BOURRICHE 2014 Emoções e Representações Sociais
BOURRICHE 2014 Emoções e Representações Sociais
BOURRICHE 2014 Emoções e Representações Sociais
Boumédienne Bouriche
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ISSN 0777-0707
ISBN 9782875620507
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sociale-2014-2-page-195.htm
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Boumédienne BOURICHE
Département G.E.A., Aix-Marseille Université, Gap, France
Émotions et dynamique des Représentations Sociales
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Le présent article propose un rapprochement théorique entre l’approche structurale des Représentations
Sociales (RS) et les états affectifs. L’étude porte sur la représentation sociale du travail en équipe.
S’appuyant principalement sur la Théorie du Noyau Central TNC (Abric, 1976) et considérant une
représentation sociale comme un système de pré-décodage de la réalité déterminant des attentes,
elle teste l’effet de l’expérience affective ressentie sur la dynamique représentationnelle. Les résultats
indiquent que la valence de l’expérience affective est bien liée au niveau de conformité des attentes
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El presente artículo propone un acercamiento teórico entre en enfoque estructural de las
representaciones sociales (RS) y los estados afectivos. El estudio trata de las representaciones sociales
de trabajo en equipo. Apoyándose principalmente en la teoría del núcleo central (TNC-Abric,
1976) y considerando la representación social como n sistema de pre-codificación de la realidad
determinando las expectativas, ella prueba el efecto de la experiencia afectiva experimentada, sobre
la dinámica representacional. Los resultados indican que la valencia de la experiencia afectiva está
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relacionada al nivel de conformidad de las expectativas y que ella genera un efecto de dinámica
representacional sobre la estructura de la representación. Este efecto ilustra el rol de la significación
simbólica del sistema central en la atribución de los estados afectivos. Él pone igualmente en evidencia
el rol determinante del sistema periférico en la relación a la realidad. Sus funciones de concretización
y de regulación, la amplia implicación de esta última en la dinámica representacional luego de una
experiencia afectiva, constituye la prueba de una activación del proceso de anclaje. Los resultados
se discuten en referencia al modelo estructural y en particular a las relaciones entre prácticas y
representaciones sociales bajo el ángulo de los estados afectivos.
La correspondance pour cet article doit être adressée à Boumédienne Bouriche, Département
de Gestion des Entreprises et des Administrations, Aix-Marseille Université, 2 rue Bayard,
Gap, France ou par courriel <[email protected]>.
L
Émotions et dynamique des représentations sociales
1. Introduction
Les travaux réalisés dans une approche cognitive de l’émotion ont permis d’abor-
der l’émotion en tant qu’évaluation globale d’un objet de l’environnement social.
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La plupart des auteurs ont accordé, depuis une cinquante d’années, une place
prépondérante au caractère évaluatif de l’émotion (Arnold, 1960 ; Frijda 1986 ;
Lazarus, 1991 ; Schachter, 1964 ; Scherer 1984). Ils défendent l’idée que l’émotion
ne se forme qu’à partir du moment où les individus ont préalablement été amenés
à formuler une réponse évaluative à propos d’un objet donné. Les recherches sur
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les Représentations Sociales (RS) ont porté, de façon privilégiée, sur leur contenu et
leur structure (Abric, 1994 ; Doise & Palmonari, 1986b ; Guimelli, 1994a ; Jodelet,
1989b). De nombreux chercheurs ont souligné l’importance de la dimension affec-
tive dans la construction des RS (De Rosa 1993 ; Jodelet, 1989, 1997 ; Markovwa et
Wilkie 1987 ; Moscovici, 1984, 1988 ; Paez, Echebarria et Villareal, 1989). Cepen-
dant, on peut s’étonner du faible nombre de contributions empiriques concernant
l’étude des relations entre états affectifs et RS (Campos et Rouquette 2000 ; Lheu-
reux et Guimelli 2009 ; Lo Monaco, Rateau, et Guimelli, 2007). Après une analyse
de la bibliographie générale sur les RS (Jodelet, 1997), Guimelli et Rimé (2009)
font remarquer que la quasi-totalité des travaux ont été conçus dans une approche
exclusivement cognitive ou sociocognitive. Ils précisent que «la composante émo-
tionnelle des représentations sociales constitue un aspect important à prendre en
compte si l’on veut mieux comprendre leur organisation et leur fonctionnement
interne.» (Guimelli et Rimé, 2009, p.179). Campos et Rouquette ajoutent que « la
difficulté de penser les rapports entre RS et charges affectives demeure liée à l’ab-
sence d’une théorie de l’affectivité qui puisse être intégrée sans rupture dans le
cadre théorique de l’étude des processus sociocognitifs » (Campos et Rouquette,
2000, p. 435).
Nous proposons de dégager dans un premier temps les lignes de convergence des
quelques travaux qui ont porté sur la composante affective des RS. Puis, nous ver-
rons que l’examen des principales fonctions qu’exercent les émotions et les RS
peut nous permettre d’envisager leur rapprochement théorique. En effet, les RS
et les états affectifs, dont les émotions sont les manifestations les plus saillantes,
trouvent leur pertinence dans le rapport à la dynamique perception-action. Nous
ferons alors une proposition d’articulation théorique que l’on soumettra à une vali-
dation empirique.
2. Relations RS et émotions
Un certain nombre de travaux concernant les relations entre RS et états affectifs
ont souligné les fonctions perceptive et d’orientation de l’action exercées par les
émotions (Banchs, 1996 ; Guimelli et Rimé, 2009 ; Lheureux et Guimelli, 2009 ;
Methivier, 2012 ; Roque, 1998). Dans la plupart des travaux, l’émotion a été abor-
dée en tant que composante affective de la RS. Dans cette perspective structu-
raliste, Rouquette (1994), Campos et Rouquette (2000) proposent le concept de
« nexus » qu’ils qualifient de « noyau de sens irraisonné » caractérisé par sa valeur
de signification hautement symbolique. La « liberté », la « justice » ou encore la
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ou une partie de l’objet de représentation le renforce ou le menace. Lo Monaco
et al. (2007) reconsidèrent le « nexus » en le présentant comme une structure
de connaissance en amont, point d’origine privilégié de la composante affective
des RS et déterminante dans la signification attribuée à l’objet de représentation.
Dans leur étude sur les objets de représentation « sensibles », tels que l’insécu-
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rité des biens et des personnes, Deschamps et Guimelli (2002) ont montré que
« la prise en compte de la composante émotionnelle peut se révéler capitale pour
la compréhension de l’organisation interne du champ de la RS correspondante »
(Deschamps et Guimelli, 2002, p. 84). Ils considèrent, en référence aux travaux de
Frijda (1986) et Frijda, Kuipers et Ter Shure (1989), que le rôle de cette composante
porte principalement sur la mise en œuvre des pratiques. Dans leur recherche sur
la représentation de la conduite sur route, Lheureux et Guimelli (2009) constatent
que les éléments de la RS n’entretiennent de relations de connexité fortes qu’avec
les éléments caractérisés par les mêmes sentiments et concluent que l’organisation
interne des RS répond tout autant à une logique cognitive qu’affective.
Ce bref aperçu des travaux entrepris dans l’étude des relations entre émotions et RS
fait apparaître que les recherches s’accordent sur deux points importants : le rôle de
la composante affective dans la signification attribuée à un objet de représentation
et celui de déterminant des conduites. Ces deux points concourent à la mise en évi-
dence d’une logique affective dans l’organisation d’une RS. Mais de quelle logique
s’agit-il ? Il ne peut pas s’agir d’une logique constitutive de la représentation dans la
mesure où, comme le font remarquer Lheureux et Guimelli (2009), les RS sont des
constructions sociales qui se caractérisent par une certaine stabilité dans le temps
alors que les émotions sont des manifestations individuelles brèves. L’analyse des
rôles exercés par les RS et les émotions suggèrent plutôt des fonctions communes.
Ce dernier point nous invite à privilégier une approche fonctionnaliste des relations
entre émotions et RS.
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dynamique du couple perception-action. Elles se distinguent au sein de l’univers
des manifestations affectives par une «rupture de continuité» dans l’interaction
individu-milieu pour l’atteinte des objectifs (Rimé, 2005, p.52). Elles assurent alors
une fonction informative de l’état de l’interaction individu/milieu dans la progres-
sion vers les objectifs et permettent la mise en place d’actions d’ajustement néces-
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Cette forte homologie fonctionnelle entre RS et émotions nous amène à penser
qu’elles servent de mêmes enjeux adaptatifs, à la fois épistémiques et identitaires.
Cette idée a été insuffisamment soulignée dans les recherches sur leurs relations
et nous conduit à envisager des liens d’interdépendance très étroits entre ces deux
dimensions.
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p.45-47). Ce rôle de signal de défaillance du système d’attentes attribué aux émo-
tions conduit Rimé à les qualifier d’« opérations perceptivo-cognitives complexes
de surveillance et d›évaluation de la réalité » (Rimé, 2005, p.35). Elles seraient à
l’origine de l’activation d’un processus de traitement cognitif visant la production
de sens dans une finalité adaptative.
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qui prennent le relais de structures acquises qui font défaut » (Rimé, 2005, p.
58-59). Les émotions constitueraient alors des alertes (Oatley et Johnson-Laird,
1987, cité par Rimé, 2005), qui viendraient signifier à l’individu une défaillance
entre ses savoirs construits, dont les RS, et la réalité sociale. Cette fonction de
signal, assurée par les émotions, permettrait ainsi d’estimer la qualité d’adapta-
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tion des représentations à la réalité. Les émotions générées par des défaillances de
représentations, orienteraient les conduites d’ajustement, elles-mêmes génératrices
de représentations plus adaptées. Elles joueraient alors un rôle de régulation dans
l’interaction entre un individu et son environnement. C’est ainsi qu’en assistant les
individus dans l’adaptation de leurs représentations, les émotions trouveraient leur
sens dans les pratiques et l’action.
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le processus d’ancrage, auraient pour principale fonction de relier la dynamique
représentationnelle à la réalité sociale. Les émotions se présenteraient comme des
signaux d’évaluation de la qualité des systèmes de représentation dans leur fonc-
tion d’anticipation de la réalité. Transformer son environnement étant une tâche
bien plus ardue, on peut supposer que les changements puissent davantage affecter
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Dans la Théorie du Noyau Central (TNC), il est désormais acquis que le système
central possède deux fonctions essentielles dans la dynamique représentation-
nelle : un rôle stabilisateur, au sens où il assure le maintien de la représentation
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et un rôle structurant, au sens où il détermine sa signification symbolique (Abric,
1994b, 1994c). On peut envisager, ici, un rapprochement entre les rôles stabili-
sateur et structurant des RS et la définition de la « syntonie » proposée par Rimé
(2005) pour traduire l’équilibre dans l’interaction individu-milieu. Le système de
représentation constituerait un élément du couple (« univers virtuel » chez Rimé),
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tout présentée aux étudiants comme une situation collective de prise de décisions
rationnelles. Préalablement à la situation de travail en équipe, les étudiants défi-
nissent leur stratégie et leurs objectifs afin d’orienter les processus décisionnels. Se
déroulant sur trois jours, la situation du travail en équipe a donné lieu à 9 périodes
décisionnelles. Durant la simulation, un certain nombre d’évènements, imprévus
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7. Méthode
7.1. Participants
Cent trois étudiants (âge moyen = 19.34, écart-type = 1.82) de licence 1ère et 2nde
année en Gestion des organisations ont participé à la phase 1 de la recherche.
Cette phase constitue une étude préalable permettant un étayage du champ séman-
tique de la représentation du travail en équipe.
Les phases 2 et 3 concernent uniquement les étudiants de L2, c’est-à-dire quarante
trois étudiants (20 étudiantes, 23 étudiants, âge moyen = 20.76, écart-type = 1.30).
Lors de ces deux phases, après avoir défini collectivement leur stratégie et leurs
objectifs, les étudiants s’engagent dans un travail d’équipe par groupes de 6 ou 7
et doivent gérer une entreprise fictive durant trois jours. Cette simulation de ges-
tion vise l’application des connaissances transmises au cours de leur formation de
deux ans en gestion des organisations. Le travail de l’équipe consiste à prendre des
décisions de gestion durant 9 périodes. Pour chaque période, le cycle du processus
de travail est le même : analyse de la situation de l’entreprise, prise de décision,
connaissance des résultats.
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équipe”. Pour chaque association, ils fournissent une explication qui en précise le
sens. Les associations ainsi obtenues ont été catégorisées et ont permis de dégager
18 items caractérisant, dans cet échantillon, le champ représentationnel du travail
en équipe. Le questionnaire de caractérisation a été élaboré avec ces dix-huit items.
Phase 2 :
Repérage et analyse de la structure
de la RS du travail en équipe (N = 43 sujets)
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items à forte «saillance» à partir de courbes de fréquences le plus souvent assez
dissymétriques. Il est constitué d›une liste d›items dont le nombre est un multiple
de 3 (dans notre étude, 18). Les sujets doivent, dans un premier temps, sélectionner
les 6 items les plus caractéristiques de l›objet étudié. Puis, ils choisissent parmi les
12 items restants les 6 les moins caractéristiques de l›objet étudié. Chaque item
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obtient alors une note de « 1 » à « 3 » : « 3 » s’il a été choisi comme caractéristique,
« 1 » s’il a été choisi comme non caractéristique, et « 2 » s’il n›a pas été choisi.
Les items qui ont une moyenne élevée et une distribution très dissymétrique orien-
tée vers la modalité «caractéristique» (courbes en J) ont alors une forte probabilité
d’obtenir le statut de croyances centrales (Vergès, 1995). Vergès (2001) insiste sur
les modalités de réponse typiques du questionnaire de caractérisation qui intro-
duisent une contrainte statistique. Il fait remarquer que la probabilité théorique
qu›un item soit codé �������������������������������������������������������������
« �����������������������������������������������������������
3����������������������������������������������������������
»��������������������������������������������������������
(caractéristique) est 0,33 et que l’on doit donc compa-
rer les résultats obtenus à cette valeur. Dans le but de limiter un effet d’ordre de
présentation des items, nous avons utilisé des questionnaires avec des ordres de
présentation aléatoires.
Phase 3 :
expérience affective et dynamique représentationnelle
(N = 40 sujets)
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Le recueil des données a eu lieu juste après la communication des résultats de
la prise de décision collective et pour chacune des 9 périodes. Ces 9 périodes
sont potentiellement génératrices de variations dans la confrontation à la réalité.
Pour analyser cette variabilité, nous avons défini une variable indépendante, inti-
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tulée������������������������������������������������������������������������������
« fréquence de confrontation situationnelle »��������������������������������
, qui permet d’étudier les dyna-
miques émotionnelle et représentationnelle, ainsi que leur relation, à chacune des
9 périodes. Cinq types de mesure ont été effectués. Les sujets devaient indiquer
le niveau de conformité des résultats par rapport à leurs attentes, leur expérience
affective sur une échelle dimensionnelle, les affects ressentis à partir d’une liste de
17 affects et procéder à l’attribution des affects reportés à partir des 18 croyances
retenues pour caractériser le travail en équipe. À l’issue de chacune des 9 périodes
de recueil de données, nous avons demandé aux sujets de caractériser à nouveau le
travail en équipe selon la même procédure que dans la phase 2 (test de centralité).
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ment décliné en 9 degrés (5 degrés et 4 intermédiaires). Par exemple, concernant
la valence, à une extrémité de l’échelle se trouve un visage joyeux et à l’autre
extrémité un visage renfrogné. Les sujets répondent en choisissant le degré qui
correspond le plus à leur état du moment. Nous avons effectué une analyse de
régression linéaire en prenant comme variable indépendante, le niveau moyen de
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conformité reporté par rapport aux attentes, et comme variables dépendantes, les
scores moyens reportés aux 3 dimensions de l’échelle SAM.
tation stratégique pour l’atteinte de leurs objectifs, l’on accroit les probabilités de
production de ces variations. Cette variabilité situationnelle est précisément l’objet
de nos différentes hypothèses concernant l’apparition des manifestations émotion-
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nelles et leurs effets sur la dynamique représentationnelle. Par conséquent, plutôt que
l’agrégation de ces situations par le calcul d’indices moyens qui conduirait à estom-
per fortement leurs variations, c’est davantage l’effet de leur variabilité intra et inte-
rindividuelle qui est étudiée ici. Pour cette raison, nous avons choisi de travailler sur
les individus statistiques dans l’analyse des relations entre l’expérience affective et
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Nous avons soumis les réponses données au TIC des phases 2 et 3 à une analyse
des distances entre les distributions cumulées (test de Kolmogorov-Smirnov). Elle
permet d’évaluer pour chaque groupe les modulations opérées sur les croyances
constituant le champ représentationnel du travail en équipe. Ces modulations
peuvent caractériser un effet de valence ou encore un effet d’extrémité de valence.
Pour rendre compte d’un effet de valence ou d’extrémité de valence et les distin-
guer d’un simple effet de pratique, nous nous appuyons sur le tableau 1 qui précise
les types d’effet et leurs caractéristiques.
Un effet de pratique se caractérise par des variations significatives entre les taux
d’affirmation initiaux (TIC G0) et les taux d’affirmation post-situationnels indépen-
damment de la valence reportée (TIC G1, G2, G3, et G4) et sans différence entre
les taux post-situationnels. Un effet de valence (positive ou négative) se définit à
la fois par des variations significatives entre les taux G0 et les taux d’affirmation
post-situationnels regroupées selon la valence reportée (valence négative : TIC G1/
G2 ou valence positive : TIC G3/G4) ainsi que par des variations significatives entre
les 2 modalités de la valence (TIC G1/G2 vs TIC G3/G4). Un effet d’extrémité de
valence (positive ou négative) est marqué à la fois par des variations significatives
entre les taux G0 et les taux d’affirmation post-situationnels ayant les valences
reportées les plus extrêmes (valence négative extrême : TIC G1 et valence positive
extrême : TIC G4) et des variations significatives entre les 2 modalités extrêmes de
la valence (TIC G1 vs TIC G4).
214 CIPS n°102 – 2014 – pp. 195-232
8. Hypothèses
8.1. Effets du niveau de conformité aux attentes et approche affective discrète (H1)
La valence de l’expérience affective ressentie est directement proportionnelle au
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niveau de confirmation/infirmation des attentes. Plus l’écart perçu par rapport
aux attentes sera important et plus les sujets ressentiront des émotions négatives.
Inversement, plus le rapport à la réalité sera perçu comme conforme aux attentes et
plus les sujets ressentiront des émotions positives.
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8.2. Effets du niveau de conformité aux attentes et approche affective dimensionnelle (H2)
Nous nous attendons à ce que les niveaux reportés de valence et de contrôle de
l’échelle S.A.M. soient directement proportionnels à l’importance de l’écart perçu
par les sujets. Plus les résultats du travail en équipe seront conformes aux attentes et
plus la situation sera vécue comme positive et sous-contrôle. Moins les résultats se-
ront conformes et plus la situation sera vécue négativement et échappant au contrôle.
C’est également dans cette dernière condition, traduisant l’écart le plus important
aux attentes, que l’on s’attend à observer le report d’une activation physiologique.
croyances centrales devraient être plus résistantes que les croyances périphériques
(H5). On s’attend également à observer un effet contrasté de la valence sur la
dynamique représentationnelle (H6). Une expérience affective positive, confirmant
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les attentes, affectera plutôt les croyances centrales par une sur-activation de ses
éléments (effet de valence positive s’appuyant sur la fonction justificatrice) alors
qu’une expérience affective négative, révélant une inadéquation du système d’at-
tentes, entrainera une dynamique impliquant davantage les éléments du système
périphérique (effet de valence négative illustrant les fonctions de défense et de
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régulation). Cet effet sera plus marqué lors du report d’une valence extrême (H7 :
effet d’extrémité de valence).
9. Résultats
9.1. Structure de la représentation du travail en équipe
Le tableau 2 (page suivante) présente la liste des 18 croyances constituant le ques-
tionnaire de caractérisation.
Compte tenu du critère retenu par Vergès (2001), six croyances peuvent revendi-
quer le statut de croyances centrales dans la représentation du travail en équipe :
les « décisions collectives » (tx d’affirmation : 88.4%), l’« efficacité » (88.4%),
l’« entraide » (81.4%), le « partage des informations » (90.7%), les « objectifs com-
muns » (83.7%) et le « partage des rôles et des responsabilités » (83.7%).
Le test de centralité révèle que le statut de croyances centrales est confirmé pour les
6 croyances préalablement repérées par la méthode de caractérisation. Chacune
de ces 6 croyances obtient un taux d’affirmation non significativement différent du
taux théorique de 100%.
Le système central ainsi identifié met en évidence une vision participative du travail
en équipe et définit, selon nous, le système d’attentes des participants quant à la
dimension opératoire du travail en équipe. Ainsi, si nous formalisions ces attentes à
partir du système central, nous dirions qu’ils espèrent travailler « efficacement » en
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« �����������������������������������������������������������������������������������
répartissant les rôles et les responsabilités », en prenant des « décisions collec-
tives » relatives à des « objectifs communs », en « s’entraidant », et en « partageant
les informations ».
Nous avons confronté notre échantillon, et sa représentation, à la réalité d’une
situation de travail en équipe. Cela nous a permis d’étudier les effets de cette
confrontation sur le vécu affectif et le traitement cognitif et évaluatif des sujets.
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Le plus
%
Le « travail en équipe » est une activité : caractéristique
d’Affirmation
1 74,4% 88,4%*
COLLECTIVES
2 qui demande de L’EFFICACITE 62,8% 88,4%*
*Eléments identifiés centraux sur la base du test Dmax de Kolmogorov-Smirnov avec un seuil
de centralité pour le TIC (N = 43) de 79.3%
Émotions et dynamique des représentations sociales 217
Affects reportés N %
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SATISFACTION 112 18,4%
ESPOIR 86 14,1%
ENTHOUSIASME 77 12,7%
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INTERET 74 12,2%
REGRET 63 10,4%
SURPRISE 42 6,9%
SOULAGEMENT 35 5,8%
JOIE 28 4,6%
SERENITE 23 3,8%
FIERTE 19 3,1%
COLERE 17 2,8%
PEUR 11 1,8%
DEGOUT 9 1,5%
CULPABILITE 4 0,7%
TRISTESSE 4 0,7%
MEPRIS 2 0,3%
HONTE 2 0,3%
608 100,0%
La simulation de gestion, plaçant les sujets dans une situation de travail en équipe,
s’est révélée être une expérience affective globalement positive. En effet, elle est
marquée par un large report d’affects positifs (74.7% du total des affects) compara-
tivement au report des affects négatifs (18.4%). Les 6.9% restants concernent la sur-
prise que l’on n’a pu classer dans l’une des deux catégories du fait de l’incapacité
de notre outil de recueil à l’identifier comme une bonne ou une mauvaise surprise.
Nous faisions l’hypothèse (H1) que la valence de l’expérience affective des sujets
serait directement liée à la conformité perçue aux attentes des résultats du travail
en équipe. Par conséquent nous nous attendons à ce que les affects positifs soient
liés à la perception de résultats conformes aux attentes alors que les affects négatifs
seraient quant à eux associés à des résultats non conformes aux attentes.
On doit tout d’abord constater que très peu de sujets estiment que leurs attentes ne
sont pas du tout confirmées (conformité moyenne = 3.87, écart-type = .48)
218 CIPS n°102 – 2014 – pp. 195-232
9.3. Conformité aux attentes et valence des affects (approche discrète, H1)
Sur 454 affects positifs (74.7% du total des affects reportés), les affects positifs les
plus reportés sont : la satisfaction (24.7%) puis l’espoir (18.9%), l’enthousiasme
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(17%), l’intérêt (16.3%). Conformément à l’hypothèse proposée (H1), les résultats
indiquent que le niveau de conformité des attentes contribue de façon significative
à la prédiction de la fréquence des affects positifs reportés par les sujets : R² = .40;
F(1,358) = 342.58, p < .0001. Plus les sujets estiment leurs résultats conformes aux
attentes et plus ils reportent d’affects positifs (β = .636, t(358) = 15.58, p < .0001).
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Sur 112 affects négatifs (18.4% du total des affects reportés), les plus reportés sont :
le regret (56.3%) puis la colère (15.2%), et la peur (9.8%). Conformément à l’hypo-
thèse proposée (H1), on constate que le niveau de conformité des attentes contri-
bue également de façon significative à la prédiction de la fréquence des affects
négatifs reportés : R² = .27; F(1,358) = 134.19, p < .0001. La valeur négative du β
indique que moins les sujets estiment leurs résultats conformes aux attentes et plus
ils reportent d’affects négatifs (β = -.522, t(358) = -11.58, p < .0001).
Ces premiers résultats confirment notre hypothèse sur la relation entre le niveau de
conformité aux attentes et la fréquence de la valence des affects reportés. Le niveau
de conformité des attentes semble être un bon prédicteur de la valence reportée.
9.4. Conformité perçue par rapport aux attentes et affectivité ressentie (approche
dimensionnelle, H2)
Les niveaux moyens reportés sur les dimensions de l’échelle SAM confirment que
l’expérience affective est assez positive pour les sujets (niveau moyen de valence :
6.21, écart-type : .96 et niveau moyen de contrôle : 5.87, écart-type : 1.08) sans
pour autant être intense (niveau moyen d’activation : 3.70, écart-type : 1.83).
Par ailleurs, nous avons effectué des analyses de variance (mesures répétées) en pre-
nant, comme variable indépendante, la fréquence de confrontation situationnelle
et, comme variables dépendantes, chacune des 3 dimensions émotionnelles. Elles
révèlent une variabilité de l’expérience affective reportée au cours des 9 périodes
sur le niveau de la valence (F(4.42, 172.27) = 4.20 p < .01, correction Greenhouse-
Geisser ε =.55), sur celui de l’activation physiologique (F(5.99, 233.48) = 3.29 p <
.01, correction Greenhouse-Geisser ε =.75) mais pas sur celui de la perception de
contrôle (F(5.18, 201.93) = 1.74 p = .125, correction Greenhouse-Geisser ε =.65).
Les résultats concernant la relation entre l’approche affective dimensionnelle et la
conformité perçue par rapport aux attentes ne confirment que partiellement l’hypo-
thèse H2. On constate en effet que le niveau de conformité des attentes contribue
de façon importante à la prédiction de la valence reportée : R² = .50; F(1,38) =
39.61, p < .001. Plus les sujets estiment leurs résultats conformes à leurs attentes et
plus ils reportent une valence positive (β = .71, t(38) = 6.30, p < .001). Il ne contri-
bue que très modérément à la prédiction du niveau de contrôle reporté : R² = .10;
F(1,38) = 5.37, p < .05. Plus les sujets estiment leurs résultats conformes à leurs
attentes et plus ils ont tendance à reporter du contrôle sur la situation (β = .35, t(38)
Émotions et dynamique des représentations sociales 219
= 2.32, p < .05). En revanche, le niveau de conformité des attentes n’exerce pas de
contribution sur le niveau d’activation physiologique reporté : R² = .06; F(1,38) =
3.47, ns. Concernant cette dernière dimension, son niveau relativement bas (3.70)
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révèle que le ressenti des sujets renvoie davantage à la sphère des affects qu’à celle
des émotions proprement dites. Aussi, on emploiera désormais le terme d’affect
plutôt que d’émotion pour qualifier la dimension affective reportée par les sujets.
Les analyses de régression concernant l’approche affective discrète et dimension-
nelle suggèrent principalement que le niveau de conformité des résultats par rap-
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port aux attentes est surtout un bon prédicteur de la valence reportée par les sujets.
En conséquence, seule cette dimension affective sera retenue dans la suite de nos
analyses. Au moment d’aborder les relations entre dimension affective et RS, les
résultats obtenus quant à la relation étroite existant entre les attentes et la valence
affective nous confortent dans l’idée d’une forte interdépendance entre valence
affective et RS. À ce propos, Rimé a souligné l’analogie entre la dynamique repré-
sentationnelle et la dynamique émotionnelle sur les processus cognitifs et sociaux.
Il précise que « la dynamique des représentations sociales se met en route quand
les individus sont confrontés à des éléments en rupture avec leurs attentes » et
que « cette dynamique répond aux mêmes conditions de déclenchement que les
émotions » car « les représentations sociales se trouvent au cœur d’un processus
de production de sens, comme c’est le cas pour les processus cognitifs et sociaux
suscités par l’émotion » (Rimé, 2005, p.378-379). En nous appuyant sur la position
de Rimé et sur l’idée que les RS déterminent des systèmes d’attentes (Abric, 1994),
nous devrions constater des effets non négligeables de la valence affective sur la dy-
namique représentationnelle. Cette proposition est à l’origine des hypothèses 3 à 7.
Figure 2. Taux moyen d’activation des croyances selon leur statut structural et le niveau de
la valence reportée
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1 EP : Effet de Pratique ; EVP : Effet de Valence Positive ; EEVN : Effet d’Extrémité de
Valence Négative ; NS : Non Significatif
.0001. Plus l’expérience est positive et plus les croyances centrales ont tendance à
être activées (β = .24, t(358) = 4.59, p < .0001).
Les résultats indiquent que la valence contribue également de manière significative
à la prédiction de l’activation des croyances périphériques, bien que l’estimation
se révèle plus faible : R² = .01; F(1,358) = 4.24, p < .05. La valeur négative du β
indique que les croyances périphériques ont tendance à être plus activées après
une expérience négative (β = -.11, t = -2.06, p < .05).
Les résultats obtenus confirment globalement nos hypothèses. Ils indiquent que,
quelle que soit la valence reportée, l’expérience affective active davantage le sys-
tème central (H3), c›est-à-dire la signification symbolique de la représentation
caractérisée par la vision participative du travail en équipe. Notre hypothèse d’un
effet contrasté de la valence sur le niveau d’activation des croyances (H4) est glo-
balement confirmée. On obtient effectivement un effet de justification du système
central après le report d’une expérience positive et une activation plus marquée du
système périphérique après celui d’une expérience négative.
Émotions et dynamique des représentations sociales 221
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selon le niveau de la valence reportée.
L’ordre de présentation des croyances n’a pas d’effet significatif sur les scores diffé-
rentiels en valeur absolue (F(2,37) = .06, ns). Il en est de même pour la fréquence
de confrontation situationnelle (F(8,296) = 1.08, ns).
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On constate un effet significatif du statut sur les scores différentiels en valeur abso-
lue (F(1,37) = 62.60, p < .001, ηp² = .63). Les croyances centrales obtiennent
un score différentiel absolu moyen significativement plus faible que les croyances
périphériques (score moyen C.C. = .68, écart-type = .22 vs score moyen C.P. =
.99, écart-type = .15). Ces résultats indiquent que les croyances centrales sont plus
stables et résistantes que les croyances périphériques suite à l’expérience vécue de
travail en équipe.
La régression linéaire effectuée entre la valence reportée et les scores différentiels
bruts montre que la valence ne contribue pas à la prédiction de la modulation
des croyances centrales : R² = -.002; F(1,358) = .29, ns. La valence n’a aucun
effet de modulation sur les croyances centrales (β = -.03, t(358) = -.54, ns). En
revanche, elle contribue de manière significative à la prédiction de la modulation
des croyances périphériques : R² = .02; F(1,358) = 5.78, p < .02. La valeur négative
du β indique que plus la valence est négative et plus les croyances périphériques
ont tendance à être modulées (β = -.13, t(358) = -2.40, p < .02).
Les résultats confirment notre hypothèse de stabilité des croyances centrales (H5).
En effet, celles-ci se révèlent plus stables et plus résistantes que les croyances péri-
phériques quel que soit le niveau de la valence reportée. Notre hypothèse d’un effet
contrasté de la valence (H6) n’est que partiellement confirmée. Si nous avons bien
constaté une dynamique impliquant davantage la modulation des croyances péri-
phériques lors du report d’une valence négative, nous n’avons pas observé la sur-
activation attendue des croyances centrales après le report d’une valence positive.
L’implication du système périphérique dans la dynamique représentationnelle nous
conduit à identifier les croyances sur lesquelles s’opère cette dynamique et quel
type d’effet cette dernière révèle en fonction de la valence reportée. Nous avons
pour cela effectué une analyse des distances entre les distributions cumulées (test
de Kolmogorov-Smirnov) à partir des réponses aux TIC 1 et 2. Les résultats du test
de centralité et du test K-S sont reportés dans le tableau 4 (page suivante).
Les résultats du test K-S permettent de préciser les conclusions de l’analyse de
variance sur les scores différentiels. Sur les 6 croyances préalablement repérées
comme constitutives du système central de la représentation du travail en équipe
(en gras dans le tableau 4), 5 d’entre-elles restent stables (« efficacité », « objectifs
communs », « entraide », « décisions collectives » et « partage d’informations »).
Le test K-S selon la valence reportée sur ces 5 croyances centrales se révèle non
significatif. La valence ne semble avoir aucun effet de modulation significatif sur
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Tableau 4. Diagnostic de centralité des croyances de la RS du « Travail en équipe » selon le niveau d’extrémité de la valence et analyse des
distances entre les distributions cumulées
222
En gras éléments identifiés centraux sur la base du test Dmax de Kolmogorov-Smirnov avec un seuil de centralité pour N = 40 de 78.5%
Test de Kolmogorov-Smirnov : *Différence significative à .05, ** Différence significative à .01
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Émotions et dynamique des représentations sociales 223
ces croyances. Les analyses révèlent par contre un changement de statut structural
de la croyance « gestion des rôles et des responsabilités ». La confrontation à la
situation réelle de travail en équipe a entrainé le passage de cette croyance ini-
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tialement centrale à un statut de croyance périphérique. Le changement de statut
de cette croyance est probablement lié à un effet de pratique car les comparai-
sons intergroupes à partir du niveau de la valence révèlent toutes des différences
significatives et homogènes avec la condition pré-situationnelle. La situation réelle
a amené les sujets à considérer cette croyance comme significativement moins
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caractéristique du travail en équipe. Cet effet a conduit les sujets, qui s’attendaient
sans doute à une répartition plus concertée de leurs rôles et responsabilités, à ne
plus l’intégrer à leur vision participative du travail en équipe.
Il faut noter qu’une autre croyance centrale change de statut structural sans révéler
d’effet particulier : la croyance « décisions collectives » mais uniquement pour le
groupe G1 (valence négative extrême). Les comparaisons intergroupes sur cette
croyance ne présentent aucune différence significative.
Puisque la stabilité d’une RS dépend de la stabilité de son système central, on peut
considérer que la représentation du travail en équipe suite à une expérience affec-
tive reste globalement stable quelle que soit la valence reportée.
Test de Kolmogorov-Smirnov : *Différence significative à .05, ** Différence significative à .01
Les résultats ne font apparaître aucun effet de valence négative sur la dynamique
représentationnelle. La situation vécue négativement (G1+G2) n’a pas semblé
suffisante pour déclencher des modulations du champ représentationnel.
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On ne distingue également aucun effet d’extrémité de valence positive sur la
dynamique représentationnelle. La situation vécue très positivement (G4) ne dé-
clenche aucun effet de modulation sur les croyances centrales ou périphériques.
Les résultats, obtenus par la comparaison des distributions des croyances à
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10. Discussion
Cette recherche conforte l’idée que les états affectifs constituent des variables indi-
viduelles qui s’expriment dans le rapport d’un individu à la réalité. Pour cela, nous
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avons placé les sujets dans une situation potentielle de confirmation ou d’infirma-
tion des attentes envers un objet de représentation donné. La confirmation/infir-
mation des attentes suite à des pratiques en rapport à un objet de représentation
donné peut être considérée comme une validation/remise en cause des cadres de
référence sur lesquels s’appuient les individus. Lorsque cette validation/remise
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Les résultats obtenus concernant les effets de la valence sur la dynamique représen-
tationnelle suggèrent que la stabilité du couple individu-milieu repose en grande
partie sur la stabilité de la signification symbolique de la représentation. C’est ainsi
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que l’on a pu observer que les croyances centrales se révèlent plus stables et plus
résistantes que les croyances périphériques quelle que soit la valence reportée.
La structure de la représentation reste sensiblement la même que l’on ait eu une
expérience affective positive ou négative. Ce résultat illustre une fois encore le rôle
de la signification symbolique de la représentation et son étroite relation avec les
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états affectifs.
Si, dans la confrontation à la réalité, les sujets se réfèrent largement à un cadre de
référence commun, en revanche, l’effet de l’expérience affective s’est nettement
traduit par des modulations du système périphérique. L’approche structurale offre
un cadre interprétatif à ce résultat. En effet, de par ses fonctions de concrétisation,
de défense et de régulation (Abric, 1994b), le système périphérique est fondamen-
talement impliqué au niveau de l’ancrage de la représentation dans la réalité et
donc largement soumis aux variations du milieu. C’est ainsi qu’il permet, comme
le précise Abric, « une adaptation, une différenciation en fonction du vécu, une
intégration des expériences quotidiennes. Il permet des modulations personnelles
vis-à-vis d’un noyau central commun, générant des représentations sociales indi-
vidualisées. Beaucoup plus souple que le système central, il le protège en quelque
sorte en lui permettant d’intégrer des informations, voire des pratiques différenciées
» (Abric, 1994a, p.28). Si l’expérience affective doit avoir une influence sur une RS,
c’est sur le système périphérique que pourront apparaître ses premiers effets afin
d’intégrer les variations du milieu.
Dans le cas d’une expérience affective négative suite à une invalidation des attentes,
on aurait pu penser que la remise en cause du cadre de référence, constituant une
menace de défaillance de sens, entraîne des modifications plus profondes de la
représentation. Or, cela n’a pas été le cas. Ce résultat tend à confirmer l’impor-
tance du rôle stabilisateur et structurant du système central d’une représentation.
En effet, une transformation de la représentation impliquerait un traitement coûteux
de restructuration cognitive sur le plan symbolique. Elle signifierait alors le renon-
cement au système d’attentes hérité de l’expérience collective passée et qui régit la
dynamique d’interaction entre un individu et son environnement. Par conséquent,
pour des raisons d’enjeux épistémiques et identitaires, il est peu probable qu’un
individu se sépare subitement de ses cadres de référence. Aussi, nous proposons
une interprétation en nous appuyant sur le modèle de la dynamique représen-
tationnelle proposé par Flament (1994b). Se basant sur le principe d’économie
cognitive, Flament a avancé l’idée que l’individu ne peut pas se permettre de
remettre en cause ses systèmes de représentation à la moindre inadéquation. À
ce titre, l’invalidation des attentes constitue bien une inadéquation susceptible de
remettre en cause la représentation. Selon Flament, dans la théorie du noyau cen-
tral, les croyances périphériques jouent un rôle essentiel dans la dynamique repré-
sentationnelle. Ce sont elles qui inscrivent la conditionnalité dans les systèmes de
représentation. Une invalidation des attentes, même si elle constitue une remise
Émotions et dynamique des représentations sociales 227
en cause des systèmes de représentation, sera d’abord traitée par l’individu sous
un principe de conditionnalité et n’entraînera pas de transformation de la repré-
sentation. Dans les situations soumises à la conditionnalité, l’individu choisirait
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d’opérer des modulations sur le système périphérique dans le but de se donner,
dans un premier temps, la possibilité d’intégrer à ses systèmes de représentation
les écarts constatés avec la réalité. On mesure alors l’importance du rôle défensif
du système périphérique dans la préservation du système central garant lui de la
signification symbolique d’une RS et à laquelle il serait trop coûteux de renoncer.
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11. Conclusion
La recherche que nous avons menée est encore largement exploratoire. Elle pré-
sente, à ce titre, une limitation importante. Elle ne concerne pas des émotions pro-
prement dites mais plutôt des affects que Rimé qualifie de « formes incipientes de
l’émotion ». En effet, les niveaux d’activation physiologique reportés sont relative-
ment moyens, ce qui laisse penser qu’il ne s’agit pas d’états affectifs intenses carac-
térisant typiquement les émotions mais plutôt de « bouffées positives ou négatives
moins différenciées que les émotions » (Rimé, 2005, p.52). Il sera donc intéressant
de pouvoir étudier l’effet d’une émotion sur le niveau d’activation des systèmes
de représentation et ses conséquences sur la dynamique représentationnelle. On
pourrait alors raisonnablement s’attendre à un niveau d’activation plus marqué des
émotions comparativement aux affects. Plus précisément, on devrait constater une
activation encore plus importante du système central quelle que soit la valence
émotionnelle. On prévoit également qu’une émotion positive conduirait à une plus
large justification de la signification symbolique de la représentation comparative-
ment à une émotion négative. Enfin, bien qu’une émotion positive puisse égale-
ment entrainer une dynamique représentationnelle de concrétisation orientée sur
le système périphérique, nous pensons qu’une émotion négative, constituant une
menace potentielle de défaillance de sens, entrainera, en réponse à cette menace,
des modulations périphériques plus importantes traduisant des mécanismes défen-
sifs de la signification symbolique de la représentation.
228 CIPS n°102 – 2014 – pp. 195-232
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rale de conformité aux attentes susceptible de produire des manifestations affec-
tives telles que la satisfaction, l’enthousiasme ou le soulagement. Elle ne prend
pas en compte les conditions de la confrontation à la réalité qui confirment sou-
dainement ou plus rapidement que prévu les attentes et qui sont caractéristiques
des émotions plus intenses telles que la joie ou l’exaltation. Les dispositifs futurs
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d’ancrage en particulier. Elles peuvent, notamment, nous permettre d’étudier les
rapports d’interdépendance entre la dynamique représentationnelle et le partage
social de l’émotion (Rimé, 2005). En effet, les raisons qui motivent les individus à
être particulièrement enclins à partager leurs expériences émotionnelles reposent
essentiellement sur des enjeux d’ordre épistémique et identitaire. Comme le sou-
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ligne Rimé, « l’expérience émotionnelle de l’un des membres active alors l’un des
résonateurs de la pensée sociale. Et le processus de partage social qui s’ensuit n’est
pas seulement la recherche de sens d’un individu désemparé. Il est aussi l’initia-
tion du processus commun par lequel les membres du groupe mettront à jour les
représentations qu’ils partagent. Le graphe de la propagation sociale du partage de
l’émotion qui se développe à la suite du partage primaire, secondaire et tertiaire
est aussi l’illustration du développement d’une dynamique des représentations so-
ciales » (Rimé, 2005, p.380).
Élaborée dans le cadre de la TNC, cette recherche fournit, nous semble-t-il, des
premiers éléments d’éclairage des liens étroits qu’entretiennent la dimension sym-
bolique de la représentation, la dynamique représentationnelle et l’expérience
affective.
Notes
1. La formule est la suivante: Dmax = [(1 – (1,36 ⁄ √n)) 100] (Kanji, 1999).
2. Tx activation Croyances Centrales (Tx CC) = (Nb CC activées/Nb affects reportés)/6
Tx activation Croyances Périphériques (Tx CP) = (Nb CP activées/Nb affects reportés)/12
Bibliographie
– Abric, J.C. (1976). Jeux, conflits et représentations sociales. Thèse de Doctorat d’Etat, Aix en
Provence, Université de Provence.
– Abric, J.-C. (1987). Coopération, compétition et représentations sociales. Cousset-Fribourg:
DelVal.
– Abric J.C. (Ed.) (1994a). Pratiques sociales et représentations. Paris, PUF. 4e éd. 2003.
– Abric J.C. (1994b). Les représentations sociales : aspects théoriques. In Abric J.C., (Ed.),
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