Guide Pédagogique Pour Animateurs
Guide Pédagogique Pour Animateurs
Guide Pédagogique Pour Animateurs
Ce guide pédagogique pour l’animation a été conçu dans le cadre d’une dynamique de
lecture-écriture « Le Pied à l’Encrier » visant des enfants de 7 à 12 ans, proposée par
l’Union Cépière Robert Monnier.
Il est destiné aux animatrices et animateurs des lieux d’accueil éducatifs périscolaires et
de loisirs, afin qu’ils puissent proposer des animations autour de la lecture et l’écriture
dans un cadre ludique et créatif. Il se veut pratique et facile d’usage et propose des pistes
pour l’approfondissement à travers des ressources bibliographiques complémentaires.
Les fiches d’activités sont organisées de façon à repérer facilement ce qui pourrait
correspondre le mieux aux besoins des enfants et aux objectifs poursuivis, tout en tenant
compte d’une contrainte importante : le temps d’animation dont chacun dispose avec les
enfants.
Dans chaque fiche, de nombreuses « variantes » aux consignes sont possibles : n’hésitez
pas à votre tour à en imaginer de nouvelles, de façon à enrichir « votre » boite à outils.
En vous souhaitant de vivre de grands moments de créativité, j’espère que ces quelques
pages contribueront à développer le plaisir de lire et d’écrire des « petits poètes » que
vous accompagnez.
Introduction
Bibliographie/webothèque
Une deuxième partie, sous forme de fiches, présente des situations ludiques et
créatives à proposer aux enfants. Pour faciliter la mise en œuvre, ces fiches sont
construites de façon à identifier la durée de l’animation, l’âge des enfants auxquels elle
peut s’adresser. Elles présentent les consignes, le matériel et ressources nécessaires à
l’activité (ouvrage jeunesse, texte poétique). Elles contiennent des exemples de
productions le cas échéant. Les différentes fiches présentées plus loin peuvent être
classées selon des visées différentes :
- Jeux pour découvrir la littérature jeunesse : ces animations favorisent l’accès aux
livres par la médiation ludique et active des enfants, qui pour les réaliser, ont besoin
de manipuler, ouvrir, décrire les ouvrages qu’on leur propose, sans « devoir » les lire
en entier. C’est aussi une sensibilisation importante qui passe par la lecture d’images.
- Jeux avec des contraintes formelles : souvent « courts », ces jeux proposent de
suivre une contrainte d’écriture simple centrée sur la manipulation de mots ou de
petites expressions et débouchent sur des petits textes ludiques.
- Jeux pour ouvrir l’imaginaire : Toute une gamme de propositions qui vont, selon la
créativité, solliciter l’imaginaire à travers la fiction ou la poésie.
- Jeux pour « manipuler » des textes d’auteurs : s’appuyer sur des textes écrits
par de grands auteurs, des poètes, et découvrir qu’ils sont un support pour la création.
Pouvons-nous, dans le cadre périscolaire, jouer un rôle sur cette relation de l’enfant à
l’écrit ? Il est préférable que cette position doit faire l’unanimité au sein des équipes
d’animateurs des structures de loisirs et d’accompagnement des enfants. C’est une
approche transversale qui doit être intégrée dans le projet pédagogique de la structure.
Quand ?
Au quotidien, tout animateur ou animatrice en situation avec les enfants est
potentiellement un médiateur du langage, du livre et de l’écrit. Mais plus particulièrement il
devient un « médiateur de l’écrit » dans les situations spécifiques qui mobilisent l’enfant
autour de l’écrit (par exemple pour une activité journal, la préparation d’une sortie, les
diverses animations proposées…) et non pas seulement dans un atelier d’écriture.
Avec qui ?
Chaque personne à son propre rapport à l’écrit, ainsi que le souvenir de notre histoire
scolaire, avec ses joies et ses avatars. De façon très spontanée et compréhensible, ceci
peut jouer comme frein ou levier à la mise en place d’animation lecture/écriture. Une
posture « positive » n’a rien à voir avec « un niveau » en français ou quelque chose de la
sorte.
Nul besoin d’être soi-même un écrivain pour proposer, organiser ces animations. Le travail
d’animation se fait en équipe et dans la recherche de compétences complémentaires aux
siennes. Le plus important est de ne pas priver les enfants de ces animations
lecture/écriture au prétexte qu’on y aurait soi-même peu de goût ou d’intérêt.
C’est donc fondamentalement une approche centrée sur la motivation, l’attitude vis à vis de
la lecture et l’écriture, lors d’activités créatives et ludiques, « distanciée » des sphères
d’apprentissage, mais au cours de laquelle « le sens » de cet apprentissage peut être
travaillé et soutenu.
Les animations proposées ont pour but de provoquer et soutenir le plaisir de lire et d’écrire
en abordant de façon créative, ludique et partagée, les mots et les textes.
Il s’agit aussi de faire découvrir la possibilité d’écrire pour soi et pour le partager avec
d’autres. Parfois ce sera la possibilité d’une « œuvre » collective à laquelle chacun aura
contribué.
Le fait de participer à une publication ou une lecture publique lors d’un spectacle peut avoir
un sens en soi. L’enfant comprend qu’il s’agit d’écrire un poème ou une histoire pour les lire
et/ou être lu. Cette situation permet aussi à l’enfant de prendre en compte un
destinataire, un auditoire, et de placer l’activité d’écrire dans une relation, une
communication. Cette situation où les enfants écrivent pour lire est d’emblée possible dans
le cadre d’un atelier d’écriture, pour autant que l’on mette en place des temps de lecture et
de partage, suite aux propositions d’écriture.
Pour d’autres enfants, le sens et l’intérêt pour la lecture et l’écriture sont au cœur
d’animations plus ouvertes, qui mobilisent ces compétences.
En voici quelques exemples :
- réaliser un journal, projet collectif long et complexe mais qui peut se décomposer
selon les rubriques (actualités, monde, sports, recettes, poésie…).
- faire ou participer à une émission de radio, de façon ponctuelle ou continue,
nécessite de préparer, écrire ce dont on va parler, préparer une interview, …
- préparer une exposition, avec des photos et des légendes, des petits textes, sur un
thème donné (environnement, sport, ….)
- écrire des saynètes de théâtre pour les jouer ensuite,
- participer à un blog (celui de l’association ou du centre de loisirs…)
- faire un script dans le cadre d’un atelier vidéo
- ….
On voit aisément que les occasions de mobiliser les enfants autour de la lecture et
l’écriture sont possibles à partir de tels projets. Mais parfois les difficultés et les
résistances peuvent apparaître malgré tout.
Aux plus jeunes, l’animateur proposera d’être « la main qui écrit » sous la dictée du
ou des enfants présents. Ceci dans le but de soulager le travail d’écriture à
proprement parler pour qu’ils puissent se focaliser sur l’expression des idées, les
formes et associations qui fourmillent dès que l’imaginaire est stimulé. L’objectif
commun de cette « dictée à l’adulte » est de parvenir à écrire un texte satisfaisant
pour l’enfant que l’on peut aider dans sa formulation. Il est très important que
l’enfant se replace dans une situation de jeu et de (re)trouver du plaisir à « co-
écrire », à rechercher des mots, et de co-construire un texte. Ainsi accompagné, il
se sent soutenu et valorisé, et à même peut-être d’entreprendre ultérieurement
l’écriture d’un petit texte de façon plus autonome.
Ceci n’empêche pas, pour les plus grands notamment, de favoriser dans un deuxième
temps une réflexion sur l’intérêt de respecter les conventions de l’écrit
(typographie, disposition, titre….) à l’occasion par exemple de la mise en forme du
texte pour une diffusion (journal, exposition, recueil…). On pourra aussi approfondir
la compréhension et l’expression des idées, leur cohérence et enchaînements
logiques. Enfin, si la lisibilité du texte est importante, il ne s’agit pas de se focaliser
seulement sur les erreurs d’orthographe et de grammaire, tâches dont l’animateur
peut soulager les jeunes en se faisant « correcteur » le cas échéant.
Le temps des échanges : après chaque lecture ou bien à la fin des lectures,
l’animateur peut proposer que ce fasse des « retours » sur le ou les textes entendus.
Ces retours peuvent porter sur le texte, son contenu, ce que l’on a aimé, des
questionnements, une demande de précisions, mais aussi sur la façon dont on a écrit,
le plaisir ou les difficultés rencontrées. Dans cette phase, que l’animateur conduit
avec les mêmes recommandations de respect évoquées plus haut, chaque enfant se
confronte au regard des autres et aussi à son propre jugement. Il arrive en effet
que très souvent, le regard le plus sévère soit le sien.
Matériel
- tables et chaises disposées de façon à ce que tous se voient. Le carré ou cercle est
recommandé, surtout lorsque l’on prévoit des manipulations collectives (par exemple
des feuilles vont circuler entre les enfants)
- des feuilles de papiers (couleurs, recyclés, différentes textures…)
- des stylos, crayons, feutres, plumes et encres si l’on aime…
- des objets nécessaires selon les jeux d’écriture : objets anciens et insolites,
cailloux, écorces d’arbres, arômes ou parfums, cartes postales, images diverses,
reproductions de tableaux, publicités et photos, de la musique, sans oublier
l’environnement, paysages et pleine nature, etc.
- Chaque texte écrit peut être lu (par celui qui l’a produit ou un autre). Là aussi pas
d’obligation à lire pour libérer l’écriture et préserver l’intimité.
- Garder le cap sur le côté ludique et créatif. Vérifier que les enfants s’amusent et
prennent plaisir….
- Il est nécessaire de bien adapter les consignes de jeu selon les possibilités des
enfants. Certains jeux peuvent s’utiliser avec des enfants d’âges différents (ex de
l’acrostiche où l’on peut écrire un mot, une expression, une phrase …).
- Proposer une lecture à haute voix du texte et une consigne en rapport avec le texte.
L’atelier d’écriture permet aux enfants de découvrir les textes que vous aussi vous
aimez (rôle de « passeur ») et de désacraliser la « Littérature » en faisant soi-même
l’expérience d’écrire et de manipuler les textes de façon différente de celle qu’ils
vivent ailleurs, à la maison ou à l’école.
- Dans la gestion des « retours », lors des échanges, l’émotion peut être manifeste,
notamment au moment des lectures des textes. Il faut savoir l’accueillir (vous-même
ainsi que le groupe) en développant un climat de confiance entre les participants.
- Dans l’écriture, l’invention ou la fabulation sont souvent la règle. S’agissant d’un fait
ou d’une histoire, l’intérêt n’est pas de savoir si c’est authentique, ou si c’est arrivé.
Il est préférable de porter son attention sur les textes, ce qu’ils contiennent, les
tournures et expressions plutôt que sur la personne : elles ne viennent pas là en
psychothérapie…. Ainsi même si chacun peut exprimer ce qu’il ressent, donne ses
impressions globales suite à la lecture d’un texte, il peut être pertinent de faire
échanger autour du déroulement d’une intrigue, de la façon de réaliser telle ou telle
description d’un lieu, objet ou personnage, du rythme et des sonorités, etc.
Si cela vous est possible, travailler vos animations avec d’autres professionnels, médiateurs
du livre, bibliothécaire, libraire, documentaliste, animateur d’ateliers d’écriture, écrivain,
conteuse, chorégraphe, metteur en scène….
Certains animateurs d’écriture professionnels, parmi lesquels parfois des écrivains,
pourront être sollicités dans le cadre de vos projets. Cela peut dynamiser votre animation
et permettre aux enfants la rencontre avec un auteur ou un médiateur du livre.
Ces professionnels peuvent intervenir durant une partie ou la totalité de votre projet
d’animation :
- soit au début, pour faire découvrir des textes, lire un conte,
- ou bien pendant l’écriture, un auteur ou un animateur d’atelier d’écriture,
- ou bien encore à la fin, pour accompagner une lecture, préparer un spectacle.
Avant de mettre en œuvre les séances il est nécessaire de préparer ce que l’on va proposer
aux enfants en puisant dans sa « boite à outils », contenant entre autres ressources, des
« jeux d’écritures », propices à déclencher l’écriture, sous différentes formes.
Progressivement vous vous constituerez votre propre boite à outils, privilégiant certains
d’entre eux selon vos objectifs et publics, en imaginant des variantes, voire, en inventant
les vôtres.
De nombreux ouvrages existent (cf. notre bibliographie en annexe) et présentent des
« propositions d’écriture », qui peuvent se ranger dans différentes catégories1 :
- les gammes d’écritures, courtes et ludiques,
- les propositions sollicitant la mémoire, l’autobiographie, les récits de vie,
- la création de fiction
- propositions pour travailler des « styles » d’écrivains
- Découvrir la littérature jeunesse : ces animations favorisent l’accès aux livres par la
médiation ludique et active des enfants, qui pour les réaliser, ont besoin de manipuler,
ouvrir, décrire les ouvrages qu’on leur propose, sans « devoir » les lire en entier. C’est aussi
une sensibilisation importante qui passe par la lecture d’images. Il n’est pas forcément
question d’écriture dans ces animations.
- Ouvrir l’imaginaire : Toute une gamme de propositions qui vont, selon la créativité,
solliciter l’imaginaire à travers la fiction, où très souvent il s’agit de détourner ou
transformer la réalité, qui reste un point de départ aux histoires, mais où le fantastique
aura aussi sa place. La poésie possède également une puissance d’évocation, car elle permet
entre autre, de jouer sur les registres sonores et imagés (les métaphores par exemple).
- Jouer et « manipuler » des textes d’auteurs : s’appuyer sur des textes écrits par de
grands auteurs, des poètes, et découvrir qu’ils sont un support pour la création. Il faut
alors se permettre quelques contorsions avec leurs mots, transformer leurs textes ou bien
encore par bribes, se saisir de quelques passages pour mieux s’envoler avec ses propres
mots et s’engager dans une écriture poétique qui parait alors accessible.
1
Atelier d’écriture, mode d’emploi, Odile PIMET, ESF 1999, p.63
Le titre :
L’objectif :
Age(s) :
Le matériel :
La/les consigne(s) : Souvent décrite par étapes elle indique (le plus clairement possible !)
ce que l’enfant doit faire et avec quelle ressource éventuellement.
Variante(s) possibles : Vous pourrez souvent en trouver encore d’autres, cela permet de
varier les contenus mais aussi parfois d’enrichir les objectifs.
Un acrostiche est un poème ou petit texte dont les lettres initiales lues dans le
sens vertical donne un nom.
Consigne :
- Chaque enfant choisit un mot (animal, objet, personnage, lieu…) qu’il écrit à la
verticale.
Exemple : (Ici c’est le nom de la ville où l’on habite qui a été choisi)
A
U
C
A
M
V
I
L
L
E
- Au départ de chaque lettre, on propose à l’enfant de trouver un mot ou une courte
expression, ou bien une phrase pour que l’ensemble forme un petit poème ou un texte, en
rapport avec le mot de départ.
Madani 10 ans
- Le mot de départ est le prénom de l’enfant, qui réalise ensuite un texte pour se
présenter. Technique du portrait, choix d’adjectifs, expressions pour se dire, en
qualité ou en défaut… et à confronter au regard des autres ! (à proposer quand les
enfants du groupe se connaissent un peu plus)
- deviner le mot de départ : On peut proposer de choisir un mot que les autres
vont devoir trouver à partir de ce que l’on a écrit. Chacun lit son texte sans avoir
dit le mot de départ et les autres doivent le deviner.
Exemples :
Marie M. CM1
- De plus en plus dur… ! L’acrostiche peut être contenu dans les phrases et on doit
le deviner là encore :
Exemples :
Cauchemar !
Voici venir vingt vampires verts !
Six sales sorcières sifflantes suivent !
Deux dragons déchaînés dégobillent des déchets dégoûtants.
Attention aux affreux assaillants !
Courez, car cinquante crapauds crachent cent cancrelats caoutchouteux.
(Yak Rivais "Les sorcières sont N.R.V.", Ecole des Loisirs.)
Consigne :
Après avoir lu quelques exemples, on invite chaque enfant à choisir une lettre, puis à
trouver des phrases, d’abord courtes et de plus en plus longues.
Pour les plus grands, vous pouvez proposer de composer un poème en choisissant des
tautogrammes différents à chaque vers.
Aide :
Si nécessaire, proposer de créer des listes de mots commençant par la lettre choisie, en
s’aidant le cas échéant d’un dictionnaire. Ces listes mises à disposition des enfants
permettent de démarrer en combinant les mots.
Mathieu mange
Mathieu mange mes makrouds
Mathieu mange mes makrouds mais mastique mollement
Mathieu mange mes makrouds mais mastique mollement, murmurant : mmmmhhhhh !
Le haïku est une forme poétique d'origine japonaise qui existe depuis plusieurs siècles.
Beaucoup de haïkus traditionnels évoquent une des quatre saisons. Le but du haïku est
de transmettre l'intensité d'un moment avec très peu de mots, comme si l’on prenait une
photo de l'instant présent. Avec le haïku, les enfants vont partir à la découverte de leur
environnement, des autres et d'eux-mêmes : regarder autour de soi, prendre conscience
et nommer les objets et les êtres, les événements et phénomènes saisonniers, tant à la
campagne que dans un milieu urbain.
Bashō Matsuo, un moine du onzième siècle, serait à l’origine de ce mode poétique, qui a
évolué au fil du temps :
(traduction)
Fu-ru-i-ké-ya, « Paix du vieil étang.
ka-was-zu-to-bi-ko-mu, Une grenouille plonge.
mi-zu-no-o-to. Trouble de l'eau. »
Consigne :
Si l'on souhaite respecter "à la lettre" les règles du haïku, voici ses contraintes
d'écriture :
- Le haïku comporte l'évocation d'une saison, sans la nommer directement ; à
la lecture d’un haïku, il est possible de se situer dans le temps : la cueillette
des fraises à la fin du printemps, celle des pommes à l’automne, etc.
1)
Pour en savoir plus, n'hésitez pas à consulter une page composée par André Duhaime, spécialiste de renom de cette
technique d'écriture. http://pages.infinit.net/haiku/jeunes.htm
après la cueillette
dans toute la maison
l'odeur des pommes
Variante (s) :
- Faire des haïkus à la suite, en imaginant des thèmes (l’eau, le feu, le bois, ou les
4 saisons…). Un premier haïku est donné et on peut, si le groupe est composé de
plusieurs participants, « faire tourner » les poèmes pour en faire une suite
collective.
Un mot valise est un mot fantaisie composé des syllabes de deux mots bien réels qui ont
une ou plusieurs syllabes communes que l'on accroche pour fabriquer un mot imaginaire !
Le mot valise est suivi d'une définition créée à partir du sens des deux mots d’origine.
Cette pratique est d’ailleurs parfois très sérieuse : de nombreux « nouveaux mots »
sont ainsi conçus. Par exemple « prologiciel » vient de programme et logiciel,
« alicament », de aliment et médicament, et « vidéaste », de vidéo et cinéaste.
Mais pour l’heure, c’est une occasion de jouer avec les mots et leur définition, ainsi que
leurs sonorités. Au passage notez que certaines variantes proposées permettent
d’aborder de façon ludique la nécessité de l’orthographe et d’aborder les définitions des
mots en inventant les siennes, en se saisissant à l’occasion d’un dictionnaire qui n’est pas
un livre de chevet comme chacun sait….
Quelques exemples :
- Un éléphapotame (éléphant + hippopotame)
Pachyderme des rivières qui somnole au fond de l’eau en se servant de sa trompe
pour respirer
En détournant l’orthographe de certains mots (en faisant exprès des « fautes »…), voici
aussi quelques exemples de mots valises :
- Un ailéphant (aile + éléphant)
Variété de pachyderme volant dont Dumbo est un unique représentant connu
Exemples
- écriturbin (écriture + turbin)
activité de l’écrivain
- écriturban (écriture + turbin)
écriture toute en arabesque
- écriturbulante (écriture + turbin)
écriture qui dérange
Partir d’un mot isolé n’est jamais facile. Pourtant, voici une petite technique (empruntée
à Francis Ponge ) qui permet d’ouvrir tout un champ de possibles et d’avoir beaucoup de
« matériaux » avant de construire un texte.
ILLUSTRATION :
A partir de « CARAMEL » on liste de façon « matérielle » le maximum de mots - noms,
pronoms, adjectifs, prénoms, articles, verbe – que l’on peut faire avec les lettres qu’il
contient en allant progressivement 2 lettres, 3 lettres, 4 lettres, etc. :
le, la, ma, me, ….
lac, car, Léa, mer, mal, mec, ame ….
rame, lame, Amel, Marc, Carl, lama, mare, mâle, râle, cale, amer ….
arme, crame, Carla, larme, calme ….
alarme, carmel, ….
calmera, reclama …
Puis on établit une liste « idéelle », composée à partir de ce que le mot évoque pour
chacun cela renvoie à des souvenirs différents… :
sucré, bonbon, doux, mou, dur, brun, brulé, salé, carré, rond, lisse….
dent, collé, carie, dentiste,….
gâteau, enfant, crème, odeur, Carambar, dessert, épicés….
tendresse, calin, douceur, doigts….
sucer, deguster, goûter, se pourlecher….
Grand-mère, tante, mamie, enfant…
Maison, vacances, glaces, ….
Enfin la construction d’un texte est à faire à l’aide de ces expressions. On peut se
donner comme consigne de rajouter le moins de mots possible, ou bien de laisser courir
sa plume à sa guise. A vous de voir….
Exemple :
Matériel : Papier (calepin), crayons, un petit sac (pour la récolte d’objet), un appareil
photo numérique, grandes feuilles (paper board).
Les textes sont lus ensuite, réécrits éventuellement en fonction des retours et
des échanges qu’ils suscitent.
Prolongement : Réaliser des panneaux et une exposition avec les photos et les
textes.
Pour les plus grands, l’écriture se fait au cours de la balade. A chaque pause une phrase
ou expression est notée. Au retour, chacun dispose ces éléments sur une page en
laissant des blancs :
Il s’agit ensuite de combler les « blancs » allant d’une expression à l’autre, pour faire un
texte « qui tienne la route »…
BONIFACE, Claire, avec la collaboration de PIMET, Odile. 1992.- Les ateliers d'écriture.-
Paris, Retz.
ROCHE, Anne, GUIGUET, Andrée, VOLTZ, Nicole. 1990 -L'atelier d'écriture, éléments pour
la rédaction du texte littéraire. - Bordas, 144 p.
24 histoires inédites dans lesquelles des sorcières jouent avec les mots et
la langue : calembours, charades, mots-valises, anagrammes,
tautogrammes, lipogrammes, etc.
RIVAIS, Yak. 1993 - Jeux de langage et d'écriture. Littératurbulences, 7-14 ans - Retz,
208 p.
DUCHESNE Alain, LEGUAY Thierry 1991 - Les petits papiers, écrire des textes courts. -
Petite fabrique de littérature 3, collection "textes et contextes", "périphériques".
Magnard, 288 p.
Consulter la bibliographie
La langue en jeux
La littérature de jeunesse offre des possibilités nombreuses et variées
pour une meilleure maîtrise de la langue et permet de découvrir et
d'expérimenter des procédés de jeux de langage d'auteurs. Faire
travailler les élèves de façon réflexive et ludique sur la langue dans
toutes ses dimensions (sonore, lexicale, orthographique, étymologique,
sémantique, comparative avec les autres langues…) permet en outre de
réfléchir au pouvoir des mots et aide à stimuler l'écriture.
La poésie est, bien sûr, le genre littéraire par excellence pour jouer
avec la langue. La bibliographie qui accompagne cette fiche, ne propose
que quelques titres qui autorisent des entrées particulières mais ce
thème, très vaste, mériterait d'être traité dans une fiche indépendante.
Pistes d'activités
Pour jouer avec le sens des mots
- Développer une histoire à partir d'une expression ou d'un mot (La tête
dans les nuages, Être une force de la nature)
- Illustrer des mots ou expressions au pied de la lettre (Les livres
d'Alain Le Saux, Mon papa, Mots de tête, Les mots décollent…)
- Lister des expressions qui contiennent un mot (Quels drôles d'oiseaux,
Livre de cœurs, Mon oeil !)
- Classer un corpus de mots en fonction de leur connotation (Les mots
de Zaza, Les boîtes à mots...)
- A partir de différents dictionnaires, observer des définitions et en créer (Le dictionnaire
des mots tordus, Ces nains portent quoi)
- Rechercher et créer des définitions détournées (Le Dico dingue)
- Créer des définitions à partir de mots inventés (Esperluette & Fils). Rechercher les
références culturelles évoquées
- Composer des faits divers à partir de phrases découpées dans les journaux et
assemblées différemment.
- Substituer des mots les uns aux autres en suivant une règle : sur
l'exemple de Supposons une supposition (In Enfantasques) :
"Suppose et supposons une supposition :
que le mot ver luisant se prononce escarcelle,
que le mot chocolat se prononce violon,
que le mot tirelire se prononce hirondelle..."
Les livres qui jouent avec les sonorités de la langue offrent des pistes
de mise en voix, de lecture à voix haute et sont particulièrement
indiqués pour les élèves en difficultés de lecture.
Pour les tout-petits, les comptines et les chansons sont un support
privilégié pour identifier les composantes sonores du langage. De
nombreux titres dans les collections Pirouette, Cabriole et Guinguette
aux éditions Didier sont particulièrement appropriés pour travailler dans
ce domaine. La collection À la Queue leu leu chez Casterman est
également adaptée à ce type d'activités.
Les abécédaires et tous les livres qui abordent l'alphabet aident à faire
acquérir le lexique (L'alphabétisier, L'abécédaire de Selçuck, ABC)
- créer des abécédaires qui jouent sur le sens, sur la forme de la lettre,
sur le son…
- rechercher et comparer des virelangues, des contrepèteries (Dix
dindons dodus, L'art des mots, l'eau des mares…)
Les calligrammes allient le travail sur le sens et sur l'image (Les mots
ont des visages, Le cagibi de MM.Fust & Gutenberg).
- les déchiffrer et les comprendre
- en inventer
Certains livres proposent une illustration entièrement composée de
mots et de calligrammes (Le colporteur d'images) :
- dans ce livre, rechercher des logos, des calligrammes et des
références culturelles (image)
- analyser l'effet produit
- réfléchir au rapport texte-image.
Esperluette et fils crée des liens entre langue (définitions inventées, mots inventés), art
(détails de tableaux célèbres), recherche visuelle (forme de l'esperluette dans les tableaux)
et humour.
A partir de ce livre :
- rechercher la forme de l'esperluette dans les tableaux
- rechercher des lettres ou des formes de lettres dans des images (Alphabetville)
- inventer des définitions à partir de mots valises ou de mots inventés
- décliner des mots inventés à partir d'un mot racine sur le principe du livre.
Certains auteurs ont une production très riche dans le domaine des
jeux avec la langue. Par exemple, toute l'œuvre de Claude Ponti est
basée sur les procédés de jeux de langue et la création de néologismes.
De nombreuses activités sont décrites dans le compte-rendu de
l'animation faite au CRDP par Anne Dupin : "Activités autour de
l'œuvre de Claude Ponti".
Lire le compte-rendu de cette animation
On peut établir un rapport avec le travail des artistes qui jouent avec le
langage dans leurs œuvres, par exemple Magritte
Le site du Scéren propose un article sur ce thème :
Les pièges du langage et le jeu des apparences :
Jeux de mots : Magritte montre les pièges du langage et l'ivresse de
l'évidence qui en découle. "Ceci n'est pas une pipe", écrit-il sur une toile
où est peinte une pipe.
Sur le web