Fichier Des Especes-Climax

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FICHIER DES ESPECES-CLIMAX

T. IONESCO et Ch. SAUVAGE

Avant-propos
Pour répondre à de nombreuses questions ayant trait à la significa-
tion écologique des espèces, à I'amélioration des pâturages, et d'une
façon plus générale à la vocation des terres, il nous est apparu nécessaire
d'établir un fichier des espèces-climaxdu Maroc, c'est-à-dire des plantes
qui, par leur importance (nombre, volume, ou les deux à la fois), catac-
térisent par leur physionomie le climax * correspondant et en constituent
de ce fait la masse essentielle.En effet ces espèces-climaxdonnent une
idée approchée du milieu dans lequel elles vivent ; elles permettent de
situer ce milieu au moins relativement, parfois même avec une grande
précision, et par conséquentd'en donner une définition au moins gén&ale.
La connaissance des espèces-climaxest de ce fait à la base de toute
étude phyto-écologique.

Les espèces-climaxmarocaines ne représentent qu'un nombre res-


treint de plantes par rapport aux 3 500 espècesde la flore du pays. Le
tri n'en est pourtant pas plus aisé, car, d'une manière générale, aucune
espècene mérite I'appellation <,climax > dans toute son aire et, à l'inverse,
une plante, non <. climax > dans la plus grande partie de son aire, peut
l'être dans une région très limitée. Cela semble être le cas pour le Tizra
(Rhus pentaphyllum) dans le Maroc central, le Frêne dimorphe (Fraxinus
xanthoxyloides) dans le Moyen-Atlas et dans le Massif du Masker, le
Caroubier (Ceratonia Siliqua) dans le Sarhro, etc. Ainsi, une espècepeut
être <<climax > dans certaines conditions et ne pas l'être dans d'autres.
Seulesdes investigationsécologiquesassezdétailléespermettent de résoudre
ce problème.

Quoi qu'il en soit, pour faciliter ces recherches, on peut faire un


premier choix portant sur environ 80 espèces-climaxles plus typiques

* On appelle climax l'état d'équilibre atteint par la végétation spontanée sous


I'action du milieu naturel (tant physique que biotique), en excluant I'action
humaine directe ou indirecte, au moins sous sa forme actuelle généralisée.
Al Awamia, 16, juillet 1965, pp. 1-21..
T. IONESCO ET CH. SAUVAGE

du Maroc. Nous nous proposons de publier peu à peu, sur chacune d'entre
elles, une fiche selon un plan qui est détaillé plus loin.
Ce travail n'est pas simple, car nos connaissances phyto-écologiques
sur le Maroc sont encore très insuffisantes et très fragmentaires. Le but
essentiel de ce fichier est d'apporter au lecteur un bref résumé de nos
connaissancesactuelles, susceptible de servir de point de départ vers de
nouvelles recherches.

Plan et conventions aCoptées dans la rédaction des fiches

Chaque fiche donne en tête le nom latin de la plante, sa famille, ses


noms vernaculaires utilisés au Maroc et son numéro d'ordre dans le
Catalogue des plantes du Maroc par E. hueNnrrz et R. MlrnB *.

Aire géographiqu,e
L'aire géographique est donnée en général en énumérant les pays
principaux. La classification en éléments géographiques et groupes de
liaison lselon A. EIc, 1931-32] est utilisée pour quelques espèces.
Le reste de la fiche apporte des renseignements qui concernent (sauf
indication contraire) le Maroc.

Syrtématique
Ce paragraphe a pour but de signaler essentiellement les cas impor-
tants de polymorphisme et d'apporter, s'il y a lieu, quelques précisions
de nomenclature.

Biologie
Indications rapides concernant surtout le type biologique, le feuillage,
la longévité, le système radiculaire, le mode de reproduction et de dissé-
mination. Quelques traits ;caractéristiques,permettant en particulier de
reconnaître rapidement la plante, sont parfois signalés au passage.

Ecologie
Ce paragraphe est suMivisé en plusieurs rubriques et apporte des
précisions sur:
l'étage bioclimatique: conformément à la définition de L. EunnncBn
t19301 et suivant les travaux de Cu. Sewlce [en particulier 1963] ;

* Il s'agit d'un numérotage qui a été ajouté après la parution de I'ouvrage et qui
résulte de I'ordre dans lequel les plantes sont énumérées.
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les donnéesclimatiquesessentielles(températureset précipitations):


d'où résultent la valeur du quotient pluviothermique de L. E^'rsBncrn
11952)*;
I'indice xérothermiquede F. BAcNouLset H. GArissrN[1953], sur
lequel est fondée la classificationdes bioclimatsutilisée dans la carte
bioclimatiquede I'UNESCO-FAO 11962l;
le sol: défini surtout par sa texture;
la localisationau Maroc, préciséesurtout en fonction de l'altitude et
si possibleaussipar étagebioclimatique.Pour l'altitude,l'échellesuivante
a été adoptée:
- plaine: de 0 à 500 m,
- bassesmontagnes:de 500 à 1 500 m (trèsbassesmontagnes:de 500 à
800 m),
- moyennesmontagnes de I 500 m,
: au-dessus
- hautesmoDtagnes de 3 000 m.
au-dessus

Répartition

Il s'agit alors de la répartition géographique au Maroc, qui est


indiquée selon les régions naturelles ou les divisions floristiques adoptées
pour la Flore du Maroc [CH. SewncE et J. VINnr, 19521. Bien entendu,
cette répartition doit être comprise en lonction des données écologiques
indiqu4es auparavant. Ainsi par exemple : < Tout le Maroc > signifie
toutes les régions du Maroc où les conditions écologiques de I'espèce
(en particulier du sol) données précédemment sont réalisées.

Utilisatioh

C'est I'utilisation courante qui est donnés, avec indication de la


toxicités'ilyalieu.

Référencesbibliographiques
Ce paragraphe a pour but de renvoyer le lecteur aux études les
plus importantesfaites sur I'espèceen cause et concernantle Maroc
directementou non, en insistant sur la bibliographierécente.Chaque
référencecomporte le nom de l'auteur et I'initiale de son prénom, I'an-
née de publication effective, le titre complet, le périodique ou l'éditeur,
la tomaison,et, s'il y a lieu, la ou les pagesintéressantes.

* Il s'agit.de la seconde formule dans laquelle les températures sont exprimées


en degrés absolus.
T. IONESCOET CH. SAWAGE

La bibliographie très générale n'est indiquee que sous la forme


abÉgéesuivante:
hHa.NDrEz,E. c R. Mlrne - 1931. Cataloguel, p. 465.
Les référencescomplètesde ces ouvragesse trouvent dans la biblio-
graphie généralejointe ci-après.

Principales abréviatons
Ch - chaméphyte
Fl - époque de la floraison
G - géophyte
H - hémicryptophyte
N' Cat. = numéro de la plante dans le Catalogue des plantes du Maroc par E.
f^lneuptrz et R. MÀrRE
Nph = nanophanérophyte
P = précipitations (moyenne annuelle)
Ph - phanérophyte
- quotient pluviothermique de L. EMBERcER
a
T' - température

Ampl. moy. extr. = amplitude moyenne extrême


Mam - moyenne annuelle des températures maximales
mam : moyenne annuelle des températures minimales
Mea - moyenne des températures maximales extrêmes annuelles
mea = moyenne des températures minimales extrêmes annuelles
m'i - moyenne des températures minimales du mois le plus froid
Moy. an. - température moyenne annuelle
Moy. mens. - température moyenne mensuelle
Ms - moyenne des températures maximales du mois le plus chaud

BI BLI OGRAPH I E GENERALE

BlcNours, F. & H. G.qussnN - 1953. Saisonsècheet indice xérother-


mique. - Doc. pour les cqrtes des prod. vég. Série gén., Tou-
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BouDy, P. - 1948, 1950, 1951, 1958. Economieforestièrenord-afri-
caine. - Larose, Paris, 3 vol. (le dernier en 2 éditions suc-
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Maroc, 41,823 p.
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FICHIER DES ESPÈCES-CLIMAX

EÀassncrn,L. - 1930. La végétationde la région méditerranéenne.


Essai d'une classificationdes groupementsvégétaux.- Rev.
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150 p., tome deuxième:pp. 161-558,tome troisième:pp. LI-
LVIII et pp. 559-913.
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UNESCO-FAO - 1962. Carte bioclimatiquede la région méditenanéen_
ne. - Notice explicative.60 p., 6 cartescouleursh.t,
T. IONESCOET CH. SAUVAGE

FAMILLE DES ANACAROTN,CÉBS

Pistacia Lentiscus L.
Lentisque
Noms vernaculaires

arabe: Drô, Drou, Deroua


berbère : Fadis, Titkt

N" Cat.: 1975

Aire géographique

Canaries,Bassinméditerranéen.

Systématique
Quatre variétés ont été signaléesau Maroc.

Biologie
Type biologique: Ph. Arbuste très branchu atteignant5 à 6 m de
hauteur.Feuillagepersistantde feuilles paripennées.Fl. : mars-mai(plante
dioique).
Enracinementpuissant.Longévité très grande (environ 10Oans). Se
multiplie par semis. Rejette vigoureusementde souche. Ornithochore.
Les rameaux,au moins quand la plante est jeune, ont un géotropis-
me positif, d'où le port en hémisphère surbaisséeplaquée sur le sol
qu'affectele plus souventle Lentisque. Il peut toutefois devenir arbores-
cent lorsqu'il est vieux.

Ecologie
Etages bioclimatiques: semi-aride,subhumide,dans les sous-étages
chaud,tempéréet frais.
En résumé,se rencontresousun climat ni trop froid ni trop humide.
Résistemieux au froid et à I'humidité que l'Oléastre.
Indice xérothermiquei a\ moins de 60 à 150.
Sol: tous les sols, argileux, sableux (en particulier du littoral),
siliceux ou calcaires.
FICHIER DES ESPÈCES.CLIMAX

Pistacia Lentiscus L.

Lentisque

A. Rameau avec feuilles et inflorescencesfemelles. - B. Fleurs femel-


les. - C. Fleurs mâles - D. Fruits.
Cette plancheest extraitede Ia <<Flore des végétauxligneux de la Mâmora >
par A. MÉrno et CH. SAUvÀGE (dessinsde R. de BRETTES)
T. IONESCO ET CH. SAWAGE

L'apparition du Lentisque dans l'étage semi-aride annonce I'humidité


ou le calcaire si le sol est argiloJimoneux (Ben-Slimane), I'argile ou le
calcaire si le sol est sableux siliceux (Mâmora, Temara), I'approche du
fond d'un ravin (Beni-Âbid, El-Harcha), parfois aussi la chaleur (El-
Harcha, El-Khatouate, etc.) [CH. SluvecE, 1961].
Dans l'étage subhumide, le Lentisque se rencontre d'abord au bord
de la mer, par ailleurs sur les sols riches en argile ou plus humides.

Locqlisati,on: plaines et bassesmontagnes jusqu'à 1 600 m environ.


Monte en altitude plus haut que I'Oléastre.

Répartition
Tout le Maroc, de Tanger à I'Anti-Atlas, de la côte atlantique à
I'Algérie, sauf dans les régions désertiques. Très rare dans les régions
à climat aride. En montagne, il est éliminé par le froid et la neige.
Paléobotaniqae: espèce connue du Tertiaire [L. Eunnncrn, 1938].

Types de végétation

Forêt et matorral.

Fréquemment associé à I'Oléastre dans des formations où il constitue


souvent l'élérnent prépondérant et souvent appelées Oléo-lentiscetum * ;
entre dans la composition de plusieurs autres formations : callitriaie, juni-
péraie à luniperus phoenicea (au moins sur le littoral), pinède à Pinus
halepensis, chênaie à Quercus coccif era, etc. ; moins couramment associé
au Chêne vert et à I'Arganier. Au sein de la subéraie, le Lentisque se
mêle souvent au Chêne-liège dans l'étage subhumide, mais reste dominé ;
dans l'étage semi-aride, il apparaît en général seulement lorsque les con-
ditions écologiques deviennent difavorables au Chêne-liège [Cn. SnuvAcE,
19611. Enfin, élément souvent dominant des formations du fond des
ravins (oueds non permanents) dans l'étage semi-aride.

Utilisation
Bois, charbon de bonne qualité. Feuillageriche en tanin.
Les formations densesde Lentisque ont un sol riche en humus,
qu'ellesprotègentefticacementcontre l'érosion.

* Ce terme n'est pas à recommander ; dans Ia nomenclature actuelle, il évoque


un groupement phytosociologique et non une formation,
FICHIIiR DES ESPECES-CI-IIVIAX

PistaciuLenti,scusL.

Lentisque

l-.n haut: aspect du feuillage. E n h a s : p o r t g é n é r a r ld a n s u n m a t o r r a l

Photos INRA - J.F. tsERNARD


l0 T. IONESCO ET CH. SAUVAGE

BIBLIOGRAPHIE

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Seuv,rcr, Cn. - 1963. Etages bioclimatiques.

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T.I. et CH. S.
Juillet 1964
FICHIER DBS ESPÊCES.CLIMAX 11

FAMILLE DES FAGACÉES

Quercus Suber L.
Chêne-liège
Noms vernaculaires
Fernane,Bechma (Bab-Azhar),Delma (Outka, R'if), Ayoute (Guedrouz)
N ' C a t . :6 8 1

Aire géographique
Portugal, Espagne, France méridionale, Corse, Sardaigne,Italie, Dal-
matie, Sicile, Tunisie, Algérie, Maroc.

Biologie
Type biologique : Ph. Arbre pouvant atteindre 20 m de hauteur et
6 m de circonférence.

Feuillage persistant, le débourrage précédant la chute des vieilles


feuilles de quelques semaines.Les annéesextrêmement sèches,le feuillage
peut tomber avant I'hiver. Cette chute précoce ne doit pas être confondue
avec la défoliation plus ou moins totale que l'on observe au printemps
par zones parfois très étendues et qui est causée par des chenilles de
Lépidoptères (en particulier Lymantria dispar). Fl. : mars-mai.
Le gland germe facilement, mais I'installation définitive du jeune
pied, limitée par de nombreux facteurs, est souvent difficile dans les
subéraies semi-arides sur sable. L'enracinement comporte, outre le pivot
dont la longévité ne semble pas aussi grande que celle de I'arbre, un
réseau de racines principales, dont un certain nombre restent horizontales
sur un long trajet et envoie des ramifications se résolvant dans les horizons
supérieurs du sol en un chevelu superficiel très abondant, qui concurrence
même le tapis herbacé des thérophytes.

Longévité : 100 à 200 ans (Mâmora; environ 100 ans). Rejette de


souche (cépée).

Ecologie
Etages bioclimatiques: semi-aride, subhumide, humide, dans tous
les sous-étages, sauf celui à hiver froid où le ChêneJiège est rare. Les
étages semi-aride et surtout subhumide offrent au Chêne-liège la réalisa-
tion optimale de ses possibilités. En résumé, climat chaud et sec en été,
humide et plutôt doux en hiver. L'influence des embruns salés lui est
néfaste.
t2 T. IONESCOET CH. SAWAGE

Données climatiques pour le Maroc [Ch. Sluvlcn, 196l a]:

Mam de 18,4 à 25,6", plus généralementde 20 à 25';


de 26,8 à 35,8', plus généralementde 27 à 35" (moyennes as.
sez élevéesmême en altitude) ;
mam de 6,9 à 14,2", plus généralementde 9 à 13';
mi de 0,5 à 9,6'(plns probablementde -1,5 à 10"), et plus géné-
ralement de 4 à 8" I
Moy. an. de 12,7à 18,3";
Moy. mens. de 5,8 à 26,4' ;
Mea d,e31,4 à 43,9' ;
mea de - 12,5 et surtout de - 5,4 à 4,9" :
Amp. moy. extr. de 26,5 à 42,9", et plus genéralement de 35 à 43';
P 441 à 1709 mm (moyenne annuelle)
a de 50 à 190;

Indice xérothermique:de 30 à 110.

So/: plus ou moins profond, non calcaire.


Horizons supérieurssableux,sablo-limoneuxou sablo-argileux; horizons
inférieurs sablo-argileuxou argileux.
Le Chêne-liègene supporteni I'excèsd'argile, ni le sel. Il s'accom-
mode d'un sous-sol calcaire s'il est surmonté d'un sol non calcaire.
pH acideà neutre.
Localisqtion: plaineset montagn€s.Abstractionfaite d'une impos-
sibilité quasi totale à vivre au bord mêmede I'océanAtlantique (embruns),
le Chêne-liègeau Maroc arrive au niveau de la mer depuis les environs
de Tanger jusqu'à ceux de Rabat. La façon dont il se comporte à la
limite altitudinalesupérieureest très difiérente selon l'étagebioclimatique,
selon I'altitude générale du massif et évidemment selon I'exposition
[CH. Sruvecn, 196l a].
Dans l'étage semi-aride,le Chêneliège ne s'élève guère en peuple-
ments au-delà de 800 m (El Khatouate); au-dessusde cette altitude, ou
bien il est rapidement éliminé par le froid au profit du Chêne vert, ou
bien I'augmentationdes précipitationsest sufiisantepour que I'on passe
dans l'étagesubhumide.Par ailleursil est éliminé des fonds des vallées,
au profit de l'Oléastre et surtout du Lentisque. Il est égalementconcur-
rencé par le Thuya sur les versantschaudset secset par le Betoum et le
Jujubier dans les cuvettesthermiquestrès arides en été. Limite maximale
du Chêne-liègeen étage serni-aride: 1 000 m.
FICHIER DES ESPECES-CLIMAX 13

W D

QuercusSuber L.
Chêne-liège
A. Rameau avec chatons mâles et fleurs femelles. - B. Glands. -
C. Bord de la cupuledu gland.- D. Ecaillesau bord de la cupule.-
E. Feuille adulte.
Cette planche est extraite de la < Flore des végétaux ligneux de la Mâmora >
par A. MÉrno et CH. SÀuvAcE (dessins de R. de Bnrrres)
t4 T. IONESCO ET CH. SÀIIVAGE

Dans l'étagesubhumide,le Chêne-liègepeut s'éleverbeaucoupplus


haut:2 000 m dansle jbel Guedrouz,et même2 400 sur certainespentes
du Haut-Atlas.Dans le Rif. les subéraiessubhumidescessententre 1 000
et 1 300 m, pour céderla place à des subéraieshumidesou des zénaies.
Dans le Tangérois,le Chêneliège cède souventla place au Lentisque ou
au ChêneKermès,à proximit3 de la mer. Enfin, dans l'étagehumide,le
Chêne-liège ne dépasseguère 1 600 m.
A la limite supérieure,le Chêne-liègerechercheen général les ver-
sants chauds,de sorte qu'il monte plus haut sur les pentes exposéesau
sud que sur celles exposéesau nord, plus haut aussi à I'ouest qu'à I'est
d'un même massif.
Lorsque le sol devient calcaire ou trop argileux, le Chêne-liègecède
en généralla place aux peuplementsà Oléastreet Lentisque,du moins
dansles sous-étages tempéréset chauds.

Répartition
Répartitiondéterminéeen grandepartie par la nature du sol. Bas-
sins de I'oued Sebou et des oueds côtiers dans les régions de Rabat et
de Casablanca,zane occidentaledu Rif. Quelquesstationsjalonnent le
versant N de I'Atlas (témoignantprobablementd'un climat plus humide
dansle passé).
Paléobotaniqae:première extensionau Pliocène,mais I'espècedate
probablementdu Miocène et peut-être même de I'Oligocène [CH. Silu'
vrcn, 19611.

Type de végétation
Forêt (subéraiesous forme de futaie, taillis ou futaie sur souche);
matorral. Le Chêneliège en peuplement se comporte le plus souvent
commeune espècetrès intolérantevis-à-visdes autresarbresde sa taille.
Ainsi la Mamora est une forêt pure de Chêne-liège,le Poirier de la
Mamora n'y existantque par pieds très isolés,ou par petits groupestrès
disséminés.Toutefois il forme des peuplementsmixtes avec le Chênevert,
principalementdans l'étage subhumide.

BIBUAGRAPHIE

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F I C H I E R D E S E S P E C E SC I - I N , ! A X

Quercus Suber L.
Chêne-liège
Un arbre adulte dans un peuplemsnt en Mâmora
Photos INR.A J.F. BERNARD
16 T, IONËSCO ET CH. SAWÀGE

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T.I. et Crt. S.
Juillet 1964
FICHIER DES ESPECES-CLIMAX t7

FAMILLE DES RHAMNACÉ,ES

Ziziphu,sLotus (L. ) Lam.


Jujubier : Jujubier commun
Noms vernaculaires
arabe: Sedra
berbère : Azouggouar, Tazouggouart
N' Cat. : 1986

Aire géographique

Espagne méridionale, Sicile, Grèce méridionale, Syrie (littoral),


Liban, Chypre, Arabie (bord de la mer Rouge), Tunisie, Algérie, Sahara
central.
Elémentméditerranéenavecirradiationssahariennes(usqu'au 24' 30'
latitude N au Rio-de-Oro).

Systématique
Au Maroc, subsp.Lotus (- subsp.eu-LotusMernt), type de I'espèce.

Biologie
Type biologique: Nph, plus rarement Ph. Arbrisseau très rameux
(rameauxen zig-zag)et très épineux (épinesinégalesdisposéespar paires
à la base des feuilles - stipules); exceptionnellement(marabouts),peut
atteindre10 m de haut. Défolié en hiver. Fl. : mai-juillet.
Systèmeradiculaire très particulier (au moins au Maroc central), à
2 parties essentielles
:
- un systèmehorizontal servant à ancrer la plante,
- un systèmevertical constitué à la fois par les extrémités des
racines horizontalesqui deviennentpivotantes après avoir parcouru une
certainedistance,et par les racinesverticalessecondairesqui se détachent
régulièrementdes racines horizontalestous les un, deux, ou trois mètres
[NÈcne, 1959].
En régions arides,par action conjuguéede l'érosion éolienne et du
ruissellement,le buisson permet la formation et la fixation d'une butte
de sable (nebka) ou de limon (lunette).
Longévité assezgrande. Drageonneabondamment;rejette vigoureu-
sement de souche; peut se multiplier par éclat de souche.Se reproduit
18 T. IONESCOET CH. SAWAGB

spontanémentpar semis,mais beaucoupmoins facilement.Ornithochorie


probable. En outre, les noyaux des fruits mangéspar les chèvresont un
pouvoir germinatifparticulièrementélevéet rapide [G. LoNc, 1959].
Pour G. LoNc [1959] en Tunisie, < le Jujubierne peut se dévelop-
per dans un milieu où I'action anthropozoogènene stimule pas son déve-
loppement. Il est donc le témoin le plus évident de I'intervention et de
la manifestation de cette action anthropozoogène>>.Au Maroc, cette
interprétation ne semblepas s'appliquer systématiquement, en particulier
sur les terrassesfluviales récentes.
Ecologie
Etages bioclimatiques: saharien (très rare), aride, semi-aride, sub-
humide, et humide (très rare), dans tous les sous-étages.Plante craignant
I'humidité atmosphériqueet présentantson optimum dans l'étage aride.
Indice xérothermique:de 100 à 250.
Sol: tous les sols, calcaires,siliceux, argileux, sableux; supporte de
faibles quantitésde sel.
Localisation: plaineset bassesmontagnes.La répartitionlocale est
très influencée par I'homme qui I'utilise comme combustibleet pour la
confection des zerriba (voir plus loin).

Localisationpar étagebioclimatique:
saharien:lit des ouedset dayas;
- aride: fréquent partout, surtout dans les sousétagesà hiver
tempéréet frais,
- semi-arideet subhumide: cuvettesthermiques,terrassesfluviales;
enclaveschaudesen été, froides en hiver.
Les zonesà Jujubier tendent à disparaîtreou du moins à diminuer,
car elles sont de plus en plus défrichées.Par ailleurs I'accumulationde
débris organiqueset de la fumure apportée par les troupeaux dans ces
zones très pâturéesconstituent un appoint non négligeabledont bénéû-
cient les cultures après le défrichement.
Répartition
Tout le Maroco sauf en altitude au-dessusde 1 000 m environ.
Paléobotanique: le genre Ziziphus date du Crétacémoyen [L. Eurrncnn,
19381.
Types de végétation
Steppe, matorral et erme buissonneux,dérivant de climax où le
Jujubier est fréquemmentassociéau Betoum (Pistacîaatlantîca Desr.).
FICHIER DES ESPÈCES.CLIMAX 19

,..1@s\
N\

Ziziphus Lotus (L.) Lt*r.


Jujubier
A. Rameaux.- - C. Fleur.
B. feuille avecles deux stipulesépineuses.
* D. Fruits.
Cette planche est extraite de la < Flore des végétaux ligneux de la Mâmora >>
par A. MÉrro et CH. SAUvAcr (dessins de R. de BRETTEs)
20 T. IONESCOET CH, SAWAGE

Utilisation
Clôture, zerriba (encloslégers autour des habitations,des jardins et
des parcs à bétail). Fruit comestible.Le buisson protège la régénération
par semisdu Betoum et donne asile aux jeunesplantesherbacées.Feuil-
lage appréciédu bétail. Bois de chauftage,bon charbon.

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Juillet 1964
I,'ICI{IER DF]S ESPECES-CLII\IAX ZL

: Ï

ffii"
- Ziz.iphusLolrl.r (L.) Lrttt.
Jujubier

l--n haut: aspect de la ramure et clrr feuillage. - L:n bas: port général

Photos INRA - J'F. Benx.rno

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