a :
→
− →
− →
−
ϕ(λu + λ0 u0 ) = λϕ(u) + λ0 ϕ(u0 ) = λ 0 + λ0 0 = 0 ,
si bien que λu + λ0 u0 ∈ Ker ϕ.
b) Critère d’injectivité (à savoir par cœur)
→
−
Proposition. Soit ϕ ∈ L (E, F ). Alors ϕ est injective SSI Ker ϕ = { 0 }.
→
−
Démonstration (à connaı̂tre). Supposons que ϕ soit injective. L’inclusion { 0 } ⊂ Ker ϕ va se
→
− →
−
soi. Inversement, soit u ∈ Ker ϕ. On a donc : ϕ(u) = 0 = ϕ( 0 ). Par injectivité de ϕ, on en
→
− →
−
déduit : u = 0 . D’où l’égalité Ker ϕ = { 0 }.
→
−
Réciproquement, supposons que Ker ϕ = { 0 }. Soient u, u0 ∈ E tels que ϕ(u) = ϕ(u0 ). Par
→
−
linéarité, on a : ϕ(u − u0 ) = 0 , c’est-à-dire que u − u0 ∈ Ker ϕ. Cela signifie que u − u0 ∈ Ker ϕ =
→
−
{ 0 }, c’est-à-dire que u = u0 .
Mise en garde. Toutes les applications que l’on rencontre dans sa vie ne sont pas linéaires : ce
critère n’a aucun sens pour des applications qui ne seraient pas linéaires (ou, plus généralement,
des morphismes de groupes, structure que l’on n’étudie pas cette année).
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c) Application aux systèmes
Reprenons les notations de I1◦ b) et revenons au système ϕA (X) = B. Supposons que B appar-
tienne à l’image de ϕA , c’est-à-dire que ce système ait une solution X1 . Alors, pour tout X ∈ Kn ,
on a :
→
−
ϕA (X) = B ⇐⇒ ϕA (X) = ϕA (X1 ) ⇐⇒ ϕA (X − X1 ) = 0 ⇐⇒ X − X1 ∈ Ker ϕA .
Proposition. (i) Une application linéaire est injective SSI l’image de toute famille libre est
libre.
(ii) Une application linéaire est surjective SSI l’image de toute famille génératrice est
génératrice.
(iii) Une application linéaire est injective SSI l’image de toute base est une base.
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1◦ Version abstraite
La version abstraite n’est ici qu’une étape pour la formule du rang du paragraphe suivant.
Démonstration. L’application ϕ0 est bien définie : en effet, tout vecteur de la forme ϕ(u) avec
u ∈ E 0 appartient bien à l’image de ϕ. D’après les critères précédents, il s’agit montrer que
→
−
Ker ϕ0 = { 0 } et que Im ϕ0 = Im ϕ.
Pour la première relation, remarquons qu’un élément du noyau de ϕ0 est un élément u de E 0
→
− →
−
tel que ϕ0 (u) = 0 , c’est-à-dire ϕ(u) = 0 , c’est-à-dire un élément de Ker ϕ. Autrement dit :
→
−
Ker ϕ0 = E 0 ∩ Ker ϕ, intersection réduite à { 0 } par hypothèse.
La deuxième relation n’est pas très difficile. Soit v ∈ Im ϕ. Il existe u ∈ E tel que v = ϕ(u).
Le problème, c’est qu’a priori, le vecteur u n’appartient pas à E 0 . En revanche, comme E =
E 0 + Ker ϕ, il s’écrit comme somme d’un vecteur u0 de E 0 et d’un vecteur u0 de Ker ϕ. De la
relation u = u0 + u0 on tire : v = ϕ(u) = ϕ(u0 ) + ϕ(u0 ) = ϕ0 (u0 ), ce qui montre que v ∈ Im ϕ0 .
3◦ Critère de bijectivité
Proposition. Soient E et F deux espaces de même dimension (finie) : dim E = dim F . Soit
ϕ ∈ L (E, F ). Alors ϕ est injective SSI ϕ est surjective SSI ϕ est bijective.
Remarque. Cette proposition résonne avec une propriété connue des ensembles finis : pour f :
X → Y une application entre ensembles finis de même cardinal, f est injective SSI f est surjective
SSI f est bijective.
Par ailleurs, compte tenu de la formule du rang ou de la proposition II3◦ , pour qu’il existe une
bijection entre deux espaces, il est nécessaire qu’ils aient la même dimension. L’hypothèse de
cette proposition n’est donc pas restrictive.
Démonstration. Il suffit de montrer que ϕ est injective SSI ϕ est surjective (pourquoi ?). Or,
d’une part, ϕ est injective SSI dim Ker ϕ = 0 ; d’autre part, ϕ est surjective SSI rg ϕ = dim F SSI
dim E − rg ϕ = 0. Comme d’après la formule du rang, on a égalité des deux entiers, dim Ker ϕ =
dim E − rg ϕ, on voit que la nullité de l’un équivaut à la nullité de l’autre.
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Étonnant, non ? (Pas tant que ça si on se rappelle que la propriété est connue lorsque m = n = 1
et m = n = 2 et si on croit que l’algèbre en dimension 2 est typique .)
On peut récapituler les renseignements sur le système ϕA (X) = B :
— il admet au moins une solution SSI B ∈ Im ϕA ;
— si c’est le cas, et si X1 est une solution particulière, alors l’ensemble des solutions ϕ−1 (B)
est paramétré par le noyau de ϕA : cela signifie que l’application Ker ϕA → ϕ−1 (B),
X0 7→ X1 + X0 est une bijection 1
— par le théorème du rang, ledit noyau a pour dimension n−r, où n = dim(E) et r = rg(ϕA )
est le rang du système (assez facile à calculer en pratique).
Remarque. En général, quand on ajoute une équation, le rang r du système augmente de 1 et on
perd une dimension dans l’espace (affine) des solutions. Ainsi, une équation dans le plan définit
en général une droite ; une équation dans l’espace définit en général un plan, deux équations une
droite, trois équations un point.
IV Construction d’applications linéaires
1◦ Par restriction à des sous-espaces supplémentaires
a) Cas général
Démonstration. Prouvons l’unicité de ϕ. Pour cela, supposons qu’il existe une telle application.
Soit u ∈ E. Il existe (u1 , u2 ) ∈ E1 × E2 unique tel que u = u1 + u2 . On a donc :
cela montre que sous réserve d’existence, ϕ est parfaitement déterminée par les données, c’est-
à-dire unique.
Prouvons que l’application définie par la formule précédénte – c’est-à-dire ϕ(u) = ϕ1 (u1 )+ϕ2 (u2 )
pour u = u1 + u2 avec (u1 , u2 ) ∈ E1 × E2 – est linéaire. Soient u, u0 ∈ E et λ, λ0 ∈ K. On
décompose u = u1 + u2 et u0 = u01 + u02 avec (u1 , u2 ), (u01 , u02 ) ∈ E1 × E2 . On a alors :
de sorte que
= λϕ(u) + λ0 ϕ(u0 ).
b) Projecteurs et symétries
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E2
u
u2 = π2 (u)
→
− E1
0
u1 = π(u)
u1 − u2 = σ(u)
n
X n n
X X
ϕ(u) = ϕ xi e i = xi ϕ(ei ) = xi vi ,
i=1 i=1 i=1
d’où :
n
X n
X n
X
0 0
ϕ(λu + λ u ) = (λxi + λ0 x0i )vi =λ xi vi + λ 0
x0i vi = λϕ(u) + λ0 ϕ(u0 ),
i=1 i=1 i=1
−
→
1. Attention, ce n’est pas une bijection linéaire parce que ϕ−1 (B) n’est pas un espace vectoriel si B 6= 0 .